Chapitre 4
Ch. 4 v. 1-13 — Les tentations au désert
Ch. 4 v. 1-2 — Jésus est tenté comme homme, combattant à part du péché
[3:22] Reconnu Fils de Dieu sur la terre, [4:1] Jésus est mené au désert par le
Saint Esprit, [3:22] par lequel il avait été scellé, [4:2] pour subir la
tentation de l’Ennemi auquel Adam avait succombé. Mais Jésus subit cette
tentation dans les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons — non dans
celles où se trouvait Adam — c’est-à-dire dans toutes les difficultés de la vie
de la foi : il la sentit à part le péché, car il « a été tenté en toutes choses
comme nous, à part le péché » [(Héb. 4:15)]. Remarquez qu’il ne s’agit pas ici
de l’esclavage du péché, mais du combat ; quand il s’agit d’esclavage, il s’agit
de délivrance et non de combat. Israël combattait en Canaan ; il avait été
délivré d’Égypte : il ne s’agissait pas là de combat.
La perfection de
l’homme ici-bas : l’obéissance à Dieu, selon sa Parole
Dans l’évangile de Luc, les tentations sont rapportées d’après leur ordre moral
: [4:3] ainsi d’abord, nous trouvons ce que les besoins du corps exigent ;
[4:6-7] puis le monde ; [4:9-11] enfin la subtilité spirituelle. Dans toutes, le
Seigneur garde la position d’obéissance et de dépendance, en donnant à Dieu et à
ses communications à l’homme — sa Parole — leur vraie place : simple principe
qui nous met à l’abri de toute atteinte ; mais qui, par sa simplicité même, est
la perfection. Cependant souvenons-nous qu’il en est ainsi ; car ce n’est pas de
nous élever à de merveilleuses hauteurs qui est exigé de nous, mais d’appliquer
à l’état humain la règle normale de sa conduite. Il s’agit d’obéir, il s’agit de
la dépendance, de ne rien faire qu’autant que Dieu le veut ; il s’agit de la
confiance en Lui. Cette marche suppose l’existence de la Parole, et que nous
possédons cette Parole pour nous diriger et nous faire connaître la volonté de
Dieu. La Parole est l’expression de la volonté, de la bonté et de l’autorité de
Dieu, applicables à toutes les circonstances de l’homme tel qu’il est : elle
montre que Dieu s’intéresse à tout ce qui concerne l’homme. Pourquoi l’homme
agirait-il de son chef sans regarder à Dieu et à cette Parole ? Hélas ! en
parlant des hommes en général, ils ont une volonté propre : se soumettre et être
sous la dépendance est précisément ce qu’ils ne veulent pas ; ils sont trop
inimitié contre Dieu pour se confier en Lui. C’était donc cette soumission,
c’était l’obéissance, qui distinguaient le Sauveur. Le pouvoir d’opérer un
miracle, Dieu pouvait le conférer à qui il voulait ; mais un homme obéissant,
sans aucun vouloir de faire quoi que ce soit, là où la volonté de Dieu n’était
pas exprimée, un homme qui vivait de la Parole et sous la dépendance complète de
Dieu, ayant cette parfaite confiance qui n’exige aucune autre preuve de la
fidélité de Dieu que sa Parole, et aucun autre moyen de certitude qu’il veuille
intervenir, que la promesse de le faire, un homme qui s’attendait à cette
intervention de Dieu dans le chemin de Sa volonté — voilà ce qui était plus que
du pouvoir. C’était la perfection de l’homme dans la position où l’homme se
trouvait ; c’était l’homme, non pas simplement innocent (car l’innocence n’a pas
besoin de se confier en Dieu à travers les difficultés, les peines, les
questions soulevées par le péché, la connaissance du bien et du mal), mais une
perfection plaçant celui qui était tel à l’abri de toute attaque que Satan lui
livrerait : car que pouvait Satan contre celui qui ne s’écartait pas de la
volonté de Dieu et qui avait dans cette volonté son seul motif d’action ? Or la
puissance de l’Esprit de Dieu était avec celui qui agissait dans cet esprit
d’obéissance.
Dépendance, confiance
en Dieu et obéissance triomphent des attaques de Satan
Ainsi donc la simple obéissance, dirigée par la Parole, se trouve être la seule
arme employée par Jésus. Cette obéissance exige la dépendance de Dieu et la
confiance en Dieu pour l’accomplir. [4:4] Jésus vit de la Parole ; c’est là la
dépendance. [4:12] Il ne veut pas tenter Dieu, c’est-à-dire le mettre à
l’épreuve, pour voir s’il est fidèle ; c’est là la confiance. [4:4] Il agit
quand Dieu veut, fait ce que Dieu veut, et parce qu’il le veut : le reste, il le
laisse à Dieu. C’est là l’obéissance ; et, remarquons-le, non pas l’obéissance
comme soumission à la volonté de Dieu quand il n’y avait point de volonté
opposée, mais quand la volonté de Dieu était le seul motif pour agir. Nous
sommes sanctifiés pour l’obéissance de Christ [(1 Pier. 1:2)]. [4:13] Satan est
vaincu et impuissant devant le second Adam, [4:1] agissant selon la puissance de
l’Esprit dans la place où se trouve l’homme, par les moyens que Dieu a donnés à
l’homme et au milieu des circonstances dans lesquelles Satan exerce sa
puissance. De péché, il n’y en avait pas en Jésus : s’il y en avait eu, c’eût
été succomber et non vaincre : le péché était exclu par l’obéissance. Mais Satan
est vaincu dans les circonstances de tentation au milieu desquelles l’homme se
trouve. [4:3] Les tentations se rapportent aux besoins du corps qui seraient
devenus convoitise si la volonté propre s’y était introduite, [4:4] au lieu de
s’attendre à la volonté de Dieu ; — [4:6] au monde et à toute sa gloire qui, en
tant qu’objet de la convoitise de l’homme, est en effet l’empire de Satan, [4:7]
terrain sur lequel Satan a voulu amener Jésus et s’est montré Satan en le
faisant ; — [4:9] enfin, à l’élévation de soi-même, religieusement, [4:10-11]
par les choses que Dieu nous a données. Voilà les points d’attaque de l’Ennemi ;
mais il n’y avait pas recherche de soi en Jésus.
Nous avons à combattre
l’ennemi vaincu par Jésus, homme parfait
Nous avons donc trouvé dans ce que nous venons de parcourir : [1:35] d’abord,
l’homme né du Saint Esprit, [4:1] rempli du Saint Esprit ici-bas, [3:22]
parfaitement agréable à Dieu et objet de son affection, Fils bien-aimé de Dieu
dans sa position de dépendance ; [4:2] nous l’avons trouvé en second lieu, homme
vainqueur de Satan au milieu des tentations par lesquelles celui-ci a
ordinairement prise sur l’homme. Nous l’avons vu vaincre dans ce combat par la
vertu du Saint Esprit, et pour remporter cette victoire, employer la Parole
comme dépendant et obéissant, et se confier en Dieu dans les circonstances où
nous nous trouvons tous. Dans la première position, Jésus se trouvait avec le
résidu ; et dans la seconde, comme en Gethsémané et sur la croix. Toutefois il
était là pour nous : et acceptés comme Jésus, en un certain sens, nous avons
l’Ennemi à vaincre : mais c’est un ennemi battu auquel nous résistons par la
puissance de l’Esprit qui nous est donné en vertu de la rédemption. Si nous
résistons à l’Ennemi, il s’enfuit, car il a rencontré son vainqueur ; la chair
ne lui résiste pas : — il trouve Christ en nous. La résistance selon la chair ne
conduit pas à la victoire.
Les moyens de notre
victoire sont ceux utilisés par Jésus
Jésus a vaincu et a ensuite pillé les biens de l’homme fort [(Matt. 12:29)] ;
mais dans la tentation, ce qui caractérisait Jésus c’était l’obéissance, c’était
d’avoir la volonté de Dieu pour sienne ; c’était enfin l’emploi de la Parole en
se tenant sous la dépendance de Dieu, toutes choses que le premier Adam avait
abandonnées. C’est ainsi que Jésus a remporté la victoire sur l’Ennemi ; et
après cette victoire, nous aussi, comme serviteurs de Christ, nous remportons
des victoires positives, ou plutôt nous recueillons les fruits de la victoire
déjà remportée en la présence de Dieu.
Ch. 4 v. 14-30 — Le
commencement de l’oeuvre du Seigneur par l’Esprit
Ch. 4 v. 14-15 — Jésus, tel que vu jusque là, accomplit la volonté du Père par
l’Esprit
Le Seigneur a maintenant, pour ainsi dire, pris sa place pour l’oeuvre du second
Adam, de l’homme en qui est l’Esprit sans mesure, Fils de Dieu dans ce monde par
sa naissance. [1:31] Il a pris cette place comme semence de la femme ([1:35]
conçu toutefois par l’Esprit Saint) ; [3:22] il l’a prise comme Fils de Dieu
parfaitement agréable à Dieu dans sa personne en tant qu’homme ici-bas ; [4:13]
il l’a prise comme vainqueur de Satan. [3:22] Reconnu Fils de Dieu et scellé du
Saint Esprit par le Père, [3:21] le ciel étant ouvert sur lui, comme homme,
[3:38] il fait remonter pourtant sa généalogie à Adam. [4:1] Descendant d’Adam,
sans péché, ainsi que rempli du Saint Esprit ([4:4] comme homme obéissant, la
volonté de Dieu étant son seul mobile), [4:13] il vainc Satan ; [4:15] puis il
se met, et cela comme homme, par la puissance du Saint Esprit, à accomplir
l’oeuvre que son Père lui a confiée dans ce monde. [4:14] Il retourne en
Galilée1 par la vertu de l’Esprit, et sa renommée se répand dans tout le pays
d’alentour (vers. 14).
1 [4:1] Remarquez ici que c’est comme oint de l’Esprit Saint, et conduit par Lui, que Jésus va pour être tenté, [4:14] et qu’il revient dans la même puissance. Aucun n’était perdu, et cette puissance se manifestait aussi bien dans le résultat, en apparence négatif, d’avoir vaincu, qu’ensuite, dans la manifestation miraculeuse de cette puissance envers les hommes.
Ch. 4 v. 16-22 —
L’accomplissement en grâce des promesses en Jésus
[4:18] C’est dans ce caractère que Jésus se présente ici : « L’Esprit du
Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux
pauvres ; il m’a envoyé pour publier aux captifs la délivrance… et pour publier
l’an agréable du Seigneur » (vers. 18-19). Là il s’arrête : ce qui suit dans le
prophète et qui a rapport à la délivrance d’Israël par le jugement qui tire
vengeance des ennemis du peuple, est omis par le Seigneur. [4:21] Or Jésus
n’annonce pas des promesses, mais leur accomplissement en grâce par sa propre
présence. [4:22] L’Esprit est sur cet homme plein de grâce ; et le Dieu de grâce,
en Lui, manifeste sa bonté. [4:21] Le temps de la délivrance est là ; le vase de
la faveur de ce Dieu de grâce pour Israël se trouve au milieu de ce peuple.
Christ est la parfaite
manifestation de la grâce envers Israël
L’examen de la prophétie rend ce témoignage cité par le Seigneur d’autant plus
remarquable, que l’Esprit, ayant déclaré le péché du peuple et son jugement dans
les chapitres qui précèdent [(És. 58-59)], ne parle que de grâce et de
bénédiction envers Israël, en introduisant le Christ, l’Oint. Lors même que
c’est la vengeance qui s’exécute, elle est exécutée contre les adversaires du
peuple pour le délivrer : mais ici c’est la grâce dans la personne du Christ.
[4:18] Cet homme, Fils de Dieu, est plein du Saint Esprit pour annoncer la
miséricorde d’un Dieu fidèle à ses promesses, [4:19] pour consoler et relever
les pauvres en esprit et ceux qui ont le coeur brisé : [4:21] la bénédiction
était là qui se présentait devant leurs yeux. Ils ne peuvent la méconnaître ;
[4:22] mais ils ne voient pas le Fils de Dieu, et ils disent : « Celui-ci
n’est-il pas le fils de Joseph ? » (vers 20-22). Voilà toute l’histoire de
Christ : [4:24] il a été la parfaite manifestation de la grâce au milieu
d’Israël, son pays et son peuple ; et ensuite, il a été méconnu : « Aucun
prophète n’est reçu dans son pays » (vers. 24).
Ch. 4 v. 25-30 — Israël
rejette la grâce, pour lui comme pour les autres
[4:24] Mais ce rejet du Seigneur donnait lieu à une grâce qui franchissait les
limites que voulait lui imposer un peuple rebelle : [4:25-26] la femme de
Sarepta [4:27] et Naaman lui servaient de témoins que cette grâce dépassait les
limites d’Israël selon la volonté de Dieu (vers. 25-27). [4:28] Alors la colère
s’empare d’un peuple qui ne veut pas la grâce ; [4:29] incrédules et incapables
de voir la bénédiction qui les avait visités, ils ne veulent pas qu’elle aille
ailleurs. L’orgueil qui les rendait incapables d’apprécier la grâce, ne voulait
pas entendre parler de sa communication à d’autres : alors ils veulent détruire
Jésus ; [4:30] mais Lui poursuit son chemin. Encore une fois, nous trouvons dans
cette scène toute l’histoire de Jésus au milieu du peuple tracée à l’avance.
Ch. 4 v. 31-44 — Le
travail de Jésus en grâce parmi le peuple
[4:31] Jésus poursuit son oeuvre ; et l’Esprit nous raconte les faits et les
guérisons qui caractérisent son ministère sous le rapport de l’efficace de la
grâce et de son extension à d’autres qu’à Israël. [4:36] La puissance était dans
Celui dont la grâce était rejetée. [4:34, 41] Il est reconnu par les démons s’il
ne l’est pas d’Israël : [4:35] d’un seul mot il les chasse. Toute la puissance
de l’Ennemi, les tristes effets extérieurs du péché, disparaissent de devant Lui.
[4:40] Il guérit les malades ; [4:42-43] il guérit, puis se retire malgré les
sollicitations des foules [4:37] qui, à cause de l’effet de ses oeuvres, lui
rendaient un honneur qu’il ne cherchait point. [4:43] Il s’en va travailler
ailleurs dans le témoignage qui lui avait été confié, car il cherche à accomplir
son oeuvre et non à être honoré. [4:44] Il prêche partout au milieu du peuple ;
il chasse l’Ennemi et la souffrance, et annonce la bonté de Dieu aux pauvres (vers.
31-44).