Introduction aux livres
des petits Prophètes
1. Sujets traités par les livres prophétiques
Grandes catégories de sujets, liés souvent à la date de la prophétie
Avant d’entrer dans l’examen particulier des petits prophètes, je saisirai
l’occasion que nous fournit leur étude, pour faire quelques remarques sur les
livres prophétiques en général, au point de vue des sujets qu’ils traitent. On
peut, sous ce rapport, classer ces livres en quatre catégories principales, et
remarquer que leur sujet se lie souvent à leur date :
Prise de Jérusalem et
ses conséquences
1° Ceux qui parlent de la grande crise de la prise de Jérusalem et de ses
conséquences : ce sont Jérémie, Ézéchiel, Daniel, tous les grands prophètes,
sauf Ésaïe. Cet événement, en effet, a changé le gouvernement du monde et mis de
côté, en jugement, le peuple élu. Je place Daniel dans cette catégorie, bien que
son thème principal soit les conséquences de la prise de la ville sous la
domination des gentils, jusqu’à la venue du Seigneur, parce que tout en parlant
des gentils, il le fait en rapport avec la substitution de la monarchie des
gentils à celle de Dieu en Israël, et en vue du sort de ce peuple.
Gouvernement des
gentils
2° Ceux qui s’occupent du gouvernement des gentils, comme tels ; ce sont Jonas,
Nahum, Abdias.
Décadence d’Israël et
jugement moral sur Juda, puis voies de grâce de Dieu à la fin
3° Ceux qui s’occupent de la décadence complète d’Israël et du sort qui déjà
menaçait Juda, — comme Ésaïe, Osée, Amos, Michée. Ils portent un jugement moral
sur le peuple, en développant, avec plus ou moins d’étendue, les voies de Dieu
en grâce à la fin. Si l’on en excepte Amos, qui a prophétisé sous le règne d’Ozias,
avant les trois autres, ils ont tous vécu du temps des rois Ozias, Jotham, Achaz
et Ézéchias. Le règne de ce dernier roi fait époque dans ces prophéties,
l’Assyrien, pendant son règne, ayant renversé le royaume d’Israël et menacé
Jérusalem.
Prophéties après la
captivité, pour encourager le peuple ou témoigner contre lui
4° Enfin, les prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, qui ont prophétisé après la
captivité, les deux premiers pour encourager le peuple, le dernier pour
témoigner contre l’infidélité des Juifs revenus de la captivité, et pour
annoncer le témoignage et le jugement des derniers jours, qui sépareraient le
résidu des méchants dont ils étaient entourés.
Cas particulier de Joël
et Habakuk, signalant les jugements des derniers temps
Je n’ai pas parlé de Joël, ni de Habakuk, parce que ces deux prophètes ont
chacun un caractère particulier. Leur prophétie ne s’applique pas au jugement
des gentils, comme celle de Nahum ou d’Abdias, et il n’y a pas non plus de date
qui leur donne une portée morale fondée sur l’état d’Israël. Les deux signalent,
d’une manière spéciale, les jugements des derniers temps. Joël parle d’une
invasion particulière de la terre, et du jugement des nations qui s’accomplit à
la même époque, en rapport avec la bénédiction d’Israël. L’Esprit, dans Habakuk,
tout en prenant l’occasion d’un jugement particulier, fait ressortir les
affections spirituelles et les exercices de cœur produits par la vue du mal et
du jugement qui en est la suite, et montre sur quel terrain l’âme enseignée de
Dieu se trouve en vue de ces choses.
Sujets moraux des
prophéties
Ainsi, nous trouvons dans les prophètes (les sujets qu’ils traitent étant
envisagés moralement) :
Jugement général du
peuple, même si la famille de David est à part
1° Le jugement du peuple en général, la famille de David étant épargnée pour un
temps, Dieu suscitant Ézéchias, et à cette occasion le vrai fils de David
annoncé. Ce sont Osée, Amos, Ésaïe et Michée.
Jugement de Jérusalem
et substitution des gentils au peuple
2° Le jugement de Jérusalem et la substitution de la monarchie des gentils, le
peuple étant entièrement mis de côté. Ce sont Jérémie, Daniel et Ézéchiel ; ce
dernier discutant tous les grands principes de relation avec Dieu et le sort de
l’ensemble comme nation et pays.
Jugement du monde
3° Le jugement du monde. Ce sont Jonas, Nahum, Abdias.
Désolation finale, et
bénédiction temporelle après le jugement
4° La désolation des derniers jours par l’armée du nord, et le jugement des
nations, et, après le jugement, la bénédiction temporelle d’Israël et de toute
chair, spirituellement. C’est Joël.
Châtiment du peuple par
la violence permise à l’homme, et foi produite par cela
5° Le châtiment du peuple de Dieu par le succès de la violence de l’homme,
succès que Dieu permet dans ce but. L’esprit du prophète, accablé par le mal
qu’il voit dans le peuple, et plus encore par la vue de l’oppression qu’il
attire sur lui, comprend que le juste vivra par la foi, et que Dieu a dû
permettre cette oppression, pour châtier le mal et laisser monter l’orgueil de
l’homme à ce degré d’iniquité qui devait amener le jugement qui mettrait fin à
cet orgueil pour toujours. C’est Habakuk. Le dernier chapitre est l’expression
des sentiments produits par cette circonstance, des désirs, des souvenirs et de
la confiance de la foi, foi qui se repose en Dieu lui-même à travers tous les
exercices auxquels l’histoire de son peuple donne lieu dans le fidèle :
précieuse consolation, quand on pense à tout ce qui se prévaut du nom de Dieu.
Circonstances des Juifs
ramenés à Jérusalem
Ensuite, nous avons ce qui concerne les circonstances spéciales des Juifs
ramenés à Jérusalem, en vue de la venue du Christ, et les conséquences de cette
venue, aussi bien que de la responsabilité propre du peuple, eu égard aux
circonstances dans lesquelles il était déjà placé : ce sont Aggée, Zacharie et
Malachie.
2. Détails sur certains
prophètes
Renvoi par grâce du jugement sur un monde humilié, malgré le prophète, en Jonas
Quelques détails restent encore à signaler. Jonas nous présente, d’une manière
bien frappante, la patiente bonté de Dieu envers un monde de pécheurs
orgueilleux et insouciants, et cela en contraste avec l’impatience qu’éprouve
celui à qui sont confiés ses oracles, et qui appelle leur accomplissement pour
sa propre satisfaction, lors même que ce serait par l’exécution du jugement, que
la grâce renvoie à cause de l’humiliation de ceux qui en étaient l’objet.
Exécution finale du
jugement contre ceux qui s’élèvent contre Dieu, en Nahum
Nahum nous fait voir, néanmoins, que ce jugement doit être à la fin exécuté, et
qu’une patience inutile à tout, sinon à la gloire de Dieu, ferait enfin place à
un jugement qui mettrait fin définitivement et pour toujours à tout ce qui
s’élevait contre Lui.
Haine contre le peuple
de Dieu de ceux qui sont en rapport avec lui, en Abdias
Abdias nous révèle, non pas cet orgueil général et public du monde, mais la
haine contre le peuple de Dieu qui se trouve spécialement chez ceux qui,
extérieurement, étaient en rapport avec lui et prétendaient, selon la chair,
avoir droit à l’héritage du premier-né.
Rapports de Dieu avec
le monde en Jonas, et voies gouvernementales avec Israël en Ésaïe
La notion que Dieu nous donne dans ces prophètes, de ses rapports avec le monde
et de sa manière de l’envisager, est pleine d’intérêt. Jonas nous fait
comprendre la force de l’expression de Pierre : « un fidèle créateur » [(1 Pier.
4:19)]. On a pu remarquer, dans Ésaïe, le riche développement des voies de Dieu
en rapport avec Christ et avec Israël, et la liaison de ces choses entre elles
et avec le jugement du monde. Les plans de Dieu en gouvernement y sont largement
exposés.
Importance de la
puissance ôtée d’Israël pour être confiée aux gentils, en Jérémie, Ézéchiel et
Daniel
Les trois autres grands prophètes nous font comprendre la vaste importance de
cette crise dans l’histoire du monde entier, — ce moment critique où l’Éternel a
cessé de le gouverner au milieu de son peuple, a transporté le siège de sa
puissance au milieu des gentils, et a placé cette puissance entre les mains des
hommes.
Gouvernement moral de
Dieu envers Son peuple, en Amos et Osée
Amos et Osée nous fournissent quelque précieuse lumière sur le gouvernement
moral de Dieu ; ils fournissent au lecteur de la Bible, des tableaux frappants
de l’état de choses existant au milieu de son peuple, les faits qui ont servi de
motif au jugement que Dieu infligeait ; non seulement les faits qui résultaient
des voies de Dieu, mais aussi la conduite de ceux qui donnaient lieu à ces voies
à l’égard de son peuple. Cet exposé de leur conduite est plein d’humiliant
intérêt.
Promesses au peuple en
rapport avec Christ, en Michée et Ésaïe
Michée (Ésaïe également), tout en s’occupant des mêmes circonstances, s’étend
davantage sur les promesses en rapport avec le Christ, dont l’effet relèverait
le peuple de l’état où le péché et le jugement de Dieu à la suite du péché,
l’avaient placé. Nous avons déjà pu remarquer dans Ésaïe, qu’au début, tout en
parlant du Seigneur Jésus, il s’occupe essentiellement de Juda, d’Israël et des
nations ; et à la fin, spécialement du Christ et des conséquences de son rejet
par le peuple.
État du peuple et
conséquences du rejet de Christ, en Aggée, Zacharie et Malachie
Ce que j’ai déjà dit des trois prophètes qui ont prophétisé après le retour de
la captivité, aura pu faire comprendre que ces deux sujets les occupent aussi.
Le Christ paraît dans Aggée, et avec plus de détails encore dans Zacharie ; dans Malachie, il s’agit davantage de l’état et du sort du peuple, le tout en rapport avec les derniers jours.
3. Détails sur la
prophétie par rapport au commentaire général avant Ésaïe
Sujets principaux de la prophétie, qui est l’intervention de la grâce divine
pour maintenir des relations avec le peuple infidèle
Je désire ajouter quelque chose de plus détaillé et de plus précis que ce que
j’ai dit au sujet de la prophétie au commencement d’Ésaïe. La prophétie est
l’intervention de la souveraine grâce de Dieu en témoignage, pour maintenir ses
relations avec son peuple, lorsque celui-ci a manqué à sa responsabilité envers
Dieu dans la position où il avait été placé, de sorte que sa relation avec Dieu,
dans cette position, avait été rompue, et avant que Dieu en ait établi de
nouvelle par sa propre puissance en grâce. Les sujets dont la prophétie
s’occupe, sont par conséquent les suivants : les voies de Dieu en gouvernement
sur la terre au milieu d’Israël ; les détails moraux de la conduite du peuple
qui a amené sa ruine ; l’intervention de Dieu en grâce, à la fin, par le Messie,
pour établir son peuple dans un état de bénédiction assurée par la puissance de
Dieu lui-même selon son propos.
Sujets liés : jugement
des nations et rejet de Christ par les Juifs
Deux choses se lient à ces sujets principaux : le jugement des nations, jugement
nécessaire pour l’établissement d’Israël dans son pays ; et le rejet du Christ
par les Juifs lors de sa première venue dans ce monde.
Gouvernement de la
puissance des gentils, et prophétie dans le Nouveau Testament, en rapport avec
l’Église et le résidu
Israël avait été le centre et la clef de voûte du système établi à la suite du
jugement exécuté à Babel sur la famille de Noé, à cause de son orgueil. D’après
ce système, le trône et le temple de Dieu à Jérusalem étaient, l’un le siège de
l’autorité divine sur tous les peuples, et l’autre le lieu de leur rendez-vous
pour adorer Celui qui y était assis entre les chérubins. Or, Israël ayant manqué
à l’obéissance, qui était la condition de sa bénédiction et la base de tout
l’ordre reconnu de Dieu sur la terre, un autre système de suprématie humaine est
établi dans la personne de Nebucadnetsar. La prophétie s’occupe donc aussi de ce
qui regarde cette puissance unitaire et ses rapports avec le peuple de Dieu sur
la terre, et de sa culpabilité pour s’être révoltée contre Dieu, s’être associée
à Israël dans le rejet du Christ, s’être élevée à la fin en opposition ouverte
contre Lui. S’étant ainsi unie aux Juifs dans le mal, elle est enveloppée avec
eux dans le même jugement. Ce qui a été dit ici au sujet de la prophétie, se
rapporte évidemment à l’Ancien Testament dont nous nous occupons, mais soulève
la question de la différence entre la prophétie du Nouveau Testament et celle de
l’Ancien. L’Assemblée n’est pas la scène du gouvernement terrestre de Dieu, elle
est assise dans les lieux célestes ; c’est pourquoi la prophétie ne peut pas
être l’action directe de l’Esprit sur son état présent, comme elle l’était en
Israël. Les communications viennent directement du Père et du Seigneur, selon
les relations qui existent entre elle et eux ; il en était de même pour la
prophétie chez les Juifs. Mais l’Esprit peut regarder en avant dans l’Assemblée,
vers le moment où la ruine du système extérieur préparera le chemin à la
réintroduction du gouvernement direct de Dieu dans la personne de Christ. C’est
ce que nous trouvons, en général, dans l’Apocalypse, depuis le commencement de
la décadence de l’assemblée jusqu’à sa réjection, et ensuite dans le monde.
C’est pourquoi, nous avons aussi les prophéties qui annoncent le déclin et la
ruine de l’Assemblée après la mort des apôtres, comme nous voyons en 1 Tim. 4:1
; 2 Tim. 3, et 2 Thess. 2 ; les épîtres de Jean, de Jude, et la seconde épître
de Pierre parlent de la ruine elle-même. Un autre sujet se rattache à ceci, et
met la prophétie dans la bouche du Seigneur, et l’épître de Jacques s’y
rapporte, mais ne concerne pas l’Assemblée, à proprement parler : je parle des
rapports de Christ comme ministre de la circoncision avec le peuple juif, tels
que nous les donnent Matt. 24, et les passages parallèles dans Marc et dans Luc,
et même Matt. 10, depuis le verset 15 jusqu’à la fin, où la part du résidu, dans
son service en Israël, est tracée jusqu’à la venue du Seigneur. Ainsi donc, la
ruine morale de l’assemblée sur la terre et l’histoire du résidu, nous
fournissent les liens qui unissent ensemble ces jours et la mission de Christ à
Israël avec sa venue dans les derniers jours.
John Nelson Darby