Chapitre 15
Ch. 15 v. 1-9 — Abandon du peuple par l’Éternel, même s’il y avait des
conducteurs fidèles
Le commencement du chapitre 15 répond à la fin du chapitre 14 ; mais le premier
renferme un enseignement remarquable et des principes très instructifs. [15:1]
L’Éternel déclare que si Moïse et Samuel, dont l’amour et la foi en intercession
pour Israël, n’avaient point été égalés entre tous les serviteurs de Dieu qui
s’étaient tenus devant Lui pour le peuple, si ces deux conducteurs bien-aimés
étaient présents, néanmoins Dieu ne pourrait pas tenir le peuple pour agréable.
[15:5] Qui aurait pitié de lui ? [15:6] L’Éternel lui-même l’abandonnerait.
Depuis le verset 10, nous trouvons la vraie position du résidu dans un pareil
cas, instruction des plus touchantes pour nous-mêmes.
Ch. 15 v. 10-16 —
Jérémie représente le résidu séparé, portant la douleur du peuple
[15:10] Jérémie se plaint de son sort, au milieu d’un peuple dont la peine était
un poids pour son cœur, et dont la haine en même temps s’acharnait sur lui sans
cause. On voit, versets 11-14, qu’il représentait le peuple aux yeux de Dieu,
mais en même temps que le résidu fidèle est séparé de la masse des méchants.
Depuis le verset 15, le résidu se présente à Dieu comme étant ainsi séparé,
[15:18] et comme portant en même temps la douleur de la plaie du peuple, [15:15]
en même temps qu’il demande le jugement des méchants adversaires de la vérité.
[15:19] En réponse, il reçoit des directions précises sur la marche qui convient
au fidèle dans une semblable position. [15:16] La parole mangée, digérée dans le
cœur est la puissance qui détermine cette marche, v. 15.
Ch. 15 v. 17-18 — La
Parole fait juger l’état du peuple de Dieu et en sentir les conséquences
[15:17] Au lieu de l’associer à l’esprit des ennemis et des moqueurs, qui
trouvaient dans l’état abominable et hypocrite de ceux qui portaient le nom de
peuple de Dieu le sujet de leurs moqueries, l’effet de la Parole dans le cœur
était sans doute de l’éloigner de cet état du peuple, mais aussi par l’amour
qu’il lui portait de l’isoler comme s’il était lui-même sous l’indignation de
Dieu, comme s’il était lui-même le peuple. La Parole qui révélait les relations
de Dieu et du peuple, et montrait au peuple ses privilèges et ses devoirs,
forçait le prophète à juger l’état du peuple, et à en sentir toutes les
conséquences, dans la conscience du jugement de l’Éternel, jugement terrible
pour son cœur, dans la mesure dans laquelle il réalisait le lien étroit
d’affection et de bénédiction qui attachait Dieu à son peuple dans son état
normal et qui caractérisait cet état. « Tu m’as rempli d’indignation », est le
langage du prophète (v. 17, 18).
Ch. 15 v. 19-21 —
Instruction de Dieu au fidèle par rapport à l’état du peuple
Ch. 15 v. 19 — Porte laissée ouverte pour que l’homme revienne à Dieu
Dans les versets 19-21, les instructions précises de Dieu sont données à l’égard
de cet état. Dieu s’adresse aussi à Jérémie, comme s’il était ce peuple qu’il
représentait ainsi en esprit devant Lui, et en même temps selon sa foi
individuelle. [15:19] Il dit premièrement : « Si tu te retournes, si tu reviens
vers moi, je te ramènerai, et tu te tiendras devant moi ». Cette porte ouverte
jusqu’à ce que les hommes la ferment, est toujours dans les voies de Dieu,
quoiqu’il sache bien que l’homme ne voudra pas en profiter.
Ch. 15 v. 19 — Le
fidèle doit savoir tenir compte de ce qui est bon, comme Dieu fait
Affection sur ce qui est de Dieu, au milieu même de la ruine
Est-ce tout, pendant que le mot de « aujourd’hui » (Ps. 95 [v. 7]) est prononcé
et que la porte est ouverte, que d’inviter le peuple rebelle à revenir ? Non ;
il y a autre chose à faire pour le fidèle. [15:19] « Si tu sépares ce qui est
précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche ». Voilà au milieu de la
ruine amenée par la rébellion du peuple de Dieu, l’œuvre bien particulière du
fidèle pénétré de la Parole. Les pensées de son âme étant la reproduction de
cette Parole et des affections de Dieu qui s’y révèlent, peut-il rejeter le
peuple en masse comme méchant ? Cela ne saurait être. Peut-il l’accepter dans
son état de rébellion, d’autant plus coupable qu’il appartient à Dieu ? Non
plus. Il doit savoir faire ce que Dieu fait, tenir compte de tout ce qui est
bon, et si c’est trop tard pour tout conserver, ne jamais condamner ce qui est
de Dieu. Son œil pénétrant ne perd jamais de vue ce qui est de Lui. Les
affections du prophète s’y portent aussi.
Dieu sépare le bien du
mal, et le fidèle a à agir de même
Mais Dieu est Celui qui pense d’après ses pensées, et qui sait agir d’après sa
volonté, qui s’attache à ce qui est précieux, le reconnaît et le sépare de ce
qui est méprisable. Ce n’est pas précisément le jugement de Dieu à l’égard du
mal ; mais lorsque le mal rend le jugement imminent, l’énergie de l’Esprit et la
force de la Parole nous conduisent à nous attacher au bien, à le discerner, à le
séparer du mal, avant que le jugement survienne. Satan, s’il le peut, confondra
le bien et le mal ; si on sait les séparer, on sera comme la bouche de Dieu.
Dieu les séparera en jugement, en frappant le mal. Chez le fidèle, l’Esprit de
Dieu le fait, en séparant ce qui est précieux de ce qui est méprisable.
Ch. 15 v. 19-20 — Tenir
ferme contre les rebelles, avec l’aide de l’Éternel
[15:19] Il y a un troisième principe ; c’est qu’une fois séparé de la marche des
rebelles par l’intelligence spirituelle, on ne doit pas penser un seul instant à
retourner vers eux. « Qu’ils reviennent vers toi ; mais toi ne retourne pas vers
eux ». [15:20] Enfin, dans cette position, le fidèle est, de la part de Dieu,
comme une muraille d’airain. Il a contre lui les rebelles qui se vantent du nom
de peuple de Dieu ; mais ceux-ci ne prévaudront point, car l’Éternel est avec
lui. Sa délivrance est promise à Jérémie.
Principes selon Dieu
pour nous dans les temps semblables
Mais cette promesse, dont l’application immédiate concerne le prophète, contient
une instruction des plus précieuses pour nous, eu égard au principe qu’elle
renferme pour nous diriger dans des temps pareils : il faut de la patience, mais
le chemin est clairement tracé. La porte est toujours ouverte de la part de
Dieu. [15:19] La séparation du précieux d’avec ce qui est méprisable nous rend
comme la bouche de Dieu. Refus absolu de retourner vers les infidèles. Tels sont
les principes que Dieu pose ici. La Parole reçue dans le cœur en est la source.
Mais en même temps ces principes sont bien loin d’avoir pour effet le mépris du
peuple déchu. Au contraire, le cœur du fidèle prend sur lui toute la douleur de
la position dans laquelle se trouve le peuple de Dieu, ou de ce qui en tient
publiquement la place.