Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-3 — Fermeté et travail par la grâce, dans la marche ici-bas
Ch. 4 v. 1 — Demeurer ferme dans le Seigneur, en ayant les yeux sur Lui
Conséquences difficiles de la fermeté, même parmi les saints
[4:1] Ainsi, les Philippiens devaient donc demeurer fermes dans le Seigneur.
C’est une chose difficile lorsque la mesure spirituelle de la vie chrétienne a
universellement baissé ; c’est une chose pénible aussi ; car en demeurant fidèle,
on s’isole beaucoup et les cœurs des autres sont gênés. Mais l’Esprit nous a
donné très clairement l’exemple, le principe, le caractère de cette marche et la
force nécessaire pour la suivre. Si on a les yeux sur Christ, tout est facile :
sa communion donne de la clarté et de la certitude, et vaut tout le reste, tout
ce que, peut-être, nous perdons.
Douceur de Paul sur ce
sujet, en contraste avec celui des faux docteurs
Cependant l’apôtre parle avec douceur de ces personnes ; elles n’étaient pas
pour son cœur comme les faux docteurs judaïsants, qui corrompaient les sources
de la vie et barraient le chemin qui conduit l’âme à la communion de Dieu en
amour. Les premiers avaient perdu la vie de communion ou n’en avaient jamais eu
que l’apparence. Paul les pleurait [(3:18-19)].
Ch. 4 v. 2-3 — Pensée
de Paul pour tous ceux qui travaillent pour Christ
Je pense que l’apôtre avait envoyé sa lettre aux Philippiens par Épaphrodite
[(2:28)], qui aussi, il est probable, avait écrit cette lettre sous sa dictée ;
Paul ayant dicté toutes ses épîtres, sauf celle aux Galates, qu’il a écrite de
sa propre main, ainsi qu’il nous le dit lui-même [(Gal. 6:11)]. [4:3] Quand donc
l’apôtre dit : mon « vrai [ou fidèle] compagnon de travail » (chap. 4:3), il
parle, je le pense, d’Épaphrodite, et s’adresse à lui. [4:2] Mais il pense aussi
à deux sœurs qui n’étaient pas d’accord pour résister à l’Ennemi. Il voulait de
toute manière qu’il y ait unité de cœur et d’esprit ; [4:3] il prie Épaphrodite
(si c’est bien de lui qu’il est question ici), comme ouvrier du Seigneur,
d’aider ces femmes fidèles qui avaient travaillé de concert avec Paul pour
propager l’Évangile. Peut-être Évodie et Syntyche étaient-elles de ce nombre.
L’enchaînement des pensées le fait supposer. L’activité de ces deux femmes,
ayant dépassé la mesure de leur vie spirituelle, se trahissait en des mouvements
de volonté propre qui les mettaient en désaccord l’une avec l’autre. Cependant
elles ne sont pas oubliées à côté de Clément et d’autres coouvriers de l’apôtre
lui-même, dont les noms sont dans le livre de vie ; car l’amour du Seigneur se
souvient de tout ce que fait sa grâce, et cette grâce a une place pour chacun de
ceux qui lui appartiennent.
Ch. 4 v. 4-9 — Marche
pratique ici-bas, selon notre vocation céleste
Ch. 4 v. 4 — Christ, source immuable de joie pour le fidèle, même dans les
difficultés
[4:4] L’apôtre revient maintenant aux exhortations pratiques, adressées aux
fidèles pour leur vie ordinaire, afin qu’ils marchassent selon leur vocation
céleste. « Réjouissez-vous… dans le Seigneur », leur dit-il (vers. 4). [3:18]
S’il pleure même sur un grand nombre qui se disent chrétiens, [4:4] il se
réjouit néanmoins toujours dans le Seigneur : en Lui se trouve ce que rien ne
peut changer. L’état du cœur de Paul en présence des sujets de tristesse n’est
pas un état d’indifférence qui empêche de pleurer, mais il y a pour lui une
source de joie qui ne fait qu’augmenter dans la détresse, à cause de son
immutabilité, et qui devient toujours plus pure dans le cœur, en devenant
toujours plus sa seule joie ; et elle est en soi la seule source de joie
infiniment pure. Quand elle est notre seule source, la conséquence en est que
nous aimons les autres. Si nous les aimons à part de lui, nous perdons quelque
chose de lui. Lorsque le cœur est sevré de toute autre source de joie par les
exercices qu’il traverse, la joie en Christ demeure dans toute sa pureté, et
l’intérêt que nous portons aux chrétiens participe à cette pureté d’affection.
Rien non plus ne trouble cette joie, parce que Christ ne change pas : plus il
est connu, mieux nous savons jouir de ce qui ne fait que grandir par sa
connaissance. Mais l’apôtre exhorte les chrétiens à se réjouir : c’est leur
témoignage à la valeur de Christ, c’est leur vraie portion. Quatre ans de prison
enchaîné à un soldat ne l’avaient pas empêché de se réjouir, ni de pouvoir en
exhorter d’autres dans des circonstances plus faciles que les siennes.
Ch. 4 v. 5-6 — Douceur
et tranquillité en jouissant de Christ seul
[4:5] Or la même chose rend les chrétiens modérés et doux ; les passions, quand
on jouit de Christ, ne s’excitant pas dans la recherche d’autres choses. [4:6]
D’ailleurs, Christ est près. Encore un peu de temps, et tout ce pour quoi
l’homme s’agite cédera la place à Celui dont la présence tient la volonté en
bride (ou plutôt la met de côté) et remplit le cœur ; en attendant qu’Il vienne,
on ne s’inquiète pas des choses d’ici-bas. Quand il viendra, nous serons occupés
d’autre chose que de ce pauvre monde.
Ch. 4 v. 6-7 —
Confiance en exposant tous nos soucis à Dieu, et paix qui en découle
[4:5] Non seulement la volonté et les passions doivent être bridées et se taire,
[4:6] mais les soucis pareillement. Nous sommes en relation avec Dieu. Il est
notre refuge en tout. Or les événements n’inquiètent pas Dieu. Il connaît la fin
de toutes choses depuis le commencement ; il sait tout, et le sait d’avance. Les
événements n’ébranlent ni son trône, ni son cœur ; ils accomplissent toujours
ses desseins. Mais Dieu est amour pour nous ; nous sommes par la grâce les
objets de ses tendres soins ; il nous entend et incline son oreille pour nous
écouter. En toutes choses donc, au lieu de nous inquiéter et de peser les choses
dans nos propres cœurs, nous devons présenter nos requêtes à Dieu avec prière,
avec supplication, avec un cœur qui se met à nu ; car nous sommes des êtres
humains, mais connaissant le cœur de Dieu, qui nous aime parfaitement : de sorte
qu’en demandant même, nous pouvons déjà rendre grâces, parce que nous sommes
sûrs de la réponse de sa grâce, quelle qu’elle soit ; ce sont nos propres
requêtes aussi que nous devons lui présenter. Et ce n’est point là un froid
commandement de découvrir quelle est sa volonté et puis de venir : nous devons
aller porter nos requêtes. [4:7] C’est pourquoi, il n’est pas dit : Vous aurez
ce que vous demandez, mais : La paix de Dieu gardera vos cœurs. C’est avoir
confiance ; et sa paix, la paix de Dieu lui-même, gardera nos cœurs. L’apôtre ne
dit pas que nos cœurs garderont la paix de Dieu, mais lorsque nous avons jeté
notre fardeau sur Celui dont rien ne peut troubler la paix, sa paix garde nos
cœurs. Notre trouble est devant lui, et la paix constante du Dieu d’amour, qui
se charge de tout et sait tout d’avance, tranquillise notre cœur déchargé et
nous communique la paix qui est en lui. Et cette paix, en effet, surpasse toute
intelligence (ou du moins par elle il garde nos cœurs), comme lui-même il
surpasse toutes les circonstances qui peuvent nous inquiéter, et le pauvre cœur
de l’homme qui s’en inquiète. Oh ! quelle grâce que nos soucis mêmes fassent que
nous soyons remplis de cette merveilleuse paix, si nous savons les apporter au
Dieu qui est fidèle. [4:6] Qu’il nous soit donné de savoir bien maintenir ces
entretiens avec Dieu et leur réalité, afin qu’il y ait beaucoup de communication
entre nos âmes et lui, et que nous connaissions ses voies à l’égard des
croyants.
Ch. 4 v. 8-9 —
Communion avec Dieu dans la marche, dans tout ce qui est bon
[4:8] Au reste, le chrétien, quoique marchant au milieu du mal et des épreuves,
ainsi que nous l’avons vu, doit s’occuper de tout ce qui est bon ; il doit vivre
dans cette atmosphère, de sorte que son cœur soit pénétré de son influence et
qu’il soit habituellement là où Dieu peut se trouver. Cet avertissement est de
la plus haute importance. On peut s’occuper du mal pour le condamner, et l’on
peut avoir raison, mais ce n’est pas là avoir communion avec Dieu dans ce qui
est bon. Mais quand on est occupé par sa grâce de ce qui est bon, de ce qui
vient de lui, [4:9] le Dieu de paix lui-même est là présent. [4:7] Dans les
détresses nous aurons ainsi la paix de Dieu ; [4:9] dans notre vie ordinaire, le
Dieu de paix, si cette vie est celle dont Paul était l’exemple pratique [(3:17)]
; quant à leur marche, en le suivant, dans ce qu’ils avaient appris, entendu de
lui, et vu de lui, les Philippiens trouveraient ainsi Dieu avec eux.
Ch. 4 v. 10-20 —
Expérience de ce qu’est Dieu en toutes circonstances
Ch. 4 v. 10-18 — Joie dans la libéralité des fidèles, comme fruit pour Dieu, et
non pour Paul
[4:10] Cependant, quoique telle fût son expérience, Paul se réjouissait beaucoup
de ce que les soins affectueux des chrétiens de Philippes pour lui avaient
refleuri. [4:11] Il pouvait bien, quant à lui, se réfugier auprès du Seigneur ;
[4:10] mais il lui était doux dans le Seigneur d’avoir ce témoignage d’affection
de la part des Philippiens. Il paraît que l’apôtre avait été dans le besoin,
mais ce besoin même était devenu pour lui l’occasion d’une confiance plus
complète en Dieu. On peut le supposer par ses paroles ; mais, ajoute-t-il avec
une grande délicatesse, il ne voulait pas, en disant que les soins des
Philippiens pour lui avaient refleuri maintenant enfin, faire supposer qu’ils
l’avaient oublié. Ces soins étaient dans leurs cœurs, seulement, l’occasion
d’exprimer leur amour avait manqué. [4:11] Aussi Paul ne parlait-il pas eu égard
à ses besoins ; il avait appris — et c’était le résultat béni de ses expériences
que nous trouvons ici — à se contenter de tout et ainsi à ne dépendre de
personne : [4:12] il savait être abaissé, il savait être dans l’abondance ; de
toute manière il était instruit à être rassasié et à avoir faim, à être dans
l’abondance et dans la pénurie ; [4:13] il pouvait tout par Celui qui le
fortifiait. Douce et précieuse expérience ! non seulement parce qu’elle rend
capable de faire face à toutes les circonstances — ce qui est d’un grand prix —
mais parce que le Seigneur est connu comme l’ami constant, fidèle et puissant,
du cœur. La pensée que l’apôtre veut exprimer n’est pas : « je puis toutes
choses », mais « je puis toutes choses en celui qui me fortifie ». Il parle
d’une force continuelle découlant d’une relation avec Christ et de rapports avec
lui entretenus dans le cœur. Il ne dit pas non plus seulement : « on peut toutes
choses » — cela est vrai ; mais Paul l’avait appris en pratique ; il savait de
quoi il pouvait être assuré et à quoi s’en tenir — sur quel terrain il était
maintenant. Christ lui avait été toujours fidèle, l’avait fait passer par tant
de difficultés et de moments prospères, que Paul avait appris à se confier en
lui, et non dans les circonstances. Or, Lui restait le même. [4:14] Toutefois,
les Philippiens avaient bien fait (vers. 14) ; aussi ce qu’ils avaient fait
n’était pas oublié par Paul. [4:15] Dès le commencement, Dieu leur avait fait
cette grâce, et ils avaient suppléé aux besoins de son serviteur, [4:16] même
quand il n’était pas avec eux. Il s’en souvenait avec affection ; [4:17] non
qu’il recherchât un don, mais il recherchait du fruit à leur propre profit.
[4:18] « Or j’ai amplement de tout », dit-il, son cœur revenant à la simple
expression de son amour ; « je suis dans l’abondance ; je suis comblé, ayant
reçu d’Épaphrodite ce qui m’a été envoyé de votre part…, un parfum de bonne
odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (vers. 18).
Ch. 4 v. 19-20 —
Connaissance de Dieu par l’expérience, et repos en Lui
[4:19] Le cœur de l’apôtre se reposait en Dieu ; son assurance à l’égard des
Philippiens l’exprime. Mon Dieu, dit-il, suppléera à tous vos besoins, richement
: il ne souhaite pas que Dieu le fasse : il avait appris ce qu’était ce Dieu,
par sa propre expérience. Mon Dieu, dit-il, Celui que j’ai appris à connaître
dans toutes les circonstances par lesquelles j’ai passé, vous comblera de tous
les biens. Et ici Paul revient au caractère de Dieu tel qu’il l’avait connu.
Dieu agirait ainsi à l’égard des Philippiens selon ses richesses en gloire par
le Christ Jésus. C’était dans la gloire que Paul avait appris à le connaître au
commencement : tel il l’avait connu tout le long de son chemin varié, plein
d’épreuves d’ici-bas, et de joie d’en haut. [4:20] Aussi c’est en unissant les
Philippiens à lui-même dans cette confiance que l’apôtre termine l’épître : « Or
à notre Dieu et Père (car tel était Dieu, pour les Philippiens aussi) soit la
gloire aux siècles des siècles ! » (vers. 20). Il applique aux Philippiens ses
propres expériences de ce que Dieu était pour lui, et de la fidélité de Christ ;
c’est ce qui satisfaisait son amour et lui donnait du repos à leur égard. C’est
là une consolation quand on pense à l’Assemblée de Dieu.
Conclusion de l’épître
Ch. 4 v. 21-22 — Salutations pour les Philippiens
[4:21] Paul envoie aux Philippiens les salutations des frères qui sont avec lui
[4:22] et celles des saints en général, et en particulier de ceux de la maison
de César : car là même Dieu avait trouvé des âmes dociles par la grâce à la voix
de son amour.
[4:22] Il termine l’épître par la salutation qui servait de garantie dans toutes ses épîtres, qu’elles étaient bien de lui.
Expérience normale du
chrétien dans sa marche
Confiance en Dieu même dans la ruine
L’état des assemblées de nos jours, l’état des enfants de Dieu dispersés de
nouveau, souvent comme des brebis sans berger, est bien autrement un état de
ruine que ne l’était celui des assemblées à l’époque où l’apôtre écrivait : mais
cela ne rend que plus précieuse l’expérience de l’apôtre, dont Dieu a bien voulu
nous donner le tableau dans cette épître ; expérience d’un cœur qui se confiait
en Dieu seul et appliquait cette expérience à l’état des âmes privées des
ressources naturelles qui se rattachaient au corps organisé de Christ tel que
Dieu l’avait formé sur la terre. L’ensemble de l’épître présente l’expérience
chrétienne normale, c’est-à-dire la supériorité que donne la marche selon
l’Esprit sur tout ce que nous avons à traverser. Il est remarquable que le péché
ne s’y trouve pas mentionné, ni la chair non plus, si ce n’est pour dire que
l’apôtre n’avait pas confiance en elle [(3:3)].
Supériorité de la
marche par l’Esprit, sans même mention du péché
Il avait lui-même alors une écharde pour la chair [(2 Cor. 12:7)] ; mais
l’expérience normale du chrétien consiste à marcher selon l’Esprit au-dessus et
à l’abri de tout ce qui peut mettre la chair en activité.
Sujets des différents
chapitres de l’épître
Le lecteur remarquera que le chapitre 3 place la gloire devant le chrétien et
présente l’énergie de la vie chrétienne ; au chapitre 2 nous trouvons
l’anéantissement et l’abaissement de Christ [(v. 7-8)], dont les résultats se
voient dans un esprit de grâce chez le chrétien, et dans les égards pour les
autres, tandis que le dernier chapitre nous donne une supériorité sur toutes les
circonstances, laquelle est pleine de bénédictions.