Chapitre 2
Ch. 2 v. 1-7 — La naissance de Jésus dans ce monde
Ch. 2 v. 1 — La domination de la puissance païenne sur le peuple de Dieu pécheur
La scène change ici. [2:1] On sort de ces relations selon la grâce entre Dieu et
Israël, pour être placé de prime abord devant l’empereur païen du monde, le chef
du dernier empire de Daniel, exerçant sa puissance sur la terre d’Emmanuel et
sur le peuple de Dieu, comme si Dieu ne les connaissait pas. [2:7] Cependant
nous assistons à la naissance du Fils de David, d’Emmanuel lui-même ; [2:1] mais
cet événement s’accomplit extérieurement sous la puissance du chef de la Bête,
d’un empire païen. Quel étrange état de choses le péché n’introduit-il pas ?
Toutefois ce qui le fait ressortir ici, c’est la grâce, l’intervention de Dieu.
— Mais d’autres circonstances encore, auxquelles il est bon de faire attention,
se rattachent à la mission de Jésus au milieu de cet état de choses. Lorsqu’il
est question des intérêts et de la gloire de Jésus, toute cette puissance qui
gouverne sans la crainte de Dieu, toute cette puissance qui domine en cherchant
sa propre gloire là où le Christ devait dominer, toute la gloire impériale,
n’est qu’un instrument entre les mains de Dieu pour l’accomplissement de ses
desseins. Pour ce qui est du fait public dont la Parole nous entretient, nous
voyons l’empereur romain exerçant un pouvoir despotique et païen là où aurait dû
être le trône de Dieu, si le péché du peuple n’eût rendu l’établissement de ce
trône impossible dans « la sainte cité ». L’empereur veut que tout le monde se
fasse enregistrer, [2:3] et chacun se rend dans sa ville. La puissance terrestre
se signale par un acte qui montre sa suprématie sur ceux qui (comme le peuple de
Dieu) auraient dû être libres de tout, sauf du gouvernement de leur Dieu, ce qui
d’ailleurs fait leur gloire ; et cet acte par son caractère montre la complète
dégradation et l’assujettissement du peuple : ils sont, à cause de leurs péchés,
esclaves des païens dans leurs corps et dans leurs biens1 ; [2:4] mais cet acte,
d’ailleurs, n’aboutit à autre chose qu’à accomplir l’admirable dessein de Dieu,
qu’à faire naître le Roi libérateur dans le village où, selon le témoignage de
Dieu, sa naissance devait avoir lieu. Et plus que cela, cette divine Personne
qui devait faire éclater la joie et les louanges du ciel, est née au milieu des
hommes, lui-même un enfant dans ce monde.
1 Néhémie 9:36, 37
Ch. 2 v. 2 — Le dessein
de Dieu s’accomplissant par l’autorité du monde
[2:1] L’enregistrement ordonné ici par César Auguste est d’autant plus
remarquable, que, sitôt le dessein de Dieu accompli, [2:2] il n’a pas eu de
suite sur le moment, mais plus tard seulement, sous le gouvernement de
Cyrénius1.
1 Je ne doute nullement que la seule vraie traduction de ce passage ne soit : « Le recensement même n’a eu lieu que lorsque Cyrénius était gouverneur de la Syrie », ou, si l’on veut, « a premièrement eu lieu quand Cyrénius, etc. ». Le Saint Esprit rapporte cette circonstance pour faire voir qu’une fois le dessein de Dieu historiquement accompli, ce n’est que plus tard qu’on a donné suite au décret de l’empereur. Ce passage qui, pour moi, est simple et clair dans son texte, a donné lieu à beaucoup de discussions.
Jésus vient prendre sa
place dans un monde loin de Dieu
[2:1] L’état de choses que nous rencontrons ici en Israël et dans le monde,
c’est donc la suprématie des gentils et l’absence du trône de Dieu. [2:7] Le
Fils de l’homme, le Sauveur, Dieu manifesté en chair, vient y prendre place,
mais une place que la grâce seule avait pu trouver et occuper dans un monde qui
ne le connaît pas.
Ch. 2 v. 7 — Le monde
n’a pas de place pour Dieu
[2:7] Le Fils de Dieu est né dans ce monde, mais il n’y trouve pas de place. Le
monde est chez soi, ou au moins il trouve par ses ressources mondaines une place
dans l’hôtellerie : le Fils de Dieu n’en trouve que dans la crèche. Est-ce pour
rien que le Saint Esprit relève cette circonstance ? Non certes. Dans ce monde
il n’y a pas de place pour Dieu, ni pour ce qui est de Dieu ; mais l’amour qui a
amené Dieu ici-bas en est d’autant plus parfait. Jésus commença sa carrière dans
une crèche et la termina sur la croix ; et, durant sa vie, il n’avait pas un
lieu où reposer sa tête.
Ch. 2 v. 8-14 — La
vision céleste de la naissance de Jésus
La naissance de Jésus, objet de l’attention des anges et des pauvres ici-bas
[2:7] Dans le monde, le Fils de Dieu paraît, enfant participant à toute la
faiblesse et à toutes les circonstances de la vie humaine ainsi manifestée1.
Mais si Dieu entre dans le monde et qu’une crèche le reçoive dans la nature
qu’il a prise en grâce, [2:9] les anges s’occupent de cet événement duquel
dépend le sort de tout l’univers et en qui s’accomplissent tous les conseils de
Dieu : car Dieu se choisit les choses faibles pour anéantir les choses fortes
[(1 Cor. 1:27)]. Ce pauvre petit enfant est l’objet de tous les conseils de
Dieu, le soutien et l’héritier de la création tout entière, le Sauveur de tous
ceux qui hériteront de la vie et de la gloire éternelles. [2:8] De pauvres gens
qui s’acquittaient fidèlement de leur tâche pénible, loin de l’inquiète activité
d’un monde ambitieux et pécheur, [2:11] reçoivent les premières nouvelles de la
présence du Seigneur sur la terre. Le Dieu d’Israël ne cherchait pas les grands
de son peuple, mais avait égard aux pauvres du troupeau [(Zac. 11:11)].
1 C’est-à-dire comme un petit enfant. Il n’a pas paru comme le premier Adam sortant dans sa perfection des mains de Dieu : Il est fils de l’homme, et né de femme, ce qu’Adam n’était pas.
La double action
angélique
Deux choses se présentent ici : [2:10] l’ange qui vient annoncer aux bergers de
Judée [2:11] l’accomplissement des promesses de Dieu à Israël ; [2:13] et le
choeur des anges qui, dans leurs louanges célestes, [2:14] célèbrent la portée
réelle de ce merveilleux événement.
Ch. 2 v. 10-11 —
L’annonce de la bonne nouvelle de la naissance de Christ
[2:11] « Aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le
Christ, le Seigneur », dit le messager céleste aux pauvres bergers qu’il visite.
[2:10] C’était annoncer une bonne nouvelle pour eux et pour tout le peuple.
Ch. 2 v. 14 — La portée
de la naissance de Jésus ici-bas
La grâce manifestée dans cette naissance surabonde là où le péché se montrait
Mais la naissance du Fils de l’homme, Dieu manifesté en chair [(2 Tim. 3:16)],
et l’accomplissement de l’incarnation avaient une portée tout autrement grande.
[2:12] Le fait que ce pauvre petit enfant était là méconnu et abandonné à son
sort, humainement parlant, avait une portée qui, pour les intelligences
célestes, [2:13] pour la foule des armées célestes, dont les louanges
retentissaient lors de la déclaration faite par l’ange aux bergers, se résumait
ainsi : [2:14] « Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts ; et sur la terre, paix
; et bon plaisir [de Dieu] dans les hommes ! ». Ces quelques mots embrassent une
telle étendue de pensées que, dans un travail comme celui-ci, il est difficile
de s’en occuper convenablement : quelques remarques sont cependant nécessaires.
— [2:14] D’abord, il est profondément doux de voir que la pensée de Jésus dont
les anges sont remplis, exclut tout ce qui pouvait oppresser le coeur dans ce
qui a accompagné sa présence sur la terre. [2:12] Le péché était là ; hélas ! il
était manifesté dans la position même où se trouvait cet enfant merveilleux.
Mais si le péché l’avait placé là, la grâce l’y avait placé aussi : la grâce
surabonde [(Rom. 5:20)] ; [2:14] et en pensant à Lui, la bénédiction, la pensée
de Dieu à l’égard du péché, ce que Dieu est, en tant que manifesté en la
personne de Jésus, absorbent l’esprit, possèdent le coeur, et sont pour lui un
soulagement dans un monde comme celui-ci. On ne voit que la grâce ; et le péché
ne fait que rehausser la plénitude, la domination et la perfection de cette
grâce. Dieu, dans ses voies glorieuses, efface le péché à l’égard duquel il agit
et qu’il montre ainsi dans toute sa difformité : mais il y a ce qui surabonde.
Jésus, venu en grâce, remplit le coeur. Il en est de même dans tous les détails
de la vie chrétienne ; et c’est là la vraie source de puissance morale, de
sanctification et de joie.
La manifestation
parfaite de tout ce qu’est Dieu
[2:14] Ensuite, cette présence de Jésus né comme un enfant sur la terre, fait
ressortir d’abord ce qui est exprimé par ces mots : « Gloire à Dieu dans les
lieux très-hauts ! » L’amour de Dieu, sa sagesse, sa puissance qu’il a
manifestés non pas en tirant l’univers du néant, mais en se mettant au-dessus du
mal, et en faisant de l’effet de toute la puissance de l’Ennemi, l’occasion (et
cela par le moyen de la faiblesse même dont Il s’était revêtu) de montrer que
cette puissance n’était qu’impuissance et folie devant ce que l’on peut appeler
la faiblesse de Dieu ; l’accomplissement de ses éternels conseils ; la
perfection de ses voies là où le mal était entré ; la manifestation de Lui-même
au milieu de ce mal de manière à se glorifier devant les anges : toutes ces
choses réunies donnaient lieu à ces louanges. Dieu, en un mot, était manifesté
de telle sorte par la naissance de Jésus, que l’armée des cieux, à laquelle sa
puissance était familière depuis longtemps, pouvait entonner : « Gloire à Dieu
dans les lieux très-hauts ! » Et toute voix se joignait à la célébration de ces
louanges. Quel amour que cet amour ! et Dieu est amour. Quelle pensée purement
divine que celle de Dieu devenu homme ! Quelle suprématie du bien sur le mal !
Quelle sagesse, si Dieu voulait s’approcher du coeur de l’homme ! Quelle
convenance de s’adresser ainsi à l’homme ! Quel maintien de la sainteté de Dieu
! Quelle proximité du coeur de l’homme, quelle participation à ses besoins,
quelle expérience de son état ! Mais par-dessus tout, Dieu au-dessus du mal en
grâce, et visitant dans cette grâce le monde souillé, pour se faire connaître
comme jamais il n’avait été connu.
La paix amenée sur la
terre par la présence de Jésus
[2:14] La présence de Celui qui manifestait Dieu sur la terre, a, en second
lieu, pour effet que la « paix » sera sur la terre. Rejeté, son nom y sera une
occasion de guerre, mais le choeur céleste occupé du fait de sa présence et du
résultat de cette présence, quand elle aura produit tout son effet, et
considérée dans ses propres fruits, en célèbre les conséquences bénies et
bienheureuses. Le mal disparaîtra ; l’introduction de l’amour parfait bannira
toute inimitié : Jésus, puissant en amour, dominera et prêtera le caractère dans
lequel il est venu à toute la scène qui l’entourera, au monde où il venait de
paraître, afin que celui-ci fût selon son coeur qui trouvait dans ce caractère
ses propres délices (voyez Prov. 8:31)1. Voyez, dans des termes plus brefs, Ps.
85:10, 11. Les moyens par lesquels ces bénédictions seront accomplies, savoir la
rédemption, la destruction de la puissance de Satan, la réconciliation de
l’homme avec Dieu par la foi, et celle de toutes choses dans les cieux et sur la
terre, ne sont pas indiqués. Tout dépendait de la présence et de la personne de
Celui qui était né : tout se renfermait en Lui. L’état de bénédiction annoncé
dans le choeur des anges naissait avec la naissance de cet enfant. Offert à la
responsabilité de l’homme, l’homme est incapable d’en profiter ; et la
bénédiction renfermée dans la présence du Seigneur manque tout entière : la
position même de l’homme en est aggravée. Mais pour celui qui s’attachait à la
personne de Jésus, toutes les conséquences bénies de sa présence en découlaient
nécessairement. C’était, après tout, l’intervention de Dieu accomplissant les
conseils de son amour, le propos arrêté de son bon plaisir ; et une fois Jésus
là, la conséquence ne pouvait pas manquer, quelqu’interruption qu’il y eût à son
accomplissement : Jésus en était le garant ; il était venu au monde ; il
contenait et il exprimait dans sa personne toutes ces conséquences. Le Fils de
Dieu au milieu des pécheurs, disait pour l’intelligence spirituelle : « Paix sur
la terre ! »
1 Cette citation nous conduit à une connaissance glorieuse à la fois de ce qui avait lieu alors et de notre bénédiction. L’intérêt spécial de Dieu est dans les fils des hommes ; la sagesse (Christ est la sagesse de Dieu) fait les délices de l’Éternel tous les jours, se réjouissant en la partie habitable de sa terre, avant la création, suivant son dessein, et ses délices dans les fils des hommes. Son incarnation en est la preuve certaine. En Matthieu, nous avons notre Seigneur, lorsqu’il prend sa place avec le résidu, pleinement révélé. C’est dans le Fils, prenant cette place comme homme et étant oint du Saint Esprit, que toute la Trinité est pleinement révélée. C’est une merveilleuse révélation des voies de Dieu.
La grâce de Dieu a
choisi l’homme pour être le centre de ses conseils
[2:14] Cette présence de Jésus sur la terre, a pour troisième effet : « le bon
plaisir1, l’affection de Dieu dans les hommes ». Rien de plus simple : puisque
Jésus était un homme, il n’avait pas pris les anges, mais la semence d’Abraham
[(Héb. 2:16)] ; les hommes étaient les objets de sa grâce infinie. C’était un
témoignage glorieux que l’affection, le bon plaisir de Dieu se concentraient sur
cette pauvre race dans laquelle, tout éloignée qu’elle fût de Lui, il voulait
accomplir tous ses conseils glorieux. En Jean 1, « la vie était la lumière des
hommes » [(v. 4)]. En un mot, c’était la puissance de Dieu présente en grâce
dans la personne du Fils de Dieu, prenant part à la nature et s’intéressant au
sort d’un être qui s’était éloigné de Lui, et faisant de cet être même la sphère
de l’accomplissement de tous ses conseils et de la manifestation de sa grâce et
de sa nature à toutes ses créatures. Quelle position pour l’homme ! car c’est
bien dans l’homme que tout cela s’accomplissait. Tout l’univers devait apprendre
dans l’homme et dans ce que Dieu était pour l’homme, ce que Dieu est en
lui-même, le fruit de tous ses conseils glorieux, ainsi que « son repos »
parfait en sa présence et d’après sa nature d’amour.
1 C’est le même mot lorsqu’il est dit de Christ : « En qui j’ai trouvé mon plaisir » [(Matt. 3:17)]. Il est beau de voir ces êtres célestes célébrer sans arrière-pensée l’élévation d’une autre race à cette place glorieuse, par l’incarnation de la Parole. C’était à la gloire de Dieu, et cela leur suffisait. Combien cela est beau !
Ch. 2 v. 15-20 — La foi
des bergers reçoit la bénédiction annoncée
Voilà ce qu’impliquait la naissance de [2:12] cet enfant dont personne ne tenait
compte, [2:14] mais qui était le sujet naturel et merveilleux des louanges des
saints habitants du ciel, [2:13] de ces multitudes de l’armée céleste auxquelles
Dieu en avait donné la connaissance. [2:15] « Et il arriva, lorsque les anges
s’en furent allés d’avec eux au ciel, que les bergers dirent entre eux : Allons
donc jusqu’à Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée que le Seigneur
nous a fait connaître » (vers. 15). La foi était en exercice dans ces simples
Israélites ; [2:16] elle trouvait sa joie dans la bénédiction qui
s’accomplissait devant leurs yeux, et qui donnait une réalité vivante à cette
grâce que Dieu leur avait faite en leur annonçant la bénédiction elle-même.
[2:17] Ces mots : « la parole qui leur avait été dite », ajoutent leur
témoignage de bonté à tout ce dont nous jouissons en grâce de la part de Dieu.
Ch. 2 v. 21-24 —
L’accomplissement de la loi pour la naissance de Jésus
La loi est encore la règle du peuple d’Israël
[2:21] L’enfant reçoit le nom de Jésus le jour de sa circoncision, selon les
coutumes des Juifs (comp. chap. 1:59), mais selon les conseils et les
révélations de Dieu communiqués par les anges de sa puissance. [2:22] Tout au
reste s’accomplit selon la loi : car historiquement nous nous trouvons toujours
en rapport avec Israël. Celui qui est né de femme « est né sous la loi » (Gal.
4:4).
Le sacrifice offert
démontre la pauvreté dans laquelle Jésus vint
[2:24] La pauvreté des circonstances dans lesquelles Jésus a été placé ici-bas
se montre encore dans le sacrifice offert pour la purification de sa mère.
[2:22] « Et quand les jours de leur purification, selon la loi de Moïse, furent
accomplis, ils le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur (selon
qu’il est écrit dans la loi du Seigneur, que tout mâle qui ouvre la matrice sera
appelé saint au Seigneur), et pour offrir un sacrifice, selon ce qui est
prescrit dans la loi du Seigneur, une paire de tourterelles ou deux jeunes
colombes » (vers. 22-24).
Ch. 2 v. 25-38 — Le
résidu pieux d’Israël reconnaît le Christ
Dieu éclaire le résidu fidèle par son Esprit et manifeste sa bonté envers Israël
Mais un autre point important est ici mis en relief par le Saint Esprit, tout
chétif en apparence que puisse être Celui qui en fournit l’occasion. [2:25]
Jésus est reconnu du résidu pieux d’Israël en tant que le Saint Esprit agit en
celui-ci, [2:35] et il devient une pierre de touche pour toute âme en Israël.
[2:26] L’état de ce résidu enseigné par le Saint Esprit, c’est-à-dire conduit
par la grâce, et qui, ainsi éclairé de la lumière de Dieu, avait pris sa vraie
position, était celui-ci : [2:32] il avait la conscience de la misère et de la
ruine d’Israël, mais s’attendait au Dieu d’Israël et à sa fidélité immanquable
pour la consolation de son peuple ; et Dieu était avec ce résidu. [2:26] Il
avait fait connaître à ceux qui comptaient ainsi sur sa bonté, la venue du
rédempteur d’Israël qui avait été promis et qui devait être l’accomplissement de
cette bonté pour le peuple (vers. 25 et suiv.).
Le résidu se console
par la promesse de la gloire d’Israël, malgré la ruine du peuple
Ainsi, en présence de l’oppression des gentils et de l’iniquité d’un peuple qui
mûrissait dans le mal, le résidu qui compte sur Dieu ne perd pas ce que, dans le
chapitre précédent, nous avons vu appartenir à Israël [(1:68-75)] : [2:32] dans
la misère du peuple, il a pour consolation ce que la promesse et la prophétie
annonçaient pour la gloire d’Israël.
Ch. 2 v. 25-32 — La
joie de Siméon dans la bénédiction liée à la présence de Jésus
[2:26] Le Saint Esprit avait averti Siméon qu’il ne mourrait point avant d’avoir
vu le Christ du Seigneur : voilà sa consolation, et elle était grande ; elle se
renfermait dans la personne de Jésus le Sauveur, sans aller plus loin dans les
détails de la manière ou des temps de l’accomplissement de la délivrance
d’Israël. [2:29] Siméon aimait Israël et s’en allait en paix, puisque Dieu le
bénissait selon les désirs de sa foi. [2:32] La joie de la foi s’arrête au
Seigneur et à son peuple, mais elle voit dans la relation qui existe entre eux,
toute l’étendue de ce qui donne lieu à cette joie. [2:30] Le salut, la
délivrance de Dieu étaient venus en Christ ; [2:32] et la présence de Christ
était pour la révélation des gentils jusqu’alors cachés dans les ténèbres de
l’ignorance sans révélation, et pour la gloire d’Israël, peuple de Dieu. Ce que
le Saint Esprit dit ici par la bouche de Siméon, est l’expression du résultat du
gouvernement de Dieu en Christ, c’est-à-dire du millénium. Mais si l’Esprit
révélait à ce pieux et fidèle serviteur de Dieu l’avenir qui dépendait de la
présence du Fils de Dieu, [2:28] il lui révélait qu’il tenait ce Sauveur
lui-même dans ses bras, [2:29] lui donnant ainsi une paix présente et une telle
conscience de la faveur de Dieu que la mort en avait perdu ses terreurs. Ce
n’était pas une connaissance de l’oeuvre de Jésus qui se rapportait à une
conscience éclairée et convaincue ; mais c’était l’accomplissement des promesses
faites à Israël, la possession du Sauveur et la preuve de la faveur de Dieu, de
sorte que la paix qui en découlait remplissait l’âme de Siméon. Il y avait pour
lui trois choses : [2:26] la prophétie qui annonçait la venue du Christ, [2:28]
la possession du Christ, [2:32] et l’effet de sa présence dans tout le monde.
Nous sommes ici en rapport avec le résidu d’Israël, et par conséquent nous ne
trouvons pas l’Église et les choses célestes proprement dites : [2:34] le rejet
de l’objet de ces témoignages vient après. Ce qui nous est présenté dans cette
portion de l’évangile est tout ce qui appartient au résidu en fait de
bénédiction par la présence de Jésus ; l’oeuvre du Seigneur n’est pas le sujet
dont l’Esprit de Dieu parle dans ces passages.
Ch. 2 v. 34-35 — Les
communications de l’Esprit à Siméon — L’effet de la présentation du Messie à
Israël
[2:26] Quel beau tableau et quel témoignage rendu à cet enfant, dont nous
suivons l’histoire pas à pas, que la manière dont, par la puissance du Saint
Esprit, il remplissait le coeur de ce saint homme sur la fin de sa vie terrestre
! Et remarquez quelles étaient les communications de l’Esprit de Dieu à ce
faible résidu inconnu au milieu des ténèbres qui couvraient le peuple ! Qu’il
est doux en même temps de penser combien de ces âmes, remplies de grâce et de la
communion du Seigneur, ont fleuri dans l’ombre, inconnues de l’homme, mais
connues et chéries de Dieu, de ces âmes qui, quand elles paraissent, sortant
selon sa volonté de leurs retraites pour rendre témoignage à Christ, jouissent
elles-mêmes et nous parlent d’une manière si douce pour nos coeurs, d’une oeuvre
de Dieu qui se fait malgré tout ce dont l’homme s’occupe, et s’accomplit
derrière la scène pénible et pleine d’amertume qui se déploie dans ce monde !
Mais le témoignage de Siméon, ce saint homme de Dieu, était plus que
l’expression des pensées profondément intéressantes qui avaient rempli son coeur,
comme fruit de ce qui se passait entre Dieu et lui. [2:34] Cette connaissance de
Christ et des pensées de Dieu à son égard qui se développe en secret entre Dieu
et l’âme, donne de l’intelligence sur l’effet de la manifestation au monde de
Celui qui est l’objet dont l’âme s’occupe. L’Esprit parle de cet effet par la
bouche de Siméon. [2:32] Précédemment, nous recevions de la même source et par
le même moyen la déclaration du sûr accomplissement des conseils de Dieu dans le
Messie, la joie de son propre coeur ; [2:34] maintenant, c’est l’effet de la
présentation de Jésus comme le Messie à Israël ici-bas qui nous est dépeint.
[2:35] Quelle qu’ait été la puissance de Dieu en Christ dans la bénédiction,
Dieu mettait le coeur de l’homme à l’épreuve. Il serait ainsi, en découvrant les
pensées de plusieurs, [2:34] une occasion de chute pour plusieurs, le moyen de
relever plusieurs de leur état d’abaissement et de dégradation ; [2:35] car il
était lumière en lui-même et les pensées de bien des coeurs seraient d’autant
plus découvertes qu’il a été abaissé dans un monde rempli d’orgueil. Marie même,
toute mère du Messie qu’elle fut, aurait le coeur transpercé d’une épée ; car
son enfant serait rejeté, les relations naturelles du Messie avec le peuple
rompues et méconnues. [2:34] Ainsi la contradiction des pécheurs contre le
Seigneur mettrait à découvert les coeurs, leurs désirs, leurs voeux, leur
ambition, quelles que fussent les formes de la piété.
Christ révèle les
conseils de Dieu et le coeur de l’homme
Tel était le témoignage rendu au Christ en Israël selon l’action de l’Esprit de
Dieu dans le résidu, au milieu de la misère et de l’esclavage du peuple : [2:32]
dans sa personne était renfermé le plein accomplissement des conseils de Dieu
envers Israël [2:31] et envers le monde par Israël, pour la joie du coeur du
fidèle qui avait espéré dans les promesses, [2:34] mais l’épreuve, dans ce
moment-là, de tous les coeurs par un Messie auquel on contredirait. Les conseils
de Dieu et le coeur de l’homme se révélaient en Lui.
Ch. 2 v. 36-38 — Anne
et le résidu fidèle qui attendaient le Messie
[Mal. 3:16] Malachie avait dit que ceux qui craindraient l’Éternel dans le
mauvais temps où l’on tiendrait pour heureux les orgueilleux, s’entretiendraient
souvent ensemble (Mal. 3:15-16) : ce temps était bien arrivé en Israël. Depuis
Malachie jusqu’à la naissance de Jésus, Israël n’avait fait que passer de la
misère à l’orgueil qui, du reste, commençait à poindre déjà du temps du prophète
; mais ce que Malachie disait du résidu : « Ils ont parlé l’un à l’autre »,
s’accomplissait aussi. [2:38] Nous voyons qu’ils se connaissaient mutuellement
dans ce tableau ravissant du peuple de Dieu. « Elle parlait de Lui à tous ceux
qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance » (v. 38). [2:36] Anne paraît ici,
[2:37] cette sainte veuve qui ne quittait pas le temple et qui, consciente de la
misère d’Israël, assiégeait le trône de Dieu avec un coeur de veuve pour une
nation dont Dieu n’était plus le mari, et qui était réellement veuve comme elle.
[2:38] Anne sort pour annoncer à tous ceux qui repassaient ces choses ensemble,
que le Seigneur avait visité son temple. Ils attendaient la délivrance à
Jérusalem, et le Libérateur méconnu des hommes était là. Quel sujet de joie pour
ce pauvre résidu ! Quelle réponse à sa foi !
Ch. 2 v. 39-52 —
L’enfance de Jésus comme homme
La parfaite humanité de Jésus et sa relation avec le Père comme Fils de Dieu
Après tout néanmoins, Jérusalem n’était pas le lieu où Dieu visitait le résidu
de son peuple, mais cette ville était le lieu de l’orgueil de ceux qui disaient
: « le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel… » (Jér. 7:4). [2:39] Joseph
et Marie ayant accompli ce que la loi exigeait, vont prendre leur place et Jésus
la sienne, dans le lieu méprisé dont il devait porter le nom, et dans les
contrées où le résidu méconnu, les pauvres du troupeau, avaient pour la plupart
leur place, et où le témoignage de Dieu avait annoncé l’apparition de la lumière
[(És. 9:1-2)]. [2:40] Là sa vie d’enfant s’écoule dans l’accomplissement
physique et intellectuel de la nature véritablement humaine qu’il avait prise :
simple et précieux témoignage ! [2:46] Mais quand le moment est arrivé pour Lui
de s’entretenir avec les hommes, il n’en a pas moins la conscience de sa
relation avec son Père. [2:52] Cette humanité et sa relation avec le Père se
trouvent réunies dans ce qui est dit à la fin du chapitre. Dans le développement
de son humanité se manifeste le Fils de Dieu sur la terre. [2:33] Joseph et
Marie qui, tout en s’étonnant de tout ce qui lui arrivait, [2:50] ne
connaissaient pas sa gloire d’une manière complète par la foi, [2:48] blâment
l’enfant selon la position dans laquelle il se trouvait personnellement par le
fait, et extérieurement vis-à-vis d’eux (de fait, Joseph n’était pas son père du
tout). [2:51] Or ceci donne lieu à la manifestation d’un autre caractère de
perfection de Jésus. S’il était Fils de Dieu et en avait toute la conscience, il
était homme obéissant, essentiellement et toujours parfait et sans péché ; il
était enfant obéissant, quel que fût d’ailleurs le sentiment d’une relation qui
n’avait en elle-même aucun rapport avec celle de la soumission à des parents
humains ; la conscience de l’une de ces relations ne nuisait pas à sa perfection
dans l’autre : que Jésus fût Fils de Dieu, assurait sa perfection comme homme et
enfant sur la terre.
La relation de Jésus
avec le Père, indépendante de toute autre chose
Mais il y a une autre chose importante à remarquer ici : c’est que cette
perfection ne tenait pas à ce qu’il fût oint du Saint Esprit. Il a accompli son
ministère public d’après la puissance et la perfection de cette onction sans
doute ; [2:49] mais sa relation avec son Père tenait à sa personne même. Le lien
subsistait entre Lui et son Père : il en avait toute la conscience, quel que fût
le moyen ou la forme de sa manifestation publique et de la puissance de son
ministère. Il était tout ce qu’un enfant doit être, mais c’était le Fils de Dieu
qui était tel. Sa relation avec son Père lui était aussi connue [2:51] que son
obéissance à Joseph et à sa mère était belle, convenable et parfaite.
Le commencement du
ministère parfait de Christ
C’est là que nous terminons cette touchante et divine histoire de la naissance
et des premiers jours du divin Sauveur, Fils de l’homme, histoire qui, donnée de
Dieu, porte l’empreinte de la grâce qui nous l’a accordée et qui a été
manifestée dans les faits dont elle parle. Impossible de trouver quelque chose
de plus profondément intéressant. Désormais, c’est dans son ministère, dans sa
vie publique, que nous allons le retrouver, rejeté des hommes, mais
accomplissant les conseils et l’oeuvre de Dieu ; et séparé de tous pour le
faire, selon la puissance du Saint Esprit qui était en Lui sans mesure, et pour
fournir cette carrière à laquelle rien ne peut se comparer : elle est le centre
et le moyen, et le seul possible, comprenant sa mort, son offrande sans tache à
Dieu, de toute relation de nos âmes avec Dieu, la perfection de la manifestation
de sa grâce, et le fondement des seules relations que Dieu puisse maintenant
reconnaître de toutes les créatures avec Lui.