Chapitre 1er
Ch. 1 v. 1-18 — Nature de Jésus, en rapport avec ce monde
Ch. 1 v. 1-5 — Jésus, Fils de Dieu, vu comme la Parole
Ch. 1 v. 1-2 — Présentation des caractères de Jésus comme la Parole
Ch. 1 v. 1 — Jésus, la Parole, est Dieu depuis toute éternité
L’évangile de Jean, chaque chrétien s’en aperçoit, a un certain caractère
particulier. Il ne nous présente pas la naissance du Christ dans ce monde,
envisagé comme Fils de David ; il ne trace pas sa généalogie depuis Adam pour
faire ressortir son titre de Fils de l’homme, et ne présente pas le Prophète qui
accomplit par son témoignage le service de son Père ici-bas comme tel. Ce n’est
ni la naissance du Seigneur dans ce monde, ni le commencement de son Évangile,
[1:1] mais son existence avant le commencement de tout ce qui en a eu un : « Au
commencement était la Parole » ; — en un mot, c’est la gloire de la personne de
Jésus, le Fils de Dieu, au-dessus de toute économie, une gloire développée de
bien des manières en grâce, mais qui est toujours elle-même. L’évangile du
disciple bien-aimé nous fait connaître ce que le Seigneur est, en nous révélant
en même temps que nous avons part à toutes les bénédictions qui découlent de ce
qu’Il est, quand Il est manifesté de manière à les communiquer. Déjà le premier
chapitre constate ce qu’Il était avant toutes choses, et les divers caractères
dans lesquels il est en bénédiction à l’homme, comme Parole faite chair
[(1:14)]. Il est ; et il est l’expression de toute la pensée qui subsiste en
Dieu, le lόgoV. — « Au commencement il était ». Si nous retournons en arrière
autant que l’esprit de l’homme le peut, quelque loin que nous allions au-delà de
tout ce qui a commencé, Il est. — C’est l’idée la plus parfaite que nous
puissions nous faire historiquement, si j’ose parler ainsi, de l’existence de
Dieu.
Ch. 1 v. 1-2 —
Existence personnelle de la Parole, qui est Dieu depuis toujours
[1:1] « Au commencement était la Parole ». N’y avait-il que cela outre Lui ?
Impossible ! De quoi aurait-Il été la parole ? — « La Parole était auprès de
Dieu », c’est-à-dire : une existence personnelle lui est attribuée. Mais de peur
qu’on ne pensât qu’Il fût quelque chose en Dieu, que l’éternité impliquât, et
que l’Esprit de Dieu vient révéler, il est dit qu’Il était Dieu : — dans son
existence, éternel, — dans sa nature, divin, — dans sa personne, distinct. On
aurait pu en parler comme d’une émanation dans le temps, comme si sa
personnalité était du temps, quoique éternel dans sa nature ; [1:2] l’Esprit
donc ajoute : « Il était au commencement auprès de Dieu ».
Histoire de la Parole
avant le temps, avant la Genèse
[1:1] Nous trouvons ainsi la révélation du lόgoV éternel avant toute création.
Cet évangile donc commence réellement avant la Genèse. La Genèse nous donne
l’histoire du monde dans le temps ; Jean celle de la Parole qui existait dans
l’éternité avant que le monde fût, Parole qui, lorsque l’homme peut parler de
commencement, était, et qui, par conséquent, n’a pas commencé d’exister. Les
paroles de l’évangile sont aussi claires que possible ; et, comme le glaive qui
gardait le paradis [(Gen. 3:24)], elles tournent de tous les côtés contre les
pensées et les raisonnements des hommes pour défendre la divinité et la
personnalité du Fils de Dieu.
Ch. 1 v. 4-5 — La
Parole, créateur de toutes choses, et ayant la vie en elle
[1:3] Ensuite : « Toutes choses furent faites par elle ». Il y a des choses qui
ont un commencement, — c’est de Lui qu’elles tirent toutes leur origine : « et
sans elle pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait », distinction
nette, positive, et absolue de tout ce qui a été fait, d’avec Jésus. Si une
chose quelconque a été faite, elle n’est pas la Parole : car tout ce qui a été
fait a été fait par cette Parole. Mais outre l’acte suprême de créer toutes
choses, acte qui caractérise la Parole, [1:4] il y a une autre chose, il y a ce
qui était en Lui. La création a été faite par Lui, mais elle n’existe pas en Lui
; — mais « en elle était la vie ». Par celle-ci, Il était en relation avec une
partie spéciale de la création, partie qui était l’objet des pensées et des
intentions de Dieu. Cette « vie était la lumière des hommes », se révélait comme
un témoignage de la nature divine en rapport immédiat avec eux, d’une manière
d’après laquelle elle ne le faisait pas à l’égard de quoi que ce soit d’autre1.
[1:5] Or, de fait, cette lumière brillait dans ce qui était, de sa nature2,
contraire à elle, un mal au-delà de toute image prise dans la nature, car là où
vient la lumière, les ténèbres se dissipent ; mais ici la lumière vient et les
ténèbres n’en ont pas la perception — demeurent ténèbres, et conséquemment ne la
comprenaient pas, ne la recevaient pas. Voilà les relations de la Parole avec la
création et avec l’homme, lorsqu’elle est envisagée dans sa nature d’une manière
abstraite. L’Esprit poursuit ce sujet en nous donnant les détails de cette
dernière relation d’une manière historique.
1 La forme de l’expression en grec est très forte, comme identifiant entièrement la vie avec la lumière des hommes ; c’est une proposition réciproque.
2 Ce n’est pas mon but ici de développer les rapports qui peuvent exister entre la Parole et les erreurs de l’esprit humain ; mais de fait, comme elle révèle la vérité de la part de Dieu, elle répond aussi d’une manière remarquable à toute erreur de l’esprit humain, témoins, quant à la personne du Seigneur, les premiers versets du chapitre. Ici, l’erreur qui faisait du principe des ténèbres, un second Dieu en lutte à puissance égale avec le bon Créateur, cette erreur est réfutée par le simple témoignage que la vie était la lumière [(1:4)], et les ténèbres une condition morale incapable et négative, au milieu de laquelle cette vie s’est manifestée en lumière. Si nous avons la vérité elle-même, nous n’avons pas besoin de connaître l’erreur. La connaissance de la voix du bon Berger nous fait savoir que nulle autre n’est de lui. Mais de fait, la possession de la vérité, telle qu’elle est révélée dans les Écritures, est la réponse à toutes les erreurs dans lesquelles l’homme est tombé, tout innombrables qu’elles sont.
Ch. 1 v. 6-13 —
Introduction de la lumière dans le monde, et réaction des hommes
On peut remarquer ici, et le point est important, comment l’Esprit passe de la
nature divine et éternelle de la Parole existant avant toutes choses [(1:1)], à
la manifestation de la Parole faite chair dans ce monde, dans la personne de
Jésus [(1:14)]. Toutes les voies de Dieu, les économies qu’il avait ordonnées
pour le déploiement de ces voies, en un mot son gouvernement du monde, sont
passés sous silence. En contemplant Jésus sur la terre, nous sommes en rapport
immédiat avec Lui comme existant avant que le monde fût. Seulement Il est
introduit par Jean le baptiseur, et ce qui se trouvait dans le monde, est
reconnu comme créé. [1:7] Jean est venu pour rendre témoignage à la lumière
(vers. 7). [1:9] La vraie lumière était celle qui, en venant au monde, luisait
pour tout homme, et non pas seulement pour les Juifs. [1:10] Créateur du monde,
cette Parole est venue au monde ; — le monde, dans les ténèbres, et aveuglé, ne
l’a pas connue. [1:11] Il est venu chez les siens (les Juifs) et les siens ne
l’ont pas reçu. [1:12] Mais il y en avait quelques-uns qui l’ont reçu et de
ceux-ci deux choses sont dites : ils ont reçu le droit de devenir enfants de
Dieu1, de prendre position comme tels ; — [1:13] et, de fait, ils étaient nés de
Dieu ; — ni la descendance selon la chair, ni la volonté de l’homme n’y étaient
pour rien. Ainsi nous avons trouvé la Parole dans sa nature, d’une manière
abstraite (vers. 1-3), et comme vie, la manifestation de la lumière divine parmi
les hommes avec la conséquence de cette manifestation (vers. 4, 5), et comment
il a été reçu là où il s’est présenté ainsi (vers. 10-13). Cette partie générale
qui a rapport à sa nature se termine ici. L’Esprit poursuit l’historique de ce
qu’est le Seigneur, manifesté comme homme sur la terre, de sorte qu’il
recommence, pour ainsi dire, à neuf ici (vers. 14), avec Jésus présent sur la
terre — ce que la Parole devint, non pas ce qu’elle était. Comme lumière dans le
monde, les droits qu’il avait sur l’homme étaient inconnus. Ne pas le connaître
ou le rejeter quand il se trouvait dispensationnellement en rapport avec
l’homme, était la seule différence. La grâce vient alors avec la puissance de
donner la vie pour amener les hommes à le recevoir. [1:10] Le monde n’a pas
connu son Créateur, lorsqu’il est venu comme la lumière ; [1:11] les siens ont
rejeté leur Seigneur. [1:12-13] Ceux qui sont nés, non de la volonté de l’homme,
mais de Dieu, l’ont reçu. Ainsi nous n’avons pas ce que la Parole était, mais ce
qu’elle devint.
1 Dans les écrits de Paul, la place de fils est celle qui appartient aux chrétiens en rapport avec Dieu, place dans laquelle Christ les a amenés par la rédemption, la même place qui lui appartient à Lui selon les conseils de Dieu. Par contre, dans la famille du Père, les chrétiens sont enfants. (Les deux expressions se trouvent en Rom. 8:14-16, et dans ce passage on peut comprendre leur portée à toutes deux. Nous crions : « Père ! » donc nous sommes ses enfants, mais, par l’Esprit, nous pouvons prendre la place de fils avec Christ, devant Dieu). Jusqu’à la fin du vers. 13, nous trouvons d’une manière abstraite ce que Christ était en lui-même et de toute éternité et aussi ce qu’était l’homme, c’est-à-dire ténèbres. Cette première division va jusqu’à la fin du vers. 5. Ensuite nous voyons comment Dieu agit, la place occupée par Jean et son service ; [1:9] alors paraît la lumière. [1:10] Il vint dans le monde qui avait été fait par Lui et le monde ne l’a pas connu. [1:11] Il vint vers les siens, le peuple juif, et les siens ne l’ont pas reçu. [1:12-13] Mais il y avait ceux qui, étant nés de Dieu, avaient le droit de prendre la place d’enfants, une race nouvelle.
Ch. 1 v. 14-18 — Ce que
Jésus est dans ce monde
Ch. 1 v. 14 — Venue de la Parole, du Fils de Dieu, parmi nous en grâce
La Parole, parfaite expression, en grâce, de Dieu pour l’homme
[1:14] La Parole a été faite chair, et a demeuré parmi nous dans la plénitude de
la grâce et de la vérité. Voilà le grand fait duquel l’Évangile nous entretient,
fait qui est la source de toute bénédiction pour nous1, la parfaite expression
de Dieu, adaptée (en prenant la propre nature de l’homme) à tout ce qui se
trouve dans l’homme, allant au-devant de chaque besoin humain ; toute la
capacité de la nouvelle nature dans l’homme pour jouir de l’expression de tout
ce en quoi Dieu l’adapte à lui. C’est plus que la lumière, qui est pure et
dévoile toutes choses : c’est l’expression de ce que Dieu est, de Dieu en grâce,
source de bénédiction. Remarquez, Dieu ne pourrait pas être pour les anges ce
qu’Il est pour l’homme — grâce, patience, miséricorde, amour, envers des
pécheurs. Et Il est tout cela, aussi bien que la bénédiction de Dieu, pour le
nouvel homme. La gloire dans laquelle Jésus a été vu, ainsi manifestée pour ceux
qui avaient des yeux pour voir, était celle d’un Fils unique de la part du Père,
l’objet constant de ses délices de Père.
1 C’est bien ce qui est la source de toute bénédiction ; mais l’état de l’homme était tel que sans la mort du Seigneur, personne n’aurait eu part à la bénédiction. Le grain de froment, s’il ne tombe pas en terre et ne meurt, reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit [(Jean 12:24)].
La Parole faite chair,
avec la gloire du Fils unique du Père
Ce sont les deux parties de cette grande vérité que le commencement de notre
évangile nous présente : [1:1] la Parole qui était avec Dieu et qui était Dieu,
[1:14] a été faite chair, et Celui qui a été vu sur la terre avait la gloire
d’un Fils unique de la part du Père.
Ch. 1 v. 17-18 — En
conséquence, venue de la grâce et de la vérité, et révélation du Père
Deux choses en sont la conséquence : [1:14] d’abord la grâce (quelle grâce plus
grande ? — c’est l’amour même qui se révèle, et envers les pécheurs !) et la
vérité sont non pas déclarées, [1:17] mais venues par Jésus Christ. — La vraie
relation de toutes choses avec Dieu a été montrée, et leur séparation survenue.
C’est là le fondement de la vérité. Toute chose a pris sa vraie place et son
vrai caractère sous tous les rapports, et le centre de tous ces rapports, c’est
Dieu. Ce que Dieu est, ce qu’est l’homme parfait, l’homme pécheur, ce qu’est le
monde et son prince, la présence de Christ dévoile tout. La grâce donc et la
vérité sont venues. — [1:18] Ensuite, seconde chose, le Fils unique, dans le
sein du Père, révèle Dieu, et le révèle par conséquent comme connu par lui-même
dans cette position. Et ceci se lie avec le caractère et la révélation de la
grâce, dans l’évangile de Jean : [1:16] d’abord la plénitude, avec laquelle nous
sommes en communication et dont nous avons tous reçu ; ensuite notre position.
Ch. 1 v. 16 — Plein don
de la grâce, et manifestation de la vérité
Mais il reste encore dans ces versets des instructions importantes. [1:14] La
personne de Jésus, la Parole faite chair, demeurant au milieu de nous, a été
pleine de grâce et de vérité. [1:16] De cette plénitude nous avons reçu, non pas
vérité sur vérité (la vérité est simple et met chaque chose exactement à sa
place, moralement et dans sa nature), mais nous avons reçu ce dont nous avons
besoin — grâce sur grâce, la faveur de Dieu en abondance de bénédictions
divines, fruit de son amour, comme accumulées les unes sur les autres. La vérité
luit — toute chose est parfaitement manifestée ; — la grâce se donne.
Ch. 1 v. 15, 17 —
Relation avec Jean et la loi, autres témoignages de Dieu
[1:14] Ensuite la relation de cette manifestation de la grâce de Dieu dans la
Parole faite chair (dans laquelle aussi la parfaite vérité se fait jour) avec
d’autres témoignages de Dieu, est constatée. [1:15] Jean lui a rendu témoignage.
— [1:17] Le service de Moïse avait un tout autre caractère. [1:15] Jean a
précédé le Seigneur dans son service ici-bas, mais Jésus a pris place avant lui
; car tout humble qu’il ait pu être, Dieu par-dessus toutes choses béni
éternellement [(Rom. 9:5)], il était avant Jean, tout en venant après lui.
[1:17] Moïse avait donné la loi, parfaite à sa place, pour exiger de l’homme de
la part de Dieu, ce que l’homme devait être. Dieu était alors caché, et Dieu
envoie une loi, montrant ce que l’homme devait être ; mais maintenant Dieu s’est
révélé par Christ, et la vérité (quant à toute chose) et la grâce sont venues.
Cette loi n’était ni la vérité pleine et entière à tous égards1, comme en Jésus,
ni la grâce ; ce n’était pas une transcription de Dieu, mais une règle parfaite
pour l’homme. La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ, non pas par Moïse.
Rien ne peut être d’une importance plus essentielle que cette affirmation. La
loi exigeait de l’homme ce qu’il devait être devant Dieu, et s’il
l’accomplissait, c’était sa justice. La vérité en Christ montre ce que l’homme
est (non pas ce qu’il doit être) et ce que Dieu est, et, comme inséparable de la
grâce, n’exige rien, mais apporte à l’homme ce dont il a besoin. « Si tu
connaissais le don de Dieu », dit le Sauveur à la femme samaritaine [(Jean
4:10)]. Ainsi, à la fin du voyage dans le désert, Balaam est obligé de dire : «
Selon ce temps il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? »
[(Nomb. 23:23)]. Le verbe « venir » est au singulier après grâce et vérité.
Christ est les deux en un ; en effet, si la grâce n’était pas là, Il ne serait
pas la vérité quant à Dieu. Exiger de l’homme ce qu’il devait être était une
exigence juste. Mais donner la grâce et la gloire, donner son Fils, était autre
chose sous tous les rapports et il sanctionnait seulement la loi comme étant
parfaite à sa place.
1 Elle disait, en effet, ce que l’homme devait être, non pas ce que l’homme, ou quoi que ce soit, était, et c’est là proprement la vérité.
Pleine manifestation de
Jésus ici-bas
[1:14] Nous avons ainsi le caractère et la position de la Parole faite chair —
ce que Jésus a été ici-bas, la Parole faite chair ; sa gloire vue par la foi,
celle d’un Fils unique de la part du Père ; Il a été plein de grâce et de
vérité. [1:18] Il a révélé Dieu comme il l’a connu, connu comme Fils unique dans
le sein du Père. En comparant les vers. 14 et 18, [1:14] nous voyons que ce
titre de fils unique de la part du Père, n’était pas seulement le caractère de
sa gloire ici-bas, mais exprime ce qu’Il était (ce qu’Il a été, ce qu’Il est
toujours) dans le sein du Père lui-même, dans la divinité : et c’est ainsi qu’Il
le déclare. [1:15] Ensuite, Il était avant Jean le baptiseur, tout en venant
après lui. [1:17] Il a apporté dans sa personne ce qui est d’une nature et d’un
caractère entièrement différents que la loi donnée par Moïse.
Voilà donc le Seigneur manifesté sur la terre.
Ch. 1 v. 19-28 — Jean,
le précurseur, fait place à Jésus et témoigne de Lui
Témoignage de Jean dans chaque partie du chapitre 1
Suivent ses rapports avec les hommes, les positions qu’il a prises, les
caractères qu’il revêt parmi les hommes, selon les desseins de Dieu et selon le
témoignage de sa Parole. [1:26-27] Premièrement, Jean le baptiseur lui fait
place ; et on remarquera qu’il rend témoignage, dans chaque partie1 des
divisions de ce chapitre 1 : — au vers. 62, dans celle qui donne la révélation
abstraite de la nature de la Parole ; — au vers. 15, c’est son témoignage à
l’égard de Sa manifestation en chair ; — au vers. 19, son témoignage à la gloire
de Sa personne, bien qu’il vienne après Jean [(1:27)] ; — au vers. 29, à Son
œuvre et à ce qui était à la suite de cette œuvre ; — et au vers. 36, nous
trouvons le témoignage pour le temps alors présent, afin qu’on le suivît comme
venu pour chercher le résidu juif.
1 On observera que ce chapitre se divise comme suit : vers. 1-18 (cette partie se subdivise ainsi 1-5, 6-13, 14-18), 19-28, 29-34 (subdivisions : 29-31, 32-34), et du vers. 35 à la fin. Ces derniers versets à leur tour se subdivisent : 35-42 et 42 à la fin du chapitre. Nous trouvons d’abord ce que Christ est Lui-même d’une manière abstraite [(1:1-5)] ; puis le témoignage que Jean Lui rend comme étant la lumière [(1:6-13)] ; ensuite, ce qu’il est, Lui, personnellement, dans le monde [(1:14-18)] ; Jean n’était que le précurseur de Jéhovah, le témoin de l’excellence de Christ [(1:19-28)] ; plus loin nous avons l’œuvre de Christ [(1:29-34)] (I’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde [(1:29)], Il baptise du Saint Esprit [(1:33)] et Il est le Fils de Dieu [(1:34)]) ; Jean rassemble les fidèles autour de Jésus ; Lui les rassemble autour de Lui-même [(1:35-41)]. Ceci continue jusqu’à ce que le résidu pieux d’Israël le reconnaisse comme Fils de Dieu et comme Roi d’Israël [(1:42-50)] ; alors, il prend le caractère plus étendu de Fils de l’homme [(1:51-52)].
Tous les caractères personnels de Christ, pour ainsi dire, se trouvent ici, ainsi que son œuvre, mais non Ses caractères dans sa relation avec d’autres ; Il n’est ici ni le Christ, ni le Sacrificateur, ni la Tête de l’Assemblée qui est son Corps [(Éph. 1:22-23)], mais la Parole [(1:14)], le Fils de Dieu [(1:34)], l’Agneau de Dieu [(1:29)], Celui qui baptise du Saint Esprit [(1:33)], et, selon le Ps. 2, le Fils de Dieu, le Roi d’Israël [(1:50)] ; Il est aussi, selon le Ps. 8, le Fils de l’homme que les anges servent [(1:52)] — en un mot Il est Dieu [(1:1)], Il est la Vie et la Lumière des hommes [(1:4)].
2 L’état strictement abstrait se termine au vers. 5. La réception de Christ venu comme lumière dans le monde sert d’introduction à cet évangile. Nous ne sommes plus dans ce qui est strictement abstrait ; quoique ne développant pas le sujet — ce que la Parole devint — c’est historique quant à la réception de la lumière, nous dévoilant ainsi ce que l’homme était, et ce qu’Il est, par grâce, étant né de Dieu.
Jean rend compte de
lui-même et introduit Jésus
Après la révélation abstraite de la nature de la Parole [(1:1)], et celle de sa
manifestation en chair [(1:14)], se présente le témoignage rendu de fait dans le
monde. Les vers. 19-28 forment une espèce d’introduction dans laquelle, [1:19]
sur la demande des sacrificateurs et des lévites, [1:23] Jean rend compte de
lui-même, [1:26-27] et par occasion parle de la différence entre lui et le
Seigneur, de sorte que, quels que soient les caractères que prend Christ en
rapport avec son œuvre, la gloire de sa personne est tout premièrement en vue.
C’est ce dont le témoin s’occupe naturellement, pour ainsi dire, avant de rendre
son témoignage formel aux fonctions que celui qui était l’objet de son
témoignage a remplies. [1:21] Jean n’est ni Élie, ni le prophète (savoir celui
dont Moïse avait parlé [(Deut. 18:15)]), [1:20] ni le Christ : [1:23] il est la
voix de laquelle Ésaïe a parlé, la voix qui devait préparer le chemin du
Seigneur [(És. 40:3)]. Ce n’est pas précisément devant le Messie que la voix se
fait entendre, quoiqu’il le fût de fait ; [1:21] le baptiseur n’est pas non plus
Élie avant la journée de l’Éternel, [1:23] mais la voix dans le désert, devant
le Seigneur (l’Éternel) lui-même. L’Éternel venait : c’est par conséquent ce
dont Jean parle. [1:26] Jean baptisait bien pour la repentance, mais au milieu
d’eux se trouvait déjà quelqu’un d’inconnu, [1:27] qui venait après lui, qui
était son supérieur, de la sandale duquel il n’était pas digne de délier la
courroie.
Ch. 1 v. 29-34 —
Témoignage direct de Jean à Jésus et à Son œuvre
Ch. 1 v. 29-31 — Jean témoigne, en voyant Jésus, de toute Son œuvre
Ch. 1 v. 29 — Jésus désigné comme l’Agneau de Dieu, réglant toute la question du
péché
[1:29] Nous trouvons ensuite le témoignage direct de Jean, lorsqu’il voit Jésus
venant à lui. Jean le désigne, non pas comme le Messie, mais selon toute
l’étendue de son œuvre, ainsi que nous en jouissons dans le salut éternel qu’il
a accompli, et le plein résultat de l’œuvre glorieuse par laquelle il a été
accompli. Il est l’Agneau de Dieu, que Dieu seul pouvait fournir, et était, pour
Dieu et selon son dessein, celui qui ôte le péché (non pas les péchés) du monde
; c’est-à-dire, il restaure, non pas tous les méchants, mais les bases des
relations du monde avec Dieu. Depuis la chute, quelles que soient les voies de
Dieu1, c’est bien le péché, que Dieu doit considérer dans ses relations avec ce
monde. Le résultat de l’œuvre de Christ sera que ceci ne sera plus le cas ; son
œuvre fera la base éternelle de ces relations dans les nouveaux cieux et la
nouvelle terre, le péché étant entièrement mis de côté comme formant cette base.
Par la foi, nous avons connaissance de ces choses, avant leur manifestation
publique dans le monde.
1 Ainsi le déluge, la loi, la grâce. D’abord nous trouvons un paradis d’innocence, puis un monde de péché ; plus tard un royaume de justice, finalement un monde (nouveaux cieux et nouvelle terre) dans lequel la justice habite [(2 Pier. 3:13)]. Mais c’est une justice éternelle, fondée sur l’œuvre de l’Agneau qui ne peut jamais perdre sa valeur. C’est un état de choses immuable. L’Église ou l’Assemblée, quoiqu’elle y soit révélée, est au-dessus et à part de tout cela.
Le Seigneur prend place
avant Jean, manifesté à Israël pour tout le monde
[1:29] Tout en étant Agneau immolé, [1:30] Il est préféré à Jean le baptiseur,
car Il était avant lui : l’Agneau immolé était l’Éternel lui-même. [1:31] Dans
l’administration des voies de Dieu, c’était en Israël que ce témoignage à
l’œuvre du Seigneur devait être rendu, [1:29] bien que son sujet fût l’Agneau,
dont le sacrifice s’étendait au péché du monde, et que le Seigneur fût
l’Éternel. [1:31] Jean ne l’avait pas connu personnellement ; mais Il était le
seul et unique but de sa mission.
Ch. 1 v. 32-34 — Jésus
scellé de l’Esprit et reconnu Fils de Dieu ici-bas
Mais ce n’était pas tout : la Parole s’était faite homme [(1:14)], [1:32] et
comme homme Il a reçu la plénitude de l’Esprit, qui est descendu sur Lui et y
est demeuré ; [1:33] et l’homme ainsi désigné et scellé de la part du Père, doit
lui-même baptiser de l’Esprit Saint. [1:34] En même temps, par la descente de
l’Esprit, Il était désigné dans un autre caractère auquel, par conséquent, Jean
rend témoignage. Existant ainsi comme homme, et vu et scellé sur la terre, Il
était le Fils de Dieu. Jean le reconnaît comme tel et l’annonce. Ensuite arrive
ce qu’on peut appeler l’exercice et l’effet direct du ministère du baptiseur
dans ce temps-là ; mais c’est toujours de l’Agneau qu’il parle, car l’œuvre de
cet Agneau était l’objet des desseins, du propos arrêté de Dieu. Or
l’accomplissement de ces desseins par Jésus et la révélation de sa personne et
en Lui de la gloire du Père, font le sujet de notre évangile, quoique Israël fût
reconnu à sa place, place qui lui appartient de la part de Dieu.
Ch. 1 v. 35-52 —
Rassemblement des fidèles autour de Jésus
Ch. 1 v. 35-43 — Attachement du résidu à Jésus connu comme Messie, et ayant
autorité
[1:35] Là-dessus les disciples de Jean1, [1:37] ayant entendu leur maître,
suivent Jésus à sa demeure. C’est l’effet du témoignage de Jean, d’attacher le
résidu à Jésus, le centre de leur rassemblement. [1:39] Jésus ne se refuse pas à
la demande des disciples, fruit de ce témoignage ; [1:40] et ils l’accompagnent.
[1:42] Cependant ce résidu, quelle qu’ait été l’étendue du témoignage de Jean,
ne va pas de fait plus loin que de reconnaître Jésus comme le Messie2 : c’est ce
qui arrive par rapport aux deux disciples dans l’histoire que nous lisons.
[1:36] Jean avait parlé de l’Agneau ; [1:42] ils ne voient que le Messie ; —
[1:43] mais Jésus les connaît à fond, annonce le caractère de Simon aussitôt
qu’il arrive auprès de Lui, et lui donne son nom propre. C’était là un acte
d’autorité qui désigne Jésus comme le chef et le centre de tout le système. Dieu
peut donner des noms ; il connaît toutes choses. Il accorde à Adam le droit d’en
donner, et Adam a usé de ce droit, selon Dieu, à l’égard de tout ce qui lui
était assujetti [(Gen. 2:19-20)], ainsi qu’à l’égard de sa femme [(Gen. 2:23)].
Les grands rois qui prétendaient avoir ce même droit, ont, de fait, donné de
nouveaux noms à ceux qui les entouraient [(Dan. 1:7)]. Ève a voulu le faire,
mais elle s’est bien trompée [(Gen. 4:1-2)] ; quoique Dieu puisse donner au cœur
l’intelligence qui, sous son influence, s’exprime justement sous ce rapport. Or
Christ confère un nom caractéristique ici, avec autorité et avec toute science,
à l’instant où le cas se présente.
1 Remarquez que ce n’est pas en vertu de son témoignage public, mais après avoir entendu l’expression de son cœur qui ne s’adressait à personne.
2 Principe profondément intéressant pour nous, comme effet de la grâce : en recevant Jésus, on reçoit tout ce qu’il est, bien qu’au moment même, on ne voie en lui que ce qui est le point le moins élevé de sa gloire.
Ch. 1 v. 44-52 — Christ
appelle les siens et se manifeste comme Fils de l’homme
Vers. 441. Nous trouvons ensuite le témoignage immédiat de Christ lui-même et
des siens. [1:44] Premièrement, il appelle d’autres personnes à le suivre, quand
il se rend dans le lieu de son pèlerinage terrestre, qui avait été déjà indiqué
par les prophètes. [1:47] Nathanaël qui, de prime abord, rejette celui qui
sortait de Nazareth, nous présente, je n’en doute nullement, le résidu des
derniers jours. (Le témoignage auquel l’Évangile de grâce se rattache, précède
aux vers. 29-34). Nous le trouvons, en premier lieu, repoussant le méprisé du
peuple, [1:49] et sous le figuier, figure de la nation d’Israël (comme le
figuier qui ne devait plus jamais porter du fruit [(Matt. 21:19)], Israël sous
l’ancienne alliance) ; mais Nathanaël est la figure d’un résidu vu et connu du
Seigneur, en rapport avec Israël. [1:50] Le Seigneur qui s’est manifesté ainsi à
son cœur et à sa conscience, est reconnu comme Fils de Dieu et roi d’Israël :
c’est la foi formelle du résidu d’Israël épargné aux derniers jours, selon le
Ps. 2. [1:51] Or ceux qui recevaient ainsi Jésus, quand il était dans ce monde,
verraient encore de plus grandes choses que celles qui les avaient convaincus.
[1:52] Du reste, désormais, ils verraient les anges de Dieu monter et descendre
sur le Fils de l’homme : celui, qui, par sa naissance, avait pris place parmi
les enfants des hommes, par ce titre même, serait l’objet du service des
créatures les plus excellentes de Dieu. L’expression est emphatique. Les anges
de Dieu lui-même seraient au service du Fils de l’homme : [1:50] de sorte que le
résidu sans fraude d’Israël le reconnaît Fils de Dieu et roi d’Israël, [1:52] et
le Seigneur se déclare de plus être Fils de l’homme, en humiliation, en vérité,
mais objet du service des anges de Dieu. Ainsi, nous avons dans ce chapitre
remarquable, la révélation de la personne et des titres de Jésus, depuis son
existence éternelle et divine, comme la Parole, jusqu’à sa place millénaire de
roi d’Israël et de Fils de l’homme2, ce qu’il était déjà comme né dans ce monde,
mais qui sera réalisé lorsqu’il reviendra dans sa gloire.
1 Ces versets 38 à 44 embrassent les deux caractères de nos rapports avec Christ. [1:40] Il reçoit les deux disciples, ils demeurent avec lui, et il leur demande de le suivre. Nous n’avons pas un monde dans lequel nous puissions demeurer, ni un centre autour duquel puissent se rassembler ceux que la grâce a bien disposés. Aucun prophète, ni aucun serviteur de Dieu ne pouvait le faire. Christ est le seul centre de rassemblement dans ce monde. Le fait de « suivre » suppose que nous ne sommes pas encore entrés dans le repos de Dieu. En Éden, il n’y avait pas d’appel à suivre. Au ciel, il n’y en aura pas non plus. C’est une joie et un repos parfaits, là où nous nous trouvons. En Christ nous possédons un objet divin, nous traçant un chemin bien défini à travers ce monde dans lequel nous ne pouvons nous reposer avec Dieu, car le péché s’y trouve.
2 Sauf ce qui concerne l’Assemblée et Israël. Ici, Christ n’est pas Souverain Sacrificateur ; Il n’est pas la Tête du Corps, il n’est pas révélé comme le Christ. Jean ne nous donne pas ce qui montre l’homme dans le ciel , mais Dieu, dans l’homme, sur la terre — non pas ce qui est céleste, comme étant monté dans le ciel, mais ce qui est divin ici-bas. Dans tout l’évangile, Israël est considéré comme étant rejeté. Les disciples reconnaissent Jésus comme le Christ, mais il n’est pas proclamé comme tel.
Résumé du chapitre
Révélation de tous les titres personnels de Jésus dans ce monde
Avant d’aller plus loin, repassons quelques points de ce chapitre. [1:1] Le
Seigneur est révélé comme la Parole ; comme Dieu, [1:2] et avec Dieu ; [1:4]
comme lumière ; comme vie ; [1:14] secondement, comme la Parole faite chair,
ayant la gloire d’un Fils unique de la part du Père — comme tel il est plein de
grâce, et la vérité procède de Lui, [1:16] de sa plénitude nous avons tout reçu,
[1:18] et il a annoncé le Père (comp. chap. 14) — [1:29] comme Agneau de Dieu ;
[1:32] comme Celui sur lequel le Saint Esprit a pu descendre [1:33] et qui
baptisait du Saint Esprit ; [1:34] comme le Fils de Dieu1 ; [1:29]
troisièmement, son œuvre, ce qu’il accomplit comme Agneau de Dieu ôtant le péché
du monde, [1:50] et comme Fils de Dieu et roi d’Israël. Ici se termine la
révélation de sa personne et de son œuvre. Dans les vers. 35-43, le ministère de
Jean, mais où Jésus, comme il pouvait seul le devenir, est le centre du
rassemblement. Vers. 44, le ministère de Christ, par lequel il appelle des âmes
à le suivre, ce qui, avec les vers. 38, 39, lui donne son double caractère,
comme étant le point d’attraction dans le monde ; avec cela, sa pleine
humiliation, mais reconnu par un témoignage divin adressé au résidu, selon le
Ps. 2, [1:52] et prenant son titre de Fils de l’homme, selon le Ps. 8 — le Fils
de l’homme : nous pouvons dire, tous ses titres personnels. Nous ne trouvons pas
ici sa relation avec l’Église, ni sa fonction de sacrificateur, mais ce qui
appartient à sa personne et aux rapports de l’homme avec Dieu dans ce monde.
Ainsi, outre sa nature divine, c’est tout ce qu’il était et ce qu’il sera dans
ce monde : sa position céleste et ses conséquences pour la foi sont enseignées
ailleurs, et il y est à peine fait allusion dans cet évangile, quand cela est
nécessaire.
1 Ici il est vu comme Fils de Dieu dans ce monde ; au vers. 14, il est dans la gloire d’un fils unique de la part du Père ; au vers. 18, il est tel dans le sein du Père.
Attachement à Jésus,
même si le caractère saisi tout d’abord est peu élevé
Remarquez que, [1:36] lorsque Christ est prêché d’une manière complète jusqu’à
un certain point, [1:42] le cœur de l’auditeur peut vraiment croire et
s’attacher à Lui en le revêtant d’un caractère que l’état de l’âme ne sait pas
encore dépasser, et en ignorant la plénitude dans laquelle Il a été révélé. En
effet, quand cela est réel, le témoignage, quelque élevé qu’il soit dans son
caractère, atteint le cœur où il se trouve. [1:36] « Voilà l’Agneau de Dieu »,
dit Jean ; — [1:42] « nous avons trouvé le Messie », disent les disciples qui
ont suivi Jésus, sur le témoignage de leur maître.
Effet du témoignage du
cœur plus que de la doctrine
Remarquez aussi que l’expression de ce qui se passait dans le cœur de Jean a
plus d’effet qu’un témoignage plus formel, plus doctrinal. [1:36] Il regardait
Jésus et s’écriait : « Voilà l’Agneau de Dieu ! » — [1:37] Les disciples l’ont
entendu et ont suivi Jésus. C’était, sans doute, le témoignage propre de Jean de
la part de Dieu, Jésus étant là ; mais ce n’était pas une explication doctrinale
comme ce qui précède.
John Nelson Darby