Introduction
Luc présente la puissance de Dieu en grâce envers l’homme
Le Sauveur nous est présenté dans Luc sous le caractère de Fils de l’homme
déployant la puissance de l’Éternel en grâce au milieu des hommes. C’est
pourquoi cet évangile fait davantage mention de l’action présente de la grâce et
de ses effets, et rapporte même la prophétie au temps présent. Elle ne le
remplace pas, comme en Matthieu, par d’autres dispensations, mais le remplit de
la grâce céleste qui sauve. Au commencement, sans doute (et précisément, parce
qu’Il devait être révélé comme homme et en grâce envers les hommes), nous le
voyons, dans une espèce de préface, dans laquelle nous avons un tableau exquis
du résidu pieux, présenté à Israël auquel il avait été promis et en relation
avec lequel, selon la chair, il s’est placé par sa naissance dans ce monde. Mais
ensuite, cet évangile nous présente des principes moraux qui s’appliquent à
l’homme quel qu’il soit, tout en manifestant pour le moment au milieu du peuple
et de diverses manières cette puissance de Dieu en grâce dans son application
aux besoins des hommes.
Plan et détails de
l’évangile de Luc — Les relations de l’homme avec Dieu en Jésus
Après la transfiguration qui est rapportée dans Luc plus tôt1 que dans les
autres évangiles [(9:29)], nous trouvons le jugement de ceux qui ont rejeté
Jésus, et le caractère céleste de la grâce qui, puisqu’elle est grâce, s’adresse
aux nations, aux pécheurs, sans avoir égard particulièrement aux Juifs,
renversant les principes légaux par lesquels ceux-ci prétendaient être en
relation avec Dieu, et quant à leur position extérieure, y avaient été appelés à
l’origine en Sinaï. Les promesses inconditionnelles faites à Abraham, etc., et
leur confirmation prophétique, sont un autre sujet. Elles seront accomplies en
grâce et devaient jusque-là être saisies par la foi. [chap. 21] Ce qui devait
arriver à ce peuple selon le juste gouvernement de Dieu, nous est annoncé
ensuite ; [chap. 22-24] et à la fin, nous trouvons le récit de la mort et de la
résurrection du Sauveur, événements qui accomplissent la rédemption. Il est à
remarquer que Luc qui, sous le rapport moral, met de côté le système judaïque
pour établir les relations de l’homme avec Dieu sur la base de la révélation de
Dieu lui-même, donne beaucoup plus de développements que les autres évangélistes
à son récit des faits qui tiennent aux relations de Jésus avec les Juifs. C’est
lui qui introduit le Fils de l’homme comme l’homme devant Dieu selon le coeur de
Dieu, en le faisant voir comme rempli de toute la plénitude de Dieu demeurant en
lui corporellement [(Col. 2:9)]. L’homme devant Dieu selon le coeur de Dieu,
Jésus, est Médiateur entre l’homme et Dieu, et centre d’une sphère morale
beaucoup plus vaste que celle du Messie au milieu des Juifs : et c’est
essentiellement de ces nouvelles relations (vraiment anciennes dans les conseils
de Dieu) que Luc s’occupe. Cependant nous trouverons dans les premiers chapitres
de son évangile beaucoup plus de détails qu’ailleurs à l’égard de l’entrée de
Jésus au milieu des Juifs (représentés par le pieux résidu de ce peuple),
lorsqu’Il a été fait chair, ainsi que sur les faits qui se sont succédés à cette
époque, faits propres à servir pour ce peuple de preuves de la mission de Jésus
en entrant dans ce monde, à attirer son attention et à la fixer sur l’enfant qui
leur était né.
1 C’est-à-dire, quant au contenu de cet évangile. Le récit du dernier voyage du Seigneur se rendant à Jérusalem commence au chap. 9 et continue jusqu’au chap. 18. Au vers. 31 de ce chapitre est mentionné le fait qu’il monte à Jérusalem, et dès lors l’évangéliste donne surtout une série d’instructions d’une portée morale et montre les voies de Dieu en grâce qui vont être introduites. Au vers. 35 du chap. 18, nous trouvons l’aveugle de Jéricho déjà mentionné comme formant le début de la dernière visite du Seigneur à Jérusalem.
Luc présente la
personne même de Jésus, ce qu’il est
Il faut ajouter que ce qui caractérise le récit de Luc, et donne son intérêt
particulier à cet évangile, c’est qu’il nous présente ce que Christ est, —
Lui-même ; et non pas sa gloire officielle ou une position relative prise par
Lui, ni la révélation de sa nature divine en elle-même, non plus que sa mission
comme le grand Prophète. C’est Lui tel qu’il était, homme sur la terre ; la
personne que j’aurais rencontrée chaque jour si, en ce temps-là, j’eusse vécu en
Judée ou en Galilée.
Remarque sur la manière
dont Luc expose les faits
J’ajouterai une remarque concernant le style de Luc, qui pourra faciliter au
lecteur l’étude de cet évangile. Il condense souvent une quantité de faits dans
un court récit général, et développe ensuite un fait isolé, où sont exposés des
principes moraux et la grâce.
John Nelson Darby