Chapitre 12
Ch. 11 : pivot de l'évangile — Jésus rejeté introduit un système entièrement nouveau
Enfin, le rejet de la nation, à cause de son mépris du Seigneur, est clairement montré, aussi bien que la cessation de tous les rapports du Seigneur avec elle, pour mettre en évidence, de la part de Dieu, un système entièrement différent, c’est-à-dire le royaume sous une forme toute particulière.

Ainsi, le chapitre 11 est le grand pivot de toute l’histoire. [11:4] Christ est son propre témoin divin, et Jean le baptiseur devait le reconnaître ainsi, comme un autre l’eût fait. [11:11] Il n’est plus resté comme Messie attesté, mais comme Fils de Dieu, mais il rend un plein témoignage à Jean. [11:17] La nation avait rejeté Dieu, manifesté par des avertissements, mais en grâce aussi ; [11:19] seulement, il y avait un résidu. La sagesse était justifiée par ses enfants. [11:25] Alors, tout abominable que fût son rejet, nous le voyons s’y soumettre, comme étant la volonté du Père ; [11:27] mais cela le conduit à la conscience de sa gloire personnelle, vrai motif de ce rejet. Toutes choses Lui étaient livrées par son Père. Personne ne pouvait le connaître, ni connaître le Père, à moins qu’Il ne le révélât. Le monde entier, mis à l’épreuve par la perfection du Seigneur, a été trouvé gisant dans la méchanceté (quoiqu’il y eût un résidu épargné), mais l’homme était universellement éloigné de Dieu. Dieu a regardé des cieux pour voir, comme nous lisons, mais les fils des hommes s’étaient tous détournés ; il n’y avait point de juste, non pas même un seul [(Ps. 14:2-3)]. Ainsi Jésus, quand il marchait sur la mer, se tenait seul dans un monde jugé, jugé par son rejet ; mais maintenant, dans la souveraine grâce du Père, [11:27] c’est le Fils révélant le Père, et appelant à la révélation de cette grâce en lui-même. C’est maintenant la nouvelle position. Il avait mis l’homme à l’épreuve. Ce qu’il était en lui-même empêchait l’homme de le recevoir. [11:28] Or, ceux qui étaient fatigués devaient venir à Celui qui se tenait ainsi seul, et il leur donnerait du repos. [11:29] Ils devaient apprendre de Celui qui s’était ainsi soumis entièrement, et ils auraient du repos quant au monde et à tout ici-bas. Il en est ainsi de nous : quand nous nous abaissons complètement, nous entrons comme reniés, d’une manière consciente, dans la possession de nos privilèges sur un terrain céleste plus élevé.

Ch. 12 v. 1-8 — Le respect du sabbat
[12:1] La première circonstance dans laquelle sa personne et le droit qu’il possédait de mettre fin à cette économie ont été mis en question, c’est lorsque ses disciples arrachaient des épis et les broyaient entre leurs mains, pour satisfaire leur faim. [12:2] Les pharisiens les reprennent, parce que c’était un jour de sabbat. [12:3] Jésus leur montre que le roi, rejeté par la malice de Saül, [12:4] avait participé à ce qui n’était accordé qu’aux sacrificateurs. Le Fils de David, dans un pareil cas, pouvait bien jouir d’un privilège pareil. Au reste, Dieu agissait en grâce. [12:5] Et puis, les sacrificateurs ne profanaient-ils pas le sabbat dans le temple ? [12:6] Et Celui qui était plus grand que le temple était là (v. 5-6).

[12:7] En outre, s’ils eussent vraiment connu les pensées de Dieu, s’ils eussent été pénétrés de l’esprit que sa Parole déclarait Lui être agréable — « Je veux miséricorde, et non pas sacrifice » — les pharisiens n’auraient pas condamné ceux qui n’étaient pas coupables. [12:8] Au reste, le Fils de l’homme est Seigneur du sabbat. Il ne prend plus ici le titre de Messie, mais celui de Fils de l’homme — nom qui rendait témoignage à un nouvel ordre de choses et à une puissance plus étendue. Or, ce que le Seigneur disait, avait une grande portée, car le sabbat était le signe de l’alliance entre Jéhovah et la nation juive (Ézéch. 20:12, 20), et le Fils de l’homme en disposait. Si l’on y touchait, c’en était fait de l’alliance.

Ch. 12 v. 9-21 — La position d’humilité de Jésus ici-bas
[12:9] La même question surgit dans la synagogue ; [12:12] et le Seigneur persiste à agir en grâce et à faire du bien, [12:11] tout en montrant à ceux qui l’observaient qu’ils en feraient autant pour une de leurs brebis. [12:14] Ceci, quelle que fût la preuve de la puissance bienfaisante de Jésus, ne fait qu’exciter leur haine. Ils étaient enfants du meurtrier. [12:15] Jésus se retire d’eux, et de grandes troupes le suivent. Il les guérit, [12:16] leur défendant de le faire connaître. [12:17] Cependant, en tout cela, ses actions n’étaient que l’accomplissement d’une prophétie qui dessine nettement la position du Seigneur à ce moment (v. 17 et suiv.). [12:20] L’heure devait venir où il ferait éclater le jugement en victoire. [12:19] En attendant, il gardait une position d’humilité parfaite, dans laquelle la grâce et la vérité pouvaient se faire valoir à ceux qui les goûtaient et qui en avaient besoin. Mais, dans l’exercice de cette grâce et dans son témoignage à la vérité, Jésus ne faisait rien qui faussât ce caractère d’humiliation, ni qui attirât l’attention des hommes, de manière à mettre obstacle à sa véritable oeuvre, ou même qui fît soupçonner en Lui la recherche de son propre honneur. [12:18] Cependant, l’Esprit de Jéhovah était sur Lui comme étant son bien-aimé, Celui en qui son âme trouvait son plaisir ; il annoncerait le jugement aux gentils, [12:21] et les gentils mettraient leur confiance en son nom.

L’application de cette prophétie à Jésus, dans ce moment-là, est de toute évidence. Nous voyons comment il se tenait sur la réserve avec les Juifs, s’abstenant quant à lui-même de satisfaire leurs désirs charnels, et content d’être dans l’ombre, pourvu que Dieu son Père fût glorifié. Il glorifiait lui-même son Père parfaitement sur la terre, en faisant le bien. Il devait bientôt être annoncé aux gentils, soit dans l’exécution du jugement de Dieu, soit en se présentant à eux comme l’objet de leur confiance (v. 17-21).

Ce passage d’Ésaïe 42, est évidemment placé ici par le Saint Esprit, pour dessiner clairement la position du Seigneur, avant que s’ouvrent les nouvelles scènes que son rejet nous prépare.

Ch. 12 v. 22-28 — La puissance qui chasse les démons
[12:22] Le Seigneur chasse alors un démon hors d’un homme aveugle et muet (v. 22 et suiv.) — triste état peignant vraiment celui d’Israël quant à Dieu. [12:23] Les foules, pleines d’admiration, s’écrient : Celui-ci serait-il le fils de David ? [12:24] Mais les religieux d’entre eux, entendant cela, jaloux du Seigneur et hostiles au témoignage de Dieu, déclarent que c’est par la puissance de Béelzébul que Jésus faisait ce miracle, scellant ainsi leur propre état, et se plaçant sous le jugement définitif de Dieu. [12:25] Jésus démontre l’absurdité de leur accusation. Satan ne détruirait pas son propre royaume. [12:27] Leurs propres enfants, qui prétendaient chasser les démons, jugeraient leur iniquité. [12:28] Mais ce n’était pas par la puissance de Satan (et les pharisiens admettaient que les démons avaient été réellement chassés), c’était le doigt de Dieu, et le royaume de Dieu était au milieu d’eux.

Ch. 12 v. 29-37 — La présence de Jésus manifeste la méchanceté de l’homme
[12:29] Celui qui était entré dans la maison de l’homme fort pour piller ses biens, avait dû le lier auparavant (v. 29). Le fait est que la présence de Jésus mettait tout à l’épreuve ; tout se concentrait en Lui, de la part de Dieu. Emmanuel lui-même était là ! [12:30] Celui qui n’était pas avec Lui, était contre Lui ; celui qui ne rassemblait pas avec Lui, dispersait (v. 30). Tout, maintenant, dépendait de Lui seul. [12:32] Il supporterait toute incrédulité à l’égard de sa personne. La grâce ne pouvait ôter cette incrédulité, Jésus pouvait pardonner tout péché ; mais parler contre le Saint Esprit [12:31] et le blasphémer (c’est-à-dire reconnaître l’exercice d’une puissance, qui est celle de Dieu, et l’attribuer à Satan), cela ne pourrait être pardonné ; car les pharisiens admettaient que le démon était chassé (v. 24), et ce n’était qu’avec malice et de propos délibéré, avec la haine contre Dieu et les yeux ouverts, qu’ils attribuaient cette puissance à Satan. Et, pour ce blasphème, quel pardon pouvait-il y avoir ? [12:32] Il n’y en avait ni dans le siècle de la loi1, ni dans celui du Messie. Le sort de ceux qui blasphémaient ainsi était décidé. C’est ce que le Seigneur leur fait comprendre. [12:33] On reconnaissait l’arbre à son fruit, et ce fruit était essentiellement mauvais. [12:34] Ils étaient une race de vipères ; Jean leur en avait dit autant [(3:7)]. Leurs paroles les condamnaient (v. 31-37). [12:38] Sur ces entrefaites, les scribes et les pharisiens demandent un signe (v. 38 et suiv.). Ce n’était que de la méchanceté. Ils avaient vu assez de miracles. Ce n’était que provoquer l’incrédulité des autres.

1 Remarquez cette expression. Nous voyons la manière dont le Saint Esprit passe du temps, alors présent pour les Juifs, et qui devait bientôt finir, à celui où le Messie établirait son royaume, le « monde (siècle) à venir ». Nous avons une position en dehors de tout cela, pendant la suspension de l’établissement public du royaume. Les apôtres n’ont fait que le prêcher ou l’annoncer, ils ne l’ont pas établi. Leurs miracles étaient « les miracles du siècle à venir » (Comp. 1 Pierre 1:11-13). Cela est d’une grande importance, comme nous le verrons bientôt. Il en est de même de la nouvelle alliance, dont Paul était le ministre ; et cependant il ne l’a pas établie en Juda et en Israël.

Ch. 12 v. 38-42 — Le jugement de la génération qui rejetait Christ malgré ses signes
[12:39] Cette demande donne au Seigneur l’occasion de prononcer le jugement de cette génération.

[12:39] Il ne serait donné d’autre signe que celui de Jonas à cette génération méchante. [12:40] Comme Jonas était resté trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme resterait trois jours et trois nuits au sein de la terre. Mais alors, hélas ! Christ était déjà rejeté.

[12:41] Au jour du jugement, les gens de Ninive condamneraient cette génération par leur conduite, car ils s’étaient repentis à la prédication de Jonas ; et il y avait là quelqu’un de plus grand que Jonas. [12:42] La reine du Midi aussi rendait le même témoignage contre la méchanceté de cette génération perverse. Le coeur de la reine, attiré par le bruit de la sagesse de Salomon, l’avait conduite auprès de lui, depuis les bouts de la terre ; et un plus grand que Salomon était là ! Ces pauvres gentils ignorants comprenaient mieux la sagesse de Dieu dans sa Parole, soit par le prophète, soit par le roi, que son peuple bien-aimé, lors même que le grand Roi et Prophète fût là.

Ch. 12 v. 43-45 — Le retour de l’esprit immonde de l’idolâtrie sur Israël
[12:43] Et c’est ici le jugement de Dieu : le mauvais esprit (l’esprit d’idolâtrie) qui était sorti du peuple, ne trouvant pas de repos loin d’Israël ([12:44] Israël, hélas ! sa vraie maison, tandis qu’il aurait dû être celle de Dieu), [12:45] reviendrait avec sept esprits plus méchants que lui. Ils trouveraient la maison vide, balayée et ornée ; et sa dernière condition serait pire que la première (v. 45).

Quel jugement solennel du peuple que celui-ci — que ceux au milieu desquels Jéhovah avait marché devinssent la demeure d’un esprit immonde, d’une surabondance d’esprits immondes ! Car il n’y a pas seulement sept démons, nombre complet, mais avec ceux-ci (qui pousseraient le peuple à toute folie contre Dieu et contre ceux qui honoreraient Dieu, les conduisant ainsi à leur propre destruction) cet autre esprit immonde aussi, qui replongerait le peuple dans la misérable idolâtrie à laquelle il avait échappé ! Le jugement d’Israël était prononcé.

Ch. 12 v. 46-50 — Jésus rompt tout lien selon la chair
[12:48] Enfin, Jésus rompt publiquement les liens qui subsistaient naturellement entre Lui et le peuple selon la chair (v. 46-50), [12:50] en n’acceptant comme siens que ceux qui étaient formés par la parole de Dieu, et manifestés par l’accomplissement de la volonté de son Père qui était aux cieux. [12:49] Il ne reconnaissait comme ses parents que ceux qui étaient formés d’après le modèle du sermon sur la montagne.