Psaume 69
État d’âme exprimé dans le psaume, dans la détresse mais regardant à Dieu
L’état d’âme dont ce Psaume est l’expression demande la plus grande attention et
un patient examen. Jusqu’ici, nous avons eu toujours le résidu d’Israël devant
nous, ou Christ lui-même associé à ce résidu : il en est de même au Ps. 69.
Celui qui parle est David tout d’abord, sans doute, mais en réalité un plus
grand que lui. [69:2] L’état qui y est décrit est celui de quelqu’un qui est
dans la plus grande détresse, enfoncé dans une boue profonde ; [69:5] il a à
peser devant Dieu la folie et les fautes qui sont l’occasion de ce triste état.
[69:4] Il est environné de nombreux et puissants ennemis qui le haïssent sans
cause. Quoi qu’il en soit des péchés qu’il envisage, lui, personnellement, a été
fidèle ; [69:9] le zèle même de la maison de Dieu l’a dévoré, [69:7] et il
souffre l’opprobre pour l’amour du Dieu d’Israël. [69:6] C’est pourquoi il
demande que son état ne soit pas une pierre d’achoppement pour d’autres,
lorsqu’ils verront qu’un tel fidèle a été plongé dans l’angoisse et la détresse
les plus extrêmes. [69:13] Cependant il n’est pas abandonné de Dieu ; bien au
contraire, sa prière s’adresse à Dieu en un temps agréé ; il s’attend à être
exaucé selon la grandeur de Sa bonté et la vérité de Son salut. Ses ennemis sont
le sujet de sa plainte, cependant il se voit lui-même frappé de Dieu et placé au
milieu de ceux que Dieu a blessés (vers. 26). [69:22-28] Son désir est la
vengeance contre ces hommes : ce n’est pas le témoignage de la grâce.
Souffrances de Christ
de la part des Juifs, selon la condition du résidu fidèle
Tout cela répond parfaitement à la condition du fidèle au milieu du résidu
d’Israël : [69:5] il reconnaît ses péchés, — tous les péchés de son peuple ;
[69:7] cependant il souffre l’opprobre [69:4] et une inimitié sans cause pour
l’amour du Dieu d’Israël ; plus il est fidèle, plus il souffre. [69:13]
Cependant la foi lui fait savoir qu’il prie le Dieu d’Israël en un temps agréé (c’est
le caractère des derniers Psaumes que nous venons de parcourir), mais il est
dans la détresse la plus profonde ; [69:3] ses yeux se consument pendant qu’il
attend son Dieu. [69:10] Son intérêt pour Israël, sa soumission aux outrages,
font de lui le sujet de leur mépris. [69:24-26] Il demande la destruction de ses
adversaires et de ses persécuteurs qui n’ont point de pitié, qui n’en veulent
point, [69:33] assuré que le Seigneur écoute les pauvres et ne méprise pas ses
prisonniers. [69:34] Toute la création est invitée à le célébrer, [69:35] car
Dieu sauvera Sion et bâtira les villes de Juda, afin qu’ils y habitent et qu’ils
les possèdent ; [69:36] la semence de ses serviteurs l’héritera et ceux qui
aiment son nom y demeureront. Tout ceci est exactement la position et le
sentiment du résidu fidèle — les maskilim. Mais au verset 21 et même au 9ème,
quoique ce dernier soit d’une application plus générale, nous trouvons ce qui a
été littéralement accompli en Christ. L’emploi que fait l’épître aux Romains
[(Rom. 11:9-10)] du verset 22, nous amène à la même conclusion ; c’est aussi à
Christ que plusieurs autres versets trouvent leur application la plus parfaite,
tout en étant applicables à d’autres personnes. Qu’on le remarque bien cependant
: dans ce Psaume, Christ ne parle en aucune manière comme abandonné de Dieu.
Aussi, quoique ce soit à la vie de Christ qu’il se rapporte, et que cela puisse
s’étendre jusqu’aux souffrances de la croix, on n’y trouve, comme nous l’avons
vu, aucune allusion à la grâce et à la miséricorde qui en découlent. Ce sont les
souffrances de la part de l’homme qui nous sont présentées dans ce Psaume, et
non point l’abandon de Dieu : aussi n’annonce-t-il point la grâce en vertu de la
justice, mais il appelle le jugement sur l’homme. [69:5] Cependant les péchés y
sont confessés devant Dieu, [69:26] et celui qui endure les persécutions est
quelqu’un que Dieu a frappé. C’est à cause de cela qu’il m’est impossible de ne
pas voir, dans ce Psaume, Christ entrant de cœur et de pensée, — après sa vie
juste, à cause de laquelle il a souffert l’opprobre (et dont il fait le récit en
rapport avec les grands principes qui l’ont dirigée), dans les maux et la
détresse qu’Israël avait attirés sur lui selon les lois du gouvernement de Dieu.
Il ne s’agit point toutefois ni d’abandon, ni de rejet, car c’était la part de
Christ seul, comme portant le péché, et en faisant l’expiation. Cependant Israël
est battu de Dieu et blessé par Lui, et Christ y est entré selon les sympathies
de son cœur, parce que, bien que ce ne soit pas le sujet généralement traité
dans ce Psaume, il a été battu de Dieu dans le sens le plus élevé et le plus
absolu. La persécution par les Juifs est le grand sujet présenté ici ; mais la
personne persécutée était frappée de Dieu et sentait ce qu’il y avait de
terrible dans la méchanceté qui n’avait qu’insulte et outrage pour Celui que
l’amour et le dévouement avaient amené à prendre cette coupe amère que nous
avions remplie de nos péchés. Christ était frappé de Dieu sur la croix et
sentait profondément l’opprobre et la honte qui lui échurent là.
Souffrances
personnelles de Christ, mais non de l’expiation
Quant aux fautes rappelées dans le vers. 5 (*), je pense qu’elles sont en
rapport avec le gouvernement de Dieu en Israël : le fait que c’est Dieu qui
frappe, y est bien mis en saillie, mais la puissance expiatoire de ce fait n’est
nullement le sujet de ce Psaume. C’est pourquoi il fait appel au jugement ; ce
n’est point le fruit de l’expiation (comparez le Ps. 22). Mais pour cette même
raison, ce Psaume nous fait plus pleinement comprendre toutes les souffrances
personnelles de Christ, en omettant celles dans lesquelles il demeure absolument
et entièrement seul dans son œuvre de propitiation et d’expiation. — Ne nous
eût-il été révélé que cette portion de ses souffrances, elle est d’une grandeur
telle qu’elle aurait éclipsé toutes celles à travers lesquelles il eut à passer
personnellement comme homme en ces jours-là. Dieu en soit béni, ce que nous
trouvons dans ce Psaume, c’est ce qui accompagnait le grand fait qu’il fut battu
de Dieu.
1 De plus, comme nous l’avons déjà remarqué, l’identification avec la victime et la confession des péchés sur sa tête, n’étaient en aucun cas l’acte de l’expiation. C’était simplement l’indication de ce qui devait être expié.