Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-4 — L’origine de l’écriture de l’évangile de Luc
[1:1] Plusieurs avaient entrepris de donner le récit de ce qui était
historiquement reçu au milieu des chrétiens, [1:2] selon que les compagnons du
Seigneur le leur avaient raconté. [1:3] Or Luc ayant suivi ces choses depuis le
commencement et en ayant eu ainsi une exacte connaissance, avait trouvé bon d’en
écrire méthodiquement à Théophile, [1:4] afin que celui-ci eût la certitude des
choses dans lesquelles il avait été instruit. C’est ainsi que Dieu a pourvu à
l’instruction de l’Église tout entière, par la doctrine contenue dans le tableau
de la vie de Jésus que nous devons à cet homme de Dieu, qui, mû personnellement
par des motifs chrétiens, a été dirigé et inspiré par le Saint Esprit pour le
bien de tous les croyants1.
1 L’union des motifs et de l’inspiration que les incrédules ont voulu mettre en contradiction se trouve à chaque page de la Parole ; aussi ces deux choses ne sont-elles incompatibles que dans l’esprit borné de ceux qui ne connaissent pas les voies de Dieu. Dieu ne peut-il donc point donner des motifs et par ces motifs engager un homme à entreprendre une tâche quelconque, et puis le diriger parfaitement et absolument en tout ce qu’il fait ? Eût-ce été même une pensée humaine (ce que je ne crois pas), si Dieu l’approuvait, ne pouvait-il pas veiller sur l’exécution, afin que le résultat fût entièrement selon sa volonté ?
Ch. 1 v. 5-7 — Le cadre
judaïque des événements
[1:5] Au vers. 5, l’évangéliste commence par les premières révélations de
l’Esprit de Dieu relatives à ces événements, événements dont l’état du peuple de
Dieu et l’état du monde dépendaient tout entiers, et dans lesquels Dieu devait
se glorifier pour toute l’éternité.
Le récit nous fait entrer de suite dans l’atmosphère judaïque, au milieu des institutions judaïques : ce sont les ordonnances juives de l’Ancien Testament, les pensées et l’attente qui s’y rattachent qui forment le cadre dans lequel le grand et solennel fait est placé. [1:5] Hérode, roi de Judée, en fournit la date ; et c’est un sacrificateur de l’une des vingt-quatre classes, homme juste et intègre, que nous rencontrons aux premiers pas sur notre chemin. Sa femme était des filles d’Aaron, [1:6] et tous les deux justes devant Dieu, marchant sans reproche dans tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur (Jéhovah). Tout chez eux était en règle devant Dieu selon sa loi, dans le sens judaïque ; [1:7] mais ils ne jouissaient pas de la bénédiction souhaitée par tout Juif : ils n’avaient pas d’enfant. Cependant il était selon les voies, on peut dire, ordinaires de Dieu dans son gouvernement au milieu de son peuple, d’accomplir sa bénédiction en manifestant la faiblesse de l’instrument dont il se servait ; faiblesse qui, d’après les pensées humaines, ôtait dans ce cas-ci tout espoir. Telle avait été l’histoire des Sara [(Gen. 18:11)], des Rebecca [(Gen. 25:21)], des Anne [(1 Sam. 1:5)], et de bien d’autres dont la Parole nous parle pour nous instruire dans les voies de Dieu.
Ch. 1 v. 8-17 —
L’annonce de Jean le Baptiseur, réponse aux prières de Zacharie
L’annonce de la naissance et du ministère de Jean
[1:13] Cette bénédiction, objet des voeux, souvent exposés à Dieu, du pieux
sacrificateur, ne lui avait pas été accordée jusqu’alors : l’exaucement tardait.
[1:8] Mais maintenant lorsque, au moment d’exercer son ministère régulier, [1:9]
Zacharie s’approche pour offrir l’encens qui, selon la loi, devait monter
(figure de l’intercession du Seigneur) comme un parfum devant Dieu, [1:10] et
tandis que le peuple priait en dehors du lieu saint, [1:11] l’ange de l’Éternel
se présente au sacrificateur à la droite de l’autel des parfums (vers. 8 et suiv.).
[1:12] À la vue de ce glorieux personnage, le trouble s’empare de l’esprit de
Zacharie ; [1:13] mais l’ange l’encourage en lui déclarant qu’il porte de bonnes
nouvelles, et en lui faisant connaître l’exaucement de ses voeux, longtemps et
en apparence inutilement présentés à Dieu : « Ne crains pas, Zacharie, parce que
tes supplications ont été exaucées, et ta femme Élisabeth t’enfantera un fils,
et tu appelleras son nom Jean », c’est-à-dire « la faveur de l’Éternel ». [1:14]
« Et il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se
réjouiront de sa naissance », qui sera pour eux un sujet d’actions de grâces.
Mais ce n’est pas seulement comme fils de Zacharie, que cet enfant devait
réjouir les coeurs de plusieurs : l’Éternel le donne à Zacharie, [1:15] et il
sera grand devant le Seigneur ; il sera Nazaréen et rempli du Saint Esprit dès
le ventre de sa mère, [1:16] et aussi il fera retourner le coeur de plusieurs
des enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu. [1:17] Il ira devant sa face dans
l’esprit d’Élie et avec la même puissance, pour rétablir en Israël, dans ses
sources mêmes, l’ordre moral, pour ramener les désobéissants à la pensée des
justes, et pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé.
L’esprit du service de
Jean le Baptiseur, quant aux relations entre Dieu et son peuple
[1:17] « L’esprit d’Élie » était un zèle ferme et ardent pour la gloire de
l’Éternel et pour l’établissement ou le rétablissement, par la repentance, des
relations d’Israël avec Lui. Le coeur de Jean tenait à ce lien du peuple avec
leur Dieu, selon la force et la gloire de ce lien même, mais dans le sentiment
de l’état de décadence du peuple, et conformément aux droits de Dieu qui se
rattachaient à ces relations elles-mêmes. En effet, quoique la grâce de Dieu
envers son peuple eût envoyé Jean, l’esprit d’Élie était un esprit légal en un
certain sens ; il faisait valoir les droits de l’Éternel en jugement. La grâce,
par lui, ouvrait la porte à la repentance ; c’était la grâce, mais non la grâce
souveraine qui apporte le salut même, quoique cependant elle en préparât la
voie. C’est dans la force morale de son appel à la repentance que Jean est ici
comparé à Élie, dans le but de rapprocher Israël de l’Éternel. Or l’Éternel, en
effet, était là quand Jésus a paru.
Ch. 1 v. 18 — Le manque
de foi de Zacharie
[1:18] Mais la foi de Zacharie en Dieu et dans sa bonté n’était pas, cas trop
ordinaire, hélas ! à la hauteur de sa requête ; et quand celle-ci est exaucée à
une époque qui rendait nécessaire une intervention particulière de la puissance
de Dieu, il ne sait pas marcher sur les traces des Abraham et des Anne, et il
demande encore comment la chose peut se faire ?
Ch. 1 v. 19-23 — Le
châtiment de Dieu sur Zacharie
[1:20] La bonté de Dieu fait tourner le manque de foi de son serviteur en un
châtiment instructif pour lui [1:22] et pour le peuple, en une preuve que
Zacharie a été visité d’en haut : [1:20] Zacharie restera muet jusqu’à ce que la
parole de l’Éternel soit accomplie ; [1:22] et les signes qu’il fait au peuple
[1:21] étonné de sa longue station dans le sanctuaire, [1:22] en expliquent la
cause.
Ch. 1 v. 24-25 —
L’accomplissement de la promesse divine et l’attitude pieuse d’Élisabeth
[1:24] Or la parole de Dieu s’accomplit en faveur de Zacharie ; et Élisabeth,
[1:25] reconnaissant la bonne main du Seigneur qui l’avait bénie, [1:24] se
cache avec un tact qui tenait à sa piété. [1:25] La grâce qui la bénissait ne la
rendait pas insensible à ce qui était une honte en Israël, et qui, tout en étant
ôté, laissait aux yeux des hommes des traces de cet opprobre dans les
circonstances surnaturelles mêmes de la bénédiction qui lui était accordée. Il y
avait là une justesse de sentiment convenable à une sainte femme. Mais ce qui se
dérobe justement à l’homme, a toute sa valeur devant Dieu, [1:43] et Élisabeth
est visitée dans sa retraite par la mère du Seigneur.
Ch. 1 v. 26-27 — Les
circonstances préparées de Dieu de l’annonce du Sauveur
Ici la scène change pour introduire le Seigneur lui-même dans cette scène
merveilleuse qui se déroule devant nos yeux. [1:26] Dieu, qui avait tout préparé
d’avance, envoie maintenant annoncer à Marie la naissance du Sauveur. Dans le
lieu que l’homme eût le moins soupçonné, et dont la renommée suffisait aux yeux
du monde pour la condamnation de ceux qui en sortaient [(Jean 1:47)], [1:27] une
jeune fille inconnue à tous ceux que le monde connaissait, était fiancée à un
pauvre charpentier ; Marie était son nom. Or tout était renversé en Israël : le
charpentier était de la maison de David. Mais les promesses de Dieu qui jamais
ne les oublie, et jamais ne méconnaît ceux qui en sont les objets, trouvaient
ici le lieu de leur accomplissement ; la puissance et les affections de Dieu se
dirigent ici selon leur énergie divine. Qu’importait que Nazareth fût grand ou
petit, sinon pour montrer que Dieu ne s’attend pas à l’homme, mais que c’est à
l’homme de s’attendre à Dieu ! [1:26] Gabriel est donc envoyé à Nazareth, [1:27]
« à une vierge, fiancée à un homme dont le nom était Joseph, de la maison de
David » (vers. 27).
Ch. 1 v. 28-38 —
L’annonce de la naissance de Jésus
L’oeuvre de la grâce souveraine de Dieu en Marie
[1:13] Le don de Jean à Zacharie avait été une réponse aux prières de celui-ci —
Dieu était fidèle à sa bonté envers un peuple qui s’attend à Lui. [1:30] Mais
ici, il y a une visitation de la grâce souveraine : Marie, vase d’élection,
avait dans ce but trouvé grâce aux yeux de Dieu ; [1:28] elle était favorisée
par la grâce souveraine et bénie entre les femmes1. [1:31] Elle devait concevoir
et enfanter un fils qu’elle appellerait Jésus. « Et voici, tu concevras dans ton
ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand
et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône
de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y
aura pas de fin à son royaume » (vers. 31-33).
1 Les expressions « eureV carin », tu as trouvé grâce et « kecaritwmenh », favorisée par la grâce, n’ont pas du tout la même signification. [1:30] Personnellement, Marie avait trouvé grâce, de sorte qu’elle ne devait pas craindre ; mais Dieu, dans sa souveraineté, lui avait accordé cette grâce, cette faveur immense d’être la mère du Seigneur ; [1:28] elle était en cela l’objet de la faveur souveraine de Dieu.
Jésus vu comme un
enfant né dans ce monde
[1:31] On remarquera que le sujet placé ici devant nos yeux par le Saint Esprit
est la naissance de l’enfant, tel qu’il serait ici-bas dans ce monde, tel qu’il
serait, enfanté de Marie : Lui qui serait né. L’instruction du Saint Esprit sur
ce point est divisée en deux portions ; [1:31-33] l’une concernant l’enfant qui
naîtra ; [1:35] l’autre relative à la manière de sa conception et à la gloire
qui découlera de son résultat. Ce qui est présenté ici n’est pas la nature
simplement divine de Jésus, la Parole qui était Dieu et qui a été faite chair
[(Jean 1:1, 14)], [1:31] mais ce qui était né de Marie [1:35] et la façon
particulière de cette naissance. Nous savons bien que c’est de ce même précieux
et divin Sauveur proclamé par l’apôtre Jean qu’il est question en Luc ; mais il
est présenté ici sous un autre aspect d’un intérêt infini pour nous, et nous
devons le considérer sous le jour dans lequel le Saint Esprit le montre comme né
de la vierge Marie dans ce monde de larmes. Occupons-nous d’abord des vers.
31-33.
Ch. 1 v. 31-33 — Jésus
venant ici-bas comme homme
Ch. 1 v. 31 — L’enfant Jésus, né vraiment comme un homme
[1:31] Celui qui était annoncé par l’ange était un enfant vraiment conçu dans le
sein de Marie qui l’a enfanté au temps réglé pour la nature humaine par Dieu
lui-même : elle l’a porté jusqu’au terme pour accoucher. Ceci ne nous dit rien
encore du comment : c’est le fait qui est révélé, fait pour nous d’une
importance impossible à exagérer ou à mesurer : Il était réellement et vraiment
homme, né comme nous d’une femme, non pas quant à la source, ni quant à la
manière de sa conception dont nous ne parlons pas encore, mais quant à la
réalité de son existence comme homme ! C’était une personne vraiment et
réellement humaine, redisons-le encore.
Le nom de Jésus,
manifestation de l’Éternel
Mais d’autres choses qui se rattachent à la personne de Celui qui doit naître
sont aussi racontées. [1:31] Son nom sera appelé Jésus, c’est-à-dire, Jéhovah le
Sauveur : il sera manifesté dans ce caractère et avec cette puissance : car il
était réellement celui dont il portait ainsi le nom. [Matt. 1:21] Ceci n’est pas
rattaché au fait « qu’il sauvera son peuple de leurs péchés », comme en
Matthieu, où l’on trouve la manifestation de la puissance de l’Éternel, du Dieu
d’Israël, à ce peuple dans l’accomplissement des promesses à lui faites. [1:31]
Ici nous voyons que Jésus a droit à ce nom ; mais le titre divin reste caché
sous la forme d’un nom personnel ; car Celui que Luc nous présente c’est le Fils
de l’homme, quelle que fût d’ailleurs sa puissance divine.
Ch. 1 v. 32 — Le titre
de Fils du Très-Haut attribué à un homme
[1:32] Ensuite, selon les paroles de l’ange, celui qui naîtrait « serait grand »
; et né dans ce monde, il « serait appelé le Fils du Très-Haut ». Avant que le
monde fût, il était le Fils du Père ; mais né dans ce monde, cet enfant, tel
qu’il serait ici-bas, serait appelé Fils du Très-Haut, titre qu’il démontrerait
avoir le droit de porter, et par ses actes et par tout ce qui manifesterait ce
qu’il était. Pensée précieuse et pleine de gloire pour nous ! un enfant né d’une
femme jouit à juste titre de ce nom, suprêmement glorieux pour quelqu’un qui
avait la position d’un homme et l’était réellement devant Dieu.
La royauté éternelle de
Jésus comme homme sur son peuple
Mais à celui qui naîtrait se rattachent encore d’autres choses : [1:32] Dieu lui
donnera le trône de David, son père. De nouveau, nous le voyons bien ici, il est
considéré comme né homme dans ce monde ; le trône de David, son père, lui
appartient : Dieu le lui donnera. Il est par droit de naissance héritier des
promesses terrestres, qui, quant à la royauté, se concentraient dans la famille
de David : mais ce sera selon les conseils et la puissance de Dieu. [1:33] Il
régnera « sur la maison de Jacob », non seulement sur la Judée et dans la
faiblesse d’une puissance passagère et d’une vie éphémère ; ce sera « à
toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume ». — En effet, ainsi que
Daniel l’avait dit (chap. 2:44), ce royaume « ne sera jamais détruit » et « ne
passera point à un autre peuple » : il sera établi selon les conseils de Dieu
qui ne changent pas, selon sa puissance qui ne fait pas défaut. [1 Cor. 15:24]
Jusqu’à ce qu’il remette le royaume à Dieu le Père, Jésus exercera une royauté
indiscutable que, tout étant accompli, il remettra à Dieu, mais dont la force
royale ne défaudra jamais entre ses mains. [1:33] Tel serait l’enfant qui allait
naître, [1:35] cet enfant véritablement né d’une manière miraculeuse comme
homme. [1:31] Pour celui qui savait comprendre son nom, il était Jéhovah le
Sauveur, [1:33] et il serait roi sur la maison de Jacob selon une puissance qui
ne défaillirait, ni ne manquerait jamais, jusqu’à ce qu’elle se confondît avec
la puissance éternelle de Dieu comme tel.
Ch. 1 v. 34-35 — La
conception miraculeuse de l’enfant Jésus
[1:31] Le grand sujet de la révélation donnée par l’ange à Marie, c’est que
l’enfant serait conçu et né : [1:32-33] ce qui est ajouté encore, c’est la
gloire qui lui appartient étant né. [1:34] Mais c’est la conception que Marie ne
comprend pas ; et Dieu lui permet de demander à l’ange comment elle aurait lieu.
La question de Marie était selon Dieu ; et je ne crois pas qu’ici il y eût
manque de foi. [1:13] Zacharie avait constamment demandé un fils, et il ne
s’agissait que de la puissance et de la bonté de Dieu pour réaliser ses voeux.
[1:18] Amené par la déclaration positive de Dieu au point où il n’y avait plus
qu’à se confier dans une promesse, il ne s’y fie pas, lors même qu’il n’y avait
dans un ordre de choses naturel, qu’à attendre un exercice extraordinaire de la
puissance de Dieu. [1:34] Mais Marie demande avec une sainte confiance, [1:28]
puisque Dieu la favorisait ainsi, [1:34] comment s’accomplirait, en dehors de
l’ordre naturel, la chose qui lui était annoncée : de l’accomplissement elle ne
doute pas1 ; elle demande le comment de ce qui s’accomplira, puisque cela doit
se faire hors de l’ordre de la nature. [1:35] L’ange poursuit sa mission en
communiquant à Marie la réponse de Dieu à cette question qui, dans les voies de
Dieu, a été, grâce à la réponse qu’elle a reçue, une occasion de révéler la
conception miraculeuse de Jésus. Il s’agissait de Sa naissance de la vierge
Marie : c’était de cela que l’ange parlait. Le Seigneur Jésus était Dieu et il
était homme. Cette personne née, et née de la vierge Marie, et qui a marché
ici-bas, était Dieu, et elle est devenue homme. Ce n’est pas cela toutefois qui
nous est spécialement déclaré ici, mais bien la manière de la conception ; ce
n’est pas non plus ce qu’elle était auparavant, mais la conception miraculeuse
de Celui qui est né tel qu’il a été dans ce monde. Selon les paroles de l’ange,
le Saint Esprit viendrait sur Marie et agirait en puissance sur ce vase de
terre, sans la volonté de celui-ci, ni celle d’aucun homme. Dieu est donc la
source de la vie de l’enfant promis à Marie en tant que né dans ce monde, et par
Sa puissance cet enfant est sorti du sein de Marie, de cette femme élue de Dieu
: « La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi la
sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (vers. 35). Saint par sa
naissance, conçu par l’intervention de la puissance de Dieu agissant sur Marie,
puissance qui était le principe divin de son existence ici-bas dans ce monde,
celui qui commencerait ainsi son existence, ce fruit du sein de Marie, aurait
dans ce même sens le titre de Fils de Dieu ; cette sainte chose qui serait née
de Marie serait appelée le Fils de Dieu. Ce n’est pas ici la doctrine de la
relation éternelle du Fils avec le Père : l’évangile de Jean, l’épître aux
Hébreux, celle aux Colossiens constatent cette précieuse vérité et signalent son
importance ; mais ici, c’est ce qui a été né en vertu de la conception
miraculeuse qui est, à ce titre-là, appelé Fils de Dieu.
1 Voyez, au verset 45, ce que dit Élisabeth : « Bienheureuse est celle qui a cru ! »
Ch. 1 v. 36-38 — La
soumission de Marie à la toute-puissance de Dieu
[1:36] Ensuite, l’ange annonce à Marie la bénédiction d’Élisabeth par la
toute-puissance de Dieu ; [1:38] et devant la volonté de son Dieu, Marie
s’incline soumise à Ses desseins, comme vase de leur accomplissement,
reconnaissant dans ces desseins une élévation qui ne lui laissait, à elle, leur
passif instrument, que la place de la soumission à ce que Dieu voulait. C’était
sa gloire par la faveur de son Dieu.
Ch. 1 v. 39-56 — La
visite de Marie à Élisabeth
Ch. 1 v. 39-50 — Le témoignage d’Élisabeth à Christ, et l’humble louange de
Marie envers la grâce divine
Mais il convenait que des merveilles accompagnassent et rendissent un juste
témoignage à cette intervention miraculeuse de Dieu. [1:39] La communication de
l’ange ne reste pas sans fruit dans le coeur de Marie, et dans une visite à
Élisabeth, elle va reconnaître ces voies merveilleuses de Dieu. La piété de la
vierge se montre ici d’une manière touchante. L’intervention miraculeuse de Dieu
l’a rendue humble au lieu de l’élever : elle a vu Dieu et non pas elle-même dans
ce qui est arrivé ; et bien plus, la grandeur de ces merveilles a amené Dieu
assez près d’elle pour la cacher à elle-même. [1:38] Elle se courbe devant sa
sainte volonté : mais dans tout ceci, Dieu est trop proche de son coeur pour
qu’elle s’y voie comme quelque chose d’important. [1:40] La visite de la mère du
Seigneur d’Élisabeth à cette dernière était toute naturelle, [1:36] car Dieu
avait visité la femme de Zacharie (l’ange le lui avait annoncé), et elle
s’intéressait aux choses de Dieu, parce que Dieu était près de son coeur par la
grâce qui l’avait visitée. [1:41] Conduite par le Saint Esprit dans son coeur et
dans ses affections, Élisabeth, parlant par cet Esprit, [1:42] reconnaît la
gloire qui se rattachait à Marie en vertu de la faveur de Dieu [1:43] qui
l’avait élue pour être la mère de son Seigneur. [1:45] Sous l’influence de la
même inspiration, elle reconnaît aussi la foi pieuse de Marie et lui annonce
l’accomplissement de la promesse que Dieu lui avait faite. Tout ce qui se passe
est un témoignage éclatant rendu à Celui qui devait naître au milieu d’Israël et
des hommes. — [1:46] Alors le coeur de Marie s’épanche en actions de grâce.
[1:47] Elle reconnaît Dieu son Sauveur dans la grâce qui l’a remplie de joie,
[1:48] et sa propre petitesse, figure de l’état du résidu d’Israël, [1:49]
petitesse qui servait d’occasion à la grandeur de Dieu pour intervenir avec un
plein témoignage que tout était de Lui. Quelle que fût la piété convenable à un
instrument qu’il employait, piété qui se trouvait en effet chez Marie, celle-ci
n’était grande qu’en tant qu’elle se cachait, car alors Dieu était tout, et
c’était par elle qu’il intervenait pour la manifestation de ses voies
merveilleuses. [1:48] En faisant quelque chose d’elle-même, elle perdait sa
place : mais elle n’a rien fait ainsi. Dieu l’a gardée par sa grâce, afin que Sa
gloire fût pleinement déployée dans l’événement divin. Et Marie reconnaît cette
grâce, et en même temps que tout est grâce envers elle.
Ch. 1 v. 51-55 — Marie
célèbre l’intervention de Dieu envers Israël
Le caractère et l’application des pensées qui remplissent le coeur de Marie,
sont tout judaïques. On peut rapprocher du cantique qui nous les fait connaître,
le cantique d’Anne (1 Samuel 2) qui célèbre prophétiquement cette même
intervention divine (voyez les vers. 44-45). [1:55] Mais Marie, il faut le
remarquer, remonte aux promesses faites aux pères, non pas à Moïse, [1:54] et
elle embrasse tout Israël. [1:52-53] On voit dans ses paroles la force de Dieu
qui s’accomplit dans l’infirmité [(2 Cor. 12:9)] quand il n’y a plus de
ressource et que tout est contraire. C’est le moment qui convient à Dieu ; et
pour cela, il lui faut des instruments qui soient nuls, afin que Lui soit tout.
L’expression de la foi
personnelle de Marie dans son cantique
Il n’est pas dit, chose à remarquer aussi, que Marie fût remplie du Saint Esprit
; et il me semble que c’est une distinction honorable pour elle. [1:41] Le Saint
Esprit visitait Élisabeth et Zacharie d’une manière exceptionnelle ; mais
quoique l’on ne puisse douter que Marie ne fût sous l’influence de l’Esprit de
Dieu, la réponse de celle-ci était un effet plus intérieur de l’action de cet
Esprit et se rattachait davantage à sa propre foi, à sa piété, et aux relations
habituelles de son coeur avec Dieu, formées par cette foi et cette piété. Marie
s’exprimait par conséquent en termes qui étaient davantage la voix de ses
propres sentiments. [1:48] Elle rendait grâces pour la bonté et la faveur dont
elle était l’objet, elle de si basse condition, [1:54] et cela en relation avec
les espérances et la bénédiction d’Israël. Dans tout ceci, il y a, ce me semble,
une convenance très frappante avec la grâce merveilleuse qui avait été faite à
Marie. Je le répète, Marie est grande en tant qu’elle n’est rien ; [1:28] mais
étant favorisée de Dieu d’une manière sans pareille, [1:48] tous les âges la
diront bienheureuse. Mais dans le cantique qui nous occupe, sa piété et ce qui
l’exprime ayant un caractère plus personnel, étant une réponse à Dieu plutôt
qu’une révélation de sa part, Marie se borne clairement à ce qui, pour elle,
devait être la sphère de cette piété, savoir Israël, les espérances de ce peuple
et les promesses à lui faites. Elle atteint, nous l’avons vu, au point de vue le
plus élevé des relations de Dieu avec Israël ; mais elle ne le dépasse pas.
La communion de coeurs
pieux, à l’écart du monde, avec Dieu
[1:56] Marie reste trois mois auprès d’Élisabeth, de la femme bénie de Dieu, de
la mère de celui qui sera la voix de Dieu dans le désert [(3:4)] ; puis elle se
retire pour suivre humblement sa propre voie, afin que celles de Dieu
s’accomplissent. Rien de plus beau dans son genre que ce tableau des entretiens
de ces femmes pieuses, inconnues au monde, mais instruments de la grâce de Dieu
pour accomplir ses desseins glorieux, infinis dans leurs conséquences. Elles se
cachent et se meuvent dans une scène où rien n’entre que la piété et la grâce :
mais Dieu est là, pas plus connu du monde que ces pauvres femmes qu’il ignorait,
mais préparant et accomplissant ce que les anges désirent sonder jusqu’au fond
[(1 Pier. 1:12)]. Cela se passe dans l’ombre, loin d’un monde qui ne connaît pas
Dieu ; mais les coeurs des pieuses femmes, visités de Dieu et touchés par sa
grâce, répondaient par leur piété mutuelle à ces visites merveilleuses d’en haut
; et la grâce de Dieu se reflétait d’une manière vraie dans le calme du coeur de
Marie qui reconnaissait Sa main et Sa grandeur en se confiant en Sa bonté et en
se soumettant à Sa volonté. C’est une grâce pour nous d’être admis là d’où le
monde a été exclu par son incrédulité et son éloignement de Dieu, et où Dieu a
agi de la sorte.
Ch. 1 v. 57-80 — La
naissance de Jean le baptiseur
La manifestation de Dieu à son peuple annoncée par la naissance de Jean
Mais ce que la piété reconnaît en secret par la foi, dans les visitations de
Dieu, doit enfin se publier et s’accomplir à la face des hommes. [1:57] Le fils
de Zacharie et d’Élisabeth est né, [1:64] et son père, obéissant à la parole de
l’ange, cesse d’être muet (vers. 57 et suiv.) ; [1:69] il annonce la venue du
rejeton de David, de la corne du salut d’Israël dans la maison du roi élu,
[1:72-73] pour accomplir toutes les promesses faites aux pères [1:70] et toutes
les prophéties par lesquelles [1:71] Dieu avait annoncé la bénédiction future de
son peuple. [1:76] L’enfant que Dieu a donné à Zacharie et à Élisabeth ira
devant la face de l’Éternel pour lui préparer le chemin ; [1:78] car le Fils de
David est « l’Éternel qui vient », selon les promesses et la parole par laquelle
Dieu avait annoncé la manifestation de sa gloire.
La promesse du bonheur
pour Israël accomplie par Jésus présent ici-bas
[1:78] La visitation d’Israël par l’Éternel, célébrée par la bouche de Zacharie,
embrasse tout le bonheur du millénium. Ce bonheur se rattache à la présence sur
la terre de Jésus, l’apportant dans sa personne qui en fait le centre et la
sûreté. Toutes les promesses sont oui et amen en Lui ; toutes les prophéties
l’entourent de la gloire qui se réalisera à cette époque (dans le millénium), et
font de Lui la source même d’où elle jaillit. Abraham trouvait sa joie à voir la
journée glorieuse du Christ [(Jean 8:56)]. — C’est ce que fait toujours le Saint
Esprit quand il s’agit de l’accomplissement de la promesse en puissance : il
s’avance jusqu’au plein effet que Dieu opère à la fin. La différence ici est que
ce ne sont plus des joies annoncées pour un avenir lointain, quand il y aurait
eu pour cela un Christ ou un enfant à naître, pour introduire ces jours de
réjouissance, en des temps encore obscurs à cause de leur éloignement : le
Christ est là, à la porte, et c’est l’effet de sa présence qui est célébré. Nous
savons que, puisqu’il a été rejeté et qu’il est maintenant absent,
l’accomplissement de ces choses est nécessairement renvoyé à son retour ; mais
sa présence amènera cet accomplissement qui est annoncé comme rattaché à cette
présence.
Le chapitre 1 se limite
aux relations entre Dieu et Israël, par la foi
On observera que ce premier chapitre se renferme dans les strictes limites des
promesses faites à Israël, c’est-à-dire aux pères. [1:8] Nous y trouvons les
sacrificateurs, [1:32] le Messie, [1:17] le précurseur de celui-ci, [1:55] les
promesses faites à Abraham, [1:72-73] l’alliance de la promesse et le serment de
Dieu. Ce n’est pas la loi ; mais l’espérance d’Israël, fondée sur la promesse,
l’alliance et le serment de Dieu, et confirmée par les prophètes, qui trouve sa
réalisation dans la naissance de Jésus, du Fils de David. Ce n’est pas la loi,
je le répète, mais Israël sous la bénédiction, non encore accomplie, sans doute,
mais dans les relations de la foi avec Dieu qui devait l’accomplir. Il ne s’agit
que de Dieu et d’Israël, de ce qui s’était passé en grâce entre Lui et son
peuple seul.