Psaume 8
Gloire de l’Oint de l’Éternel, élevé au-dessus de toutes choses
Nous sommes arrivés maintenant au Ps. 8, qui clôt l’exposition de la condition
du résidu et des conseils de Dieu concernant l’Oint de l’Éternel, rejeté. Ce qui
est dit ici, l’est encore par la bouche du résidu, considéré comme délivré.
[8:1] « Éternel, notre Seigneur ! ». C’est en vain que les nations se sont
élevées contre toi ! « Que ton nom est magnifique par toute la terre ; tu as mis
ta majesté au-dessus des cieux ! ». Il ne s’agit pas ici du Roi en Sion, — bien
que, certainement, il régnera comme tel ; — mais d’une gloire qui est établie
au-dessus des cieux. Ce n’est pas seulement le peuple du grand Roi, qui est
ainsi béni ; mais nous avons devant nous la gloire du nom de l’Éternel, le
Seigneur d’Israël, en quelque lieu qu’habitent les enfants des hommes ; non pas
comme s’il était question, dans ce Psaume, de l’établissement de Christ sur la
sainte montagne de Sion ; [8:6] mais la Parole nous présente ici cette gloire en
relation avec l’élévation du Fils de l’homme, non seulement au-dessus des fils
des hommes, mais au-dessus de toutes les œuvres de ses mains dans tous les lieux
de sa domination, sans qu’aucune soit exceptée.
Jésus rejeté comme Fils
de l’homme et glorifié après son œuvre ici-bas
[8:4] Et qui est ce Fils de l’homme ? [8:5] Il a été fait un peu moindre que les
anges, à cause de la passion de la mort, couronné maintenant de gloire et
d’honneur, et établi (l’épître aux Hébreux nous montre que ceci n’est pas encore
accompli [(Héb. 2:8)]) sur toutes les œuvres des mains de Dieu1. Il n’a pas pu
être rejeté comme Christ (lors même que ce titre doive être aussi réalisé plus
tard en lui, par Celui qui, du haut des cieux, se rit de la rage impuissante des
rois de la terre [(2:4)]) sans que les conseils de Dieu lui eussent préparé une
position encore plus glorieuse, savoir d’être couronné de gloire dans les cieux
[8:6] et établi dominateur sur toutes choses. Les titres de Fils de Dieu et de
Fils de David, Roi en Sion, sont ses titres sur la terre (comparez Jean 1:49-51)
; mais sa première réjection comme tel, lui ouvre cette gloire plus étendue
qu’il a également justement acquise, — ce qui appartient au Fils de l’homme
selon les conseils de Dieu. C’est pour ce motif que nous voyons le Seigneur
défendre à ses disciples de dire plus longtemps qu’il fût le Christ (Matt.
16:20, 21 ; 17:12 ; Luc 9:20-22), car il était alors virtuellement rejeté par
Israël, parce que le Fils de l’homme devait souffrir et être rejeté, livré aux
nations, mourir et ressusciter. Sans doute, il y avait la grâce envers Israël, —
mais c’était la grâce envers l’homme, envers l’homme en Christ : — [8:9] et le
Seigneur d’Israël, l’Éternel, avait ainsi un nom magnifique par toute la terre.
1 La petitesse de l’homme, comparée à la grandeur de la création dans les cieux, donne occasion à la révélation des conseils de Dieu dans l’homme.
Témoignages à la gloire
de Christ sur la terre, sous ses divers caractères
Ce résultat glorieux de la fin de notre Psaume est proclamé par la bouche du
résidu, bien que ce résultat soit amené par une gloire bien plus excellente et
soit dépendant d’elle. En présence de la fureur et de la méchanceté de ses
ennemis, et pour confondre les oppresseurs et les infatigables et impitoyables
persécuteurs de ses saints et de son peuple, Dieu a choisi ce qu’il y a de plus
faible sur la terre pour en tirer sa parfaite louange. La réception du Christ,
entrant à Jérusalem sur le poulain d’une ânesse, nous en présente comme une
image anticipée, mais le plein accomplissement est pour les derniers jours.
Christ avait reçu témoignage comme Fils de Dieu en ce qu’il avait ressuscité
Lazare [(Jean 11)] ; comme Fils de David, dans son entrée à Jérusalem [(Jean
12:12-19)] ; comme Fils de l’homme, lorsque les Grecs étaient montés [(Jean
12:20-23)], mais il devait mourir pour avoir cette dernière gloire (Jean 12:24).
Aux derniers jours tout ne faillira pas ainsi sur la terre, mais sera accompli
en puissance : [8:5] en attendant il est couronné de gloire et d’honneur dans un
lieu plus excellent.
Caractère d’élévation
lié à la gloire du Fils de l’homme et à la délivrance célébrée
Tout le Psaume dont nous nous occupons a un caractère d’élévation et d’énergie
en rapport avec la grande délivrance qu’il célèbre. [8:4] L’homme est si peu de
chose devant la création : qu’est-ce que l’homme quand nous considérons
l’étendue et la gloire de l’univers ? Mais regardez à Christ, et toute cette
magnificence pâlira devant la gloire excellente de Celui [8:6] sous les pieds
duquel sont placées toutes choses. Ces choses mêmes en recevront un nouvel
éclat. L’homme est, en effet, grand et élevé au-dessus de toutes choses en Lui,
le Fils de l’homme, établi sur toutes choses.
Emploi du Ps. 8 dans le
Nouveau Testament
Ce n’est pas ici le lieu de faire remarquer l’emploi que le Nouveau Testament
fait de ce Ps. 8, mais l’emploi qui en est fait rend évidents et son sens et son
importance. Le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens [(v. 27)] nous
montre qu’il est accompli en résurrection ; par le chap. 2 de l’épître aux
Hébreux [(v. 6-8)], nous apprenons que l’assujettissement de toutes choses sous
les pieds du Fils de l’homme aura lieu dans le monde à venir, et que ces choses
ne sont pas encore actuellement placées sous les pieds de Christ [(Héb. 2:8)],
mais qu’il est déjà maintenant couronné de gloire et d’honneur [(Héb. 2:9)] ;
par le chap. 1 de l’épître aux Éphésiens [(v. 20-23)], nous voyons de plus que
l’Assemblée est unie à lui dans cette position de gloire, mais ce point n’entre
en aucune manière dans le but et la portée du Psaume, car il fait partie du
mystère caché dès les siècles et les générations (Col. 1:26).
Éléments des relations
de l’Éternel avec le résidu juif dans sa position à la fin
Sujets principaux des Ps. 1-7, concernant la marche du résidu et le Messie
Avant d’entrer dans l’examen des Psaumes suivants, je voudrais passer brièvement
en revue le champ que nous venons de parcourir, en nous occupant des Psaumes qui
forment comme l’introduction de tout le livre. Nous avons vu d’abord le résidu
des derniers jours, ensuite les conseils de Dieu touchant le Messie. [2:2] Mais
les rois et les princes de la terre s’élèvent contre l’Éternel et contre son
Oint : [2:6] cependant il sera établi Roi dans Sion. Nous avons trouvé ensuite,
dans les Ps. 3 à 7, les grands principes de la marche du résidu au milieu des
circonstances dans lesquelles il se trouvera lui-même : on n’y rencontre pas ces
expressions profondes des sentiments que produit ailleurs la grandeur de la
détresse, mais celles-là seulement qui se rapportent aux sentiments de confiance
et de foi que la grâce fait naître dans la position où le résidu se trouve. Au
Ps. 3, nous trouvons la confiance ; au Ps. 4, l’imploration adressée au Dieu de
la justice, et le sentier du juste ; au Ps. 5, le juste crie à l’Éternel, parce
que l’Éternel distingue le mal du bien, et ainsi il faut que le méchant soit ôté
et que Jéhovah bénisse le juste qui se confie en lui. Le Ps. 6 fait appel à la
compassion : le juste, troublé dans son âme, supplie l’Éternel de ne pas le
reprendre dans sa colère, et Celui-ci l’a entendu dans sa détresse, afin de le
sauver de la mort ; au Ps. 7, le juste demande l’intervention de l’Éternel
contre ses persécuteurs, plaçant en contraste leur conduite, et la sienne envers
eux ; mais l’Éternel juge son peuple.
Christ, traversant
toutes les afflictions en étant au-dessus du mal, et exprimant les sentiments
produits par l’Esprit dans le résidu
Tels sont les principaux éléments des relations de l’Éternel et du résidu de son
peuple en ce jour-là. Combien il sera précieux pour les fidèles de trouver ainsi
pour leur foi un soutien et une expression, élevés au-dessus de leurs craintes,
par le moyen de ces témoignages de grâce de l’Esprit de Christ, afin d’être
conduits par eux, justifiés dans leurs meilleures espérances et calmés au milieu
de leurs plus justes craintes ! Il me semble qu’il est facile de comprendre
pourquoi Christ n’a pas pu avoir personnellement les sentiments et les désirs
qui sont exprimés ici, et comment il se fait qu’il a pu produire cependant par
son Esprit, prophétiquement, ces mêmes désirs dans le résidu et entrer par ses
sympathies dans toutes les circonstances qui entourent celui-ci. Il descendit du
ciel et ne perdit jamais l’esprit qu’on y respire, bien qu’il se trouvât dans
les circonstances que sa présence sur la terre a amenées sur lui ; mais cet
esprit, c’est l’amour. Christ était au-dessus du mal dans la puissance de
l’amour et dans la conscience des sentiments divers que devait nécessairement
avoir le Fils de l’homme « qui est dans le ciel », quoiqu’il passât par toutes
les afflictions auxquelles pouvait être assujetti le Fils de l’homme sur la
terre. Il passa au travers de toute la détresse que le péché et l’inimitié
infatigable de l’homme, aussi bien que l’insensibilité de ses disciples1,
pouvaient attirer sur lui ; — mais d’autant plus sensible lui-même à cette
détresse et la ressentant d’autant plus profondément, qu’il était parfait, il
était élevé au-dessus de tout le mal, en amour, dans la perfection personnelle
du bien. Le résidu ne sera pas ainsi : il sera soutenu par Dieu, non pas
seulement au milieu du mal, mais sous le mal, quand il sera oppressé par lui,
par le sentiment de la culpabilité, par la crainte de la colère ; et non
seulement par un sentiment profond de la colère, mais, plus que cela, par une
frayeur de cette colère, agissant sur l’âme pour la cribler. Il n’y a point de
délivrance pour les fidèles, si ce n’est par la destruction de leurs ennemis ;
et ils soupirent après cette destruction : ces ennemis sont aussi ceux du
Seigneur, et le désir des fidèles est juste (voyez Ps. 6:5, 7, 10). Christ, nous
l’avons fait remarquer, n’a pas fait ainsi : il était élevé au-dessus de toute
cette haine, en amour céleste et en vraie et consciente communion avec son Père,
dont il avait à accomplir en paix la volonté, sachant qu’il était approuvé de
lui, jusqu’à ce que, à la fin, il entrât dans cette sombre vallée, où, pour
l’amour de nous et d’Israël, il dut rencontrer la colère ; mais là tout se passe
entre Dieu et lui. Quant à ses ennemis humains, il dit seulement : Si c’est moi
que vous cherchez, laissez aller ceux-ci (Jean 18 [v. 8]), et tous tombent à la
renverse devant lui ; c’est à lui de leur dire en paix : « C’est ici votre heure,
et la puissance des ténèbres ! » [(Luc 22:53)]. C’est pourquoi lui-même, l’amour
divin, traversant toutes les afflictions qu’Israël, ou bien nous-mêmes pouvons
avoir à traverser, il passa au travers de tout personnellement, en amour : tout
a été senti par lui, mais il était élevé au-dessus du mal, en amour envers les
hommes, étant en parfaite communion avec le ciel, son amour et sa faveur. En
cela Christ est un modèle pour nous chrétiens, non pas pour Israël. Mais il
traversa réellement tout ce par quoi le résidu ne pourra jamais passer, étant
toutefois assez libre à l’égard de toute la puissance que pouvaient exercer sur
lui ces circonstances, pour sentir pour les autres, dans ce chemin qu’il
traversait. Parfait dans ce sentier, il inspire prophétiquement les expressions
de la foi à ceux qui ne connaissent pas encore l’amour céleste et la délivrance,
à ceux qui sont oppressés au milieu de leurs afflictions ; et il exprime par
l’esprit prophétique, devant Dieu (comme ferait l’Esprit en de telles gens), les
sentiments de leurs cœurs oppressés, sentiments auxquels les circonstances
donnent naissance, là où la faveur divine et la délivrance ne sont pas connues.
Nul ne peut entrer aussi bien dans les afflictions d’autrui sous cette détresse,
que Celui qui en connaît les causes et l’effet, quant aux relations avec Dieu,
mais qui ne s’y trouve pas lui-même. Christ a été dans toute leur affliction ;
il l’a sentie, mais il n’a pas senti, comme à l’égard d’autres afflictions, ce
que ceux-là sentent qui s’y sont plongés, et qui, à cause de leurs fautes,
nécessairement et justement, sont occupés d’eux-mêmes. Il était rempli d’amour
divin pour ses oppresseurs. Ses sympathies étant parfaites, elles l’ont fait
entrer dans toutes les circonstances et les sentiments du résidu, et en ont
fourni l’expression divine.
1 Ils ne comprirent pas une seule fois ce qu’il leur disait.
Christ a connu une
souffrance bien plus profonde que le résidu, pour eux
On dira peut-être qu’il a été facile pour lui de fournir cette expression par
l’Esprit prophétique, si lui-même n’est pas réellement entré dans ces
circonstances. Mais à cela je réponds que dans chaque partie des afflictions, il
est entré pleinement ; et infiniment plus complètement que ne le fera jamais le
résidu, ayant souffert, en outre, ce que celui-ci ne souffrira jamais,
précisément parce que lui l’a souffert à leur place. Or, cette souffrance plus
profonde dans laquelle il est entré, loin de l’empêcher de sympathiser
parfaitement, l’a rendu capable d’avoir cette sympathie en rapport avec toute la
détresse qui venait de Satan et de Dieu sur sa propre âme, tandis qu’il n’était
pas question chez ceux qui avaient causé la détresse de sentir cela. Il traversa
tout de la même manière qu’eux, bien plus profondément toutefois, et sa part a
été la plus lourde, en ce qu’il a pris sur lui ce qu’aucun d’eux n’aura jamais à
porter.
Expression juste des
sentiments donnée de Dieu aux fidèles affligés
Lorsque les fidèles du résidu seront dans les mêmes afflictions, sans
connaissance de la faveur divine, il leur apportera, par ces Psaumes, tous les
sentiments auxquels Dieu peut donner son approbation et prêter son oreille. Il
conduira leurs âmes au travers de ces afflictions. Que de fois, lorsque nous-mêmes
nous osions à peine exprimer ce que nous sentions, par crainte d’offenser Dieu,
au milieu des incertitudes d’une foi environnée de nuages, n’avons-nous pas été
calmés par un texte qui exprimait nos afflictions d’une manière qui, étant de
Dieu, doit être juste, et n’avons-nous pas été ainsi fortifiés dans la foi en
regardant à Dieu : il en sera de même pour le résidu.