LA VIE DE
JÉSUS
CHAPITRE II
L'activité publique de
Jésus.
B. L'activité de
Jésus en Galilée.
52. Les traditions des hommes.
(Matth.
XV, 1-20 ;Marc
VII, 1-23)
Les antagonismes s'accentuent de plus en plus.
Les pharisiens et les docteurs de la loi s'efforcent
de persuader au peuple queJésus n'est pas le Christ,
le Messie promis. Ils cherchent avec ardeur une
occasion de prouver publiquement que, non seulement
il n'observe pas lui-même fidèlement la loi de Dieu,
mais encore qu'il enseigne ses disciples à la
violer. De son côté, le Seigneur ne cherche
nullement à dissimuler cette rupture. Il met
ouvertement ses disciples en garde contre ces
aveugles, conducteurs d'aveugles, et leur adresse
cet avertissement décisif :Laissez-les. Dès
ce moment, Jésus ne réside plus en Galilée d'une
manière permanente ; il se transporte d'un lieu à
l'autre, tantôt sur le bord oriental de la mer de
Tibériade, tantôt au nord-est, près de Césarée de
Philippe, ou bien au nord, vers les frontières de
Tyr et de Sidon.
Alors des
scribes et des pharisiens vinrent de Jérusalem à
Jésus, et lui dirent : Pourquoi les disciples
transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils
ne se lavent point les mains, lorsqu'ils prennent
leurs repas ?Peut-être avaient-ils
entendu parler de la multiplication des pains et de
l'enthousiasme que ce miracle avait excité parmi le
peuple ; et ils étaient venus de Jérusalem pour
surveiller attentivement les faits et gestes du
Seigneur. Ils virent alors que ses disciples ne se
lavaient pas les mains avant de prendre leurs repas,
et transgressaient ainsi la tradition des anciens.
Les pharisiens ne se contentaient pas de la loi de
Moïse ; ils ajoutaient aux ordonnances contenues
dans cette loi, des traditions humaines,
c'est-à-dire des prescriptions formulées par leurs
ancêtres. Ces prescriptions, ils les mettaient au
niveau, et même au-dessus des commandements de Dieu.
Ils enseignaient que l'observation de ces traditions
rentrait dans le service de Dieu et était
indispensable pour obtenir le salut. Le Seigneur
s'inscrit en faux contre ces doctrines et renvoie
leurs auteurs à la loi divine.
Des ordonnances humaines peuvent aussi
être introduites dans la forme extérieure de la vie
chrétienne, mais, en ces matières, il y a deux
choses à remarquer. Premièrement, ces ordonnances ne
doivent jamais être en opposition avec la Parole de
Dieu ; secondement, il ne faut pas qu'elles
oppriment la conscience, c'est-à-dire il ne faut
jamais en exiger l'observation, comme si la vie et
le salut en dépendaient. De pareilles ordonnances
peuvent être négligées par les chrétiens. D'un autre
côté, le chrétien n'a pas le droit de s'opposer à la
constitution historique de l'Église, à ses coutumes,
à ses usages, parce qu'ils ne sont peut-être pas
expressément ordonnés par la Parole de Dieu. Pourvu
qu'ils ne lui soient pas opposés, on peut les
laisser subsister. La coutume de se laver les mains
avant le repas, pouvait être observée comme une
salutaire discipline extérieure, comme une juste
exhortation à n'user des dons de Dieu qu'avec des
mains pures. Mais comme les pharisiens imposaient
cette coutume aux consciences, et lui attribuaient
la même autorité qu'à la loi divine, le Seigneur en
avait dispensé ses disciples. Il leur répondit :
Et vous, pourquoi
transgressez-vous le commandement de Dieu par votre
tradition ? C'était là précisément la
conduite des pharisiens. Ils se faisaient un
scrupule de faire des choses dans lesquelles la
conscience n'était nullement engagée, et ils
passaient légèrement sur celles qui auraient dû la
blesser. D'abord, ils avaient mis les traditions des
hommes au niveau des commandements de Dieu, et peu à
peu ils les avaient élevées au dessus de ces
commandements.
Car Dieu, a
donné ce commandement : Honore ton père et la mère,
et que celui qui maudira son père ou sa mère soit
puni de mort. Mais vous dites : Si quelqu'un dit à
son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais
t'assister est un don consacré à Dieu, n'est pas
coupable, quoiqu'il n'honore pas son père ou sa
mère. Vous ne lui permettez plus de rien faire pour
son père ou sa mère, et ainsi vous anéantissez le
commandement de Dieu par votre tradition.
Parmi les nombreux commandements de Dieu
transgressés par les pharisiens, le Seigneur choisit
le premier qui ait une promesse. Sous ce précepte :«
Honore ton père. et ta mère », sont compris tous les
secours et tous les soins que l'amour peut inspirer
aux enfants pour leurs parents. Les pharisiens
enseignaient que celui qui donne en offrande au
temple tout ce qu'il a économisé, fait une oeuvre
pieuse et agréable à Dieu, plus pieuse même et plus
agréable que si, dans l'obscurité du cercle de
famille, il en assistait les auteurs de ses jours.
Ils prétendaient ainsi servir Dieu, mais, en
réalité, ils supprimaient son commandement pour
établir leur tradition. Le Seigneur prononcerait le
même blâme sur la conduited'une jeune fille qui,
pour se rendre à une réunion de travail au profit
des missions, néglige de donner à sa mère les soins
qu'elle lui doit. Il agira de la même manière envers
une domestique qui se montre pieuse et humble dans
une réunion, et qui est revêche et orgueilleuse dans
ses rapports avec ses maîtres. Il nous adressera le
même reproche à nous tous, si nous négligeons les
devoirs de la charité, sous prétexte qu'en les
remplissant, nous sommes empêchés de vaquer à nos
exercices de piété.
Hypocrites !
Ésaïe a bien prophétisé de vous, lorsqu'il a dit :
Ce peuple s'approche de moi de sa bouche et m'honore
de ses lèvres mais leur coeur est bien éloigné de
moi ; mais ils m'honorent en vain, en enseignant des
doctrines qui ne sont que des commandements
d'hommes. Tout service divin, tout acte
d'adoration, qui ne vient que des lèvres, est en
abomination devant Dieu. Que chacun s'éprouve pour
savoir si la prière qu'il lit ou le cantique qu'il
chante, est bien l'expression du sentiment de son
coeur, ou si ce ne sont pas plutôt des paroles vides
de pensées, dépourvues de dévotion, de simples
répétitions de prières et de cantiques, sans une
véritable élévation du coeur vers le Dieu vivant. Le
coeur seul de l'homme trouve le chemin du coeur de
Dieu. C'est pourquoi il doit toujours être. d'accord
avec la bouche dans la prière et l'action de grâces.
Et ayant appelé
le peuple, il leur dit : Écoutez et comprenez ceci :
Ce n'est point ce qui entre dans la bouche qui
souille l'homme, mais ce qui sort de la bouche,
c'est ce qui souille l'homme. Ce que
Christ dit ici de la pureté et de la souillure, est
dirigé avant tout contre la folie des pharisiens,
qui prétendaient qu'un homme peut plaire à Dieu, par
la seule action extérieure de se laver les mains.
Mais ces paroles répandent aussi une vive lumière
sur toutes les prescriptions de purification
renfermées dans la loi de Moïse qui prédisaient la
vraie purification par le sang du Fils de Dieu, dans
lequel elles trouvent leur accomplissement. Ce qui
fait la vraie pureté de l'homme, ce n'est ni son
activité extérieure, ni, ses habitudes morales, ni
la conduite qu'il tient vis-à-vis des hommes, mais
uniquement ses dispositions intérieures envers Dieu
: l'adoration du coeur et la soumission de la
volonté. La bienséance etl'honnêteté extérieures
n'ont de valeur que si elles sont la fidèle
expression de la pureté du coeur et ont pour objet
de la conserver. Lorsque les gens grossiers se
prévalent de cette parole, que rien de ce qui entre
dans la bouche ne souille l'homme, pour se livrer à
l'intempérance et à l'ivrognerie, leur jugement est
écrit dans Tite
1, 15 : Leur esprit et
leur conscience sont souillés. Et ce qui
les souille, ce n'est pas ce qui entre dans leur
bouche, c'est le penchant à l'intempérance et à
l'ivrognerie qui est dans leur coeur.
Alors ses
disciples s'approchant, lui dirent : N'as-tu pas
remarqué que les pharisiens ont été scandalisés,
lorsqu'ils ont ouï ce discours ? Selon
les disciples, Jésus aurait bien dû user de plus de
ménagements envers les pharisiens. Mais quoique son
plaisir soit d'affermir le roseau froissé et de
rallumer le lumignon qui fume encore, cependant il
lui était impossible de s'associer avec ces hommes
que le Père ne lui avait pas donnés, et qui
n'étaient pas de Dieu (Jean
VIII, 47). Les plantes que le Père n'a pas
plantées doivent être arrachées, malgré tous les
ménagements et toutes les précautions. Dieu les
laisse croître dans son champ avec le froment, mais
leur esprit de contradiction prouve qu'il les a déjà
jugées. L'attitude décidée que le Seigneur prend
vis-à-vis des pharisiens, et de leurs traditions,
montre clairement quel cas il faut faire des
affirmations de l'incrédulité, d'après lesquelles
Jésus se serait accommodé aux préjugés et aux
superstitions de son temps. Il est vrai qu'il n'a
pas proclamé dès le commencement certaines vérités,
parce que les disciples n'étaient pas en état de les
comprendre ; mais il n'est jamais entré dans aucun
accommodement. Il n'a jamais rien exprimé ni rien
répété qui ne fût fondé dans la vérité. Il n'a non
plus rien laissé passer de ce qui était en
contradiction avec les salutaires desseins de Dieu,
sans le signaler et le combattre. Là où il
s'agissait de conduire les âmes dans le chemin de la
paix, il n'a jamais hésité à lutter ouvertement
contre les chefs du peuple les plus influents.
Laissez-les, ce
sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; que
si un aveugle conduit un autre aveugle, ils
tomberont tous les deux dans la fosse.
Quiconque veut suivre Jésus, doit renoncer à toute
considération humaine. Alors, c'étaient les
suffrages des pharisiensdont il ne fallait point se
soucier ; aujourd'hui, c'est de ce qu'on appelle
l'opinion publique qu'il faut s'affranchir.
L'aveuglement des pharisiens n'était pas une maladie
douloureuse, qui leur arrachait des soupirs ;
c'était la suite de l'endurcissement de leur coeur.
Si un pareil aveugle veut encore montrer le chemin à
un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la
perdition.
Répondant à Pierre, qui leur demande
l'explication de cette parole, Jésus leur dit :
Vous aussi, êtes-vous encore
sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout
ce qui entre dans la bouche s'en va dans le ventre
et est jeté aux lieux secrets ? Mais ce qui sort de
la bouche vient du coeur ; c'est là ce qui souille
l'homme. L'homme n'est pas souillé par ce
qui passe de la bouche dans le ventre, mais bien par
ce qui, venant du coeur, sort de la bouche. Le
coeur, cette source de la vie morale, ce siège de la
pensée, de la volonté, de la sensibilité, devait
être le temple du Saint-Esprit, orné de toutes les
vertus, et il est devenu le réceptacle de toutes les
abominations, car c'est du
coeur que viennent les mauvaises pensées, les
meurtres, les adultères, les fornications, les
larcins, les faux témoignages, les blasphèmes.
Le coeur naturel ne renferme rien de bon (Rom.
VII, 8), car l'imagination du coeur des hommes
est mauvaise dès leur jeunesse (Gen.
VIII, 21). C'était là le péché originel, la
source de toutes les actions coupables.
Ce sont ces choses-là qui
souillent l'homme, mais de manger sans s'être lavé
les mains, cela ne souille point l'homme.
Que notre fidèle Sauveur nous donne des coeurs qui
se laissent purifier chaque jour par l'efficace de
son précieux sang !
Beaucoup de chrétiens sincères, qui se
livrent chaque jour à un sérieux examen de
conscience, sentent quelquefois monter du fond de
leur coeur corrompu des pensées mauvaises, peut-être
même blasphématoires. Alors ils se demandent avec
inquiétude s'ils sont réellement reçus en grâce, et
perdent ainsi le joyeux courage nécessaire pour le
combat, surtout si ces pensées les assiègent pendant
qu'ils prient ou pendant qu'ils écoutent la Parole
de Dieu. C'est à eux que s'adresse cette consolante
déclaration de Luther :« Si les oiseaux du ciel
volent au-dessus de la tête, cela ne le cause aucun
dommage, et tu ne peux pas les en empêcher. Prends
seulement garde qu'ils ne fassent leur nid dans tes
cheveux. » Que lesâmes ainsi tentées s'examinent
soigneusement, pour voir si elles prennent encore
plaisir à ces pensées. Si elles n'en éprouvent que
du dégoût, elles peuvent sans crainte chercher un
refuge au pied de la croix de Golgotha.
Prier de coeur, se nourrir de la Parole
de Dieu, participer fréquemment au corps et au sang
du Seigneur, tels sont les meilleurs moyens de
combattre de pareilles tentations. L'ennemi
darde-t-il contre nous ses traits enflammés ?
opposons-lui le bouclier de la foi et poursuivons
joyeusement notre course, comme des enfants de Dieu,
rachetés par le sang de Jésus, qui ne sont en
eux-mêmes que péché et corruption, mais qui, en lui,
jouissent d'une grâce dans les profondeurs
mystérieuses de laquelle les regards des anges mêmes
ne peuvent pénétrer.
.
53. La femme cananéenne.
(Matth.
XV, 21-28 ;Marc
VII, 24-30.)
Pour échapper aux embûches des pharisiens, Jésus
s'était retiré vers les frontières des contrées
païennes de Tyr et de Sidon. C'est là qu'il vit
apparaître une vive lumière, après avoir jeté un
coup d'oeil dans les ténèbres du coeur des
pharisiens. Une femme cananéenne devait faire
l'heureuse expérience de la puissance du Seigneur
sur Satan. Étant entré dans
une maison, il ne voulait pas que personne le sût
(Marc VII, 24). Après un travail fatigant, Jésus
cherchait le silence et la solitude ;
mais il ne put être caché, car
une femme, qui venait de ces quartiers-là, s'écria :
Seigneur, fils de David, aie pitié de moi, ma fille
est misérablement tourmentée par le démon.
La détresse a tourné le coeur de cette femme vers le
Sauveur. Elle avait entendu parler de lui, et avait
celle confiance qu'il pouvait et voulait la
secourir. Ce n'était pas facile. Le tentateur avait
certainement essayé de la détourner de la démarche
qu'elle avait résolu de faire. « Ne va pas à lui »,
lui avait-il dit sans doute. « Tu n'appartiens pas à
son peuple, il n'est pas venu pour toi. » Une des
ruses de Satan est d'inspirer de la défiance à
l'égard de Jésus, aux coeurs qui ont le plus besoin
de lui. Malgré cela, cette femme se hasarde à
adresser sa prière au Sauveur.
Mais il ne lui
répondit rien. Quelle déception ! un
refus catégorique, une parole dure, n'eussent pas
été aussi douloureux. Jésus se montrait partout
empressé à secourir. Ici, pas même une parole de
sympathie ! Est-ce peut-être de l'indifférence, un
manque d'amour ? Oh ! non assurément ! Il est
l'amour même, quand il demande comme quand il donne,
quand il se tait comme quand il parle. Il veut, non
pas éteindre le lumignon de la foi de cette femme,
mais le ranimer par son silence. Pour l'élever à une
foi plus grande, il la prend à son école. Son
silence devait humilier cette femme suppliante ;
elle se laisse humilier et au lieu de se décourager
elle continue à prier. C'est au point que les
disciples en sont touchés et intercèdent pour elle.
Renvoie-la, disent-ils, car elle crie
après nous. Mais les disciples aussi reçoivent une
réponse défavorable : Je ne
suis envoyé qu'aux brebis perdues de la maison
d'Israël.
Eh quoi ! Jésus n'est-il pas aussi le
Sauveur des païens ? Sans doute. Mais dans le règne
de Dieu, il faut de l'ordre. L'activité personnelle
du Sauveur sur la terre devait être limitée au
peuple élu qu'il avait lui-même préparé depuis des
siècles pour le salut. C'est seulement lorsque les
Juifs l'auront rejeté, qu'il sera offert aux païens.
Cependant elle continue à espérer et à prier. Elle
se prosterna en disant :
Seigneur, aide-moi ! Mais il répondit :
Il n'est pas juste de
prendre le pain des enfants pour le donner aux
petits chiens. Les chiens ! leur place
est derrière la porte, car ils ne font pas partie de
la famille. D'après la loi, les chiens sont des
animaux impurs. « Dehors sont les chiens »(Apoc.
XXII, 15). Le bonheur est réservé aux enfants de
la maison. Tous les autres sont exclus ; ils restent
dehors.
Ici tout semble décidément perdu ; la
femme espère cependant encore. Elle se cramponne
précisément à cette dernière parole du Sauveur. Elle
ne le contredit point, et ne cherche pas à s'élever.
Mais elle dit : Il est
vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent
les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
Sans hésiter, elle donne raison à Jésus. « Oui
Seigneur ! » Cette parole la sauve. Puissions-nous
nous laisser instruire par elle ! C'est ainsi que
plus d'un coeur soupire après la paix et en demeure
privé,sans avoir une idée de la cause de son
inquiétude. Pour l'obtenir, il faut que nous
donnions raison à Dieu, même lorsqu'il nous reproche
nos péchés. La consolation n'est que pour ceux qui
se laissent reprendre. Si, aux accusations de la
Parole de Dieu, nous répondons : Non, Seigneur, je
ne suis cependant pas aussi méchant, ni aussi
corrompu, ni aussi misérable que tu le dis, nous
nous privons de toute paix et de toute vraie
consolation. Sans doute ce : « Oui, Seigneur ! » est
profondément douloureux à prononcer. C'est l'« Amen
» qui ratifie notre condamnation, c'est semblable au
mot de Caïn : « Mon péché est trop grand pour
pouvoir m'être pardonné. »
Apprenons encore à répéter avec cette
femme :« Les petits chiens
mangent les miettes qui tombent de la table de leurs
maîtres. » Elle vainc le Seigneur par ses
propres paroles. Les chiens sont dehors et n'ont
encore aucun des droits des enfants. Cette femme le
reconnaît volontiers. Elle ne réclame pas non plus
ses droits ; elle demande seulement au Sauveur de la
traiter comme on traite les chiens. Or, les chiens,
on les nourrit. Car le juste a égard à la vie de
sa bête(Prov.
XII, 10). Ce que les enfants laissent tomber de
leur table et foulent aux pieds, les chiens le
recueillent avec reconnaissance. La femme s'est
profondément humiliée ; elle renonce à toute espèce
de droit, elle ne fait appel qu'à la grâce. Dans ces
conditions, le Seigneur peut la secourir. Ce«
cependant » est le chef-d'oeuvre de sa foi, par
laquelle elle vainc Jésus, en le liant par ses
propres paroles.
Alors Jésus répondant lui dit :
O femme, ta foi est grande,
qu'il le soit fait comme tu le désires. Et à celle
heure même sa fille fut guérie. Telle est
la victoire de la foi de cette femme, et la
récompense de son ardent amour. Le Seigneur, qui
brise partout la volonté propre, la laisse subsister
dans cette pauvre mère, et même il l'approuve. Si
Jésus trouvait en nous une foi humble et suppliante
comme dans cette femme ; si, comme elle, nous nous
attachions fortement à lui, il nous donnerait aussi
toujours ce que notre coeur désire.
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54. Guérison, du sourd-muet.
(Marc
VII, 31-37.)
Le Seigneur revient près de la mer de Galilée, en
traversant les contrées de la Décapole, où il a
l'occasion d'opérer de nombreuses guérisons. Des
boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés et
plusieurs autres malades et infirmes furent mis à
ses pieds, et il leur rendit à tous la santé et
l'usage de leurs membres (Matth.
XV, 30). On lui amena,
entre autres, un homme
sourd qui avait la parole empêchée, et on le pria de
lui imposer les mains. Ce sourd-muet ne
pouvait pas venir à Jésus de son propre mouvement,
car il n'avait jamais entendu sa parole. Il n'avait
pas pu apprendre non plus ce qu'on disait autour de
lui des grands miracles que le Sauveur opérait. Mais
ses parents connaissaient Jésus, et ils lui
amenèrent ce malheureux. Conduire un homme à Jésus,
c'est le plus grand service que la charité puisse
lui rendre. Quiconque a des oreilles pour entendre
la Parole de Dieu, et une langue pour lui rendre
grâces et publier ses louanges, a pour devoir sacré
de conduire à Jésus ceux qui n'ont pas encore
expérimenté son amour.
La Parole sainte serait beaucoup mieux
écoutée, les prières s'élèveraient infiniment plus
ferventes vers le ciel, si tous ceux qui aiment le
Sauveur lui présentaient, dans de fidèles
intercessions, ceux qui sont encore loin de lui, qui
n'ont point d'oreilles pour l'entendre ni de langue
pour le louer. Vous, parents, conduisez-vous ainsi
vos enfants à Jésus ? les déposez-vous chaque jour
sur son coeur ? Ou bien êtes-vous vous-mêmes sourds
à sa voix et muets pour la prière ? Vous, parrains
et marraines, remplissez-vous vos devoirs envers vos
filleuls, en les présentant chaque jour à Jésus ?
Lui avez-vous déjà dit : Seigneur, prends cette âme
à toi ? Il est toujours prêt à secourir là où il
trouve seulement une étincelle de foi dans le coeur
!
Mais le sourd-muet ne peut pas croire,
car il ne sait rien de Jésus. Or, il faut que la foi
naisse dans son âme : c'est d'elle que dépend tout
ce que le Seigneur est disposé à faire pour lui.
Ordinairement la foi vient de la prédication de la
Parole. Mais il faut qu'avec ce sourd-muet, le
Sauveur suive une tout autre voie, puisque ce
malheureux ne peut l'entendre. C'est pourquoi il
cherche à, gagner sa confiance en parlant à ses
yeux. Il s'exprime par des signes. Il commence par
le tirer de la foule, à part, afin qu'il ne
soit pas distrait par la multitude qui l'entoure et
puisse ne voir devant lui que Jésus seul. Lorsque le
Seigneur nous retire ainsi du bruit, lorsqu'il nous
couche sur un lit de maladie, lorsqu'il nous conduit
dans un chemin solitaire, ne murmurons pas ; mais
disons-nous qu'il veut révéler en nous la
merveilleuse puissance de son amour, afin de nous
faire entendre et comprendre la Parole de sa
miséricorde, qui surpasse toute intelligence. Ainsi
le sourd-muet eut l'occasion de voir la face de ce
Seigneur plein d'amour et de bonté. On dit avec
raison que le regard reflète l'âme de l'homme. De
quelle clarté céleste et de quelle gloire divine le
regard de Jésus ne devait-il donc pas briller ! Par
ce regard, le sourd-muet reçoit l'impression de
l'amour compatissant en même temps que de la
glorieuse majesté du Sauveur. Cependant il ne sait
pas encore que Jésus veut le guérir.
Alors il lui mil
les doigts dans les oreilles, et ayant pris de la
salive, il lui en toucha la langue. Ces
signes n'étaient intelligibles que pour le malade.
Le Seigneur lui disait par là : C'est ici le siège
de ton infirmité et de ta misère. Je les connais. Un
nouveau regard jeté sur ce bien-aimé Sauveur apprend
au sourd-muet ce qu'il veut lui faire.
Puis, levant les yeux au ciel,
il soupira. Le sourd-muet suit du regard
les yeux de Jésus, et reconnaît que le secours lui
viendra d'en-haut. Il lève, lui aussi, les yeux au
ciel en priant et il espère avec certitude n'être
point trompé dans son attente. C'est ainsi que le
Seigneur l'a amené à la foi sans lui adresser une
parole. À ce moment le malade est prêt à recevoir le
secours avec un coeur croyant.
Le Seigneur dit :
Ephphatah, c'est-à-dire
ouvre-toi, et sa langue fut déliée et il parlait
sans crainte. Un monde nouveau s'ouvre
devant ce malheureux. Une nouvelle ère commence pour
lui lorsque la parole humaine, avec ses accents
d'amour et de douleur, pénètre pour la première fois
jusqu'à son coeur, lorsqu'il peut exprimer les
pensées et les sentiments qui remplissent son âme.
Comme notre bouche chantera de joie,
comme notre langue glorifiera le Seigneur, lorsqu'un
jour il fera retentir son appel tout-puissant, que
les tombeaux s'ouvriront et que ceux qui sont
enchaînés par la mort se lèveront ! Alors les
rachetés viendront avec des cris de triomphe ; ils
seront dans la joie. « Une allégresse éternelle sera
sur leur tête »(Ésaïe
XXXV, 10). Alléluia !
Et il leur défendit de le dire à qui que ce fût ;
mais plus il le leur défendait, plus ils le
publiaient. Et frappés d'étonnement, ils disaient :
Tout ce qu'il fait est admirable ! Il fait ouïr les
sourds et parler les muets.
Ces gens avaient sans doute de bonnes
intentions en agissant contrairement à la parole du
Seigneur. Cependant ces bonnes intentions ne
changent pas leur désobéissance en obéissance. Ce ne
sont pas nos intentions qui rendent nos actions
agréables au Sauveur ; c'est notre soumission à sa
volonté. Toutefois, nous pouvons nous associer à
cette louange :« Tout ce qu'il fait est admirable. »
Laissons le Seigneur Jésus faire de nous tout ce
qu'il veut, et il se trouvera qu'il nous aura
traités comme nous avions besoin de l'être, et que
tout sera admirable. Lorsque là-haut, dans la
gloire, nous connaîtrons comme nous avons été connus
de lui ; lorsque nous examinerons de nouveau ses
dispensations à notre égard et reconnaîtrons que
toutes ses voies n'ont été qu'amour et fidélité ;
lorsque, dans la lumière céleste, nous jetterons un
regard rétrospectif sur les sentiers par lesquels il
aura fait passer les individus et les peuples de la
terre, alors retentira dans le ciel, comme le bruit
des grosses eaux, le cantique éternellement nouveau
des bienheureux, qui sera en mérite temps la
conclusion de toute l'histoire du monde : « Tout ce
qu'il a fait est admirable. »
Un père de famille, âgé et infirme, était
assis tout seul un dimanche dans sa chambre et
lisait l'histoire du sourd-muet. Tout en lisant, il
pensait : Que les gens étaient heureux au temps de
Jésus, de pouvoir lui amener leurs malades ! Et
malgré lui, ses yeux se remplirent de larmes, car il
était, depuis plusieurs années complètement sourd ;
il n'entendait absolument rien, et c'est pour cela
qu'il n'avait pas accompagné sa femme et ses enfants
à l'église.
C'était pour lui une grande privation,
car il aimait de tout son coeur le Seigneur et sa
Parole. Il était donc là assis, et ses larmes
tombaient sur ses mains jointes. Il soupirait
profondément et disait en lui-même : Ah ! cher
Sauveur, si tu étais encore ici-bas, j'irais
immédiatement à toi, et te prierais de prononcer ton
puissant Ephphatah à mon oreille fermée, afin que je
puisse de nouveau aller à l'église et entendre la
précieuse Parole. À peine eut-il exprimé ce voeu,
qu'il s'arrêta effrayé, se jeta à genoux et pria
d'un coeur ému : « Ah ! cher Sauveur, pardonne-moi
de t'avoir parlé d'une manière si insensée, comme si
tu n'étais plus avec nous. Je sais que tu tiens ta
promesse : « Voici, je suis toujours avec vous
jusqu'à la fin du monde »(Matth.
XXVIII, 20). Je crois fermement que ton oreille
n'est pas alourdie, que ton bras n'est pas
raccourci, et que tu peux toujours délivrer ceux qui
viennent à toi en priant avec foi ! Oui, Seigneur,
si tu le veux, tu peux me rendre l'ouïe, Amen ! » Le
vieillard se releva consolé, s'assit en silence et
attendit le retour des siens. Au moment où son fils
rentrait, la porte lui échappa et un coup de vent la
ferma bruyamment. Le père tressaillit et dit : Chers
enfants, ne frappez donc pas ainsi les portes. Toute
la famille fut étonnée de ce qu'il avait entendu ce
bruit, et lui-même fit la précieuse expérience que
le Seigneur avait exaucé sa prière.
Jésus est le même hier,
aujourd'hui et le sera éternellement.
.
55. La seconde multiplication des pains.
(Matth.
XV, 32-39 ;Marc
VIII, 1-9.)
En ces jours-là, il y
avait avec Jésus une grande multitude de gens. Et
comme ils n'avaient rien à manger, il appela ses
disciples et leur dit : J'ai compassion de ce peuple
; car il y a trois jours qu'ils ne me quittent
point, et ils n'ont rien à manger. Une
grande multitude ! C'est un délicieux spectacle pour
Dieu, pour les saints anges et pour tous les hommes
pieux, lorsque des foules affamées de salut, se
pressent autour de Jésus. Ceux-là étaient demeurés
trois jours avec lui au désert, contemplant ses
miracles et écoutant les paroles de vie qui
sortaient de sa bouche. Pendant ces trois jours,
ilsavaient vécu dans la communion du Sauveur. Comme
cet heureux laps de temps dut leur paraître court !
Ils avaient reçu grâce sur grâce et leur âme avait
été restaurée. Et voici que Jésus apprécie leur
séjour auprès de lui comme s'ils lui avaient rendu
service on accordé quelque faveur. Et cependant,
c'était pure grâce de sa part de les avoir supportés
si longtemps et de les avoir nourris
spirituellement. C'est ainsi que parle l'amour
divin, qui, dans son humilité, attribue toujours à
la foi ce que sa toute-puissance opère. Nous voyons
ici que l'amour persévérant pour la Parole de Dieu a
une grande récompense.
Trois jours ! Ces gens n'avaient
pas du tout remarqué que le temps s'était si vite
écoulé, tant ils étaient affamés de cette Parole. Et
nous, gardons-nous d'abréger les moments que nous
passons près du Seigneur ! Si notre coeur est assez
attaché au Sauveur, pour que nous fassions du salut
de notre âme et de notre paix intérieure les
principaux objets de nos préoccupations, il nous
enlèvera tout souci relativement aux choses de la
terre. Trois jours ! Cher lecteur, trouves-tu
au moins trois minutes chaque jour pour être auprès
de Jésus et pour entendre de sa bouche une parole de
bénédiction ? Ah ! Seigneur, donne-nous une
véritable faim de ta Parole ! Trois jours !
Toute notre vie se compose de trois jours : la
jeunesse, l'âge mûr et la vieillesse. Si nous
demeurons auprès de Jésus durant ces trois jours, il
nous demandera, au soir de la vie et au matin de
l'éternité : Avez-vous manqué de quelque chose ? Et
tous ceux qui seront demeurés auprès de lui,
répondront : « Non, Seigneur. »(Luc
XXII, 35.)
J'ai compassion
de ce peuple. Quiconque n'a pas lu ces
mots dans le coeur de Jésus, ne le connaît pas. Il
faut que nous répétions ces paroles devant la crèche
de Bethléem, autrement nous ne connaîtrons pas
l'enfant qui y est couché.
J'ai compassion de ce peuple. Telle est
l'âme de toutes les paroles du Sauveur, de toutes
ses actions, de toutes ses souffrances. N'entends-tu
pas retentir, à travers ces paroles, les prières
ardentes et arrosées de larmes qu'il offrit à Dieu
en Gethsémané ? Son crucifiement en Golgotha, son
cri douloureux :« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'as-tu abandonné » ? demeurent pour toi un
insoluble problème si les mots :J'ai compassion
de ce peuple ne t'apparaissent pas comme
l'inscription du divin amour, gravée en caractères
de feu sur son coeur déchiré.
Le Sauveur, dont la grande préoccupation
consiste à apaiser la faim des âmes, est ému à la
pensée que ces gens n'ont rien à manger, et que
s'il les renvoie à jeun dans leurs maisons, les
forces leur manqueront en chemin. Quelles
fausses idées ne se fait-on pas, la plupart du
temps, du coeur de Jésus ! Se trouve-t-on dans la
détresse relativement aux choses de la terre, dans
la maladie, dans l'indigence ? Alors on se dit :
Pour les intérêts de l'âme, lorsqu'il s'agit de la
paix du coeur, du pardon des péchés, de la félicité
éternelle, je puis bien m'adresser à lui, mais je
n'ose pas le fatiguer en lui parlant des choses de
cette vie. Ayons seulement confiance en lui. Nos
besoins terrestres lui tiennent aussi à coeur.
Ses disciples lui répondirent : D'où
pourrait-on avoir des pains pour les rassasier dans
ce lieu désert ? D'où
pourrait-on avoir des pains ? Cette
question tourmente encore ceux qui ne croient pas au
miséricordieux amour de Jésus. Des pères et des
mères de famille se l'adressent, lorsqu'ils doivent
remplir les mains que leurs nombreux enfants tendent
vers eux, parce qu'ils croient que leur travail seul
doit leur suffire. D'où pourrait-on avoir des
pains ? C'est ce que se demandent les pauvres,
mais c'est ce que se demandent aussi les riches. Dès
que la foi fait défaut, les richesses même
n'empêchent pas qu'on ne s'adresse cette question. »
Pour le moment, elles suffisent, mais d'où
pourrait-on prendre des pains pour l'avenir, pour
les enfants ? Les inquiétudes ne sont pas
calmées par de grands biens, mais par une grande
foi.
La question a cependant lieu de nous
étonner dans la bouche des disciples, qui avaient vu
peu de temps auparavant le Seigneur rassasier
miraculeusement cinq mille personnes, et avaient
même coopéré à cet acte de la toute-puissance de
leur Maître. Maintenant c'est comme s'ils l'avaient
complètement oublié. Cela ne paraîtra extraordinaire
qu'à ceux qui ignorent combien le coeur humain a la
mémoire courte. Il est cependant certaines choses
que nous nous rappelons parfaitement. Ainsi, le
prétendu bien que nous avons fait, l'ingratitude
avec laquelle on l'a méconnu, les blessures
infligées à notre amour-propre, toutes choses que
nous oublions difficilement. Mais les offenses dont
nous nous sommes rendus coupables envers le Dieu
saint, les preuves de sa miséricorde, dont nous
avons fait l'expérience, disparaissent bien vite de
notre mémoire. Nous ferions bien de répéter souvent
la prière du Psalmiste : « Mon âme, bénis l'Éternel,
et n'oublie pas un de ses bienfaits (Ps.
CIII, 1. 2). » Les disciples se rappelaient
certainement cette distribution des cinq pains aux
cinq mille hommes. Tous les détails de ce mémorable
événement étaient présents à leur esprit, en sorte
qu'ils auraient pu les raconter à quiconque leur
aurait témoigné le désir de les connaître ; mais
leur coeur n'en avait retiré aucun profit dans
l'intérêt de leur foi. Voilà pourquoi, en ce moment,
où ils se trouvent absolument dans la même situation
que lors du premier miracle, ils exposent au
Seigneur leur embarras, au lieu de lui dire avec une
joyeuse confiance : « Seigneur, si tu le veux, tu
peux leur donner à manger. »
Toutefois, Jésus ne se laisse pas arrêter
dans ses intentions miséricordieuses par le manque
de mémoire de ses disciples. Il leur demanda :
Combien avez-vous de pains ?
Et ils dirent : Nous en avons sept. Alors il
commanda aux troupes de s'asseoir à terre.
Toutes les inquiétudes étaient dès lors dissipées.
Tous étaient attentifs à ce que le Seigneur allait
faire. C'est ainsi que nous devons, nous aussi, nous
asseoir à ses pieds avec une foi pleine d'espérance.
Mais celui-là seul peut le faire, qui a déjà une
certaine connaissance de sa Parole, et dont le coeur
n'est plus complètement étranger à sa miséricorde.
Et ayant pris les sept
pains et rendu grâces, il les rompit et les donna à
ses disciples pour les distribuer. Ils avaient aussi
quelques petits poissons, et Jésus, ayant rendu
grâces, ordonna qu'on les leur présentât.
Les pains, bénis par l'action de grâces du Seigneur,
se multiplient entre ses mains. Jésus rend grâces au
Père, dans la certitude qu'il sera exaucé. Il rend
grâces pour ce peu de chétive nourriture. C'est ce
que nous négligeons trop souvent. Nous devons
apprécier ce que Dieu nous a donné, et le recevoir
avec action de grâces, et alors ce peu se
multipliera. Une joyeuse reconnaissance est le moyen
d'obtenir des bénédictions toujours plus riches,
tandis que l'ingratitude et les plaintes en
tarissent la source. Jésus donne les pains à ses
disciples, ceux-ci les distribuent au peuple et
l'abondance est inépuisable. Peut-on avoir une
meilleure nourriture que celle qui vient de la main
de Jésus ? C'est pourquoi, n'oublions jamais de
rendre grâces avant nos repas.
De ces deux multiplications miraculeuses
des pains, l'une est de trop aux yeux de
l'incrédulité. Elle déclare péremptoirement qu'il
n'y en a eu qu'une seule, et que, par conséquent,
les récits évangéliques sont erronés. D'après elle,
les disciples auraient raconté deux fois le même
événement, afin d'avoir à citer un plus grand nombre
de miracles de Jésus. Ces gens avisés oublient que
peu après avoir rassasié cette seconde multitude, le
Sauveur parle expressément de deux multiplications
des pains. N'avez-vous
point d'intelligence, dit-il à ses disciples, et ne
vous souvenez-vous plus des cinq pains et des cinq
mille personnes, et combien vous en remportâtes de
paniers, ni des sept pains et des quatre mille
personnes, et combien vous en remportâtes de
corbeilles ?(Matth.
XVI, 9. 10.) |