Chapitre 10
Ch. 10 v. 1-8 — Le Seigneur appelle et envoie ses douze disciples
Cependant, quoiqu’il ne cherchât pas sa propre gloire, il avait la conscience de
l’iniquité qui gouvernait le peuple. [9:38] Ayant recommandé à ses disciples de
demander que des ouvriers fussent envoyés dans la moisson, [10:1] il commence à
agir selon ce désir. Il appelle ses douze disciples, il leur communique le
pouvoir de chasser les démons et de guérir les malades [10:6] et les envoie aux
brebis perdues de la maison d’Israël.
[10:7] On voit, dans cette mission des douze, combien les voies de Dieu envers Israël font le sujet de cet évangile. Les disciples devaient annoncer à ce peuple, et à lui exclusivement, l’approche du royaume, [10:8] en exerçant en même temps la puissance qu’ils avaient reçue : témoignage éclatant rendu à Celui qui était venu, et qui pouvait, non seulement opérer lui-même des miracles, mais conférer à d’autres aussi le pouvoir d’en faire. [10:1] À cet effet, Jésus donne à ses disciples l’autorité sur les démons. C’est bien là ce qui caractérise le royaume : l’homme guéri de tout mal, et le démon chassé. C’est pourquoi les miracles sont appelés (Hébr. 6:5) « les miracles du siècle à venir »1.
1 Car alors Satan sera lié, et l’homme délivré par la puissance de Christ. Il y avait alors des délivrances partielles de la même sorte.
Ch. 10 v. 9-15 — La
mission des disciples
[10:9] Les disciples devaient aussi, quant à leurs besoins, dépendre entièrement
de Celui qui les envoyait. Emmanuel était là. Si les miracles étaient pour le
monde une preuve de la puissance de leur Maître, le fait qu’ils ne manquaient de
rien devait être pour leur coeur une preuve de cette puissance.
L’ordonnance a été abrogée pour le temps du ministère des disciples qui a suivi le départ de Jésus de ce monde (voyez Luc 22:35-37). [10:10] Ce qu’il leur donne ici (Matth. 10) tient à sa présence comme Messie, comme Jéhovah lui-même sur la terre. [10:13] Aussi la réception ou le renvoi de ses messagers décidait du sort de ceux auprès desquels ils étaient envoyés. [10:14] Les rejeter, c’était rejeter le Seigneur, Emmanuel, Dieu avec son peuple1.
1 Il y a une division du discours du Seigneur, au verset 15. Jusque-là, c’est sa mission à ce moment-là. À partir du verset 16, nous avons des réflexions plus générales sur la mission des disciples, vue dans son ensemble au milieu d’Israël jusqu’à la fin. Évidemment, cela va au-delà de leur mission d’alors, et suppose la venue du Saint Esprit. La mission à laquelle l’Église comme telle est appelée est différente. Ceci s’applique seulement à Israël : il leur était défendu d’aller vers les gentils [(10:5)]. Cela prit fin nécessairement avec la destruction de Jérusalem et la dispersion de la nation juive, mais se renouvellera à la fin, jusqu’à la venue du Fils de l’homme. Il y avait pour les gentils seuls un témoignage placé devant Israël comme juge. Tel était Paul, et cette partie de son histoire, même jusqu’à Rome dans le livre des Actes, se passait au milieu des Juifs. La dernière partie, depuis le verset 16, a moins à faire avec l’Évangile du royaume.
La mission future du
résidu d’Israël
Ch. 10 v. 16 — Les qualités du disciple dans un monde hostile
[10:16] En effet, Jésus envoyait ses disciples comme des brebis au milieu des
loups. Ils avaient besoin de la prudence des serpents et devaient montrer la
simplicité des colombes ; qualités rarement réunies, et qui ne se rencontrent
que dans ceux qui, par l’Esprit du Seigneur, sont sages quant au bien, et
simples quant au mal [(Rom. 16:19)].
Ch. 10 v. 17-20 —
L’évangile annoncé aux grands de ce monde
[10:17] Si les disciples n’étaient pas en garde contre les hommes (triste
témoignage à rendre à ceux-ci), ils ne pouvaient que souffrir ; mais battus de
verges, amenés devant les sanhédrins, [10:18] les gouverneurs et les rois,
toutes ces tribulations deviendraient pour eux un témoignage, un moyen divin de
présenter l’Évangile du royaume aux rois et aux princes, sans en altérer le
caractère et sans l’accommoder au monde ou mêler les disciples de Jésus aux
usages et à la fausse grandeur de ce monde. Au reste, de pareilles circonstances
mettaient leur témoignage beaucoup plus en évidence que ne l’aurait fait
l’association avec les grands de la terre. [10:19] Et pour accomplir ce
témoignage, le Seigneur accorderait aux siens cette puissance et cette direction
de l’Esprit de leur Père [10:20] qui ferait de leurs paroles, non les leurs,
mais celles de Celui qui les inspirait (v. 19-20).
Ici de nouveau, la relation des disciples avec leur Père, relation qui caractérise si évidemment le sermon sur la montagne, devient la base de leur capacité pour le service qu’ils devaient accomplir. Remarquons que ce témoignage n’était adressé qu’à Israël ; seulement, Israël étant placé depuis Nébucadnetsar sous le joug des gentils, le témoignage parviendrait jusqu’à leurs chefs.
Ch. 10 v. 21-25 —
L’opposition au témoignage
[10:21] Or ce témoignage devait susciter une opposition qui romprait tout lien
de famille et réveillerait une haine qui n’épargnerait pas la vie des êtres les
plus chers. [10:22] Celui qui persévérerait au travers de tout serait sauvé (v.
21-22). [10:23] Néanmoins, le cas était urgent. Ils ne devaient pas résister,
mais, si l’opposition prenait la forme de persécution, ils devaient fuir et
prêcher l’Évangile ailleurs, car, avant qu’ils eussent pu parcourir les villes
d’Israël, le Fils de l’homme serait venu1. Ils devaient annoncer le royaume.
[10:25] Jéhovah Emmanuel était là au milieu de son peuple, et les chefs du
peuple avaient appelé le maître de la maison Béelzébul. Cela n’avait pas arrêté
le témoignage de Jésus, mais il caractérisait très fortement les circonstances
dans lesquelles ce témoignage devait être rendu. Il envoie ses disciples en les
avertissant de cet état de choses, pour maintenir aussi longtemps que possible
leur témoignage au milieu de son peuple bien-aimé. Ce témoignage était rendu
dans ce temps-là ; et il est possible de le rendre, si les circonstances le
permettent, jusqu’à ce que le Fils de l’homme arrive pour exécuter le jugement ;
mais alors le maître de la maison se sera levé pour fermer la porte [(Luc
13:25)]. Le aujourd’hui du Ps. 95 [(v. 7)] ne sera plus.
1 Remarquez ici l’expression « Fils de l’homme ». C’est le caractère (selon Dan. 7) sous lequel le Seigneur viendra, avec une puissance et une gloire beaucoup plus grandes que celles de sa manifestation comme Messie, Fils de David, puissance et gloire qui se déploieront dans une sphère beaucoup plus vaste. Comme Fils de l’homme, il est l’héritier de tout ce que Dieu destine à l’homme (voyez Héb. 2:6-8, et 1 Cor. 15:27). Il devait, en conséquence, vu la condition de l’homme, souffrir pour posséder cet héritage. Il était là comme le Messie, mais il doit être reçu dans son vrai caractère, comme Emmanuel, et les Juifs doivent être éprouvés moralement. Il n’aura pas le royaume d’après un principe charnel. Rejeté comme Messie, comme Emmanuel, il ajourne la période de ces événements qui clôront le ministère de ses disciples envers Israël jusqu’à sa venue comme Fils de l’homme. Pendant ce temps, Dieu a produit d’autres choses qui avaient été cachées dès la fondation du monde : la vraie gloire de Jésus, le Fils de Dieu, sa gloire céleste comme homme et l’union de l’Église avec Lui dans le ciel. Le jugement de Jérusalem et la dispersion de la nation ont suspendu le ministère qui avait commencé au moment dont parle ici l’évangéliste. Ce qui a rempli l’intervalle depuis ce moment ne fait pas ici le sujet du discours du Seigneur, car il n’a trait qu’au ministère ayant les Juifs pour objet. Quant aux conseils de Dieu à l’égard de l’Église, en rapport avec la gloire de Jésus à la droite de Dieu, il en sera question ailleurs,
Luc nous donne, avec plus de détails, ce qui concerne le Fils de l’homme. En Matthieu, le Saint Esprit nous entretient du rejet d’Emmanuel.
Le témoignage est pour
Israël dans sa terre uniquement
Israël en possession de ses villes, étant l’objet du témoignage qui nous occupe
ici, ce témoignage est nécessairement suspendu lorsqu’Israël n’est plus dans sa
terre. Le témoignage rendu au royaume à venir par les apôtres, au milieu
d’Israël, après la mort du Seigneur, est un accomplissement de cette mission,
pour autant qu’un tel témoignage a été rendu dans le pays d’Israël ; car le
royaume pouvait être annoncé comme devant être établi pendant qu’Emmanuel était
sur la terre, ou bien par le retour de Christ venant du ciel, ainsi que Pierre
l’annonce au chap. 3 des Actes [(v. 19-21)]. Et cela pouvait avoir lieu si
Israël était dans son pays, même jusqu’à ce que Christ revînt. Ainsi le
témoignage peut être repris en Israël, quand celui-ci se retrouve sur sa terre
et si Dieu donne pour cela la puissance spirituelle qu’exige ce témoignage.
Ch. 10 v. 26-31 — Dieu
avec ses disciples malgré l’opposition
[10:25] En attendant, les disciples devaient partager la position de Christ
lui-même. Si l’on a appelé le maître de la maison Béelzébul, à plus forte raison
appellera-t-on ainsi les gens de sa maison. [10:26] Mais les disciples ne
devaient pas craindre. C’était la portion nécessaire de ceux qui étaient pour
Dieu, au milieu du peuple. Il n’y avait rien de ce qui était caché qui ne dût
être révélé. [10:27] Les disciples ne devaient rien retenir, mais proclamer sur
les toits tout ce qui leur avait été enseigné ; car tout serait mis en lumière :
leur fidélité à Dieu sous ce rapport, aussi bien que toutes les autres choses.
Cela même, tout en déjouant les complots secrets de leurs ennemis, devait
caractériser le chemin des disciples. [10:26] Dieu qui est lumière et voit dans
les ténèbres comme dans la lumière, mettrait tout en lumière, [10:27] mais ils
devaient alors le faire moralement. [10:28] Aussi ne devaient-ils rien craindre,
en accomplissant cette tâche, si ce n’est Dieu lui-même, juste Juge au dernier
jour. [10:30] Du reste, les cheveux de leur tête étaient comptés. [10:31] Ils
étaient précieux à leur Père, [10:29] qui tient compte même de la mort d’un
passereau. Cela ne pouvait arriver sans Lui, qui était leur Père.
Ch. 10 v. 34-42 — La
valeur de Christ pour les siens
[10:34] Enfin, les disciples devaient être bien pénétrés de la conviction que le
Seigneur n’était pas venu pour mettre la paix sur la terre ; [10:35] au
contraire, ce serait la division, même au sein des familles. [10:37] Mais Christ
devait être plus précieux aux siens qu’un père ou une mère, même que leur propre
vie. [10:39] Celui qui gagnerait sa vie au préjudice de son témoignage à Christ,
la perdrait ; celui qui la perdrait pour l’amour de Christ, la gagnerait.
[10:40] Celui aussi qui recevrait ce témoignage, dans la personne des disciples,
recevait Christ et, en Christ, Celui qui l’avait envoyé. [10:41] Dieu étant
ainsi reconnu dans la personne de ses témoins sur la terre, accorderait à tous
ceux qui les recevraient une récompense selon le témoignage qui lui était rendu.
[10:42] Celui qui, reconnaissant ainsi le témoignage du Seigneur rejeté, ne
donnerait qu’un verre d’eau froide, ne perdrait pas sa récompense. Dans un monde
ennemi, celui qui reçoit le témoignage de Dieu, et accueille (malgré le monde)
le serviteur qui porte ce témoignage, confesse réellement Dieu, aussi bien que
son serviteur. C’est tout ce que nous pouvons faire. Le rejet du Christ a fait
de Lui une épreuve, une pierre de touche.
Le jugement définitif
d’Israël
Dès cette heure, nous trouvons le jugement définitif de la nation, non pas
cependant ouvertement déclaré (la chose a lieu au chap. 12), ni dans la
cessation du ministère de Christ, qui agissait, malgré l’opposition de la
nation, en rassemblant le résidu, et, ce qui est plus important encore, dans la
manifestation d’Emmanuel ; mais ce jugement se développe dans le caractère des
discours de Jésus, dans ses déclarations positives qui dépeignent l’état du
peuple, et dans la marche du Seigneur au milieu de circonstances qui devenaient
pour Lui l’occasion d’exprimer quelles étaient ses relations avec ce peuple.