Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-2 — Caractères de l’épître, différent des autres : affection et
intimité
[1:7] Les diverses circonstances que nous venons de rappeler mettent l’apôtre
dans un rapport d’intimité particulière avec cette assemblée de Philippes, et
elles sont devenues l’occasion de cette épître, [1:1] que Paul et Timothée (qui
avait accompagné l’apôtre dans ses travaux en Macédoine, en vrai fils de Paul
dans la foi et dans l’œuvre) adressent aux fidèles et à ceux qui avaient les
charges dans cette assemblée particulière. Ce n’est pas ici une épître qui plane
à la hauteur des conseils de Dieu, comme le fait celle aux Éphésiens, ni qui
règle tout l’ordre qui convient aux chrétiens où qu’ils soient, comme le font
les deux épîtres aux Corinthiens ; ce n’est pas non plus une épître qui pose les
fondements des rapports de toute âme quelconque avec Dieu, comme celle aux
Romains. La lettre que Paul et Timothée adressent aux Philippiens n’était pas
destinée, comme d’autres que notre apôtre a écrites, à mettre les chrétiens en
garde contre les erreurs qui se glissaient au milieu d’eux ; elle se place sur
le terrain de l’intimité précieuse, de l’affection ordinaire des chrétiens entre
eux, mais de cette affection comme l’éprouvait le cœur d’un Paul animé et dirigé
par le Saint Esprit. C’est pourquoi aussi nous trouvons mentionnées les charges
ordinaires qui existaient dans l’intérieur d’une assemblée, les surveillants et
les serviteurs, charges d’autant plus importantes à rappeler que les soins
immédiats de l’apôtre étaient devenus impossibles. L’absence de ces soins fait
ici la base des instructions de l’apôtre, ce qui donne une importance
particulière à cette épître.
Ch. 1 v. 3-11 —
Introduction de l’épître
Expression des sentiments selon Dieu, et de ce qu’ils produisent
Ch. 1 v. 5-6 — Amour et dévouement, fruits de l’action de Dieu en bénédiction
dans les fidèles
[4:10] L’affection des Philippiens, qui avait trouvé son expression dans l’envoi
de secours à l’apôtre, [1:3] rappelait à celui-ci l’esprit que les chrétiens de
Philippes avaient montré dans tous les temps : [1:5] ils s’étaient associés de
cœur aux travaux et aux peines de l’Évangile. Or cette pensée conduit l’apôtre
plus haut, à ce qui domine le courant d’idées de l’épître : pensée des plus
précieuses pour nous ! [1:6] Qui est-ce qui avait opéré dans les Philippiens cet
esprit d’amour et de dévouement aux intérêts de l’Évangile ? C’était bien le
Dieu de la bonne nouvelle et de l’amour ; et cela donnait une entière garantie
que Celui qui avait commencé la bonne œuvre, l’accomplirait jusqu’à la journée
de Christ. Douce pensée, maintenant que nous n’avons plus l’apôtre, que nous
n’avons plus les surveillants et les serviteurs, comme les Philippiens les
avaient dans ce temps-là [(1:1)]. Dieu ne peut nous être ôté ; la vraie et
vivante source de toute bénédiction nous reste, immuable et élevée au-dessus des
faiblesses et des fautes mêmes qui privent les chrétiens de toute ressource
intermédiaire ! L’apôtre avait vu Dieu agissant dans les Philippiens : les
fruits disaient quelle était la source de la bénédiction ; dès lors, il comptait
sur la perpétuité de la bénédiction dont ils devaient jouir. Mais il faut de la
foi pour tirer ces conséquences. L’amour chrétien est clairvoyant et plein de
confiance à l’égard de ses objets, parce que Dieu Lui-même et l’énergie de sa
grâce sont dans cet amour.
Désir de l’opération
croissante de Dieu en puissance et en amour, dans le cœur de chacun
[1:6] Pour en revenir au principe qui inspire de la confiance à l’apôtre, il est
le même pour l’Assemblée de Dieu : elle peut bien perdre beaucoup quant aux
moyens extérieurs et quant à ces manifestations de la présence de Dieu qui
tiennent à la responsabilité de l’homme, mais ce qui est essentiel dans la grâce
de Dieu ne peut être perdu : la foi peut toujours compter sur cela. [1:5] Ce
sont les fruits de la grâce au milieu des saints qui inspirent cette confiance à
l’apôtre, ainsi qu’en Héb. 6:9, 10 ; et 1 Thess. 1:3, 4. Il comptait bien, en 1
Cor. 1:8, et dans les Galates [(5:10)], sur la fidélité de Christ, malgré
beaucoup de choses pénibles. La fidélité du Seigneur l’encourageait à l’égard
des chrétiens, dont autrement l’état donnait lieu à de grandes angoisses. [1:6]
Ici, assurément, au milieu de circonstances certainement bien plus heureuses, la
marche même des chrétiens conduit l’apôtre à la source de sa confiance à leur
égard. [1:3-4] Il se souvient avec affection et avec tendresse [1:5] de quelle
manière ils s’étaient comportés envers lui en tout temps, [1:6] et ce souvenir
se transforme en souhait que le Dieu qui avait opéré ces choses, produise, pour
leur propre bénédiction, les fruits parfaits et abondants de cet amour. [1:7] Il
leur ouvre aussi son cœur tout entier. Les Philippiens prenaient part à l’œuvre
de la grâce de Dieu en lui, par la même grâce qui agissait en eux à son égard,
en produisant une affection qui s’identifiait avec lui et son œuvre ; [1:8]
aussi le cœur de l’apôtre se tournait vers eux en leur rendant avec effusion
l’affection qu’ils lui avaient témoignée et en montrant combien le désir de son
cœur se portait vers eux. Dieu qui était la source de ces sentiments et à qui
Paul présentait tout ce qui se passait dans son cœur, ce même Dieu qui agissait
dans les Philippiens, était témoin entre eux (maintenant que Paul ne pouvait pas
donner, par son travail au milieu d’eux, d’autre preuve de son affection)
combien il les désirait tous. [1:9] Il sentait leur amour, mais il désirait de
plus que non seulement cet amour soit cordial et actif, mais qu’il soit dirigé
aussi par la sagesse et par l’intelligence données de Dieu, [1:10] par un
discernement du bien et du mal selon Dieu, fruit de la puissance de son Esprit,
de sorte qu’en agissant en amour, ils marchent aussi selon cette sagesse, et
comprennent ce qui, dans ce monde de ténèbres, était vraiment selon les
perfections et selon la lumière divines, afin qu’ils soient sans reproche
jusqu’à la journée de Christ. Combien ceci est différent de la froideur avec
laquelle bien des chrétiens se contentent d’éviter des péchés positifs ! Le
désir sincère d’atteindre à toutes les excellences et à toute la ressemblance de
Christ que la lumière divine peut nous faire apercevoir est ce qui caractérise
la vie de Christ en nous.
Marche du chrétien
selon la lumière divine, et abondant en fruits pour Dieu
[1:5] Déjà les fruits montraient que Dieu était avec eux : [1:6] et il
accomplira l’œuvre jusqu’au bout. [1:10] Mais Paul désirait que les Philippiens
marchent tout le long du chemin selon la lumière donnée de Dieu, de sorte que
lorsqu’ils seraient au terme de la route, il n’y ait rien qu’on puisse leur
reprocher, [1:11] mais qu’au contraire, débarrassés de tout ce qui pourrait les
détourner du droit chemin ou les affaiblir, ils abondent dans les fruits de la
justice qui sont par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu. Beau
tableau pratique de l’état normal du chrétien dans sa marche journalière, dans
son chemin vers le but ; car, souvenons-nous-en, dans l’épître aux Philippiens,
nous sommes toujours sur le chemin, vers notre repos céleste, dans lequel la
rédemption nous a placés.
Souhaits du cœur de
l’apôtre pour les Philippiens
Telle est l’introduction de cette épître. [1:9] Après les souhaits de son cœur
que l’apôtre, comptant sur leur affection, fait pour les saints de Philippes,
[1:12] il parle de ses liens, auxquels ils avaient pensé [(1:7)], mais il en
parle en rapport avec Christ et l’Évangile qu’il avait à cœur par-dessus tout.
Mais avant de quitter l’introduction et de passer au sujet même de l’épître, je
désire faire remarquer les pensées qui donnent lieu aux sentiments exprimés ici.
Détermination des trois
caractères de l’épître
Il y a trois grands éléments qui impriment leur caractère sur cette épître.
Pèlerinage chrétien
dans le désert, ayant le salut pour but
En premier lieu, elle parle du pèlerinage du chrétien dans le désert, et elle
considère le salut comme un résultat à obtenir à la fin du trajet. La rédemption
accomplie par Christ est bien posée comme base de ce pèlerinage [(1:29)], ainsi
qu’elle l’a été pour Israël à son entrée dans le désert ; mais le sujet propre
de l’épître, c’est notre présentation devant Dieu ressuscités et glorifiés,
lorsque nous avons remporté la victoire sur toutes les difficultés : — et c’est
ce qui est ici appelé le salut [(1:28)].
L’assemblée doit
combattre, en l’absence de l’apôtre
En second lieu, la position de l’assemblée est caractérisée par l’absence de
l’apôtre, de sorte que l’assemblée a dû soutenir elle-même le combat [(2:12)] :
elle devait vaincre, au lieu de jouir de la victoire que remportait l’apôtre sur
la puissance de l’Ennemi quand il était avec eux et pouvait se faire faible avec
chaque faible.
Ressources inépuisables
de Dieu pour Son assemblée
Enfin, en troisième lieu, la vérité importante dont nous avons déjà parlé est
mise en évidence, savoir que, dans ces circonstances, l’assemblée était rejetée
immédiatement sur Dieu [(4:6)], ressource inépuisable de grâce et de force pour
elle, dont elle devait profiter directement par la foi, ressource qui ne pouvait
jamais lui faire défaut1.
1 Nous trouverons ici tout le cours d’une vie qui était l’expression de la puissance de l’Esprit de Dieu manifestée dans cette vie. C’est pourquoi le péché, c’est-à-dire la chair qui produit le mal en nous, n’est nullement mentionné dans cette épître. Nous y voyons les manifestations et les traits de la vie de Christ ; car si nous vivons par l’Esprit, nous devrions marcher par l’Esprit [(Gal. 5:25)]. Nous trouvons la grâce déployée dans la vie chrétienne (chap. 2), l’énergie de la vie chrétienne (chap. 3) et sa supériorité sur toutes les circonstances (chap. 4). Dans le premier chapitre, l’apôtre, comme c’était naturel, ouvre davantage son cœur quant à ses circonstances présentes et ses sentiments du moment. L’exhortation commence au chapitre 3. Toutefois, même au chapitre 1er, nous trouvons l’apôtre entièrement au-dessus des circonstances par la puissance de la vie spirituelle.
Ch. 1 v. 12-30 — Place
primordiale de Christ dans l’œuvre, le combat et la marche
Ch. 1 v. 12-18 — Effets de l’emprisonnement de Paul sur l’annonce de l’Évangile
Mais reprenons la considération du texte par le verset 12 qui commence
proprement l’épître, à la suite de l’introduction. [1:13] Paul était prisonnier
à Rome. L’Ennemi paraissait avoir remporté une grande victoire en restreignant
ainsi l’activité de l’apôtre ; [1:12] mais par la puissance de Dieu qui ordonne
tout et qui agissait en Paul, les ruses même de l’Adversaire tournaient à
l’avancement de l’Évangile. [1:13] Premièrement, l’emprisonnement de l’apôtre
faisait connaître l’Évangile là où autrement on n’en aurait pas entendu parler,
dans les hautes régions à Rome ; [1:14] et beaucoup d’autres frères, rassurés
quant à sa position1, s’enhardissaient pour annoncer l’Évangile sans crainte.
[1:17] Mais cette même absence de l’apôtre se faisait sentir d’une autre manière
: plusieurs de ceux qui, lorsqu’ils se trouvaient en présence de sa puissance et
de ses dons, étaient nécessairement des personnes insignifiantes et sans force,
pouvaient se donner quelque importance lorsque dans les voies de Dieu,
insondables mais parfaites, ce puissant instrument de sa grâce était mis de côté
; ils pouvaient espérer de briller et d’attirer l’attention quand les rayons de
cette lumière resplendissante étaient interceptés par les murs d’une prison.
Jaloux, mais cachés lorsqu’il était présent, ces hommes profitaient de son
absence pour se mettre en activité : faux frères ou chrétiens jaloux, ils
profitaient de l’absence de l’apôtre pour tâcher de nuire à son autorité dans
l’assemblée et à son bonheur. [1:18] Ils ne faisaient qu’ajouter à cette
autorité et à ce bonheur : Dieu était avec son serviteur, et le désir pur de la
proclamation de la bonne nouvelle de Christ, dont il sentait profondément toute
la valeur et qu’il désirait avant tout, quel que soit le moyen employé, tenait
chez lui la place de la recherche de soi-même qui animait ces tristes
prédicateurs de la vérité.
1 Dans la première édition j’avais pris ceci comme étant l’effet de l’emprisonnement de l’apôtre en stimulant la foi de ceux qui avaient été inactifs lorsque lui était actif. Tel serait le sens de la version anglaise (« encouragés par mes liens »), et c’est là un vrai principe. Mais il semble que la force des mots soit : « ayant pris plutôt confiance quant à mes liens ». Ils couraient le danger d’avoir honte de lui, comme s’il était un malfaiteur.
L’Assemblée remise aux
soins de Dieu seul, une fois les apôtres retirés
Action de l’Esprit dans l’Assemblée, pour témoigner de la victoire sur Satan, ou
pour rétablir ce qui a manqué
[1:18] Déjà ici l’apôtre, dans ce qui le regarde individuellement, trouve sa
ressource dans l’opération de Dieu, indépendamment de l’ordre spirituel de sa
maison, à l’égard des moyens qu’il emploie. L’état normal de l’Assemblée c’est
que l’Esprit de Dieu agit dans les membres du corps, et dans chaque membre à sa
place, pour la manifestation de l’unité du corps et de l’énergie de ses membres,
exercée mutuellement pour l’avantage l’un de l’autre. Christ, ayant vaincu
Satan, remplit de son propre Esprit ceux qu’il a délivrés de la puissance de cet
ennemi, afin qu’ils montrent à la fois la puissance de Dieu et la réalité de
leur délivrance de la puissance de l’Ennemi, et cela dans une marche qui, étant
l’expression des pensées et de l’énergie de Dieu lui-même, ne laisse plus aucune
place pour les pensées et l’énergie de l’Adversaire. Les chrétiens forment
l’armée et le témoignage de Dieu contre l’Ennemi dans ce monde. Mais alors,
chaque membre, depuis l’apôtre jusqu’au plus faible chrétien, agit efficacement,
chacun à sa place : dans un tel corps, la puissance de Satan ne trouve aucun
lieu ; le dehors répond au-dedans et à l’œuvre de Christ. Celui qui est en eux
est plus grand que celui qui est dans le monde [(1 Jean 4:4)]. Mais pour cela,
il faut partout de la puissance et l’œil net. Il est un autre état de choses,
dans lequel, quoique tout ne soit pas en activité, à sa place, selon la mesure
du don de Christ, l’énergie réparatrice de l’Esprit, dans un instrument tel que
l’apôtre, défend l’Assemblée, ou la remet dans son état normal, quand elle a
partiellement failli. L’épître aux Éphésiens d’un côté, et celles aux
Corinthiens et aux Galates de l’autre, nous présentent ces deux phases de
l’histoire de l’Assemblée.
État de l’Assemblée
privée de l’énergie apostolique, mais non de Dieu et de Ses ressources
L’épître aux Philippiens traite, mais par la plume d’un apôtre divinement
inspiré, d’un état de choses où cette dernière ressource venait à manquer.
L’apôtre ne pouvait pas travailler de la même manière qu’auparavant, mais il
pouvait nous donner le coup d’œil de l’Esprit sur l’état de l’Assemblée,
lorsque, selon la sagesse de Dieu, celle-ci était privée de ces énergies
normales : elle ne pouvait l’être de Dieu. Sans doute, l’Assemblée ne s’était
pas alors éloignée de son état normal comme elle l’a fait maintenant ; mais le
mal germait déjà. Tous cherchent leurs propres intérêts, dit l’apôtre, non pas
ceux de Jésus Christ [(2:21)] ; et Dieu a permis qu’il en soit ainsi du vivant
des apôtres, afin que nous ayons la révélation de ses pensées à l’égard d’un
état semblable et que nous soyons dirigés vers les véritables ressources de sa
grâce dans ces circonstances.
Paul doit remettre
l’Assemblée à Dieu, qui produit Son œuvre en chacun
L’apôtre devait d’abord faire lui-même l’expérience de cette vérité. Les liens
qui l’unissaient à l’Assemblée et à l’œuvre de l’Évangile étaient les plus forts
qui existent sur la terre, mais il fallait qu’il remît l’Assemblée et l’évangile
au Dieu à qui ils appartiennent. Effort pénible, mais qui rend l’obéissance, la
confiance, la netteté de l’œil et le renoncement à soi, parfaits dans le cœur,
c’est-à-dire parfaits selon la mesure de l’opération de la foi. Toutefois la
douleur causée par cet effort trahit l’incapacité de l’homme à maintenir l’œuvre
de Dieu à sa hauteur propre. Mais si tout ceci arrive, c’est afin que Dieu ait
toute la gloire de l’œuvre ; et il devait en être ainsi, afin que ce qu’est la
créature soit, sous tous les rapports, manifesté selon la vérité. Il est
extrêmement précieux de voir comment ici et en 2 Timothée, là où il y a de la
foi, le déclin de la vie individuelle et de l’énergie dans l’Assemblée a pour
effet de faire se développer plus pleinement que partout ailleurs, d’un côté, la
grâce dans la personne du fidèle et, de l’autre, l’énergie dans le ministère. Il
en est réellement toujours ainsi. C’est aux jours des Pharaon, des Saül et des
Achab que l’on trouve les Moïse, les David et les Élie.
Ch. 1 v. 18-21 —
Importance de Christ seul, et non de l’œuvre, pour Paul
Prix de la gloire et de la victoire de Christ pour Paul, toujours plus uni à Lui
L’apôtre ne pouvait rien faire : il devait voir prêcher l’Évangile sans lui.
[1:15] Quelques-uns le prêchaient par un esprit d’envie et de débat, [1:16]
d’autres par amour. [1:14] Ceux-ci, encouragés quant aux liens de l’apôtre,
voulaient le soulager en continuant son œuvre. [1:18] Quoi qu’il en soit, Christ
était prêché, et les motifs qui encourageaient les prédicateurs se perdaient
pour l’apôtre dans la contemplation de cet immense fait qu’un Sauveur, le
Libérateur envoyé de Dieu, était annoncé au monde. Christ, et même les âmes,
étaient plus précieux pour Paul que l’œuvre, dans la mesure où elle était son
œuvre ; Dieu travaillait dans l’œuvre ; et ainsi ce serait pour le triomphe de
Paul qui s’unissait aux desseins de Dieu1. L’apôtre comprenait le grand combat
qui se livrait entre Christ (dans ses membres) et l’Ennemi : [1:12] et si ce
dernier semblait avoir remporté une victoire en jetant Paul en prison, Dieu se
servait de cette circonstance même pour avancer l’œuvre de Christ par
l’Évangile, [1:18] et pour remporter ainsi en réalité de nouvelles victoires sur
Satan, victoires auxquelles Paul était associé, [1:16] parce qu’il était établi
pour la défense de cet Évangile. [1:19] Ainsi, tout ceci tournait à salut pour
Paul, confirmé qu’il était dans sa foi par ces voies d’un Dieu fidèle, qui
dirigeait encore davantage sur Lui les yeux de son fidèle serviteur. Soutenu par
les prières des autres et le secours de l’Esprit de Jésus Christ, au lieu d’être
abattu et terrifié par l’Ennemi, [1:20] Paul se glorifiait toujours davantage
dans la sûre victoire de Christ qui était la sienne. Aussi exprime-t-il la
confiance inébranlable qu’en rien il ne sera confus, mais qu’il lui sera donné
d’user de toute hardiesse et que Christ sera glorifié en lui, soit par sa vie,
soit par sa mort : et la mort était devant ses yeux. Appelé à comparaître devant
César, sa vie pouvait lui être ôtée par le jugement de l’empereur ; humainement
parlant, son sort était tout à fait incertain : plusieurs passages de notre
épître font allusion à ce fait : chap. 1:22, 30 ; 2:17 ; 3:10. Mais, vivant ou
mourant, Paul avait maintenant ses regards dirigés plus sur Christ que sur
l’œuvre elle-même, quelque grande place que cette œuvre pût avoir dans la pensée
d’une vie qui s’exprimait dans un seul mot : « Christ ! ». [1:21] Vivre était,
pour lui — non pas l’œuvre en elle-même, ni seulement le fait que les fidèles
tiennent ferme dans l’Évangile, bien que ceci ne puisse être séparé d’avec la
pensée de Christ, parce qu’ils étaient membres de son corps — pour lui, vivre
était « Christ » ; mourir était un gain, car, en mourant, il serait avec Christ.
1 Il y a en ceci un profond bonheur pour la foi. Mais il faut alors que le serviteur ait fait de l’œuvre sa vie même. « Pour moi, vivre c’est Christ » [(1:21)]. Dans ce cas, si l’œuvre prospère, il prospère ; si Christ est glorifié, il est content en lui-même, même si le Seigneur l’a mis de côté.
Dieu travaille en Paul
pour que Christ ait toute la place, et non son œuvre
Tel était l’effet purifiant des voies de Dieu, qui avaient fait passer l’apôtre
par le creuset, terrible pour lui, d’être séparé depuis des années, peut-être
depuis quatre ans, de son œuvre pour le Seigneur. Le Seigneur lui-même avait
remplacé l’œuvre — pour autant du moins qu’elle se rattachait à Paul
personnellement — et l’œuvre était confiée au Seigneur Lui-même. Le fait qu’il
était si absorbé par l’œuvre peut avoir contribué à ce qui conduisit à son
emprisonnement ; car c’est la pensée de Christ seule qui maintient l’âme en
équilibre et met chaque chose à sa vraie place. Dieu a fait que, par cet
emprisonnement, Christ est devenu tout pour l’apôtre, non que l’œuvre eût perdu
son intérêt pour lui, mais Christ a seul la première place, et Paul voit tout et
l’œuvre même, en Lui.
Dieu ne manque jamais,
quoiqu’il en soit du service
Quelle consolation pour nous, lorsque nous sentons peut-être que notre faiblesse
a été manifestée et que nous n’avons pas su profiter de la puissance de Dieu
dans notre service ; quelle consolation, dis-je, se trouve pour nous dans la
certitude que Celui qui seul a le droit d’être glorifié ne fait jamais défaut !
Ch. 1 v. 21-25 — Paul
décide de son sort selon la pensée de Christ seul]
[1:21] Pour Paul, Christ était son tout. C’était donc un gain évident pour lui
de mourir, car ainsi il serait avec Christ. [1:22] Toutefois il valait la peine
de vivre (car c’est là la force du commencement du verset 21), puisque vivre
c’était Christ et le service de Christ : et il ne savait que choisir. [1:23] En
mourant, l’apôtre gagnait Christ pour lui-même, ce qui était de beaucoup
meilleur. [1:22] En vivant, il servait Christ ; il avait davantage quant à
l’œuvre, [1:21] puisque vivre c’était Christ, et la mort y mettrait un terme.
[1:23] Ainsi il était pressé des deux côtés ; [1:24] mais il avait appris à
s’oublier lui-même en Christ, et il voyait Christ parfaitement occupé de
l’Assemblée et selon la parfaite sagesse. [1:25] C’est ce qui décidait pour lui
la question ; car ainsi instruit de Dieu, et ne sachant que choisir [(1:22)],
Paul disparaît à ses propres yeux, et le besoin seul de l’Assemblée, selon la
pensée de Christ, reste devant lui. Il était avantageux pour l’Assemblée, pour
une seule assemblée même, qu’il reste ; ainsi il resterait. Et voyez quelle paix
donne au serviteur de Dieu ce regard vers Christ qui a détruit l’égoïsme à
l’égard de l’œuvre. Christ, après tout, a toute-puissance dans le ciel et sur la
terre, et il dispose de tout, selon sa volonté : ainsi, sa volonté étant connue
(et sa volonté est amour pour l’Assemblée) je peux dire, elle sera faite ! Paul
décide sur son propre sort, sans s’inquiéter des dispositions de l’empereur et
des circonstances du temps. Christ aime l’Assemblée, c’est un bien pour
l’Assemblée que Paul reste : Paul restera donc ! Jusqu’à quel point Christ est
tout ici ! Quelle lumière, quel repos qu’un œil net, qu’un cœur expérimenté dans
l’amour du Seigneur ! Combien il est précieux de voir que le moi a en
conséquence entièrement disparu, et que l’amour de Christ pour l’Assemblée est
ainsi le fondement sur lequel tout repose selon le conseil divin.
Ch. 1 v. 25-30 —
Opération de l’Esprit dans l’Assemblée, dans la marche et le combat
Or si Christ est tel pour Paul et pour l’Assemblée, il veut que l’Assemblée soit
ce qu’elle doit être pour Christ, et partant pour le cœur de Paul, pour qui
Christ est tout. [1:25] C’est donc vers l’Assemblée que se tourne son cœur.
[1:26] La joie des Philippiens sera abondante par le retour de l’apôtre au
milieu d’eux ; [1:27] seulement, son vœu pour eux, c’est que leur conduite,
qu’il vienne ou qu’il ne vienne pas, soit digne de l’Évangile de Christ. Deux
choses préoccupaient l’apôtre, soit qu’il vît les chrétiens de Philippes, soit
qu’il apprît de leurs nouvelles, savoir la constance et la fermeté dans l’unité
de cœur et d’esprit entre eux, [1:28] et l’absence de crainte à l’égard de
l’Ennemi dans le combat qu’ils devaient lui livrer avec la force que cette unité
leur donnait. C’est là le témoignage de la présence et de l’opération de
l’Esprit dans l’Assemblée quand l’apôtre n’est pas là. [1:27] Il tient les
chrétiens unis ensemble par sa présence : ils n’ont qu’un cœur et qu’un objet ;
ils agissent en commun par l’Esprit ; [1:28] et puisque Dieu est là, la crainte
que le méchant esprit et leurs ennemis pouvaient leur inspirer (et c’est là ce
qu’il tâche toujours de faire ; comparer 1 Pierre 5:8), disparaît ; ils marchent
selon l’Esprit d’amour, de puissance et de conseil [(2 Tim. 1:7)]. Leur état
devient ainsi un témoignage évident du salut, d’une entière et finale délivrance,
puisque dans leur combat avec l’Ennemi ils ne ressentent aucune crainte, la
présence de Dieu leur inspirant d’autres pensées. Quant à leurs adversaires, la
découverte de l’impuissance de tous leurs efforts leur fait sentir que leurs
ressources sont insuffisantes. Bien qu’ils eussent la puissance du monde et de
son prince tout entière, ils avaient rencontré une puissance supérieure à la
leur — savoir celle de Dieu — et c’est de cette puissance qu’ils étaient les
adversaires. Triste conviction pour ceux-ci ; profonde joie pour ceux-là ! Non
seulement la délivrance et le salut final des enfants de Dieu étaient ainsi
assurés, mais étaient démontrés être le salut et la délivrance de la part de
Dieu lui-même. [1:29] Ainsi le fait que l’Assemblée était dans le combat et
l’apôtre absent (lui-même étant aux prises avec toute la force de l’Ennemi)
était un don de grâce. Joyeuse pensée ! Il était donné aux saints de souffrir
pour Christ aussi bien que de croire en Lui. Ils avaient une précieuse part de
plus avec Christ et même pour Christ ; [1:30] et la communion des saints avec
son fidèle serviteur, dans les souffrances pour Lui, les unissait plus
intimement en Lui.
Vie supérieure à la
chair dans toutes ses circonstances, par l’action de l’Esprit
Remarquons ici que jusqu’à présent nous avons le témoignage de l’Esprit rendu à
une vie qui est supérieure à la chair, et nullement une vie de la chair. [1:20]
L’apôtre n’avait été confus en rien, et il avait toute confiance qu’il ne le
serait jamais, mais que Christ serait, comme il l’avait toujours été auparavant,
magnifié dans son corps, soit par la vie, soit par la mort. [1:22] Il ne sait
pas s’il doit choisir la vie ou la mort, car dans l’une et dans l’autre il y a
une si grande bénédiction ; [1:21] vivre c’est Christ ; mourir un gain, bien
qu’alors le travail prenne fin ; [1:25] telle est sa confiance en l’amour de
Christ pour l’Assemblée, qu’il décide de son cas devant Néron d’après ce que cet
amour veut opérer. [1:17] L’envie et l’esprit de contention contre lui, qui en
conduisent d’autres à prêcher Christ, [1:18] ne feront que produire de
victorieux résultats pour lui-même : il est content si Christ est prêché. Cette
supériorité à la chair, cette vie si entièrement au-dessus de la chair ne
signifie pas que la chair ne soit plus là, ni qu’elle ait changé de nature. Paul
avait, comme nous l’apprenons ailleurs, une écharde pour la chair, un ange de
Satan pour le souffleter [(2 Cor. 12:7)]. Mais c’est un glorieux témoignage à la
puissance et à l’œuvre agissante de l’Esprit de Dieu.