LA VIE DE JÉSUS
 

CHAPITRE III

 

Les souffrances et la mort de Jésus.
120. Les derniers discours de Jésus à ses disciples. (Suite)
(Jean XIII, 33.)

 

Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, mais que je vous ai choisis du monde, c'est pour cela que le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, que le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre. Mais ils vous feront tout cela à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent point celui qui m'a envoyé. Si je n'étais pas venu et que je ne leur eusse pas parlé, ils n'auraient point de péché ; mais maintenant ils n'ont point d'excuse de leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n'eusse pas fait parmi eux les oeuvres. qu'aucun autre n'a faites, ils n'auraient point de péché ; mais maintenant ils les ont vues et ils ont haï et moi et mon Père ; mais c'est ainsi que la Parole qui est écrite dans leur loi devait être accomplie : Ils m'ont haï sans cause. - Lorsque Jésus parla à ses disciples de la haine à laquelle ils seraient exposés de la part du monde, ce langage dut leur paraître tout aussi étrange que la parole qu'il avait prononcée auparavant - L'un de vous me trahira. ils comprenaient maintenant moins que jamais cette haine, surtout après que le peuple avait accueilli leur Maître avec des acclamations enthousiastes. Ici encore le Seigneur leur a témoigné son amour, en ce qu'il les a avertis à temps des amères expériences que le monde leur préparait aprèsson départ. Cette haine du monde contre les chrétiens n'a pas tardé à éclater, et l'histoire d'une longue période de l'Église chrétienne n'est que l'histoire des persécutions qu'elle a eu à subir. Même les auteurs païens parlent en frissonnant des horribles tourments infligés alors aux chrétiens. Nous qui vivons sous la puissante protection d'une autorité chrétienne, nous sommes tellement gâtés et efféminés, que nous avons oublié que la haine du monde se déchaîne nécessairement contre la foi en Christ, et qu'il nous parait déjà étrange d'avoir à supporter les moqueries du monde à cause de notre foi. Tout au plus sommes-nous exposés à entendre l'expression de sa haine en paroles amères. Nous ne pouvons nous empêcher de trembler à cette pensée : si une persécution éclatait contre les chrétiens, serions-nous tous, ou du moins beaucoup d'entre nous seraient-ils en état de souffrir sérieusement pour leur foi, et de rester fidèles même en face de la mort ?

Une consolation reste aux disciples pour le cas où ces temps se renouvelleraient : c'est que le monde a haï Jésus lui-même. Si quelqu'un aime Jésus de tout son coeur, et est décidé à ne se séparer de lui dans aucune circonstance, non seulement il trouve une consolation à entrer dans la communion de ses souffrances, mais encore il reconnaît avec joie dans cette haine du monde une preuve. qu'il appartient au Seigneur. Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne vous scandalisiez point. Ils vous chasseront des synagogues ; même le temps vient que quiconque vous fera mourir, croira rendre service à Dieu. Ils vous feront tout cela, parce qu'ils n'ont connu ni mon Père ni moi. La mort d'Étienne et de plusieurs autres martyrs suivit de près la mort de Christ. Lorsque Saul était présent ; au supplice d'Étienne, il ne se faisait aucun reproche ; au contraire, il brûlait de zèle pour la gloire de Dieu. Toutefois, lorsqu'il eut appris à connaître le Père et le Fils, le péché qui lui pesait le plus lourdement sur la conscience, c'était d'avoir persécuté l'Eglise de Dieu. -Au surplus, ce n'est que de temps en temps que la haine du monde a éclaté contre les disciples de Jésus en persécutions sanglantes ; quant à les mettre au ban de la société, il ne peut s'en empêcher, aussi longtemps qu'il reste le monde. Il faut qu'il haïsse et repousse tous ceux qui, par leurs paroles etleur vie, confessent Jésus-Christ. Quiconque aime son salut, doit être prêt à supporter cette haine ; mais c'est là un fragment du joug de Christ, qui est doux pour tous ceux qui vivent de son amour. Puis quelle glorieuse perspective ! Ici l'opprobre de l'ignominie, là la couronne de gloire.

Il faut que les disciples voient clairement l'avenir vers lequel il s'avancent. C'est pourquoi le Seigneur ne tait aucune des difficultés qui les attendent. Mais afin qu'ils ne se laissent abattre ni décourager, il les relève par la promesse du Saint-Esprit, qui affranchira leurs coeurs de toute crainte humaine. Le Saint-Esprit sera, pour eux un puissant soutien, lorsqu'ils seront cités pour rendre témoignage à Christ, comme lorsqu'ils annonceront la Bonne-Nouvelle du pardon des péchés par son sang. -Mais quand celui-là sera venu, savoir l'Esprit de vérité qui procède de mon Père, c'est lui qui rendra témoignage de moi ; et vous aussi vous en rendrez témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi. Les disciples ne doivent pas perdre courage devant l'opposition des Juifs. À la place du premier témoin aux paroles duquel le monde a fermé l'oreille, paraîtra une nouvelle puissance divine de révélation : le témoignage du Saint-Esprit. Quelle force ne donne pas cette conviction, que l'Esprit, qui demeure dans l'Église et dans les coeurs des croyants, est plus puissant que celui qui règne dans le monde et dans les coeurs des incrédules ! Quel secours les témoins de Christ ne trouvent-ils pas dans cet Esprit, qui n'agit pas, seulement du dehors, mais qui pénètre jusque dans les dernières profondeurs de la conscience, et qui continue de parler lorsque la bouche des témoins de la vérité est depuis longtemps fermée !

Ce secours du Saint-Esprit les encourage et leur fait surmonter toutes les craintes que le monde peut leur inspirer. Et quelle influence assujettissante cette crainte n'exerce-t-elle pas sur les coeurs ! Les uns sont honteux lorsque les incrédules les surprennent priant ou lisant la Bible ; les autres sentent clairement que leur conscience leur impose l'obligation de confesser Jésus devant les hommes, mais ils n'osent pas le faire par crainte du monde. Mais si le Saint-Esprit descend dans un coeur, aussitôt on parle avec tant de joie et de courage, avec une assurance si victorieuse des expériences qu'on afaites en Christ, qu'on ne peut plus se taire. Avant d'avoir reçu le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, Pierre était si craintif, qu'il fut entraîné, dans la cour de Caïphe, à renier trois fois Jésus. Tandis que plus tard, lorsque le Saint-Esprit eut rempli son coeur, il ne se laissa nullement intimider par les menaces du Sanhédrin, mais continua courageusement à enseigner an nom de son Maître. Le courage naturel se brise comme un roseau, lorsqu'il s'agit de la vie ; le Saint-Esprit donne la force de confesser le Seigneur, même en face de la mort.

La circonstance que le Saint-Esprit ne pouvait être communiqué aux disciples avant que le sacrifice de réconciliation fût consommé, devait aider les disciples à supporter la tristesse de la séparation. Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m'en vais, je vous l'enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement. De péché, parce qu'ils n'ont pas cru en moi ; de justice, parce que je m'en vais à mon Père et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé. Le Consolateur a pour mission de convaincre (littéralement de reprendre). Quel singulier contraste ! On devrait s'attendre soit à l'une de ces fonctions, soit à l'autre. Ou bien il console, et alors il ne reprend pas, ou bien il reprend, et alors il ne console pas. Ce sont là les idées que les hommes se font de la consolation et de la répréhension. Mais le Saint-Esprit console tout en reprenant, et il reprend tout en consolant. - Prenons bien garde de nous fier aux consolations des hommes ; ce sont de tristes consolations. C'est de tels consolateurs que le Seigneur se plaint (Ésaïe III, 12) en ces termes : « Mon peuple, tes consolateurs (les conducteurs) te font égarer. « Le Saint-Esprit console autrement que l'Esprit malin, qui consolait nos premiers parents en les rassurant au sujet de la défense de manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal, et qui ensuite les faisait chasser du Paradis pour habiter dans une terre couverte de ronces et de chardons. - Les consolations du Saint-Esprit sont salutaires ; elles guérissent les blessures de la conscience. Le monde ne les aime pas, parce qu'il ne veut pas se laisser reprendre par le Saint-Esprit.

Les hypocrites et les flatteurs du roi David l'auraient poussé plus avant dans l'abîme par leurs consolations. Ils lui auraient dit : « Les puissants et les rois de la terre ne se conduisent pas mieux. » Ou bien : « Le temps guérit toutes les blessures, il guérira aussi celle-ci. » Comme la consolation du prophète Nathan résonne durement en comparaison de celle-là : « Tu es cet homme ! » Et cependant c'est le prophète qui était le fidèle ami et le vrai consolateur du roi ; car c'est lui qui, lorsque David se fut repenti de son péché et l'eut confessé, lui dit : « L'Éternel a fait passer ton péché. » La répréhension. du Consolateur n'est pas accompagnée de tonnerre et d'éclairs, ni des malédictions de la loi. C'est un pardon qui rend confus. C'est un paisible et doux murmure qui calme le coeur du pécheur.

Le Saint-Esprit convainc de péché, en montrant au coeur de l'homme que le refus de croire en Jésus est réellement la source de tous les autres péchés, la plaie purulente du coeur, qui rend toutes les autres incurables. Car on peut être délivré de tous les autres péchés par la foi en Jésus ; mais celui qui ne croit pas en lui est perdu sans ressource ; il mourra dans ses péchés, et la colère de Dieu demeure sur lui. Que nous ayons commis l'un ou l'autre péché particulier, c'est ce dont la loi de Dieu peut nous convaincre ; mais le péché d'incrédulité, auquel le monde ne donne pas même le nom de péché, dont il se glorifie même quelquefois, le plus terrible des péchés, le seul qui rende digne de condamnation, le Saint-Esprit peut seul aussi le faire connaître de manière à couvrir l'incrédule de confusion. Le Saint-Esprit, en tournant le coeur du pécheur vers Jésus, dont le tendre amour a toujours été repoussé, remplit la mission de consolateur, immédiatement après avoir exercé la répréhension.

Le Saint-Esprit convaincra le monde de justice, parce que Jésus s'en va au Père. Il convaincra l'homme confus qu'il ne sera jamais justifié devant Dieu par ses propres mérites, par sa propre vertu, par son honorabilité ; mais que le Fils de Dieu, par son retour vers le Père, c'est-à-dire par ses souffrances et sa mort, par sa résurrection et son ascension, est devenu lui-même notre justice. Ainsi revêtus de la parure et du glorieux vêtement de son sang et de sa justice, nous sommes justifiés devant Dieu. Ici encore le Saint-Esprit console le monde en le couvrant de confusion.

Le Saint-Esprit convaincra le monde de jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé. Le monde et son prince croyaient avoir prononcé le jugement sur l'oeuvre de Jésus en Golgotha, et voici que la piqûre que le serpent lui a faite au talon, est devenue le jugement de Satan et de son empire. Il est profondément humiliant, ce témoignage du Saint-Esprit, qui nous montre qu'avant de suivre Jésus, nous étions sous la puissance des ténèbres, et par cela même les défenseurs d'une cause perdue. Si les croyants pouvaient voir, comment le Seigneur Jésus est méprisé dans le monde, comment la sainteté est ralliée, comment la force prime le droit, comment Mammon et le mensonge sont partout victorieux, ils pourraient bien perdre courage. Mais combien est consolant le témoignage du Saint-Esprit, qu'ils ne servent pas une cause perdue, que le prince de ce monde est jugé, qu'on peut dès maintenant célébrer la victoire dans les tabernacles des justes !

Tout en parlant à ses disciples de l'oeuvre du Saint-Esprit, Jésus sent qu'ils ne peuvent pas encore comprendre tout ce qu'il leur dit, qu'il doit le leur expliquer d'une manière plus profonde pour leur rendre son langage plus clair ; mais il sent aussi que toutes les explications qu'il pourrait leur donner, ne leur serviraient de rien - sans le Saint-Esprit. C'est pourquoi il leur dit : J'aurais encore plusieurs choses à vous dire, mais elles sont encore au-dessus de votre portée ; mais quand celui-là sera venu, savoir l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera point de soi-même, mais il dira, tout ce qu'il aura entendu, et vous annoncera les choses à venir. C'est lui qui me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi et qu'il vous l'annoncera. Tout ce que le Père a est à moi ; c'est pourquoi je vous ai dit qu'il prendra de ce qui est à moi et qu'il vous l'annoncera.

Jusqu'à présent, Jésus a parlé de l'oeuvre du Saint-Esprit dans le monde et pour le monde. Maintenant, il va parler de celle que cetEsprit accomplit dans les coeurs de ceux qui l'aimaient déjà. Mais les croyants ont encore le monde autour d'eux et en eux. Ils ont donc encore besoin, eux aussi, d'être sans cesse repris, convaincus et consolés par le Saint-Esprit ; et s'ils se laissent reprendre et consoler, l'Esprit les conduira dans la vérité personnelle qui est Christ. Tel est le but qu'il veut nous faire atteindre, et auquel nous devons tendre de toutes nos forces, afin que nous ne soyons pas comme des roseaux agités par le vent de toutes les opinions et de tous les systèmes des hommes, mais que nos coeurs soient fermes, ce qui ne peut se faire que par la grâce du Saint-Esprit. Plus nous serons fortifiés par le Saint-Esprit dans l'homme intérieur, plus nous ferons habiter Christ dans nos coeurs par la foi, plus aussi nous pénétrerons dans toute la vérité et connaîtrons la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de l'amour de Christ Car le Saint-Esprit ne nous apporte pas une nouvelle révélation. Sa mission consiste à nous approprier l'oeuvre rédemptrice Au Sauveur, sa personne, son amour, ses souffrances, sa gloire, sa paix.

Toute la plénitude de la divinité qui habite corporellement en Christ, le Saint-Esprit la communique aux coeurs des croyants. Car tout ce que Christ a reçu du Père, nous est destiné. C'est ainsi que le Saint-Esprit glorifie Christ en nous. Tout ce qui en Jésus déplaît au monde, parce qu'il lui apparaît comme l'être le plus méprisable, plein de douleurs et d'infirmités, cet Esprit nous le montre dans sa gloire céleste, dans l'éclatant rayonnement de son divin amour, et force le coeur à faire cette heureuse confession : « Tu es le plus beau des fils des hommes ! » Le Saint-Esprit, qui glorifie Jésus-Christ dans les coeurs, glorifie aussi les voies par lesquelles il nous conduit. Maintes fois ces voies nous paraissent rudes, incommodes et démesurément longues ; maint fardeau nous semble si lourd et si accablant, mainte dispensation si obscure et si énigmatique, que le coeur s'en trouve profondément malheureux. Mais, dès que le Saint-Esprit laisse tomber sur notre sentier un rayon de la lumière de Christ, la sombre vallée s'illumine, le pesant fardeau semble nous porter, et nous rapprocher du ciel, et ce que nous prenions pour un détour, se trouve être le plus court chemin.

Le moment où Jésus doit retourner au Père approche de plus en plus. Bientôt il disparaîtra aux yeux de ses disciples, et leurs coeurs seront remplis de tristesse. Jésus les console par la perspective certaine d'un joyeux revoir. En vérité, en vérité je vous dis que vous pleurerez et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira : vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie. Quand une femme accouche, elle a des douleurs, parce que son terme est venu ; mais dès qu'elle est accouchée d'un enfant, elle ne se souvient plus de son travail, dans la joie qu'elle a de ce qu'un homme est né dans le monde. Ce qui remplit le monde de joie, parce qu'il croit avoir remporté une brillante victoire, fait couler les larmes de ceux qui aiment Jésus. Toutefois, la cause de Dieu sera cependant victorieuse un jour, et alors notre tristesse sera changée en joie. L'éclatant et joyeux soleil de Pâques, sort de la nuit mortelle du vendredi saint. De même, vous êtes maintenant dans la tristesse, mais je vous reverrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie. Le revoir corporel a pris fin au bout de quarante jours ; mais l'ascension remplira les disciples d'une joie qui ne sera plus troublée. La joie de Pâques n'est pas seulement fondée sur le revoir corporel du Seigneur ; mais sur l'assurance de le revoir comme le Sauveur vivant, comme vainqueur de la mort et du démon, comme celui qui efface les péchés du monde ; car c'est comme tel qu'après l'ascension il se tint près d'eux et de tous les croyants. Cette joie chrétienne dure éternellement, et ne peut nous être ravie par aucune affliction, par aucune douleur terrestre. Mais le Seigneur a encore une autre consolation pour le temps qui suivra son retour auprès du Père, et cette consolation leur fera perdre complètement le sentiment de leur isolement : c'est leur communion avec le Père, que Jésus leur procurera.

En vérité, en vérité je vous dis que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie. Je vous ai dit toutes ces choses par des similitudes, mais le temps vient que je ne vous parlerai plus par des similitudes, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père. En cetemps-là, vous demanderez en mon nom, et je ne dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis venu de Dieu. Bien que nos péchés nous séparent de notre Dieu, nous avons cependant, par le nom de Jésus, un accès entièrement libre au trône et au coeur du Père. La prière au nom de Jésus nous ouvre les bons trésors de Dieu, et nous met en possession de toute la plénitude du Père, préparée pour nous. Assurément, les disciples ont déjà beaucoup prié. Ils ont prié pour la cause de Jésus et selon sa volonté, mais ils n'ont pas encore prié en son nom. Ils n'avaient même pas pu le faire, puisque Jésus n'avait pas encore été glorifié en eux.

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et il vous sera accordé. Lorsque Jésus est glorifié dans un coeur qui prie, si ce coeur demeure en lui, il prie au nom de Jésus. Saint Paul dit : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. » De même le croyant en qui Christ demeure, peut dire : Je ne prie plus moi-même, c'est Christ qui prie en moi. Dès que Jésus remplit un coeur, le Père, en considération du nom de Jésus, ne peut pas rejeter sa prière. C'est là aussi un mystère de la vie du chrétien, une première empreinte de ce nouveau nom que nul ne connaît, excepté celui qui le reçoit.

Le temps s'écoule rapidement, et l'heure approche où le dernier combat va se livrer dans le monde des esprits, combat dont le prix n'est rien moins que le salut de l'humanité pécheresse. Le Seigneur n'a plus qu'une parole à adresser à ses disciples, après cela son âme sera exclusivement tournée vers Dieu. Voici, l'heure vient, et elle est déjà venue, que vous serez dispersés chacun de son côté et que vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, parce que le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses, afin que nous ayez la paix en moi. Vous aurez des afflictions dans le monde, mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. Dans l'oeuvre qu'il a à accomplir, personne ne peut l'aider. Il est seul à fouler au pressoir. Le but de cette oeuvre, comme celui de ses souffrances et de sa mort, est de procurer la paix à ses disciples et à tous ceux qui croient en lui. Il supporte notre châtiment, afinque nous ayons la paix. - Cette paix demeure notre heureux partage, aussi longtemps que nous sommes trouvés en lui. Même lorsque le coeur est bouleversé jusque dans ses dernières profondeurs par les afflictions du monde, la paix dont il jouit en Jésus ne doit point être troublée. Il ne faut pas que les croyants soient dispensés de ces afflictions. Il ne serait pas salutaire pour nous que le monde nous témoignât trop d'amitié. D'ailleurs, la paix en Jésus nous préserve de la corruption dans laquelle le monde cherche à nous entraîner, soit par ses promesses, soit par ses menaces. Elle nous reporte au sang de la croix chaque fois que notre conscience nous accuse, et remplit le coeur des consolations de Jésus, même dans les angoisses de la mort.

Jésus a vaincu pour nous. Quiconque demeure en lui, n'a pas seulement la paix, malgré toutes les fautes que sa conscience peut lui reprocher, mais encore laforce de la foi, qui se montre puissante dans les faibles, et la force de l'amour, qui le rend capable d'aimer ses ennemis pour l'amour de Jésus. Cette paix, cette foi, cet amour, cette vie en Jésus le remplit d'un invincible courage et d'une sainte joie pour lutter contre le monde, afin de l'amener aux pieds de Jésus, comme prix de ses souffrances.

 


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121. La prière sacerdotale.
(Jean XVII.)

 

Ces paroles furent les dernières par lesquelles Jésus prit confié de ses disciples. Si l'on peut comparer les discours publics qu'il adressait au peuple, et les explications qu'il a données sur les derniers événements, à un fleuve puissant, qui, dans son cours impétueux, renverse tout sur son passage, on peut comparer ses dernières paroles d'adieu à ses disciples à un lac tranquille, entouré de hautes montagnes, et dont la limpide surface reflète avec pureté les rayons du soleil. Le Seigneur parle avec un calme majestueux des mystères du royaume de Dieu, et de la vie du chrétien, en termes simples, dépouillés de tout ornement, et nous permet ainsi de jeter un coup d'oeil dans la profondeur des plans divins pour le salut des pécheurs.

Ces caractères distinguent à un plus haut degré encore la prière sacerdotale, dans laquelle Jésus, avant de se rendre en Gethsémané, répand son coeur devant son Père en présence de ses disciples. Un saint respect s'empare de tout coeur chrétien dès qu'il aborde ce sol sacré. On peut donc bien comprendre que le serviteur de Dieu, Philippe Jacob Spener, n'ait jamais osé prêcher sur la prière sacerdotale du Seigneur, mais qu'il se la soit fait lire trois fois sur son lit de mort, afin d'en restaurer son âme dans ce moment solennel.

Les saintes paroles que Jésus, en face de la mort, a déposées dans le sein du Père, demandent à être méditées avec des coeurs remplis des pensées de l'éternité. Nous n'ajouterons aucune explication à la prière sacerdotale. Puisse chacun de ceux qui lisent cette prière, obtenir ce que Jésus demande pour lui ! Dans la première partie (versets 1-5), le Seigneur demande pour les siens la vie éternelle, la glorification céleste, sur la base de sa propre glorification.

« Mon Père, l'heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, comme tu lui as donné puissance sur toute chair, afin qu'il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés, (et c'est ici la vie éternelle qu'ils te connaissent, toi qui es le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé). Je t'ai glorifié sur la terre ; j'ai achevé l'ouvrage que tu m'avais donné à faire. Et maintenant glorifie-moi, toi mon Père, auprès de toi-même, de la gloire que j'ai eue vers toi avant que le monde fût fait. »

Dans la deuxième partie (versets 6 -19), Jésus parle de l'état dans lequel la grâce a placé les disciples et tous les croyants, et demande au Père de les préserver des souillures du monde et de les sanctifier.

« J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés du monde ; ils étaient à toi et tu me les as donnés, et ils ont gardé ta Parole. Ils ont connu maintenant que tout ce que tu m'as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données, et ils les ont reçues ; et ils ont reconnu véritablement que je suis venu de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé. Je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais je prie pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi. Et tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux. Et maintenant, je ne suis plus au monde, mais eux sont au monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous. Pendant que j'ai été avec eux dans le monde, je les ai gardés, en ton nom. J'ai gardé ceux que tu m'as donnés, et aucun d'eux ne s'est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l'Écriture fût accomplie. Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses étant encore dans le monde, afin qu'ils aient ma joie accomplie en eux. Je leur ai donné ta Parole et le monde les a haïs, parce qu'ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Ils ne sont pas du monde comme je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par ta vérité, ta Parole est la vérité. Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité. »

La fin de la prière (versets 20-26) comprend la perfection de l'Église dans la gloire.« Or, je ne prie pas seulement pour eux :

mais je prie aussi pour tous ceux qui croiront en moi par leur parole ; afin que tous ne soient qu'un, comme toi, ô mon Père, tu es en moi et que je suis en toi ; qu'eux aussi soient en nous ; et que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé. Je leur ai fait part de la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un. Je suis en eux, tu es en moi, afin qu'ils soient perfectionnés dans l'unité et que le monde connaisse que c'est toi qui m'as envoyé, et que tu les aimes comme tu m'as aimé ; Père, mon désir est que là où je suis ceux que tu m'as donnés y soient aussi avec moi afin qu'ils contemplent la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la création du monde. Père juste, le monde ne t'a point connu ; mais moi je t'ai connu, et ceux-ci ont reconnu que c'est toi qui m'as envoyé. Et je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et que je sois moi-même en eux. »

C'est ainsi que notre souverain sacrificateur Jésus-Christ a prié pour nous, au moment où il se disposait à s'offrir lui-même en sacrifice pour les péchés du monde. Maintenant il est à la droite du Père, et se constitue notre représentant perpétuel par sa prière sacerdotale. Les biens qu'il demande pour les siens là-haut, nous sont indiqués dans cette sublime intercession, qu'il a prononcée sur le bord du Cédron. C'est notre préservation, notre sanctification, notre unité, notre glorification, afin que nous puissions contempler la gloire de Dieu.

Oh ! quand parviendrai-je à contempler la face de Dieu.

 


 
122. La signification des souffrances et de la mort de Christ.

 

La contemplation des souffrances et de la mort de Christ n'est bénie pour nous, que lorsque nous les abordons avec cette prière : Seigneur, ne permets pas que je me borne à contempler ton martyre ; fais m'en connaître aussi les causes et les fruits. La cause de toutes les souffrances humaines, c'est le péché ; mais celles de Christ étaient subies pour les autres. Dans sa parfaite sainteté, il aurait plané au-dessus de toutes les douleurs, si dans son miséricordieux amour pour les pécheurs, il ne s'était mis à leur place, pour supporter le châtiment qu'ils avaient mérité. La cause des souffrances de Christ est donc, du côté de l'humanité, le péché. - C'est lui qui a fait descendre du ciel le Fils de Dieu et l'a cloué à la croix.

Du côté de Dieu, la cause des souffrances de Christ était en même temps la justice de Dieu et samiséricorde. Il semble que ces deux attributs de la Divinité soient en contradiction l'un avec l'autre, puisque la justice tend à punir le pécheur, tandis que la miséricorde lui pardonne. Il semble donc que l'une ou l'autre seulement de ces deux alternatives puisse se produire : Dieu punit le péché ou bien il le pardonne. S'il punit, il ne peut pas pardonner ; s'il pardonne, il ne peut pas punir. C'est là un raisonnement humain, que l'on fait parce qu'on mesure la miséricorde de Dieu sur la faiblesse du coeur de l'homme. Comme si pardonner, pour Dieu, signifiait fermer les yeux sur le péché et le traitercomme une chose indifférente, ou comme s'il suffisait d'aller à lui avec humilité, et de se lamenter pour qu'il oubliât toutes ses menaces et que tout fût en ordre !

Une telle conception témoigne d'une double erreur : l'une consiste à croire que Dieu puisse laisser le péché impuni, l'autre, à se persuader que sa miséricorde sera émue par les supplications et les cris d'angoisse des hommes. Il faut que Dieu punisse afin que sa justice soit satisfaite. Il est impossible qu'il agisse autrement. En laissant le péché impuni, il se renierait lui-même. Un Dieu qui ne haïrait et ne punirait pas le péché, ne serait pas un Dieu saint. La haine contre le péché fait partie de l'essence de Dieu. Si les cris d'angoisse des hommes pouvaient émouvoir la miséricorde divine, pourquoi resterait-elle sourde aux cris des damnés ?

S'il suffisait, pour écarter le glaive du jugement de Dieu, de se lamenter, pourquoi Dieu aurait-il pris la forme de serviteur ? pourquoi le Fils de Dieu aurait-il dû souffrir ? Il aurait pu pardonner les péchés à beaucoup moins de frais. Non ! le péché ne saurait demeurer impuni. Il faut que la justice de Dieu soit satisfaite. D'un autre côté, si le pécheur avait dû subir lui-même la peine de son péché, il aurait été perdu. Il n'aurait pu éviter l'éternelle damnation. C'est alors que la miséricorde de Dieu intervient. Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Cependant sa justice doit avoir son cours. C'est ici que paraît le Fils, qui se met à notre place. Il devient homme, afin de pouvoir prendre sur lui les péchés des hommes, et il les expie par ses amères souffrances et par sa mort douloureuse. Il s'est véritablement chargé de noslangueurs et il a porté nos douleurs. Il a été navré pour nosforfaits et frappé pour nosiniquités. Le châtiment quinous apporte la paix est tombé surlui, et nous avons la guérison par ses meurtrissures. L'Éternel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous. (Ésaïe 53.)

Et cet Agneau de Dieu, qui s'offre en sacrifice, est celui-là même dont saint Jean dit : Et la Parole s'est faite chair et elle a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire telle qu'est celle du Fils unique venu du Père,« pleine de grâce et de vérité ». Celui qui est suspendu à la croix, est le même à la naissance duquel les anges chantaient avec adoration :« Gloire soit à Dieu au plus haut des cieux ! » Et il fallait qu'il en fût ainsi. Lui seul et nul autre ne pouvait offrir ce sacrifice. Nul autre ne pouvait porter le fardeau des péchés du monde sans en être écrasé. Son sang seul était d'un prix assez élevé pour racheter les péchés de tous les hommes. - C'est dans les souffrances et la mort de Christ que se rencontrent la justice et la miséricorde de Dieu. Dieu punit le péché dans son Fils, et ainsi sa justice reçoit satisfaction. Et alors il peut laisser libre cours à sa grâce et pardonner les péchés de tous ceux qui viennent à lui en Christ, avec foi et repentance. Pour nous ! telle est la clef du sombre mystère des souffrances de Christ, mystère indéchiffrable par tout autre moyen.

Ainsi, c'est dans les souffrances de Christ que se montre le péché de l'homme. Christ a porté les péchés de tous les hommes. Nous pouvons donc, au moyen du châtiment qu'il a subi, apprendre les différentes formes qu'ils révèlent. Mais dans les souffrances de Christ, nous rencontrons aussi ceux qui en ont été les instruments. Leur péché est aussi celui de toute l'humanité. Sous ce double rapport, la Passion de Christ est un miroir où le péché nous apparaît sous son véritable aspect. Siméon avait prédit qu'à l'occasion de Christ, les pensées du coeur de plusieurs seraient découvertes. Cela est arrivé pendant toute la vie publique du Sauveur, mais principalement dans sa Passion. Nous voyons ici les pharisiens, les principaux sacrificateurs, les chefs du peuple, Caïphe, Anne et d'autres. Leur trame nous montre à quel point la propre justice endurcit le coeur, et comment, avec des yeux bien ouverts, on peut ne pas voir la gloire de Dieu, et avec des oreilles qui entendent, on peut ne pas percevoir la vérité.

C'est ce peuple, qui entoure Jésus, qu'il a comblé de bienfaits, dont il a délivré tous ceux qui étaient tourmentés par le diable, dont il a consolé ceux qui étaient travaillés et chargés, et qui crie : « Crucifie-le ! crucifie-le ! » On voit ici la légèreté du sens charnel, qui veut bien recevoir les bienfaits de Dieu et en jouir, mais qui refuse de le servir, et surtout de souffrir pour lui. - C'est le gouverneur Pilate, qui veut ne se mettre mal avec personne, qui cherche à satisfaire tout le monde. Il reconnaît l'innocence de Jésus, mais entend se réserver l'amitié des chefs du peuple, qui demandent la mort du Sauveur. En lui, nous voyons la folie du coeur humain qui essaye de jeter un pont sur l'abîme qui sépare deux choses inconciliables : la vérité, et le mensonge, la lumière et les ténèbres, Jésus et le monde. -Ce sont les soldats païens qui frappent Jésus et l'outragent. En eux nous apparaît la grossièreté du coeur inconverti, qui se manifeste par la haine de tout ce qui peut le déranger dans ses jouissances. « Mangeons et buvons, demain nous mourrons. » - C'est Hérode, qui désire depuis longtemps voir Jésus, dans l'espoir de lui faire faire quelque miracle et qu'il accable de ses railleries. Il nous représente les méchantes dispositions de ceux qui ont assigné comme dernier but à leur existence et considéré comme bonheur suprême, les plaisirs de ce monde ; mais qui en définitive, après avoir épuisé toutes les jouissances, ne sentent dans leur coeur qu'un vide affreux et un mortel ennui. Pour y apporter quelque diversion et s'amuser d'une manière plus piquante, ils se tournent vers la Parole de Dieu, non pour y chercher de l'édification, mais seulement pour exercer leur esprit et se procurer un nouveau divertissement. - C'est Judas, un des douze apôtres, qui pendant trois ans a entendu, de la bouche de Jésus, la Parole de vie, qui a été sollicité par l'amour de Jésus à briser les liens de ténèbres qui l'enlaçaient, et qui finit par trahir son Maître pour trente pièces d'argent. Il est un exemple du danger que courent ceux qui, étant réveillés, ne combattent pas sérieusement le péché, surtout leur péché favori, qui ne résistent pas jusqu'au sang, et croient pouvoir suivre Jésus sans soutenir énergiquement la lutte. En Judas nous voyons que quiconque ne veut appartenir à Jésus qu'à moitié, est à la fin poussé à devenir son ennemi, et à le haïr d'une haine mortelle. - C'est Pierre, qui ne veut pas admettre qu'il puisse renier Jésus, bien que le Seigneur le lui ait expressément prédit, et qui fait ensuite une chute si profonde ! Cette chute nous montre que le coeur qui fonde sa fidélité sur ses propres résolutions, sera couvert de confusion au moment décisif.

Ce sont enfin tous les disciples, qui s'enfuient et se dispersent, dès que leur maître est tombé au pouvoir de ses ennemis. Leur conduite trahit leur faiblesse et l'horreur qu'inspire la croix même aux coeurs qui aiment Jésus.

Et le Seigneur ! quelle est son attitude au milieu de toutes ces défections ? Fidèle à cette parole : « Mon coeur est brisé par la pitié que j'éprouve pour lui ! » Il a soif des âmes, même de celles des hommes qui le tourmentent et le feront mourir. Il cherche leurs âmes, afin d'être aussi leur Sauveur. Les martyrs de Madagascar, qui, au moment de mourir, conjuraient encore leurs bourreaux d'aller à Jésus, afin d'être sauvés par son amour, étaient de fidèles imitateurs de Jésus. Un tel amour ne s'apprend qu'à l'école du Seigneur, qui le possède et le donne. Dans toutes ses souffrances, il n'y a pas trace de haine ni d'aigreur, pas ombre de colère ni de vengeance. Toutes ses pensées sont dirigées vers un seul but : sauver les âmes de ceux qui l'affligent.

Quelle source de douces consolations pour nous, que ce patient amour dans les plus vives douleurs ! Tous ces bourreaux nous montrent nos propres péchés. Nous l'affligeons et l'offensons chaque jour par nos nombreux manquements : par nos pensées terrestres et vaines, par nos paroles inutiles, par nos méchantes actions. Cependant, son coeur brûle toujours du même amour pour nous, et du même ardent désir de nous attirer à lui.


 

 

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