Archéologie :
Qumram et les manuscrits de la mer Morte

Voir le rouleau d'Ésaie en image: http://www.ao.net/~fmoeller/qumdir.htm#Directory

Les grottes de Qumram

Au cours de l'été 1947, un jeune Bédouin cherchait une chèvre égarée; voulant vérifier si elle ne s'était pas introduite par hasard dans une grotte, il jeta quelques cailloux dans l'obscurité et entendit un bruit de jarres brisées.

Il venait de trouver des rouleaux provenant de la bibliothèque d'un ancien monastère juif, à 1 km de la côte nord-ouest de la mer Morte et à 12 km au sud de Jéricho.

 

Les ruines du monastère de Qumran se situent aux pieds des grottes dans lesquelles furent découverts les manuscrits.

 

Les Esséniens

 

L'historien Flavius Josèphe (35-95 après J-C) décrit les trois principales écoles juives contemporaines de Jésus : ce sont les pharisiens, les sadducéens et les esséniens. Ce dernier groupe ne figure pas comme tel dans le Nouveau Testament. Son nom signifie : « fidèles ». Il s'agit d'un mouvement ou plutôt d'une secte eschatologique de restauration de l'Alliance par l'observation stricte de la loi de Moïse interprétée selon un enseignement à tendances mystique non reconnu par les autorités du Temple à Jérusalem.

Ses principales caractéristiques sont :

1. la vie communautaire en voisinage de villages avec étude, prières, repas sacrés et travail de la terre. La plupart sont célibataires et peuvent adopter des enfants. Certains se marient. Les biens sont partagés, et un membre, s'il voyage, est accueilli gratuitement comme un frère par toute autre communauté. Chacun a le souci de la sanctification d'autrui, ce qui est distinct de l'amitié.

2. l'accueil de nouveaux membres a la forme d'une purification morale de plusieurs années. Elle est jalonnée par des rites mystiques de passage qui sont des baptêmes avec immersion totale tout comme dans les religions à mystères du temps; l'aboutissement en est l'admission aux repas communautaires sacrés. La pénalité, sévère, est l'exclusion momentanée des repas communautaires sacrés.
L'excommunication peut être définitive.

3. il s'agit d'une refondation d'Israël à partir du désert, loin des autorités et du Temple de Jérusalem, avec une idée d'urgence car la fin est proche… la fin définitive d'Israël et la destruction de Jérusalem...


Sommaire :

L'histoire des Hassidim
Des manuscrits préservés pendant 2000 ans
Jean Baptiste et Jésus, des qumranites ?


La plus importante découverte des temps modernes

D'après l'archéologue Albright, sa découverte était " la plus importante des temps modernes ". En explorant systématiquement la région, on localisa quinze autres grottes abritant des parchemins, mais nulle part on ne dénicha des documents aussi capitaux que dans la première, celle du petit berger.

L'histoire des Hassidim

Pendant la persécution religieuse d'Antiochos IV Épiphane au début du II° siècle av JC, de nombreux juifs furent obligés de renoncer à leur foi; quelques-uns formèrent cependant le groupe des hassidim (les " pieux "), résolus à rester fidèles à la Loi de Moïse et à écarter toutes les impuretés.

Plus tard, les hassidim fondèrent un monastère à Qumran, près de la mer Morte, afin de mieux vivre leur exigeant idéal; ils s'y consacraient au célibat, à la prière, à la méditation des Écritures, au chant des hymnes et des psaumes en attendant la venue imminente du Messie. Ils ne reconnaissaient pas l'autorité du Grand Prêtre, apostat à leur yeux, et ne participaient pas au culte du Temple.

Vers l'an 68 apr JC, la X° légion romaine occupa le monastère et campa sur ses ruines pendant deux années, jusqu'à la prise et la destruction de Jérusalem en 70. Prévoyant sans doute l'arrivée des Romains et désirant mettre à l'abri ses précieux livres sacrés, la communauté de Qumran les enferma dans des jarres de terre cuite et les cacha dans les grottes alentour. Probablement fut-elle ensuite exterminée par les envahisseurs puisque aucun survivant ne revint récupérer les rouleaux.

Des manuscrits préservés pendant 2000 ans

Fragment d'un manuscrit de qumramSauvés de la décomposition par la sécheresse quasi absolue, ils se conservèrent ainsi pendant vingt siècles. Les manuscrits retrouvés (ci-contre un fragment d'un manuscrit de Qumram) sont aujourd'hui restaurés, déchiffrés, traduits, publiés, commentés dans une multitude d'ouvrages savants ou de vulgarisation.

L'état de conservation des manuscrits est inégal et la lecture peut en être rendue fort difficile. Dans certains cas, la reconstitution du texte relève de la pure et simple hypothèse.

Les experts paléographes leur attribuent des dates différentes :

  • les plus anciens remontent III° siècle av. J.-C.

  • les plus modernes sont du I° siècle apr. J.-C., peu de temps avant la destruction de Qumran.

  • Le quart environ est constitué de textes bibliques :

    • tous les livres de l'Ancien Testament à l'exception d'Esther,

    • on trouve ainsi un rouleau du livre d'Isaïe presque entier, de l'an 100 av. J.-C. semble-t-il,

    • des fragments de ce même Isaïe copiés au III° siècle av JC,

    • un manuscrit de l'Ecclésiaste écrit vers 150 av. J.-C., c'est-à-dire un siècle seulement après l'original,

    • un autre de Daniel encore plus rapproché du premier exemplaire - cinquante années - dont on suppose qu'il fut rédigé vers 164 av JC.

  • Outre les copies bibliques considérée si importantes par les apostats de la Critique Textuelle pour rétablir le texte exact des Écritures, les grottes de Qumran nous ont livré des manuscrits (commentaire de la Bible, Règle de la Communauté, Rouleau de la Guerre, etc.) qui font mieux connaître le pays de Jésus-Christ, le livre d'Énoch, et plusieurs autres.

Fragment du livre d'Énoch

Les découvertes de Qumran s'inscrivent dans les recherches menées par les spécialistes du culte de l'intelligence afin de remonter dans le temps le plus près possible des textes originaux. Bien que fragmentaires, elles s'avèrent précieuses quand on les compare aux écrits postérieurs dont on vérifiera ainsi l'authenticité; elles permettent surtout d'effectuer, selon eux, un formidable bond en avant de plusieurs siècles, et même parfois de mille années.

En 1972, une nouvelle causa sensation : des petits fragments des papyri de Qumran, où n'apparaissaient que quelques caractères, correspondaient à des passages du Nouveau Testament; l'un d'entre eux, écrit vers 50 ap JC, appartiendrait à l'évangile selon saint Marc, éventualité qui remettait en cause toutes les théories traditionnelles sur la rédaction des évangiles. La plupart des savants repoussèrent en fin de compte ces suppositions révolutionnaires.

Le papyrus 7Q5 de Qumran: un texte juif ou un texte chrétien ?

source: http://thierry.koltes.free.fr/7q5.htm

 

La grotte 7 de Qumran, découverte en 1955, contient 21 fragments de rouleaux de papyrus ainsi que 3 fragments de tablette d'argile qui portent l'empreinte inversée d'un papyrus disparu. Une des particularités de la grotte 7 est que tous les textes qu'on y a retrouvés sont en grec, et tous sur papyrus, provenant d'au moins 13 manuscrits différents. Il n'y a que 6 autres textes grecs à Qumran, tous les 6 dans la grotte 4 parmi des centaines de rouleaux en hébreu et en araméen ; seuls 2 des rouleaux grecs de la grotte 4 sont des papyrus (les 4 autres sont des parchemins).
Les fouilles archéologiques et la datation paléographique indiquent que le contenu des grottes de Qumran y a été entreposé avant 68 de notre ère (Roland de Vaux).

Le fragment qui nous intéresse ici est le papyrus 7Q5. Sa première description (l'editio princeps) fut publiée en 1962 dans l'ouvrage "Discoveries in the Judaean Desert of Jordan III, Les Petites Grottes de Qumrân", désigné par le sigle DJD III. Le déchiffrement et les notes sont dues au R.P. Boismard :
"Papyrus fin, très abîmé, et disloqué à droite. Surface rugueuse, dos plus lisse. L'écriture appartient au "Zierstil" et peut dater de 50 av. à 50 ap. J.-C. Hauteur des lettres de 2 à 3 mm. Les mots semblent séparés par des intervalles allant jusqu'à 5 mm (ligne 3). Interlignes de 7 à 9 mm. Si on restitue egennhsen à la ligne 4, le feuillet peut provenir de quelque généalogie. "

Dix ans plus tard, José O'Callaghan estime que certains fragments de la grotte n° 7 correspondent à des textes du Nouveau Testament chrétien.
Il a notamment identifié le papyrus 7Q5 comme étant Marc VI : 52-53
(" leurs esprits étaient fermés ").

Jean Baptiste et Jésus, des qumranites ?

Certains ont même été jusqu'à imaginer que Jean-Baptiste ou Jésus étaient qumranites, tant la ressemblance était frappante entre leur mode de vie et celui des membres de la communauté, mais l'hypothèse est bien vite démentie par une comparaison plus précise : les moines de Qumran se considèrent comme le " reste d'Israël ", "ceux de la voie parfaite", l'armée de Dieu en vue du combat apocalyptique qui se déroulera bientôt entre la Lumière et les Ténèbres.

Ils méprisent la masse pécheresse et c'est pourquoi ils se sont réfugiés dans le désert. Jean-Baptiste a lui aussi été élevé dans le désert (Lc 1:80) et il a commencé ses activités près des rives du Jourdain, non loin de Qumran, mais il ne pense pas que la plupart des êtres sont perdus; il les accueille, les exhorte au repentir et à la conversion, et quand ils lui demandent ce qu'ils doivent faire pour se sauver, Jean-Baptiste n'exige pas la façon de vivre des qumranites; il attend d'eux seulement la repentance selon la loi, l'accomplissement de ce que nous appellerions justice sociale et devoirs d'État ou de profession (Lc 3:10-14).

De son côté, Jésus-Christ ne se contente pas de guetter l'arrivée des pécheurs dans le désert, il part à leur rencontre, trouve la Samaritaine près du puits de Jacob, se fait inviter par des publicains, tel Matthieu, et se laisse oindre et baiser les pieds par une femme adultère repentie; à la table de son Royaume, les commensaux seront précisément les " pauvres, paralytiques, aveugles et boiteux " (Lc 14, 21) alors que les qumranites s'engageaient, en entrant dans la communauté, à "aimer tous les fils de la lumière... et à haïr tous les fils des ténèbres", et leur règle refusait l'admission des " insensés, fous, sots, aveugles, paralytiques, boiteux, sourds et mineurs ".

On attribue aussi le baptême par immersion aux qumranites, lorsque la forme du baptême selon la loi et les prophètes était par aspersion ou effusion (Nom. 8:5-7; Ézch. 36:25-27).

 


La découverte de Nag Hammadi

source: http://www.ftsr.ulaval.ca/bcnh/accueil.asp?lng=


En décembre 1945, près de la ville de Nag Hammadi, des paysans égyptiens déterraient fortuitement une jarre contenant treize codices de papyrus, des volumes reliés à plat comme nos livres et recouverts de cuir. Ils venaient de faire l’une des plus formidables découvertes de manuscrits anciens du XXe siècle.

Dans un état de conservation variable, les 1156 pages inscrites renferment 54 oeuvres différentes, la plupart inconnues par ailleurs, dont le fameux Évangile selon Thomas, un recueil de paroles de Jésus. Il s’agit de textes religieux, généralement décrits comme gnostiques. D’abord rédigés en grec, vraisemblablement au cours du IIe siècle, ces textes ont ensuite été traduits en copte, la langue de l’Égypte de cette époque, puis copiés vers le milieu du IVe siècle dans des codices qui ont par la suite été enfouis dans une jarre, probablement au début du Ve siècle.

Cette découverte est d’un intérêt inestimable, que ce soit pour l’histoire du livre, dont les codices de Nag Hammadi constituent les plus anciens spécimens, pour l’histoire de la langue et de la paléographie coptes, ou pour celle de la philosophie et du christianisme naissant.

Ces textes ressuscitent en effet pour nous des formes du christianisme primitif que la tradition postérieure a combattues et s’est efforcée de faire disparaître, mais qui jouèrent néanmoins un rôle essentiel dans sa formation. Leur édition, leur traduction dans des langues modernes et leur étude, qui en est encore à ses débuts, ouvrent donc une fenêtre nouvelle sur la période du IIe siècle, si importante dans la formation du christianisme. Toutefois, l’interprétation de ces textes nouveaux est particulièrement difficile. On ignore en effet l’identité de leurs auteurs, les lieux, dates et circonstances de leur rédaction en grec, de leur transmission, de leur traduction en copte, de leur copie dans les codices mis au jour en 1945. De laborieuses recherches permettent néanmoins de les situer dans leur contexte et d’en tirer de nombreux renseignements qui éclairent l’histoire des premiers siècles chrétiens sous un jour nouveau. Ainsi, pour ne donner qu’un seul exemple, l’Évangile selon Thomas est devenu une pièce maîtresse de la recherche sur le personnage historique de Jésus de Nazareth et sur les origines du christianisme.

 

Fragment de l'Évangile de Thomas

Cliquez ici pour voir l'Évangile de Thomas

Dès la fin du 1er siècle, la foi chrétienne a été menacée par deux dérives :

Le théologien Marcion estimait au nom du Dieu de l'Évangile révélé en Jésus-Christ que le Dieu de l'Ancien Testament est tout de même trop barbare et cruel pour être le père de Jésus-Christ. Il ne reconnaît donc aucunement l'inspiration de l'Ancien Testament.

Très influencé par la philosophie grecque du moment, le mouvement gnostique croyait que le salut pouvait s'acquérir par la connaissance des mystères de Dieu. Le corps était considéré comme animal, le mariage n'était pas recommandé. Ce mouvement a produit de nombreux écrits, plutôt de type initiatique.
Paul et les autres apôtres et après eux, les Pères de l'Eglises ont eu à combattre ces mouvements jugés hérétiques et l'Église du temps a cherché à marginaliser ces groupes religieux en déterminant une liste de livres reconnus comme inspirés, ce qui par voie de conséquence jetait aux oubliettes ces autres livres. Le "canon" du Nouveau Testament a été fixé dans les grandes lignes dès la fin du 2e siècle, notamment par Irénée de Lyon qui a combattu sévèrement ces mouvements déviants.

Il ne faut pas se laisser troubler si ces écrits sont dits "de Thomas" ou "de Pierre" ou "de Paul", car il était courant, à l'époque, de placer un texte sous l'autorité de quelqu'un de célèbre pour renforcer sa diffusion et sa crédibilité. Cet évangile de Thomas est donc un exemple de ce que ces mouvements gnostiques pouvaient produire. L'accent est mis sur un salut par la connaissance des vérités révélées par Dieu et non par la mort et la résurrection de Jésus.

Ceci étant, il n'est pas inintéressant de lires ces écrits anciens pour mieux comprendre le foisonnement des mouvements religieux au début du christianisme et comment la doctrine de l'Église s'est peu à peu précisée, face à l'interpellation de ces mouvements dissidents. Si vous lisez cet évangile de Thomas, vous sentirez assez vite la différence avec les évangiles du Nouveau Testament.

L’évangile selon Thomas est un des 52 manuscrits, écrits en langue copte et découverts en 1945 près de Nag Hammadi en Haute Egypte. Il représente un recueil de 114 logia ou paroles que Jésus aurait dites. Ce témoignage nous révèle aujourd’hui une dimension nouvelle dans l’enseignement de l’homme qui, voici vingt siècles, fut à l’origine de quelques perturbations dans le monde religieux juif. Certains de ses disciples le proclamèrent en effet comme le Messie tant attendu. Il fut même reconnu comme «fils de Dieu», quelque puisse être la signification accordée alors à cet épithète.

Les traductions
    L'Épître apocryphe de Jacques
    Le Traité tripartite
    L'Écrit sans titre
    Authentikos Logos
    Fragment de la République de Platon
    L'Ogdoade et l'Ennéade
    Prière d'action de grâces
    Fragment du Discours parfait
    La Paraphrase de Sem
    Deuxième Traité du Grand Seth
    La Lettre de Pierre à Philippe
    Le Témoignage véritable
    L'Apocryphon de Jean

ETAM : Ces lacs étaient autrefois reliées à la Mer Rouge. Ligne de remontée vers la Palestine. Peu-être certaines tribus l'ont-elles empruntées au sortir d'Egypte.