Chapitre 13
Les Philistins, l’ennemi habitant dans le pays
Samson, comme figure, nous présente le principe du Nazaréat, la séparation
entière pour Dieu, source de force dans les combats contre nos ennemis,
envisagés comme des ennemis qui cherchent à prendre le dessus au milieu du
peuple de Dieu, dans leur territoire même et dans leur propre coeur.
Les Philistins n’étaient pas des fléaux, des châtiments envoyés du dehors ; ils habitaient dans le territoire même d’Israël, au pays de la promesse. [3:5-7] Auparavant, sans doute, d’autres nations laissées dans l’intérieur de Canaan par l’infidélité du peuple, lui avaient été en piège, l’entraînant à des mariages avec des idolâtres et au culte des faux dieux, et l’Éternel les avait livrés entre les mains de leurs ennemis. Mais actuellement ceux qui avaient été laissés dans les pays conquis, prétendent dominer sur Israël.
La séparation pour Dieu
Le nazaréat, séparation pour Dieu, est la seule force du fidèle contre les
ennemis intérieurs
Ici donc, ce qui peut rendre la victoire et la paix aux héritiers de la promesse,
c’est la force que donne la séparation de tout ce qui tient à l’homme naturel,
et la consécration complète à Dieu, dans la mesure où elle est réalisée. Ce
Nazaréat est la puissance spirituelle, ou plutôt ce qui la caractérise lorsque
les ennemis sont au dedans du pays. Car Samson a jugé Israël pendant la
domination des Philistins (15:20). Dans la suite, Samuel, Saül et surtout David,
ont entièrement changé l’état de choses.
Quand les Cananéens, quand la puissance de l’ennemi domine dans le pays, il n’y a que le Nazaréat qui puisse donner la supériorité à celui qui est fidèle. C’est un secret inconnu des mondains. Christ en était le parfait exemple. Le mal dominait dans le peuple. La marche de Christ était une marche à part, séparée du mal. Il était du peuple, mais, comme Lévi (Deut. 33:9), il n’en était pas. Il était Nazaréen. Or, il y a une distinction à faire à cet égard.
Christ est toujours
entièrement séparé des pécheurs
Moralement, Christ était aussi séparé des pécheurs pendant sa vie sur la terre,
qu’il l’est maintenant. Mais extérieurement il était au milieu d’eux ; et, comme
témoin et expression de la grâce, il était spirituellement aussi au milieu d’eux.
Depuis sa résurrection, il est complètement séparé des pécheurs. Le monde ne le
voit et ne le verra plus, sinon en jugement.
Le croyant doit être
séparé du monde, comme son Sauveur
C’est dans cette dernière position, et comme ayant revêtu ce caractère de
séparation entière du monde, que l’Église, que les chrétiens, sont en rapport
avec Lui. Un tel souverain Sacrificateur nous convenait [(Héb. 7:26)]. L’Église
garde sa force, les vrais chrétiens gardent leur force, en tant qu’ils se
tiennent dans cet état de séparation complète dont le monde ne se rend pas
compte et auquel il lui est impossible de participer. La joie, la sociabilité
humaines n’y entrent pas ; la joie divine, la puissance du Saint Esprit s’y
trouvent. La vie de notre adorable Sauveur était une vie sérieuse, toujours
sérieuse et en général à l’étroit, non pas au dedans de lui, car son coeur était
une source jaillissante d’amour, mais à cause du mal qui le serrait de tous
côtés. Je parle de sa vie et de son coeur à Lui. Pour ce qui concerne les autres,
sa mort levait les écluses, pour que cet amour débordât en plein sur les pauvres
pécheurs.
Il n’y a pas de joie au
milieu d’un monde où le mal domine
Cependant, quel que fût le recueillement continuel du Sauveur, il pouvait dire à
l’égard de ses disciples : « Je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient
ma joie accomplie en eux-mêmes » [(Jean 17:13)]. C’était le meilleur des
souhaits, c’était la joie divine au lieu de la joie humaine. [Matt. 26:29] Le
temps viendra où ces deux joies seront réunies, lorsqu’il boira du fruit de la
vigne, nouveau avec les siens, dans le royaume de son Père ; et tous seront son
peuple. Mais, pour le moment, cela ne se peut pas ; le mal domine dans le monde
; il dominait en Israël, où la justice aurait dû être ; il domine dans la
chrétienté, où la sainteté et la grâce devraient être manifestées dans toute
leur beauté.
La force divine ne
vient qu’avec la séparation pour Dieu
Cette mise à part pour Dieu est, dans ce cas, le seul moyen de jouir de la force
de Dieu ; c’est la position essentielle de l’Église. Si elle y a manqué, elle a
cessé de manifester le caractère essentiel de son Chef, en rapport avec Celui
qui est « séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux » [(Héb. 7:26)].
Elle n’est qu’un faux témoin, une preuve au milieu des Philistins que Dagon est
plus fort que Dieu ; elle n’est qu’un prisonnier aveugle [(16:21, 23)].
Dieu juge le monde qui
fait sortir le fidèle de sa séparation
Toutefois, il est remarquable que toujours, lorsque le monde, par ses séductions,
s’empare de ceux que Dieu en a séparés pour être à lui, cela provoque le
jugement de Dieu sur le monde et l’entraîne à sa ruine. (Telle Sara dans la
maison du Pharaon [(Gen. 12:17)], tel dans ce cas-ci, Samson aveugle et
prisonnier aux mains des Philistins [(16:30)] ; telle de nouveau Sara dans la
maison d’Abimélec, quoique Dieu, par égard pour l’intégrité du coeur de ce
dernier, n’eût fait que le reprendre [(Gen. 20:3, 6)]).
Le nazaréen, image de
Christ, de l’Église, et du croyant
Le Nazaréen représente donc Christ, tel qu’il était ici-bas de fait et par
nécessité, et aussi tel qu’il est maintenant complètement et de plein droit,
assis dans le ciel à la droite de Dieu, caché en Dieu, où notre vie est cachée
avec lui [(Col. 3:3)]. Le Nazaréen représente l’Église, ou un chrétien pris
individuellement, en tant que l’un et l’autre sont séparés du monde et consacrés
à Dieu, et qu’ils gardent le secret de cette séparation.
L’Église est en
relation avec Christ dans une position de séparation
C’est la position de l’Église, la seule qui soit reconnue de Dieu ; l’Église
étant unie à Christ séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux [(Héb.
7:26)], ne peut être à lui d’une autre manière. Elle peut être infidèle à cette
relation, mais c’est dans cette relation qu’elle a été placée avec Christ. Elle
ne peut être reconnue dans une autre.
Samson est l’image du
nazaréen et des conséquences de la négligence de cette position
Samson nous représente aussi la tendance de l’Église et du chrétien à sortir de
cette position, tendance qui ne produit pas toujours ses mauvais fruits au même
degré, mais qui entraîne la négligence pratique et intérieure du Nazaréat, et
amène bientôt la perte de toute force, lorsque l’Église se livre au monde. Dieu
peut encore se servir d’elle, se glorifier par les dégâts qu’elle fait sur le
territoire de l’ennemi (qui devrait être à elle), et même la garantir du péché
auquel conduit la pente glissante où elle se trouve. Mais la disposition qui l’a
amenée là tend à l’entraîner plus bas encore.