Mon regretté ami William Montgomery, qui a traduit ce livre, est décédé subitement en octobre 1930, à l'âge de 59 ans, juste après avoir terminé sa traduction. Son nom était familier aux lecteurs anglophones de la littérature théologique pour son travail sur saint Augustin — il était coéditeur des Confessions dans la Cambridge Patristic Series — mais surtout comme traducteur du grand livre du Dr Schweitzer, intitulé en allemand Von Reimarus zu Wrede, mais en anglais « The Quest of the Historical Jesus » (La quête du Jésus historique). Il fut également le traducteur de Geschichte der paulinischen Forschung de Schweitzer, intitulé en anglais « Paul and his Interpreters » (1912), comme indiqué dans ce volume à la page 17.
1 Publié par A. et C. Black, Londres, 1910. La deuxième édition allemande, si souvent mentionnée dans ce volume (par exemple 57), s'intitule Geschichte der Leben-Jesu-Forschung.
Montgomery était un admirable traducteur de la littérature théologique allemande, et s'il avait vécu assez longtemps pour superviser l'impression du présent ouvrage, il aurait été, j'en suis sûr, une traduction aussi excellente que La quête du Jésus historique, compte tenu de la différence de sujet. Malheureusement, il n'a laissé qu'un brouillon assez illisible, pas entièrement révisé, et il a fallu quelqu'un connaissant non seulement l'allemand mais aussi la recherche théologique pour le faire passer sous presse, y ajouter des index et une traduction de la préface de l'auteur. Pour les index, je suis redevable à la coopération attentive et intelligente de Mme AH Quiggin, de Cambridge, qui a également détecté un certain nombre d'errata qui m'avaient échappé ainsi qu'aux imprimeurs.
Après avoir lu cet ouvrage plusieurs fois au cours de la correction des épreuves, il n'est peut-être pas inopportun de ma part de dire quelques mots sur le livre lui-même. La préface du Dr Schweitzer lui-même explique très bien ses objectifs et ses principales conclusions, mais je pense que l'attitude actuelle des Anglais envers saint Paul est quelque peu différente de celle qui prévaut en Allemagne, ce qui rend difficile la lecture de tout livre continental sur l'apôtre des Gentils, aussi bien exprimé et aussi idiomatiquement traduit soit-il. Avec le déclin de la popularité de la doctrine « évangélique », Paul est tombé en désuétude, et ses lettres sont beaucoup trop peu étudiées par les Anglais modernes. De plus, il existe une idée largement répandue selon laquelle Paul a mis du « dogme » dans l'évangile original, et qu'il l'a ainsi gâché. On ne comprend pas suffisamment ce qu'était l'évangile original, malgré l'usage répandu de nos jours du terme « eschatologique ». En tant que nation, nous sommes encore trop sous l’influence de la théologie de la Réforme (et de ses réactions) pour saisir la nature de l’Église du deuxième siècle et des siècles suivants, ou pour bien comprendre les difficultés inhérentes à la transformation de l’espérance de la venue du Royaume de Dieu, présentée sous une forme appropriée aux Juifs du premier siècle, en une foi religieuse appropriée aux Gentils qui vivaient à l’époque de Marc Aurèle et de Commode. Si le christianisme devait survivre, il devait évoluer vers une telle forme. Si le christianisme doit renouveler sa jeunesse dans notre époque de changement, il ne peut le faire que si les chrétiens apprennent à comprendre les développements internes du christianisme des époques précédentes, même si ces développements ne répondent pas directement à nos besoins religieux actuels.
Parmi ces évolutions, la plus importante et la plus significative est sans conteste celle de saint Paul : c'est le pas, si l'on peut dire, entre Jésus-Christ et Ignace d'Antioche. Paul était un produit de son temps, et sa vision religieuse était profondément conditionnée par son environnement particulier. Le Dr Schweitzer nous demande de l'examiner à nouveau, et en détail, d'un point de vue qui n'est ni celui du défunt évêque Lightfoot ni celui de ses adversaires. Il s'agit de savoir comment l'Évangile de Jésus a survécu en tant qu'Église catholique.
FC BURKITT Cambridge,
Juillet 1931
NOTE SUR LA DEUXIEME EDITION
Dans cette édition, un certain nombre de corrections, imprimées dans la première édition sous forme de liste d'errata, ont été apportées à l'ensemble du texte.