Le calendrier des Hébreux : fêtes et agriculture

Calendrier agricole du peuple juif


Le calendrier hébraïque remonte pour sa forme actuelle au IVe siècle après J.-C. Luni-solaire, il assure une valeur moyenne du mois voisine de la lunaison et une durée moyenne de l’année voisine de l’année tropique.

Les années sont comptées depuis l’époque admise de la création du monde, soit en 3762 avant J.-C.; ainsi 1992 correspond en partie aux années 5752 et 5753. Le nouvel an (1er Tisseri) tombe toujours en septembre ou en octobre grégorien au moment du coucher du Soleil, instant du commencement du jour.

Dans l'Ancien Testament, le calendrier hébreu orthodoxe en vigueur était un calendrier lunaire de douze mois. Chaque mois commençait à la nouvelle lune (croissante et visible). Aussi l'année comptait-elle 354 jours.

Le jour (qui débute à 6 heures) compte 24 heures, chacune d'elles étant divisée en 1080 parties. La semaine voit les jours se succéder avec pour appellation leur numéro d'ordre de 1 à 7, le premier correspondant au dimanche.

Toute la difficulté naît de la coexistence d'un mois lunaire (de 29 jours, 12 heures et 793 parties) et d'une année solaire (de 365 jours, 6 heures). En effet, 12 mois lunaires ne totalisent que 354 jours, 8 heures, 876 parties, et il fallut trouver un moyen pour combler cette différence de 11 jours : on adopta le cycle de Méton, qui se déroule sur 19 ans, au cours duquel on intercale des années de 13 mois (nommées années " embolismiques ") dans les 3e, 6e, 8e, 11e, 14e, 17e et 19e années.

Ce sont des années de 383 jours, 21 heures. Ces cycles, qui partent de l'année 3760 av. J.-C., comptent donc 11 années de 12 mois et 7 années de 13 mois (l'année commence à l'automne), mais n'ont pas tous la même durée (allant de 6939 à 6942 jours), dans la mesure où les mois de 30 jours et ceux de 29 jours ne se succèdent pas d'une façon régulière.

Le calendrier de l'Ancien Testament est enraciné dans la tradition des fêtes religieuses et dans le cycle agricole.

L'organisation festive, instituée par Moïse, commençait avec la Pâque commémorant l'exode (ou fuite hors d'Égypte). Presque toutes les indications de mois rencontrées dans l'Ancien Testament se référaient à ce point de départ.

Les autres fêtes étaient liées aux semailles et aux moissons (Ex 23.14ss; Dt 16.9-15), mais pour la vie civile, c'est le calendrier lunaire qui prévalait (Lv 23; 1 R 8.2; 12.32).

Le premier jour de l'année civile coïncidait avec le septième mois religieux, Tisri.

  • Le cycle agricole se développait ainsi : Huitième mois religieux de Marchesvan (nom ancien : Bul) : commencement du cycle avec les premières pluies. Semailles du blé. (Le calendrier romain en est à la fin du mois d'octobre) (Dt 11.14).

  • Dixième mois de Tebet, saison des pluies, croissance printanière (Esd. 10.9).

  • Onzième mois de Sebat : figues d'hiver.

  • Douzième mois de Adar : récolte du lin, dernières pluies (Jé. 3.3). Le 13 et 14, fête de Purim (Es. 9.26-28).

  • Premier mois religieux de Nisan (ancien nom : Abib): moisson de l'orge (Ruth 1.22); le 14, fête de Pâque, suivie des Azymes (Ex 12.6; Lc. 22.13-20). Le 21, fête des prémices.

  • Deuxième mois d'Ijjar (ancien nom Ziv) : récolte générale.

  • Troisième mois de Sivan : culture des vignes. Semaine de Pentecôte à la septième semaine après les prémices.

  • Quatrième mois de Tammuz : premiers raisins (Nb 13.20).

  • Cinquième mois d'Ab : fruits d'été, chaleur estivale.

  • Sixième mois d'Elul : récolte des olives (Is. 32.10). Septième mois de Tisri (ancien nom : Ethanim) : labourage. Premier jour de l'année civile (Lé. 23.23-25); le 10, jour de l'expiation (Lv 16.29-30); du 15 au 21, fête des Huttes (Né 8).

  • Le premier mois de Tisri représente aujourd'hui encore le premier mois de l'année civile.

Les rois de Juda ont probablement compté leurs années à partir de ce calendrier jusqu'aux invasions babyloniennes du VIIème siècle av JC. En outre, les évènements historiques étaient datés soit à partir du début d'un règne en cours, soit en référence à de grandes dates nationales (exode, exil, etc).

Le sabbat dominical, jour de repos, posait, comme à l'heure actuelle, un certain nombre de problèmes. L'année ne contenant pas un nombre de semaines complètes, pas plus que de mois complets, les jours de sabbat étaient parfois fixés avec difficulté. Il est possible qu'au début, le sabbat dominical ait été placé avec les fêtes importantes ou en fonction des nouvelles lunes (Lv 23). Après l'exil, le sabbat du septième jour fut observée avec plus de rigueur et fut indépendant des fêtes et autres lunaisons. C'est ainsi que les juifs orthodoxes commencèrent d'éprouver des difficultés à faire coïncider fêtes et sabbats.

Calendrier du Nouveau Testament

La majeure partie des auteurs du Nouveau Testament situe les évènements en fonction du calendrier hébreu courant. Parfois font-ils référence au règne de gouvernants étrangers (Lc 3.1). Plus souvent, c'est à partir des grandes fêtes religieuses que sont mentionnées les dates : Pâque, Tabernacles, Pentecôte.

Cela peut parfois poser des problèmes d'interprétation au spécialiste sachant que le calendrier des pharisiens différait un peu de celui des sadducéens.

Plus significatif encore était le calendrier sectaire proposé dans le Livre des Jubilés, qui tentait de faire tomber toutes les fêtes le même jour de la semaine d'une façon permanente. L'année se divisait en quatre quarts de 13 semaines, chaque quart étant divisé en 3 mois de 30 jours, plus un jour supplémentaire à chaque trimestre. L'année commençait toujours un mercredi et jamais aucune fête ne tombait un jour de sabbat. (Demeurait cependant mystérieuse la façon dont on pouvait réharmoniser une année de 364 jours avec le cycle inexorable des saisons au bout d'une génération).

Peut-être la communauté de Qumram avait-elle adopté ce calendrier, sachant que leurs fêtes se célébraient un jour différent de celui observé par le Temple. Il est certain que les pratiques étaient, si ce n'est nombreuses, du moins variées. Ceci nous explique, par exemple, que la dernière Pâque célébrée par Jésus-Christ coïncide avec la célébration de la Pâque faite au Temple. Cela était nécessaire car l'agneau du sacrifice dans le Temple devait mourir au même temps que l'Agneau de Dieu sur la croix. Aussi, le fait qu'il y a eu deux sabbats consécutifs à ce moment crucial de l'histoire (Matt. 28:1), le sabbat hebdomadaire et le sabbat annuel, a contribué à la confusion par rapport au jour précis que Jésus et ses disciples célébrèrent la Pâque. Depuis des siècles on déclare que Jésus a été arrêté un Jeudi soir immédiatement après la célébration de la Pâque, crucifié et mort sur la croix un Vendredi après-midi, et ressuscité un Dimanche matin. Mais de telles dates ne coïncident pas avec le calendrier juif, ni surtout avec les paroles de Jésus. Le Seigneur Jésus avait déclaré que le Fils de l'homme devait passé trois jours et trois nuits dans le ventre de la terre, tout comme Jonas avait passé trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson. Un jour se mesurait de 6 hr le matin à 6 hr du soir, et un soir de 6 hr à 6 hr le matin. Or de Vendredi après-midi à Dimanche matin n'est pas trois jours et trois nuits plein. Prenant toutes ces choses en considération, Jésus auraient célébré la Pâque un Mardi soir, mit en croix et mort un Mercredi, et ressuscita le matin de la fin du sabbat hebdomadaire comme la lumière d'un jour nouveau. Ainsi on vit paraître le Nouvel Homme, Chef d'une nouvelle race immortelle et éternelle.

Les jours

Les jours de la semaine ne portent pas de noms : ils sont numérotés.

Le premier jour est le dimanche, le dernier est le Shabbat.

 

Nom

Hébreu

Signification

Correspondance

yom rishon

יום ראשון

premier jour

dimanche

yom shéni

יום שני

deuxième jour

lundi

yom shlishi

יום שלישי

troisième jour

mardi

yom révi'i

יום רבעי

quatrième jour

mercredi

yom hhamishi

יום חמישי

cinquième jour

jeudi

yom shishi

יום ששי

sixième jour

vendredi

yom shabbat

יום שבת

jour du Shabbat

samedi

Le jour dans le calendrier juif débute la veille au soir, à la tombée de la nuit. Ainsi le Shabbat commence le vendredi soir.
L'horaire du commencement des jours n'est donc pas fixe, car la nuit ne tombe pas à la même heure au long de l'année et aux différents points du globe.

Ceci conduit en particulier au fait que l'heure de l'entrée du Shabbat varie d'une semaine à l'autre, et d'un endroit à un autre.

La semaine se rapporte à la Création du monde. H" a créé le monde en 6 jours, et le septième Il s'est reposé de Son œuvre. Il a sanctifié ce jour du Shabbat (repos).

En semaine il y a trois prières journalières : le matin après le lever du jour, l'après-midi et le soir après la tombée de la nuit.

Les mois

Voici les mois de l'année juive, marqués par le cycle lunaire.

Ils étaient initialiement repérés par leur numéro uniquement. C'est vers l'epoque de l'exil babylonien que des noms leur ont été attribués.

C'est la nouvelle lune (molad מולד) qui indique le début d'un mois.

  Mais la période synodique n'est pas égale à un nombre entier de jours. Elle vaut environ :

    Tsyn = 29 jours 12 heures 793 parts (29j 12h 793p)

Il est intéressant de noter que cette valeur se transmettait déjà dans la tradition orale [xvi], dix-huit siècles avant que la science moderne ne la mesure avec moins d'un centième de seconde d'écart.

Dans la pratique, pour que le changement de mois n'ait pas lieu en cours de journée, le calendrier juif alterne des mois de 29 jours et des mois de 30 jours.

Nom

Hébreu

Jours

Nissan

ניסן

30

Iyar

איר

29

Sivan

סיון

30

Tamouz

תמוז

29

Av

אב

30

Eloul

אלול

29

Tishri

תשרי

30

Heshvan

חשון

variable 29/30

Kislev

כסלו

variable 29/30

Tevet

טבת

29

Shvat

שבט

30

Adar
(année embolismique seulement)

אדר

30

Adar 2, ou vé-adar
(l'année simple, ce mois est appelé Adar)

ואדר

29

L'année simple, dans ses 12 mois, ne comprend qu'un Adar. Il s'agit de celui de 29 jours.
Dans l'année embolismique, le 13ème mois est inséré juste après Shvat. Il est appelé Adar également ; pour le distinguer de l'autre, le suivant est qualifié de Adar 2, ou vé-Adar.

Les mois de Heshvan et Kislev sont de longueur variable. Ils peuvent être de 29 ou 30 jours, selon les règles de report.

Les mois flexibles

Au vu de la régularité des mouvements des planètes (Lune / Terre ; Terre / Soleil), le calendrier théorique devrait faire alterner invariablement un mois de 29 jours et un mois de 30 jours, afin de réaliser la moyenne synodique ; et intercaler des années embolismiques selon le cycle métonique pour la synchronisation avec les saisons. Mais la complexité de l'année juive ne réside pas seulement dans sa double nature luni-solaire. Car, en plus d'imposer que les mois arrivent en leurs saisons, la tradition veut que certains événements, dont la date est fixe dans l'année, ne doivent pas intervenir certains jours de la semaine.

Pour contourner de telles incompatibilités, il est nécessaire d'intervenir ponctuellement selon certaines règles en intercalant des jours afin de faire arriver lesdits événements sur des jours autorisés.

Rabbi Hillel a décidé que deux mois de l'année seraient de longueur ajustable. C'est sur ces mois de Hheshvan et Kislev qu'il est possible d'intervenir pour une année donnée dans le but de résoudre les décalages nécessaires.

La flexibilité de Hheshvan et Kislev conduit à la distinction de trois catégories d'années, aussi bien pour les années communes que pour les embolismiques.

catégorie d'année

déficiente
חסרה

normale
כסדרה

complète
שלמה

nombre de jours

Hheshvan

29

29

30

Kislev

29

30

30

année commune

353

354

355

année embolismique

383

384

385

La longueur d'une année ne dépend donc pas seulement de sa nature, commune ou embolismique, mais également de la nature de ses mois de Hheshvan et Kislev.

Nouvel an

Le premier mois de l'année est Tishri. C'est le 1er Tishri, lors de la fête de Rosh Hashana, que l'année change. La fête de Rosh Hashana dure deux jours : les 1er et 2 Tishri.

Selon la tradition juive, le 1er Tishri est l'anniversaire du début de la Création du monde, qui dura six jours.

Pourtant dans la Torah, le mois du printemps (Nissan) est souvent qualifié de premier mois. C'est qu'il est le mois de la sortie d'Egypte, événement fondamental dans le judaïsme, qui est considéré comme un renouveau du peuple hébreu.

Le mois de Tishri commence, comme tous les mois, avec la nouvelle lune. Mais il existe des règles qui font que le 1er Tishri doive parfois être avancé ou retardé par rapport à la nouvelle lune à laquelle il correspond. Ce sont alors les mois de Heshvan et Kislev qui assument l'insertion ou la suppression de jours.

 

 

ETAM : Ces lacs étaient autrefois reliées à la Mer Rouge. Ligne de remontée vers la Palestine. Peu-être certaines tribus l'ont-elles empruntées au sortir d'Egypte.