Chapitre 24
Matt. 24 : La direction du résidu fidèle pour le futur
Nous avons déjà vu que le rejet du témoignage du royaume en grâce est la cause
du jugement qui tombe sur Jérusalem et sur ses habitants. [24:9] Or, le chap. 24
nous donne la position de ce témoignage au milieu du peuple ; [24:14] l’état des
gentils, et leur relation avec le témoignage rendu par les disciples ; [24:15]
puis l’état de Jérusalem, qui était la conséquence de son rejet du Messie et de
son mépris du témoignage ; [24:29] enfin, le bouleversement universel qui doit
arriver à la fin de ces temps-là — [24:30] état de choses qui sera terminé par
l’apparition du Fils de l’homme [24:31] et le rassemblement des élus d’Israël
des quatre vents.
Ce passage remarquable mérite toute attention ; il est à la fois une prophétie et un enseignement adressé aux disciples pour les diriger dans la marche qu’ils auraient à suivre au milieu des événements à venir.
Ch. 24 v. 1-3 — Le
jugement du temple juif
[24:1] Jésus quitte le temple, et cela pour toujours — acte solennel qui, on
peut le dire, exécutait le jugement qu’il venait de prononcer. — [23:38] La
maison était maintenant déserte. [24:1] Mais le coeur des disciples demeurait
encore enchaîné à ce temple par leurs anciens préjugés. Ils attirent l’attention
de Jésus sur les magnifiques bâtiments qui en formaient l’ensemble. [24:2] Jésus
leur annonce sa destruction totale. [24:3] Puis, retirés sur la montagne des
Oliviers avec lui, les disciples lui demandent quand ces choses arriveront, et
quel sera le signe de sa venue et de la consommation du siècle (v. 3). Ils
rangeaient sous un même chef la destruction du temple, la venue de Christ, et la
consommation du siècle. Celle-ci, il faut le remarquer, est la fin de la période
pendant laquelle Israël était assujetti à la loi sous l’ancienne alliance,
période qui devait cesser pour faire place au Messie et à la nouvelle alliance.
Il faut remarquer encore qu’il s’agit du gouvernement de la terre de la part de
Dieu, et des jugements qui s’exerceront à la venue de Christ, qui mettra fin au
siècle d’alors. Les disciples confondaient ce que le Seigneur avait dit de la
destruction du temple avec cette époque1. Le Seigneur traite le sujet à son
point de vue à Lui (c’est-à-dire au point de vue du témoignage que les disciples
devaient rendre en rapport avec les Juifs, pendant son absence, et au point de
vue de la consommation du siècle). Il n’ajoute rien sur la destruction de
Jérusalem qu’il avait déjà annoncée. Le temps de sa venue était tenu caché à
dessein. De plus, la destruction de Jérusalem par Titus mettait fin, de fait, à
la position qu’avait en vue l’enseignement du Seigneur. Il n’y avait plus de
témoignage reconnaissable au milieu des Juifs. Quand cette position sera
reprise, l’applicabilité du passage reprendra aussi. Depuis la destruction de
Jérusalem jusqu’à ce moment-là, il ne s’agit que de l’Église.
1 De fait, cette position d’Israël et le témoignage qui s’y rapportait, ont été interrompus par la destruction de Jérusalem ; c’est pourquoi cet événement se présente à l’esprit en rapport avec la prophétie dont elle n’est certainement pas l’accomplissement. Le Seigneur n’est pas encore venu, ni la grande tribulation ; mais l’état de choses auquel le Seigneur fait allusion jusqu’à la fin du vers. 14, subit une interruption violente et judiciaire, par la destruction de Jérusalem, de sorte qu’il y a, sous ce point de vue, un rapport entre les deux événements.
Le discours sur le
témoignage juif de Matt. 24
Le discours du Seigneur se divise en trois parties :
L’état général des
disciples et du monde pendant le temps du témoignage, jusqu’à la fin du v. 14 ;
La période caractérisée par le fait que l’abomination de la désolation est
établie dans le lieu saint (v. 15) ;
La venue du Seigneur, et le rassemblement des élus d’Israël.
Partie 1 : 24 v. 4-14 — Le témoignage des disciples dans le monde
Ch. 24 v. 4-13 — La sphère du témoignage en Canaan
Voici ce qui caractérise le temps du témoignage des disciples : [24:5] de faux
Christs, [24:11] de faux prophètes au milieu des Juifs, [24:9] la persécution de
ceux qui rendent témoignage et qu’on livre aux gentils. Mais il y a des détails
plus précis encore à l’égard de ces temps : [24:5] il y aurait de faux Christs
en Israël, [24:7] il y aurait des guerres, des famines, des pestes, des
tremblements de terre. [24:6] Les disciples ne devaient pas se troubler : la fin
ne serait pas encore. [24:8] Ces choses ne seraient qu’un commencement de
douleurs (v. 5-8). Elles étaient plus particulièrement extérieures. Il y avait
d’autres événements qui mettraient les disciples encore plus à l’épreuve — des
choses plus intérieures. [24:9] Les disciples seront livrés pour être affligés,
tués, haïs de toutes les nations. [24:10] La conséquence en sera que parmi ceux
qui feront profession d’être disciples, plusieurs seront scandalisés ; ils se
livreront l’un l’autre. [24:11] De faux prophètes surgiront et en séduiront
plusieurs, [24:12] et parce que l’iniquité prévaudra, l’amour de plusieurs sera
refroidi — triste tableau. [24:13] Mais ces choses donnent lieu à l’exercice
d’une foi éprouvée. Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Voilà pour
la sphère propre du témoignage en particulier. [24:14] Ce que le Seigneur dit
n’est pas limité absolument au témoignage en Canaan ; mais comme Canaan est le
point de départ du témoignage, tout est en rapport avec ce pays comme centre des
voies de Dieu.
Ch. 24 v. 14 —
L’évangile du royaume prêché aux nations
[24:14] Ensuite (v. 14), l’Évangile du royaume sera prêché dans le monde entier
en témoignage à toutes les nations ; et alors la fin viendra — la consommation
du siècle. Or, quoique le ciel soit la source d’autorité lorsque le royaume sera
établi, Canaan et Jérusalem en sont les centres terrestres. De sorte que l’idée
du royaume, tout en s’étendant à tout le monde, tourne nos pensées vers la terre
d’Israël. C’est « cet Évangile du royaume »1 dont il est parlé ici ; ce n’est
pas la proclamation de l’union de l’Église avec Christ, ni la rédemption dans sa
plénitude, comme elle a été prêchée et enseignée par les apôtres après
l’ascension ; mais c’est le royaume qui allait être établi sur la terre, comme
Jean le baptiseur et le Seigneur lui-même l’avaient annoncé. L’établissement de
l’autorité universelle de Christ monté au ciel sera prêché dans le monde entier,
pour mettre à l’épreuve l’obéissance des disciples, et pour fournir l’objet de
la foi à tous ceux qui avaient des oreilles pour entendre.
1 L’Évangile du royaume a été confié à Israël au chap. 10 [(v. 7)], et ici, quoique cela ne fasse pas l’objet d’un enseignement, c’est le sujet qui s’étend jusqu’au vers. 14, mais il n’y a pas de distinction formelle : la mission du chap. 28 [(v. 19)] concerne les gentils ; mais alors il n’y a rien du royaume, c’est plutôt le contraire quoique Christ soit ressuscité, mais tout pouvoir Lui est donné dans le ciel et sur la terre.
Le témoignage
particulier de Paul sur l’Assemblée
Voilà donc l’histoire générale de ce qui se fera jusqu’à la fin du siècle, sans
entrer dans le sujet de la proclamation qui a fondé l’Assemblée proprement dite.
La destruction imminente de Jérusalem et le refus des Juifs de recevoir
l’Évangile ont fait que Dieu a suscité un témoignage spécial par le ministère de
Paul, sans pour cela annuler la vérité du royaume qui va venir. Ce qui suit
démontre que cet établissement du témoignage du royaume aura lieu à la fin, et
que le témoignage parviendra à toutes les nations avant qu’arrive le jugement
qui mettra fin au siècle.
Partie 2 : ch. 24 v. 15
— L’abomination de la désolation
La prophétie de Dan. 12
Mais il y aura un moment où, dans une certaine sphère (savoir à Jérusalem et
dans le voisinage), un temps particulier de souffrance commencera quant au
témoignage en Israël. [24:15] En parlant de l’abomination qui causera la
désolation, le Seigneur nous renvoie à Daniel [Dan. 12:11] pour que nous
comprenions de quoi il parle. [Dan. 12:1] Or Daniel (chap. 12, où il est
question de cette tribulation) nous place définitivement dans les derniers jours
— dans le temps où Micaël se tiendra pour le peuple de Daniel, c’est-à-dire pour
les Juifs qui sont sous la domination des gentils — jours auxquels il y aura un
temps de trouble tel qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais de
semblable, et où le résidu sera délivré (Dan. 12:1). [Dan. 11:40] À la fin du
chapitre précédent, ce temps est appelé « le temps de la fin » (Dan. 11:40),
[Dan. 11:45] et la destruction du roi du nord sans main est prophétiquement
déclarée. [Dan. 12:12] Or le prophète annonce (Dan. 12:11-12) que treize cent
trente-cinq jours avant la pleine bénédiction (et bienheureux celui qui y
participera !) [Dan. 12:11] le sacrifice continuel sera ôté et l’abomination qui
cause la désolation sera établie ; il annonce en outre que, de ce moment-là, il
y aura 1290 jours (c’est-à-dire un mois de plus que les 1260 jours dont il est
question dans l’Apocalypse, et pendant lesquels la femme qui s’envole loin du
serpent est nourrie dans le désert [(Apoc. 12:6)] ; un mois de plus aussi que
les trois ans et demi de la fin du chap. 7 de Daniel, v. 25). Après cela, comme
on le voit ici, le jugement arrive et le royaume est donné aux saints.
Un temps encore à venir
pour les Juifs et Jérusalem
Ainsi, il est bien constaté que le passage (Matth. 24:15) se rapporte aux
derniers jours et à la position des Juifs dans ce temps-là. Les événements du
temps passé depuis que le Seigneur a parlé, confirment cette pensée. Ni 1260
jours, ni 1260 ans après le temps de Titus, ni 30 ans plus tard, aucun événement
n’est arrivé qui puisse être l’accomplissement de ces jours de Daniel. Ces
périodes-là sont passées depuis nombre d’années. Israël n’a pas été délivré, et
Daniel ne s’est pas tenu dans son lot à la fin de ces jours [(Dan. 12:13)]. Il
est également clair qu’il s’agit ici, dans le passage qui nous occupe, de
Jérusalem et de ses environs ; [24:16] car ceux qui sont en Judée sont appelés à
s’enfuir aux montagnes (v. 16).
Partie 3 : ch. 24 v.
16-31 — La venue du Seigneur pour son peuple terrestre
Ch. 24 v. 16-26 — Les Juifs, non l’Assemblée, traverseront la tribulation
[24:16] Les disciples qui se trouveront en Judée à ce moment-là [24:20] devront
prier que leur fuite n’arrive pas un jour de sabbat (v. 20) — c’est là un
témoignage de plus que les Juifs sont le sujet de la prophétie ; c’est aussi un
témoignage des tendres soins que le Seigneur prend des siens, en s’occupant,
même au milieu de ces événements sans pareils, du temps qu’il ferait au moment
de leur fuite.
En outre, d’autres circonstances, si toutefois de nouvelles preuves étaient nécessaires, démontrent qu’il s’agit ici du résidu juif, et non de l’Assemblée. [1 Thess. 4:17] Nous savons que tous les fidèles doivent être enlevés pour aller à la rencontre du Seigneur en l’air, [1 Thess. 4:14] et qu’après ils reviendront avec Lui (1 Thess. 4:l7, 14). [24:24] Mais ici, il y aura de faux Christs sur la terre, [24:26] et l’on dira : « Voici, il est au désert », « il est là dans les chambres intérieures » (v. 24-26). Mais les saints qui seront enlevés et reviendront avec le Seigneur, n’ont absolument rien à faire avec les faux Christs sur la terre, puisqu’ils iront dans le ciel pour y être avec Christ, avant qu’il vienne sur la terre. Il est facile de comprendre, par contre, que les Juifs, qui attendent une délivrance terrestre, soient en butte à de pareilles tentations, et qu’ils soient trompés par le moyen de ces Christs prétendus, s’ils ne sont pas gardés par Dieu lui-même.
Ch. 24 v. 27-30 — Le
signe de l’apparition du Seigneur
On voit donc que cette partie de la prophétie s’applique aux derniers jours, aux
trois dernières années et demie à la fin desquelles le jugement éclatera par la
venue du Fils de l’homme. [24:27] Le Seigneur viendra subitement, comme un
éclair, [24:28] comme l’aigle sur sa proie, là où l’objet de son jugement se
trouvera (v. 27-28). [24:29] Immédiatement après la tribulation de ces trois
dernières années et demie, tout le système hiérarchique de gouvernement sera
ébranlé et renversé de fond en comble (v. 29). [24:30] Alors paraîtra le signe
du Fils de l’homme, dans le ciel, et toutes les tribus de la terre verront le
Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec puissance et une grande
gloire (v. 29-30). Ce verset (30) est la réponse à la seconde partie de la
demande des disciples, au v. 3. Le Seigneur donne à ses disciples les
avertissements nécessaires pour diriger leur conduite ; mais le monde ne verra
aucun signe, quelque clairs que soient ces signes pour ceux qui comprennent
[(24:15)]. [24:30] Mais le signe ne paraîtra qu’au moment de l’apparition du
Seigneur. L’éclat de la gloire de Celui que le monde avait méprisé fera voir à
ce monde qui est Celui qui vient ; et ce sera d’un côté d’où le monde ne
l’attendait pas. Moment terrible, quand, au lieu d’un Messie qui réponde à leur
orgueil terrestre, le Christ qu’ils ont méprisé apparaîtra dans le ciel !
Ch. 24 v. 31 — La fin
de l’histoire du peuple juif
[24:31] Ensuite, le Fils de l’homme, ainsi venu et manifesté, enverra chercher
tous les élus d’Israël des quatre coins du monde (v. 31). C’est là ce qui
termine l’histoire des Juifs et même d’Israël, en réponse à la question des
disciples, et développe les voies de Dieu à l’égard du témoignage au milieu du
peuple qui l’avait rejeté, en annonçant le temps de la profonde détresse de ce
peuple, et le jugement qui éclatera au milieu de cette scène, quand Jésus
viendra, le bouleversement des puissances grandes et petites étant complet.
Le témoignage en Israël
jusqu’à la fin
L’interruption de l’ordre de choses juif à la destruction de Jérusalem
Le Seigneur donne l’histoire du témoignage en Israël, et celle de ce peuple
lui-même, depuis le moment de son départ jusqu’à son retour ; mais l’espace de
temps pendant lequel il n’y aura ni peuple, ni temple, ni cité, n’est pas
spécifié. C’est ce qui rend importante la prise de Jérusalem. Il n’est pas
directement question ici de cet événement — le Seigneur ne l’a pas décrit ; mais
la prise de Jérusalem a mis fin à l’ordre de choses auquel le discours du
Seigneur s’applique, à cet ordre de choses qui ne reprend pas son application
jusqu’à ce que Jérusalem et les Juifs soient de nouveau en scène. Le Seigneur
l’annonce au commencement. [24:3] Les disciples pensaient que la venue du
Seigneur aurait lieu en même temps que la destruction de Jérusalem. Aux
questions qu’ils lui avaient faites, Jésus répond de manière à ce que son
discours leur soit utile jusqu’à la prise de Jérusalem. [24:15] Mais, une fois
qu’il est fait mention de l’abomination de la désolation, nous sommes
transportés aux derniers jours.
Ch. 24 v. 33-34 — La
subsistance du peuple incrédule jusqu’à la fin
[24:33] Les disciples devaient comprendre les signes que le Seigneur leur
donnait. La destruction de Jérusalem, je l’ai déjà dit, arrêtait, par le fait
même, l’application du discours de Jésus. La nation juive fut alors mise de côté
; [24:34] mais le v. 34 a un sens beaucoup plus étendu, et qui lui est plus
propre. Les Juifs incrédules subsisteront comme tels jusqu’à ce que tout soit
accompli (comp. le chapitre 32 du Deutéronome, 5, 20, qui a particulièrement en
vue ce jugement d’Israël). Dieu cache sa face jusqu’à ce qu’il voie quelle sera
leur fin, car ils sont une génération très perverse, des enfants en qui il n’y a
pas de foi. Cela est arrivé. Ils sont une race à part jusqu’aujourd’hui. Cette
génération subsiste telle quelle — [24:35] monument de l’infaillibilité des
voies de Dieu et des paroles du Seigneur.
Ch. 24 v. 31 — Le
rassemblement final du résidu fidèle
Enfin, le gouvernement que Dieu exerce à l’égard de ce peuple est retracé
jusqu’à sa fin. [24:31] Le Seigneur vient et il rassemble les élus dispersés
d’Israël (v. 31).
Ch. 25 v. 31-46 — La
fin de l’histoire prophétique
[25:31] L’histoire prophétique continue au v. 31 du chapitre 25, qui se rattache
au v. 30 du chap. 24. Et comme ce v. 31 du chap. 24 raconte le rassemblement
d’Israël à la suite de l’apparition du Fils de l’homme, [25:32] le v. 31 du
chap. 25 annonce ses voies en jugement envers les gentils. [24:27] Le Fils de
l’homme paraîtra, sans doute, comme un éclair à l’égard de l’apostasie [24:28]
qui sera comme un cadavre devant lui. [25:31] Mais, quand il viendra
solennellement, pour prendre sa place terrestre en gloire, cet événement ne
passera pas comme un éclair. Il s’assiéra sur le trône de sa gloire, [25:32] et
toutes les nations seront assemblées devant Lui, assis sur son trône de
jugement, et elles seront jugées selon leur conduite à l’égard des messagers du
royaume qui sont allés leur annoncer ce royaume. [25:40] Ces messagers sont «
les frères » dont il est question ici (chap. 25:40) ; ceux qui les avaient
reçus, sont les « brebis » (v. 32-33) ; [25:45] ceux qui avaient négligé leur
message sont les chèvres (v. 32, 41 et suiv.). [25:32] Le récit, commençant au
v. 31 du chap. 25, de la séparation des brebis d’avec les chèvres et de ses
résultats, représente les nations qui sont jugées sur la terre selon leur
conduite envers ces messagers. C’est le jugement des vivants, au moins pour ce
qui regarde les nations — jugement aussi final que celui des morts. Il ne s’agit
pas ici du jugement guerrier du Christ, comme au chap. 19 de l’Apocalypse [(v.
15, 21)]. C’est une séance de son tribunal suprême dans son droit de gouverner
la terre, comme au chap. 20:4, de l’Apocalypse. Je parle du principe, ou plutôt
du caractère du jugement. [25:40] Ces « frères » sont, je n’en doute pas, des
Juifs tels que les disciples, c’est-à-dire qui se trouveront dans une position
semblable quant à leur témoignage. Les gentils qui auront reçu leur message
seront acceptés comme s’ils avaient traité Christ de la même manière. [25:34]
Son Père leur avait préparé la jouissance du royaume ; et ils y entrent, tout en
étant sur la terre, car Christ était venu dans la puissance de la vie
éternelle1.
1 Il n’y a aucune raison possible d’appliquer cette parabole à ce qu’on appelle le jugement général, expression absolument contraire à l’Écriture. D’abord, il y a trois sortes de personnages, pas simplement deux — les chèvres, les brebis et les frères ; ensuite c’est le jugement des gentils seuls ; d’ailleurs, la cause du jugement est tout à fait inapplicable à la grande masse même de ces derniers. La cause du jugement, c’est la manière dont ces frères ont été reçus. Or, pendant de longs siècles, aucun n’a été envoyé à l’immense majorité des gentils. Dieu a passé par-dessus les temps de cette ignorance [(Act. 17:30)], et une autre cause de jugement contre eux est indiquée au commencement de l’épître aux Romains [(1:18-21)]. Il a été question déjà des chrétiens et des Juifs au chap. 24, et dans la première partie du 25. Ce sont justement ceux que le Seigneur trouvera sur la terre à sa venue, et qui seront jugés selon la manière dont ils auront traité les messagers qu’il leur a envoyés.
Ch. 24 v. 36-51 — Le
témoignage des disciples en rapport avec Christ, et non plus Israël
J’ai passé, pour le moment, par-dessus tout ce qui se trouve entre le chap.
24:31, et le chap. 25:31, parce que la fin de ce dernier chapitre complète tout
ce qui concerne le gouvernement et le jugement de la terre. Mais il y a une
classe de personnes dont l’histoire, dans ses grands traits moraux, trouve sa
place entre les deux versets que je viens d’indiquer. Ce sont les disciples de
Christ en dehors du témoignage au milieu d’Israël, les disciples auxquels il a
confié son service et une position en rapport avec lui-même, pendant son
absence. Cette position et ce service sont en rapport avec Christ lui-même, et
non avec Israël, en quelque lieu que ce service soit accompli.
Ch. 24 v. 36-44 —
L’attente du Seigneur pendant son absence, au milieu d’Israël
Avant d’en venir à ces versets-ci, il y en a cependant quelques-uns, dont je
n’ai pas encore parlé, qui s’appliquent plus particulièrement à l’état de choses
au milieu d’Israël, comme avertissement aux disciples qui s’y trouvaient, et
décrivent le jugement distinctif qui se produit au milieu des Juifs aux derniers
jours. Je m’en occupe ici, parce que toute cette partie de ce discours — savoir
du chap. 24:31, au 25:31 est une exhortation du Seigneur, une adresse aux
disciples au sujet de leurs devoirs pendant son absence. Je fais allusion aux v.
36 à 44 du chapitre 24. Ils nous parlent de l’attente continuelle qu’imposait
aux disciples l’ignorance du moment auquel le Fils de l’homme paraîtrait, et
dans laquelle les disciples étaient laissés intentionnellement (le jugement
terrestre) ; [24:45] tandis que, depuis le v. 45, le Seigneur s’adresse plus
directement, et d’une manière plus générale en même temps, à leur conduite
pendant son absence, non en rapport avec Israël, mais avec les siens — les
domestiques de sa maison. Il leur avait confié la tâche de donner à ceux-ci une
nourriture convenable dans sa maison. C’est là la responsabilité du ministère,
dans l’Assemblée.
Ch. 24 v. 45-51 —
L’état de l’Assemblée dans l’attente du Seigneur
La fidélité jugée au retour de Jésus
Il est important de remarquer que, dans la première parabole, l’état de
l’Assemblée est considéré comme un tout ; la parabole des vierges et celle des
talents indiquent une responsabilité individuelle. [24:51] Voilà pourquoi le
serviteur infidèle est coupé en deux et a sa part avec les hypocrites. [24:46]
L’état de l’Assemblée responsable dépendait de son attente de Christ, [24:48] ou
de son coeur disant : Il tarde à venir. [24:46, 50] C’est au retour du Seigneur
que le jugement sera prononcé sur la fidélité de ses serviteurs pendant cet
intervalle. La fidélité sera approuvée en ce jour-là. [24:49] D’un autre côté,
l’oubli pratique de sa venue conduira à la licence et à la tyrannie.
Les conséquences de
l’oubli de la venue de Christ
Il ne s’agit pas ici d’un système intellectuel. [24:48] « Le méchant esclave dit
en son coeur : Mon maître tarde à venir » ; sa volonté y était engagée. Le
résultat était que la volonté charnelle se manifestait. [24:45] Ce n’était plus
le service dévoué aux domestiques de sa maison, attendant de coeur l’approbation
du maître quand il reviendrait ; [24:49] mais la mondanité dans la conduite et
la prétention à une autorité arbitraire à laquelle le service qui lui était
confié prêtait l’occasion. Il mange et boit avec les ivrognes ; il s’unit au
monde et partage ses voies ; il bat à son gré ceux qui sont esclaves avec lui.
Voilà où l’on arrive quand on oublie, de propos délibéré, la venue de Jésus
pendant son absence, et qu’on tient l’Assemblée pour établie ici-bas ; à la
place du service fidèle, on trouve la tyrannie et la mondanité. Et ce tableau
n’est-il pas exact ?
Les conséquences des
effets de cette attente sur les serviteurs
Qu’est-il arrivé à ceux qui avaient la place du service dans la maison de Dieu ?
Voici quelles sont les conséquences de part et d’autre : [24:47] le fidèle
serviteur qui, par amour et dévouement pour son maître, se sera voué au bien de
Sa maison, sera, au retour du maître, établi sur tous ses biens ; ceux qui
auront été fidèles dans le service de la maison, seront établis sur toutes
choses par le Seigneur, quand il prendra sa place de puissance et agira en Roi.
Toutes choses sont livrées à Jésus par le Père. Ceux qui, dans l’humilité,
auront été fidèles à son service pendant son absence seront établis sur tout ce
qui Lui a été confié, c’est-à-dire sur toutes choses — elles ne sont autre chose
que les « biens » de Jésus. [24:49] D’un autre côté, celui qui se sera élevé en
maître pendant l’absence du Seigneur et se sera laissé conduire par l’esprit de
la chair et du monde auquel il se sera uni, ne sera pas traité seulement comme
le monde ; [24:50] son maître viendra à un moment tout à fait inattendu, [24:51]
et il recevra le châtiment des hypocrites. Quelle leçon pour ceux qui
s’attribuent une place de service dans l’Assemblée ! [24:49] Et il est à
remarquer ici qu’il n’est pas dit que ce serviteur soit ivrogne lui-même, mais
qu’il mange et qu’il boit avec les ivrognes. Il s’allie au monde et suit ses
habitudes.
Du reste, tout méchant qu’est le coeur du mauvais serviteur, voici l’aspect général que prendra le royaume dans ce jour-là. L’époux tardera en effet ; et les conséquences qu’on en pourra attendre de la part du coeur de l’homme ne manqueront pas de se réaliser. Mais l’effet, que nous trouvons alors, est de mettre en évidence ceux qui avaient réellement la grâce de Christ1 et ceux qui ne l’avaient pas.
1 Combien est solennel le témoignage rendu ici à l’effet produit par la perte de la part de l’Assemblée de l’attente actuelle du retour du Seigneur ! Ce qui fait que l’église professante court à l’oppression hiérarchique et à la mondanité, de manière à être retranchée à la fin comme hypocrite, c’est qu’elle dit dans son coeur : Mon Maître tarde à venir [(24:48)] — renonçant à l’attente présente. C’est ce qui a été la source de la ruine. La vraie position chrétienne a été perdue aussitôt qu’on a mis de côté la venue du Seigneur, et remarquez que, quoiqu’on soit dans cet état, on est traité comme le serviteur responsable.