Chapitre 3
Ch. 3 v. 1-6 — Christ et la maison de Dieu, bien supérieur à Moïse
Ch. 3 v. 1 — Christ, apôtre et souverain sacrificateur des croyants juifs
[3:1] Ainsi le Seigneur nous est présenté comme Apôtre et Souverain
Sacrificateur des croyants d’entre les Juifs, du vrai peuple. Je dis « d’entre
les Juifs », non qu’il ne soit notre Sacrificateur, mais parce qu’ici l’écrivain
sacré se place parmi les Juifs croyants, en disant : « notre » et que, au lieu
de parler de lui-même comme apôtre, il désigne Jésus comme l’Apôtre, ce qu’Il
était personnellement pour les Juifs. En principe, ce dont il parle est vrai
pour tous les croyants. Ce que le Seigneur a dit est sa Parole, et il est à même
de nous secourir quand nous sommes tentés [(2:18)]. [3:6] Nous sommes sa maison.
Christ, Fils sur sa
maison, plus excellent que Moïse
Christ, Dieu, est Fils sur Sa maison, où Moïse était serviteur fidèle
[3:6] Car nous avons ici un troisième caractère de Christ : il est « Fils sur sa
maison ». [3:5] Moïse a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur,
en témoignage des choses qui devaient être dites plus tard ; [3:6] or Christ est
sur la maison de Dieu ; toutefois ce n’est pas comme serviteur, mais comme Fils.
[3:3] Il a bâti la maison ; [3:4] il est Dieu.
Christ, excellent comme
bâtisseur de la maison, l’univers, mais aussi les croyants
[3:2] Moïse s’était identifié avec la maison, fidèle en tout dans cette position
; [3:3] Christ est plus excellent, comme celui qui a bâti la maison est plus
excellent que la maison ; [3:4] mais Celui qui bâtit toutes choses est Dieu ; et
c’est ce que Christ a fait. De fait la maison, c’est-à-dire le tabernacle dans
le désert, était une figure de l’univers. Christ a traversé les cieux, comme le
souverain sacrificateur entrant dans le sanctuaire [(4:14)]. Tout était purifié
par du sang [(9:22)], comme Dieu réconciliera toutes choses par Christ dans les
cieux et sur la terre. Dans un certain sens, cet univers est la maison de Dieu ;
Dieu daigne y habiter. Christ l’a créé tout entier ; [3:6] mais il y a une
maison qui est plus proprement à Lui : nous sommes sa maison, en supposant que
nous persévérions jusqu’à la fin.
Danger pour les
croyants hébreux de se détourner de ce qui ne se voit pas
Le danger des chrétiens hébreux — attirés par leurs anciennes habitudes, une loi
et des cérémonies établies par Dieu Lui-même — était qu’ils abandonnassent le
christianisme, où Christ n’est pas visible, pour des choses visibles et
palpables. Le Christ des chrétiens, loin d’être une couronne de gloire pour le
peuple, n’était qu’un objet de foi ; en sorte qu’il était privé de toute
importance si la foi s’affaiblissait. Une religion qui parlait aux yeux, « le
vin vieux », attirait naturellement ceux qui y étaient habitués.
Christ et la maison
présentés, Lui étant Fils sur la maison de Dieu
[3:3] De fait, le Christ était bien plus excellent que Moïse, comme celui qui a
bâti la maison est plus grand que la maison. [3:4] Or cette maison était la
figure de toutes choses, et Celui qui les avait bâties était Dieu. [3:6] Le
passage nous présente, à ce point de vue, Christ et la maison, et dit aussi que
c’est nous qui sommes la maison, et Christ n’est pas ici serviteur, il est Fils
sur la maison de Dieu.
Christ est là comme
personne céleste, médiateur entre le peuple et Dieu
Il ne faut pas que le lecteur oublie jamais ce que nous avons déjà fait
remarquer, savoir que, dans cette épître, nous ne trouvons pas l’Assemblée comme
corps de Christ, unie à Lui, ni même le Père non plus, sauf comme comparaison au
chapitre 12. C’est Dieu, un Christ céleste (qui est Fils de Dieu), et un peuple,
qui nous sont présentés ; le Messie étant un médiateur céleste entre le peuple
et Dieu. Ainsi les privilèges propres à l’Assemblée ne se trouvent pas dans
cette épître ; ces privilèges découlent de notre union avec Christ ; mais ici
Christ est une personne à part, qui est entre nous et Dieu, dans les hauts
lieux, tandis que nous, nous sommes sur la terre.
Remarques sur les deux
premiers chapitres
Compréhension des chap. 1 et 2, et principe de l’instruction de l’épître
Nous pouvons ajouter ici encore quelques remarques qui éclairciront ce point, et
aideront le lecteur à comprendre les deux premiers chapitres, et le principe de
toutes les instructions de l’épître.
Ch.. 1 : Christ fait
Lui-même l’œuvre parfaite de purification, et s’assied
Au chapitre 1, [1:3] Christ fait par Lui-même — et cette œuvre est présentée
comme une partie de sa gloire divine — la purification des péchés, et s’assied à
la droite de Dieu. Cette œuvre, remarquez-le, est faite par Lui-même ; nous n’y
sommes pour rien, sinon que nous y croyons et en jouissons. C’est une œuvre
divine, que cette personne divine a accomplie par elle-même, de sorte que
l’œuvre a toute la perfection absolue, toute la force d’une œuvre faite par Lui,
sans aucun mélange de notre faiblesse, de nos efforts ou de nos expériences. Le
Fils l’a faite par Lui-même, et elle est accomplie. Là-dessus il s’assied.
Personne ne le place là, il s’assied Lui-même sur le trône, dans les hauts
lieux.
Ch. 2 : Christ homme
glorifié dans le ciel, dans Son état actuel
Gloire actuelle, accomplissement encore partiel des conseils de Dieu pour Lui
Au chapitre 2, nous trouvons un autre point qui caractérise l’épître, savoir
l’état actuel de l’Homme glorifié : [2:9] il est couronné de gloire et
d’honneur, [2:8] mais ceci en vue d’un ordre de choses qui n’est pas encore
accompli. C’est la personne du Christ homme qui est présentée, et non
l’Assemblée unie à Lui-même, quand il est envisagé comme glorifié dans les
cieux. Cette gloire est considérée comme un accomplissement partiel de ce qui
Lui appartient selon les conseils de Dieu, comme Fils de l’homme. Plus tard elle
sera complète dans toutes ses parties, par l’assujettissement de toutes choses.
Développement de ce qui
appartient au Fils de l’homme, encore à venir
La gloire actuelle de Christ fait donc regarder en avant vers un ordre de choses
encore à venir, qui sera le plein repos, la pleine bénédiction. En un mot, outre
la perfection de Son œuvre, l’épître nous présente le développement de ce qui
appartient à la personne du Christ Fils de l’homme, non la perfection de
l’Assemblée en Lui. Or ceci embrasse le temps actuel, dont le caractère dépend,
pour le croyant, de la glorification de Christ dans les cieux, en attendant un
état à venir où tout lui sera assujetti.
Fils de l’homme
couronné, Dieu montrant en Lui Sa pensée pour l’homme
[2:9] Dans ce deuxième chapitre, on voit aussi qu’il est couronné. Il ne
s’assied pas, Lui, comme de droit, bien qu’il eût cette gloire avant que le
monde fût [(Jean 17:5)] ; mais, ayant été fait un peu moindre que les anges,
Dieu le couronne. On voit clairement aussi que, bien que les chrétiens hébreux
soient particulièrement en vue, et que même tous les chrétiens soient rangés
sous le titre de « semence d’Abraham » sur la terre, Christ est toutefois
envisagé comme le Fils de l’homme, non pas comme le fils de David ; [2:6] et la
question est : « Qu’est-ce que l’homme ? ». La réponse — combien précieuse pour
nous ! — est : Christ, mort une fois à cause de l’état de l’homme, maintenant
glorifié. C’est en Lui que nous voyons la pensée de Dieu à l’égard de l’homme.
Héritage de la promesse
divine ici-bas, et particularité des croyants juifs
Chrétiens comme semence d’Abraham, héritiers de la promesse
Le fait que les chrétiens même sont envisagés comme semence d’Abraham montre
clairement qu’ils sont considérés, comme faisant partie de la chaîne des
héritiers de la promesse sur la terre (comme en Rom. 11), et non comme
l’Assemblée unie à Christ comme son corps dans le ciel.
Perfection de l’œuvre
de Dieu, mais pleins résultats encore futurs
L’œuvre est parfaite ; elle est l’œuvre de Dieu : il a fait par Lui-même la
purification des péchés [(1:3)]. Le plein résultat des conseils de Dieu à
l’égard du Fils de l’homme n’est pas encore arrivé : ainsi la partie terrestre
de ces conseils peut être présentée comme chose prévue, aussi bien que la partie
céleste ; bien que ceux auxquels l’épître est adressée eussent part à la gloire
céleste et fussent participants de l’appel céleste [(3:1)] en rapport avec la
position actuelle du Fils de l’homme.
Avantages du résidu
juif croyant, à part des privilèges célestes
Le résidu des Juifs, ainsi que nous l’avons dit, est considéré comme continuant
la chaîne du peuple béni sur la terre, quels que soient d’ailleurs leurs
privilèges célestes ou leur état spécial à la suite de l’élévation céleste du
Messie. Nous avons été greffés sur l’olivier franc [(Rom. 11:24)], de sorte que
nous participons à tous les avantages dont il est parlé ici ; seulement notre
position la plus élevée et les privilèges qui s’y rattachent ne sont pas en vue.
Aussi, écrivant aux Hébreux, et comme l’un d’entre eux, l’auteur de l’épître
s’adresse à eux, savoir aux Israélites chrétiens et croyants : c’est la force du
mot « nous » que nous trouvons ici. Il faut s’en souvenir et ne pas oublier que
les Hébreux croyants forment toujours ce « nous » dont l’auteur fait aussi
partie.
Appropriation de
l’épître, mais selon la pensée de l’Esprit
Comme je l’ai dit, nous nous approprions cette épître de bon droit en principe ;
mais pour bien la comprendre, il faut se mettre au point de vue de l’Esprit de
Dieu.
Ch. 3 v. 8-19 —
Exhortation à rester confiant en Dieu
Ch. 3 v. 8-13 — Danger d’abandonner Dieu et de s’endurcir comme le peuple
Avertissement de ne pas abandonner Dieu, à l’image du peuple endurci
Personne ne devait s’endurcir (v. 8), mais cette parole est adressée
spécialement à Israël, et cela jusqu’au jour où Christ paraîtra. L’auteur, en
parlant du danger des Hébreux sous ce rapport, revient à la parole autrefois
adressée à Israël, non pour les avertir du danger qu’ils couraient en la
négligeant maintenant, mais pour leur montrer les conséquences de l’abandon de
ce qu’ils avaient reconnu comme vrai. [3:9] Israël, délivré d’Égypte, avait
provoqué Dieu dans le désert (c’était bien là où en étaient les chrétiens dans
ce monde) parce que Dieu n’avait pas introduit son peuple tout de suite et sans
difficultés en Canaan. [3:12] Ceux à qui l’épître est adressée étaient en danger
d’abandonner le Dieu vivant de la même manière, c’est-à-dire que le danger était
là devant leurs yeux. [3:13] Ils devaient plutôt s’exhorter les uns les autres,
aussi longtemps qu’il est encore dit « aujourd’hui », afin qu’ils ne fussent pas
endurcis par la ruse du péché. Ce mot : « aujourd’hui » est l’expression de la
patiente activité de la grâce de Dieu envers Israël jusqu’au bout. Le peuple
était incrédule, s’endurcissait, s’est endurci, et s’endurcira, hélas ! jusqu’à
la fin, où le jugement arrivera dans la personne du Messie-Jéhovah qu’ils ont
méprisé. Mais jusqu’alors Dieu aime à répéter : « Aujourd’hui, si vous entendez
ma voix » ! Il se peut que seul un petit nombre écoute ; il se peut que la
nation soit judiciairement endurcie afin que les gentils soient admis ; mais le
mot : « aujourd’hui » se fait toujours entendre pour chacun d’entre eux, ayant
des oreilles pour entendre, jusqu’à ce que le Seigneur paraisse en jugement ;
cet appel s’adresse au peuple selon la patience de Dieu. Pour le résidu qui
avait cru, c’était un avertissement particulier de ne pas marcher dans le chemin
du peuple endurci qui avait refusé d’écouter, de ne pas se retourner vers lui en
abandonnant leur propre confiance dans la parole qui les avait appelés, comme
Israël l’avait fait dans le désert.
Ch. 3 v. 13 — Mise en
garde contre le danger pratique de se détacher de Dieu
[3:13] Aussi longtemps que le « aujourd’hui » de l’appel de la grâce durerait,
les fidèles devaient s’entr’exhorter, de peur que l’incrédulité ne se glissât
dans leurs cœurs par la subtilité du péché. C’est ainsi que l’on abandonne le
Dieu vivant. Nous parlons ici au point de vue pratique, non pas à celui de la
fidélité de Dieu, qui ne permettra certainement pas qu’aucun des siens périsse ;
mais il y a le danger pratique d’être, quant à notre responsabilité, détachés de
Dieu, et pour toujours, si Dieu n’intervenait pas en agissant dans une vie qu’il
nous a donnée et qui ne peut périr.
Conséquences de la
séparation de Dieu par le péché
Le péché nous sépare de Dieu dans nos pensées ; nous n’avons plus la même
conscience de l’amour de Dieu, ni de sa puissance, ni de l’intérêt qu’il nous
porte ; la confiance se perd ; l’espérance et la valeur des choses invisibles
s’affaiblissent ; la valeur des choses visibles augmente en proportion ; la
conscience est mauvaise ; on est mal à l’aise avec Dieu ; le chemin paraît dur
et difficile ; la volonté s’affermit contre Dieu ; on ne vit plus de foi ; les
choses qui se voient se mettent entre Dieu et nous, et possèdent le cœur. Si la
vie est là, Dieu avertit par son Esprit (comme dans cette épître) ; il châtie et
ramène : si, par contre, il n’a dans l’âme qu’une influence extérieure, une foi
sans vie, et que la conscience n’ait pas été atteinte, on abandonne Dieu.
Ch. 3 v. 14-19 —
Nécessité de maintenir sa confiance jusqu’au but promis
Ch. 3 v. 16-19 — Exemple d’Israël au désert, incrédule et privé du repos de Dieu
C’est l’avertissement de ne pas le faire qui arrête celui qui vit. Celui qui est
mort, celui duquel la conscience n’est pas engagée, qui ne se dit pas : « Auprès
de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! » [(Jean
6:68)] méprise l’avertissement et périt. [3:17] Il en avait été ainsi d’Israël
dans le désert, [3:18] et Dieu leur jura qu’ils n’entreraient pas dans son repos
(Nomb. 14:21-23), et pourquoi ? [3:19] Ils avaient abandonné leur confiance en
lui ; leur incrédulité, quand la beauté et l’excellence du pays leur avaient été
rapportées, les a privés du repos promis.
Position des croyants,
devant persévérer avec confiance dans le désert
La position des croyants auxquels l’épître s’adresse, quoiqu’en rapport avec de
meilleures promesses, était la même. La beauté et l’excellence de la Canaan
céleste leur avaient été annoncées ; ils avaient vu et goûté les fruits de ce
pays par l’Esprit ; ils étaient encore dans le désert ; [3:14] il s’agissait
pour eux de persévérer, de maintenir leur confiance jusqu’à la fin.
Application à des
chrétiens ayant déjà une pleine confiance, qu’ils doivent garder
Remarquez — car Satan et notre propre conscience lorsqu’elle n’est pas
affranchie se servent souvent de cette épître pour nous troubler — qu’il ne
s’agit pas ici de chrétiens qui doutent ou de personnes qui n’ont pas encore
acquis une entière confiance en Dieu : pour ceux qui sont dans cet état, ces
exhortations et ces avertissements n’ont aucune application. [3:14] Les
chrétiens sont exhortés à garder la confiance qu’ils ont, et à persévérer, non
pas à faire taire des craintes ou des doutes : cet emploi de l’épître pour
légitimer de tels doutes n’est qu’une ruse de l’Ennemi. Seulement j’ajouterai
ici que si la pleine connaissance de la grâce (ce que l’âme, en pareil cas, ne
possède assurément pas encore) peut seule délivrer l’âme et l’affranchir de ces
craintes, il est néanmoins très important de garder une bonne conscience en
pratique, pour ne pas fournir un moyen spécial d’attaque à l’Ennemi.