LA VIE DE
JÉSUS
CHAPITRE III
Les souffrances et la
mort de Jésus.
120. Les derniers discours de Jésus à ses
disciples. (Suite)
(Jean
XIII, 33.)
Si le monde vous hait,
sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du
monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais
parce que vous n'êtes pas du monde, mais que je vous
ai choisis du monde, c'est pour cela que le monde
vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai
dite, que le serviteur n'est pas plus grand que son
maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous
persécuteront aussi ; s'ils ont observé ma parole,
ils observeront aussi la vôtre. Mais ils vous feront
tout cela à cause de mon nom, parce qu'ils ne
connaissent point celui qui m'a envoyé. Si je
n'étais pas venu et que je ne leur eusse pas parlé,
ils n'auraient point de péché ; mais maintenant ils
n'ont point d'excuse de leur péché. Celui qui me
hait, hait aussi mon Père. Si je n'eusse pas fait
parmi eux les oeuvres. qu'aucun autre n'a faites,
ils n'auraient point de péché ; mais maintenant ils
les ont vues et ils ont haï et moi et mon Père ;
mais c'est ainsi que la Parole qui est écrite dans
leur loi devait être accomplie : Ils m'ont haï sans
cause. - Lorsque Jésus parla à ses
disciples de la haine à laquelle ils seraient
exposés de la part du monde, ce langage dut leur
paraître tout aussi étrange que la parole qu'il
avait prononcée auparavant - L'un de vous me
trahira. ils comprenaient maintenant moins que
jamais cette haine, surtout après que le peuple
avait accueilli leur Maître avec des acclamations
enthousiastes. Ici encore le Seigneur leur a
témoigné son amour, en ce qu'il les a avertis à
temps des amères expériences que le monde leur
préparait aprèsson départ. Cette haine du monde
contre les chrétiens n'a pas tardé à éclater, et
l'histoire d'une longue période de l'Église
chrétienne n'est que l'histoire des persécutions
qu'elle a eu à subir. Même les auteurs païens
parlent en frissonnant des horribles tourments
infligés alors aux chrétiens. Nous qui vivons sous
la puissante protection d'une autorité chrétienne,
nous sommes tellement gâtés et efféminés, que nous
avons oublié que la haine du monde se déchaîne
nécessairement contre la foi en Christ, et qu'il
nous parait déjà étrange d'avoir à supporter les
moqueries du monde à cause de notre foi. Tout au
plus sommes-nous exposés à entendre l'expression de
sa haine en paroles amères. Nous ne pouvons nous
empêcher de trembler à cette pensée : si une
persécution éclatait contre les chrétiens,
serions-nous tous, ou du moins beaucoup d'entre nous
seraient-ils en état de souffrir sérieusement pour
leur foi, et de rester fidèles même en face de la
mort ?
Une consolation reste aux disciples pour
le cas où ces temps se renouvelleraient : c'est que
le monde a haï Jésus lui-même. Si quelqu'un aime
Jésus de tout son coeur, et est décidé à ne se
séparer de lui dans aucune circonstance, non
seulement il trouve une consolation à entrer dans la
communion de ses souffrances, mais encore il
reconnaît avec joie dans cette haine du monde une
preuve. qu'il appartient au Seigneur.
Je vous ai dit ces choses,
afin que vous ne vous scandalisiez point. Ils vous
chasseront des synagogues ; même le temps vient que
quiconque vous fera mourir, croira rendre service à
Dieu. Ils vous feront tout cela, parce qu'ils n'ont
connu ni mon Père ni moi. La mort
d'Étienne et de plusieurs autres martyrs suivit de
près la mort de Christ. Lorsque Saul était présent ;
au supplice d'Étienne, il ne se faisait aucun
reproche ; au contraire, il brûlait de zèle pour la
gloire de Dieu. Toutefois, lorsqu'il eut appris à
connaître le Père et le Fils, le péché qui lui
pesait le plus lourdement sur la conscience, c'était
d'avoir persécuté l'Eglise de Dieu. -Au surplus, ce
n'est que de temps en temps que la haine du monde a
éclaté contre les disciples de Jésus en persécutions
sanglantes ; quant à les mettre au ban de la
société, il ne peut s'en empêcher, aussi longtemps
qu'il reste le monde. Il faut qu'il haïsse et
repousse tous ceux qui, par leurs paroles etleur
vie, confessent Jésus-Christ. Quiconque aime son
salut, doit être prêt à supporter cette haine ; mais
c'est là un fragment du joug de Christ, qui est doux
pour tous ceux qui vivent de son amour. Puis quelle
glorieuse perspective ! Ici l'opprobre de
l'ignominie, là la couronne de gloire.
Il faut que les disciples voient
clairement l'avenir vers lequel il s'avancent. C'est
pourquoi le Seigneur ne tait aucune des difficultés
qui les attendent. Mais afin qu'ils ne se laissent
abattre ni décourager, il les relève par la promesse
du Saint-Esprit, qui affranchira leurs coeurs de
toute crainte humaine. Le Saint-Esprit sera, pour
eux un puissant soutien, lorsqu'ils seront cités
pour rendre témoignage à Christ, comme lorsqu'ils
annonceront la Bonne-Nouvelle du pardon des péchés
par son sang. -Mais quand
celui-là sera venu, savoir l'Esprit de vérité qui
procède de mon Père, c'est lui qui rendra témoignage
de moi ; et vous aussi vous en rendrez témoignage,
parce que vous êtes dès le commencement avec moi.
Les disciples ne doivent pas perdre courage devant
l'opposition des Juifs. À la place du premier témoin
aux paroles duquel le monde a fermé l'oreille,
paraîtra une nouvelle puissance divine de révélation
: le témoignage du Saint-Esprit. Quelle force ne
donne pas cette conviction, que l'Esprit, qui
demeure dans l'Église et dans les coeurs des
croyants, est plus puissant que celui qui règne dans
le monde et dans les coeurs des incrédules ! Quel
secours les témoins de Christ ne trouvent-ils pas
dans cet Esprit, qui n'agit pas, seulement du
dehors, mais qui pénètre jusque dans les dernières
profondeurs de la conscience, et qui continue de
parler lorsque la bouche des témoins de la vérité
est depuis longtemps fermée !
Ce secours du Saint-Esprit les encourage
et leur fait surmonter toutes les craintes que le
monde peut leur inspirer. Et quelle influence
assujettissante cette crainte n'exerce-t-elle pas
sur les coeurs ! Les uns sont honteux lorsque les
incrédules les surprennent priant ou lisant la Bible
; les autres sentent clairement que leur conscience
leur impose l'obligation de confesser Jésus devant
les hommes, mais ils n'osent pas le faire par
crainte du monde. Mais si le Saint-Esprit descend
dans un coeur, aussitôt on parle avec tant de joie
et de courage, avec une assurance si victorieuse des
expériences qu'on afaites en Christ, qu'on ne peut
plus se taire. Avant d'avoir reçu le Saint-Esprit le
jour de la Pentecôte, Pierre était si craintif,
qu'il fut entraîné, dans la cour de Caïphe, à renier
trois fois Jésus. Tandis que plus tard, lorsque le
Saint-Esprit eut rempli son coeur, il ne se laissa
nullement intimider par les menaces du Sanhédrin,
mais continua courageusement à enseigner an nom de
son Maître. Le courage naturel se brise comme un
roseau, lorsqu'il s'agit de la vie ; le Saint-Esprit
donne la force de confesser le Seigneur, même en
face de la mort.
La circonstance que le Saint-Esprit ne
pouvait être communiqué aux disciples avant que le
sacrifice de réconciliation fût consommé, devait
aider les disciples à supporter la tristesse de la
séparation. Il vous est
avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en
vais, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si
je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera
venu, il convaincra le monde de péché, de justice et
de jugement. De péché, parce qu'ils n'ont pas cru en
moi ; de justice, parce que je m'en vais à mon Père
et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce
que le prince de ce monde est déjà jugé.
Le Consolateur a pour mission de convaincre
(littéralement de reprendre). Quel singulier
contraste ! On devrait s'attendre soit à l'une de
ces fonctions, soit à l'autre. Ou bien il console,
et alors il ne reprend pas, ou bien il reprend, et
alors il ne console pas. Ce sont là les idées que
les hommes se font de la consolation et de la
répréhension. Mais le Saint-Esprit console tout en
reprenant, et il reprend tout en consolant. -
Prenons bien garde de nous fier aux consolations des
hommes ; ce sont de tristes consolations. C'est de
tels consolateurs que le Seigneur se plaint (Ésaïe
III, 12) en ces termes : « Mon peuple, tes
consolateurs (les conducteurs) te font égarer. « Le
Saint-Esprit console autrement que l'Esprit malin,
qui consolait nos premiers parents en les rassurant
au sujet de la défense de manger du fruit de l'arbre
de la science du bien et du mal, et qui ensuite les
faisait chasser du Paradis pour habiter dans une
terre couverte de ronces et de chardons. - Les
consolations du Saint-Esprit sont salutaires ; elles
guérissent les blessures de la conscience. Le monde
ne les aime pas, parce qu'il ne veut pas se laisser
reprendre par le Saint-Esprit.
Les hypocrites et les flatteurs du roi
David l'auraient poussé plus avant dans l'abîme par
leurs consolations. Ils lui auraient dit : « Les
puissants et les rois de la terre ne se conduisent
pas mieux. » Ou bien : « Le temps guérit toutes les
blessures, il guérira aussi celle-ci. » Comme la
consolation du prophète Nathan résonne durement en
comparaison de celle-là : « Tu es cet homme ! » Et
cependant c'est le prophète qui était le fidèle ami
et le vrai consolateur du roi ; car c'est lui qui,
lorsque David se fut repenti de son péché et l'eut
confessé, lui dit : « L'Éternel a fait passer ton
péché. » La répréhension. du Consolateur n'est pas
accompagnée de tonnerre et d'éclairs, ni des
malédictions de la loi. C'est un pardon qui rend
confus. C'est un paisible et doux murmure qui calme
le coeur du pécheur.
Le Saint-Esprit
convainc de péché, en montrant au coeur
de l'homme que le refus de croire en Jésus
est réellement la source de tous les autres péchés,
la plaie purulente du coeur, qui rend toutes les
autres incurables. Car on peut être délivré de tous
les autres péchés par la foi en Jésus ; mais celui
qui ne croit pas en lui est perdu sans ressource ;
il mourra dans ses péchés, et la colère de Dieu
demeure sur lui. Que nous ayons commis l'un ou
l'autre péché particulier, c'est ce dont la loi de
Dieu peut nous convaincre ; mais le péché
d'incrédulité, auquel le monde ne donne pas même le
nom de péché, dont il se glorifie même quelquefois,
le plus terrible des péchés, le seul qui rende digne
de condamnation, le Saint-Esprit peut seul aussi le
faire connaître de manière à couvrir l'incrédule de
confusion. Le Saint-Esprit, en tournant le coeur du
pécheur vers Jésus, dont le tendre amour a toujours
été repoussé, remplit la mission de consolateur,
immédiatement après avoir exercé la répréhension.
Le Saint-Esprit
convaincra le monde de justice, parce que Jésus s'en
va au Père. Il convaincra l'homme confus
qu'il ne sera jamais justifié devant Dieu par ses
propres mérites, par sa propre vertu, par son
honorabilité ; mais que le Fils de Dieu, par son
retour vers le Père, c'est-à-dire par ses
souffrances et sa mort, par sa résurrection et son
ascension, est devenu lui-même notre justice. Ainsi
revêtus de la parure et du glorieux vêtement de son
sang et de sa justice, nous sommes justifiés devant
Dieu. Ici encore le Saint-Esprit console le monde en
le couvrant de confusion.
Le Saint-Esprit
convaincra le monde de jugement, parce que le prince
de ce monde est déjà jugé. Le monde et
son prince croyaient avoir prononcé le jugement sur
l'oeuvre de Jésus en Golgotha, et voici que la
piqûre que le serpent lui a faite au talon, est
devenue le jugement de Satan et de son empire. Il
est profondément humiliant, ce témoignage du
Saint-Esprit, qui nous montre qu'avant de suivre
Jésus, nous étions sous la puissance des ténèbres,
et par cela même les défenseurs d'une cause perdue.
Si les croyants pouvaient voir, comment le Seigneur
Jésus est méprisé dans le monde, comment la sainteté
est ralliée, comment la force prime le droit,
comment Mammon et le mensonge sont partout
victorieux, ils pourraient bien perdre courage. Mais
combien est consolant le témoignage du Saint-Esprit,
qu'ils ne servent pas une cause perdue, que le
prince de ce monde est jugé, qu'on peut dès
maintenant célébrer la victoire dans les tabernacles
des justes !
Tout en parlant à ses disciples de
l'oeuvre du Saint-Esprit, Jésus sent qu'ils ne
peuvent pas encore comprendre tout ce qu'il leur
dit, qu'il doit le leur expliquer d'une manière plus
profonde pour leur rendre son langage plus clair ;
mais il sent aussi que toutes les explications qu'il
pourrait leur donner, ne leur serviraient de rien -
sans le Saint-Esprit. C'est pourquoi il leur dit :
J'aurais encore plusieurs
choses à vous dire, mais elles sont encore au-dessus
de votre portée ; mais quand celui-là sera venu,
savoir l'Esprit de vérité, il vous conduira dans
toute la vérité ; car il ne parlera point de
soi-même, mais il dira, tout ce qu'il aura entendu,
et vous annoncera les choses à venir. C'est lui qui
me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à
moi et qu'il vous l'annoncera. Tout ce
que le Père a est à moi ; c'est pourquoi je vous ai
dit qu'il prendra de ce qui est à moi et qu'il vous
l'annoncera.
Jusqu'à présent, Jésus a parlé de
l'oeuvre du Saint-Esprit dans le monde et pour le
monde. Maintenant, il va parler de celle que
cetEsprit accomplit dans les coeurs de ceux qui
l'aimaient déjà. Mais les croyants ont encore le
monde autour d'eux et en eux. Ils ont donc encore
besoin, eux aussi, d'être sans cesse repris,
convaincus et consolés par le Saint-Esprit ; et
s'ils se laissent reprendre et consoler, l'Esprit
les conduira dans la vérité personnelle qui est
Christ. Tel est le but qu'il veut nous faire
atteindre, et auquel nous devons tendre de toutes
nos forces, afin que nous ne soyons pas comme des
roseaux agités par le vent de toutes les opinions et
de tous les systèmes des hommes, mais que nos coeurs
soient fermes, ce qui ne peut se faire que par la
grâce du Saint-Esprit. Plus nous serons fortifiés
par le Saint-Esprit dans l'homme intérieur, plus
nous ferons habiter Christ dans nos coeurs par la
foi, plus aussi nous pénétrerons dans toute la
vérité et connaîtrons la longueur, la largeur, la
hauteur et la profondeur de l'amour de Christ Car le
Saint-Esprit ne nous apporte pas une nouvelle
révélation. Sa mission consiste à nous approprier
l'oeuvre rédemptrice Au Sauveur, sa personne, son
amour, ses souffrances, sa gloire, sa paix.
Toute la plénitude de la divinité qui
habite corporellement en Christ, le Saint-Esprit la
communique aux coeurs des croyants. Car tout ce que
Christ a reçu du Père, nous est destiné. C'est ainsi
que le Saint-Esprit glorifie Christ en nous. Tout ce
qui en Jésus déplaît au monde, parce qu'il lui
apparaît comme l'être le plus méprisable, plein de
douleurs et d'infirmités, cet Esprit nous le montre
dans sa gloire céleste, dans l'éclatant rayonnement
de son divin amour, et force le coeur à faire cette
heureuse confession : « Tu es le plus beau des fils
des hommes ! » Le Saint-Esprit, qui glorifie
Jésus-Christ dans les coeurs, glorifie aussi les
voies par lesquelles il nous conduit. Maintes fois
ces voies nous paraissent rudes, incommodes et
démesurément longues ; maint fardeau nous semble si
lourd et si accablant, mainte dispensation si
obscure et si énigmatique, que le coeur s'en trouve
profondément malheureux. Mais, dès que le
Saint-Esprit laisse tomber sur notre sentier un
rayon de la lumière de Christ, la sombre vallée
s'illumine, le pesant fardeau semble nous porter, et
nous rapprocher du ciel, et ce que nous prenions
pour un détour, se trouve être le plus court chemin.
Le moment où Jésus doit retourner au Père
approche de plus en plus. Bientôt il disparaîtra aux
yeux de ses disciples, et leurs coeurs seront
remplis de tristesse. Jésus les console par la
perspective certaine d'un joyeux revoir.
En vérité, en vérité je vous
dis que vous pleurerez et vous vous lamenterez, et
le monde se réjouira : vous serez dans la tristesse,
mais votre tristesse sera changée en joie. Quand une
femme accouche, elle a des douleurs, parce que son
terme est venu ; mais dès qu'elle est accouchée d'un
enfant, elle ne se souvient plus de son travail,
dans la joie qu'elle a de ce qu'un homme est né dans
le monde. Ce qui remplit le monde de
joie, parce qu'il croit avoir remporté une brillante
victoire, fait couler les larmes de ceux qui aiment
Jésus. Toutefois, la cause de Dieu sera cependant
victorieuse un jour, et alors notre tristesse sera
changée en joie. L'éclatant et joyeux soleil de
Pâques, sort de la nuit mortelle du vendredi saint.
De même, vous êtes
maintenant dans la tristesse, mais je vous reverrai
de nouveau, et votre coeur se réjouira, et personne
ne vous ravira votre joie. Le revoir
corporel a pris fin au bout de quarante jours ; mais
l'ascension remplira les disciples d'une joie qui ne
sera plus troublée. La joie de Pâques n'est pas
seulement fondée sur le revoir corporel du Seigneur
; mais sur l'assurance de le revoir comme le Sauveur
vivant, comme vainqueur de la mort et du démon,
comme celui qui efface les péchés du monde ; car
c'est comme tel qu'après l'ascension il se tint près
d'eux et de tous les croyants. Cette joie chrétienne
dure éternellement, et ne peut nous être ravie par
aucune affliction, par aucune douleur terrestre.
Mais le Seigneur a encore une autre consolation pour
le temps qui suivra son retour auprès du Père, et
cette consolation leur fera perdre complètement le
sentiment de leur isolement : c'est leur communion
avec le Père, que Jésus leur procurera.
En vérité, en
vérité je vous dis que tout ce que vous demanderez
au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu'à
présent vous n'avez rien demandé en mon nom.
Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit
accomplie. Je vous ai dit toutes ces choses par des
similitudes, mais le temps vient que je ne vous
parlerai plus par des similitudes, mais je vous
parlerai ouvertement de mon Père. En cetemps-là,
vous demanderez en mon nom, et je ne dis pas que je
prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous
aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez
cru que je suis venu de Dieu. Bien que
nos péchés nous séparent de notre Dieu, nous avons
cependant, par le nom de Jésus, un accès entièrement
libre au trône et au coeur du Père. La prière au nom
de Jésus nous ouvre les bons trésors de Dieu, et
nous met en possession de toute la plénitude du
Père, préparée pour nous. Assurément, les disciples
ont déjà beaucoup prié. Ils ont prié pour la cause
de Jésus et selon sa volonté, mais ils n'ont pas
encore prié en son nom. Ils n'avaient même pas pu le
faire, puisque Jésus n'avait pas encore été glorifié
en eux.
Si vous demeurez
en moi et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voudrez et il vous sera
accordé. Lorsque Jésus est glorifié dans
un coeur qui prie, si ce coeur demeure en lui, il
prie au nom de Jésus. Saint Paul dit : « Ce n'est
plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. » De
même le croyant en qui Christ demeure, peut dire :
Je ne prie plus moi-même, c'est Christ qui prie en
moi. Dès que Jésus remplit un coeur, le Père, en
considération du nom de Jésus, ne peut pas rejeter
sa prière. C'est là aussi un mystère de la vie du
chrétien, une première empreinte de ce nouveau
nom que nul ne connaît, excepté celui qui le
reçoit.
Le temps s'écoule rapidement, et l'heure
approche où le dernier combat va se livrer dans le
monde des esprits, combat dont le prix n'est rien
moins que le salut de l'humanité pécheresse. Le
Seigneur n'a plus qu'une parole à adresser à ses
disciples, après cela son âme sera exclusivement
tournée vers Dieu. Voici,
l'heure vient, et elle est déjà venue, que vous
serez dispersés chacun de son côté et que vous me
laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, parce que
le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses,
afin que nous ayez la paix en moi. Vous aurez des
afflictions dans le monde, mais prenez courage, j'ai
vaincu le monde. Dans l'oeuvre qu'il a à
accomplir, personne ne peut l'aider. Il est seul à
fouler au pressoir. Le but de cette oeuvre, comme
celui de ses souffrances et de sa mort, est de
procurer la paix à ses disciples et à tous ceux qui
croient en lui. Il supporte notre châtiment, afinque
nous ayons la paix. - Cette paix demeure notre
heureux partage, aussi longtemps que nous sommes
trouvés en lui. Même lorsque le coeur est bouleversé
jusque dans ses dernières profondeurs par les
afflictions du monde, la paix dont il jouit en Jésus
ne doit point être troublée. Il ne faut pas que les
croyants soient dispensés de ces afflictions. Il ne
serait pas salutaire pour nous que le monde nous
témoignât trop d'amitié. D'ailleurs, la paix en
Jésus nous préserve de la corruption dans laquelle
le monde cherche à nous entraîner, soit par ses
promesses, soit par ses menaces. Elle nous reporte
au sang de la croix chaque fois que notre conscience
nous accuse, et remplit le coeur des consolations de
Jésus, même dans les angoisses de la mort.
Jésus a vaincu pour nous. Quiconque
demeure en lui, n'a pas seulement la paix, malgré
toutes les fautes que sa conscience peut lui
reprocher, mais encore laforce de la foi, qui
se montre puissante dans les faibles, et la force
de l'amour, qui le rend capable d'aimer ses
ennemis pour l'amour de Jésus. Cette paix, cette
foi, cet amour, cette vie en Jésus le remplit d'un
invincible courage et d'une sainte joie pour lutter
contre le monde, afin de l'amener aux pieds de
Jésus, comme prix de ses souffrances.
.
121. La prière sacerdotale.
(Jean
XVII.)
Ces paroles furent les dernières par lesquelles
Jésus prit confié de ses disciples. Si l'on peut
comparer les discours publics qu'il adressait au
peuple, et les explications qu'il a données sur les
derniers événements, à un fleuve puissant, qui, dans
son cours impétueux, renverse tout sur son passage,
on peut comparer ses dernières paroles d'adieu à ses
disciples à un lac tranquille, entouré de hautes
montagnes, et dont la limpide surface reflète avec
pureté les rayons du soleil. Le Seigneur parle avec
un calme majestueux des mystères du royaume de Dieu,
et de la vie du chrétien, en termes simples,
dépouillés de tout ornement, et nous permet ainsi de
jeter un coup d'oeil dans la profondeur des plans
divins pour le salut des pécheurs.
Ces caractères distinguent à un plus haut
degré encore la prière sacerdotale, dans laquelle
Jésus, avant de se rendre en Gethsémané, répand son
coeur devant son Père en présence de ses disciples.
Un saint respect s'empare de tout coeur chrétien dès
qu'il aborde ce sol sacré. On peut donc bien
comprendre que le serviteur de Dieu, Philippe Jacob
Spener, n'ait jamais osé prêcher sur la prière
sacerdotale du Seigneur, mais qu'il se la soit fait
lire trois fois sur son lit de mort, afin d'en
restaurer son âme dans ce moment solennel.
Les saintes paroles que Jésus, en face de
la mort, a déposées dans le sein du Père, demandent
à être méditées avec des coeurs remplis des pensées
de l'éternité. Nous n'ajouterons aucune explication
à la prière sacerdotale. Puisse chacun de ceux qui
lisent cette prière, obtenir ce que Jésus demande
pour lui ! Dans la première partie (versets
1-5), le Seigneur demande pour les siens la vie
éternelle, la glorification céleste, sur la base de
sa propre glorification.
« Mon Père, l'heure est venue ; glorifie ton
Fils, afin que ton Fils te glorifie, comme tu
lui as donné puissance sur toute chair, afin
qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que tu
lui as donnés, (et c'est ici la vie éternelle
qu'ils te connaissent, toi qui es le seul vrai
Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé). Je t'ai
glorifié sur la terre ; j'ai achevé l'ouvrage
que tu m'avais donné à faire. Et maintenant
glorifie-moi, toi mon Père, auprès de toi-même,
de la gloire que j'ai eue vers toi avant que le
monde fût fait. »
Dans la deuxième partie (versets
6 -19), Jésus parle de l'état dans lequel la
grâce a placé les disciples et tous les croyants, et
demande au Père de les préserver des souillures du
monde et de les sanctifier.
« J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu
m'as donnés du monde ; ils étaient à toi et tu
me les as donnés, et ils ont gardé ta Parole.
Ils ont connu maintenant que tout ce que tu m'as
donné vient de toi. Car je leur ai donné les
paroles que tu m'as données, et ils les ont
reçues ; et ils ont reconnu véritablement que je
suis venu de toi, et ils ont cru que tu m'as
envoyé. Je prie pour eux ; je ne prie point pour
le monde, mais je prie pour ceux que tu m'as
donnés, parce qu'ils sont à toi. Et tout ce qui
est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi
est à moi, et je suis glorifié en eux. Et
maintenant, je ne suis plus au monde, mais eux
sont au monde, et je vais à toi. Père saint,
garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin
qu'ils soient un comme nous. Pendant que j'ai
été avec eux dans le monde, je les ai gardés, en
ton nom. J'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et
aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de
perdition, afin que l'Écriture fût accomplie. Et
maintenant je vais à toi, et je dis ces choses
étant encore dans le monde, afin qu'ils aient ma
joie accomplie en eux. Je leur ai donné ta
Parole et le monde les a haïs, parce qu'ils ne
sont pas du monde, comme je ne suis pas du
monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde,
mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du
monde comme je ne suis pas du monde.
Sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la
vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, je
les ai aussi envoyés dans le monde. Et je me
sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi
soient sanctifiés par la vérité. »
La fin de la prière (versets
20-26) comprend la perfection de l'Église dans
la gloire.« Or, je ne prie pas seulement pour eux :
mais je prie aussi pour tous ceux qui
croiront en moi par leur parole ; afin que tous
ne soient qu'un, comme toi, ô mon Père, tu es en
moi et que je suis en toi ; qu'eux aussi soient
en nous ; et que le monde croie que c'est toi
qui m'as envoyé. Je leur ai fait part de la
gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un
comme nous sommes un. Je suis en eux, tu es en
moi, afin qu'ils soient perfectionnés dans
l'unité et que le monde connaisse que c'est toi
qui m'as envoyé, et que tu les aimes comme tu
m'as aimé ; Père, mon désir est que là où je
suis ceux que tu m'as donnés y soient aussi avec
moi afin qu'ils contemplent la gloire que tu
m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la
création du monde. Père juste, le monde ne t'a
point connu ; mais moi je t'ai connu, et ceux-ci
ont reconnu que c'est toi qui m'as envoyé. Et je
leur ai fait connaître ton nom et je le leur
ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as
aimé soit en eux et que je sois moi-même en eux.
»
C'est ainsi que notre souverain sacrificateur
Jésus-Christ a prié pour nous, au moment où il se
disposait à s'offrir lui-même en sacrifice pour les
péchés du monde. Maintenant il est à la droite du
Père, et se constitue notre représentant perpétuel
par sa prière sacerdotale. Les biens qu'il demande
pour les siens là-haut, nous sont indiqués dans
cette sublime intercession, qu'il a prononcée sur le
bord du Cédron. C'est notre préservation, notre
sanctification, notre unité, notre glorification,
afin que nous puissions contempler la gloire de
Dieu.
Oh ! quand parviendrai-je à contempler la
face de Dieu.
122. La signification des souffrances et de la mort
de Christ.
La contemplation des souffrances et de la mort de
Christ n'est bénie pour nous, que lorsque nous les
abordons avec cette prière : Seigneur, ne permets
pas que je me borne à contempler ton martyre ; fais
m'en connaître aussi les causes et les fruits. La
cause de toutes les souffrances humaines, c'est le
péché ; mais celles de Christ étaient subies pour
les autres. Dans sa parfaite sainteté, il aurait
plané au-dessus de toutes les douleurs, si dans son
miséricordieux amour pour les pécheurs, il ne
s'était mis à leur place, pour supporter le
châtiment qu'ils avaient mérité. La cause des
souffrances de Christ est donc, du côté de
l'humanité, le péché. - C'est lui qui a fait
descendre du ciel le Fils de Dieu et l'a cloué à la
croix.
Du côté de Dieu, la cause des souffrances
de Christ était en même temps la justice de
Dieu et samiséricorde. Il semble que ces deux
attributs de la Divinité soient en contradiction
l'un avec l'autre, puisque la justice tend à punir
le pécheur, tandis que la miséricorde lui pardonne.
Il semble donc que l'une ou l'autre seulement de ces
deux alternatives puisse se produire : Dieu punit le
péché ou bien il le pardonne. S'il punit, il ne peut
pas pardonner ; s'il pardonne, il ne peut pas punir.
C'est là un raisonnement humain, que l'on fait parce
qu'on mesure la miséricorde de Dieu sur la faiblesse
du coeur de l'homme. Comme si pardonner, pour Dieu,
signifiait fermer les yeux sur le péché et le
traitercomme une chose indifférente, ou comme s'il
suffisait d'aller à lui avec humilité, et de se
lamenter pour qu'il oubliât toutes ses menaces et
que tout fût en ordre !
Une telle conception témoigne d'une
double erreur : l'une consiste à croire que Dieu
puisse laisser le péché impuni, l'autre, à se
persuader que sa miséricorde sera émue par les
supplications et les cris d'angoisse des hommes. Il
faut que Dieu punisse afin que sa justice soit
satisfaite. Il est impossible qu'il agisse
autrement. En laissant le péché impuni, il se
renierait lui-même. Un Dieu qui ne haïrait et ne
punirait pas le péché, ne serait pas un Dieu saint.
La haine contre le péché fait partie de l'essence de
Dieu. Si les cris d'angoisse des hommes pouvaient
émouvoir la miséricorde divine, pourquoi
resterait-elle sourde aux cris des damnés ?
S'il suffisait, pour écarter le glaive du
jugement de Dieu, de se lamenter, pourquoi Dieu
aurait-il pris la forme de serviteur ? pourquoi le
Fils de Dieu aurait-il dû souffrir ? Il aurait pu
pardonner les péchés à beaucoup moins de frais. Non
! le péché ne saurait demeurer impuni. Il faut que
la justice de Dieu soit satisfaite. D'un autre côté,
si le pécheur avait dû subir lui-même la peine de
son péché, il aurait été perdu. Il n'aurait pu
éviter l'éternelle damnation. C'est alors que la
miséricorde de Dieu intervient. Dieu ne veut pas la
mort du pécheur. Cependant sa justice doit avoir son
cours. C'est ici que paraît le Fils, qui se met à
notre place. Il devient homme, afin de pouvoir
prendre sur lui les péchés des hommes, et il les
expie par ses amères souffrances et par sa mort
douloureuse. Il s'est véritablement chargé de noslangueurs
et il a porté nos douleurs. Il a été navré
pour nosforfaits et frappé pour nosiniquités.
Le châtiment quinous apporte la paix est
tombé surlui, et nous avons la guérison par
ses meurtrissures. L'Éternel a fait venir sur lui
l'iniquité de nous tous. (Ésaïe
53.)
Et cet Agneau de Dieu, qui s'offre en
sacrifice, est celui-là même dont saint Jean dit :
Et la Parole s'est faite chair et elle a habité
parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire
telle qu'est celle du Fils unique venu du Père,«
pleine de grâce et de vérité ». Celui qui est
suspendu à la croix, est le même à la naissance
duquel les anges chantaient avec adoration :« Gloire
soit à Dieu au plus haut des cieux ! » Et il fallait
qu'il en fût ainsi. Lui seul et nul autre ne pouvait
offrir ce sacrifice. Nul autre ne pouvait porter le
fardeau des péchés du monde sans en être écrasé. Son
sang seul était d'un prix assez élevé pour racheter
les péchés de tous les hommes. - C'est dans les
souffrances et la mort de Christ que se rencontrent
la justice et la miséricorde de Dieu. Dieu punit le
péché dans son Fils, et ainsi sa justice reçoit
satisfaction. Et alors il peut laisser libre cours à
sa grâce et pardonner les péchés de tous ceux qui
viennent à lui en Christ, avec foi et repentance.
Pour nous ! telle est la clef du sombre mystère des
souffrances de Christ, mystère indéchiffrable par
tout autre moyen.
Ainsi, c'est dans les souffrances de
Christ que se montre le péché de l'homme. Christ a
porté les péchés de tous les hommes. Nous pouvons
donc, au moyen du châtiment qu'il a subi, apprendre
les différentes formes qu'ils révèlent. Mais dans
les souffrances de Christ, nous rencontrons aussi
ceux qui en ont été les instruments. Leur péché est
aussi celui de toute l'humanité. Sous ce double
rapport, la Passion de Christ est un miroir où le
péché nous apparaît sous son véritable aspect.
Siméon avait prédit qu'à l'occasion de Christ, les
pensées du coeur de plusieurs seraient découvertes.
Cela est arrivé pendant toute la vie publique du
Sauveur, mais principalement dans sa Passion. Nous
voyons ici les pharisiens, les principaux
sacrificateurs, les chefs du peuple, Caïphe, Anne et
d'autres. Leur trame nous montre à quel point la
propre justice endurcit le coeur, et comment, avec
des yeux bien ouverts, on peut ne pas voir la gloire
de Dieu, et avec des oreilles qui entendent, on peut
ne pas percevoir la vérité.
C'est ce peuple, qui entoure
Jésus, qu'il a comblé de bienfaits, dont il a
délivré tous ceux qui étaient tourmentés par le
diable, dont il a consolé ceux qui étaient
travaillés et chargés, et qui crie : « Crucifie-le !
crucifie-le ! » On voit ici la légèreté du sens
charnel, qui veut bien recevoir les bienfaits de
Dieu et en jouir, mais qui refuse de le servir, et
surtout de souffrir pour lui. - C'est le
gouverneur Pilate, qui veut ne se mettre mal avec
personne, qui cherche à satisfaire tout le monde.
Il reconnaît l'innocence de Jésus, mais entend se
réserver l'amitié des chefs du peuple, qui demandent
la mort du Sauveur. En lui, nous voyons la folie du
coeur humain qui essaye de jeter un pont sur l'abîme
qui sépare deux choses inconciliables : la vérité,
et le mensonge, la lumière et les ténèbres, Jésus et
le monde. -Ce sont les soldats païens qui
frappent Jésus et l'outragent. En eux nous apparaît
la grossièreté du coeur inconverti, qui se manifeste
par la haine de tout ce qui peut le déranger dans
ses jouissances. « Mangeons et buvons, demain nous
mourrons. » - C'est Hérode, qui désire depuis
longtemps voir Jésus, dans l'espoir de lui faire
faire quelque miracle et qu'il accable de ses
railleries. Il nous représente les méchantes
dispositions de ceux qui ont assigné comme dernier
but à leur existence et considéré comme bonheur
suprême, les plaisirs de ce monde ; mais qui en
définitive, après avoir épuisé toutes les
jouissances, ne sentent dans leur coeur qu'un vide
affreux et un mortel ennui. Pour y apporter quelque
diversion et s'amuser d'une manière plus piquante,
ils se tournent vers la Parole de Dieu, non pour y
chercher de l'édification, mais seulement pour
exercer leur esprit et se procurer un nouveau
divertissement. - C'est Judas, un des douze
apôtres, qui pendant trois ans a entendu, de la
bouche de Jésus, la Parole de vie, qui a été
sollicité par l'amour de Jésus à briser les liens de
ténèbres qui l'enlaçaient, et qui finit par trahir
son Maître pour trente pièces d'argent. Il est un
exemple du danger que courent ceux qui, étant
réveillés, ne combattent pas sérieusement le péché,
surtout leur péché favori, qui ne résistent pas
jusqu'au sang, et croient pouvoir suivre Jésus sans
soutenir énergiquement la lutte. En Judas nous
voyons que quiconque ne veut appartenir à Jésus qu'à
moitié, est à la fin poussé à devenir son ennemi, et
à le haïr d'une haine mortelle. - C'est Pierre,
qui ne veut pas admettre qu'il puisse renier Jésus,
bien que le Seigneur le lui ait expressément prédit,
et qui fait ensuite une chute si profonde ! Cette
chute nous montre que le coeur qui fonde sa fidélité
sur ses propres résolutions, sera couvert de
confusion au moment décisif.
Ce sont enfin tous les disciples,
qui s'enfuient et se dispersent, dès que leur maître
est tombé au pouvoir de ses ennemis. Leur conduite
trahit leur faiblesse et l'horreur qu'inspire la
croix même aux coeurs qui aiment Jésus.
Et le Seigneur ! quelle est son attitude
au milieu de toutes ces défections ? Fidèle à cette
parole : « Mon coeur est brisé par la pitié que
j'éprouve pour lui ! » Il a soif des âmes, même de
celles des hommes qui le tourmentent et le feront
mourir. Il cherche leurs âmes, afin d'être aussi
leur Sauveur. Les martyrs de Madagascar, qui, au
moment de mourir, conjuraient encore leurs bourreaux
d'aller à Jésus, afin d'être sauvés par son amour,
étaient de fidèles imitateurs de Jésus. Un tel amour
ne s'apprend qu'à l'école du Seigneur, qui le
possède et le donne. Dans toutes ses souffrances, il
n'y a pas trace de haine ni d'aigreur, pas ombre de
colère ni de vengeance. Toutes ses pensées sont
dirigées vers un seul but : sauver les âmes de ceux
qui l'affligent.
Quelle source de douces consolations pour
nous, que ce patient amour dans les plus vives
douleurs ! Tous ces bourreaux nous montrent nos
propres péchés. Nous l'affligeons et l'offensons
chaque jour par nos nombreux manquements : par nos
pensées terrestres et vaines, par nos paroles
inutiles, par nos méchantes actions. Cependant, son
coeur brûle toujours du même amour pour nous, et du
même ardent désir de nous attirer à lui. |