Introduction
Expression de l’expérience chrétienne normale, selon Dieu
Dans l’épître aux Philippiens nous trouvons beaucoup plus d’expérience
chrétienne que dans la plupart des autres épîtres : les exercices du cœur y sont
aussi développés davantage. C’est en réalité l’expérience chrétienne normale. La
doctrine et la pratique se retrouvent dans toutes les épîtres ; mais à la seule
exception de la seconde à Timothée, qui a un autre caractère, aucune épître ne
renferme autant que celle-ci l’expression de l’expérience que fait le chrétien
dans sa vie de labeur ; aucune ne présente comme celle-ci les ressources qui
sont ouvertes au chrétien pour traverser cette vie, et les motifs qui doivent le
gouverner dans sa course. On peut même dire que cette épître nous présente
l’expérience de la vie chrétienne dans son expression la plus élevée et la plus
parfaite — disons plutôt, dans son état normal sous la puissance de l’Esprit de
Dieu. Dieu a daigné nous fournir ce magnifique tableau, comme ailleurs il nous
présente les vérités qui nous éclairent et les règles d’après lesquelles nous
devons nous diriger.
Communion des
Philippiens dans les peines liées à l’Évangile
L’occasion s’en offrait tout naturellement. Paul était en prison [(1:13)], et
les Philippiens qui lui étaient très chers et qui, au commencement de ses
travaux, lui avaient témoigné leur affection par des dons semblables
[(4:15-16)], venaient encore de lui envoyer des secours par Épaphrodite [(4:18)]
dans un moment où il se trouvait, déjà depuis quelque temps à ce qu’il paraît,
dans le besoin [(4:11)]. Une prison, le besoin, l’Assemblée de Dieu privée de
ses soins vigilants, l’expression de l’affection qui pensait à lui dans ses
nécessités, quoiqu’il soit loin, n’étaient-ce pas là les circonstances les plus
propres à ouvrir le cœur de l’apôtre et à amener l’expression des sentiments de
confiance en Dieu dont il était animé ? N’y avait-il pas là tout ce qu’il
fallait pour l’amener à exprimer ce qu’il sentait à l’égard de l’Assemblée,
quand elle se trouvait privée de l’appui des soins apostoliques et qu’elle
devait se confier directement en Dieu Lui-même. Or il était tout naturel que
Paul épanche son cœur dans le sein de ses chers Philippiens qui venaient de lui
donner ce témoignage de leur affection ; c’est pourquoi il parle plus d’une fois
de la communion des Philippiens avec l’Évangile [(1:5)], c’est-à-dire de la part
qu’ils prenaient aux travaux, aux peines, aux nécessités, dont la prédication de
l’Évangile était l’occasion pour ceux qui s’y vouaient [(4:14)]. Leurs cœurs
s’associaient à l’Évangile, comme font ceux dont parle le Seigneur, qui
reçoivent un prophète en qualité de prophète [(Matt. 10:41)].
John Nelson Darby