Chapitre 6
Objet du chapitre : Croissance dans l’état chrétien, et gloire révélée de Christ
L’Esprit veut former les chrétiens à l’état d’hommes faits
Or l’Esprit ne veut pas s’arrêter à ces rudiments en enseignant les chrétiens,
[6:1] mais veut continuer jusqu’à la pleine révélation de la gloire du Christ
qui appartient à l’homme fait, ou si l’on veut, le forme pour qu’il soit tel.
Les Hébreux sont placés
sur un terrain plus élevé que le judaïsme
On voit facilement que l’écrivain inspiré cherche à faire sentir aux Hébreux
qu’il les plaçait sur un terrain plus élevé, plus excellent, en les mettant en
relation avec un Christ invisible et céleste, tandis que le judaïsme les
retenait en arrière dans la position d’enfants. Cette pensée, du reste,
caractérise l’épître entière.
Rudiments et doctrine
de l’enfance, et révélation de Christ dans le système chrétien
Cependant nous trouvons deux choses ici : [6:1-2] d’un côté les rudiments et le
caractère de la doctrine qui appartenait à l’enfance, au commencement de la
parole du Christ, en contraste avec la puissance et la saveur céleste qui
accompagnaient la révélation chrétienne ; d’un autre côté, quelle était la
révélation du Christ Lui-même en rapport avec le système spirituel et chrétien.
Distinction entre
système chrétien et position glorieuse de Christ
Mais l’épître fait une distinction entre le système chrétien et la doctrine de
la personne de Christ, même quand il est envisagé comme homme (*), quoique la
position actuelle de Christ donne son caractère au système chrétien. La
distinction est faite, non pas parce que l’état des âmes ne dépend pas de la
mesure de la révélation de Christ et de la position qu’il a prise, mais parce
que la doctrine de sa personne et de sa gloire va bien plus loin que l’état
actuel de nos relations avec Dieu.
(*) Toutefois la relation de Christ comme Fils ici-bas ne peut être séparée de sa relation comme Fils éternel ; car celle-ci prête son caractère à la première tandis qu’il était sur la terre dans ce qui est appelé le temps. Le passage dans le texte a trait aux versets 5 et 8 du chapitre 5 comparés aux versets 6 et 10 du même chapitre. Comparez aussi le commencement de Jean 17.
Ch. 6 v. 1-12 —
Comparaison des systèmes juif et chrétien, et état de ceux qui y sont
Ch. 6 v. 1-5 — Contraste entre l’état d’enfance et l’état d’homme fait
État passé et résultat de la glorification de Christ révélé
Privilèges chrétiens par la position glorieuse de Christ, et état d’homme fait
Les choses dont il est parlé dans les versets 1 et 2 de notre chapitre avaient
eu leur place lorsque le Messie était encore à venir. Tout alors était à l’état
d’enfance. Les choses dont il est parlé aux versets 4 et 5 sont les privilèges
dont les chrétiens jouissaient en vertu de l’œuvre et de la glorification du
Messie. Mais elles ne sont pas en elles-mêmes « l’état d’hommes faits »
mentionné au verset 1 et qui se rapporte davantage à la connaissance de la
personne de Christ Lui-même ; les privilèges chrétiens dont il est parlé étaient
l’effet de la position glorieuse de sa personne dans le ciel.
Obscurité dans l’état
d’enfance, et responsabilité après l’exaltation de Christ
Il est important de faire attention à ceci pour comprendre ces passages. Dans
l’enfance dont il est parlé dans les versets 1 et 2, l’obscurité de la
révélation du Messie, annoncée tout au plus par des promesses et des prophéties,
laissait les adorateurs sous le joug des cérémonies et des figures, quoique en
possession de quelques vérités fondamentales. [6:4-5] Son exaltation donnait
lieu à la puissance du Saint Esprit ici-bas, de laquelle dépendait la
responsabilité des âmes qui l’avaient goûtée.
Présenter la personne
et la gloire de Jésus délivre du système juif et préserve de l’état charnel
La doctrine de la personne et de la gloire de Jésus fait le sujet des
révélations de l’épître, et était le moyen de délivrer les Juifs de tout le
système qui avait été un si pesant fardeau sur leurs cœurs, le moyen de les
empêcher d’abandonner l’état dépeint aux versets 4 et 5, pour rentrer dans la
faiblesse, et de retourner, Christ étant venu, à l’état charnel des versets 1 et
2.
Avancer dans les choses
nouvelles plutôt que reposer les anciennes
Avancer jusqu’à ce qu’est Christ révélé par la Parole, plutôt que rester aux
anciennes doctrines
[6:1-2] L’épître donc ne vient pas poser de nouveau les doctrines vraies, mais
élémentaires, qui appartenaient au temps auquel Christ n’était pas révélé ; mais
elle veut avancer jusqu’à la pleine révélation de sa gloire et de la position
qu’Il occupe, selon les conseils de Dieu révélés dans la Parole.
Introduction du
christianisme, chose nouvelle, par l’Esprit, lié à la gloire de Jésus
Le Saint Esprit ne voulait pas revenir à ces choses anciennes, parce que les
nouvelles, savoir le christianisme caractérisé par la puissance du Saint Esprit,
avaient été introduites en rapport avec la gloire céleste du Messie.
Ch. 6 v. 6 — Gravité du
mal de celui qui abandonne la doctrine chrétienne
État misérable de celui qui a laissé les choses anciennes, puis abandonné les
nouvelles
[6:6] Or si quelqu’un qui avait été placé sous l’influence de cette puissance,
et qui l’avait connue, venait à l’abandonner, il ne pouvait être renouvelé
encore à la repentance. Les anciennes choses du judaïsme devaient être et
avaient été laissées en arrière par ce en quoi il était entré. Les chrétiens ne
pouvaient se servir de ces choses pour agir sur les âmes ; et, quant aux choses
nouvelles, cet homme les avait abandonnées ; tous les moyens de Dieu avaient été
employés en vue de lui et n’avaient rien produit.
Répétition de la mise à
mort de Jésus par celui qui abandonne délibérément la vérité
[6:6] Celui qui abandonnait ainsi la doctrine chrétienne crucifiait le Fils de
Dieu pour lui-même, c’est-à-dire de sa propre volonté. Associé au peuple qui
s’était rendu coupable de la mort du Fils de Dieu, il avait reconnu le péché
commis par son peuple et avait tenu Jésus pour le Messie. Or maintenant il
répétait, le sachant et le voulant, le crime commis contre Christ.
Puissance divine de
l’Esprit Saint et annonce de la grâce, anticipant la délivrance
Manifestation de la puissance divine anticipant la destruction de l’ennemi
[6:1-2] Le jugement, la résurrection des morts, la repentance des œuvres mortes
avaient été enseignés : sous cet ordre de choses, la nation avait crucifié son
Messie ; [6:4] mais maintenant la puissance divine était arrivée ; elle
témoignait de la glorification du Messie crucifié, du Fils de Dieu dans le ciel
; [6:5] et par des miracles elle détruisait, du moins en détail, le pouvoir de
l’Ennemi qui régnait encore sur la terre ; ces miracles étaient une anticipation
partielle de la pleine et glorieuse délivrance qui aurait lieu dans le monde à
venir, où le Messie, le Fils de Dieu, triomphant, détruirait entièrement tout ce
pouvoir. C’est pourquoi ils sont appelés « les miracles du siècle à venir ».
Ch. 6 v. 4-5 —
Manifestation de la puissance du Saint Esprit et annonce de la grâce divine
[6:4] La puissance du Saint Esprit, [6:5] les miracles accomplis au sein du
christianisme étaient des témoignages que le pouvoir qui accomplirait cette
délivrance, quoique encore caché dans le ciel, existait cependant dans la
personne glorieuse du Fils de Dieu. Ce pouvoir n’accomplissait pas encore la
délivrance de ce monde opprimé par Satan, [6:4] parce qu’en attendant, une autre
œuvre s’accomplissait : la lumière de Dieu luisait ; [6:5] la bonne parole de la
grâce était annoncée ; [6:4] on pouvait goûter le don céleste, meilleur encore
que la délivrance du monde, et la puissance sensible du Saint Esprit se faisait
connaître, en attendant que le Messie revînt en gloire pour lier Satan et
accomplir ainsi la délivrance du monde, assujetti à l’empire de ce dernier.
Influence de la grâce
annoncée par la parole et de la puissance de l’Esprit
En général, la puissance du Saint Esprit, en vertu de la glorification céleste
du Messie, s’exerçait sur la terre comme manifestation présente et anticipation
de la grande délivrance à venir. La révélation de la grâce, la bonne parole de
Dieu était annoncée, et le chrétien vivait dans la sphère où ces choses se
déployaient, et subissait l’influence qui s’y exerçait. Cette influence se
faisait sentir même à une âme qui avait été introduite au milieu des chrétiens,
et qui la subissait lors même que la vie spirituelle manquait chez elle.
Pas de moyen
supplémentaire pour ceux qui ont rejeté la nouvelle révélation
[6:4] Or, si après avoir subi l’influence de la présence du Saint Esprit, [6:5]
goûté la révélation de la bonté de Dieu et ressenti les preuves de sa puissance,
[6:6] l’on abandonnait Christ, il ne restait plus aucun moyen de renouveler
l’âme pour l’amener à la repentance. Les trésors célestes étaient déjà dépensés,
on les avait méprisés comme ne valant rien ; on avait rejeté la pleine
révélation de la grâce et de la puissance après l’avoir connue. Quel moyen
employer maintenant ? Il était impossible de retourner au judaïsme et à la
parole du commencement du Christ contenue dans le judaïsme, depuis que la vérité
avait été révélée ; et d’autre part la nouvelle lumière avait été connue et
rejetée. Dans un pareil cas, il n’y avait que la chair, et point de nouvelle vie
; les ronces et les épines croissaient comme par le passé : il n’y avait aucun
changement réel.
Comparaison entre les
deux systèmes et les privilèges qui s’y rattachent
La possession de la vie et les fruits ne sont pas supposés dans ce qui est
exposé
Une fois qu’on a compris que le passage qui nous occupe est une comparaison
entre la puissance du système spirituel et le judaïsme, et qu’il s’agit de
l’abandon du premier après qu’il a été connu, la difficulté du passage
disparaît. La possession de la vie n’est pas supposée, et la question de savoir
si l’on possède cette vie n’est pas abordée : le passage parle du Saint Esprit
comme d’une puissance présente dans le christianisme, non pas de la vie. [6:5] «
Goûter la bonne Parole », c’est avoir compris combien cette parole est
précieuse, et non pas avoir été vivifié par son moyen1. [6:9] C’est pourquoi, en
parlant aux chrétiens juifs, l’auteur de l’épître s’attend, en ce qui les
concerne, à des choses meilleures et qui tiennent au salut, de sorte que tout ce
qui a été énuméré pouvait être là sans le salut ; il ne pouvait non plus y avoir
aucun fruit, car le fruit suppose la vie.
1 De même dans Matthieu 13 [(v. 20-21)], quelques-uns reçoivent la parole avec joie ; mais il n’y avait pas de racine.
Ch. 6 v. 9-12 — Les
chrétiens hébreux avaient la vie et portaient du fruit
[6:9] L’auteur n’applique cependant pas ses paroles aux chrétiens hébreux ; car,
quel que fût leur état, ils avaient porté des fruits, preuves de la vie ; or
jamais le simple pouvoir n’est en soi la vie ; [6:10-12] et l’apôtre continue
ses raisonnements en leur donnant des encouragements et des motifs pour
persévérer.
Comparaison entre les
états des professants, et exhortation pour les fidèles
On remarquera donc que ce passage est une comparaison entre ce que l’on
possédait avant la glorification de Christ et après cette glorification ; entre
l’état et les privilèges des professants à ces deux époques, sans question de
conversion personnelle. [6:4-6] Si, devant la puissance du Saint Esprit et la
pleine révélation de la grâce, abandonnant l’assemblée, on se détachait de
Christ et revenait en arrière, il n’y avait pas moyen d’être renouvelé encore à
la repentance. [6:1-2] L’auteur ne voulait donc pas poser de nouveau le
fondement des choses anciennes au sujet du Christ, choses déjà vieillies, mais
avancer pour le profit de ceux qui demeuraient fermes dans la foi.
Privilèges chrétiens et
gloire du monde millénaire futur
On remarquera aussi que l’épître, en parlant des privilèges chrétiens, ne perd
pas de vue l’état terrestre à venir, la gloire et les privilèges du monde
millénaire. [6:5] Les miracles sont « les miracles du siècle à venir », ils
appartiennent à ce temps-là. La délivrance et la destruction de la puissance de
Satan seront alors complètes ; ces miracles sont des délivrances, et comme des
échantillons de cette puissance. Nous avons vu (chap. 2:5) ce point mis en
évidence dès le commencement de la doctrine de l’épître, et au chapitre 4, le
repos de Dieu laissé un peu vague dans son caractère, pour embrasser à la fois
la partie céleste et la partie terrestre du règne millénaire de notre Seigneur.
Ici, la puissance actuelle du Saint Esprit caractérise les voies de Dieu, le
christianisme ; mais les miracles font pressentir le siècle à venir, où le monde
entier sera béni.
Ch. 6 v. 13-20 —
Bénédictions liées à Jésus dans le ciel, garant des promesses
Parole et serment divin pour l’accomplissement des promesses, en lien avec le
ciel
Dans ses encouragements, l’épître rappelle déjà ici les principes sur lesquels
le père des fidèles et du peuple juif avait marché, et comment Dieu l’avait
affermi dans sa foi. [6:15] Abraham avait dû s’appuyer sur des promesses, sans
posséder ce qui était promis : c’était le même état dans lequel, quant au repos
et à la gloire, les chrétiens hébreux se trouvaient alors ; [6:17] mais, en même
temps, Dieu, pour donner une pleine assurance au cœur, avait confirmé sa parole
par un serment, [6:18] afin que ceux qui se fondaient sur cette espérance de
gloire promise, eussent une ferme consolation. [6:19] Or, cette assurance avait
reçu une confirmation plus grande encore : elle entrait jusqu’au-dedans du
voile, elle trouvait son Garant dans le sanctuaire même, [6:20] où un précurseur
était entré. Elle donnait ainsi à la foi, non seulement une parole et un serment
— mais un garant personnel de l’accomplissement de ces promesses, et le
sanctuaire de Dieu pour refuge du cœur ; elle donnait, pour ceux qui avaient de
l’intelligence, un caractère céleste à l’espoir qu’ils chérissaient ; elle
donnait enfin, par le caractère de Celui qui était entré dans le ciel, la
certitude de l’accomplissement de toutes les promesses de l’Ancien Testament, en
rapport avec un Médiateur céleste, qui, par sa position, assurait cet
accomplissement ; elle établissait la bénédiction terrestre sur le ferme
fondement du ciel lui-même, et donnait en même temps à cette bénédiction un
caractère plus élevé et plus excellent, en la rattachant au ciel et en l’en
faisant découler.
Double caractère de
bénédiction, rattaché à Jésus, le Messie
Ainsi le double caractère de la bénédiction que ce livre a en vue est présenté à
nos pensées, en relation avec la personne du Messie ; et l’ensemble rattaché à
Jésus par la foi.
Ch. 6 v. 20 —
Sacrificature céleste de Jésus et royauté à venir, délivrant du judaïsme
[6:20] Jésus est entré dans le ciel comme précurseur. Il y est ; nous
appartenons à ce ciel ; Jésus s’y trouve comme Souverain Sacrificateur. Par
conséquent, dans le temps actuel, sa sacrificature a un caractère céleste ;
toutefois il est personnellement sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Sa
sacrificature met donc de côté tout l’ordre Aaronique, quoiqu’elle soit exercée
maintenant selon l’analogie de celle d’Aaron ; mais, par sa nature, elle dirige
nos pensées vers l’existence à venir d’une royauté qui n’est pas encore
manifestée. Or, le fait même que cette royauté à venir se rattachait à la
personne de Celui qui était assis à la droite de la Majesté dans les cieux,
selon le Psaume 110, attachait le regard du chrétien hébreu, tenté à revenir en
arrière, sur Celui qui était en haut, lui faisait comprendre la sacrificature
que le Seigneur exerce dans le temps présent, le délivrait du judaïsme et
l’affermissait dans le caractère céleste du christianisme qu’il avait embrassé.