Psaume 68
Ce Psaume fait suite aux précédents, car il célèbre l’introduction d’Israël dans
la position que ceux-ci nous ont dépeinte ; mais il a un caractère particulier
et forme un tout en lui-même. [68:1] Il rappelle tout d’abord les paroles que
Moïse prononçait au départ de l’arche, lorsque le camp d’Israël s’ébranlait dans
le désert sous la conduite de Dieu, la nuée s’élevant et marchant devant lui [(Nomb.
10:35)]. Il en est de même maintenant. Dieu prend place devant son peuple. Le
Psaume s’ouvre avec une grande majesté : « Que Dieu se lève, que ses ennemis
soient dispersés » ; [68:2] comme de la cire devant le feu, les méchants
périront devant lui. [68:3] Que les justes se réjouissent et exultent en sa
présence et qu’ils tressaillent de joie, car il apparaîtra pour la confusion du
fort qui s’oppose à lui, et pour la gloire du pauvre qui marche dans la justice.
Ceci met clairement en relief l’intention de notre Psaume ; mais, si nous lisons
plus loin, nous y trouvons de plus un magnifique développement du caractère de
Celui qui intervient ainsi : [68:5] il est le Père des orphelins, le juge des
veuves ; [68:6] il fait habiter en famille ceux qui étaient seuls, mais les
rebelles demeurent dans une terre aride. Le jugement est la vraie et
miséricordieuse délivrance du Dieu bienheureux, et maintenant son peuple peut
chanter sa gratuité. Ensuite, l’histoire du peuple est rappelée (vers. 7) ; tel
Dieu a été lorsqu’il le tira d’Égypte. [68:8] Au Sinaï, la terre trembla à cause
de sa présence, [68:9] mais il fit tomber sur son héritage une pluie
rafraîchissante ; il rétablit son peuple fatigué, [68:10] lorsqu’il eut préparé
ses biens pour l’affligé. Maintenant, des faits présents disaient ces choses
plus puissamment encore au cœur des fidèles : « Le Seigneur donna la parole :
grande fut la foule des femmes (des filles d’Israël) qui répandirent la bonne
nouvelle » (vers. 11). [68:12] Les rois se sont enfuis en hâte. Quelle subite et
complète délivrance ! Celle qui demeurait dans la maison, la femme la plus
paisible, partage le butin, car le Seigneur a opéré. [68:13] Alors Israël
apparaît dans toute sa beauté, bien qu’il eût été dans la pauvreté et la misère1
: [68:16] Au milieu de toutes les prétentions et de toutes les luttes des
nations, la volonté de Dieu jette un défi à ces prétentions de la puissance
humaine : « Pourquoi, montagnes à plusieurs sommets, regardez-vous avec jalousie
la montagne que Dieu a désirée ? ». Sion était la montagne de Dieu et l’Éternel
veut y demeurer pour toujours. [68:14] Il a dispersé les rois pour l’amour de
ses saints [68:17] et Il veut demeurer au milieu de ceux-ci. Mais d’où vient
cette grande délivrance ? [68:18] Le Seigneur est monté en haut, il a reçu des
dons comme homme et pour les hommes, — même pour Israël, le rebelle, dont il est
maintenant question, afin que Jah habitât au milieu de ce peuple : [68:19] c’est
pourquoi il célèbre le Dieu de sa délivrance, [68:20] car son Dieu est un Dieu
de salut, et avec quelle puissance de vérité et d’expérience Christ n’a-t-il pas
rendu témoignage à cela ! Mais ils étaient toujours des hommes mortels sur la
terre. Leur délivrance était terrestre et temporelle, quoiqu’elle fût la
délivrance de saints ; mais lui serait toujours leur conducteur, même jusque
dans la mort, — [68:21] il détruirait les méchants ! La vraie cause de toute
cette explosion de joie, de cette exultation dont le cœur est trop plein pour en
parler plus tranquillement, est ensuite indiquée : [68:22] Israël est rétabli en
puissance, [68:23] ses ennemis sont détruits, [68:25] l’ordre magnifique de son
temple est restauré ; [68:27] les tribus y montent, [68:29] les rois apportent
des présents. [68:28] Dieu a ordonné sa force, et le peuple compte sur Dieu pour
maintenir ce qu’il a opéré (vers. 28). [68:30] Puis vient l’assujettissement de
tous les ennemis et de tous les puissants. [68:31] Des princes viendront
d’Égypte, et Cush étendra ses mains vers Dieu. [68:32] Tous les royaumes de la
terre sont invités à chanter les louanges du Seigneur. [68:34] La force est à
Dieu, mais sa majesté, ce en quoi il est glorifié, est sur Israël, et, dans les
nuées, du lieu de sa demeure en puissance, [68:35] sa force veille sur son
peuple. C’est la pleine restauration de la bénédiction et de la gloire d’Israël,
et plus même que la restauration, — tout cela, en conséquence de l’exaltation du
Seigneur, afin qu’il reçoive des dons comme homme [(68:18)]. Mais dans cette
intervention de Dieu en puissance de jugement pour la bénédiction du résidu, en
jetant par terre tout pouvoir humain et toute arrogance de la volonté de l’homme
quand Dieu se lève devant son peuple terrestre et disperse ses ennemis, il y a à
relever des détails de la plus grande importance : Premièrement, nous trouvons
le nom de « Seigneur » (Adonaï). Le nom de « Jah » se trouve bien dans les
versets 4 et 18, mais c’est toujours du « Seigneur » qu’il est parlé. Ce n’est
pas le nom d’alliance, quoique Jah le rappelle, mais un nom qui implique la
puissance en exercice. Il s’agit de seigneurie et d’une seigneurie divine. Je
crois que c’est ce que nous trouvons chez Thomas quand il dit : « Mon Seigneur
et mon Dieu » [(Jean 20:28)]. C’est autre chose que : « Dis à mes frères : Je
monte vers mon Père et votre Père » [(Jean 20:17)]. C’est Dieu, mais manifesté
en puissance comme Seigneur, ainsi qu’au Ps. 2 [(v. 4)] : « le Seigneur s’en
moquera ». Seulement là il n’est pas encore redescendu, [68:18] tandis qu’ici
son ascension est envisagée comme ayant eu lieu. Ce n’est pas Dieu, comme tel,
qui donne, mais Celui qui est Seigneur est monté et a reçu des dons comme homme
et dans l’homme. Il les a reçus dans son caractère adamique (dernier Adam) ayant
emmené captive la captivité (Actes 2:33-36). Il est ici l’homme monté en haut,
quoiqu’il soit beaucoup plus, et, ayant reçu les dons comme Tête humaine
glorifiée, il les distribue (voir Éph. 4 [v. 7-11]), mais bien que, comme homme,
ce soit pour l’homme et dans l’homme, il s’y a joute encore un caractère spécial
: « même pour les rebelles, afin que Jah, Dieu, ait une demeure ». Ici, le
résidu, l’Israël de notre Psaume, apparaît. L’apôtre ne cite pas cette dernière
partie, mais s’arrête au fait que les dons sont reçus par Lui pour l’homme. Dans
le Psaume suivant, nous trouverons son humiliation — (quel contraste !) — mais
combien elle est loin d’être moins glorieuse ou d’un moins grand intérêt pour le
cœur qui a appris et sait qui Il est !
1 La force de l’expression employée au verset 13 est controversée, mais je ne doute pas qu’elle ne s’applique aux étables des moutons et du bétail.