Chapitre 14
Ch. 14 à 16 : La pleine révélation de la grâce, et l’attitude qui y convient
dans ce monde
Quelques points spéciaux de morale sont développés dans les chapitres suivants1.
1 Les chap. 15 et 16 nous présentent l’énergie souveraine de la grâce, ses fruits et ses conséquences, placés en contraste avec toute bénédiction terrestre apparente, avec le gouvernement de Dieu envers Israël sur la terre, et l’ancienne alliance. Le chap. 14, avant de nous introduire dans cette pleine révélation, nous montre la place que l’on devait prendre dans un monde tel que celui-ci, en vue de la justice distributive de Dieu ou du jugement qu’il exécutera quand il viendra. [14:11] L’élévation de soi-même dans ce monde conduit à l’abaissement, tandis que s’abaisser soi-même, s’anéantir selon ce que l’on est, d’un côté, — et de l’autre, agir en amour, nous procure l’élévation de la part de Celui qui juge moralement. — Vient ensuite la responsabilité découlant de la présentation de la grâce, et ce qu’il en coûte de s’en acquitter dans un monde tel que celui-ci. En un mot, le péché existant ici, s’élever soi-même c’est lui satisfaire, c’est l’égoïsme, c’est aimer le monde où le péché se déploie ; on s’abaisse moralement, et moralement on est loin de Dieu. — L’amour agissant, c’est représenter Dieu aux hommes de ce monde ; — toutefois, c’est en renonçant à tout, que nous devenons ses disciples.
Ch. 14 v. 1-14 —
L’humilité et l’exercice de l’amour conviennent dans ce monde, et la récompense
à notre position future
[14:1] Le Seigneur, invité à manger chez un pharisien, [14:3] y revendique les
droits de la grâce contre le sabbat, le sceau de l’ancienne alliance, [14:5] en
jugeant l’hypocrisie qui savait bien le violer, quand l’intérêt personnel y
était engagé. [14:11] Puis il montre quel esprit d’humilité et de petitesse
convient à l’homme devant Dieu, [14:13-14] et comment cet esprit doit s’unir à
l’amour quand on possède les biens de ce monde. Sans doute, une pareille marche
— qui était réellement celle de Christ — opposée qu’elle est à l’esprit du
monde, nous y ôte notre place : la société n’y paie pas de réciprocité. Mais il
y avait une autre époque de lumière plus excellente que celle qui aurait lui par
la présence d’un Messie terrestre, une époque de lumière dont les rayons
perçaient déjà au travers des ténèbres causées par le rejet du Messie, l’époque
de la résurrection des justes, bannis par le monde de son sein. Quelles que
fussent même les ténèbres qui accompagnaient ce rejet, celui-ci amenait, comme
conséquence nécessaire dans la sagesse de Dieu, cette merveilleuse lumière. Dans
ce déploiement de la puissance de Dieu, ces justes auraient leur place à part :
il y aurait une résurrection des justes, où l’on aurait la récompense de ce que
l’on aurait fait par amour et pour le nom du Seigneur. On comprend la force de
cette allusion à la position dans laquelle se trouvait alors le Seigneur, prêt à
être mis à mort dans ce monde-ci.
Ch. 14 v. 15-33 —
L’entrée dans le royaume est pour tous, en renonçant à tout lien avec la terre
Et le royaume, que deviendrait donc ce qui le concernait dans ce moment-là ? Le
Sauveur en donne le tableau dans la parabole renfermée dans les vers. 16-24.
[14:18-20] Méprisé par les principaux des Juifs [14:16] que Dieu invitait à
participer au grand souper, [14:21] le Seigneur chercherait d’abord les pauvres
du troupeau ; [14:22] mais comme il y avait encore de la place dans sa maison,
[14:23] il enverrait dès lors chercher les gentils, et les introduirait par son
appel puissant et efficace, lorsqu’ils ne le chercheraient pas ; — c’était
l’activité de sa grâce. — [14:24] Les Juifs, comme Juifs, n’y auraient pas de
part. [14:26] Mais il en coûterait à ceux qui voudraient entrer (vers. 28-33) :
il faudrait tout abandonner dans ce monde et rompre tout lien avec lui. Plus une
chose serait près du coeur, plus elle serait dangereuse et plus il fallait la
haïr ; non que les affections soient mauvaises, mais Christ étant rejeté du
monde, tout ce qui lie à la terre devait coûte que coûte être sacrifié pour lui.
[14:27] Il fallait le suivre, savoir haïr sa propre vie et la perdre, plutôt que
de se relâcher ou de tenir compte de quelque chose en marchant à la suite de
Jésus ; [14:33] pour le suivre, il fallait sacrifier tout ce qui tenait à la vie
naturelle, car il s’agissait du salut, du Sauveur et de la vie éternelle. Aussi
charger sa croix et suivre Jésus était le seul moyen d’être son disciple ;
[14:28] et sans la conviction qu’il en était ainsi, on ne devait pas commencer à
bâtir. [14:31] Il fallait voir si, ayant la conscience qu’extérieurement
l’ennemi est beaucoup plus fort que nous, on oserait, comme parti pris et quoi
qu’il en fût, aller à sa rencontre par la foi en Christ ; et il fallait
également rompre avec tout ce qui tenait à la chair comme telle.
Ch. 14 v. 34-35 — Le
témoignage à rendre, conformément à Dieu
[14:34] Au reste (vers. 34, 35), chacun était appelé à rendre un témoignage
particulier et en même temps à porter le caractère de Dieu lui-même, tel qu’il
avait été rejeté en Christ, caractère dont la croix était la vraie mesure.
[14:35] Si les disciples ne réalisaient pas ces choses, ils ne valaient rien,
puisque Dieu ne les laissait ici-bas qu’en vue de cela. L’Église l’a-t-elle
conservé, ce caractère ? Question solennelle pour nous tous !