Chapitre 6
Dieu choisit l’instrument de la délivrance et donne sa force à la foi
[6:1] Mais de nouveau les Israélites firent ce qui déplaît à l’Éternel, et il les livra entre les mains des Madianites. [6:6] Et les enfants d’Israël crièrent de nouveau à l’Éternel. [6:8-10] Dieu révèle à la conscience du peuple la cause de sa détresse. C’était déjà une réponse ; mais, pour le moment, il les laisse dans leur état. Il n’agit pas au milieu d’eux en les délivrant aussitôt ; [6:12] mais il agit pour eux dans l’instrument qu’il a choisi pour opérer leur délivrance. [6:14] Dieu se glorifie en lui ; mais cette action, concentrée en Gédéon, montre dans le peuple un état plus bas qu’auparavant. Toutefois, dans ces circonstances humiliantes, Dieu choisit les moyens qui déploient sa gloire de toutes manières. [6:16] Là où il agit, là est la force ; [6:27] et aussi la foi qui agit selon cette force dans la sphère qui lui est propre.

Ch. 6 v. 11-14 — La foi de Gédéon
Les pensées de Gédéon, sous l’oppression de l’adversaire, sont tournées vers Dieu
Nous examinerons un peu l’histoire de Gédéon et les traits de l’oeuvre de l’Esprit dans cette délivrance, ainsi que dans la foi de celui qu’il a suscité. [6:13] Il est évident que bien des pensées et de sérieuses réflexions s’étaient présentées à Gédéon, avant que l’Ange lui eût parlé. Mais la visite de l’Ange a été l’occasion qui lui a fait formuler et exprimer les pensées dont son coeur était occupé. Gédéon souffrait avec les autres de l’oppression des ennemis de Dieu, mais cela l’a porté à penser à Dieu, [6:11] au lieu de prendre son parti de subir le mal comme un esclavage nécessaire. [6:12] L’Ange lui dit : « L’Éternel est avec toi, fort et vaillant homme ».

Gédéon pense au peuple d’Israël et s’associe avec
[6:13] C’est ici que nous voyons ce qui préoccupait le coeur de Gédéon : ce n’était pas sa position à lui, mais la relation entre l’Éternel et Israël. Peut-être ne trouve-t-on pas ici la hauteur des promesses faites à Abraham, mais c’est le pouvoir rédempteur de l’Éternel se manifestant en faveur d’Israël. C’est un peu le cas de Moïse auquel l’Éternel dit : « Ton peuple » et qui répond toujours à l’Éternel : « Ton peuple » (Ex. 32:7-13). Gédéon, de même, ne peut se séparer de tout Israël, le peuple de Dieu. [6:12] « L’Éternel est avec toi », dit l’ange. [6:13] « Si l’Éternel est avec nous », répond Gédéon, « pourquoi donc toutes ces choses nous sont-elles arrivées ? Et où sont toutes ses merveilles que nos pères nous ont racontées, en disant : L’Éternel ne nous a-t-il pas fait monter hors d’Égypte ? Et maintenant l’Éternel nous a abandonnés, et nous a livrés en la main de Madian ».

La relation de l’Éternel avec son peuple dans cet état misérable
[6:13] C’était en effet la foi qui faisait jaillir tous ces raisonnements, ces exercices du coeur. L’Éternel. avait fait toutes ces merveilles. Il avait fait monter le peuple du pays d’Égypte. Si l’Éternel était avec Israël, si telle était la relation de l’Éternel avec son peuple, comment le peuple pouvait-il être dans ce triste état ? (Oh ! comme un semblable raisonnement peut s’appliquer à l’Église !)

La foi regarde à Dieu et à la relation avec lui, par-delà les circonstances difficiles
[6:13] Gédéon reconnaît aussi que c’est l’Éternel qui a livré le peuple entre les mains des Madianites. Comme la pensée de Dieu élève l’âme au-dessus des misères où l’on est ! En pensant à Lui on reconnaît, dans ces misères mêmes, la main et tout le caractère de Celui qui les a envoyées. [6:11] C’est là ce qui relevait ce pauvre Israélite travaillant sous le poids de l’oppression. [6:14] « L’Éternel le regarda et lui dit : Va avec cette force que tu as, et tu sauveras Israël ». La visite et le commandement de l’Éternel prêtaient leur forme et leur force à ce qui auparavant n’était qu’un exercice de coeur. Néanmoins, c’était cet exercice de coeur qui était sa force ; [6:13] car c’était un lien intérieur de foi avec tout ce que l’Éternel était pour son peuple opprimé, dans la conscience de la relation qui subsistait entre eux.

Ch. 6 v. 15-24 — L’affermissement de la foi et la paix de Dieu
Dieu affermit la foi du serviteur qui sent sa faiblesse
Voyons maintenant le développement et la mise à exécution de cette foi, pour la délivrance du peuple de Dieu. [6:15] Gédéon éprouve d’abord le sentiment de sa propre petitesse, quelle qu’ait été la relation entre l’Éternel et le peuple (vers. 15). [6:16] La réponse de l’Éternel lui montre le seul moyen, si simple : — « Moi je serai avec toi ». Précieuse condescendance, doux et puissant encouragement pour l’âme ! [6:17] La foi de Gédéon était faible. [6:13] L’état présent du peuple tendait par sa durée à effacer le souvenir des merveilles opérées par l’Éternel à la sortie d’Égypte, et à affaiblir la conscience de sa présence. [6:18] Maintenant l’Ange de l’Éternel daigne s’arrêter auprès de lui pour affermir sa foi.

La révélation de Dieu à l’homme l’anéantit et le fortifie
[6:17] Gédéon qui s’était adressé à lui, dans la conscience secrète que c’était le Seigneur, [6:22] sait actuellement qu’il a vu l’Ange de l’Éternel — d’Élohim, face à face. C’était une révélation positive, propre à l’anéantir en lui-même, ainsi que cela eut lieu, mais aussi à le fortifier, d’une manière puissante, dans sa marche au milieu des autres qui n’avaient pas connu de la même manière l’Éternel. Quoique ce ne soit pas avec de telles visions, il en est toujours ainsi lorsque Dieu suscite un instrument spécial pour la délivrance de son peuple.

Ch. 6 v. 23-24 — La paix et la bénédiction de Dieu
[6:23] L’Éternel s’était manifesté, et maintenant il rassure Gédéon. « Paix te soit, dit-il ; ne crains point, tu ne mourras pas ».

[6:22] L’homme, anéanti par la présence de Dieu, [6:24] jouit de sa force si cette présence est en bénédiction. C’est ce que Gédéon saisit et reconnaît pour lui-même : l’Éternel est avec lui en paix et en bénédiction. [6:23] Le mot (Shalom) « Paix te soit » est le même [6:24] que celui de l’autel : « L’Éternel de paix ».

L’adoration dans les relations de paix établies par Dieu avec lui-même
Lorsque Dieu agit puissamment sur le coeur, le premier effet se montre toujours dans les relations avec lui. [6:13] Gédéon est préoccupé de l’Éternel, il l’était avant cette manifestation. [6:24] Mais étant rempli de l’Éternel, c’est par l’adoration1 qu’il exprime les sentiments de son coeur, [6:23] lorsqu’il reçoit de Lui la réponse à tout ce qui s’y passait2. [6:24] Il élève un autel à l’Éternel de paix. Ainsi, les relations de paix sont établies entre Dieu et son serviteur ; mais tout ceci est entre Gédéon et l’Éternel.

1 On voit un sentiment analogue chez Éliézer (Gen. 24:27). Il est très intéressant d’étudier les diverses circonstances dans lesquelles on a bâti des autels à l’Éternel. Je cite ici quelques passages. (Gen. 8:20, et 12:7 ; comp. 13:4 ; voyez 21:33 ; 22:9 ; 26:25 ; 33:20 ; 35:7. — On peut remarquer encore Exode 24:4 ; Jos. 8:30. Ici, Juges 6). Il paraît même que Gédéon en a bâti deux : [6:24] l’un pour lui-même en adoration, [6:26-27] et l’autre par commandement en témoignage. (1 Sam. 7:17 ; 14:35 ; 1 Rois 18:32. — On peut ajouter 2 Sam. 24:25 ; Esd. 3:2).

2 Il est instructif de remarquer ici la différence entre les exercices de coeur qui résultent de la foi, et la réponse de Dieu aux besoins et aux difficultés que produisent ces exercices. [6:13] Au verset 13, nous avons l’expression de ces exercices dans une âme sous le poids de la même oppression que ses frères, mais qui la sent, parce que sa foi en l’Éternel était réelle. [6:23] Ici, nous avons la réponse qui produit la paix, [6:24] et, avec la paix, l’adoration. [Jean 20:19, 21] Il en est de même lorsque, après avoir subi la mort, Jésus, ressuscité, se révèle à ses disciples avec les mêmes mots dont Dieu se sert ici, et pose les bases de l’Église réunie pour le culte. [Luc 7:38] En Luc 7, nous retrouvons les mêmes expériences chez la femme de mauvaise vie. Elle croyait en la personne de Jésus. Il était son tout par sa grâce ; [Luc 7:48] mais elle ne savait pas encore qu’une femme comme elle était pardonnée [Luc 7:50] et sauvée, et pouvait s’en aller en paix. Cette assurance fut la réponse donnée à sa foi. Or, cette réponse est ce qu’annonce l’Évangile à tout croyant. Le Saint Esprit annonce Jésus. Cela produit la conviction de péché. La connaissance de Dieu en Christ et la connaissance de soi-même atterre (car le péché est là, et l’on est charnel, vendu au péché [(Rom. 7:14)]) ; mais elle produit des combats, peut-être des angoisses. Souvent l’âme se débat avec le péché et ne peut se tirer d’affaire ; elle demeure au même point (la plupart des sermons dont elle attend la lumière ne vont pas plus loin). Mais l’Évangile annonce les ressources de Dieu lui-même pour sortir de cet état. — [Luc 7:48] Paix te soit, tes péchés te sont pardonnés. — [Luc 7:50] Ta foi (car elle existait), dit Jésus à la femme pécheresse, t’a sauvée. Voilà ce qu’elle ne savait pas encore. (Comp. Actes 2:37, 38).

Ch. 6 v. 25-32 — Baal et le mal sont ôtés avant que Dieu délivre son peuple
Le service public de Gédéon et son témoignage pour l’Éternel
[6:25] Maintenant vient son service public, qui aussi s’accomplit en rétablissant premièrement au sein de sa famille et de sa ville les relations entre Dieu et son peuple. Il faut que Baal soit ôté d’Israël avant que Dieu chasse les Madianites. Pourquoi le ferait-il, si la bénédiction pouvait être attribuée à Baal ?

[6:26] Il est donc commandé à Gédéon de rendre un témoignage éclatant, qui attire l’attention de tout le peuple sur la nécessité de rejeter Baal, afin que Dieu puisse intervenir.

Dieu réclame l’obéissance avant de donner la force
La fidélité au dedans précède la force au dehors : le mal doit être ôté d’Israël avant que les ennemis soient chassés. L’obéissance, puis la force : voilà l’ordre de Dieu.

Lorsque la puissance de Satan en superstition, manifestée extérieurement de quelque manière que ce soit, est méprisée, elle est détruite ; en supposant toujours que Dieu est avec celui qui la méprise, et que celui-ci est dans le chemin de l’obéissance.

L’opposition de l’ennemi est vaincue par la foi agissant dans la présence de Dieu
[6:27] Gédéon renverse Baal ; [6:30] et en réponse à la colère du peuple que la superstition remplit de terreur, [6:31] celui-là même à qui l’autel appartenait leur dit : « S’il est dieu qu’il se défende lui-même ». La puissance de Dieu agissait sur les esprits, car il y avait la foi. Mais l’opposition de l’ennemi ne cesse pas pour cela : rien de plus méprisable qu’un Dieu méprisé. Si Satan ne peut pas être Dieu parmi les hommes, il n’est pas au bout de ses ressources : il suscitera les hommes en hostilité ouverte contre ceux qui renversent ses autels ; mais lorsqu’on agit de la part de Dieu, cette guerre de l’ennemi n’aura d’autre effet que de l’amener en présence de la puissance de Dieu, et de nous donner la victoire, la délivrance et la paix.

Ch. 6 v. 33-35 — Dieu prépare tout pour manifester sa puissance
[6:33] Les Madianites montent contre Israël. Tout est préparé pour que l’Éternel intervienne. [6:34] L’Esprit de Dieu revêt Gédéon. Nouvelle phase dans cette histoire ; ce n’est pas seulement la fidélité, c’est la puissance. Gédéon sonne de la trompette, [6:28, 30] et ceux qui naguère avaient voulu le tuer, [6:34] marchent maintenant à sa suite. [6:35] Il envoie des messagers à toute sa tribu. Ceux de Zabulon, d’Aser et de Nephthali viennent aussi. La puissance de l’Esprit qui mène les esprits des hommes, est avec la foi qui reconnaît Dieu, qui le reconnaît dans sa relation avec son peuple, et rejette fidèlement le mal incompatible avec cette relation.

Ch. 6 v. 36-40 — La condescendance de Dieu pour la faible foi de l’homme
[6:38] Dieu donne encore une preuve de sa grande condescendance en accordant un signe [6:36] pour fortifier la foi, faible, mais réelle et sincère, de Gédéon, [6:39] qui sent, lorsqu’il répète sa demande (vers. 39), que Dieu pourrait bien le châtier pour son manque de foi. [6:40] Cependant l’Éternel lui accorde ce qu’il demande.