APPENDICE

1. Épitre anx Laodioéens.

L’épîtrc apocryphe aux Laodicéens doit certainement son origine à Col., iv, 16 :« Kal όταν άναl'νωσΟή παρ’ ή έτιστολή αΰ'τη, ■τοιή^ατε sva καί έν τή Λαοδιχέων έκκλησίχ άναl'νωσΟή, χα* τήν έκ. Λαοοικείας ϊνα ΰμ4ϊς άναl'νώτβ. Quand cette lettre aura été lue par vous, faites en sorte et qu’elle soit lue par l'Église de Laodicée, et que vous lisiez vous-mêmes celle venant de Laodicée. » Que faut-il entendre par ces derniers mots? S’agit-il 1° d’une épitre écrite par Paul aux fidèles de cette dernière ville, ou 2° d’une épitre écrite par eux à Paul, ou 3° envoyée de chez eux par l’apôtre à des destinataires quelconques, ou enfin 4° d’une épitre de Paul, adressée collectivement à plusieurs communautés, et faite pour être lue à Laodicée et à Colosses, après l’avoir été ailleurs déjà? La seconde interprétation a été avant tout celle de l’école d’Antioche à partir du iiie siècle ; la troisième appartient à saint Jean Damascène et à quelques scholiastes, qui songeaient surtout à I Tim. ; la quatrième est récente, et voit dans cette épitre celle aux Éphésiens, qui parait moins que les autres destinée à une église en particulier, ne contient pas de salutations spéciales, malgré les relations étroites de saint Paul avec les Éphésiens, ne porte pas dans trois mss grecs la mention έν ’Εφέ9<·> du verset 1. et pourrait bien par conséquent avoir été adressée à la fois à plusieurs Églises d’Asie.

Nous n’avons pas à discuter ces opinions; il nous suffit de constater que la première a existé, bien qu’en fait ix ΛαοδιχιΙας ne soit pas du tout χρδς Λαοδιχέχς et que par conséquent le texte ne puisse guère s’interpréter dans le sens de : « aux Laodicéens ». Mais quand l’intérêt des Eglises s’attacha passionnément aux temps apostoliques, on crut facilement à la possibilité de posséder une nouvelle lettre de saint Paul, et l’espoir de la retrouver fit accepter comme toute naturelle une interprétation qui le favorisait. C’était ouvrir la porte toute grande aux faussaires, heureux d’étaler leur savoir et leur habileté. Aussi, de même que I Cor., v. 9; vii, 1., avait donné à l’auteur des Acta Pauli l’occasion d’imaginer une correspondance entre l’apôtre et les Corinthiens, de même Col., iv. 16, enflamma le zèle des fabricants d’apocryphes, et déjà dans la seconde moitié du iie siècle, le fragment de Muratori mentionne une épître aux Laodicéens.

Voici ce qu’il en dit. lignes 63 sq. :« l'erlur etiam ad Laudicenses, alia ad Alexaudrinos jincte 1 ad heresem Marcionis; on parle aussi d’une lettre aux Laodicéens, d’une autre aux Alexandrins, forgées d’après l’hérésie de Marcion. » Faut-il accepter a priori ce témoignage dans sa totalité et admettre l’existence de cette épître particulière dans la bible des niareionites? La question demande une étude plus attentive: en effet. Tertullien. Adv. Marcionem.v, il. 17, reproche* à l’hérésiarque, non pas d’avoir créé de toutes pièces une épître nouvelle, mais seulement d’avoir changé le titre déjà donné alors à l’épître aux Éphésiens en celui de " aux Laodicéens ». Le fragmentiste aurait-il pris pour une quinzième lettre ce qui n aurait été qu'une des anciennes lettres canoniques avec un nom nouveau?  1 2

Consultons Épiphane. 11 est malheureusement bien obscur et bien confus, Hær., χ9 ,!״:«Έχ« 5è xzl τής *χρδς Λ305:χ3ζς λεl'ομένης μέρη, il a aussi des parties de l’épitre dite aux Laodicéens 1 ; » et plus loin : « ״ροσέθετο οέ έν τώ ίΒίω αζοστολίκω καλούμένω καί τής καλούμενης ״ρος Ααοοικέας, et dans ce qu’il appelle son propre recueil apostolique, est ajoutée aussi la lettre qu’il appelle aux Laodicéens2.» Il semble donc bien établi qu’Épiphane ait trouvé dans ce Nouveau Testament des hérétiques une quinzième lettre de Paul; mais voici qu’il en cite un extrait, et il est identique à Eph.. iv. 5 ! Et lui-même continue : « τυναοόντως μέν τή ״ρός Έςεσίους, ώ Μαρκίων, xat ταύτας τας κατά σοϋ μαρτυρίας ίτ.τ τής λεl'ομένης ττρος Ααοοικέας συνή-l'αl'ες, en conformité avec l’épitre aux Ephésiens, ύ Mar-cion, tu as ramassé aussi de l’épitre dite aux Laodicéens ces témoignages contre loi ; » et plus loin : a où l'άρ έ'οοςε το» έλεεινοτάτω Μαρκίωνס״ג .׳ τής ,τρος Έςεείους ταύτην τήν μαρτυρίαν λέl'ειν, άλλα τής ״ρός Ααοοικέας, τής μή οϋεης έν τώ άετοετόλω, il parut bon au très piteux Marcion de citer ce témoignage, non d’après l’épitre aux Ephésiens mais d’après celle aux Laodicéens, qui n’est pas des œuvres de l’apôtre 3. » Ainsi, Epiphane lui-même ne nous donne aucune information nette, et parait plutôt être d’accord avec Tertullien.

Cependant Adamantius, De recta in Deum fide, semble bien indiquer que l’épitre aux Ephésiens portait ce nom lui-même chez les marcionites de son temps 4 (vers 300) ; et le Nouveau Testament des pauliciens, essentiellement identique avec celui des marcionites du viie siècle, contenait, d'après une ancienne remarque reproduite par Mai, Nova Patrum bibliotheca, t. iv, *2. p. 14, « quinze épitres de saint Paul; car ils ont aussi cette autre épitre aux Laodicéens. » Il est bien possible que primitivement Marcion ait donné ce nom à l’épitre aux Ephésiens, sans doute remaniée par lui, et qu’ensuite ses disciples, apercevant la trop grande ressemblance ou l’identité de cette lettre de leur bible avec la lettre canonique, admet■* tant d’autre part que saint Paul avait vraiment écrit aux Laodicéens, aient restitué à la première son véritable nom et forgé la seconde, pour l’ajouter à leur Nouveau Testament.

Quoi qu’il en soit, il ne parait pas qu’il faille voir en elle celle que nous possédons. En effet, il n’y a pas dans celle-ci trace de l’hérésie marcionite. pas plus que d’aucune autre hérésie; composée de paroles prises aux épîtres canoniques, en particulier à Phil., et pas du tout à Eph., elle ne peut faire songer ni à un remaniement de cette dernière, ni à une œuvre due à la plume d’un hérétique, qui se serait trahi du moins par quelque phrase ou quelque expression: or. on y chercherait en vain un mot suspect.

Ce n'est pas non plus dans Théodore de Mopsueste et dans Théodoret, qui se rattache à lui, que nous trouverons des renseignements plus précis; le premier explique Col., iv, 16 (commentaire sur les épîtres de Paul), en insistant sur la différence entre ex Laodicia et ad Lacdicenses, et en admettant une lettre envoyée à Paul par les Laodicéens, en rejetant par conséquent « cette fausse épître aux Laodicéens que quelques-uns ont cru devoir forger sous le nom de saint Paul. » Celle-ci est-elle l’œuvre des marcionites? ou celle que nous connaissons? Mystère !

Il semble que Philastre. De hier., lxxxix, rappelle plutôt la première, quand il dit en parlant de cette « épître de saint Paul aux Laodicéens que quelques-uns veulent lire » : « Et quia addiderunt in ea quædam non bene sen· t tentes, inde non legitur in eedesia, et si legitur a quibus-dam, non tamen in eedesia legitur populo. Parce que des gens aux idées fausses y ont fait des additions, on ne la lit pas à l’église, et si elle est lue par quelques-uns, cependant, elle ne l’est pas au peuple, à l’église1

Saint Ambroise et saint Augustin sont muets au sujet de l’épître aux Laodicéens et confirment d’ailleurs par ce silence l’affirmation de saint Jérôme (De viris illustr., v) : « Legunt quidam et ad Laodicenses, sed ab omnibus exploditur; certains lisent aussi une épitre aux Laodicéens, mais elle est rejetée par tous*. » Comme aucun reproche ne vient blâmer la lettre, il est bien possible que celle-ci n’ait rien contenu d’hérétique et que, dès ce moment, ait été répandue une lettre catholique destinée peut-être à remplacer celle des marcionites.

En tout cas, le Liber de divinis scripluris, faussement attribué à saint Augustin, et composé vraisemblablement un siècle environ après saint Jérôme, nous en fournit un témoignage certain. L’auteur, comme l’a bien montré Zahn, n’utilisait pas la Vulgate, et n’avait pas, dans sa bible, la lettre aux Hébreux, mais bien celle aux Laodicéens que nous possédons encore; en effet, parmi d’autres citations des livres canoniques, après les épitres pastorales, et avant les épitres catholiques, il reproduit expressément le verset •4, en le faisant précéder de ces mots : item ad Laodicenses.

Très peu d’années plus tard, au vie siècle, Victor de Capoue fait insérer cette épitre dans son codex Fuldensis, dont il a provoqué et dont il surveille lui-même l’exécution, sans aucun scrupule, et sans s’expliquer, comme *il le fait à propos de l’admission du Tatien latin au lieu du quatrième évangile.

A partir de ce moment, notre lettre se répand de plus en plus en Occident, et trouve place sans doute dans un grand nombre de mss de la bible, si l’on en juge par ceux qui nous restent des ixe-XIe siècles. Elle est même regardée souvent comme authentique. Si saint Grégoire le Grand (vers 600) ne l’accepte pas dans le canon, c’est que, comme l'Eglise, il veut conserver le nombre symbolique et mystique de quatorze épitres de saint Paul, pour montrer que celui-ci « a pénétré les secrets de la Loi et de l'Évangile; » car « la vie de la sainte Église est justement regardée comme multipliée par quatorze (le décalogue et les quatre évangiles) ; » Moralia in Job., xxxv. 20. C’est surtout en Angleterre que l’épitre aux Laodicéens a eu du succès ; et Zahn a raison de soupçonner qu’elle a pu y être introduite par les missionnaires que Grégoire lui-même y envoya.

Elle n’était pas inconnue non plus en Orient, bien qu’aucun codex grec ne nous l’ait conservée; elle y fut d’ailleurs unanimement regardée comme apocryphe. Le second concile de Nicée (787) s’explique ainsi à son sujet: « To j θείου άζοστόλου ׳?ה־;; Ααοΐϊκέας φέρεταιζλαστή έζιστόλη έ> τ׳.σι ρ>6׳λο״.ς τού άζοστόλου έl'κειμένη, ήν οί ζατέρες ήμώ׳ άζεοοκίμασαν ώς αυτού άλλοτρίαν. Και τοκατάθωμάν Μανιχαϊοι ζαρεισηl'αl'ον ευαl'l'έλιο.׳, οζερ ή καθολική εκκλησία ώς άλλο-τριο> εΰσεβώς άζοστρέφ-τα״.. Une lettre forgée du divin apô-tre aux Laodicéens se trouve, dit-on, dans certains livres de l’apôtre; nos pères l’ont rejetée comme lui étant étrangère. Les manichéens ont introduit aussi un évangile selon Thomas, que l'Église catholique repousse religieusement comme non authentique. » Si ces paroles prouvent qu’on ne voulait pas de la lettre, parce qu’elle était apocryphe, elles montrent aussi qu’elle se rencontrait dans certaines bibles, qui ne peuvent être que des bibles grecques; mais le cas était certainement beaucoup plus rare qu’en Occident.

Le rang occupé par l’épitre dans les mss diffère beaucoup 3 ; il a été influencé évidemment par les relations qu’on lui trouvait avec Col., iv, 10, par l’importance qu’on lui attribuait, et par le plus ou moins de scrupules que l’on éprouvait à la loger dans le canon.

La langue originale paraît bien avoir été le grec, comme Lightfoot4 l’a démontré, en constatant surtout que les extraits des épîtres canoniques diffèrent en des points essentiels de tous les textes latins connus. Ce n’est donc pas dans une bible latine que l’auteur a puisé; ce n’est pas non plus sans doute dans une bible grecque; car il aurait alors vraisemblablement reproduit une traduction latine courante de cette bible grecque; il a donc simplement traduit en latin le texte grec déjà existant, sans se croire obligé, puisqu’il n’avait en fait aucune raison pour cela, de rechercher dans les écrits canoniques les passages qui leur étaient empruntés.

Cependant, le contraste entre la diffusion de la lettre en Orient et en Occident conduit à la conclusion très vraisemblable qu’elle fut composée en Occident. Dès lors, on peut se demander si elle n’est pas d’un temps où l’on parlait encore le grec, comme langue liturgique, dans quelques Eglises occidentales; elle remonterait donc à la première moitié du iiie siècle et aurait été forgée soit pour remplacer la lettre en usage chez les marcionites, soit directement à l’occasion de Col., iv, 16. Mais le latin ayant supplanté bientôt le grec dans la liturgie, et l’épitre n’ayant pas encore assez d’antiquité pour mériter en apparence quelque respect, elle aurait été négligée assez longtemps, jusqu’à ce que, un peu plus tard, quand on ne pouvait plus déjà remonter avec certitude à son origine, elle fût traduite en latin et de plus en plus rapidement répandue.

Malheureusement, absolument rien en elle ne peut donner d’indication, même éloignée, sur sa date. Elle est en effet aussi anodine que possible; c’est comme un jeu de patience dont les pièces sont empruntées aux épîtres canoniques, avant tout à Phil., mais aussi à Gal., à Col. et à deux ou trois autres. L’agencement n’en est pas très habile ni très heureux. C’est à peine si l’on peut trouver un vague lien entre les idées. Après les inévitables salutations du début (1-2), saint Paul exprime son bonheur de la persévérance de la communauté et la met en garde contre les fausses doctrines (3-5) ; il rappelle sa propre captivité, ses travaux et ses souffrances pour le Christ (6-8). Les Laodicéens eux-mêmes doivent rester unis, maintenir la doctrine, craindre Dieu, qui agit en eux, !e réjouir dans le Christ, se montrer francs devant Dieu, pratiquer la vertu, et garder en leur cœur ce qu’ils ont appris (9-16־). Suivent la conclusion ordinaire avec ses salutations, et la recommandation de faire lire la lettre par les Colossiens.

Elle est contenue dans de nombreux mss dont Harnack 1 a donné une liste; le plus important est celui de Fulda, dont nous avons parlé et dont nous reproduisons le texte, d’après Zahn a.

Les éditions elles-mêmes sont assez nombreuses, ainsi que les traductions dans les langues vulgaires occidentales. Hutter en avait essayé dès 1599 une retraduction en grec; elle a été reprise et surpassée par Lightfoot (1876). Carra de Vaux 5 6 7 en a fait connaître une traduction arabe, dont l’original est notre texte latin.

Ad Laodi censes.

1. Paulus, apostolus non ab hominibus neque per hominem, sed per Jesum Christuml, fratribus qui sunt Laodiciæ.

1. Paul, apôtre non de la part des hommes, ni par un homme *, mais par Jésus-Christ, aux frères de Laodicée

 

2. Gratia vobis et pax a Deo pâtre et domino Jesu Christo *.

3. Gratias ago Christo per omnem orationem me am 3, quod permanentes estis in eo 4, et persévérantes in ope* ribus ejus s, promissum expectantes in die judicii e.

4. Neque destituant vos quorumdam vaniioquia7 insinuantium, ut vos avertant a veritate evangelii · quod a me prædicatur9.

5. Et nunc faciet Deus ut qui sunt ex me ad profe-ctum veritatis evangelii deservientes 10 et facientes beni-gnitatem operamque 11 salutis vitæ æternæ.

2. A vous soit la grâce et la paix de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ.

3. Je remercie le Christ, en toutes mes prières, de ce que vous restez en lui, et de ce que vous persévérez dans scs œuvres, attendant ce qui vous fut promis pour le jour du jugement.

4. Ne vous laissez pas détourner par ces hommes qui insinuent de vains discours, pour vous écarter de la vérité de l'Evangile que je prêche.

5. Et maintenant, Dieu fera que mes propres discples 15 16 contribuent au progrès de la vérité de l'Évangile et pratiquent la bonté et l’œuvre de salut de la vie éternelle.

1. Gal., 1, 1.

2. Phil., 1, 2; Gal., », 3.

3. Phil., i, 3, 4.

4. II Tim., in, 14.

5. Hebr., xn, 7.

6. Rom., ix, 9; Il Pet., 111, 13.

7. Col., 11, 4; I Tim., 1, 6.

8. II Tim., 1v, 4. Au lieu de avertant, le ms. de Fulda porte «turfan». La leçon est celle du Liber de div. tcrip. et de plusieurs mss.

9. Gai., 1, 11.

10. Phil., 1,12.

11. F porte operumque, ce qui est évidemment une faute.

 

6. Et nunc palam sunt vincula mea 1, quæ patior in Christo 8 9, quibus lætor et gaudeo 10.

7. Et hoc mihi est ad salutem perpetuam ; quod ip-sum factum orationibus vestris et administrante 8pi-ritu sancto, sive per vitam, sive per mortem 11;

8. est enim mihi vere vita in Christo et mori gau* diuin 12 13 14.

9. Et in ipsum in vobis faciet misericordiam suam, ut eandem dilectioncm habeatis et sitis unianimese.

10. Ergo, dilectissimi, ut audistis prœsentia mei, ita retinete et facite in timoré Dei ’, et erit vobis vita in œternuni ;

6. Maintenant aussi ils sont publics, mes liens, que je porte avec souffrance dans le Christ, et dont je suis content et me réjouis.

7. Et pour mon salut éternel, ces actions mêmes va-lent, que j’accomplis, à l’aide de vos prières, et par le secours du Saint-Esprit, soit en vivant, soit en mourant·;

8. car, dans le Christ, la vie est pour moi véritable, et la mort est une joie.

9. Et il montrera en vous sa miséricorde par cela même que vous aurez tous le même amour et les mêmes sentiments.

10. Donc, mes très chers, de la même manière que vous avez entendu en ma présence, ainsi souvenez-vous et agissez par crainte de Dieu; et vous aurez la vie pour l’éternité;

11. est enim Deus qui operatur in vos l.

12. Et facite sine retractu, quæcumque facitis *.

13. Et quod est (reliquum), dilectissimi, gaudete in Christo 17 18 19 20 21 22 23, et prœcavete sordidos in lucro *.

14. Omnes sint petitiones vestræ palam apud Deum 19, et estote firmi in sensu Christi ·.

15. Et quæ integra et vera et pudica et justa et ama* bilia facite '.

16-17. Et quæ audistis et accepistis, in corde retinete ; et erit vobis pax24.

11. car c’est Dieu qui agit en vous 25 26.

12. Et faites sans arrière-pensée tout ce que vous faites.

13. Du reste, mes très chers, réjouissez-vous dans le Christ; et gardez-vous de ceux qui recherchent les gains sordides.

14. Que toutes vos prières soient franches devant Dieu ; et restez fermes dans la pensée du Christ 1°.

15. Faites ce qui est intègre, et vrai, et chaste, et juste, et aimable.

1617־. Et conservez dans votre cœur ce que vous avez entendu et reçu 30 31; et vous aurez la paix.

18. Salutant vos saucti 1.

19. Gratia domini Jesu cum spiritu vestro *.

20. Et facite legi Colosensibus et Colosensium vobis 27 28 29.

18. Les saints 32 vous saluent.

19. La grâce du Seigneur Jésus soit avec votre esprit.

20. Faites lire (ceci) aux Colossiens, et lisez la let* tre qu’ils ont reçue.

 

Consulter surtout : Anger, L’eber den Laodicenerbriej (Bei-trüge zur historisch-kritischen Einleitung in da3 Allé und Neue Testament, Leipzig, 1843,1.1).

J. B. Lightfoot, St. Paul's Epistles to the Colossians and to Philemon, 2e édit., Londres, 1876, p. 281-300·

Th. Zahn, Geschichte des A*. T. Kanons, Leipzig, 1892, t. 11, p. 566-585.

A. Harnack, Geschichte der altchristlichen Litteratur, Leipzig, 1893,1.1, p. 33-37; et Chronologie, 1897, t. 1, p. 702; 1904, t. 11, p. 179, η. 1.

O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Litteratur, Fribourg, 1902,1.1, p. 459-462.

R. Knopf, dans Hennecke, Ne ides lament lie he Apokryphen^ Tubingue, 1904, p. 138-140; et dans Handbuch zu den Λ. T. Apokryphen, Tubingue, 1904, p. 204.

A. Harnack, Die apokryphen Brie je des Paulus an die Laodi· cener und Korinther (Kleine Texte..., édités par Lietzmann), Bonn, 1905.

 

2. Êpitre aux Alexandrins.

Le passage du fragment de Muratori que nous avons cité à propos de la lettre apocryphe aux Laodicéens parle aussi d’une lettre aux Alexandrins. De celle-ci, il ne reste aucune trace, ni en grec, ni en latin. Cependant, Zahn a cru la retrouver, en partie du moins, dans le Sacramentarium et lectionarium Bobbiense, du vu6 siècle, sous la forme d’une leçon, formant épître, pour une messe votive. Le texte en avait été édité par Mabil· Ion et M. Germain, Museum Italicum, Paris, 1687, t. 1, pars 2, p. 362. Zahn 1 l’a reproduit d’après une nouvelle recension ; je le reprends, comme lui, avec les fautes qui y pullulent. La division en versets est de Zahn.

Epistola Pauli apostoli ad Colos.

1. (Fratres) 33, qui sub potestate Domini sumus, man· datum Dei custodire debemus. 2. Qui custodiunt precepta Domini, abent vitain æternam 34 35 36 37; et «fui negant mandata ejus. adquirunt ruinani et in hoc secunda morte1. 3. Precentum Domini hoc est1 : Non perjura· beris 3, non iur.’im fac.iis ®; non adulterabis 5; non fai-sum testimonium dices®; non accipies munera 7 contra veritatem nec per potestatem. 4. Qui habet potcstatem et abnegat veritatem. abnegabitur illi regnum Dei et conculcabitur in internum. Ibi non egreditur bis *.

5. Quomodo sumus fragiles et prevaricatores, egentes peccatum# ! 6. Non per singolus dies penetemus, sed pe? sîngolus dies peccatum super peccatum facemus 1. 7. Ut sciâtes hoc, carissimi ira très, quia opera nostra... scriptum est in hoc libro : « in cummemoracione erit nobis in die judicio 2. » 8. Ibi nec testes, ibi nec pares, ibi nec per munera iudicabitur 3, quia non est melior, quam fides, veritas, castitas *, ieiunius et elimosina, qui extingit oinni peccata 5. 9. Et « quod tibi non vis, alio non facias6. » 10. Stipola ngnum Dei7 et accepit corona °, quod est in Christo Jesu domino.

1. Frères, nous qui sommes sous la puissance du Seigneur *, nous devons garder le commandement de Dieu. 2. Ceux qui gardent les préceptes du Seigneur ont la vie éternelle; et ceux qui rejettent ses commandements attirent sur eux la ruine, et, par là même, la seconde mort ,°. 3. Voici le précepte du Seigneur : tu ne te parjureras pas; tu ne commettras pas de vol ni d’adultère; tu ne feras pas de faux témoignage; tu n’accepteras pas de présents contre la vérité ni en vertu de ton autorité. 4. Celui qui possède l’autorité et rejette la vérité sera rejeté du royaume de Dieu et foulé aux pieds dans l’en· fer. Là, on n’entre pas deux fois. 5. Combien nous soin· mes fragiles et prévaricateurs, et commettons le péché ! 6. Ce n’est pas chaque jour que nous faisons pénitence; mais chaque jour nous entassons péché sur péché. 7. Pour que vous sachiez, très chers frères, que nos œuvres (seront jugées, écoutez) ce qui est écrit dans ce livre · : « Il y aura rappel (de nos œuvres) au jour du jugement. » 8. Là pas de témoins; pas de coaccusés10; là, le jugement ne se fera pas par des présents, car il n’y a rien de mieux que la foi, la vérité, la chasteté, le jeûne et l’aumône, pour éteindre tous les péchés 11. 9. Et « ce que tu ne veux pas pour toi, ne le fais pas à un autre. » 10. Cherche à obtenir 10 le royaume de Dieu et tu recevras la couronne, celle du Christ Jésus, le Seigneur.

1. Non per singulos dies panitemus, sed per singulos... facimus. Ut sciai is...

2. In comment o... judicii.

3. Cf. Mich., m, 1.

4. Cf. I Tim., iv, 12.

5. Pour ieiunium et eleemosyna... ejctinguit. Cf. Tob., iv, 10; xn, 9.

6. Pour alii non facias. Tob... iv, 15; Matt., vu, 12; Luc., vi, 31.

7. Pour stipula regnum... et accipies coronamyuse... Cf. Matt., vi, 33.

8. Cf. II Tim., iv, 8; Jâc., 1, 12.

9. De quel livre s’agit-il ? Il est bien possible que ce soit de l’Évan-gile de saint Matthieu, très librement cité d'ailleurs, xn, 36. Cf. aussi Eccl., 111,17. On remarquera que l'un des préceptes énoncés plus haut lui est emprunté, et que la citation du y. 9 peut lui être rapportée.

10. L'auteur veut dire qu'il n’y aura personne pour partager, par suite, pour alléger notre peine. Le pécheur la subira tout entière·

11. Pour en détruire les effets.

12. Stipula, fais un contrat où le royaume de Dieu sera le prix de tes bonnes actions.

Ce fragment porte le titre : Épitre de l'apôtre Paul aux Colossiens, alors qu’il n’a aucun rapport avec elle, et qu’il n’en a que de très éloignés avec les autres épîtres canoniques. Ce titre est donc faux; et c’est pour cela que Zahn a cru trouver ici l’épitre apocryphe aux Alexandrins; le rédacteur, dit-il. ou quelque copiste, l’avait rencontrée avec son véritable nom; mais celui-ci lui déplut comme étrange ou comme apocryphe; il le changea en celui de : ad Colossenses. Mais pourquoi serait-ce l’épitre aux Alexandrins, et pas une autre? Zahn cherche à l’établir par exclusion. La forme indique très probablement, dit-il, une épitre, plutôt qu’une apocalypse ou une homélie; or, un moine de Bourg-Déols, en Berry, Hervé, parle incidemment d’une seizième lettre de Paul : « Qitantcis et hanc epistolani quintant deci-mam vel sextant décimant apostolus scripserit et aucto· ritas eant apostolica sicut coïteras firmat'il, sancta tanien ecclesia... Bien que l'apôtre ait écrit celte lettre (aux Laodicéens) comme la quinzième ou la seizième, et que l’autorité apostolique l’ait, autant que les autres, authentiquée (par Col., iv, 16). cependant38... » Cette seizième épitre n’est pas la 111 Cor., dont l'Occident ne parle jamais; elle ne peut donc être que celle aux Alexandrins que le fragment de Muratori mentionne exprès-sèment, puisque le nom d'aucune autre n’a jamais été mis en avant; enfin, c’est à elle aussi que se rapporte forcément l’extrait du lectionnaire.

On voit combien cet édifice, qui repose en somme sur notre manque de connaissances précises, est branlant et fragile.

Si le rédacteur du lectionnaire attribue à Col. des paroles qui n’ont avec cette épître aucun lien, c’est qu’il ignore grossièrement les écrits du Nouveau Testament; il a donc fort bien pu prendre pour un fragment d’épître, et utiliser comme leçon, un morceau qui n’est pas cela du tout; il s’est laissé naïvement prendre à ses nombreuses citations, à ses rapports visibles avec les livres canoniques.

En fait, le texte ressemble bien plutôt à un extrait d’homélie sur l’obéissance aux commandements. Les idées sont assez logiquement enchaînées; nous sommes soumis à Dieu; nous devons donc lui obéir et mériter ainsi la récompense, au lieu de la punition. Or, voici ses principaux commandements : suit leur énumération, avec la menace du châtiment, après le dernier. Hélas ! nous péchons souvent cependant ; eh bien ! rappelons-nous que tous nos actes paraîtront au jour du jugement et que nous en porterons seuls la responsabilité. Pratiquons donc la vertu; et cherchons le royaume de Dieu. Cela a tout l’air d’une exhortation pratique, sèche, mais serrée, et tout entremêlée de citations puisées dans les saints livres, mais sans le souci du mot à mot, comme il arrive souvent aux prédicateurs. La forme oratoire se manifeste surtout par l’emploi de la première personne du pluriel, moins usitée dans les lettres, par les antithèses (2, 4, 6, 8), par le carissimi jratres du verset 7.

D’ailleurs, on ne trouve pas ici, pas plus que dans la lettre aux Laodicéens, trace de cette hérésie de Marcion, dont le fragmentiste de Muratori reproche aux deux épîtres d’être le produit ou du moins l’écho. Et, dans un texte si maladroit, si barbare, qui par conséquent reproduirait sans habileté ni scrupule les hellénismes de son original (car une épître aux Alexandrins ne pour« rait avoir été composée qu’en grec), on ne rencontre rien que l’on puisse faire remonter à une source grecque.

Tenons-nous-en donc à cette hypothèse qu’un rédacteur ignorant a pris pour un extrait d’épître ce qui n’était qu’un extrait d’homélie. Il est inutile dès lors, et il est du reste impossible, de chercher l’âge et l’origine exacts de ce fragment; il a bien quelques rapports avec la première partie de la Didachè; mais il développe en somme des lieux communs de prédication qui deraient se rencontrer souvent; et rien n’indique qu’il soit antérieur au ive siècle; il a cependant, comme l’a remarqué Zahn, un caractère archaïque par rapport aux autres extraits (sauf le canon de la fin) du Sacrant, et lection. Bobbiense״, or, celui-ci est du viie siècle.

La véritable épître aux Alexandrins mentionnée par le fragment de Muratori était certainement du iie siècle, au moins. On a supposé qu’elle devait se confondre avec l’épître aux Hébreux, mais on n’e n»· en fournir aucune preuve probable.

Consulter : le texte dans Nfabillon et Germain, Museum Italicum, Paris, 1687. t. 1, pars 2, p. 363; et dans Zahn, Geschi. chte des neutestamentlichen Kanons, t. 11, p. 586-592 ; A. Harnack, Geschichte der altchristlichen Litteratur, t. 1, p. 33; Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Litteratur, t. 1, p. 462.

3. Correspondance entre Sénéque et saint Paul.

Le premier témoignage, et le plus important pour nous, sur l’existence d’une correspondance entre saint Paul et Sénèque, est celui de saint Jérôme, De vir. ill., xn : ^Lucius Annæus Seneca, Cordubensis, Sotionis stoici disci pul us et patruus Lucani poetæ, continentis-simæ vitæ fuit; quern non ponerem in catalogo sanctorum (al. justorum), nisi me illæ epistulæ provocarent, quæ le-guntur a plurimis, Pauli ad Senecam et (al. aut) Senecæ ad Paulum. In quibus, cum esset Neronis magister e* illius tem ports potentissimus, optare se dicit ejus esse loci apud suos,cujus sit Paulus apud christianos. Hic ante biennium quant Petrus et Paulus martyrio coronarentw, a Nerone interfectus est. L. A. Sénèque... Je ne le placerais pas dans la liste des auteurs chrétiens, si je n’y étais provoqué par ces lettres, lues par un très grand nombre; de Paul à Sénèque et réciproquement. Dans ces lettres, ce maître de Néron, l’homme le plus puissant de son temps, déclare qu’il désirerait occuper chez les siens le rang qu’occupe Paul chez les chrétiens. Il fut mis à mort par Néron deux ans avant que Pierre et Paul reçoivent la couronne du martyre. »

Ainsi, en 392, un « très grand nombre » de gens lisaient une correspondance entre l’apôtre et le philosophe; et saint Jérôme ne nous en dit en somme rien de plus, sinon qu’il a été frappé par ce passage où, malgré sa haute situation dans l’empire, Sénèque envie celle de Paul chez les chrétiens. Absolument rien d’autre, pas un mot, ne nous conduit à soupçonner quel était même le contenu de ces lettres. Saint Jérôme les regarde-t-il comme authentiques? Si l’on s’en tenait à la lettre même de ses paroles, on pourrait, à première vue, hésiter, puisqu’il rapporte une phrase, en l’accompagnant, comme seul commentaire, de la constatation de la puissance de Sénèque, qui la met en valeur. Mais quand il nous dit : leguntur a plurimis, n’est-ce pas affirmer déjà que lui-même ne les lit pas, et qu’il n’y attache pas grande importance? Si, d’autre part, nous songeons que jamais il n’a reparlé de cette correspondance, que ja* mais il ne l’a, dans aucun de ses écrits, utilisée, lui qui cependant ne pouvait mépriser une œuvre où non seulement Sénèque, mais surtout saint *Paul auraient laissé des traces précieuses de leur activité littéraire, que le seul titre invoqué en sa faveur est celui de ses « nombreux » admirateurs, si nous songeons à tout cela, nous en conclurons forcément que saint Jérôme n’a pas même hésité sur la question d’authenticité, et que même il n’a pas un instant pu se faire illusion sur la valeur intrinsèque de cette correspondance. N’est-ce pas comme un regret qu’il exprime en ces mots : nisi me... provo-carent ? En somme, son témoignage, en dehors du fait même de l'existence* des lettres, est avant tout négatif et prouve nettement la conviction de saint Jérôme que Sénèque n’avait pas été chrétien, puisque son seul titre à figurer dans la liste est précisément cette correspondance; notons bien ce dernier point.

Saint Augustin est plus vague encore; dans une lettre écrite quelque vingt ans plus tard (414) à Macédonius, cliii, 14, voulant prouver que Dieu est le père des hommes même méchants et qu’il les aime, non pas comme méchants, mais pour les arracher au mal, il cite à ce propos une parole prise à l’œuvre authentique de Sénèque, sous cette forme : Merita ail Seneca, qui temporibus apostolorum fuit, eu jus etiani quædam ad Paulum (t pas toi u ni legunlur epistolæ : « Omnes odit. qui malosodit; » c’est ajuste titre que Sénèque, qui vécut du temps des apôtres, dont on lit même des lettres à saint Paul, s’é-crie : « Celui-là hait tout le monde, qui hait les mé· chants39. » — Ainsi, ces derniers mots ne sont pas emprun-tés à la correspondance, et ce n’est qu’accessoirement que saint Augustin, pour leur donner plus de valeur, rappelle l’ancienneté de Sénèque, dont il donne comme preuve sa correspondance avec Paul. Mais il ne semble pas du tout qu’il ait lui-même connu cette dernière. Dès 397 en effet (epist. xi. 2), il avait lu le De viria illu· atribus de saint Jérôme, et c’est évidemment d’après celui-ci, dont il reproduit le quæ leguntur, qu’il mentionne en passant ces relations possibles entre Sénèque et saint Paul: son témoignage ne signifie donc rien par lui-même. Bien plus, c’est expressément aux leçons de la philosophie qu’il attribue, plusieurs années plus tard, De cia. Dei, vi, 10, la liberté dont Sénèque faisait preuve, dans ses écrits, vis-à-vis des dieux du paganisme : quem phi· loaophia quasi liberum fecerat... magnum aliquid eum philosophia docuerat... Il n’y a donc pas trace, dans saint Augustin, du christianisme de Sénèque.

Et c’est tout ! Aucun Père de l'Eglise, soit avant, soit après les deux que nous venons de citer, non seulement ne parle de la correspondance, mais n’y fait même allusion. Tertullien. De anima, xx, appelle sans doute Séné* que sæpe noster: mais c’est là tout simplement indiquer que ses idées ne manquent pas parfois d’analogie avec celles du christianisme. Quant à Lactance. il regrette que le philosophe n’ait pas eu de guide pour le conduire à la vraie sagesse. Div. instil., 1, 5; 11, 9; v, 9 : Potuit esse verus Dei cultor, si quis illi monstrasset...־; et, plus loin, il le déclare tout net « ignorant de la vraie religion »: Quid vertus diei potest ab eo qui Deum nosset, quant di· ctum est ab homine veræ religionis ignaro? lbid..\’1,2'1.

Il faut ensuite aller jusqu’à Fréculphus au ixc siècle40, pour retrouver chez les écrivains ecclésiastiques une mention expresse de la correspondance, puis faire encore un saut de trois siècles pour constater que sa connaissance est assez répandue : pas une bible, pas un catalogue du canon ne la reçoit, et rien absolument ne laisse entendre qu'elle ait été utilisée dans les lectures à l’église. Ce silence est significatif, si l’on songe, d’un côté, au succès qu'obtint la lettre, si pale, si terne, aux Laodicéens, et, de l'autre, à l’utilité que les apologistes de tous les siècles auraient pu tirer de la conversion de Sénèque. 11 est évident qu’on n’a pas cru à l’authenticité de la correspondance ; il est évident surtout qu*on ne lui a jamais, dans les douze premiers siècles, attribué une valeur quelconque. Nous en conclurons donc nous-même sa fausseté, que, d’ailleurs, nous prouvera plus qu’amplement l’étude que nous en ferons.

Il est un témoignage cependant qui mérite une attention toute particulière, et jettera, dans les ténèbres où se cache l’origine de cette légende, une lumière passagère : je veux parler de celui du pseudo-Linus ·, nous l’avons rappelé à propos du martyre de saint Paul dans les Acta Pauli, p. 281, note 2♦ : « Le précepteur même de l’empereur, voyant en Paul une science divine, se lia avec lui d’une si grande amitié qu’il pouvait à peine se passer de converser avec lui; aussi, quand il n’avait pas licence de s’entretenir avec lui face à face, il lui envoyait et recevait de lui des lettres fréquentes... Le maître de César alla jusqu’à lire devant celui-ci quelques-uns des écrits de Paul et les fit admirer de tous... » Nous savons maintenant avec évidence que ce remaniement du Martyre de Paul s’est fait d’après le texte original grec que nous possédons, et comme ni celui-ci, ni aucune version, ne mentionne Sénèque, il y a là, sans aucun doute possible, une addition de l’interpolateur. Les conjectures auxquelles on pouvait se livrer quand on croyait encore à l’hypothèse hasardeuse de Lipsius sur l’origine gnostique des Acta Pauli, nous sont donc interdites, et nous ne devons donner à ce témoignage que l’autorité méritée par un apocryphe, d’auteur inconnu, produit vraisemblablement au ve siècle. Notons cependant qu’il a connu les lettres, et que, d’après elles, il a brodé son développement sur l’action apostolique de saint Paul à la cour impériale. Nous verrons plus loin qu’il nous fournit aussi un renseignement excellent sur la date de composition de l’œuvre, telle que nous la possédons.

Donc, tout nous ramène au ive siècle, et le silence des auteurs qui ont précédé saint Jérôme, et l’existence certaine, de son temps, de lettres échangées entre l’apôtre et le philosophe. Mais celles-ci sont-elles bien identiques à celles que nous possédons? Ainsi, elles seraient restées ensevelies dans un oubli complet pendant quatre siècles au moins? Le fait est bien singulier, et les soupçons, facilement, se sont éveillés; il est assez naturel de supposer que la correspondance primitive s’est perdue, ct qu’on en a inventé une autre précisément d’après le témoignage de saint Jérôme.

Cette hypothèse s’appuie sur une autre preuve, très spécieuse. Nos lettres sont de la plus parfaite platitude; et il est impossible de s’imaginer que saint Jérôme, si bon connaisseur des deux littératures, profane et sacrée, ait pu même hésiter à les rejeter et à leur refuser cette mention qu’elles ne méritent pas. Si donc il en parle, s’il a l’air de les accepter comme authentiques, si du moins il n’affirme pas qu’elles ne le sont pas, c’est qu’il avait sous les yeux un recueil différent du nôtre, moins imparfait, moins indigne d’être placé sous le patronage à la fois du grand philosophe et du grand apôtre. En réalité donc, concluent les partisans de cette opinion, la correspondance qui nous reste a été composée beaucoup plus tard que saint Jérôme, et seulement peu de temps avant que ne soient copiés les mss les plus anciens (du ixe siècle) qui la contiennent.

C’est un fait que l’impression produite par la lecture du recueil actuel est déplorable. En voici l’analyse, où j’essaierai de n’omettre aucune idée de quelque valeur : 1. Sénèque annonce à Paul qu’il a vu quelques-unes de ses lettres; il les trouve magnifiques. ii. Paul l’en remercie; iii. Sénèque cependant se propose de les lire à l’empereur; peut-être faudrait-il d’abord en conférer avec Paul lui-même; iv. celui-ci répond en exprimant le désir de voir leurs relations se resserrer, v. Sénèque a la même pensée, et regrette l'isolement de Paul, dû sans doute à son désir de rie pas offenser l’impératrice, en lui rappelant qu’il a passé du judaïsme au christianisme, vi. L’apôtre réplique en avouant mystérieusement que son correspondant a deviné juste, vu. Là-dessus, Sénèque loue de nouveau les épitres, en regrettant que la forme n’en soit pas plus élégante; l’empereur lui-même, à qui il les a présentées, en est charmé; et le philosophe a dû lui rappeler que la divinité emprunte parfois pour parler la bouche des ignorants, viii. Profond émoi de l’apôtre, qui regrette cette lecture; ix. aussi, Sénèques en excuse-t-il. x. A son tour. Paul fait acte d’humilité en deman-dant pardon de placer son nom, sur les lettres, avant celui de Sénèque, xi. Celui-ci s’étonne; Paul n’est-il pas, autant que lui. citoyen romain, et, plus que lui, un penseur de génie? xii. Suit une nouvelle lettre de Sénèque, où il exprime sa pitié pour les chrétiens persécutés à la suite de l’incendie de Rome et son indignation contre l’auteur de ces crimes, xm. Puis, lui encore, revient sur la pensée de la lettre vu, et, de nouveau, exhorte Paul à soigner son style, xiv. Pas de réponse directe, mais compliments de Paul au philosophe converti; il l’exhorte à exercer envers le prince et la cour un apostolat chrétien.

Peut-on imaginer plus complète nullité d’idées? Ainsi, voilà, l’un en face de l’autre, l’apôtre qui a remué le plus profondément le monde païen, et le philosophe latin le plus perspicace, sinon le plus élevé : que se disent-t ils? Discutent-ils quelque grave question de philosophie? l’existence ou la nature de Dieu? l’immortalité de l’âme? Agitent-ils ces problèmes de morale, où souvent Sénéque a touché de si près au christianisme, auxquels parfois il a donné les mêmes solutions que Paul? Pas du tout : ils chicanent sur des questions d’étiquette et font assaut de fades compliments ! Ce vide de la pensée est-il du moins déguisé sous un style brillant? Hélas ! il semble que la forme soit encore au-dessous de si pauvres idées. Souvent incorrect, parfois barbare, ailleurs contourné et obscur, le style a pu, il est vrai, être altéré par les copistes; il l’a même été sûrement; mais enfin il n’est pas possible qu’il ait été transformé complètement, et que, dès la création même de l’œuvre, il n’ait pas provoqué, par ses graves défauts, les erreurs et les déformations.

Il semble donc que les partisans de la perte de l’ancien recueil aient raison. Cependant, si nous comparons le

nôtre aux témoignages de saint Jérôme et du pseudo· Linus, nous arriverons à la conclusion contraire. En effet, la phrase citée par le premier se retrouve dans la lettre xi, et, trait particulier et important, avec un sens un peu différent de celui que, par besoin de précision, saint Jérôme lui a donné; cette lettre xi dit en effet : « Mon rang est tien (comme citoyen romain); quant au tien (comme penseur), je voudrais qu’il fût mien. » Comment le nouveau falsificateur, s’appuyant sur saint Jérôme, aurait-il ainsi modifié et obscurci sa pensée? Il semble qu’au contraire il eût dû s’étudier à la reproduire très exactement, s'il voulait donner à son œuvre l’apparence de l’authenticité.

Mais il faut supposer aussi qu’il avait sous les yeux le pseudo-Linus, et qu’il a su découvrir Sénèque dans ce « précepteur de Néron » que cet ouvrage ne nomme pas; il est vrai que l’habileté ne serait pas grande. Admettons-la, et que l'auteur ait eu assez d’érudition pour connaître à la fois le Père de l'Eglise et le Martyre apocryphe. Il a donc emprunté à celui-ci l’idée de « lettres fréquentes » et celle de la lecture des épitres de Paul devant l’empereur (lett. vii); mais comment expliquer qu’il se soit mis, dans cette même lettre vu, en opposition directe avec son modèle en prêtant à Néron quelques sentiments bienveillants? Comment se rendre compte qu’il n’ait utilisé aucun autre détail du pseudo-Linus, et que, ayant évidemment sous les yeux le martyre de Pierre aussi bien que* celui de Paul, il ait attribué la persécution néronienne à une tout autre cause que celle dont parle l’apocryphe, qu’il ait ainsi préféré Tacite à une œuvre ecclésiastique, désintéressement bien rare et bien singulier dans de semblables productions? Je ne parle pas des contradictions de la dernière lettre avec les données du pseudo-Linus; car elles existent, tout aussi fortes, entre elle et la xiie lettre.

Nous voilà donc obligés d’admettre que notre recueil est bien celui qu’a utilisé l’auteur de l’apocryphe, celui que saint Jérôme a connu. Mais comment expliquer que ce dernier s’y soit « laissé prendre »?C'est 1res simple; il ne s’y est pas laissé prendre du tout. Nous avons vu corn-bien son témoignage est neutre; c’est parce que d’autres lisent l’œuvre, parce qu’ils l’acceptent, que lui-même donne rang à Sénèque dans son livre; de son propre jugement, nous ne pouvons rien dire: et le silence même que <•0 Père garde partout ailleurs nous fait assez entendre quelle était sa véritable appréciation. Il ne lui faut rien «le plus que cette approbation étrangère pour nommer un philosophe païen. C’est d’une manière analogue qu’il mentionne le Juif Philon. pour avoir loué l'Église d’Alexandrie. Josèphe, un autre Juif, pour avoir parlé du Sauveur (dans une page d'ailleurs interpolée peut-être), cl plusieurs hérétiques.

On a trouvé une autre preuve de l’origine tardive du recueil dans ce fait qu'il mentionne (lett. ix) l’envoi d'un traité De verborum copia. Or, celui-ci n’est pas autre chose qu'une œuvre de l’archevêque Martin de Bracara (f 580), intitulée par lui De quatuor virtutibus, ou De formula vitæ honestie, à laquelle plus tard des mss ont attribué faussement le nom de Liber Senecæ de verborum copia. Peu importe d’ailleurs la genèse de cette trans* formation; le seul fait à noter serait que l’auteur du recueil, persuadé que l’ouvrage était vraiment de Sénèque, l’a cité et, par conséquent, a sûrement écrit après le v1c siècle. Zahn 41 a réfuté victorieusement cet argument. Si l’auteur des lettres a cru authentique le De verborum copia, comment ne l’a-t-il pas attribué nettement au philosophe? Car son texte s’interprète naturellement tout autrement; on comprend en effet ceci : Sénèque envoie à saint Paul un traité sur « la richesse des expressions », pour l’aider à donner plus d’élégance à son style (lett. vu), sans que rien laisse entendre que le livre ait été composé par l’envoyeur lui-même. Au contraire, il est bien plus simple d’admettre qu’un copiste quelconque a mal compris la fin de la lettre ix, et, croyant y trouver mention d’un ouvrage authentique de Sénèque, en appliqua le titre au De quatuor virtuti· bus de Martin de Bracara, qui du reste se fonde sur les écrits du philosophe pour étudier les préceptes de la loi morale naturelle. Cette explication est excellente, si l’on songe surtout que ce titre, qui ne signifie rien dans la circonstance, n’est attesté au plus tôt que par un ms. du xiiie siècle, les plus anciens portant les deux titres cités plus haut, alors que nos lettres se trouvent déjà dans des mss du 1x® siècle et s’y trouvent avec un texte altéré, donc plus ancien.

C’est le dernier argument en faveur de la dépendance du recueil par rapport à saint Jérôme qui est encore le plus facile à réfuter; dans la plupart des mss, les lettres sont précédées du passage connu de ce Père, donc, disent Fleury 1 et Kreyher *, ont été inspirées par lui. Zahn42 43 44 45 répond justement : « Si ce prologue emprunté à saint Jérôme devait prouver quelque chose, on serait bien en peine sur l’âge de nombreux écrits bibliques ! »

Westerburg® a pensé tourner ces difficultés en reconnaissant dans le recueil deux groupes différents, l’un plus ancien (lett. x-xii). reste des lettres primitives, l’autre dû vraiment au moyen âge. Les raisons qu’il en donne sont les suivantes : -1° Le premier groupe est daté, et assez justement, tandis qu’ailleurs il n’y a pas de date, ou que, dans les deux dernières lettres, elle est fausse. 2° L’ancien rédacteur est plus correct, plus clair, plus

habile et plus instruit. 3° Enfin, dans le groupe ancien, Néron apparaît comme l’ennemi cruel du christianisme (lett. xii), tandis que, dans le nouveau, il n’est pas seulement indifférent, il est plutôt favorable; comment en effet supposer que. après la lettre xii, saint Paul conseille à Sénèque, même avec des restrictions, de chercher à convertir un tel monstre?

Ces raisons ne manquent pas d’une certaine valeur pour la lettre xn; mais, outre que ce système présente, par rapport à l’emploi du pseudo-Linus, à peu près les mêmes difficultés que celui qui attribue au moyen âge la création de toutes les lettres, les arguments invoqués ne signifient rien pour les lettres x et xi. Westerburg lui-même est obligé de reconnaître que le contenu de celles-ci est « quelque peu ridicule »; ce ne serait pas évidemment la futile discussion d’étiquette qui en est le sujet, qui a pu, mieux que les idées des autres lettres, en imposer à un Jérôme ; leur style est tout aussi mauvais que celui du reste du recueil; elles ne prouvent pas plus de science chez leur auteur; et la haine de Néron ne s’y montre en aucune façon. Enfin les dates sont bien singulières; il faut, dans la xe lettre, changer Néron IV en Néron III; et Sénèque aurait attendu neuf mois avant de consoler Paul de ses scrupules de politesse !

Reste la xiie lettre : c’est pour elle que les raisons de Westerburg ont le plus de poids; le sujet en est cette persécution tragique par laquelle Néron pensa détourner de lui-même la colère grondante du peuple; et c’est encore, il est vrai, par le dehors, comme un mauvais écolier, que l’auteur le traite; mais enfin ce sujet est sérieux; la tristesse de Sénèque et son indignation sont assez vivement marquées; et le ton est beaucoup plus ferme, plus net, moins mystérieux, moins alambiqué; il ne se présente aucun de ces rébus, une des caractéristiques certainement de ce piètre recueil, que nous offre ù peu près chacun des autres morceaux : non ex te sed per te (lett. !)... personae qualitatem (lett. 11) et jam om· nium (lett. ■κι)... quædam volumina (lett. 111),.. si est regina... si mulier est (lett. vm)... etc. Une érudition profane relative est manifeste; il n’est pas possible quo l’auteur de cette lettre particulière n’ait pas connu Tacite ou du moins un récit dépendant directement de Tacite; il rappelle Alexandre, Darius, Denys, Caligula, cite une parole de Virgile; enfin indique, sinon le jour, du moins l’année exacte de l’incendie de Rome. S’il dénombre seulement cent trente*deux maisons et quatre insulæ comme ayant brûlé, ce qui est ridiculement faible en face du récit de Tacite, c’est sans doute qu’il a trouvé que c’était beaucoup déjà, ou qu’un copiste ancien (on sait que les nombres changent assez facilement dans les mss) a cru devoir transformer son mullae donius atque insulæ en une indication plus précise et qui fut très maladroite; il pourrait en avoir été de même pour la date du jour. Quoi qu’il en soit, il est certain que la personne de Néron apparaît ici toute différente de ce qu’elle est dans le reste du recueil. Sénèque le maudit et le voue au feu, tandis qu’auparavant il l’a dépeint comme assez favorablement disposé, et qu’après, saint Paul exprime l’espoir, si vague soit-il, qu’il pourra se convertir, si le philosophe tente d’agir sur lui. il est assez curieux aussi de remarquer que cette lettre attribue à la persécution néronienne une cause à laquelle la plus ancienne tradition chrétienne populaire n’a jamais songé (ainsi les anciens Actes de Paul, ceux de Pierre, le pseudo-Linu9 et même le pseudo-Marcellus). Le contraste entre cette xiie lettre et les autres est si net, que les mss, ne sachant quel rang lui donner, l’avaient placée entre la xe et la x1e, alors que sûrement celle-ci constitue une réponse à l’autre; elle a même été reproduite une seconde fois par l’un d’entre eux, le meilleur, celui de Milan, tout à la fin.

La conclusion naturelle de toutes ces remarques est que la xue lettre est due à une autre main que le reste du recueil. Mais la x!11e elle-même ne fait que reprendre, en la délayant, une pensée de la vne; son style, à elle aussi, semble plus ferme et plus naturel que celui des autres, quoique moins nettement que dans la xiie; et il se pourrait bien que ces deux morceaux aient été ajoutés au recueil primitif, où auraient alterné, comme on s’y attend naturellement, une lettre de Sénèque et une lettre de Paul. Et ce seraient eux, sinon les plus récents, du moins, les derniers composés, ce qui coupe court à toute difficulté venant des témoignages de saint Jérome et du pseudo-Linus. L’ensemble a tout l’air d’ailleurs d’un exercice littéraire, et d’un exercice manqué; et il est bien possible qu’à cette œuvre, un contemporain même ou un ami de l'auteur ait cru bon d’ajouter une ou deux lettres faisant preuve de plus de connaissances.

Celles-ci sont, du reste, dans tout le recueil, uniquement profanes; et il ne se retrouve de traces d’influence des livres canoniques que dans la lettre x, et dans la mention, pas très heureuse (lett. vu), des épîtres de Paul « aux Galates. aux Corinthiens et aux Achéens. » 11 ne paraît même pas douteux que l’auteur, non seulement ait imaginé que saint Paul et Sénèque s’écrivaient en latin, mais aussi, si la lettre xm est bien du temps du recueil, qu’il ait cru que le premier a composé ses épîtres mêmes dans cette langue {...latinitati morem gerere...). Si cette ignorance s’explique malheureusement déjà dès le 1ve siècle, mais pas avant, elle n’en est pas moins grossière; elle suppose dans l’auteur un esprit très peu cultivé, et se comprend encore plutôt chez un laïque que chez un clerc. Du reste, il n’y a pas d’hellénismes dans le recueil, et rien ne nous amène à croire à un original grec.

Le lieu de la composition est vraisemblablement Rome ou ses environs; si l’auteur est si peu instruit, comme il nomme cependant quelques localités romaines, comme il n’ignore pas complètement l’histoire, c’est qu’il a sans doute trouvé ces renseignements sur place. Dès que. dans les cercles croyants, on a commencé à étudier Sénèque, on a été frappé de la ressemblance entre ses conseils moraux et ceux du christianisme. A un observateur sérieux, les différences fondamentales ne pouvaient échapper, sur la nature de Dieu, sa providence, les relations de l’homme avec lui. le principe même de toutes les vertus: mais, dans le domaine pratique, les analogies furent assez frappantes pour que Tertullien ait pu appeler le philosophe sæpe noster. Conclure de là qu’il a connu le christianisme, et même qu’il a été chrétien, c’est ce que se sont permis quelques critiques, comme Fleury et Kreyher: mais Friedl&nder 46 a détruit facilement toutes leurs conjectures et tous leurs arguments. Cette question d’ailleurs n’est pas de notre sujet. Il nous suffit de constater que la ressemblance, superficielle, entre les idées du philosophe et les doctrines morales de la religion, a pu suggérer la pensée de le rapprocher de saint Paul et de le faire correspondre avec lui; c’est l’origine de nos lettres.

L’auteur a-t-il eu, en les composant, un autre but que celui de se livrer à un curieux exercice littéraire sur un sujet intéressant? C’est bien possible. La société lettrée du 1ve siècle se plaignait volontiers du manque de formation classique chez les auteurs chrétiens, et regrettait de trouver dans les livres canoniques un si mauvais style et un si profond mépris de l’art ; voir saint Ambroise, lettre vm; saint Jérôme, préface du De viris illustr. C’était lui recommander les épîtres de Paul que placer dans la bouche de Sénèque, ce grand philosophe classique, l’éloge des œuvres méprisées; c’était jeter devant ses pas la dernière arche du pont qui la conduirait du polythéisme, ou plutôt du scepticisme religieux, à la véritable doctrine.

Les mss contenant la correspondance sont nombreux; et il s’en faut qu’ils aient été tous collationnés; les deux meilleurs sont celui de Milan, A/ (Ambrosianus, C. 90), et celui de Strasbourg, .4 (Argentoratensis, C. vi, 5), brûlé pendant le siège de 1870, tous deux probablement du ix® siècle ;leur texte est très altéré déjà; aussi, est-il douteux que l'étude soignée de mss plus récents puisse mieux renseigner la critique sur une œuvre à propos de laquelle tant de points restent encore obscurs.

Le texte que nous donnons est celui de -W, sauf très peu de modifications. Publié dans de nombreuses éditions des œuvres de Sénèque, il l’a été en particulier par Haase, dans l’édition de 1878 (Teubner, Leipzig, t. 111, p. 476481־). qui utilise M et .4, et par Westerburg, loc. cit.. p. 37 sq. Fleury et Aubertin en avaient donné, outre le texte autrefois accepté (avant l’étude de .Vf et de .4), une traduction française; j’utilise en de rares pas-sages celle du dernier.

Consulter : A. Fleury, Saint Paul et Sénèque. Recherches sur les rapports du philosophe avec l'a pâtre, Paris, 1853.

Ch. Aubertin, Étude critique sur les rapports supposés entre Sénèque et saint Paul, Paris, 1857. Thèse rééditée en 1869.

F. Chr. Baur, Seneka und Paulus, dans Zeitschrift fürwissen· schaftliche Théologie, 1858, t. 1, p. 161-246, 441-470.

Wachsmuth, Rheinisches Museum fur Philologie, N. F., 1861, t. xvi, p. 301. (Sur la collation de M.)

Lightfoot, St. Pau?8 epistle to the Philippians,3e édit., Londres, 1873, p. 268-331.

Boissier, La religion romaine d'Auguste aux Antonins, Paris, 1874, t. 11, p. 52-104 : Sénèque et saint Paul.

Westerburg, Der Ursprung der Sage dass Seneca Christ gewesen 8ei, Berlin, 1881. — Cf. Harnack, Theologische Litteratur-Zeitung 1881, n. 19, col. 444.

J. Kreyher, L. Annxus Seneca und seine Beziehungen zum Urchristentum, Berlin, 1887.

Zahn, Geschichte des N. T. Kanons, t. 11, p. 612*621.

Tissot, Sénèque et saint Paul (Le chrétien évangélique, 35 (1892), n.7).

A. Harnack, Geschichte der altchristliehen Litteratur, t. 1, p. 763-765.

M. Baumgarten, Lucius Annseus Seneka und das Christentum in der tiefgesunkenen antiken Weltzeit, Rostock, 1895.

Morlais, Études philosophiques et religieuses sur les écrivains latins, Paris, 1896, c. vin : le christianisme de Sénèque.

Brautigam, Seneka und das Christentum, Ethische Kultur, 1896, p. 90.

Codera, Seneca filosojo e S. Paolo, dans Rivista italiana di filosofia, 1898, t. xn, n. 2,5,6.

L. Friedlander, Der Philosoph Seneka, dans Historisché Zeit· schrijt, 1900, t. lxxxv, p. 193-249.

S. Rubin, Die Ethik Senekas in ihrem Verhûltnis zur alteren und mittleren Stoa, Munich, 1901.

P. Fare), Pour Sénèque, dans Revue de théologie et des questions religieuses, 1901, p. 342-357.

O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Litteratur, Fribourg, 1902, t. 1, p. 467-471.

EPISTOLÆ SENECÆ MAGISTRI NERONIS IMPERATORIS

AD PAULUM APOSTOLUM ET PAULI AD SENECAM ».

I. Seneca Paulo salulem.

Credo tibi. Paule. id nuntiatum esse quod heri cum Lucilio 2 nostro de apocryphis et aliis rebus habueri-mus. Erant enim quidam disciplinarum tuarum comités mecum. Nam in hortos Salustianos sccesseramus, quo loco occasione nostra alio tendcntes hi, de quibus dixi, visis nobis adiuncti sunt. Certe quod tui præsentiam opta-vimus, et hoc scias volo. Libella tuo lecto, id est ex plurimis aliquas litteras quas ad aliquam civitatem seu caput provincial direxisti, mira hortatione vitam mora-lem continentes, usque refecti sumus. Quos sensus non puto ex te dictas, sed per te, certe aliquando ex te et per te; tanta enim maiestas earum est rerum tantaque generositate calens 3. ut vix suffecturas putem æ,tates hominum, quibus institui perficique possint. Be ne te valere, frater, cupio.

1. Titre de M.

2. A : Lucilio.

3. M : cia rent. Λ : calle ne. Haase propose calent.

1*. Il semble que ce soit là une première entrée en conversation, en tout cas, la lettre suppose que Sénèque et Paul ne se sont pas encore vus. — Lucilius est le destinataire bien connu des lettres de Sénèque; la mention de son nom est la seule preuve que l'auteur ait connu celles-ci. Pourquoi cette mention d*« apocryphes »? Est-ce pour donner, par opposition, à cette correspondance, l'apparence de l'authenticité? C’est bien possible. Ou bien l’auteur veut-il parler de livres « secrets », dans le sens donné souvent par les hérétiques au mot « apocryphes »? Je préfère la première explication.

2*. Sur le Quirinal. Le palais bâti par Salluste fut la résidence fa-vorite de plusieurs empereurs.

LETTRES DE SÉNÈQUE, MAITRE DE L’EMPEREUR NÉRON, A L’APOTRE PAUL, ET DE PAUL A SÉNÈQUE.

I. Sénèque à Paul, salut.

Je crois. Paul, qu’on t’a dit qu’hier, avec mon ami Lucilius, nous avions parlé des apocryphes et d’autres sujets 1*. Car il y avait avec moi quelques-uns de ceux qui partagent tes doctrines. Nous nous étions en effet mis à l’écart dans les jardins de Salluste2*; et là, ceux dont je viens de parler, qui allaient ailleurs, nous voyant, profitèrent de l’occasion pour se joindre à nous. Evidemment, nous avons souhaité ta présence ; et je désire que tu le saches. Par la lecture de ton livre, c’est-à-dire, entre un grand nombre d’autres, de quelques lettres que tu as adressées à quelque cité ou capitale de province, et qui contiennent d’admirables exhortations de vie morale, nous nous sommes grandement réconfortés 3*. Ces pensées, je ne t’en crois pas l’auteur, mais l’interprète, parfois certainement l’auteur et l’interprète en même temps4*. Car ces idées sont si élevées, une telle grandeur d’âme et une telle chaleur les animent, que, à mon avis, c’est à peine s’il y aura des générations humaines assez belles pour être formées et poussées à la perfection par elles 6*. Je désire, mon frère, que tu te portes bien.

3*. Cela parait être le sent de la phrase, qui ne s’explique pas gram-maticalement.

4*. Sénèque veut dire qu’elles viennent d’une intelligence plus haute, de Dieu, dont Paul ne serait que le porte-parole; en certains passages cependant, cette inspiration et l’esprit même de Paul parlent de ton-cert.

5*. ...aufjecturas qui bus... suffire à cette tâche qu’elles puissent, par elles... Toute la lettre se résume en ces quelques mots : « Vos épîtres sont fort belles et très utiles à l’âme; » c’est pauvre.

II. Senecæ Paulus salutem.

Litteras tuas hilaris hen accept, ad quas rescribere statim polui. si præsentiam juvenis qucm ad te eram misstirus, habuissem. Scis enim, quando et per quem et quo tempore et cui quid dari commitlique debeat. Rogo ergo, non putes neglectum, dum personæ qualita-tem respicio. Sed quod litteris meis vos bene acceptos alicubi scribis, felicem me arbitrer tant! viri iudicio. Neque enim hoc diceres, censor, sophista, magister tanti principis et iam omnium, nisi quia vere dicis. Opto te diu bene valere.

III. Seneca Paulo salutem.

Quædam volumina ordinavi et divisionibus suis sta* turn eis dedi. Ea quoque Cæsari legere sum destinatus, si modo sors prospéré annuerit, ut novas aiTerat aures l. Eris forsan et tu præsens. Sin, alias reddam tibi dîem, ut hoe opus invicem inspiciamus. Et possem non prius ederc ei eam scripturam, nisi prius tecum conférant, si modo impune hoc fieri potuisset, ut scires non te præ-teriri. Vale, Paule carissime.

1*. Paul indique ainsi qu’il doit prendre de sérieuses précautions; ces ménagements supposent qu’il n'a pas toute liberté dans son com-merce avec Sénèque, ni même dans sa vie en général; les lettres v, v! et vin nous diront pourquoi.

2*. Dum personir qualitalem respicio peut signifier aussi : « alors que je songe à choisir mon messager, » si on rapporte le mot personie au juvenis qui précède. Mais il me semble que l'auteur veut marquer ici l'antithèse entre le manque de considération que Sénèque pour-rait reprocher à Paul, et le respect réel de celui-ci pour le philosophe.

3*· et jam omnium, c'est-à-dire que Sénèque n'est pas seulement le maître de Néron : il peut être regardé aussi comme celui de l'huma-nité; c'est la réponse au compliment de la An de la première lettre.

II. Paul à Sénèque, salut.

J’ai reçu hier ta lettre avec plaisir; ],aurais pu y ré· pondre de suite, si j,avais eu près de moi le jeune homme que je devais t’envoyer. Tu sais en effet quand, par qui, à quel moment et à qui il faut donner les missions de confiance 1*. Je te demande donc de ne pas te croire négligé, tandis que je tiens compte de la dignité de ton caractère 2*. Mais puisque tu déclares que vous êtes contents de quelques passages de mes lettres, je m’estime heureux du jugement d'un si grand homme. Car tu ne le dirais pas, toi, critique, philosophe, maître d’un si grand prince, et même de tous les hommes 3*, si tu ne disais la vérité. Je souhaite que ta santé soit bonne longtemps.

III. Sénèque à Paul, salut.

J’ai mis en ordre quelques ouvrages, et j’ai arrange leurs parties suivant le plan convenable 4*. Je suis décidé aussi à les lire à César, si toutefois la fortune me favorise assez pour qu’il y prête une oreille curieuse. Peut-être seras-tu là toi-même. Si non, je te fixerai date en un autre moment pour revoir ensemble cet ouvrage. Même je pourrais ne pas lui communiquer cet écrit, avant d’en avoir conféré avec toi 5*, si cependant cela peut se faire sans danger; de la sorte, tu sauras qu’on tient compte de toi 1*, Porte-toi bien, très cher Paul.

4*. Cm indications sont bien vagues et pourraient se rapporter à dM écrits de Sénèque, aussi bien qu'à ceux de Paul. Mais d’après les lettres vu et ix, où la lecture devant l'empereur est un fait accom-pli, il s’agit bien ici d'épitres de l’apôtre. Cet « arrangement » dont parle Sénèque correspond d’ailleurs très bien aux regrets qu’il ex-primo plus loin (lett. vu), que l'élégance de la forme ne réponde pas, dans l’œuvre de Paul, à l’élévation de la pensée. De plus, la pré-sence de l’apôtre n’est désirable qu’autant que ce sont bien ses lettres à lui qui seront Ium.

5*. Par cette remarque, Sénèque entre dans 1m vum de Paul, qui tient à la prudence dans lours relations·

IV. Annæo Senecæ Paulus saluteni.

Quotienscuinque litteras tuas audio, præsentiam tui cogito nec aliud existimo quant omni tempore te nobis* cum esse. Cum primuni itaque venire cœperis, invicem nos et de proximo videbimus. Be ne te valere eupio.

V. Seneca Paulo salutem.

N’imio tuo secessu angimur. Quid est ? quæ res remo-turn faciunt 47 48?Si indigna tio domina», quod a ritu et secta veteri recesseris et alios rursum converter!!», erit postulandi locus, ut ratione 1 factum, non levitate hoc existi-met 2.

1. Leçon de M. — .·t : quæ te res remoratum... Les éditeurs ont diversement changé ce texte, qui cependant s'explique bien.

IV. Paul à Annæus Sénèque, salut.

Chaque fois que j’entends lire tes lettres 2*, je t’ima-gine là, et je ne puis que me figurer que tu es constant-ment avec nous. Aussi, dès que tu auras commencé à venir, nous nous visiterons réciproquement et intime-ment 3*, Je désire que tu te portes bien.

V. Sénèque à Paul, salut.

Je suis désolé de ton excessif isolement *♦. Qu’y a-t-il? Quelles causes te tiennent ainsi à l’écart? Si c’est l’irritation de l’impératrice, de ce que tu as abandonné ton culte et ta doctrine d’autrefois, et de ce que tu en amènes d’autres au nouveau 6*, il y aura lieu de la prier de considérer que tu l'as fait avec réflexion et non par légèreté.

VI. Senecæ et Lucilio Paulus salutem.

De hîs quæ milii scrips is lis non licct arundine et atra-mento eloqui, quarum altera res notât et désignât ali* quid, altera evidenter ostendit. præcipue cum sciam inter vos esse, hoc est apud vos et in vobis, qui me in* telligant. Honor omnibus babendus est, et tanto magis, quanto indignandi occasionem captant. Quibus si pa* tientiam demus. omni modo eosex 3 quaque parte vince* mus, si modo hi sint, qui pænitentiam sui gerant. Valete.

VII. Annæus Seneca Paulo et Theophilo salutem.

Profiteor bene me acceptum leetione litterarum tua-rum, quas Galatis, Corinthiis, Achæis misisti, et ita inviccm vivamus, ut etiam cum horrore divino esse 4 exhibes. Spiritus enim sanctus in te et super te exeelsus1 sublimiores satis vcnerabiles sensus exprimit.Vellem ita-que cures et caetera, ut maiestati earum cultus sermonis non desit. Et ne quid tibi, (rater, surripiain aut con־ scientiæ ineæ debeam. confiteor Augustum sensibus tuis niotuin. Cui lecto virtutis in te exordio ita vox fuit : mirari eum posse, ut qui non legitime* imbutus taliter sentiat. Cui ego respond! solere deos ore inno-centium effari. hand eorum qui prævaricare doctrina sua quid possint. Et dato ei exemple Vatieni hominis rusticuli, cui viri duo apparuissent in agro Reatino, qui postea Castor et Pollux sunt nominati, satis instructus videtur 3. Yale.

VI. Paul à Sénèque et à Lucilius, salut.

Sur ce que vous m’écrivez, je ne puis parler avec le roseau et l’encre, dont le premier marque et trace les pensées que la seconde rend évidentes1* ; cela d’autant plus que, je le sais, plusieurs parmi vous, je veux dire vous*mê1ncs et vos amis, me comprennent. Il faut honorer tout le inonde, ceux surtout qui épient l’occasion de s’indigner. Si nous leur opposons la patience, de toutes manières nous l’emporterons sur eux à tout point de vue; pourvu toutefois qu’ils soient gens à se repentir. Portez· vous bien.

Je me déclare content de la lecture des lettres que tu as envoyées aux Galates, aux Corinthiens, aux Achéens3*; restons dans de tels rapports, et toujours . montre-toi ainsi secoué du frisson de la divinité **. Car c’est le Saint-Esprit, en toi, et planant au-dessus de toi, qui exprime ces idées d’une sublimité vraiment admirable. Aussi, je voudrais te voir également soigner la forme, en sorte que l’élégance de ces lettres réponde à leur grandeur. Et pour ne rien te céler, frère, ou pour obéir au cri de ma conscience, je t’avoue qu’Auguste a été touché de tes pensées. Je lui avais lu ce que tu dis, au début, de la vertu; il s’écria : « Je m’étonne à bon droit qu’un homme sans formation régulière ait de telles pensées!» —«Les dieux, lui répondis-je, ont coutume do parier par la bouche des simples, et non de ceux qui pourraient couvrir de la doctrine divine leurs propres prévarications;» et je lui citai l’exemple de Vatiénus, ce paysan: deux hommes, qui plus tard furent reconnus être Castor et Pollux, lui étaient apparus dans la campagne de Réate 49*. Il parait satisfait de ces explications· Porte-toi bien.

 

VIII. Paulus Senecæ salut cm.

I icet non ignorem Cœsarem nostrarum rerum admi-r'.ndarum, si quando defîciet, amatorem esse *, permittes ta men te non lædi sed admoneri. Puto enim te graviter fecisse, quod ei in notitiam perferre voluisti quod ritui et diseiplinæ eius sit contrarium. Cuin enim ille gentium decs colat. quid tibi visum sit, ut hoc scire eum velles, non video, nisi nimio a more meo facere te hoc existimo. Rogo de futuro, ne id agas. Cavendum est enim ne, dum me diligis, oiTensum dominæ facias, cuius quidem offensa neque oberit, si perseveraverit, neque, si non sit, proderit; si est regina, non indignabitur; si mulier est, olîendetur. Bene vale.

M écrit en marge : Licet non ignorem Cesarem nostrarum -rerum admirationem si quando deficient admirator esse : quoique je ne l’ignore pas, César admire nos idées, si peu dignes qu’elles soient parfois d'admiration. C’est évidemment une variante trouvée par M dans un de ses modèles.La phrase est obscure; mss et éditeurs s'ingénient à la changer.

VIII. Paul à Sénèque, salut.

Bien que, je ne l’ignore pas, César, malgré ses quelques défaillances **, aime celles de nos idées qui méritent l’admiration, cependant tu accepteras, sans te blesser, un avis : selon moi, en effet, ce fut de ta part une grave démarche, de vouloir lui faire connaître ce qui est contraire à son culte et à ses croyances. Il adore en effet les dieux des gentils. Aussi, quel a été ton but en voulant l’instruire de notre doctrine, je ne le vois pas, et je ne puis que penser que tu en as agi ainsi par excès d’amour pour moi. Je te le demande pour l’avenir : ne le fais plus 1*. Il faut te garder, en effet, en me montrant ton amour, d’offenser l’impératrice. Cette offense, à la vérité, ne nous nuira pas, si l’impératrice persévère; si non, elle ne nous sera pas utile; en tant que reine, l’impératrice ne s’indignera pas; en tant que femme, elle sera offensée **. Porte-toi bien.

IX. Seneca Paulo, salutem.

Scio te non tarn tui causa commotum 1 litteris, quas ad te de editione epistolarum tuarum Cæsari feci, quam natura rerum, quæ ita mentes hominum ab omnibus artibus et moribus rectis revocat, ut non hodie admirer. quippe ut is 1, qui multis documentis hoc iam notis· simum habeam. Igitur nove aganius 2, et si 3 quid facile in præteritum factum est, veniam irrogabis. Misi tibi librum de verborum copia. Vale, Paule carissime.

IX. Sénèque à Paul, salut.

Ce qui t’émeut dans la lettre où je t’annonce que j’ai communiqué tes épîtres à César, ce n’est pas, je le sais, un motif personnel; c’est la connaissance de la nature, qui détourne les esprits des hommes de toutes les doctrines et morales saines3*; moi-même, je ne m’en étonne pas; et mille preuves sont venues me donner avec pleine certitude la même connaissance. Agissons donc autrement, et si, par le passé, je me suis laissé entraîner trop facilement, tu me le pardonneras. Je t’envoie un volume « sur la richesse des expressions *♦ ». Porte-toi bien, très cher Paul.

X. Senecæ Paulus salutem.

Quot ienscumque tibi scribo nec nomen mcum tibi subse* cundo. gravent et sectæ meæ ineongruentem rem facio.

Debeo enim, ut sæpe professas sum, cum omnibus omnia esse e! id observare in tua persona quod lex romana honori senatus concessit, perlecta épis tola ultimum locum eligere, ne eum aporia et dedecore eu ך piam ellicere quod mei arbitrii fuerit. Vale, devotissime magister. Data v cal. iulii, Nerone IV et Messala consu-libus.

XI. Seneca Paulo salutem.

Ave, mi Paule carissime. Si mihi nominique meo vir tantus et dilectus omnibus modis non dico fueris coniun* ctus, sed necessari«» mixtus. optime ®actum erit de Seneca tuo. Cum sis igitur vertex et altissimum omnium gentium1 cacumen. non ego vis læter, si ita sim tibi proximus,ut alter similis tui députer? Haud itaque te indignum prima facie epistolarum nominandum censeas, ne tam 53 temptare me quant 54 55 56 57 ludere videaris, quippe cum scias rivent te esse Romanum. Nam qui meus, tuus apud te locus, qui tuus. velim ut nteus. Yale, mi Paule rarissime. Data x cal. april.. Aproniano et Capitone consulibus.

\. Cf. I Cor., i.x, 22. C’est le seul passage imité sûrement des épîtres canoniques.

5. Cet optime n'est pas dans .W :il semble exigé par le sens. D’ailleurs, ce passage varie beaucoup dans les différents mss. Ainsi A : mix tus, apt uni actum erit, aptum peut très bien être venu de optime.

X. Paul à Sénèque, salut.

Chaque fois que je t’écris et que je ne place pas mon nom après le tien, je fais une chose grave et contraire à la doctrine chrétienne **. Je dois en effet, comme je l’ai souvent déclaré, me faire tout à tous; je dois te rendre les honneurs que l’usage de Rome accorde aux sénateurs, choisir la dernière place tout à la fin de la lettre 50 51*, et ne pas désirer, mesquinement et contre les convenances, n’agir que d’après mon caprice. Porte-toi bien, le plus dévoué des maîtres. Le 27 juin, sous le 4e consulat de Néron et celui de Messala **.

XI. Sénèque à Paul, salut 52*.

Je te salue, très cher Paul. Si, à moi et à mon nom, il arrive que toi, si grand, si aimé de toute façon, tu ne joignes pas seulement ton nom, si tu ne formes plus qu’une seule vie avec moi, ce sera parfait pour ton Sénèque 1*. Alors que tu es la cime, le sommet le plus élevé de toutes les nations, comment donc ne me ré* jouirais-je pas de me rapprocher de toi de si près, que je pourrais être pris pour un autre toi-même? Aussi, ne va pas prétendre que tu es indigne de figurer en tête de nos lettres; tu semblerais ainsi m’éprouver plus encore que plaisanter; tu sais bien en effet que tu es citoyen romain. Et mon rang, il est tien (par cette qualité); quant au tien, je voudrais l’avoir pour moi-même. Porte-toi bien, très cher Paul. Le 23 mars, sous le consulat de Apronianus et Capiton **.

XII. Seneca Paulo salulem.

Ave, mi Paule carissime. Putasnc me haud contristari et non luctuosum esse, quod de innocentia vestra subinde supplicium sumatur? Dehinc quod tam duros tamque obnoxios vos reatui omnis populus iudicet, putans a vobis cflici, quidquid in urbe contrarium fit? Sed feramus æquo anima et utamur fora, quod sors concessit, donee in* victa félicitas finem malis iinponat. Tulit et priscorum ætas Macedonem Philippi iilium, et post Darium quoque Dionysium 1, nostra quoque Gaium Cæsarem, quibus quidquid libuit. licuit. Incendium urbs Romana niani-(este unde sæpe patiatur, constat. Sed si efTari hu-militas humana potuisset. quid eausæ sit, et impune in his tenebris loqui liceret, iam ־ oinnes omnia vidèrent. Christian! et ludæi quasi machinatores incendii suppli-cio adfecti fieri soient ®. Grassator iste quisquis est. cui voluptas carnifieina est et mendacium velamentum, tenipori suo destinatus est. Et ut optimus quisque unum pro multis donatum est caput, ita et hic devotus pro omnibus igni cremabitur. Centum triginta duædomus. insulæ quatuor sex diebus arsere. septimus pausam dédit. Bene te valere, frater. opto. Data v cal. april.. Frugi et Basso consulibus. 58 59 60

XII. Sénèque à Paul, salut **.

Je te salue, mon très cher Paul. Crois-tu que je ne sois pas dans la tristesse et le deuil, de ce que votre innocence est condamnée à de fréquents supplices? de ce que le peuple, vous jugeant si peu sensibles et si criminels, vous attribue tous les malheurs de la ville **? Mais soyons résignés, et vivons du sort ** que la fortune nous fait, jusqu’à ce qu’un bonheur inaltérable mette fin à nos maux. Les anciens âges aussi ont eu à subir le Macédonien fils de Philippe1*, et Darius, puis aussi Denys; le nôtre, C. César, qui tous n’eurent d’autre règle que leur caprice. Sur l’origine des fréquents incendies dont souffre Rome 2*, aucun doute n’est possible. Mais si des hommes obscurs pouvaient dire quelle en est la cause, s’il était permis dans ces ténèbres de parler impunément, tous les yeux verraient dès lors toute la vérité 3*. Les chrétiens et les Juifs ** sont s1־ns cesse envoyés au supplice comme incendiaires. Mais le bandit, quel qu’il soit, dont la volupté est dans le sang et qui se couvre du mensonge, aura forcément son jour. De même que les meilleurs ont donné leur tète en victime expiatoire pour la foule **, de même cet homme est voué, pour tous, au feu qui le consumera ·*. Cent trente-deux maisons, quatre îlots ד* ont brûlé pendant six jours ; le septième arrêta le fléau8*. Je désire, frère, que tu te portes bien. Le 28 mars, sous le consulat de Frugi et Bassus 8*.

Ent ide, v, 815 : L'num pro multis dabitur caput. Mais il est possible que l’auteur ne les lui ait pas prises directement et les ait trouvées dans quelque écrivain qui les cite à propos de la rédemption, à laquelle elles s'adaptent si bien.

b*. C'est-à-dire au feu de l'enfer.

7*. D’après Tacite, Ann.. x .40 ,־, sur les quatorze quartiers (regiones) de Rome, trois furent entièrement détruits; de sept autres, il ne resta que quelques ruines; au c. xli il dit : « Il serait difficile de compter les maisons, les demeures importantes, les temples qui furent détruits... domuum el insularum et templorum... » Insula désigna d’abord un ״ pâté de maitons » compris entre quatre rues, puis les demeures importantes qui occupent parfois cet espace. 11 semble bien que c'est dans ce dernier sens que l'auteur, qui ne parle que de cent trente-deux maisons, a pris ce mot, et non dans le sens de « quartiers », en 10 confondant avec regiones, comme l’ont pensé Fleury et Westerburg. On voit d’ailleurs combien ses données s'écartent considérablement de celles de Tacite. Suétone, .Véron, 38 : « un nombre infini de pâtés de maisons (insularum)... des demeures patriciennes... des temples... »

8*. Suétone : ■six jours et sept nuits. » — Tacite : « L’incendie ·’arrêta le sixième jour... puis se ralluma, mais moins violent... ■ 9*. C’est bien l’année 64 de l’incendie; mais, d’après Tacite, il éclata 10 19 juillet, /inn., xv, 41.

XIII. Seneca Paulo salutem.

Allegorice et ænigmatice multa a te usquequaquc opéra concluduntur et îdeo rerun! tanta vis et muneris tibi tributanon ornamento verborum sed cultu quodam decoranda est. Nec vereare, quod sæpius te dixisse retineo; multos, qui talia affectent, sensus corrumpere, rerun! virtutes evirare 1. Ceterum mihi ut id concédas velim 61 62 63 64 65 66 67 68 latinitati morem gerere, honestis verbis speciem adhibere, ut generosi muneris concessio digne a te pos-sit expediri. Bene vale. Data pridie n»»n. iul., Leone et Sabino consulibus.

XIV. Paulus Senecæ salutem.

Perpendenti tibi ea sunt revelata quæ paucis divinitas concessit. Cert us igitur ego in agro iam fertili semen fertilissimum 69 sero, non quidem materiam quæ corrumpi videatur, sed verbum stabile, Dei derivamentum crc-scentis et manentis in æternum. Quod prudentia tua assccuta, indeliciens fore videbis ethnicorum Israeli·t arum que observât tones censere vitandas. Novum te auctorem feceris Jesu Christi præconiis ostendendo rhetoricis irreprehensibilem sophiam 1. quam 72 73 propemo* du ni adeptus régi temporal! eiusque domesticis atque fidis amicis insinuabis, quibus aspera et incapabilis erit persuasio, cum plerique illorum minime flectantur insinua* tionibus tuis. Quibus vitale commodum sermo Dei instilla* tus, novum hominem sine corruptela perpetuamque animant parit ad Deum istine properantem. Vale, Se-neca rarissime nobis. Data cal. augusti, Leone et Sabino consulibus.

Explicunt epistolæ quatuordecim sancti Pauli apostoli et Senecæ quas ad se mutuo scripserunt 74.

XIII. Sénèque à Paul, salut.

Beaucoup de tes œuvres renferment des allégories et des énigmes1*. Il faudrait donc orner cette force de pen· sée et de génie qui t’est propre, sinon de la (vaine) pa-rure du style, du moins d’une certaine élégance. Ne crains pas ce défaut dont je me souviens t’avoir entendu parler souvent : beaucoup, par cet art affecté, dénaturent la pensée et énervent la force des idées. Daigne du moins, accorde*le־moi, tenir compte du caractère de la langue latine, donner tout son éclat à ton noble langage, pour que le sublime génie qui te fut accordé soit traité par toi comme il le mérite. Porte-toi bien. La veille des nones de juillet, sous le consulat de Léon et de Sabinus 2*.

XIV. Paul à Sénèque, salut.

Tes recherches t’ont révélé des vérités que la divinité fait connaître à bien peu d’hommes. C'est donc avec assurance que je sème dans un champ désormais fertile une semence très féconde, non pas de la matière sujette à corruption, mais le Verbe immuable, émanation d’un Dieu qui croît et demeure éternellement **. Ce que tu as appris par la réflexion, qu’on peut écarter les objections des Juifs et des païens, tu verras que c’est une vérité sans défaillance *♦. Tu deviendras un auteur nouveau, en annonçant Jésus-Christ, en montrant ainsi une sagesse que les rhéteurs ne pourront vaincre. Cette sagesse, où tu touches, tu la glisseras dans l’âme du roi de la terre, de ses serviteurs et de ses fidèles amis **. Il te sera dur et difficile de les convaincre, et la plupart ne se montreront pas du tout dociles à tes conseils. Mais la parole de Dieu, pénétrant en eux comme un excellent élément de vie, engendrera dans leur cœur le nouvel homme, sans tache, et cette vie éternelle, qui, d’ici-bas, tend vers Dieu. Porte-toi bien, Sénèque, mon très cher ami. Le 1er août, sous le consulat de Léon et de Sabinus.70 71

Fin de la correspondance du saint apôtre Paul et de Sénèque.

 

TABLE ALPHABÉTIQUE!

DES MATIÈRES ET DES NOMS PROPRES

Achmim, 15, 16.

Actes d'André, 33, 46, 48, 50, 56, 61.

Actes de Jean, 33, 48, 50, 61, 64, 68, 132, 187.

Actes de Paul, passim.

Actes de Pierre, 39,48, 50, 53, 56, 61, 68, 100, 132, 186, 187, 343.

Actes de Thomas, 48, 56, 186.

Adamantius, 317.

Adoptianisme, 75, 263, 265.

Agabus, 276.

Agapes, 85, 195.

Agapius, 46, 68.

Agathonice, 199.

Agnès, 54.

Agrippa, 38, 39.

Alexandre (le Grand), 343,364 sq.

Alexandre (l’hérétique), 41, 121, 147.

Alexandre (le Syrien), 2, 5, 6, 103, 125, 197 sq., 236.

Alexandrins (Épitre aux), 327 sq.

Ambroise (S.), 40, 319, 345.

Ambrosiaster, 41.

Anastase le Sinaïte, 60.'

Ancharès, 2, 143.

Antioche de Pisidie, 2, 5, 102, 104, 112, 114, 125, 143 sq., 146, 191, 196 sq., 223, 229.

Antioche de Syrie, 103, 104, 106, 114, 143 sq., 229.

Antoine, 125.

Aphraates, 34.

Apocalypse de Jean, 31.

Apocalypse de Paul, 60.

Apocalypse de Pierre, 31, 33.

Apollophane, 253.

Apostolicité, 82, 249, 254, 257.

Apronianus et Capiton (Consulat de), 363.

Aristote, 66.

Artémille, 8, 25, 102.

Artémis, 231, 234, 235.

Ascèse, 78 sq., 108, 123, 173, 229.

Asie, 8, 12, 29, 97 sq., et passim.

Assemani, 14, 40.

Atbanase (S.), 36, 64.

Athéné, 129.

Athos (Mont-), 13, 21, 278.

Attalia, 114, 115.

Aubertin, 346.

Auguste, 353.

Augustin (S.), 46, 48 sq., 96, 319, 334.

Aumône, 78, 227, 242, 329.

Awker, 19.

Baptême, 83 sq., 155, 157, 211, 213, 225, 307, 313.

Bardenhewer, 21.

Bardesanes, 32, 67.

Barnabé, 115, 244.

Barnabe (Êpttre de), 31, 33, 60, 77, 205.

Barsabas le Juste, 289, 311.

Barsabé, 121.

Basile (S.) de Séleucie, 54, 59, 61, 64, 114, 129.

Basilide, 109.

Berendts, 65, 255.

Berger, 20, 21.

Bithynie, 104.

Bodléienne (Bibliothèque), 12.

Borgia (Bibliothèque), 22, 278.

Bratke, 20, 258, 260.

Brewer, 53.

British Museum, V, 22.

Caligula, 343, 365.

Canajanz, 20.

Carpocrate, 109.

Carpus, 99.־.

Carra de Vaux, 322.

Carrière, 20, 21.

Castor et Pollux, 357.

Cérémonies chrétiennes, 85, 154, 276.

Césarée, 117, 277.

Cestilius, 4. 106, 126, 173, 175.

Cestus, 11, 12, 112, 295 sq.

Christ, passim, li, Ί5.

Christ Juge, 76, 297, 299.

Christ Logos, 28, 72, 261.

Christ Roi, 75, 76, 287 sq Chrysippe, 66.

Chrysos tome (S.), 37 sq.

Chypre, 114.

Cicéron, 357.

Cilicie, 102.

Claude, 125.

Clément (P· ÉpUre de), 80.

Clément (II9 ÉpUre de), 72, 76, 77, 81, 84, 111, 205.

Clément d'Alexandrie, 64 sq., 85, 205.

Cléobius (l'hérétique), 8, 32, 82, 86, 108, 109, 110, 116, 121, 2*7, 249.

Cléobius (le prophète), 89, 117, 276.

Codex Claro mont anus, 16, 31, 60, 67, 94.

Colossiens ( ÉpUre apocryphe aux), 330.

Commode, 353.

Commodien, 53.

Conybeare, 14.

Corinthe, 116, 120, 121,151, 246 sq.

Corinthien» (Correspondance apo-cryphe avec les), passim, 1, 18, 19, 32, 67, 89, 246 sq

Corssen, 18, 95, 191.

Cotys, 125.

Création, 73, 249, 251, 259.

Crescent, 118, 279.

Crispine (Ste), 50.

Cyprien (S.), 51 sq.

Daniel, 24, 25, 128, 211.

Daphné, 103, 143, 191, 197, 232.

Daphnus, 249.

Darius, 343, 365.          '

Démas, 34, 41, 86, 107, 108, 109, 120, 121, 146, 147, 153( 169 sq.

Denys (le tyran), 343, 365. Départ(Scènes de),10,117,276 sq. Derbè, 103, 114, 115, 143.

Diacres, 82.

Didachi, 33, 81, 86, 276, 332.

Didaualie, 31, 32, 249, 271.

Dieu, passim.

Dinocrate, 85.

Dion, 7, 239 sq.

Docétisme, 249, 259, 265.

Droit de baptiser pour les fem-mes, 83.

Droit d’enseigner pour les fem-mes, 83, 223, 225.

Église, 82.

Élis, 10, 32, 37, 254, 271.

Élisée, 9, 254, 271.

Encratisme, 78 sq., 93, 159, 171, 257.

Éphèse, 8, 44, 100,102,106,115, 116, 120, 149, 189, 276, 315.

Éphrem (S.) le Syrien, 20, 34, 248, 251, 253 sq.

Épiphane (S.), 36, 102, 316 sq.

Episcopes, 82.

Espagne (Voyage de saint Paul en), 118, 276, 277.

Esprit-Saint, 9, 26, 72, 111, 257, 259, 283, 355.

Êthérie, 40.

Étienne, 121, 249.

Étienne de Byzance, 103.

Eubule, 8, 25, 102, 249.

Eucharistie, 84, 154, 276, 277.

Eusèbe, 31 sq., 67,110.

Eutychus, 159, 247, 253, 281.

Évangile de Thomae, 320.

Exsupère, 56.

Faustus, 46, 48 sq., 68, 95.

Félicité (S*·), 204.

Festus le Galate, 100, 289.

Ficher, 100.

Filiation divine. 73.

Fleury, 341 sq., 346.

Foi, 76.

Fréculphus, 335.

Friodlinder, 345.

Frugi et Bassus(Consulat de), 365.

Fulda (ma. de), 322.

Galatie, 101, 279.

Gebhardt (▼.), 17, 18, 64, 95, et passim.

Gétws (Décret de), 57, 58, 69.

Génuflexion, 85.

Germain (M.), 327.

Gnosticisme, 80, 86, 93, 108, 173,249, 251.

Goodspeed, 44.

Grabe, 12.

Grèce, 8, 26, 115.

Grégoire (S.) le Grand, 319, 320.

Grégoire l’Illuminateur, 35.

Grégoire (S.) de Nazianze, 36.

Grégoire (S.) de Nysse, 36.

Grégoire de Tours, 59, 130.

Grenfell, 13, 18.

Guidi, 22, 278.

Gundermann, 12, 23.

Gutschmid, 125, 126

Haase, 346.

Harnack, 21, 31, 51, 75, 100, 105, 107, 322.

Hearne, 13.

Hégésippe, 110,121.

Heidelberg (Bibliothèque de), 15.

Hennecke, 21.

ilinoch (Livre d*), 49.

Hermaios, 92, 93, 225, 242.

Hermas, 27, 31, 32, 33, 72, 73, 77, 81, 84, 86, 205, 213.

Hermippe, 7, 52, 239 sq.

Hermogène, 3, 4, 41, 86, 107, 108, 109, 120, 121, 146, 147, 153, 169 sq.

Hervé de Bourg-Déols, 330.

Hiérarchie, 82.

Hilgenfeld, 66.

Hippolyte (S.) de Rome, 24,25, 27,30, 44, 65,67,96,104,105.

Hübschmann, 20.

Hunt, 13,18.

Hutter, 322.

Hymennus, 41,121.

Hystaspe, 65. *

Iconium, 2, 3, 5, 7, 89,102,103, 114, 120,143, 145, 146, 147, 149,165 sq.

Ignace (S.), 81, 277.

Incarnation, 74 sq., 179.

Innocent Ier, 56.

Irénée (S.), 85, 109, 187, 205.

Isaurie, 102.

Isidore de Péluse, 54.

Jean (S.), 26, 44, 45, 71.

Jean-Baptiste (S.), 37.

Jean Damascene (S.), 59, 315.

Jean de Salisbury, 66.

Jean de Thessalonique, 61.

Jérôme (S.), 43 sq., 53, 91, 100, 319, 332 sq., 345.

Jérôme (gouverneur d’Éphèse), 8, 25, 26, 69, 106.

Jérusalem, 8, 26, 115, 116, 118, 245, 276, 277.

Jésus, 75, 255.

Jésus roi des siècles, 10,73.

Jeûne, 78, 189, 276, 277, 329.

Jonas.. 9, 254, 269, 271.

Joséphe, 346. 352.

Judaïsme, 245.

Jugement des Ames, 81, 329.

Jülicher, 31.

Justification, 77, 245, 265, 273.

Justin (S.), 205.

Kreyher, 341 sq.

Krüger, 44.

Krumbacher, 21.

La Croze, 19, 89.

Lactance, 66, 205, 335, 357·

Laodicéma (Épître aux), 20, 315 sq.

Laon (ms. de), 20, 248.

Lazare, 26.

Lectra, 7, 79, 120, 147.   ״

Leland, 13.

Léon (S.) le Grand, 57.

Léon et Sabinus (Consulat de), 367.

Lightfoot, 321.

Lin (S.), 23.

Lipsius, 2, 12, 13, 14, 17, 19, 22, 23, 38, 69, 91, 92, 94, 187, 191, 281 sq., 336, et passim.

Livie, 353.

Longinus, 246.

Longus, 11, 12, 112, 295 sq

Luc, 10, 11, 12, 26, 118, 279, 305, 312, 313.

Lucius Charinus, 64.

Lycaonie, 102.

Lydie, 117

Lystra, 114, 115, 143 sq., 244.

Lystra (Route de), 3,103,143 sq., 151.

Mabillon, 327.

Macaire de Magnésie, 53 sq.

Macarismes, 154 sq.

Macédoine, 8, 26, 115, 120, 151.

Mai, 317.

Mairagonésiens, 35.       *

Manichéens, 56, 63, 68, 320.

Marc-Aurèle, 107.

Marcellus, 101.

Marcia, 353.

Marcion, 109, 316 sq., 331.

Marcionites, 317 sq.

Marie, 9, 74, 75, 148, 254, 259, 263.

Marie-Madeleine, 311.

Martin (S.), 54.

Martin de Bracara, 340 sq.

Martyre de Paul, passim, 278 sq.

Mau, 12, 13.

Maxime de Turin, 54.

Mesrop, 35.

Messala, 361.

Méthode, 33.

Milan (ms. de), 20, 248, 343, 346.

Milet, 26, 116, 117.

Mines (Épisode des), 8, 245 sq.

Miracle, 82 sq., 238.

Mirjam, 46.

Modalisme, 73.

Montanisme, 111 sq.

Moscou (ms. de), 22.

Münich (mss de), 23, 278.

Muratori (Fragment de), 27, 316, 327, 330, 331, 332.

Myre, 2, 7, 52, 89, 93, 114, 115, 193, 223, 229, 238 sq.

Myrtè, 10, 82, 90, 112, 117, 277.

Nationale (Bibliothèque), 12, 13, 16.

Nau, 22, 278.

Néron, 10, 11, 37, 38, 106, 112, 119,126, 281 sq., 333, 342 sq., 350, 353, 356 sq., 359, 361, 364, 369.

Nicée (II* concile de), 320.

Nicephore (Catalogue de), 16, 60, 94, 106.

Nicéphore Calliste, 8, 25, 44, 115, 189, 276.

Nicétas le Paphlagonien, 59.

Novation, 205.

Nympha, 240 sq.

Onésiphore, 2, 3, 4, 5, 7, 52, 79, 92, 103, 120, 122, 143 sq., 147, 149 sq., 227, 232.

Origène, 25, 27, 28, 65, 67, 96, 187, 205, 261.

Paganisme, 244.

Palestine, 110.

Papylus, 199.

Parthénius, 303, 304 sq.

Patmos (ms. de), 21, 278.

Patrocle, 10, 12, 39, 99, 119, 126,127, 281 sq., 311.

Paul (S.), 2, 3, 4, 5, paeeim.

Paul (Portrait de S.), 122, 150, 153.

Pauliciens, 317.

Pénitence, 84.

Pergè, 7, 115, 243.

Perpétue (S*®), 85, 204.

Persécutions, 107.

Peschitto, 35.

Phalconille, 5, 85, 126, 203 sq.

Phérétas, 303, 304.

Phila, 2, 143.

Philastre de Brescia, 44, 50, 57, 68, 318.

Philétus, 41,121.

Philippi, 8, 116, 117, 246 sq.

Philon, 340.

Phirmille, 246.

Photius, 46 8q., 61 sq., 63.

Phrontine, 8, 245 sq.

Phrygie, 102.

Phygélus, 41, 121, 147.

Pierre (S.), 22, 245, 339.

Pierre (Prédication de), 65.

Pilate, 185.

Pisidie, 102, 110.

Plautille, 22, 130, 303, 304 sq.

Pline, 106, 110, 297, 361.

Polémon, 125.

Polycarpe (S.), 81, 101, 107, 110, 111.

Pont, 100, 101.

Poppée, 352 sq., 358 sq.

Porphyre, 54.

Presbytres, 82.

Prêtre d’Asie, 29,30,43,97,112.

124.

Prière, 78, 85, 154, 161, 193.

285, 307.

Priscillianistes, 56, 63, 68.

Prophètes, 9, 74, 249, 251, 254

261, 273.

Pseudo-Augustin, 59, 130.

Pseudo-Chrysostome, 55,91,1

Pseudo*Cyprien, 65 sq.

Pseudo-Linus, 22, 23, 278, 304, 336, 339, 342, 343, 344.

Pseudo-Marcellus, 68, 343, 353.

Ramsay, 94, 128.

Redemption, 73 sq., 177, 254, 259.

Reinhardt, 15.

Resurrection des corps, 80 sq., 108,171, 249, 251, 254 sq., 303.

Resurrection des pécheurs, 81, 267.

Rinck, 19.

Rolffs, 21, 102, 128.

Rome, 10, 90, 118, 120, 129, 149,

151, 231, 232, 277, 279 sq.

Rufin, 27.

Sacramentarium el Lectionarium Bobbienae, 327.

Sahidique (Dialecte), 16.

Salut, 76, et pdasim.

Salut des païens après leur mort, 85, 204 sq.

Schlau, 14, 92, 143.

Schmidt (C.), 1, 15, 18, 20, 21, et paasim.

Seigneur, paaaim, 75.

Séleucie, 3, 7, 102, 114, 129, 229, 233.

Sénèque, 22, 130, 281, 332 sq.

fdnèque (Correspondance entre saint Paul et), 332 sq., ·t paaaim.

Sibylle, 65.

Sidon, 7, 70, 115, 243 sq., 277.

Signe de la croix, 85, 232.

Silas, 254.

Siméon Métaphraste, 60, 114.

Simias, 120, 147.

Simon, 8, 86, 108, 109, 110, 116, 121, 247, 249.

Smyrne, 101.

SokolofT, 22.

Sort des âmes après la mort, 81.

Stilting, 91.

Stratonice, 117, 253.

Strasbourg (ms. de), 346.

Suétone, 365.

Sulpice Sévère, 54.

Suzanne, 54.

Syrie, 102,110,114.

Tacite, 295, 343, 353, 365.

Tatien, 319.

Tertullien, 29, 30, 43, 44, 45, 67, 91, 96 sq., 100, 104 sq., 205, 242, 297, 316 sq., 335.

Thamyris, 2, 3, 4, 7, 55, 107, 159 sq., 236.

Thècle (Ste), 2, 3, 5, 6, 7,12, 26, 29, et passim.

Théoclie, 2, 3, 159 sq.

Théodès, 244.

Théodore Khertenavor, 35 / Théodore de Mopsueste, 40, 318.

Théodoret, 318.

Théon, 186.

Théonoé, 9, 32, 89, 112, 251.

Théophanies, 186 sq.

Théophile, 121, 355.

Théophile (de Corinthe), 121,249.

Thessalonique, 121.

Thilo, 12.

Threptus, 247, 253.

Timothée, 355.

Tischendorf, 12, 14.

Tite, 3, 10, 11, 12, 118,120,122, 151, 279, 305, 312, 313.

Toulouse (Bibliothèque de), 17. Trajan, 107, 173, 204.

Trinité, 72.

Troas, 26, 116, 281.

Tryphaine, 2, 5, 6, 93, 100, 106! 121, 125, 199, 201 sq., 215.

Turribius d’Astorga, 53, 57.

Tyr, 8, 70, 115, 117, 245.

Unité de Dieu, 71.

Urion, 100, 289.

Ussher, 19.

Valentin, 109.

Valère-Maxime, 357.

Vaticane (Bibliothèque), 12, 13.

Vatiénus, 357.

Vetter, 2, 19, 20, 35, 252 sq.

Victor de Gapoue, 319.

Virgile, 343.

Westerburg, 341 sq., 346.

Whiston, 19.

Wilkins, 19.

Wright. 14.

Xanthippe et Polyxène (Actes de), 131.

Zahn, 16, 20; 21, 29, 31, 64, 66, 89, 99, 122, 271, 319, 320, 322, 327 sq., 340, 341.

Zenon (prêtre de Corinthe), 249.

Zénon (fils d’Onésiphore), 120, 149.

Zénon de Vérone, 42.

Zohrab, 19.

Pour finclse.

2

Corpu» de Vienne, t. xlvh, p. 614 et 632.

3

V. Zahn, Geschichte des N, T. Kanons, 1.11, p. 576 sq.

4

Saint Paul’s epiitlei to the Colottiane and to Philemon, 2e édit·, Londres, 1876, p. 291 ·q.

Acta Pauli. — 21

5

Geachichle d. allch. Lit., t. 1, p. 36 sq.

6

Zahn, loc. cil., p. 584 sq.

7

Revu» biblique, 1896, t. v, p. 221-226.

4· C'est-à-dire qu'il n’a pas été choisi par les hommes et qu’au* cun d’entre eux n’a servi d’intermédiaire pour l'élire.

8

Phil., », 13.

9

Π Tim., n, 12.

10

Col., !, 24.

11

Phil., 1, 19, 20.

12

ό. Phil., i, 21.

13

Phil., 11, 2.

14

Phil., 11, 12.

15

Qui sunt ex me, ceux qui sont nés spirituellement de moi·

16

Sive per vitam, sive per mortem, soit en y employant toutes les forces de ma vie, soit en risquant la mort·

17

Phil., ii, 13.

18

Phil., 11. 14.

19

Phil., in, 1. Ce texte permet de reconstituer reliquum après e״I, que donnent seul la plupart des mss, et qui ne signifie rien.

20

I Tim., ni, 8.

21

Phil., !v. 6.

22

I Cor., xv, 58.

23

Phil., !v. 8.

24

Phil., iv, 9.

25

Quand vous agissez ainsi par crainte de Dieu.

26

In ttmu Chriiti, comme le Christ le vent.

27

Phil., 1v, 22.

28

Phil., iv, 23.

29

Colos., iv, 16.

30

ft. C’est-à-dire la doctrine enseignée par Paul.

31

Expression courante dans saint Paul pour > les fidèles ■·

32

Ce dernier verset prouve bien que la lettre a été composée d'après Col., iv, 16; il n’est que la reproduction do la recommandation qui ·*y trouve, en sens inverse.

33

vin, 9, mais celui de Gen., ni, 16 (Vulgate), etc.

34

Geechichle dit N. T. Kanons, t. 11, p. 587 sq.

35

Ce mot, a remarqué Zahn, a dû être ajouté, comme dans beau· coup de leçons du sacramentaire, en tête du texte primitif; mais il peut être tout aussi ancien que le cortMimi jratres du F. 7.

36

Pour Aoàenl. — Cf., ainsi que pour ce qui suit, Joan., 111,38; et aussi Joan., v, 24; Rom., vi, 22; I Joan., 11, 17, etc.

37

C’est-à-dire : « nous qui sommes le« sujets du Seigneur, » comme 1 *indiquent les mots qui suivent. L’expression n’a pas le sens de Matt.,

38

P. L., t. clxxxi, col. 1355.

39

P. L., t. XXXI!ς col. C59.

40

P. L., t. cvi. coL 113S.

41

Gtschichte d. neut. Kan., 1.11, p. 616 sq·

42

Saint Paul et Sénèque, t. 11, p. 259.

43

L. Annmu Seneca u. seine Bez...,p· 181·

44

Loc, cit., p. 617 note.

45

Der Unprung der Sage..., p. 13 sq.

46

Hütoriiche ZtitechrifL, 1900, t. lxxxv, p. 193 sq.

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1 *. Réponse directe au non pittas neglectum de la lettre précédente.

2*. Audio; il faudrait sans doute le traduire simplement : « je lis». Ainsi, Paul, qui sera navré, dans la lettre vm, de la lecture de ses épitres devant ]*empereur, ne dit pas un mot de la proposition de Sé״ nèque; il ne répond qu’à cette idée très secondaire de la lettre précé-dente, qu’ils pourront conférer ensemble, en se déclarant heureux de l’intimité possible de relations futures.

3*. Cette phrase est bien vague : invicem nos et de proximo videbi· mus ; cependant, elle ne peut, semble-t-il, signifier simplement : « nous nous verrons face à face et de tout près; » ce serait une con״ statation par trop évidente.

4*. Cette lettre ne répond pas directement à la précédente. Cepen-dant, il y a quelque relation entre le désir que Paul éprouve de voir Sénèque, et le regret qu’exprime celui-ci de ce que l’anôtre reste à

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qui obtint de Néron, pour les Juifs, le pardon d’une révolte contre Festus, et l’historien ajoute : Οιοσιΰτ,ς l'άρ τ,ν, elle craignait Dieu, ce qui est une expression courante pour désigner les prosélytes. Que ce fait corresponde ou non à la vérité historique, nous n’avons pas à nous en occuper; il nous suffit de constater que la tradition existait. Notons aussi que Tacite dit, en rapportant !*ensevelissement de Pop-p<e, Ann., xvi, 6 : « Le corps de Poppée ne fut point consumé par le feu, suivant l’usage romain; il fut embaumé à la manière des rois étrangers et porté dans le tombeau des Jules; » c’est bien une coutume juive. — Dans la lettre vi, un espoir de conversion s’affirme; et, dans la lettre vm, il semble que la domina est vraiment convertie. Or, jamais Poppée ne l’a été. C’est vrai; mais il faut bien se dire que dans la tradition tous les souvenirs se sont mêlés; avec celui de Poppée s’est confondu sans doute celui de Marcia, cette maîtresse de Commode qui fut probablement chrétienne; et l’on croyait qu’une impératrice, peu importe laquelle d’ailleurs, s’était convertie. C’est ainsi que le pseudo-Marcellus parle de Livie, femme de Néron, alors que Livie fut en réalité la femme d’Auguste.

Acta Pauli. — 23

1*. Voilà chez l’auteur une pensée bien recherchée, pour exprï-mer sans doute que Paul ne peut, par prudence, confier ses secrets à l’écriture. Cette lettre répond à la précédente en ce sens que Paul no veut pas s’expliquer nettement sur les causes de son isolement; d’ailleurs, ajoute-t-il, vous-mêmes et d’autres vous me comprenez. C’est admettre que vraiment il redoute l’impératrice. La suite le dé-montre : restons respectueux, dit-il; envers qui serait-ce, si ce n’est envers la domina, toujours prête à s'emporter contre lui? Par patience il espère l'emporter omni modo, ex quaque parte. Ces dernières exprès-·'ont prouvent même qu’il espère, non pas seulement la faire revenir

à de meilleurs sentiments et se concilier sa bienveillance, mais même, sans doute, la convertir.

2*. Qu’est-ce que ce Théophile? Le nom en est pris à Luc, 1,3; Act., 1,1. Peut-être le texte primitif portait-il ׳< Timothée », si Ton en juge par la 111· épitre citée (v. la note suivante) ; ccr II Cor., 1,1, dit : 1I»> >0;... *al Τιμόθιο;···; de même aussi I These., 1, 1.

3*. Il s’agit sans doute de II Cor., puisque cette épitre est mention* née après une épitre aux Corinthiens. Dans II Cor., 1, I, Paul et Timo-thée saluent « l'Église de Dieu qui est à Corinthe, avec tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe. ״ Kreyher, toc. cil., p. 181, pense aux lettres aux Thessaloniciens, où (I These., 1, 7) ceux-ci sont appelés« les modèles de tous les croyants en Macédoine et en Achaïe, » où« ils ont répandu la parole du Seigneur. » C’est moins probable.

4*. Sénèque loue donc de nouveau Paul, mais il reconnaît ici ex* plicitement l’inspiration du Saint-Esprit, à laquelle il n’avait fait, dans la lettre 1 (non pute ex U didos, red per te...), qu’une allusion obscure. Cependant, il exprime le regret que l’art littéraire ne vienne pas donner à de si admirables pensées la forme qui leur convient. D’ailleurs Néron lui-même a été frappé de cette hauteur d'esprit dans un homme inculte; et Sénèque a dû lui expliquer ce contraste, non par une idée chrétienne, mais en empruntant la langue des païens pour se faire comprendre.

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*. Prodige raconté par Cicéron, De nalura dtorum, 11,2; m, 5 ;Valero Maxime, 1, 8, 1, et Laçtance, Div. inet., 11, 8. Les Dioscures seraient apparus à Vatiénus (ou Vatinius) pour lui annoncer, à lui le premier, la défaite de Persée; c’est sans doute à Lactance que l’auteur de la correspondance emprunte le récit. Il semble ignorer si profondément Sénèque qu’il est peu probable qu'il ait connu les œuvres de Cicéron, À plus forte raison celles de Valero Maxime·

2*. C’est ainsi que jo traduis si quando deficiet, qui est très vague ; ce serait une allusion à l’inimitié possible, aux changements d’hu-meur de Néron; elle préparerait cette lettre xu, qui nous apprend que la persécution a éclaté. La conversion do la domina a été annon> cée par une allusion de ce genre·

1*. L’auteur ne peut évidemment prêter à Paul cette pensée qu'il ne faut pas chercher à convertir ceux qui professent une autre religion; non; ici, il s'agit d’un cas tout particulier, celui de l’empereur; il est dangereux d'appeler son attention sur le christianisme; car ce peut être aussi déchaîner sa colère contre lui.

2*. Westerburg et Kreyher ont essayé d’expliquer ce charabia; pour mon compte, j'avoue n’y pas voir grand’chose. Il semble bien que la première partie de la phrase suppose une conversion, encore toute récente, puisque Paul n'ose affirmer avec certitude la persévé-rance; mais alors que signifie 1' < offense », si l’auteur suppose Poppée convertie? Comment peut-on la blesser en faisant connaître à Néron la nouvelle religion? W. et Kr. répondent : < Parce qu’elle connaît l’homme, et ses sautes brusques d'humeur, et qu’elle a peur pour le christianisme et pour elle-même. » Cette crainte de Poppée en faveur du christianisme ne peut ni nuire à celui-ci, si elle persévère, ni être utile, dans le cas contraire (c’est trop évident I). On attendrait plutôt : cujus quidem offensa neque proderit, si perseveraverit, et, si non ait, obe-rù; cette offense ne nous sera pas utile, si elle persévère, et, si elle no persévère pas (si cela n’est pas), nous nuira. Comme reine, c’est-à-dire ayant vraiment de l’autorité, Poppée ne saurait trouver mauvais qu’on cherche à convertir le chef de l’empire, et par suite qu’on introduise le christianisme dans l'État, pour qui il peut être excellent; mais, comme femme, elle connaît l’homme qui dirige cet État, et sait tout ce qu’on peut craindre (?).

2*. La réponse de Sénèque semble confirmer l’explication que nous avons donnée de la fin de la lettre précédente ; Paul, en même temps que Poppée, craint le caractère même de Néron, si porté, comme celui de tous les hommes d’ailleurs, à l’erreur et au mal. Le philosophe lui-même connaît ces tendances perverses de la nature humaine. Aussi s’excuse-t-il très nettement et très simplement.

1*. Évidemment un manuel de style, à l’aide duquel Paul pourra ·’exercer à cette élégance dont Sénèque (lett. vu) regrette chez lui l’ab· sence. L’ouvrage n’est pas de Sénèque lui-même; et, plus tard, on a eu tort d’interpréter ce passage comme s’il y avait meum lihrum; cf. p. 340·

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2*. Cette lettre 11e se rattache en rien à la précédente ; elle est tout à fait inattendue. Les scrupules de Paul nous paraissent bien exagérés dans la circonstance; l’expression même en est forcée.

3*. C’est là un anachronisme. Dès le 111e siècle, il est vrai, l’usage prévaut de mettre le premier le nom du personnage le plus élevé en dignité; mais au 1er siècle, c’est le nom de celui qui écrivait qui se pla· çait le premier : ainsi, Pline écrivant à Trajan.

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4*. Pour la première fois, nous rencontrons une date: ce consulat de Néron (non le 4e, mais le 3e) et de Messala est de l’année 58. Inutile d’ailleurs d’attacher à cette date une importance quelconque.

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5*. Cette lettre est placée dans les mes après la xu*. Mais elle ré-pond directement à la précédente et doit donc prendre rang immédia· temont après elle.

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romain, et à ce premier titre mérite les mêmes honneurs que Sénèque; mais de plus, il est très grand par le cœur et l'intelligence, et, à ce second titre, Sénèque voudrait bien l’égaler; c’est, je crois, le sens de la dernière phrase.

2*. Année 59.

3*. Cette lettre a été placée dan· les n.ss après la xe, ce qui n’est pas nature), nous l’avons vu. Mais elle ne peut être non plus rangée après le recueil, parce que la dernière lettre semble bien une lettre d’adieu; qu’elle reste donc ici ! Voir dans l'Introduction ce que nous avons dit de son caractère particulier, p. 342 sq.

4*. La lettre est destinée à marquer la douleur de Sénèque pour «es poursuites injustes dont les chrétiens ont été l’objet après l’incen-die de Rome. Il ne doute pas de leur innocence, regrette les préjugés du peuple, exhorte à la résignation, en citant l’exemple d’autres ty-ran·, enfin s’élève violemment contre Néron, l’auteur de ces crimes, à qui il souhaite la peine qu’il mérite.

5*. Utamw foro, expression populaire pour signifier « se contenter dee circonstances >.

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Presque tous les mss : altiasimorum omnium montium cacu-men, ce qui est une métaphore bien exagérée et pas du tout adaptée au sujet. La correction est de Westerburg, appuyé sur A : altissimorum omnium gentium cacumen (mais il met mo au-dessus de genj.

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Mot omis par les mss; exigé par le sens.

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M met mugis au-dessus de quam, mais barre quani ludere.

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1 *. Sénèque répond à la modestie exagérée de Paul en lui déclarant qu’il serait heureux de lui être si bien uni par l’amitié qu’il ne ferait plus qu’un avec lui. Ce serait en effet s’élever lui-même; car Paul est le plus grand de tous les hommes. D’ailleurs, celui-ci est citoyen

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Encore un passage souvent altéré. *V : et post Darium et Dionysium, mais il met quoque à la marge, et la seconde main de Λ/. qui a transcrit de nouveau la lettre xn à la fin du recueil (m), écrit la leçon adoptée.

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.V, A : tam. qui ne signifie rien.

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Leçon de 3/ et de m, qui écrit afjiti. — .4 : suppli cio afjecli. Fieri solei. Je ne sais pourquoi les éditeurs veulent changer la leçon de .V, m.

1*. Alexandre. Caïus César désigne Caligula.

2·. Tacite commence le récit de )’incendie par ces mots (.4nn., xv, 38) : ...omnibus quie huic urbi per violent iam ignium acciderunt gravior atque atrocior... le plus grand et le plus horrible désastre que Rome eût jamais éprouvé de la violence des flammes.

3*. L’auteur veut faire dire évidemment à Sénèque que c’est Néron qui fit allumer l’incendie; les invectives de la suite le prouvent bien« Tacite, ibid., se contente de dire : forte an dolo principis incertum, par hasard, ou par un coup secret du prince, on ne sait.

4*. Tacite aussi raconte qu’ils furent offerts en victimes expiatoires à la terreur du peuple, et à sa fureur croissante, à mesure que le bruit se répandait de la culpabilité de Néron (.tnn., xv, 44) ; mais il ne parle que des chrétiens; il est vrai que ceux-ci lui paraissent des Juifs d'une secte particulière, et qu’il confond chrétien» et Juifs, comme il arriva souvent au 1er siècle.

5*. 11 est curieux que ces expressions soient empruntées à Virgile,

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t. M : evertera, ce qui conduit plutôt à evertere. D’autres mss portent eviscerare.

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Leçon de M. Les éditeurs ont supprimé ut id.

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A : /ortissimum. — M : fertissimum.

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A. M : videbit.— A : débet. Le texte conjecturé par Wester burg.

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1*. Cette lettre n’a aucun lien avec la précédente, ni même avec la x1e. C’est à la 1xe, ou mieux à la v!1e, qu’elle se rattache. Sénèque

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revient sur l’idée exprimée déjà dans cette dernière : à de si nobles

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pensées, conviendrait un style au moins correct. Celui de Paul lui parait souvent obscur; il ne lui demande pas de chercher de vains

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ornements, mais du moins de ne pas manquer aux règles de la langue.

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2*. Date fantaisiste. Ce consulat n’a pas existé.

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3*. La conversion de Sénèque est accomplie, et Paul l’en félicite, en lu*, donnant encore quelques conseils inspirés par Dieu. Il semble que l'auteur ait réservé pour cette dernière lettre le plus de théologie (si peu! mais il n’y en a pas du tout ailleurs), comme pour un initié.

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ne reste plus au philosophe, après avoir été instruit lui*mème, qu’à instruire les autres, et Paul lui recommande de prêcher cette science qui est la vraie, et dont on n’a pas à craindre les défaillances A la cour de Néron et à l’empereur lui-même. Il rencontrera, il est vrai, des difficultés; les cœurs se montreront rebelles A la persuasion; mais enfin, il pourra entraîner des Ames et les conduire A la vio éter-nolle.

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Les mss : sophistam, qui ne peut s’accepter avec le guans qui suit.

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A/ : quæ■, impossible.

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1*. Cette pensée ne te rattache guère à ce qui précède; mais, quel que soit le sens que Ton donne à la phrase, il est aussi étranger que celui-ci aux autres pensées exprimées. J’ai donc tenu compte avant tout de la construction grammaticale, et pris vilandat dans le sens de · évitables ».

2*. Après la lettre xn, où Sénèque fut si violent envers Néron, après la persécution déchaînée par celui-ci, on ne comprend guère que Paul puisse espérer sa conversion, et recommande au philosophe de la tenter. Il est vrai que cette espérance ne va pas sans la vue des difficultés λ vaincre; cependant la/contradiction subsiste et ne pourrait se résoudre que par cette constataf 19^ qu’un apôtre ne doit jamais désespérer du salut fie n’importe qutfA Ame.

I: b' il