Chapitres 11 et 12
Chapitres 11 et 12 — Jérémie comme résidu intercédant au milieu du jugement d’un
peuple infidèle]
Quelques remarques se présentent à l’occasion du chapitre 11. Dieu traite encore
Israël sur le pied de la responsabilité, [11:4] lui rappelant l’invitation à lui
obéir qui lui avait été adressée depuis sa sortie d’Égypte. [11:11] Il va faire
venir sur le peuple le mal dont il l’a menacé. [11:14] Il ne veut pas que
Jérémie intercède. [11:15] Il nomme cependant encore Israël sa bien-aimée. Mais
corrompue maintenant, qu’a-t-elle à faire dans sa maison ? [11:17] Quelle
qu’elle ait pu être pour Lui, le jugement allait venir. À la fin du chapitre,
Jérémie se présente dans la position du résidu fidèle ayant le témoignage de
Dieu. Sa position rappelle constamment celle de Christ dans les Psaumes.
L’Esprit de Christ évidemment s’exprime fréquemment par sa bouche, mais à mon
sens, dans des termes quelquefois plus relatifs aux circonstances personnelles
de Jérémie, et par là même, moins profonds et moins rapprochés des sentiments de
Christ, quoique l’intention soit la même, que dans les Psaumes. [11:19] Jérémie,
à cause de sa fidélité et de son témoignage, était en butte aux machinations des
méchants. [11:18] Le Seigneur lui révèle ces choses, et selon la justice qui
caractérise l’état du résidu, [11:20] Jérémie réclame la vengeance de Dieu1 ;
c’était le moyen de délivrer le résidu. [11:22] Il annonce le jugement de ces
hommes méchants par la parole de l’Éternel. Dans le Psaume 83, on trouve les
mêmes principes et la même méchanceté des ennemis de Dieu, seulement ces ennemis
sont des gentils, et la sphère des pensées est plus étendue : toutefois, Israël
et la connaissance de l’Éternel sont le but de la prière qui y est contenue
(comp. aussi ch. 9 et Ps. 65). Dans Jérémie, l’intercession occupe plus de
place. Le Psaume parle de jugement (comp. aussi Ps. 69:6, 7 et Jér. 15:15). Les
paroles du Psaume sortant de la bouche même de Christ, la demande concerne
d’autres, et est infiniment plus touchante. Le rapprochement de ces passages
aidera à faire saisir le rapport entre la position de Jérémie et celle du résidu
dépeinte dans le Psaume. On peut comparer aussi le Psaume 73 et le commencement
du chapitre 12. Ce dernier chapitre fait partie de la même prophétie que le
précédent. Jérémie plaide avec Dieu au sujet de ses jugements, mais d’une
manière humble et soumise, que Dieu accueille en lui faisant sentir (pénible
nécessité) plus profondément le mal dans lequel était plongé le peuple. Mais
soutenant aussi la foi du prophète par l’intérêt personnel qu’il lui témoigne,
[12:7] Dieu lui fait comprendre qu’il avait abandonné son héritage. C’est
pourquoi, il ne fallait pas s’étonner si les choses allaient ainsi. [12:15] En
même temps, il révèle ses intentions de bénédiction à l’égard de son peuple
[12:16] et même des nations2 parmi lesquelles il serait dispersé, si elles
apprenaient les voies de l’Éternel.
1 La justice, aussi bien que l’amour, caractérise le saint, et a sa place là où il y a des adversaires de cet amour et de la bénédiction du peuple bien-aimé. Il ne s’agit pas de l’évangile, des voies présentes de Dieu en grâce souveraine, mais de l’esprit prophétique en rapport avec le gouvernement de Dieu. C’est pourquoi, dans l’Apocalypse, les saints réclament la vengeance.
2 On voit en même temps l’amour immanquable de Dieu pour son peuple, et le lien de sa fidélité qui ne saurait être brisé. Il appelle les nations qui environnaient le pays qu’il avait donné à son peuple, Ses voisins [(12:14)]. On voit aussi le rejet de tout ce système de nations dont Israël était le centre de la part de Dieu, et qui succombe lorsque Israël qui en était la clef de voûte est ôté, verset 14. [12:15-16] Puis ces nations seront rétablies ainsi qu’Israël et bénies, à condition qu’elles reconnaissent le Dieu d’Israël, l’Éternel. Christ réunira les deux systèmes : celui d’avoir des nations autour d’Israël comme centre et celui de la suprématie individuelle du Roi des rois dans sa personne. Il sera l’homme seul à qui tout l’empire est confié, et Israël sera rétabli, ainsi que les diverses nations avec leurs rois, chacune en son pays et dans son lieu, comme avant Nebucadnetsar, excepté Édom, Damas, Hatsor, et Babylone elle-même, c’est-à-dire les nations qui sont sur le territoire d’Israël. Babylone qui a absorbé et remplacé toutes les autres, doit disparaître par le jugement de Dieu, pour leur faire place de nouveau (comp. chapitre 46 et suivants).