Chapitre 15
Ch. 15 v. 1-20 — Le système religieux hypocrite des Juifs s’oppose à Dieu
lui-même
Le jugement du système religieux de l’homme
Ce chapitre nous présente l’homme et Dieu, contraste moral entre la doctrine de
Christ et celle des Juifs ; [15:9] ainsi le système juif est moralement rejeté
de Dieu. [15:6] En parlant du système, je parle de tout l’état moral des Juifs,
réduit en système par l’hypocrisie qui cherchait à cacher l’iniquité, tout en
l’augmentant aux yeux de Dieu devant lequel ils se présentaient. [15:5] Ils se
servaient du nom de Dieu pour descendre, sous prétexte de piété, plus bas que
les règles de la conscience naturelle. [15:3] C’est ainsi qu’un système
religieux devient le grand instrument de la puissance de l’ennemi, et plus
particulièrement lorsque ce dont ce système porte encore le nom, a été institué
de Dieu. Mais alors l’homme est jugé, car le judaïsme c’était l’homme avec la
loi et sous la culture de Dieu.
Le jugement du cœur de
l’homme, source de tout mal
[15:13] Le jugement que prononce le Seigneur sur ce système d’hypocrisie en en
montrant le résultat, savoir la réjection des Juifs, donne lieu à un
enseignement qui va bien plus loin, [15:19] et qui en sondant le coeur de
l’homme et en jugeant l’homme d’après ce qui sort de lui, montre que son coeur
est une source de toute iniquité : il fait voir ainsi que toute vraie moralité a
sa base dans la conviction et la confession du péché. [15:14] Car, sans cette
conviction et cette confession, le coeur est toujours faux et se flatte
vainement. [15:18] Ainsi aussi Jésus remonte à la source de tout, et sort des
relations spéciales et temporaires de la nation juive pour entrer dans la morale
vraie, qui appartient à tous les temps. [15:2] Les disciples n’observaient pas
la tradition des anciens (v. 1-2) ; [15:3] le Seigneur ne s’inquiétait pas de
cette tradition. Il en profite pour mettre sur la conscience de leurs
accusateurs cette vérité, que le jugement dont le rejet du Fils de Dieu était
l’occasion, se légitimait aussi sur le pied des relations déjà subsistantes
entre Dieu et Israël.
[15:6] Les scribes et les pharisiens annulaient le commandement de Dieu par leurs traditions, et cela en un point capital et duquel dépendaient même toutes les bénédictions terrestres pour les enfants d’Israël. [15:8-9] Jésus (v. 8-9) leur expose aussi, par leurs propres ordonnances, la profonde hypocrisie, l’égoïsme et l’avarice de ceux qui prétendaient conduire la nation et former son coeur à la moralité et au culte de Jéhovah. [15:7] Ésaïe avait déjà prononcé leur jugement.
L’état du cœur de
l’homme aux yeux de Dieu
[15:10] Ensuite, il montre à la foule (v. 10 et suiv.) [15:18] qu’il s’agit de
ce que l’homme est, de ce qui sort de son coeur, de l’intérieur de son être ;
[15:19] et il signale les tristes flots qui sortent de cette source corrompue.
[15:12] Mais ce qui scandalisait les propres justes de ce monde, [15:16] ce qui
était inintelligible même pour les disciples, c’était la simple vérité à l’égard
du coeur de l’homme tel qu’il est connu de Dieu. Rien de si simple que la vérité
lorsqu’elle est connue ; rien de si difficile, de si obscur, quand un jugement
doit être porté sur elle par le coeur de l’homme qui ne la possède pas ; car
l’homme juge d’après ses propres pensées, et la vérité ne se trouve pas en
elles. En un mot, Israël, et particulièrement l’Israël religieux et la vraie
morale sont mis en contraste : l’homme est placé sous sa propre responsabilité
et sous son vrai jour devant Dieu.
Dieu dépasse son
alliance avec Israël, en grâce
Jésus sonde le coeur ; mais, agissant en grâce, il agit selon le coeur de Dieu
et le manifeste en sortant, et pour les uns et pour les autres, des termes
conventionnels des relations de Dieu avec Israël. Une personne divine, Dieu,
peut entrer dans l’alliance qu’il a donnée, mais ne saurait être limité par
elle. L’infidélité de son peuple à cette alliance fournit l’occasion de nous
montrer le Seigneur s’en allant au-delà de ce lieu. [15:5] Notez ici l’effet de
la religion traditionnelle qu’aveugle le jugement moral. [15:20] Quoi de plus
clair et de plus simple que cette vérité, que ce qui souille l’homme n’est pas
ce qu’il a mangé, mais ce qui est sorti de sa bouche et de son coeur ? Mais les
disciples ne pouvaient la comprendre, sous l’influence méprisable de
l’enseignement pharisaïque qui mettait les formes extérieures à la place de la
pureté intérieure.
Ch. 15 v. 21-28 — La
femme cananéenne de Tyr et Sidon
Christ s’éloigne des privilèges juifs
[15:21] Christ laisse alors les confins d’Israël et ses disputes avec les
docteurs de Jérusalem, pour visiter les endroits les plus en dehors des
privilèges juifs. Il se rend dans les quartiers de Tyr et de Sidon (v. 21), ces
villes qu’il avait citées lui-même comme exemples de ce qui était le plus
éloigné de la repentance [(11:21)]. Voyez le chap. 11, où il met ces villes au
même rang que Sodome et Gomorrhe, comme plus endurcies que celles-ci [(11:23)].
Le Fils de David est
venu pour Israël seul, selon les promesses
[15:22] Une femme vient de ces contrées. Elle était de la race maudite, selon
les principes qui distinguaient Israël (Deut. 7:1-2). Elle était Cananéenne.
Cette femme vient demander l’intervention de Jésus en faveur de sa fille
possédée d’un démon. En demandant à Jésus cette faveur, elle se sert du titre
que la foi reconnaissait au Seigneur dans sa relation avec les Juifs, elle
l’appelle : « Fils de David ». Ceci donne lieu à un entier développement de la
position du Seigneur, en même temps que des conditions sous lesquelles l’homme
pouvait espérer d’avoir part à l’effet de sa bonté, à la révélation de Dieu
lui-même.
[15:23] Comme Fils de David, il n’a rien à faire avec une Cananéenne. Il ne lui répond pas. Les disciples, eux, voudraient bien qu’on lui accordât sa demande pour se débarrasser d’elle, pour en finir avec son importunité. [15:24] Le Seigneur leur répond qu’il n’est envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël (v. 24). C’est ce qui était, en effet. Quels que fussent les conseils de Dieu manifestés à l’occasion de son rejet (voyez Ésaïe 49 [v. 6]), il était ministre de la circoncision pour la vérité de Dieu pour accomplir ses promesses faites aux pères (Rom. 15:8).
[15:25] La femme, en un langage plus simple et plus direct, expression plus naturelle de ses sentiments, demande la miséricordieuse intervention de Celui dans la puissance duquel elle mettait sa confiance. [15:26] Le Seigneur lui répond qu’il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens (v. 26). Nous voyons ici la vraie position du Seigneur en tant que venu à Israël ; les promesses étaient pour les enfants du royaume. Le Fils de David en était le ministre. Pouvait-il comme tel effacer ce qui distinguait le peuple de Dieu ?
La foi fait prendre sa
vraie place devant Dieu, ce qui amène sa bénédiction
[15:27] Mais cette foi qui puise sa force dans la nécessité, et qui ne trouve
d’autre ressource que dans le Seigneur lui-même, accepte l’humiliation de sa
position, et estime qu’auprès du Seigneur il y a du pain pour la faim de ceux
qui n’y ont pas de droit. Cette foi persévère aussi, parce qu’il y a un besoin
senti, et de la confiance dans Celui qui est venu en grâce.
Qu’avait fait le Seigneur dans sa dureté apparente ? Il avait amené la pauvre femme au sentiment et à l’expression de sa vraie place devant Dieu, c’est-à-dire à la vérité quant à elle-même. [15:28] Mais alors était-il vrai de dire que Dieu était moins bon qu’elle ne pensait, moins riche en miséricorde envers la délaissée qui n’avait d’espérance et de confiance qu’en cette miséricorde ? Dire cela, c’eût été renier le caractère et la nature de Dieu dont Jésus était l’expression, la vérité, et le témoin sur la terre ; c’eût été se renier lui-même, et le but de sa mission. Jésus ne pouvait pas dire : « Dieu n’a pas une miette pour une telle créature ». Il répond de tout coeur : « Ô femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux » (v. 28). Dieu sort des limites étroites de son alliance avec les Juifs pour agir dans sa souveraine bonté, selon sa nature même. Il en sort pour être Dieu en bonté, et non pas seulement Jéhovah en Israël.
[15:27] Mais cette bonté s’exerce envers une âme amenée à reconnaître, en présence de cette bonté, qu’elle n’y a aucun droit. C’était là que l’apparente dureté du Seigneur l’avait conduite. Elle recevait tout de la grâce, étant elle-même indigne de tout. C’est ainsi, et seulement ainsi, que chaque âme obtient la bénédiction. [15:22] Ce n’est pas seulement le sentiment de ses besoins — la Cananéenne l’avait depuis le commencement — c’étaient ses besoins qui l’amenaient là. Il ne suffit pas de reconnaître que le Seigneur Jésus peut répondre à ces besoins ; elle vient en le reconnaissant ; [15:27] il faut se trouver en présence de la seule source de bénédiction et être amené à sentir que, quoiqu’on y soit, on n’a aucun droit d’en jouir. Et c’est une terrible position. [15:28] Quand on en est là, tout est grâce. Dieu peut alors agir selon sa propre bonté ; et il répond à tout souhait que le coeur peut former pour son bonheur.
Nous voyons donc ici Christ, serviteur de la circoncision pour la vérité de Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux pères, et pour que les nations glorifiassent Dieu pour sa miséricorde, selon qu’il est écrit : Rom. 15:8-9. En même temps, cette dernière vérité manifeste le véritable état de l’homme et la pleine et parfaite grâce de Dieu. Dieu agit selon cette vérité, tout en demeurant fidèle à ses promesses ; et sa sagesse se déploie d’une manière qui appelle notre admiration.
Jésus révèle le cœur de
Dieu, en contraste avec celui de l’homme
On voit combien l’introduction en cet endroit de l’histoire de la Cananéenne
développe et met en évidence cette partie de notre évangile. [15:3] Le
commencement du chapitre expose l’état moral des Juifs, la fausseté d’une piété
pharisaïque et sacerdotale ; [15:19] il fait voir le véritable état de l’homme
comme homme, ce dont le coeur de l’homme était la source, [15:28] et révèle
ensuite le coeur de Dieu tel qu’il est manifesté en Jésus. [15:24] Les voies de
Jésus envers cette femme montrent la fidélité de Dieu à ses promesses ; [15:28]
et la bénédiction enfin accordée fait ressortir la pleine grâce de Dieu [15:27]
en rapport avec la manifestation du véritable état de l’homme, reconnu par la
conscience — la grâce s’élevant au-dessus de la malédiction qui pesait sur
l’objet de cette grâce — [15:28] s’élevant au-dessus de tout, pour se frayer un
chemin jusqu’au besoin que la foi lui présentait.
Ch.15 v. 29-39 — La
seconde multiplication des pains
[15:29] Maintenant le Seigneur se retire de là et se rend en Galilée, [15:30]
contrée où il était en relation avec le résidu méprisé des Juifs. Ce n’était ni
Sion, ni le temple, ni Jérusalem ; mais les pauvres du troupeau, où le peuple
était assis dans de profondes ténèbres (voyez És. 8:9). Là ses compassions
suivent le pauvre résidu et s’exercent encore en sa faveur. [15:37] Il
renouvelle les preuves, non seulement de ses tendres compassions, mais aussi de
sa présence, qui rassasiait de pain les pauvres de son peuple [(Ps. 132:15)] !
[15:36] Cependant, ce n’est pas par la puissance administrative qu’il pouvait
confier à ses disciples, mais selon sa propre perfection, et en agissant
lui-même. [15:37] Il prend soin du résidu de son peuple. En conséquence, on
ramassa du reste des morceaux de pain sept corbeilles pleines (v. 37). [15:38]
Jésus part sans qu’il soit arrivé d’autres circonstances.
Résumé du chapitre : la
mise de côté des dispensations, pour manifester complètement Dieu et l’homme
Nous avons vu la morale éternelle et la vérité intérieure substituées à
l’hypocrisie des formes, la religion légale de l’homme et son coeur montré comme
une source de mal et rien autre, le cœur de Dieu pleinement révélé s’élevant au-dessus
de toute dispensation pour manifester la parfaite grâce qui est en Christ. Ainsi
les dispensations sont mises de côté, quoique bien reconnues, et par cela,
l’homme et Dieu pleinement mis en évidence. C’est un chapitre merveilleux en ce
qu’il y a d’éternel dans la vérité qui concerne Dieu, et ce que la révélation de
Dieu dévoile dans l’homme. Et cela, remarquez-le, fournit l’occasion de révéler,
dans le chapitre suivant, l’Assemblée, qui n’est pas une dispensation, mais qui
est fondée sur ce que Christ est, le Fils du Dieu vivant. Dans le chap. 12,
Christ était rejeté selon une dispensation, et, dans le chap. 13, le royaume
était substitué. Ici l’homme est mis de côté, ainsi que ce qu’il avait fait de
la loi, et Dieu agit selon sa propre grâce au-dessus de toutes les
dispensations. Alors paraissent l’Assemblée et le royaume en gloire.