Introduction aux cinq
livres des Psaumes
Caractère du livre des Psaumes
Les Psaumes ne sont pas l’histoire du peuple, ni un enseignement, ni une
prophétie
Le livre des Psaumes a évidemment un caractère particulier. Il ne nous raconte
pas l’histoire du peuple de Dieu ; il ne nous expose pas les voies de Dieu à
l’égard de ce peuple ; il n’a pas davantage pour but de nous enseigner certaines
doctrines ou devoirs positifs, pas plus qu’il n’est la proclamation prophétique
et formelle d’événements à venir. Sans doute, on y trouve des allusions à des
événements importants, et les Psaumes sont étroitement liés avec diverses
révélations prophétiques, de même qu’avec l’ensemble des enseignements de la
Parole de Dieu, mais le but du livre n’est pas de s’occuper directement de ces
sujets.
Les Psaumes sont
l’expression de sentiments produits par l’Esprit dans le cœur du peuple
Les Psaumes sont, presque tous, l’expression des sentiments produits dans les
cœurs du peuple de Dieu par les événements par lesquels ce peuple passe, ou,
pour parler plus exactement, l’expression des sentiments préparée pour eux, par
l’Esprit de Dieu, dans ces événements ; et par le fait ils expriment les
sentiments, non seulement du peuple de Dieu, mais encore souvent ceux du
Seigneur lui-même. Les Psaumes sont l’expression de la part que l’Esprit de
Dieu, en tant qu’opérant dans les cœurs des saints, prend à leurs souffrances et
aux exercices de leurs âmes : l’opération de l’Esprit s’y lie à toutes les
épreuves par lesquelles ils passent et à l’infirmité humaine qui apparaît dans
ces épreuves, au milieu desquelles l’Esprit leur fournit ainsi des pensées de
foi et de vérité comme ressource pour eux au milieu de toutes leurs
vicissitudes. Nous trouvons par conséquent, dans les Psaumes, les espérances,
les craintes, les afflictions, la confiance en Dieu qui respectivement
remplissent l’âme des saints ; — parfois la part que prend à ces sentiments le
Seigneur lui-même, — occasionnellement à l’exclusion de tout autre que lui, — et
la position qu’il a occupée afin qu’il sympathisât ainsi avec eux.
Les Psaumes pour ceux
qui sont sous la loi et pour les chrétiens
Nécessité d’un discernement spirituel pour saisir la portée et l’application des
Psaumes
De tout cela il résulte que, pour juger sainement de la vraie portée et de
l’application des Psaumes, il faut un jugement spirituel plus mûr qu’à l’égard
de toute autre partie des Saintes Écritures : il est nécessaire en effet qu’on
soit capable de comprendre, dans cette lecture, ce qui dispensationnellement a
donné naissance aux Psaumes, comme aussi de juger de la vraie position devant
Dieu de ceux dont ils expriment les besoins ; — et ceci est d’autant plus
difficile que les circonstances, l’état, et la relation avec Dieu du peuple dont
ils traduisent les sentiments, ne sont pas ceux dans lesquels nous nous trouvons
nous-mêmes. La piété que respirent les Psaumes est édifiante pour tous les temps
; la confiance en Dieu qu’ils expriment souvent au milieu de l’épreuve, a
consolé et réjoui le cœur de plus d’un enfant de Dieu dans sa propre épreuve ;
et ce sentiment doit être nourri et entretenu soigneusement. Mais plus cela est
important, plus il est nécessaire que notre jugement spirituel sache discerner
la position à laquelle se rapportent les sentiments exprimés dans les Psaumes,
position qui donne son caractère propre à la piété qu’ils respirent. Faute de
cette intelligence, la vraie et entière puissance de la rédemption, ainsi que la
portée de l’évangile de la grâce de Dieu sont perdues, et un grand nombre
d’expressions, qui choquent l’esprit chrétien inattentif à leur véritable
portée, restent obscures et même tout à fait incompréhensibles. L’âme qui se
place, aujourd’hui, dans la position décrite dans les Psaumes, retourne en
arrière vers des expériences qui appartiennent à un état légal, et qui sont la
part de quelqu’un qui, pour le péché, se trouve sous le châtiment et dans
l’épreuve ; dans cet état, elle retourne en arrière vers des expériences qui se
rattachent aux espérances d’un peuple terrestre. On en vient ainsi à se servir
de la Parole de Dieu pour sanctionner un état légal qui, pour le chrétien, est
un état d’incrédulité ; on vit satisfait dans un état spirituel, auquel manque
la connaissance de la rédemption, dans la crainte de se voir ravir les Psaumes ;
et en voulant les conserver pour soi, comme on se l’imagine, on maintient son
âme dans un état dans lequel on se trouve privé de l’intelligence de la vraie
portée de cette portion des Écritures ; on perd de vue ses propres privilèges,
on devient incapable de comprendre le sens véritable des Psaumes et d’en jouir ;
enfin, ce qui est pis encore, on se prive de l’intelligence, si bénie et si
profondément instructive, des tendres et miséricordieuses sympathies de Christ
dans leur vraie et divine application. L’intelligence égoïste n’apprend pas
Christ, tel qu’il est, tel qu’il est révélé, — et la perte est grande.
Les Psaumes
s’appliquent à ceux qui sont sous la loi, non à l’état chrétien
Sans doute, il y a dans les Psaumes des consolations et des secours de grâce
pour une âme sous la loi, parce que les Psaumes s’appliquent à ceux qui sont
sous la loi, — et des âmes, qui se sont trouvées dans cet état, ont été ainsi
réconfortées par eux : — mais, je le répète, c’est faire une fausse application
des Psaumes, c’est perdre la puissance de ce que Dieu nous a donné dans ce
livre, et c’est nous dépouiller de la vraie position spirituelle dans laquelle
l’Évangile nous place, que d’user des Psaumes pour demeurer dans un état légal
et pour en faire l’application, particulièrement et avant tout, à nous-mêmes. La
raison en est que la relation d’enfant, vis-à-vis du Père, n’est pas et ne peut
pas être introduite dans les Psaumes, et c’est vivre hors de cette relation que
de rester dans l’esprit des Psaumes, quoique l’obéissance et la dépendance
confiante qu’on y respire soient toujours ce qui convient à notre sentier
chrétien.
Les Psaumes en rapport
avec Israël, Juda et Christ]
Étude des Psaumes en recherchant le but de l’Esprit dans chacun
Dans la présente étude, je me propose d’examiner le livre des Psaumes dans son
ensemble, puis chacun des Psaumes en particulier, afin d’avoir, autant que
possible, un aperçu complet de tout le livre. La manière la plus profitable de
faire cette étude sera d’envisager les Psaumes au même point de vue que les
autres portions de la Parole que nous avons déjà parcourues, bien que le
caractère même des Psaumes rende ici cette tâche plus difficile : nous
rechercherons donc l’intention et le but du Saint Esprit dans les Psaumes,
laissant l’appréciation de la piété précieuse qu’ils renferment, au cœur seul
capable de l’estimer, c’est-à-dire au cœur qui se nourrit de Jésus par la grâce
de l’Esprit de Dieu.
Les Psaumes se
rapportent aux circonstances de Juda et d’Israël aux derniers jours
Les Psaumes, et les mouvements du cœur sous l’action de l’Esprit de Dieu, qui y
sont reproduits, ont pour base les espérances et les craintes d’Israël et se
rapportent, dans leur application et leur vraie portée, aux circonstances qui
sont le propre de Juda et d’Israël ; — et ces circonstances, il faut l’ajouter,
sont celles de Juda et d’Israël aux derniers jours, bien que, quant à l’état
moral des choses, ces derniers jours aient, en réalité, commencé à la réjection
de Christ. La piété et la confiance en Dieu, dont ce précieux livre est plein,
trouvent sans doute un écho dans tout cœur croyant, mais les exercices de l’âme,
tels qu’ils sont exprimés ici, s’accomplissent au milieu d’Israël.
L’appréciation que nous faisons ainsi des Psaumes, appréciation dont la vérité
est démontrée par la lecture des Psaumes eux-mêmes, est sanctionnée par l’apôtre
Paul dans l’épître aux Romains, où, après avoir cité plusieurs Psaumes, il dit :
« Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la
loi » (Rom. 3:19).
Expression de
l’opération de l’Esprit dans le résidu, et place de Christ parmi les fidèles
Les Psaumes donc concernent Juda et Israël, et la position dans laquelle se
trouvent ceux qui appartiennent à Juda et à Israël : ils sont essentiellement
l’expression de l’opération de l’Esprit de Christ, quant au résidu, ou dans le
résidu des Juifs (ou d’Israël) aux derniers jours. L’Esprit de Christ entre dans
toutes les afflictions des fidèles Israélites de ces jours-là, exprimant leurs
confessions, leur confiance de foi, leurs espérances, leurs craintes, leur
reconnaissance pour les délivrances obtenues, en un mot tous les exercices de
leurs âmes dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent aux
derniers jours, offrant ainsi à ces fidèles les directions, l’approbation et la
sympathie de l’Esprit de Christ, et l’expression de l’opération de cet Esprit en
eux et même en Christ lui-même. À côté de cela, les Psaumes nous présentent la
place que Christ lui-même prit au milieu de ces fidèles, lorsqu’il était sur la
terre, pour qu’ils eussent part à ses sympathies, et pour que leur délivrance
fût rendue possible, et que leur confiance en Dieu fût juste, quoiqu’ils eussent
péché contre Lui. Les Psaumes ne raisonnent pas, comme les épîtres, sur
l’efficacité de l’œuvre de la croix, mais, dans ceux qui s’appliquent à Christ,
ils nous présentent les sentiments qui remplissaient son âme, alors qu’il
accomplissait l’œuvre. Ils nous font comprendre aussi la place qu’il prit dans
le ciel à la suite de sa réjection, et celle qu’il prendra finalement sur le
trône du royaume ; mais à part sa présente exaltation dans le ciel, mentionnée
seulement comme fait nécessaire pour introduire la délivrance finale d’Israël et
donner à cette délivrance son caractère complet, tout ce qui est révélé à
l’égard du Seigneur, dans sa relation avec Israël, nous est communiqué, non dans
une narration, mais dans l’expression de ses propres sentiments en rapport avec
la place qu’il a prise, comme cela aura lieu pour le résidu lui-même. C’est ce
trait qui donne aux Psaumes le caractère et l’intérêt qui leur sont
particuliers.
Christ entrant dans
toutes les souffrances de ceux qu’Il voulait sauver, comme substitut
Les Psaumes nous enseignent que Christ entra dans toute la profondeur des
souffrances qui firent de lui le vase de cette grâce, compatissant à ceux qui
avaient à traverser ces souffrances : — il entra dans cette voie comme
s’intéressant à ces fidèles, comme se chargeant de leur cause et la soutenant
devant Dieu. Dans le chemin de son humiliation, il apprit la langue des savants,
afin de savoir soutenir par une parole celui qui est las (És. 50:4). Ils étaient
des pécheurs, ils ne pouvaient ni réclamer aucune exemption de la peine, ni
compter sur aucune faveur qui pût délivrer et restaurer. Si lui n’avait pas
souffert pour eux, il leur eût fallu porter les souffrances présentes qu’ils
avaient à endurer, en rapport avec la culpabilité qui les y laissait plongés, en
dehors de la faveur de Dieu. Mais telle n’était pas la pensée de Dieu ; il
voulait les délivrer, et Christ entre au milieu d’eux, en grâce. Il prend sur
lui la culpabilité de ceux qui devaient être délivrés. C’étaient là pour Christ
des souffrances vicariales, c’était souffrir comme substitut — et dans la voie
de l’obéissance et de l’amour parfaits, il entra dans les souffrances au travers
desquelles avaient à passer ceux qu’il venait délivrer. En obéissant, il entra
dans ces souffrances de manière à attirer, par l’expiation, l’efficace de la
grâce salutaire de Dieu, sur ceux qui auraient dû se trouver eux-mêmes dans ces
souffrances, et à devenir ainsi, en vertu de tout cela, comme leur représentant
et leur répondant, le garant de leur délivrance, et le soutien de leur
espérance, dans ces souffrances, en sorte qu’ils n’y succombassent pas.
Les fidèles doivent
passer par l’épreuve en gouvernement, mais y trouvent Christ
Néanmoins il faut, selon les justes voies de Dieu, que les fidèles du résidu
passent par la souffrance à cause de leur folie et de leur méchanceté, et afin
qu’ils en soient purifiés intérieurement. Christ entra dans toutes ces
souffrances, afin d’y être pour eux une source de vie et un soutien pour leur
foi, lorsque la main de l’oppresseur pèserait lourdement sur eux au dehors et
que le sentiment de leur culpabilité accablerait leur âme au-dedans, ne leur
laissant ainsi d’autre sentiment de la faveur divine que la conscience que Celui
qui leur avait assuré cette faveur et qui pouvait en être le canal, avait
entrepris leur cause devant Dieu et passé, pour eux, par les mêmes
circonstances. Sans doute, toute l’efficace de son œuvre dans leur délivrance,
par la mort de ce seul homme pour la nation, ne sera pas connue jusqu’à ce
qu’ils regardent vers Celui qu’ils ont percé. Le peuple, et tout spécialement
les fidèles du résidu, à cause de leur intégrité (car la masse de la nation se
joindra aux Gentils idolâtres afin de jouir de la paix), sont laissés au plus
profond de l’épreuve qui, comme voie gouvernementale de Dieu, les amène par la
grâce au sentiment de leur culpabilité pour avoir violé la loi, puis rejeté et
crucifié le Messie, afin qu’ils connaissent véritablement ce que chacun d’eux
est, et qu’en intégrité de cœur, ils courbent la tête devant un Seigneur
offensé, et disent : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! »
[(118:26)]. Mais quoique la délivrance et un salut meilleur ne doivent pas se
réaliser avant ce moment-là, cependant, en vertu de l’œuvre accomplie pour les
effectuer, Christ peut nourrir les âmes des fidèles du résidu et les conduire à
cette délivrance, et c’est là précisément ce qu’il fait dans les Psaumes qui
sont l’expression de ses pensées envers eux ou plutôt en eux, lorsqu’ils sont
dans la détresse, et qui parfois aussi rappellent de quelle manière il a appris
cette « langue des savants » [(És. 50:4)]. De là vient aussi que des âmes, qui
sont encore sous la loi, trouvent dans les Psaumes une si grande consolation
pour elles-mêmes.
L’intérêt du cœur pour
les souffrances de Christ
Intérêt encore plus grand sous la grâce que sous la loi
Que personne ne suppose, je le dis ici en passant, que ce profond intérêt du
cœur dans ces souffrances de Christ se perde lorsqu’on laisse la loi pour être
sous la grâce ; au contraire, il en résulte un gain immense.
Contempler de cœur, par
l’Esprit, les souffrances de Christ ici-bas
En effet, au lieu d’user des Psaumes égoïstement, en vue de mes propres besoins
et de mes propres douleurs, quelque juste que puisse être cette application, la
jouissance de la grâce me permet de contempler, dans l’adoration et dans
l’amour, toutes les souffrances de Christ avec une aptitude plus profonde pour
le faire, donnée par son Esprit qui habite en moi. Je puis revenir en arrière,
en paix, Lui étant en haut, et, avec un intérêt et une intelligence donnés par
Dieu (quelle que soit d’ailleurs ma mesure) envisager les souffrances qu’il a
endurées ici-bas. Je puis le suivre de cœur lorsque, pour la gloire de Dieu et
en amour pour nous, il traçait ce « chemin de la vie » au travers d’un monde de
péché et de misère, au travers de la mort même, jusqu’à la gloire justement
acquise dans laquelle Il est maintenant.
L’amour pour Christ
nous fait jouir de ces encouragements dans les Psaumes
C’est ainsi que, dans Jean 14, l’amour pour sa personne et non l’esprit légal,
est à la base des consolations et des encouragements qu’il donne à ses disciples
quand il leur dit, au verset 28 : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez
réjouis de ce que je m’en vais au Père ». Sous la loi, les Psaumes peuvent nous
apporter de la consolation et du secours, dans une détresse profitable ; — sous
la grâce, nous en jouissons comme aimant Christ et avec une intelligence divine.
Christ a dû passer
personnellement par la souffrance, pour sympathiser avec le résidu et accomplir
l’expiation
Mais revenons à notre sujet. Le grand fondement qui devait être posé pour rendre
possible la sympathie, c’est que Christ n’a pas été épargné là où le résidu sera
épargné, parce qu’il faut que Christ souffre tout entière la peine du crime et
de l’iniquité, autrement il ne pourrait pas délivrer le résidu, justement et
pour la gloire de Dieu1. Ainsi il a fallu que Christ passât personnellement au
travers de la souffrance, comme il l’a fait, en esprit ; et de plus, qu’il fît
expiation pour le coupable. Il a passé au travers de la souffrance dans la
communion avec Dieu, sauf dans l’œuvre expiatoire ; et, par l’expiation, toute
la grâce et la faveur de Dieu envers lui, tout ce qu’il a trouvé que Dieu était
pour lui dans l’affliction, il le rend valable pour ceux qui doivent y passer
comme lui, afin qu’ils aient ainsi la connaissance de toute la pensée de Dieu à
leur égard, en grâce, quand ils se trouveront eux-mêmes dans l’affliction, et
lors même qu’ils seront dans les ténèbres. Si l’on demande comment cela est
possible, alors qu’ils n’ont pas encore appris que Dieu est pour eux dans
l’expiation, — on peut répondre que ce sont précisément ces Psaumes qui, entrant
dans tous les détails des sentiments de Christ et de la propre position des
fidèles, sont le moyen par lequel Dieu les introduira dans cette voie, selon
Ésaïe 50, que j’ai déjà cité. À dire vrai, un grand nombre de chrétiens sont
dans un état analogue : ils s’attachent à la promesse, ils sentent leurs péchés,
ils sont encouragés par l’espérance, ils voient la bonté de Dieu, — ils usent
des Psaumes comme se rapportant à eux, — et ils ne connaissent ni la rédemption,
ni la paix.
1 C’est dans l’acte de la mort que les souffrances de Christ, pour la justice (et ce à quoi il s’est exposé pour être à même de sympathiser avec le résidu fidèle, quand celui-ci souffre sous la main gouvernementale de Dieu), et l’expiation se rencontrent. Les souffrances pour la justice ont leur expression typique dans l’offrande du gâteau, tandis que l’expiation est figurée dans le sacrifice pour le péché, brûlé hors du camp. Christ a souffert jusqu’à la mort ; alors, il a fait aussi l’expiation pour le péché. Quelques-uns de ceux du résidu pourront souffrir jusqu’à la mort, comme fidèles dans l’épreuve sous ce gouvernement de Dieu ; mais dans ce cas, comme Christ lui-même, ils obtiendront une meilleure résurrection. Je n’ai pas besoin de répéter que l’œuvre expiatoire est absolument et exclusivement l’œuvre de Christ.
Trois lignes
directrices pour comprendre les Psaumes
Différentes catégories de personnes : Israël, le résidu fidèle et les Gentils
Les Psaumes donc se rapportent proprement à Israël1, et en Israël, au résidu
fidèle. C’est là le premier principe général que la Parole elle-même établit
pour nous, comme nous l’avons déjà fait remarquer, de sorte que nous pouvons
dire avec Paul que ce que les Psaumes disent, ils le disent « à ceux qui sont
sous la loi » [(Rom. 3:19)]. L’examen même des Psaumes nous fournira d’autres
éléments très clairs et positifs à l’appui de ce principe. Les Psaumes
distinguent (Ps. 73), et commencent par distinguer (Ps. 1) l’homme qui est juste
et pieux, selon la loi, du reste de la nation. « Il n’en est pas ainsi des
méchants » (vers. 4), et « les pécheurs » ne subsisteront pas dans l’assemblée
des justes (verset 5). Ésaïe nous enseigne la même chose, doctrinalement, avec
non moins de force (Ésaïe 48:22; 57:21). Le sujet propre des Psaumes, c’est le
vrai résidu fidèle, le juste en Israël (voyez Ps. 16:3 et beaucoup d’autres) ;
ce qu’on y trouve, ce sont, par conséquent, la part et les espérances d’Israël :
— le Ps. 1 l’établit clairement et distinctement ; — mais ce sont les espérances
d’un résidu, dont la part est, dès le commencement, distinguée de celle des
méchants de la manière la plus positive.
1 Je me sers ici du nom d’Israël en contraste avec l’Église et les Gentils ; plus tard, quand nous entrerons dans les détails de notre étude, nous verrons Juda distingué d’Israël.
L’Esprit de Christ dans
les Psaumes (1 Pierre 1:11), et les souffrances de Christ
De plus, et c’est ici un second principe général à noter, c’est l’Esprit de
Christ, l’Esprit de prophétie qui parle dans les Psaumes : l’Esprit de Christ,
s’intéressant lui-même à la condition du résidu fidèle d’Israël et parlant des
choses à venir, comme si elles étaient présentes, ainsi que font toujours les
prophètes. Mais si l’Esprit de Christ s’intéresse au résidu d’Israël, il faut
que les souffrances propres de Christ soient annoncées, ces souffrances qui
étaient la preuve parfaite et assurée de l’intérêt que Christ porte au résidu,
et sans lesquelles cet intérêt eût été inutile. En effet, nous trouvons dans les
Psaumes les plus touchantes expressions des souffrances de Christ, non pas comme
récit, mais exactement telles qu’il les a senties, — exprimées comme de sa
propre bouche au moment où il les endurait1. C’est toujours l’Esprit de Christ
qui parle (comp. 1 Pierre 1:11), Christ prenant part lui-même à l’affliction et
à la douleur de son peuple, soit par son Esprit en eux, ou lui-même pour eux
comme l’unique moyen, en présence du juste jugement de Dieu, pour la délivrance
d’un peuple bien-aimé quoique coupable. Ceci nous fait comprendre l’admirable
convenance du langage des Psaumes en un point que je mentionnerai plus loin.
Dans les Psaumes qui parlent proprement d’expiation, Christ est seul, et ainsi
son œuvre est sauvegardée ; dans les Psaumes qui parlent de souffrances non
expiatoires dans leur nature, alors même qu’elles vont jusqu’à la mort,
certaines parties s’appliquent à Christ personnellement, parce que, en personne
et individuellement, il traversa ces souffrances ; mais dans d’autres parties de
ces mêmes Psaumes, les saints entrent en scène parce qu’ils auront leur part de
ces souffrances-là ; et ainsi les souffrances personnelles de Christ nous sont
présentées, mais ses sympathies aussi ne sont pas perdues.
1 De là découle le caractère d’intimité dans les sentiments, et l’intérêt touchant des Psaumes. Ce sont comme les battements de cœur de Celui qui, dans les détails de son histoire, dans l’ensemble de sa vie, dans ses relations avec Dieu et avec les hommes, en un mot dans sa présentation extérieure, ainsi que dans toutes les voles de Dieu à l’égard de sa manifestation en ce monde, a pris la place du résidu.
Détresse du peuple de
Dieu à cause de ses péchés, intégrité et confession
Un autre principe se lie à celui que nous venons de signaler, et forme le
troisième grand principe caractéristique des Psaumes. Les péchés du peuple
empêcheraient moralement que le résidu se confie en Dieu dans sa détresse ;
cependant Dieu seul peut le délivrer, et il faut qu’il regarde vers Dieu avec un
cœur intègre. Ces deux choses se retrouvent dans les Psaumes : les détresses
sont présentées à Dieu en recherchant la délivrance, puis l’intégrité est
invoquée en même temps que les péchés sont confessés. Christ étant entré, comme
nous l’avons vu, dans les afflictions du résidu, et ayant fait l’expiation, peut
conduire les fidèles, malgré leurs péchés et au sujet de leurs péchés, vers
Dieu. Sans doute ils ne connaissent pas d’abord réellement la pleine rémission,
mais l’Esprit de Christ les conduit en avant, et, dans le sentiment de la grâce,
par les expressions qu’il leur fournit dans ces Psaumes mêmes, il les fait
marcher (et que d’âmes il y a qui sont pratiquement dans cet état !) vers le
Dieu des délivrances, en confessant aussi leurs péchés. Ils prennent avec eux
des paroles, et reviennent à l’Éternel (Osée 14:2). La rémission aussi leur est
présentée. L’Esprit de Christ étant vivant en eux, comme principe de vie, et
fixant le propos de leur cœur, ils peuvent, par la confession de leurs péchés,
invoquer sincèrement leur intégrité et leur fidélité à Dieu, mais la pensée de
la miséricorde précède toujours celle de la justice comme base de leur
espérance. En principe, tout ceci est vrai de toute âme renouvelée qui n’a pas
trouvé encore la liberté, la liberté que donne une rédemption connue. C’est
l’état d’âme du fils prodigue avant qu’il rencontre son père [(Luc 15:18-19)],
et c’est aussi l’état de toute âme qui a le sentiment que le Dieu de lumière et
d’amour a été révélé en Christ, mais qui ne connaît pas encore la plénitude de
la rédemption et sa pleine acceptation en Christ. Dans un tel état, il peut y
avoir de la confiance, mais pas encore la paix, ni la liberté avec Dieu. Les
Psaumes, hormis certaines louanges à la fin du livre et à la fin de certains
Psaumes placés ailleurs, ne sont jamais l’expression de cette liberté : et alors
même qu’elle s’y trouve, elle a trait à une délivrance et à une rémission
terrestres.
Expression de l’Esprit
dans le résidu ou en Christ Lui-même souffrant
En résumé donc, les Psaumes sont l’expression de l’Esprit de Christ, soit dans
le résidu juif (ou dans le résidu de tout Israël), soit dans la propre personne
de Christ comme souffrant pour ces fidèles, en vue des conseils de Dieu à
l’égard de son peuple ; — et, puisque ces conseils doivent être accomplis plus
particulièrement dans les derniers jours, les Psaumes sont l’expression de
l’Esprit de Christ dans ce résidu au milieu des événements qui s’accompliront
dans ces jours-là ; alors que Dieu commencera à s’occuper de nouveau de son
peuple terrestre. Les souffrances morales qui se lient à ces événements, ont été
plus ou moins réalisées dans l’histoire de Christ sur la terre, soit dans sa
vie, soit, plus encore, dans sa mort, Christ étant lié aux intérêts et au sort
de ce résidu. Au temps de son baptême par Jean, Christ s’identifia déjà avec
ceux qui composaient le résidu ; non pas avec la multitude sans repentance
d’Israël, mais avec le premier mouvement de l’Esprit dans ces « excellents de la
terre » [(16:3)], par lequel ils étaient amenés à reconnaître la vérité de Dieu
dans la bouche de Jean-Baptiste, et à s’y soumettre. Or c’est dans ce résidu que
les promesses faites à Israël seront accomplies ; en sorte que, bien que ce ne
soit qu’un résidu seulement, les affections de ces saints et leurs espérances
sont celles de la nation. Sur la croix, Jésus est demeuré le seul vrai fidèle
devant Dieu en Israël — le représentant personnel de tout le résidu qui devait
être délivré, aussi bien que Celui qui a accompli l’œuvre sur laquelle la
délivrance des fidèles pouvait être fondée.
Souffrances de Christ :
différentes sortes ou caractères
Relation entre Christ et ses souffrances, et Israël et la terre
Il y a, de plus, quelques observations générales à faire sur un point dont j’ai
déjà dit quelques mots ; je veux parler des souffrances de Christ : ces
observations, tirées en grande partie des Psaumes eux-mêmes, nous aideront par
la lumière que nous fournissent à cet égard les évangiles, à saisir l’esprit de
tout ce livre et à entrer plus exactement dans la pensée d’un grand nombre des
Psaumes. Nous avons déjà vu, en général, que les Psaumes placent le résidu
devant nous, avec ses souffrances, ses espérances, sa délivrance et
l’association de Christ avec lui dans toutes ces choses. Christ est entré dans
les afflictions des fidèles ; il sera leur libérateur, et a accompli l’expiation
qui pose le fondement de leur délivrance, comme elle est le fondement de la
délivrance de toute âme vivante — mais Christ mourut pour la nation juive (Jean
11:51). Sans doute, sa propre perfection se manifeste dans toute son œuvre, mais
ici nous avons à considérer la relation dans laquelle cette œuvre se trouve avec
Israël et la terre, bien qu’il soit question aussi de la glorification
personnelle de Christ dans les cieux, — d’où découlera la délivrance finale
d’Israël. Quoi qu’il en soit d’ailleurs, nous n’avons pas à chercher ici le
mystère de l’Église, qui, à cette époque, était « caché en Dieu », ni Christ non
plus au point de vue de ses rapports avec l’Église. Les Psaumes nous fournissent
d’une manière parfaite toutes les expériences terrestres de Christ et de son
peuple, que l’Esprit de Christ a voulu nous présenter ; mais pour trouver les
expériences célestes de ceux qu’il a rachetés, il faut recourir au Nouveau
Testament, à l’épître aux Philippiens, par exemple.
Les Psaumes montrent
toutes les souffrances morales que Christ a traversées
Or Christ a passé au travers de toutes les souffrances morales que peut
traverser un cœur d’homme ; il fut tenté en toutes choses comme nous, à part le
péché [(Héb. 4:15)], et rien, en son lieu et place, ne peut porter plus de
fruits1 que d’avoir le cœur occupé des souffrances du Sauveur : personne jamais
ne souffrit comme lui. Les Psaumes placeront ces souffrances devant nous, mais
je ne veux pas me laisser aller à en parler ici en détail ; dans ces remarques
préliminaires, je ne puis que brièvement faire allusion aux causes de ces
souffrances et aux diverses positions dans lesquelles Christ les endura.
1 Il ne faut pas s’arrêter trop longtemps sur ces souffrances en elles-mêmes, en les séparant entièrement de ce qui est le côté divin de la personne du Sauveur, si on ne veut pas que cette contemplation devienne sans profit, ou même funeste, n’étant plus réellement qu’un sentiment de la chair.
Trois positions
différentes de Christ endurant Ses souffrances
Christ souffrant de la part des hommes, de la part de Dieu pour le péché, et
avec le résidu d’Israël
Les positions dont je parle sont, je pense, au nombre de trois : Christ souffrit
de la part des hommes pour la justice et l’amour, pour le témoignage qu’il a
rendu dans ce qui était bon — rendant témoignage à Dieu et révélant Dieu.
Ensuite, Christ a souffert de la part de Dieu, pour le péché. Ces deux
caractères différents des souffrances de Christ sont bien clairs et simples pour
tous ceux qui croient. Mais il y a un troisième genre de souffrances, pour
l’intelligence duquel il faut prêter aux Écritures une attention plus
particulière. Il est dit des voies de Jéhovah à l’égard d’Israël : « Dans toutes
leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés » (És.
63:9). Ceci a été (et, quant à la dernière partie, le sera) spécialement
accompli en Christ, qui est Jéhovah venu comme homme au milieu d’Israël. Mais
les souffrances d’Israël, du résidu d’Israël, au moins, prennent à la fin un
caractère particulier ; les fidèles sont sous l’oppression des gentils, au
milieu d’une entière iniquité en Israël, mais ils sont caractérisés pourtant par
l’intégrité de cœur (et c’est là ce qui fait d’eux réellement le résidu),
conscients en même temps cependant, à cause de cette intégrité même, des
conséquences générales actuelles du péché sous le gouvernement de Dieu et la
puissance de Satan et de la mort, et souffrant sous le poids de ce sentiment. La
délivrance qui les tire de cette situation n’étant pas encore arrivée, leurs
âmes sont comme accablées sous ce fardeau. Eh bien ! Christ est entré dans cette
affliction-là, aussi.
Souffrance en portant
par anticipation toute l’affliction d’Israël
Pendant tout le cours de sa vie, même jusque dans la mort, il a souffert de la
part des hommes pour la justice (voyez en rapport avec ceci, le Ps. 11 et
d’autres). En outre, sur la croix, il a souffert pour le péché, il a bu la coupe
de la colère pour le péché, la coupe que son Père lui avait donnée à boire. Mais
à côté de ces deux genres de souffrances, il porta dans son âme, à la fin de sa
vie, nous pouvons dire après le repas pascal, toute la détresse et l’affliction
que le gouvernement de Dieu fera venir sur Israël, — non pas la condamnation,
mais cependant la conséquence du péché. Nul doute qu’il n’ait anticipé toute
cette affliction et que, dans ce sens, il ne l’ait sentie, comme il l’a fait au
chap. 12 de l’évangile de Jean, à l’égard de la croix qui l’attendait. C’était
alors, comme il dit, l’heure d’Israël apostat et de la puissance des ténèbres, «
votre heure et le pouvoir des ténèbres » [(Luc 22:53)] ; mais il s’attendait
toujours à son Père, dans le sentiment de sa fidélité, et il n’était pas non
plus encore abandonné de Dieu. Il pouvait encore s’adresser à l’homme pour qu’il
veillât avec lui, tandis qu’il n’y avait que faire de veiller lorsque la colère
divine était sur lui.
Le genre des
souffrances décrit par chaque Psaume est bien mis en évidence
Pour celui qui est enseigné de Dieu, le caractère distinctif de ces différents
genres de souffrances ressort clairement de l’examen attentif des Psaumes qui
nous en parlent. Ainsi, nous verrons que, lorsque Christ souffre de la part des
hommes, il demande, comme parlant par son Esprit en Israël et pour Israël, que
la vengeance vienne sur l’homme ; et alors souvent d’autres personnes souffrent
avec lui. Mais lorsque Christ souffre de la part de Dieu, il est absolument
seul, et les conséquences ne sont que bénédiction et que grâce, sans mélange.
Pour ce qui est des souffrances de la part de l’homme, nous pouvons avoir le
privilège de souffrir ainsi, ayant communion avec ses souffrances ; mais, dans
ce qu’il a souffert de la part de Dieu, comme placé sous la colère de Dieu, il a
souffert ainsi, afin que nous, nous n’eussions jamais à boire une seule goutte
de cette coupe qui eût été pour nous la perdition éternelle. Dans les
souffrances qu’il endura sous le pouvoir de Satan, des ténèbres et de la mort,
lorsqu’il ne buvait pas encore, de fait, la coupe de la colère, — à côté de ce
qu’exigeait sous ce rapport la majesté de Dieu (voyez Héb. 2:10) — il souffrait
pour sympathiser avec Israël, participant aux afflictions dans lesquelles les
fidèles entrent par leur intégrité, tout en étant cependant encore dans leurs
péchés. Toute âme réveillée, mais encore sous la loi, trouvera ici de la
consolation. L’Esprit de Christ dans les Psaumes entre par avance dans toutes
ces souffrances, quant à Christ et quant à Israël. Il faut seulement remarquer
que c’est le rejet du Messie qui a entraîné la ruine totale des Juifs et la
perte de toutes leurs promesses (toute réserve faite quant à la grâce
souveraine), de même que les souffrances et la douleur du résidu aux derniers
jours.
Réunion des trois
genres de souffrances à la croix, dans les dernières heures
Il faut aussi se souvenir que, quoique les trois genres de souffrances dont nous
venons de parler soient essentiellement différents, et qu’ils soient chacun en
particulier, dans leur caractère, bien clairs et importants, ils se sont tous
unis et se trouvent tous ensemble au terme de la vie de Christ, dans les
souffrances de ses dernières heures — sauf que je ne doute pas qu’en quittant
Gethsémané, Christ n’eût déjà traversé et laissé derrière lui les efforts de la
puissance de Satan contre son âme — mais, sur la croix, il souffrit en même
temps de la part des hommes pour la justice, et de la part de Dieu pour le
péché. Cette souffrance pour le péché, de la part de Dieu, lorsqu’elle
étreignait son âme, était trop profonde, je n’en doute pas, pour qu’il sentît
beaucoup celle qui venait des hommes ou qu’il fût sensible à quoi que ce soit en
dehors d’elle.
Contenu détaillé et
sujets des livres des Psaumes
Étude du contenu même des Psaumes
Ayant présenté les observations générales qui précèdent et qui m’ont paru
nécessaires à l’intelligence du livre, je me propose d’examiner maintenant, avec
le secours du Seigneur, le contenu même des Psaumes. Que le Seigneur veuille
nous guider tous deux, et moi, et vous, mon lecteur ! Si Dieu nous dépeint les
souffrances de Christ et l’intérêt qu’il prend à son peuple sur la terre, il
nous convient de sonder ces choses avec révérence, et une confiance enfantine en
même temps, et il nous faut compter, comme nous devons toujours le faire, sur
son enseignement pour être conduits et instruits dans l’étude que nous
entreprenons. Ce qui nous parle des choses que Christ a senties, mérite que nous
nous en occupions avec un amour confiant, mais avec une sainte révérence.
Division en cinq
livres, et sujet particulier de chacun d’eux
On sait que les Psaumes sont divisés en cinq livres, le premier comprenant les
Psaumes 1 à 41 ; le second les Ps. 42 à 72 ; le troisième les Ps. 73 à 89 ; le
quatrième les Ps. 90 à 106 ; et le dernier les Ps. 107 à 150. Chacun de ces
livres a son sujet particulier, et l’examen détaillé que nous allons en faire
nous permettra, j’espère, de discerner clairement leur caractère spécial.
Contenu de chacun des
cinq livres des Psaumes
Premier livre : État du résidu juif à Jérusalem, et Christ en relation avec lui
Le premier livre s’occupe de l’état du résidu juif avant qu’il soit chassé de
Jérusalem, et, par conséquent, de Christ lui-même en rapport avec ce résidu. De
fait, ce livre nous donne plus de détails que tous les autres sur l’histoire
personnelle de Christ, et on en comprend facilement le motif : Christ entrait et
sortait avec le résidu juif tandis qu’il était encore associé à Jérusalem ; et
je dis résidu juif par opposition avec Israël ou la nation tout entière.
Deuxième livre : Christ
au milieu du résidu chassé de Jérusalem, comme espérance
Dans le second livre, le résidu est envisagé comme chassé de Jérusalem, Christ
se plaçant au milieu des fidèles et leur donnant dans cette détresse leur vraie
position d’espérance. L’entrée de Christ au milieu d’eux, quand il sont ainsi
chassés de Jérusalem, les rétablit cependant, au point de vue prophétique, dans
leur position en relation avec l’Éternel (Jéhovah) comme un peuple devant Dieu
(Ps. 45, 46). Avant ce moment, chassés de Jérusalem, ils parlent de Dieu
(Élohim) plutôt que de l’Éternel, car ils ont perdu les bénédictions de
l’alliance ; mais ils sont amenés ainsi à connaître Dieu beaucoup mieux. Les
circonstances historiques de sa vie ont offert à Jésus l’occasion d’entrer
pratiquement et personnellement dans le sentiment de cette condition du peuple,
à cause de l’inimitié dont il a été l’objet. Au Ps. 51 le résidu reconnaît la
culpabilité de la nation et plus particulièrement des Juifs, dans le rejet de
Christ1.
1 Je pense que les deux premiers livres doivent être particulièrement distingués des trois derniers. Les deux premiers présentent davantage Christ personnellement parmi les Juifs ; tandis que les trois derniers s’occupent plutôt de la nation et de son histoire. C’est aussi pour cela que le Ps. 72, le dernier du 2ème livre, s’arrête au règne de Salomon.
Troisième livre :
Restauration d’Israël comme nation, centre des voies de Dieu
Le troisième livre nous présente la délivrance et la restauration d’Israël comme
nation, et les voies de Dieu envers la nation comme telle, Jérusalem, à la fin,
étant le centre de la bénédiction et du gouvernement de Dieu. Les effets
terribles du fait que les fidèles se trouvent sous le régime de la loi, et la
réunion de toutes les gratuités en Christ, sont développés dans les Psaumes 88
et 89, finissant par des supplications pour l’accomplissement de ces gratuités.
La suprématie de la royauté établie en grâce et en délivrance, quand tout était
perdu, nous est présentée au Ps. 78.
Quatrième livre : Venue
du Seigneur délivrant Israël et jugeant les méchants
Dans le quatrième livre, nous trouvons le Seigneur lui-même, en tout temps le
refuge et la demeure d’Israël. Israël est délivré par la venue du Seigneur ; —
l’introduction du Fils unique dans le monde caractérise en général tout le
livre. L’Éternel ayant été toujours le refuge d’Israël, celui-ci regarde vers
lui pour être délivré [(Ps. 91)]. C’est pourquoi les noms abrahamiques et
millénaires de Dieu : « le Tout-Puissant », « le Très-Haut », sont introduits.
Alors le jugement vient sur les méchants [(Ps. 101)], et les justes sont
délivrés. La nature divine du Messie est introduite comme fondement de la
participation du peuple aux bénédictions des derniers jours, bien qu’il ait été
une fois retranché [(Ps. 102)]. Il est le vivant et immuable Jéhovah, le
Créateur [(Ps. 102)]. Ensuite vient la bénédiction sur Israël [(Ps. 103)] et sur
la création [(Ps. 104)], puis le jugement des païens, afin qu’Israël jouisse des
promesses [(Ps. 105)] ; mais c’est la même grâce qui l’a si souvent épargné.
Cinquième livre : Voies
de Dieu et condition d’Israël dans le passé, puis louanges finales
Le cinquième et dernier livre a un caractère plus général, plus spécialement
moral ; il se termine par des chants de triomphe et des actions de grâce. Après
les détails sur la restauration d’Israël au travers de toutes les difficultés et
de tous les dangers [(Ps. 107)], après avoir montré le droit que Dieu a sur le
pays tout entier [(Ps. 108)], l’iniquité de l’instrument anti-chrétien de
l’Ennemi [(Ps. 109)], l’élévation du Messie à la droite de Jéhovah jusqu’à ce
que ses ennemis soient mis pour le marchepied de ses pieds [(Ps. 110:1)], et le
peuple terrestre, devenu un peuple de franche volonté au jour de sa puissance
[(Ps. 110:3)], — ce livre nous offre un aperçu rétrospectif des voies de Dieu,
un exposé de toute la condition d’Israël, de tout ce par quoi le peuple a passé
et des principes selon lesquels les fidèles sont placés devant Dieu, « la loi
étant écrite dans leurs cœurs ». — Puis viennent les louanges de la fin.
Ordre divin de
l’arrangement des Psaumes
D’après l’exposé rapide que nous venons de faire et, plus encore, par l’examen
détaillé auquel nous allons nous livrer, il sera facile de se convaincre qu’il y
a beaucoup plus d’ordre dans les Psaumes que ne le supposent généralement ceux
qui considèrent chacun d’eux à part comme un chant isolé, destiné à servir
d’expression à la piété individuelle. Les Psaumes, il est vrai, ne sont pas liés
par un fil historique ininterrompu comme d’autres parties des Écritures, mais
ils sont cependant l’expression régulière et méthodique de différentes parties
distinctes d’un même sujet, c’est-à-dire de l’état du résidu des Juifs ou
d’Israël aux derniers jours, des sentiments de ce résidu et de l’association du
Messie avec lui. L’Esprit de Dieu qui a dirigé l’arrangement, aussi bien qu’il a
inspiré le contenu de l’Écriture sainte tout entière, a imprimé aussi son sceau
sur cette partie-ci, en caractères non équivoques. Je n’ai pas la prétention de
dire qui réunit ensemble ces cantiques divins, ouvrage de divers auteurs et
d’époques différentes ; ceux qui s’occupent de ce genre d’étude peuvent en faire
la matière de leurs investigations et de leurs discussions ; mais l’autorité qui
les a rassemblés ne demeurera l’objet d’un doute pour aucun de ceux qui seront
entrés dans la pensée qui les remplit.
La distinction en
sujets correspond à celle en livres
La distinction que j’ai faite entre les différents sujets qui sont traités dans
les Psaumes, m’avait porté à les diviser en cinq livres, avant que mon attention
eût été attirée sur le fait, bien connu d’ailleurs, qu’ils sont divisés
exactement ainsi dans la bible hébraïque. Le même principe d’ordre se retrouve
dans chacun des livres, considéré isolément.
John Nelson Darby