Chapitre 1er
Ch. 1 — Dieu s’intéresse à l’affliction de son peuple qu’il a dû frapper
Les Lamentations de Jérémie, touchante expression de l’intérêt que Dieu prend à
l’affliction de son peuple rendue nécessaire par son péché, n’exigeront pas
beaucoup de remarques pour faire comprendre la portée du livre. Quelques
réflexions sont cependant nécessaires pour en montrer le vrai caractère et le
rapport avec ce qui nous est révélé ailleurs des voies de Dieu. Ce qui est en
premier lieu intéressant à remarquer, et à quoi j’ai déjà fait allusion, c’est
que l’affliction de son peuple n’échappe pas aux yeux de Dieu. Dans toute son
angoisse, il est en angoisse [(És. 63:9)], son Esprit en prend connaissance, et,
agissant dans le cœur de ceux de la bouche desquels il se sert, il donne cours
aux sentiments de douleur qu’il y produit. Ainsi Christ a pleuré sur la dureté
de Jérusalem [(Luc 19:41)], et a invité ses habitants à pleurer comme lui [(Luc
23:28)]. De même ici, son Esprit, non seulement reprend et révèle les choses à
venir, il vient en outre pour donner une forme à la douleur de ceux qui aiment
ce que Dieu aime, et en fournit lui-même l’expression. Rien de plus touchant que
le sentiment produit dans le cœur par la conviction que celui qui est affligé
est l’objet de l’affection de Dieu, que Dieu aime ce qu’il a dû frapper, et
qu’il a dû frapper ce qu’il aime. [1:8] Le prophète, en exposant l’affliction de
Jérusalem, reconnaît qu’elle a pour cause le péché du peuple. Est-ce que la
peine de son cœur en est diminuée ? Si, d’un côté, il en est soulagé, de
l’autre, il en est humilié, et il éprouve le besoin de cacher sa face. [1:21]
L’orgueil de l’ennemi et sa joie à la vue de l’affliction de la bien-aimée de
Dieu, donne occasion de réclamer la compassion en faveur de l’affligée, [1:22]
et le jugement sur la malice de ses ennemis. À la fin du chapitre 1, [1:20]
après avoir pleinement confessé que c’était le péché de Juda qui avait fait
venir le mal sur lui, [1:18] et que l’Éternel était juste, [1:20] le peuple en
appelle à l’Éternel pour qu’il considère son affliction [1:22] et juge ceux par
la méchanceté desquels il était puni.