Chapitre 5
Les deux classes en Israël sont nettement dessinées ici, en contraste l’une avec l’autre ; après quoi l’apôtre parle de la marche que doit suivre le chrétien, lorsqu’il est châtié par le Seigneur.

Ch. 5 v. 1-11 — L’attente de la venue du Seigneur
La patience jusqu’à la venue prochaine du Seigneur, terme pour tous
[5:7] La venue du Seigneur est présentée comme le terme de leur situation, [5:4] pour les riches oppresseurs incrédules en Israël, aussi bien que pour le pauvre résidu croyant. [5:3] Les riches ont amassé des trésors pour les derniers jours ; [5:7] les pauvres opprimés par ceux-là doivent avoir patience jusqu’à ce que le Seigneur lui-même vienne les délivrer. [5:8] De plus, dit l’apôtre, la délivrance ne tardera pas. [5:7] Le laboureur attend la pluie et le temps de la récolte ; le chrétien, l’arrivée de son Maître. [5:10] Cette patience, nous l’avons déjà fait remarquer, caractérise la marche de la foi : on l’a vue dans les prophètes ; [5:11] et, dans le cas d’autres, nous tenons pour heureux ceux qui endurent des afflictions pour le nom du Seigneur. Job nous instruit des voies du Seigneur ; il a dû avoir de la patience : mais la fin du Seigneur fut envers lui bénédiction et tendre compassion.

L’attente de la venue de Christ donne le caractère de la vie du chrétien
[5:7] Cette attente de la venue du Seigneur est un avertissement solennel, et, en même temps, l’encouragement le plus puissant, mais qui maintient le vrai caractère de la vie pratique chrétienne. Elle montre aussi où aboutira l’égoïsme de la volonté propre, et elle bride tout mouvement de cette volonté chez les croyants. [5:9] Les sentiments des frères les uns envers les autres sont placés sous la sauvegarde de cette même vérité. On ne doit pas avoir un esprit de mécontentement et de murmure contre les autres, plus favorisés peut-être par les circonstances extérieures dans lesquelles ils se trouvent placés : le Juge se tient devant la porte.

Ch. 5 v. 12 — La volonté de l’homme doit être réprimée, devant Dieu
[5:12] Les serments montrent encore davantage l’oubli de Dieu et, par conséquent, l’action de la volonté propre de la nature. Le oui doit être oui, le non, non. L’action de la nature divine dans la conscience de la présence de Dieu et la répression de toute volonté d’homme et de la nature pécheresse, voilà ce que l’écrivain de cette épître désire.

Ch. 5 v. 13-15 — Les ressources du christianisme
Le chrétien a une ressource pour toutes ses situations
[5:13] Or, le christianisme a des ressources pour la joie et pour le chagrin. Est-on affligé ? qu’on prie : Dieu est prêt à entendre. Est-on heureux ? qu’on chante. — [5:14] Est-on malade ? qu’on fasse chercher les anciens de l’assemblée, afin qu’ils prient pour le malade et qu’ils l’oignent d’huile, [5:15] et le châtiment sera ôté, et les péchés pour lesquels il a été puni, selon le gouvernement de Dieu, seront pardonnés pour ce qui regarde ce gouvernement, car ici il n’est question que de cela : l’imputation du péché en condamnation n’a aucune place ici.

Le gouvernement de Dieu sur les siens et l’efficacité de la foi
[5:15] L’efficacité de la prière de la foi est placée ici devant nous, mais c’est en rapport avec le maintien de la sincérité du coeur. Le gouvernement de Dieu s’exerce à l’égard de son peuple : il châtie les siens par des maladies, s’il le faut : et il est important que la vérité dans l’homme intérieur soit maintenue [(Ps. 51:6)]. On cache ses fautes, on voudrait marcher comme si tout allait bien : mais Dieu juge son peuple. Il éprouve le coeur et les reins [(Jér. 11:20)]. Le croyant est tenu dans des liens d’affliction. Dieu lui montre, soit ses fautes, soit sa volonté propre qui n’est pas brisée. L’homme « est châtié aussi sur son lit par la douleur, et la lutte de ses os est continuelle » (Job 33:19). [5:14] Alors l’assemblée de Dieu intervient en charité, et selon l’ordre établi, par le moyen des anciens ; le malade se remet à Dieu en reconnaissant son état de besoin ; la charité de l’Assemblée s’exerce et apporte devant Dieu celui qui est châtié, selon cette relation dans laquelle elle se trouve elle-même ; car c’est là que l’Assemblée se trouve. [5:15] La foi fait valoir cette relation de grâce ; le malade est guéri. Si des péchés, et non seulement le besoin de discipline, ont amené ce châtiment, ces péchés n’empêcheront pas la guérison du malade ; ils lui seront pardonnés.

Ch. 5 v. 16 — La vérité manifestée et la charité exercée entre les chrétiens
Des coeurs ouverts entre les chrétiens amènent l’exercice de la charité selon Dieu
[5:16] Jacques présente ensuite le principe, en général comme direction pour tous, que les chrétiens doivent ouvrir leur coeur les uns aux autres, afin de maintenir la vérité dans l’homme intérieur quant à soi-même, et qu’ils doivent prier les uns pour les autres, afin que la charité soit en plein exercice quant aux fautes d’autrui. La grâce et la vérité sont ainsi spirituellement formées dans l’Assemblée, ainsi qu’une parfaite union de coeur parmi les chrétiens, de sorte que les fautes même deviennent une occasion pour l’exercice de la charité, comme elles le sont pour Dieu envers nous : et qu’il y ait une confiance entière des uns dans les autres, selon cette charité, telle qu’elle est sentie envers un Dieu qui restaure et qui pardonne. Quel beau tableau de principes divins, animant les hommes et les faisant agir d’après la nature de Dieu lui-même et l’influence de son amour sur le coeur !

La confession est réciproque, non liée aux anciens, pour réaliser l’amour en tous
[5:16] On peut remarquer qu’il n’est pas question de confession aux anciens. Ç’aurait été la confiance en des hommes, une confiance officielle. Dieu veut l’opération de la charité divine en tous. La confession réciproque des uns aux autres montre la condition de l’Assemblée, et Dieu voulait avoir l’Assemblée dans un état tel que l’amour régnât en elle, de telle sorte qu’on fût assez près de Lui pour traiter le pécheur selon la grâce qu’on connaît en Lui, et que cet amour divin fût tellement réalisé, que la sincérité parfaite et intérieure fût produite par la confiance et l’opération de cette grâce. La confession officielle est opposée à tout cela et le détruit. Combien divine est la sagesse qui a omis la confession en parlant des anciens, mais qui la recommande comme étant l’expression vivante et volontaire du coeur !

La puissance de la prière de l’homme juste selon Dieu
[5:16] Cela nous conduit aussi à la valeur de la prière énergique de l’homme juste. C’est sa proximité de Dieu et, par conséquent, la conscience qu’il a de ce que Dieu est, qui (par grâce et par l’opération de l’Esprit) lui donne cette puissance. Dieu tient compte des hommes ; il le fait selon l’infini de son amour. Il tient compte de la confiance qu’a en Lui, de la foi qu’a dans sa Parole un coeur qui pense et qui agit selon une juste appréciation de ce qu’Il est. C’est toujours la foi qui rend sensible ce qui ne se voit pas — Dieu lui-même, qui agit selon la révélation qu’il a donnée de lui-même. Or l’homme qui, dans le sens pratique, est juste par la grâce, est près de Dieu ; en tant que juste il n’a pas à faire avec Dieu pour lui-même à l’égard du péché qui tiendrait son coeur à distance : son coeur est libre de s’approcher de Dieu selon la sainte nature de Dieu lui-même, en faveur d’autres ; et étant mû par la nature divine qui l’anime et qui le rend capable d’apprécier Dieu, il cherche, selon l’activité de cette nature, de faire prévaloir ses prières auprès de Dieu, soit pour le bien des autres, soit pour la gloire de Dieu lui-même dans son service. Or Dieu répond selon cette même nature, en bénissant cette confiance et en y répondant pour manifester ce qu’il est pour la foi, afin de l’encourager en sanctionnant son activité et en mettant son sceau sur celui qui marche par la foi1.

1 Il est bon de remarquer que cela est présenté en rapport avec les voies gouvernementales de Dieu, et ainsi c’est sous le titre de Seigneur, place que Christ occupe d’une manière spéciale, bien qu’ici ce terme soit employé d’une manière générale. Comparez le verset 11 avec la référence juive générale du passage. Pour nous, nous avons un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ. Il est devenu Seigneur et Christ [(Act. 2:36)], et toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur [(Phil. 2:11)].

L’Esprit agit dans l’homme juste, selon la puissance de la communion
L’Esprit de Dieu agit, nous le savons, en tout cela, mais l’apôtre ne parle pas ici de lui : il s’occupe de l’effet pratique et présente l’homme tel qu’il est, agissant sous l’influence de cette nature, dans son énergie positive par rapport à Dieu et près de Lui, de sorte qu’elle agit dans toute son intensité, étant mue par la puissance de cette proximité. Mais si nous considérons l’action de l’Esprit, ces pensées sont confirmées. L’homme juste n’attriste par le Saint Esprit, et l’Esprit opère en lui selon sa propre puissance, n’ayant pas à mettre sa conscience en règle avec Dieu, mais agissant dans l’homme selon la puissance de sa communion avec Dieu.

L’efficacité de la prière de l’homme juste
[5:16] Finalement, nous avons l’assurance que la prière ardente et énergique de l’homme juste est d’une grande efficacité : c’est la prière de la foi qui connaît Dieu, qui compte sur Lui et s’approche de Lui.

Ch. 5 v. 17-18 — L’action intérieure dans l’homme et la manifestation extérieure qui en découle
L’exemple d'Élie et de Jésus au tombeau de Lazare
[5:17] L’exemple d’Élie est intéressant, comme montrant (et il y a d’autres exemples semblables) comment l’Esprit Saint agit intérieurement dans un homme chez lequel nous voyons la manifestation extérieure de la puissance. [1 Rois 17:1] L’histoire nous rapporte la déclaration d’Élie : « L’Éternel est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole ». — Voilà l’autorité, la puissance, exercées au nom de Jéhovah. [5:17] Dans notre épître, l’opération secrète, ce qui se passe entre l’âme et Dieu, est mise en évidence. L’homme juste a prié, et Dieu l’a exaucé. [Jean 11:41-44] Nous avons le même témoignage de la part de Jésus au tombeau de Lazare. Seulement, dans ce dernier cas, les deux choses sont réunies, sauf que la prière elle-même ne nous est pas donnée, à moins qu’elle ne soit dans le soupir inexprimable de l’esprit de Christ (Voyez Jean 11).

Dieu agit dans les siens et dirige toutes choses
En comparant le chapitre 2 de l’épître aux Galates avec le récit du chapitre 15 des Actes, [Gal. 2:2] nous trouvons que c’est une révélation de la part de Dieu qui a déterminé la conduite de Paul lorsqu’il est monté à Jérusalem, [Act. 15:2] quels qu’aient été, d’ailleurs, les motifs extérieurs qui étaient connus de tous. Par des exemples tels que ceux que l’apôtre propose à l’Assemblée, et par ceux d’Élie et du Seigneur Jésus, un Dieu vivant, agissant, s’intéressant à ce qui se passe au milieu de son peuple, nous est révélé.

Ch. 5 v. 19-20 — L’activité de l’amour pour ramener et sauver ceux qui s’égarent
Ramener un pécheur égaré le délivre de ses péchés devant Dieu
[5:19] L’épître nous montre aussi l’activité de l’amour envers ceux qui s’égarent. Si quelqu’un s’éloigne de la vérité et que quelqu’un le ramène par la grâce, [5:20] qu’il sache que ramener un pécheur de l’erreur de ses voies, c’est l’exercice (quelque simple que notre action puisse être) de la puissance qui délivre une âme de la mort ; en conséquence, tous ces péchés qui s’étalent dans leur odieuse nature devant les yeux de Dieu, et qui offensent sa gloire et son coeur par leur présence dans son univers, sont couverts. L’âme étant amenée à Dieu par la grâce, tous ses péchés sont pardonnés, ne paraissent plus, sont ôtés de devant la face de Dieu. L’apôtre, comme partout ailleurs, ne parle pas de la puissance qui agit dans cette oeuvre d’amour, mais du fait. Il l’applique aux cas qui s’étaient présentés parmi eux ; mais il pose un principe universel quant à l’effet de l’activité de la grâce dans l’âme qui en est animée. L’âme égarée est sauvée ; ses péchés sont ôtés de devant les yeux de Dieu.

La charité dans l’assemblée fait disparaître les péchés
[5:20] La charité dans l’Assemblée supprime, pour ainsi dire, les péchés qui, sans cela, briseraient l’union et surmonteraient cette charité dans l’Assemblée, et apparaîtraient dans toute leur laideur et dans toute leur malignité devant Dieu ; tandis que, rencontrés par l’amour dans l’Assemblée, ils ne vont pas plus loin, étant dissous pour ainsi dire (quant à l’état de choses devant Dieu dans ce monde), et mis de côté par cette charité qu’ils n’ont pas pu vaincre. Le péché est vaincu par l’amour qui s’en est occupé ; il disparaît ; il est englouti par cet amour. La charité couvre ainsi une multitude de péchés : ici, il s’agit de son action dans la conversion d’un pécheur.