DEUXIÈME PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Or, voici que nous allons dire également le nom du père de Hunahpu et de Xbalanqué. Mais nous jetterons mi voile mystérieux sur leur origine, nous couvrirons du mystère la relation et l’histoire de la naissance de Hun-ahpu et de Xbalanqué; nous n’en dirons que la moitié et seulement une partie de la relation de leur père.

Voici donc son histoire. Leur nom à chacun est Ahpu (Tireur de Sarbacane), comme on les appelle’, et leurs pires sont Xpiyacoc et Xmucané (1). Par eux dans la nuit furent engendrés Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu, par Xpiyacoc et par Xmucané (2).

(1) C’est-à-dire que les pères de Hunahpu et de Xbalanqué étaient les tils de Xpiyacoc et de Xmucané. .

(2) Chi agab, dans la nuit, c’est-à-dire avant la marche de leur soleil (de leur calendrier, de leurs institutions).   —   Vukub-Hun-Ahpu, sept-un-tireur de sarbacane, peut-être chacun des sept.

Or, ces Hunhun-Ahpu étaient deux; ils avaient engendré deux fils légitimes (3),et le nom du premier-né (était) Hunbatz, et Hunchouen le nom du second (4).

(3) ici Hunhun-Ahpu cesse d’être le nom d’un seul; il s’agit des deux, puisqu’il y a x-e alcualah, ils engendrèrent légitimement. Ce verbe fait sans doute allusion à la différence des races ; Hun-Batz et Hun-Chouen représentent la race pure, née de femmes étrangères comme eux, tandis que les deux suivants dont nous parlerons tout à l’heure, sont des métis, nés de femmes du pays.

Quant au célibat du Vukub-Hun-ahpu dont il est parlé plus bas, faisait-il allusion à la continence instituée par Quetzalcohuatl ?

(4) Hun-Batz, qui peut se traduire par un fil ou un singe; batz signifie également le fil ou le coton filé et le singe de la grande espèce, peut-être à cause des grimaces qu’il fait avec ses pattes et qui lui donnent l’air d’un fileur. Batz est le onzième signe ou jour dans les calendriers des Tzen-dales, des Quichés et des Cakchiqucls.  —  Hunchouen, un qui s’embellit, onzième signe du calenarier maya(viiie}.

Mais le nom de leur mère était celui-ci, Xbakiyalo (5); ainsi s’appelait l’épouse de Hunhun-Ahpu. Quant à Vukub-Hunahpu, il n’avait point de femme, car (il était) célibataire.

 

Xa-pu u cab xa qahol u qoheic e nimak abnaoh, nim puch qu’etamabal; e nicvachinel varal chuvach uleuh, xautz qui qoheic, qui yaqueic puch.

X-qui qutu nauiquil chi qui vach ri Hunbatz, Hun-chouen, u qahol Hunhun-Ahpu ; e ahzu, e abbix, e ahpub, ahlzibenai pu, ahqot, e ahxit, e ahpuvak, x-e uxic ri Hunbatz, Hunchouen.

Are curi Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu, xa zak, xa chaah chi qui bano hutagih, xa e cacab chi qui culelaah quib e cahib chi conohel ta que cuchmaihic pa hom.

Ch’ul eu ri Voc ilol que, u zamahel Hurakan, Chipi-Cakulha, Raxa-Cakulha : are curi Voc mavi nah varal chuvach uleuh, mavi nah chi Xibalba, chire libahehi ch’opon chic chicah ruq Hurakan.

 

Seulement (par) leur nature ces deux fils étaient de très-grands sages et grande était leur science; ils étaient devins ici sur la terre, et leur vie comme leurs coutumes (1) étaient tout à fait bonnes.

On leur montra l’ensemble de la science à la face de Hunbatz et de Hunchouen, les fils de Hunhun-Ahpu ; joueurs de flûte, chanteurs, tireurs de sarbacane, peintres (2), sculpteurs, joailliers, orfèvres, Hunbatz et Hunchouen devinrent (habiles en tout).

(2) Ahtzibenai, mot composé de la préposition ou particule possessive ah, et de tzibenai, participe présent peu usité de tzibah, peindre ou écrire, dont le radical est tzïb, l’écrire ou l’écriture. Ah-tzïbenai est donc plus que peintre ou écrivain simplement, qui se dit Ahtzib; il signifierait plutôt ici chef des peintres.

Or Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu (s’occupaient) chaque jour uniquement à jouer aux dés et à la balle (3), et, tous les deux jours, ils s’exerçaient tous les quatre et se réunissaient en grand nombre dans la salle du jeu de paume (4).

Et pour les voir venait le Voc (5), messager de Hurakan, de l'Eclair qui sillonne le nuage et de la Foudre qui frappe : or ce Voc ne (restait) pas bien loin d’ici de la terre; ni bien loin de Xibalba (6), car en un moment il se transportait au ciel auprès de Hurakan.

(6) Xibalba, nom d’un empire puis-sant, antérieur aux premières invasions dites toltèques, remontait pro-bablement à plusieurs siècles avant l'ère chrétienne. Toute cette deu-xième partie du Livre sacré des Qui chès cache sous des voiles plus ou moins symboliques la lutte ouverte contre l’empire de Xibalba par une nation ou une dynastie étrangère, dont la civilisàtion était essentiellement toltèque. L’étymologie du mot Xi-balba est fort difficile à découvrir : j’en dirai tout ce qui pourra aider ier lecteur dans ses investigations, sans me décider pour rien. Xibal est le nom que la femme quichée donne à son frère aîné. U Xibal huyub, le fantôme de la montagne. Xibalba, en quiché, et Xibalbay, en cakchiquel, fut pris par tous les missionnaires dans le sens d’enfer, de lieu des morts, comme le fut le mot mexicain Mictlan, nom propre de plusieurs villes où d’ordinaire régnait un souverain pontife: tel le Mictlan ou Yopaa des Zapotèques, à huit lieues environ d’Oaxaca, dont les ma-gnifîques ruines existent encore, et le Mictlan, célèbre par le culte antique de Quetzalcohuatl, à peu de distance du lac Guixa, à l’ouest de Guatemala, aux frontières de San-Salvador, aujourd’hui Mita. Dans l'Yucatan encore aujourd’hui, Xibalba exprime l’idée d’un fantôme effrayant. Dans la langue des Marnes, population plus ancienne que les Quichés qui les conquirent, Xibil signifie une foule de mots qui sont les mêmes qu’en quiché, sauf que ceux qui dans le quiché commencent en x, commencent avec ch dans le mam, et vice versa; le U également remplace souvent le ch ou le x, de l’un à l’autre : c’est une des grandes différences entre le quiché et le mam. Ne serait-il pas possible que au lieu de Xibal-ba, il y eût autrefois tzibal-'ba, c’est-à-dire taupe-peinte. Une des catégories des initiés aux mystères antiques s’appelait des taupes, tuzan, en mexicain, et l’on sait que certaines populations entre Palenqué et l'Yucatan avaient l’habitude de se peindre et non de se tatouer. Ce sont des populations de ce genre, les Ixcuinamés, ou femmes aux visages peints ou masqués, qui s’introduisirent en 1058 dans la ville de Tollan et contribuèrent par leurs désordres et leur audace à la ruine de l’empire toltèque.

 

X-e yalnh varal chuvach uleuh ; x-caminak ca eut qui chuchri Hunbatz, Hunchouen.

Are eut u beel Xibalba x-e chaah-vi, ta x-qui ta eut Hun-Came, Vukub-Came, fahaual Xibalba.

Nakipa ri ca banchuvach uleuh? xa quenicnotic, xa pu que huminic? Que be-ta tak-oc varal tah^ que ul chaah vi,que ka chak-tacut. Xa ma-habika nimaxic cumal, ma-habi qui nim, ma-pu-habi qui xob k’uxic, xax que hi-giculocpa ka vi, x-e cha-cut conoh Xibalba.

Ta x-qui qam qui naoh conohel : ri qui bi Hun-Came, Vukub-Came, e nimak gatoltzih. Are curi ahauab ronohel yaol u patan r’ahauarem puch huhun chi ahauab rumal Hun-Came, Vukub-Came.

Are curi Xiqiripat, Cuchumaquiq, u bi ahau ; are eut qui patan ri quiq ch’u yabih vinak. Are chi curi Ahal· puh, Ahalgana chic, qui ahauab.

Are eut c’ahauarem ri chi zipohic vinak, chi pe puh r’akan, chi pe gana chirih u vach Chuganal ch’u chaxic, qatecut r’ahauarem Ahalpuh, Ahalgana vi.

Are chi curi ahau Chamiabak, Chamiaholom, r’ahchami

 

Tandis qu’ils demeuraient ici sur la terre, mourut la mère de Hunbatz et de Hunchouen.

Et voilà que cheminant vers Xibalba, ils jouaient à la balle, ce qu’entendirent aussitôt Hun-Camé et Vukub-Camé, monarques de Xibalba (1).

(1) Hum-Came, un mort, Vukub-Came, sept-morts, noms des deux rois de Xibalba, c’est-à-dire du roi et de son héritier présomptif. Ces noms sont symboliques comme les autres; ils sont en rapport avec le calendrier ; Cam ou Camey, mort, est le cinquième des vingt signes du mois.

Qu’est-ce donc qui se fait sur la terre? qui sont ceux qui la font trembler et qui excitent tant de tumulte? Qu’on les envoie à l’instant chercher; qu’on les amène ici et qu’ils viennent jouer à la pelote, afin que nous les vainquions. En vérité nous ne sommes plus obéis par eux ; ils n’ont plus ni respect, ni révérence pour notre être et ne font plus que se batailler sur nos têtes, dirent tous (2) ceux de Xibalba.

(2) Conoh Xibalba, tous ceux de Xibalba, ou tous les Xibalba. Conoh est ici pour conohel, pluriel de rono-hel, tout, qui souvent même s’emploie au pluriel. Onohel, tout, fait vonohel, tout moi ; auonohel, tout toi ; ronohel, tout lui ou cela ; konohel, nous tous; yvonohel, vous tous; et conohel, eux tous.

Alors ils prirent conseil tous ensemble, et ceux-ci, Hun-Camé et Vukub-Camé, sont les noms des juges suprêmes (3). Or, tous les princes étaient tributaires de leur empire, et chacun de ces princes (ne l’était que) par la volonté de Hun-Camé et de Vukub-Camé.

C’étaient donc Xiqiripat et Cuchumaquiq, nom des seigneurs dont l’office s’exerçait sur les gens qui avaient des flux de sang (4). D’autres encore (s’appelaient) Ahalpuh et Ahalgana, et ceux-ci aussi étaient princes.

Or, leur commandement (s’exerçait). à enfler les hommes, de leur faire arriver les humeurs aux jambes et de leur faire monter la lividité au visage, ce qu’on appelle Chuganal; tel était l'office de Ahalpuh et de Ahalgana (5).

D’autres seigneurs étaient Chamiabak et Chamiaho-


Xibalba, xa bak qui chamiy : are cut c’ahchamiyal ri chi bakir vinak, quitzih chi bak chi holom chic, ta chi camic, ziyah bak x-u pan chiqamouic. Are u patan vi Chamia-bak, Chamiaholom qui bk

Are chi curi ahau Ahalmez, Altai togob qui bi : are qui patan ri xa chi culvachih vinak uve tzamez, ve pe pa chirih ha, chuva ha, chi culvachix vi, xa chi qui togo-ta chi be hupul-oc chuvach uleuh ta chi camic : are cut c’ahauarem Ahalmez, Ahaltocob que u chaxic.

Are chi curi ahau Xie, Patan qui bi, are c’ahauarem ri vinak chi cam pa be, xa rax camic ch’u chaxic, chi pe quiq pu chi ta chi camic chu xavab quiq ; xa huhun chi patan qui telelaon, xa chi qui gozih u culei u qux vinak ta chi cam pa be, xa chi qui culmah apon־oc, ve chi binic, chi cul. Are cut c’ahauarem Xie, Patan ri.

Are cut x-qui c’uq qui naoh ri ta x-e tzaixic, ta x-c cotobax puch Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu. Are x-qui rail! Xibalba ri qu’etzabal Huiihun-Ahpu, Vukub-Hun-ahpu, ri qui tzuun, qui bate, qui pachgab, qui yachvach, vachzot puch, qui cauubal Hunhun-Ahpu, Vukub-Hu-nahpu.

Are chicut x-chi ka biyh chic qui biyc chi Xibalba, x-e canali eu canoc ri Hunbatz, Chouen, u qahol Hunhun-

 

lom (1), massiers de Xibalba, et dont les masses n’étaient que d’os : leur office de massier (consistait) à maigrir les hommes, au point que n’ayant plus qu’une tête sans chair et des os, en mourant il n’y eût plus qu’un squelette à prendre. Tel était l’emploi de Chamiabak et de Chamiaholom, ainsi qu’on les appelait.

(1) Chamia-Bak, qui porte une baguette d’os; chamia-holom, qui porte une baguette de tête de mort. Ces noms font allusion aux charges symboliques inventées par là haine des Nahuas contre Xibalba ; ahchami est le mot que les Espagnols traduisaient par alguazil.

 

Il y avait encore les seigneurs nommés Ahalmez et Ahaltogob : leur office était de faire trouver l’homme en face avec la trahison, soit qu’il la rencontrât derrière ou devant sa maison et qu’il eût le malheur de tomber la bouche en l’air sur le sol et d’y trouver la mort : tel était l’office d’Ahalmez et d’Ahaltocob, ainsi qu’on les nommait.

Ensuite (venaient) d’autres seigneurs, nommés Xic el Patan (2), dont l’office (consistait à conduire) l’homme à mourir en chemin, de ce qu’on appelle mort subite, lui amenant le sang dans la bouche pour le faire mourir en vomissant le sang; chacun d’eux ayant pour emploi d’étreindre la^orge et la poitrine de l’homme, pour qu’il pé~ rît sur le chemin, en le lui faisant arriver subitement à la gorge, pendant qu’il marchait. Tel était l’office de Xic et de Patan.

Et voilà qu’ils se réunirent en conseil pour poursuivre et châtier Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu. Ce que désiraient ceux de Xibalba, (c’était de) livrer au mépris Hun-hun-Ahpu et Vukub-Hunahpu, leurs boucliers de cuir, leurs anneaux, leurs gants (3), leurs couronnes avec les casques dont se revêtaient Hunhun-Ahpu et Vukub-Hun-ahpu (4).

Nous conterons donc maintenant leur voyage à Xibalba, laissant derrière eux Hunbatz et Chouen (5), fils de Hun-

(5) Chouen, pour Hunchouen.


Ahpu. X-caminak-oc qui chuch, cachtivi chic qui chaka-tahic chic Hunbatz, Hunchouen, cumal Hunahpu, Xbalanque.

CAPAH CHI TZIH.

Qatecut qui petic zamahel rumal Hun-Game, Vukuh-Came : Qu’yx bee, yx r’ahpop-achih, he y taka ri Hun-hun-Ahpu, Vukub-Hunahpu, qu’yx cha-ta : Qu’yx apon kuq.

Que petoc que cha ahauab chyvech : Varal-tah que ul ch a aha vi kuq ; chi ka qaztah-ta ka vach cuq ; quitzih ca ka maihah qui chi ; quehecut quepe־vi, que cha ahauab.

Chi qui qam eu uloc ri qui chokonizan, qui bate, qui pachgab, chi pe naipuch ri qui quiq, que cha ahauab. Qu’yx cha-ta : Qu’yx oponoc ; x-e-u chaxic ri zama-hel.

Arecut qui zamahel ri Tueur, Chabi-Tucur, Hurakan-Tueur, Cakix-Tucur,H010m-Tuc,ur; que u chaxic u zamahel Xibalba.

Areri Chabi-Tucur queheri chab xa copquic : are curi Hurakan-Tucur, xa hun r’akan qo uxic.  —  Are curi Ca-K v__^ix-Tucur gag rib qo uxic; are chi naipuch ri Holom-hun-Ahpu.

Or leur mère était déjà morte et ensuite־ de cela la défaite de Hunbatz et de Hunchouen par Hunahpu et par Xbalanqué.

 

CHAPITRE DEUXIÈME.

Ensuite arrivèrent les envoyés de Hun-Camé et de Vukub-Camé : Partez, vous autres, Ahpop-Achih (1), allez porter ce message (2) à Hunhun-Ahpu et à Vukub-Hun-ahpu et dites-leur : Venez avec nous.

(1) Ahpop-Achih, titre de la cour de Xibalba qu’on retrouve longtemps après à celle des rois du Quiché. Ahpop, composé de la particule pos-sessive ah et de pop, natte, c’est-à-dire maître d’une natte ou d’un tapis, parce que les seigneurs seuls avaient droit à s’asseoir sur une natte. Achih, composé de ach, particule comitative, et de ih; côte ou reins, qui vient avec les reins ; Achih servait à exprimer l’idée d’homme, comme le vir en latin, héros, guerrier, garde du corps; donc Ahpop-Achih répondait à capi taine des gardes.

(2) He, y taka, allez, vous por-tez le message. He est pour ho-e, troisième personne plurielle du sub-jonclif présent du verbe irrégulier Ho, aller, le même que le go anglais; il n’existe dans le quiché qu’à l’impératif et aux temps du subjonctif. Hin pour ho-in, que j’aille; h’at, pour ho at, que tu ailles, ou vas, etc.

Qu’ils viennent, vous disent les princes (3) : Qu’ils viennent ici jouer à la balle avec nous ; que nous vivifiions nos visages avec eux (4); en vérité nous sommes émerveillés de leurs (hauts) faits(5); ainsi qu’ils viennent, disent les princes»

(3) Mot à mot, qu’ils viennent, ils disent les princes à vous.

Qu’ils apportent (les instruments dont ils se servent) pour faire tout ce bruit, leurs anneaux, leurs gants, et qu’ils viennent également avec (leurs balles de) gomme élastique, dirent les princes. Dites-leur : Venez; ainsi fut-il dit aux messagers.

Or, leurs messagers étaient des Hiboux (6), Flèche-de-Hibou, Une-Jambe-de-Hibou, l’Ara-Hibou et la Tête-de-Hibou; ainsi se nommaient les messagers de Xibalba.

(6) Ce nom de Tueur ou hibou,, donné à ces messagers de Xibalba, paraît venir du lieu d’où ils étaient originaires, Tucurub, les Hiboux, eu mexicain Tecolotlan, ville ancienne, aujourd’hui réduite au village de San Miguel Tucuru, dans le département de la Vérapaz (Gualémala).

Quant à Flèche-de-Hibou, il était rapide comme une flèche; pour Une-Jambe-de-Hibou, sa nature(était de n’avoir) qu’une jambe. Quant à l’Ara-Hibou, sa nature était

 

Tueur xa utuquel u 11010m , ma-11abi r’akan xa u xic qolic.

E cahib ri zamahel r’ahpop-achihab qu’ekalem.Ta x-e pe eut chila chi Xibalba, libahehi x-e ulice eu takal chuvi hom que chaah eut Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu pa hom ri Nim-xob-Carchah ch’u chaxic.

E eu takatoh ri Tueur chuvi 110m ta x-qui zak eut qui tzih, xavixere u cholic u tzih Hun-Came, Vukub-Came, Ahalpuh, Ahalgana, Chamiabak, Chamiaholom, Xiqi-ripât, Cuchumaquiq, Ahalmez, Ahaltocob, Xic, Patan qui bi conohel ahauab, x-tzak qui tzih cumal Tueur. '

Ma quitzih ca cha ahau Hun-Came, Vukub-Came? Quitzih bala, que cha, oh na eu achbilai yve?  —  Chi qam uloc ri ronohel qu’etzabal, que cha ahauab.  —  Utz-. bala. Kohyv’oyobeh ; na, oh, na, ka pixabah can na ka chuch, x-e cha-cut.

X־e be cut chi tfochoch, x־e cha eut chire qui chuch ; x-caminak-oc qui cahau : Ho na, yx ka chuch : xaet k’ulic. Mi-x-ul u zamahel ahau qamol ke.Que petoc, ca cha-cut : que cha takol ke.

X-chi canah eu gana va ka quiq, x-e cha-cut. Qate

x-be qui xima can-oc pu viha qo hul. Na qate : Chika

chokonizah chic. Xa qu’yx tzuan-oc, xa pu qu’yx bixan-

oc, qu’yx triban-oc, qu’yx goton-oc, ch’y megoh k’och-

 

de feu tout autour; et enfin Tête-de-Hibou n’avait que sa tête, il n’avait point de jambes, mais des ailes.

Ces quatre messagers avaient la dignité d’Ahpop-Achih (ou capitaines des gardes). En partant de Xibalba ils arrivèrent aussitôt porteurs de leur message en haut du jeu de paume où Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu étaient à jouer à la pelote, dans la salle du jeu de Nimxob-Carchah, ainsi qu’elle s’appelait (1).

(1) Pa-Hom ri Nim-Xoh-Carchah, dans la salle du jeu de paume du Grand-Affront de Carchah. Nom qui paraît faire allusion à l’insulte offerte aux princes de Xibalba par leur rébellion ou à leur propre arrestation. Carchah, qui signifie poisson de cendre, fait peut-être allusion à une scène de l’épopée actuelle et dont nous ferons mention plus tard: c’est le nom d’une bourgade indienne fort importante, existante 2 lieues à l’est de Coban, dans la Vérapaz, et à cinquante environ au nord de Guatémala. Je n’ai pu retrouver le Nimxob, dont il est question ici; mais il est probable qu’on le découvrirait plus au nord du Carchah, où il existe encore un grand nombre de ruines de cités antiques.

Or les Hiboux envoyés à la salle du jeu de balle, délivrèrent leur message dans le même ordre du discours que Hun-Camé et Vukub-Camé, Ahalpuh, Ahalgana, Chamiabak, Chamiaholom, Xiqiripat, Cuchumaquiq, Ahalmez, Ahal-tocob, Xic et Patan, car c’étaient là les noms de tous les princes, leur avaient arrangé leur parole pour les Hiboux.

Est-ce bien sûr que le roi Hun-Camé et que Vukub-Camé aient (ainsi) parlé ? Est-il bien vrai, s’écrièrent (les deux frères) que nous devions vous accompagner?  —  Qu’ils apportent tous les instruments de leur divertissement, ont dit les princes.  — C’est bien. Attendez-nous d’abord un moment; nous allons de ce pas prendre congé de notre mère, répondirent-ils.

Ils prirent donc le chemin de leur maison et dirent à leur mère ; car leur père était déjà mort : Voilà que nous nous en allons, notre mère : mais notre voyage sera inutile. Les messagers du roi sont venus nous prendre. Qu’ils viennent, a- t-il ajouté, disent ceux qui sont envoyés pour nous chercher.

Mais il restera un témoin (de notre existence) cette pelote de gomme élastique, ajoutèrent-ils. Ensuite ils allérent la suspendre dans un enfoncement au toit de la maison. Puis, après : Nous jouerons encore à la balle (ajou-

 

och, ch ’y megoh puch u quxyv’atil; x-e uchax-cut Hunbatz, Hunchouen.

Ta x-e pixabaxic, guzguz cut ch’oc qui chuch, riXmu-cane. Ho na, ma-habi koh camic, m’yx bizonic, x״e cha ta x-e bee Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu.

Qate puch ta x^-e bee Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu, x-qam qui be cumal ή zamahel. Ta x-e kah cut pu beat Xibalba, xuluxuh u chi cumuk :

X-e'kah cut ta x-e el chi cu apon-oc chu chi hal-ha zivanub, Nuzivan-cul, Cu-zivan u bi, x-e eqo vi. X-e eqo vi chi cut chupan halhal ha zimah ; mavi ahilan zimah ; x-e iqo vi, mavi x-e togotahic.

Ta x-e opon chicut chi u chi quiqi a : x-e iqou chiri, mavi x-c’ uqah : x-e opon chi a utuquel puch chi a, mavi x-e chakatahic : xavi x-e iqou chic, ta x-e opon chicut pa cahib xalcat be, ca chiri cut x-e chakatah vi pa cahib xalcat be.


tèrent-ils). Quant à vous, faites de la musique, occupez-vous à chanter, à peindre (ou à écrire), à ciseler, réchauffez notre maison et réchauffez le cœur de votre aïeule, dirent-ils à Hunbatzet à Hunchouen.

Au moment de prendre congé de leur mère, l’émotion gagna Xmucàné et, elle pleurait : Nous partons, mais nous ne sommes pas encore morts; ne vous affligez pas, dirent en parlant Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu.

Ensuite Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu s’étant mis en chemin, les messagers prirent la route devant eux. Alors ils commencèrent à descendre par le chemin qui mène à Xibalba (1), les premiers degrés ayant une déclivité fort grande (2) :

(1) Ta x-e kah cut pu beat Xibalba, alors ils descendirent donc dans le cheminant de Xibalba. La préposition pu est ici pour pa u, contracté en p’u, dans le, comme le au pour à le français. De Coban ou de SanPedro Carchah, il y a une route au nord-ouest, connue seulement des Indiens, qui par là gagnent en fort peu de temps les bords de l’Uzuma-cinta et les approches d’Ococingo et de Palenqué où se trouvent, à ce qu’il parait, des ruines! considérables et d’une grande magnificence qui seraient celles de l’antique Xibalba; durant mon séjour à Coban en 1860, les indigènes m’indiquèrent une montagne éloignée comme de quarante à quarante-cinq lieues au nord-ouest, appelée par eux Xibalba-tzul, ou mont de Xibalba, dans la direction d’Ococingo.

(2) Cette déclivité est telle en desCendant les monts de la Vérapaz au nord-ouest vers les régions inférieures, qu’elle ressemble à un véritable escalier de deux à trois mille pieds de hauteur entre des précipices insonda-blés, ce qui fait que l’Européen n’y voyage qu’à pied comme les Indiens, ou porté sur le dos de l’un d’eux assis sur une chaise.

Etant donc descendus, ils arrivèrent au bord d’une rivière rapide (coulant au fond) de gorges profondes, appelées Nuzivan-Cul et Cuzivan (3), qu’ils passèrent : ils passèrent également sur des eaux bouillonnantes (couvertes) de calebassiers, et les calebassiers étaient innombrables ; mais ils y passèrent sans se blesser.

(3) Nu zivan-cul, ma ravine de gorge, cu-zivan, gorge-ravin, pour exprimer leur profondeur et leurs détours étroits : ces noms correspondent parfaitement aux sinuosités profondes où coule le Lacandon ou haut Uzumacinta.

Ensuite ils arrivèrent au bord d’une rivière de sang (4) : ils la passèrent, mais sans boire de son eau : puis ils vinrent à une autre rivière, mais qui n’avait que de l’eau seulement (et jusque-là) on n’avait pu les prendre dans aucune embûche : ils la traversèrent donc aussi : mais ensuite ils arrivèrent (à un endroit) où quatre chemins se rencontraient et là ils se laissèrent prendre aux quatre chemins.

(4) Chi quiqi-a, à la rivière de sang. Si on connaissait davantage les solitudes lacandones où passèrent ces héros pour se rendre à Xibalba, on retrouverait probablement cette rivière : on sait que dans le Honduras il y aune fontaine d’où coule une matière qui ressemble exactement à du sang et se corrompt de la même manière.

 

Hun caka be, hun cut geka be, zaki be bun, bun cut gana be, cahib be. Are cut x-cha u ri geka be : In quin y qamo, in u be ahau, x-cha u ri be

Chiri cut x-e chakatah-vi : are x-qui takeh ri be Xi-balba, la x-e open cut pa qui popobal r’ahaual Xibalba, x-e chakàtah chicut chiri.

Are nabe cubulel ri xa poy xa ahamche cautalic cumal Xibalba : are cut nabe x-qui gihila : Cala, Hun-Came, x-e cha chireripoy; cala, Vukub-Came, x-e cha chic ’ ch ire ri ahamche.

Mavi x-e chacouic. Qatecut x-e humuhub r’ahaual Xibalba chi tze, xa qtie humin chic chi tzeconohel ahauab, rumal x-e chakomahic chi qui qux, x-qui chak ri Hun-hun-Ahpu, Vukub-Hunahpu ; x-e tzeen na. ,

Qatecut x-e chau chic Hun-Came, Vukub-Came : utz-. bala mi-x-yx ulic ; chuvek ch’y qaza a vach, y bate, y pachgab, x-e u chaxic cut.

Qu’yx cu uloc chuvi ka tem, x-eu chaxic. Utuquel cu qatanalah abah qui tem, x-yaic, x-e qat chicut chuvi tem ; quitzih vi x-e pizcalih chic chuvi tem, mavi x-e yacamaric, quitzih vi x-e valehic, x-qat qui culibal.

Qatecut x-e tzeen chic Xibalba, x-e pichicharic chi tze : x-vinakiriheic u cumatz tze chi qui qux , chi qui

 

Un de ces chemins était ronge, un autre était noir ; un était blanc et le dernier était un chemin jaune, (ce qui faisait) quatre chemins. Et voilà que celui du chemin noir parla : C’est moi, moi que vous devez prendre, je suis le chemin du roi, dit celui du chemin (1).

(1) X-cha u ri be, dit celui de ce chemin. Dans la traduction de Ximenez c’est le chemin même qui parle; mais il est évident d’après le texte que c’est celui qui y est préposé.

En ce lieu donc ils furent pris au piège; car ils se virent dirigés sur le chemin de Xibalba, et en arrivant à la salle où trônaient les rois de Xibalba, ils y (reconnurent qu’ils) avaient perdu la partie.

Or les premiers (qu’ils virent) assis étaient un mannequin et un homme de bois, arrangés par ceux de Xibalba : ce furent les premiers qu’ils adorèrent : Salut, Hun-Camé, dirent-ils au mannequin ; salut (2), Vukub-Camé, continuèrent-ils à l’homme de bois.

(2) Cala, salut. La signification de ce mot est, clair, éclatant, ouvert; c’est encore un salut en usage chez les Grecs, qui disent pour bonjour, calos; comme si l’on disait : que tout vous soit clair, éclatant, sans embûche. Cette salutation n’est plus en usage que dans la haute Vérapaz et parmi les populations de la langue pokomchi et du cakchi, entre Coban, Carchah et Taktic.

Mais ils ne leur répondirent point. Déjà les rois de Xibalba éclataient de rire et tous les princes faisaient avec eux grand bruit de risées, parce qu’ils regardaient déjà comme vaincus (3) Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu, qu’ils venaient de jouer ; et ils rirent de plus belle.

(3) X-e chakomahic chi qui qux, ils étaient vainqueurs dans leur cœur, ou leur pensée.

Ensuite Hun-Camé et Vukub-Camé ajoutèrent : C’est fort bien ; vous voilà arrivés ; demain préparez vos ornements de tête, vos anneaux, vos gants, leur fut-il dit.

Asseyez-vous sur notre siège d’honneur, leur fut-il dit. Mais leur siège d’honneur n’était qu’une pierre incandescente, et s’asseyant ensuite sur ce siège d’honneur, ils se brûlaient : de fait ils se roulaient sur ce trône, sans trouver de soulagement, et voulant se lever, ce siège les bru-lait.

Ensuite ceux de Xibalba se mirent à rire de nouveau ; ils pleuraient à force de rire, s’étouffaient

 

quiqib, chi qtii.bakib chi tze conohel r’ahaual Xibalba.

Xa h’yx chi ha, ve chi beyaoç.y chah, y ziq chi vara-bal, x-e u chax cut.

Qatecut x-e oponic pa Gekuma ha, utuquel gekum u pain chi ha, la x-qui qam cut qui naoh Xibalba : Xa que kapuzu chuvek, xalabe huzu huzu qué camic, rumal ri qu’etzabal ri ka cbahibal, que cha curi Xibalba chi quibil quib.

Are curi qui chah xa coloquic cha zakitok u bi ri chah, u chah Xibalba; xa hukul qui chaah, xa huzuk chi yohyox-bak chi couviri qui chaah Xibalba.

X-e oc cut ri Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpü chupan ri Gekuma ha ; ta x-be eu ya-oc qui chah, xa bun chi chah tzihom chic x-el ruq Hun-Came, Vukub-Came, ruq huhun qui ziq xavi tzihon chic x-el cuq ahauab, ta x-be cu ya-oc cuq ri Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu.

 

dans leur poitrine de rire, cl à force de rire tous les princes de Xibalba menaçaient d’être frappés d’apoplexie (1).

Allez à votre demeure, où l’on vous portera votre (flambeau de) résine et votre cigare (2) pour vous endormir, leur dit-on.

Ensuite ils arrivèrent à la Maison Ténébreuse (3) où il n’y avait que ténèbres à l’intérieur de la maison, et pendant ce temps ceux de Xibalba prenaient conseil : Sacri-fions-les demain et qu’ils meurent le plus tôt possible ; car leur jeu est un affront (4) pour nous, dirent entre eux ceux de Xibalba,

30).  

Or, four écharde de résine était une flèche ronde et du pin qu’on appelle zakitok (ou blanc silex), le pin de Xibalba; très-pointu donc était four jeu (5), et promptement devait-il arriver au bout et encourager ainsi le jeu de ceux de Xibalba.

(5) 11 y a ici des jeux de mots sur le monosyllabe cha ou chah, qui suivant qu’on le prononce plus ou moins bref ou long a un sens assez différent. Cha bref est la parole et la flèche et la pointe de la flèche, obsidienne ou silex; chah bref est plus ou moins la même chose, quoique plus particulièrement il signifie laver ou blesser, insulter, Jet aussi le pin ou les échardes de cet arbre qui sont fort résineuses et servent de chan-déliés ou de torches. Chah long ou avec deux a, chaah, signifie la cendre et Je jeu de paume et autres, etc. La moindre inflexion dans la prononciation de ces mots ou de leurs dérivés donne un sens parfois tout à fait dis-tinct et prête à une foule de quiproquos.

Et Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu entrèrent dans la Maison Ténébreuse; on four donna alors leur écharde de résine, à chacun d’eux son écharde allumée, qui leur venait de Hun-Camé et de Vukub-Camé , et à chacun son cigare, également allumé, que four envoyaient les princes et qu’on apporta alors à Hunhun-Ahpu et à Vukub-Hunahpu (6).

(6) Les répétitions sont si frequentes dans cette langue et si recherchées comme une beauté, que le même mot s’y présente souvent avec un sens assez distinct. Dans cette phrase c’est le mot uq, avec, qui paraît quatre fois: Xa-hun chi chah tzihom chic x-el ruq Hun-Came, Vukub-Came, ensemble des échardes allumées aussi sortent d’avec(ex)Hun-CaméetVukub-Camé.  —  Ruq huhun qui ziq xavi tzihon chic x-el cuq ahauab, avec cela (et) chacun de leurs cigares également allumés aussi sortit d’avec les rois.  —  Ta x-bec u ija-oc cuq ri ,Hunhun-Ahpu.

Vukub-Hunahpu, tandis qu’on allait le donner avec (à) Hunhun-Ahpu et â Vukub-Hunahpu. Le mot uq ou ruq a d’ailleurs une étymologie fort curieuse, uq est une sorte de pou, créé par la malpropreté, qui s’attache au corps, fort commun parmi ceux des indigènes qui ne se baignent pas fréquemment: Ximenez pretend que c’est de cette attache que vient la préposition avec. Uq se dit familièrement pour un ami intime, en sorte que lorsqu’on dit par ex. : Vuq, avec moi, le sens étymologique dit aussi: mon ami, mon pou; avuq, avec toi, ton ami, ton pou; ruq, avec lui, son ami, son pou, etc.

 

E chocochoh chi uloc pa gekum, ta x-opon ri yaol qui chah ruq qui ziq; ca hulhut ri’chah x-?oc apon-oc. Ri qui • chah e qui tziha ri huhun qui ziq. He ch’ ul qui ya chi zakiric : mavi chi qizic xavixere u vach, ch’ ulqui molo-ba, que cha ahauab chyve.

X-e uchaxic : x-e chakatah eut. X-qui qiz ri chah, x-qui qiz curi ziq, x-ha yao chique. Tzatz curi u tihobal Xibalba, quia molah chi tihobal.

Are u nabe ri Gekuma ha, utuquel gekum u pam. U cab chicut Xuxulim ha u bi, tzatz chi teu u pam zakxu-ruxuh, zakcaracoh chi xurulah teu ch’oc uloc chupam.

R’ox chicut Balami-ha u bi, utuquel balam qo chupam que quichouic, que buchuvic chi matat, que chi qui tit, que e tzapim balam pa ha.

Zotzi-ha u bi u cah u tihobal ; utuquel zotz u pam chi ha, que tzitzotic, qui tzitilahic, que ropoppa ha, e tzapin zotz, ma-habi que el vi.

R’oo chicut Chayim-ha u bi, utuquel chakol chupam zaklelohre chi cha, chi tzininic, chi yohohic, chiri pa ha.

 

Quand on arriva pour leur donner leurs, échardes de pin, et les cigares, ils étaient repliés sur eux-mêmes dans l’obscurité, où (la flamme de) la résine éclata aussitôt en entrant : Que chacun d’eux allume sa torche et son cigare. Qu’ils viennent les rapporter au lever du jour, mais qu’ils se gardent bien de les user et qu’ils nous les rendent (comme ils les ont reçus), vous disent les princes.

C’est ainsi qu’on leur parla : c’est ainsi également qu’ils furent vaincus. Leur pin se consuma, de même se consumèrent les cigares qu’on leuravait remis. Or, les épreuves en Xibalba étaient nombreuses, ces épreuves étaient de bien des manières diverses (1).

(1) Le mot tihobal, épreuve, montre bien qu’il y avait en Xibalba des mystères et une initiation rendue ici d’autant plus formidable qu’il s’agissait d’y faire succomber des rebelles ou des conspirateurs.

 

La première était celle de la Maison Ténébreuse, toute d’obscurité au dedans. La seconde (était celle) de la maison appelée Xuxulim (2), au dedans de laquelle pénétrait un vent piquant, vent froid et insupportable qui remplissait tout au dedans.

(2) Xuxulim, ce mot parait signifier la bise ou le frémissement du vent du nord.

La troisième (était celle) de la maison dite des Tigres où il n’y avait au dedans que des tigres (3) qui s’entremêlaient et s’attroupaient (avec un air) féroce, des tigres qui (se regardaient en) ricanant, enfermés qu’ils étaient dans cette maison.

(3) Balami-ha, maison des Tigres. Ces maisons d’épreuve font aussi allusion à des villes dont plusieurs existent encore sous te même nom.

Zotzi-ha, ou maison des chauves-souris, était le nom de la quatrième épreuve; il n’y avait que des chauves-souris au dedans de cette maison, criant, battant des ailes et voltigeant dans la maison, chauves-souris enfermées sans en pouvoir sortir.

La cinquième (était celle) dite Chayim-ha (ou maison des combattants) où il n’y avait au dedans que des (guerriers) vainqueurs alternativement avec leurs lances, alternativement se reposant et là combattant dans cette maison.


Qui. nabec u tihobal Xibalba : ma u x־e oc ri Hunhun» Ahpu, Vukub-Hunahpu chupam ; xa u bixic apon-oc u bi tihobal ha.

Ta x-eoc eu apan-oc Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu chuvach Hun-Came, Vukub-Came : Apa qo-vi ri nu ziq, aon qo-vi ri nu chah x-be ya-oc chyvech xgek? x־e u chax eut.  —  X-ka qizo, at ahâu.

 —  Utzbala, vacamic bala x-qiz y gih, qu’yx camic. X-qu’y zachic, x־qu’y ca cup puch, varal x-ch’ yv’euah vi y vach. Qu’yx puziç, x-cha Hun-Came, Vukub-Came.

Ta x-e puz eut, x-e muk eut chi Pucbal-Chah u bi; x-gat u holom ri Hunhun-Ahpu, xa u nimal x-mukic ruq ri u chag.

Ch’y ya ri u holom xol che ri tiquil pa be, x-cha eut. Hun-Came, Vukub-Came. Ta x-be eu ya-oc u holom xol che, ta x-vachin eu ri che, ma habi u vach, maha ch’ oco ri u holom ri Hunhun-Ahpu chu-xol che. Are curi tzima koh cha chire vacamic u holom Hunhun-Ahpu, ch’u chaxic.

Ta x-u maihah eut Hun-Came, Vukub-Came u vach ri che. Hum ah eoloeak u vach : ma c’u calah qo chi viri u holom Hunhun-Ahpu ; xa hunam chic u vach ruq u vach tzima : eu r’ilo ronohel Xibalba ta ch’ ulqui cayih.

 

Ce sont là les premières épreuves de Xibalba ; mais Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu n’y entrèrent point (1), et il a suffi de mentionner les noms de ces maisons d’épreuves.

 (1) Les deux frères n’y entrèrent point, il était inutile de les initier ces noms seuls et les détails que pour les faire mourir ensuite. Mais nous trouverons aux chapitres ix et x ne laissent pas le moindre doute sur l’existence des épreuves mystérieuses de Xibalba qui paraissent avoir été au nombre de neuf.

Lorsque Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu arrivèrent dans la présence de Hun-Camé et de Vukub-Camé : Où sont mes cigares, où sont mes torches de pin qu’on vous a apportés la nuit dernière? s’écrièrent-ils.  —  Nous les avons finis, seigneur !

 —  Eh bien, aujourd’hui donc sera le terme de vos jours, vous mourrez. Vous serez détruits, on vous tranchera (dans la poitrine), et votre souvenir demeurera enseveli dans ces lieux. Vous serez sacrifiés, dirent Hun-Camé et Vukub-Camé.

Alors on les sacrifia, et ils furent enterrés au lieu nommé le Cendrier ; on coupa (auparavant) la tête de Hun-hun-Ahpu, et (le corps de) l’aîné fut enseveli avec celui de son jeune frère.

Qu’on aille mettre sa tête dans l’arbre qui est au milieu . du chemin, ajoutèrent Hun-Camé et Vukub-Camé. Au moment où on alla placer la tête au milieu de l’arbre, cet arbre se couvrit aussitôt de fruits, car il n’avait pas de fruits avant qu’on eut mis la tête de Hunhun-Ahpu au milieu de l’arbre. Or, c’est la calebasse que nous appelons encore aujourd’hui tête de Hunhun-Ahpu, comme on le dit (2).

(2) Il s’agit du calebassier qu’on appelle tzima en quiché.

Hun-Camé et Vukub-Camé considérèrent alors avec étonnement les fruits de cet arbre (merveilleux). Ce fruit était également rond tout autour : mais on ne vit plus où était la tête de Hunhun-Ahpu ; car elle ne (faisait) plus qu’un fruit de la même espèce avec les autres fruits du calebassier : c’est là ce que voyaient tous ceux de Xibalba, lorsqu’ils allaient le considérer.

 

Nimu qoheic ri che x-ux chi qui qux, rumal huzu x-u banic, ta x-ocu holom Hunhun-Ahpu chu xol. X-echa cu ri Xibalba chi quibil quib : Ma qo ma chupuvic ri u vach; ma qo naipu ma oc apan-oc chuxe che, x-e cha x-qui catah quib, x-qui gil quib Xibalba cohohel.

Ma u calah chiri u holom Hunhun-Ahpu ; xa hunama-tai chic ruq u vach che ri tzima u bi x-uxic. Nim cut u tzihozicx-u ta hun gapoh : va cute x-chika biyh r’oponic.

R’OXPAH CHI TZIH.

Va chi cute u tzihoxic hun gapoh, u meal huu ahau Cuchuruaquiq u bi.

Are cut ta x-u ta hun gapoh u meal hun ahau ; Cuchu-maquiq u bi u cahau, Xquiq cut u bi ri gapoh. Ta x-u ta cut u tzihoxic ri u vach che, ta chi tzihox chic rumal u cahau, ch’u maihah cut ta chi tzihoxic.

Maquina oh v’ila riche ca bixic : quitzih guz u vach ca cha ca nu tao, x־cha־cut?

Qate x-bec xa utuquel, x-apon cut chuxe che, tiquil chi Pucbal-chah tiquil vi : Hiyaa! Nakipe u vach vae che?

 

Grand dans leur pensée devint (aussitôt) le caractère de cet arbre, à cause de ce qui s’était accompli si subitement, quand on avait mis la tête de Hunhun-Ahpu entre ses branches. Alors ceux de Xibalba se parlèrent entre eux : Qu’il n’y ait personne qui (soit assez hardi) pour s’asseoir au pied de l’arbre, dirent tous ceux de Xibalba, s’interdisant mutuellement et se défendant (d’en approcher).

Dès lors la tête de Hunhun-Ahpu ne se manifesta plus ; car elle s’était réunie aux autres fruits de l’arbre du calebassier, ainsi qu’est son nom. Mais une jeune fille entendit ce récit merveilleux, et voici donc que nous raconterons son arrivée.

CHAPITRE TROISIÈME.

Suit ici l’histoire d’une jeune fille, issue d’un prince nommé Cuchumaquiq.

Et voilà qu’une vierge, fille d’un prince, entendit (ces merveilles) ; Cuchumaquiq était le nom de son père, et Xquiq était celui de la jeune fille (1). Et lorsqu’elle entendit l’histoire des fruits de cet arbre qui lui fut racontée par son père, elle s’émerveilla aussi beaucoup de ce récit.

(1) Xquiq ou ixquiq, nom composé de quiq, sang ou gomme élastique, et de la préfixe x ou ix qui  en fait un nom de femme : c’est le personnage appelé Itzpapalotl ou Papillon aux couteaux d’obsidienne de la théogonie mexicaine.

Pourquoi n’irais-je pas voir cet arbre dont on parle (tant) : en vérité ses fruits doivent être bien savoureux, suivant ce que j’entends dire, ajouta-t-elle?

Alors elle partit seule, et s’approchant du pied de l’arbre planté debout au milieu du Cendrier : Ah! ah ! (s’écria-t-elle

 

Maquipa gitz chi vachin va che? Ma-qu’i cam-tah, ma· qu’i zach-tah laquita x-ch’in chop hunoc? x-cha cu ri gapoh.

Ta x-cha u cut ri bak qo ula xol che : Nakipa c’a raih chire? ri xa bak ri colocoxinak chu gab-tak che, x-cha ri u holom Hunhun-Ahpu ta x־chauic chire ri gapoh.

Ma c’a raih, x-u chaxic?  —  Ca nu raih, x-cha cut ri gapoh.  —  Utzbala; ch’a liquiba uloc ri a vi qui gab vi-la na, x-cha ri bak.  — Ve, x-cha cu gapoh, x-u hquiba akan-oc u vi qui gab chuvach bak.

Qatecut chi pitz ca ban u chub bak ta x־petic takal cut pu gab gapoh : ta x-r’il cut u pa gab huzuk xa nicoh ; ma-cu-habi u chub bak pu gab.

Xa r’elal mi-x-nu ya chave ri nu chub, nu qaxah. Areri nu holom ma-habi cachokonchi vi,xabak, ma-habi chi u çhac.

Xavi quehe u holom ve qui nim ahau; xa u tiohil utz vi u vach : are cut ta chi camic ch’u xibih chirih vinak rumal a bakil.

Quehecut xa u qahol queheri u chub u qaxah u qoheic, ve u qahol ahau, vepuchu qahol naol, ahuchan, x-ma chi zach vi chi bee, chi tzakatahic, mavi chupel, ma pu maixel u vach ahau, achihnaol, ahuchan, xaxi chi cana-hic u mial, u qahol ta ch’uxoc, quehe mi-x-nu ban chave.

 

avec admiration). Quoi ! c’est là le fruit de cet arbre. N’est-ce pas admirable comme cet arbre s’est couvert de fruits? En mourrai-je donc et sera-ce ma ruine si j’en cueille un? ajouta la jeune fille.

Alors la tête de mort qui était au milieu de l’arbre parla : Est-ce donc que tu en désires ? Ces boules rondes qui sont entre les branches de l’arbre ne sont que des têtes de mort, dit la tête de Hunhun-Ahpu, en parlant à la jeune fille.

En veux-tu toujours? ajouta-t-elle.  —  J’en veux, répondit la jeune fille.  —  Eh bien ! étends seulement le bout de ta main, dit la tête de mort. — Oui, répondit la jeune fille, en avançant sa main qu’elle étendit devant la tête de mort.

Alors la tête de mort lança avec effort un crachat dans la main de la jeune fille tandis qu’elle était étendue vers elle : elle regarda aussitôt le creux de sa main, en y jetant un coup d’œil curieux ; mais la salive de la tête de mort n’était plus dans sa main (1 ).

(1) C’est le fond de la fable de la naissance de Huitzilopochtli, dieu des Mexicains, bâtie sur celle-ci.

Cette salive et cette bave c’est ma postérité que je viens de te donner. Voilà que ma tête cessera de parler; car ce n’est qu’une tête de mort, qui n’a déjà plus de chair.

Ainsi également est la tête même des plus grands princes ; car la chair seule est ce qui embellit le visage : de là la terreur qui assiège les hommes au moment de la mort, à cause des ossements ( qui seuls leur restent).

Il en est de même des fils dont la nature est comme la salive et la bave, qu’ils soient fils de prince ou fils d’artiste ou d’orateur, laquelle ne se perd point, mais se transmet avec la génération sans que s’éteigne ni s’anéantisse la représentation du prince, de l’artiste sorti du peuple (2) ou de l’orateur ; ainsi en est-il également des filles ou des fils (3) qu’ils laissent, et c’est ainsi que j’ai agi avec toi.

(2) Sorti du peuple. C’est le mot achih que nous traduisons ainsi ; il signifie régulièrement héros, guerrier; il semble toutefois s’appliquer à ceux qui n’appartenaient point à l'aristocratie, mais à une classe intermédiaire entre la noblesse et les serfs ou paysans.

(3) Il est à remarquer ici que quand il s’agit simultanément d’hommes et de femmes dans le discours, les femmes ont presque toujours la préséance sur les hommes. Considérés comme bâtards par les Nahuas pur sang, les métis devaient avoir d’an-tant plus de respect pour les femmes qui leur avaient donné le jour, qu’elles appartenaient à la souche la plus ancienne et la plus illustre du pays. C’est peut-être en mémoire de la mère de Hun-Ahpu que les femmes-chefs en bien des contrées devaient leurs prérogatives.

 

C’atakan cutchila chuvach uleu, mavi c’a camic. C’at oc pa tzih, ta ch’uxoc, x-cha ri u holom Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu. Xavi qui naoh la x-qui baùo are u· tzih Hurakan, Chipi-Cakulha, Raxa-Cakulha chiquech.

Quehe eu u tzalihic chic gapoh chir’ochoch, quïa pixab x-biyx chirech. Huzu eu x-vinakir r’al chu pam rumal ri xa chub; are eut qui vinakiric Hunahpu, Xbalanque.

Ta x-opon eut chi r’ ochoch ri gapoh, x-zakat eut va-kakib iq, ta x-nauachil rumal u cahau ri Cuchumaquiq u bi u cahau.

Qatepuch u natahic gapoh rumal u cahau ta x-il ri r’al qo-chic. Ta x-qu.i cuch eut qui naoh conohel ahauab Hun-Came, Vukub-Came ruq ri Cuchumaquiq.

Areri nu meal qo chi r’al, yx ahauab, xa u hoxbal, x-cha eu ri Cuchumaquiq, ta x-oponic cuq ahauab.  —  Utzbala ! ch’a qoto u chi ri, ta ma c’u biyh, chi puz eut, chi naht chi be puzo vi.  —  Utzbala, Alak ahauab, x-cha-eut.

Qatecut x-u tzonoh chirech u meal : Apa ahehoke ri av’al qo ch’a pam, at nu meal ?  —  X-cha-cut : Ma-habi v’al, Lal nu cahau, ma-habi achih v’etaam u vach.

 

Remonte donc vers la terre (1); tu ne mourras point. Crois en ma parole qu’ainsi il en sera fait, ajouta la tête de Hunhun-Ahpu et de Vukub-Hunahpu (2). Or, ces choses ainsi arrangées se faisaient par Tordre qu’ils avaient reçu de Hurakan, de l'Eclair qui sillonne et de la Foudre qui frappe.

(1) Chuvach uleu, pour ch'u vach uleu, sur la face de la terre. Cette scène se passait-elle à l’entrée d’une grotte, d’un souterrain, dans quelque vallon retiré et profond, c’est ce qu’on ne saurait vérifier. Ce qui parait probable c’est que les épreuves de l’initiation antique avaient lieu au fond des cavernes et des souterrains.

(2) Vukub-Hunahpu reparaîtrait-il ici comme le représentant de l’ordre sacerdotal.

Ainsi donc la jeune fille retourna à la maison (remplie des) nombreux avertissements qui lui avaient été communiqués. Et aussitôt elle conçut dans son sein par la vertu seule de la salive ; et ce fut là la conception de Hunahpu et de Xbalanqué.

La jeune fille étant alors arrivée à sa maison et six mois s’étant écoulés, elle fut observée (avec soupçon) par son père, et Cuchumaquiq était le nom de son père.

Ensuite son père remarqua la jeune fille avec plus d’attention, lorsqu’il vit qu’elle portait un enfant (dans son sein). Alors les rois Hun-Camé et Vukub-Camé réunirent tous les avis avec celui de Cuchumaquiq.

Voici ma fille qui est enceinte (3), ô rois, et véritablement pour son déshonneur, dit Cuchumaquic, en arrivant devant les rois.  —  C’est bien ! sonde sa bouche, et si elle ne parle pas, qu’elle soit mise à mort et qu’on aille la sacrifier loin d’ici.  —  Fort bien, ô mes seigneurs, répondit-il(4)·

(3) Areri nu meal qo chic r’al, celle-ci ma fille est avec son enfant. Al, qui signifie enfant, dansson sens absolu dit poids, chose pesante, r'al chu pam, son poids dans son ventre, c’est-à-dire, être enceinte. De al vient alah, qui signifie libre alahil, liberté; alah, mettre au monde, accoucher, se délivrer d’un poids ; alaxih, être délivré, être enfanté ou naître, etc.

(4) Alak est le pluriel du révérentiel lal, grandeur, altesse, etc.

Alors il demanda à sa fille : De qui est l’enfant que tu portes dans ton sein, ô ma fille? — Mais elle répondit : Je n’ai point d’enfant, ô mon seigneur et père , il n’y a point d’homme dont je connaisse la face.


X-cha-cut: Utçbala! quitzih vi chi, athoxol. Ch’ekch’y puzu, yx r’Ahpop-Achih; ch' y qama uloc ri u qux chu-pan zel, chi qu’y cololeh ahauab vacamic, x-e uchax cut ri Tueur. '

E cabib la x־ebec qui tiquem ri zel, la x-e bec qui clie־ lem rigapoh, cu caam ri zakilok, puzbal re.

 

Mavi eh’ utzinic qu’in y camizah, yx zamahël, rumal mavi nu hoxbal ri qo chi nu pam ; xaki x-vinakiric xere x-be nu maihah ri u holom Hunhun-Ahpu qo chi Pucbal-chah ; quehe-ta-cut mavi qu’y puz, yx zamahel, x-cha ri gapoh, ta x-chauic.

Nakipa x-chika coh u gexel ri y qux? Mi-x־biyx uloc rumal a cahau : Ch’ y qam uloc ri u qux ; x-chi qu’y tzo-loleh ahauab; x-chi qu’y tzakix-tah, x־chi qu’y hunam vachih u tzakic; ch’anim ch’y qama ula pu zel, chi coloba kahoc u qux chupan zel. Ma-pa mi-x;oh uchax uloc? Nakila cut x-chi ka ya pa zel ? ca k’ah-ta nabec ma-ta c’at camic, x-e cha u ri zamahel.

Utzbala! Mavi quech ri qux ta ch’uxoc; ruqmavi va-ral yv’ochoch ch’uxic; raa-cu-xa ch’y chih vinak chi camic, qate quitzih yvech ri quitzih hoxol, qate naipu vech Hun-Came, Vukub-Came; xa*quiq xa holomax rech ta ch’uxoc are chiculchuvach. *

 

Il ajouta : Eh bien, tu es en vérité une fornicatrice !... Emportez-la (1) et faites-la mourir, vous autres les Ahpop-Achih ; rapportez son cœur dans un vase et soyez de retour aujourd’hui avec les rois, dit-il aux Hiboux.

(1) Ch’ ek, qu’on 1’emporte. Ek, radical de ekah, emporter, charger sur les épaules, porter en litière: c’est la distinction des princes qu’on accorde encore à la princesse, quoiqu’on l’emporte pour la sacrifier.

Ils étaient quatre qui allèrent prendre le vase et qui se mirent ensuite en chemin, portant la jeune fille sur leurs épaules, et emportant un couteau de silex destiné à l’immoler.

Vous ne sauriez me tuer, ô mandataires (de Xibalba); car ce n’est pas le crime que je porte dans mon sein ; seul (ceci) s’est engendré, tandis que j’allais admirer la tête de Hunhun-Ahpu qui est au Cendrier ; ainsi donc vous ne me sacrifierez point, ô mandataires (de Xibalba), dit la jeune fille, en leur parlant.

Mais que mettrons-nous en échange de votre (2) cœur ? Ainsi nous a parlé votre père : Rapportez son cœur : vous retournerez vers les rois ; soyez formels et d’accord manifestez-en l'accomplissement ; vite apportez-en (la preuve) dans un vase. Vous placerez son cœur au fond du vase. N’est-ce pas ainsi qu’on nous a parlé ? que mettrons-nous donc dans le vase? cependant nous aimerions mieux que tu ne meures point, dirent les mandataires (de Xibalba).

(2) U gexel ri y qux, son échange, (son substitut) de votre cœur. Voici la seconde fois que nous trouvons votre mis au pluriel pour ton. Les deux frères disent en partant à leur mère : ne vous affligez point. Ce mode respectueux dans le langage, si analogue au nôtre, se rencontre assez souvent dans ce livre.

Fort bien ! ce cœur ne peut être à eux ; votre demeure ne peut pas non plus être ici, et non-seulement vous aurez en votre pouvoir de faire mourir les hommes, mais à vous véritablement seront les véritables fornicateurs, à moi seront ensuite Hun-Camé et Vukub-Camé ; le sang seul passe contrat pour lui-même, ainsi soit-il donc devant leur face (3).

(3) Cette phrase est d’une extrême difficulté, plusieurs mots étant inusités aujourd’hui. Nous la donnons donc sous toute réserve. Max est le nom de certaines feuilles qu’on met pour la rougir dans une boisson que les parties prenaient ensemble après avoir fait un contrat de vente. Holomax en un seul mot signifie, être à la tête, dominer, et quiq-holomax, ensemble, font allusion à une sorte de maladie secrète.

 

Mavi are ri qux chi qat chuvach tach’uxoc. Ch' y coho ri u vach che, cha-cut ri gapoh. Cak cut u vaal ri chex-elic, x-cul pa zel :· x-u von rib, coloquic x-uxic ; u gexel n qux ta yitz chi c’ul u vaal cak che :

Queheri quiq u vaal che x-elic 11 gexel u quiqel ; la x-u colo chila ri quiq chupan, ri u vaal cak die, quehe curi quiq r’ih x-uxic cakluhluh chic colon! chi pa zel la x-copcot ri che runial gapoh.

Chuh-Cakche ch’u chaxic, are cu ri quiq x-u binaah ruinai quiq holomax ch’u chaxic.

Chila cut qu’yx logox vi,.chuvach uleu qo yvech ch’ uxic, x-cha-cut chique ri Tueur. —  Utzbala, at gapoh. X-ka be ba, ka vaba akan־oc ; xa c’a bin apan-oc, oh na ka yaix-tah u va u gexevach aqux chi qui vach ahauab, x-e cha-cut ri zamahel.

Ta x-opon cut chi qui vach ahauab, quezelevachin co-nohel. Mavi x-utzinic, x-cha cut Hun-Came? —  Mi-x-ut-zinic, yxahauab; va nacu uqux xe qo pa zel. —  Utzbala ! v’ila cut x-cha-cu ri Hun-Came. .                     ׳

Ta x-u chuyeh cu akan־oc, ca turur rih chi comah cak־ luhluh rih chi quiq : Utz çh’y luu u vach gag, ch’y ya chuvi gag, x-cha cut Hun-Came.

 

Quant à brûler ce cœur devant eux, cela ne sera pas K davantage). Mettez (dans le vase) le produit de cet arbre, ajouta la jeune fille. Et rouge la sève de l’arbre sortit et coula dans le vase : elle se coagula et devint (comme) une boule : (c’était) l’échange de son cœur qui sortait jaillissant, ce liquide de l’arbre rouge.

Semblable à du sang sortait la sève de l’arbre, en échange du sang ; alors il se figea là ce sang au fond (du vase), ce liquide de l’arbre rouge, et semblable à du sang son apparence devint brillante, rougeâtre et coagulée dans le vase, tandis que l’arbre devenait célèbre à cause de la jeune fille.

Sang-de-Dragon (1) il fut appelé; c’est donc ce qui fut surnommé sang, parce que sang passé en contrat il fut appelé (2).

(1) Sang-de-Dragon est le nom français de l’arbre appelé par les Mexicains ezquahuitl, arbre de sang, et par les Quichés chuh-cakche, c’est-à-dire cochenille de l’arbre rouge.

(2) C’était un contrat de sang entre la princesse et les Tueurs ou Sbires de Xibalba.

Là donc vous serez aimés, et tout ce qu’il y a sur la surface de la terre deviendra votre héritage (3), dit-elle encore aux Hiboux.  —  Fort bien, jeune fille. Pour nous, nous partons, nous allons rendre compte (de notre mission) ; va ton chemin, tandis que nous allons mettre l’image et ressemblance de ton cœur sous les yeux des rois, répondirent les mandataires (de Xibalba).

(3) Ce contrat est d’autant plus eu-rieux qu’il révèle un des côtés les plus intéressants de la conspiration: la princesse promet aux ahpop achïh, capitaines des gardes ou chefs du peuple, la possession des héritages dont ils sont exclus et qui n’appartient qu’à la noblesse. Ceux-ci seraient-ils les mêmes dont on créa plus tard l’ordre des nobles et des prêtres.

Lorsqu’ils arrivèrent devant les rois, tous étaient dans une attente inquiète. Est-ce déjà fini? dit alors Hun-Camé.  — C’est fini, ô rois, voici présentement son cœur au fond de ce vase.  —  C’est fort bien, que je le voie donc, reprit Hun-Camé.

Alors il le souleva délicatement du bout des doigts, et le liquide ensanglanté, brillant d’une couleur rougeâtre, commença à se répandre avec le sang : Avivez bien les braises et placez-le au-dessus du feu, ajouta Hun-Camé.

 

Qatepuch x-qui chakih chuvi gag, c’oc cut x-qui na Xibalba, x-e qiz yacatah uloc conohel x-e chike chuvi quitzih chi guz x-qui nao ri u zibel quiq.

Arecut e chiquichoh vi canoc, ta-xe be ri Tueur e vabai rech gapoh x-u quï’a akan-oc chi hul chuvi uleuh, x-zalih chi cu cahoc ri vabanel.

Quehecut x-e chakatah vi r’ahaual Xibalba ri rumal gapoh x-e moyvachixic conohel.

CAHPAH CHI TZIH.

Arecut e qo ri u chuch Hunbatz, Hunchouen, ta x-ul ri ixok Xquiq ruq ri u chuch Hunbatz, Hunchouen ; x-qol-oc r’al chupam xa zcaquin chic mavi que yaqueic ri Hun-ahpu, Xbalanque qui bi.

Ta x-ul cu ri ixok chire ri atit, x-cha curi ixok chire riatit : Mix-in ulic, Lal chichu, in alib La, in puch al-cual La, Lal chichu, x-cha ta x-oc uloc ruq ri atit.

Apa c’at pe-vi uloc? qo chi pa ri v’al? ma-pa x-eca-mic chi Xibalba? e cu caib canoc qu’etal qui tzihel puch, Hunbatz, Hunchouen, qui bi, ve av’ila? C’at pe-vi, c’at-el ubic, x-u chax ri gapoh rumal atit.

 

Après donc qu’ils eurent jeté (le cœur) sur le feu cl que ceux de Xibalba eurent commencé à sentir (l’odeur qui, s’en exhalait), tous se levèrent à la fois et se tourné-rent avec un étonnement inquiet vers le parfum qu’ils sentaient de la fumée de ce sang.

Tandis qu’ils demeuraient (étourdis de ce qui se passait), les Hiboux, prévenus par la jeune fille, s’acheminaient montant en grand nombre de la fondrière vers la terre, où ils tournaient aussitôt ses partisans (1).

(1) C’est la suite de la conjuration. Le mot hul, trou, profondeur, caverne, fondrière, symbolise avec une sorte dé mépris les lieux souterrains et bas ou jusque-là ces sbires de Xibalba avaient servi les rois, avant d’être appelés par la princesse à une position plus élevée et à posséder des châteaux au sommet des montagnes.

Ainsi furent joués les princes de Xibalba par celle jeune fille par qui tous se laissèrent aveugler.

CHAPITRE QUATRIÈME.

Or, la mère de Hunbatz et de Hunchouen (2) était chez elle, lorsque la femme Xquiq arriva auprès de la mère de Hunbatz et de Hunchouen ; elle était enceinte et peu s’en fallait pour la naissance de ceux qui se nommèrent Hunahpu et Xbalanqué.

(2) La mère apparemment pour l’aïeule.

Lorsque la femme arriva auprès de la vieille, cette femme donc dit à la vieille : J’arrive, ô ma dame et mère; je suis votre belle-fille, je suis la fille adoptive de votre seigneurie, madame et mère, dit-elle en entrant auprès de la vieille.

D’où viens-tu? où sont mes fils? ne sont-ils pas morts en Xibalba? et leurs deux descendants, les signes de leur parole, qu’on appelle Hunbatz et Hunchoven, ne les vois-tu donc pas ? Sors d’ici, va-t’en! fut-il répondu par la vieille à la jeune fille.

 

Xerela quitzih vi chi in aiib La x-qo nare ; in qo־vi reel! Hunhun-Ahpu ; va u caam e qazlic, mavi e caminak ri Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu, xa u galbai rib /ak mi-x-qui bano ; Lal v’alib. Quehecut yv’ila-ta chi log u vach ri u caam, x-u chaxic ri atit.

 

Arecut que cakal ri Hunbatz, Hunchouen : xa zu, xa bix ca qui bano ; xa tzibanic, xa pu qotonic qui chakih chi hutagih; are cut çubul vi u qux ri atit.

X-cha chicut atit : X-ma ca v’ah-vi at־ta v’alib ; xa a hoxbal ri qo ch’a pam ; at qaxtok, x-e cam vi v’al c’a biyh.

X-cha chicut ri atit : Quitzih ibare va ça nu biyh. Utz-bala, at v’alib ca nu tao, Uh’atbala, h’a qama qu’echa vichi qui veeh, h’a hacha hun chi nima cat; chi petic, at nacu v’alib ca nu tao, x-u ch ax cut ri gapoh.

Utzbala, x-cha־cut. Qatepuch ta x-bec pa abix qo vi c’abix ri Hunbatz, Hunchoven,'hocam u beel cumal; x-u takeh cut gapoh x-opon puch chiri pa abix.

Xacu huvi ri abix, x-ma qo chivi u ca-vi r’ox-vi, xu vachelaam vi u vach chi huvi : ta x-qiz cut u qux ri ga-poh.

Quila in makol, in qazbol! Apa x-ch’iu qam viri hun cat echa ca bixic, x-cha-cut. Qatepuch u ziquixic Chahal echa ruinai, ta t’ul va uloc, ta t’ul takal-oc.

 

Croyez-moi véritablement, je suis certainement votre belle-fille ; car je suis (l’épouse) de Hunhun-Ahpu ; les voici portés vivants, Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu ne sont pas morts, et la sentence qui les a frappés ne les a rendus que plus illustres; Vous êtes ma belle-mère. Ainsi donc voyez leur image chérie dans ceux que je porte, fut-il dit à la vieille.

Et voilà que Hunbatz et Hunchoven se mirent en colère (contre la jeune femme) : à jouer de la flûte et à chanter ils s’occupaient uniquement ;à peindre et à sculpter ils employaient tout le jour, et ils étaient la consolation de la vieille.

La vieille alors répondit : Je n’ai nullement besoin de toi pour ma belle-fille ; c’est ton adultère qui est (renfermé) dans ton sein ; tu es une menteuse ; ils sont morts mes enfants dont tu parles.

Et la vieille reprit : Ce n’est que trop vrai tout ce que je t’ai dit. Mais c’est bien, tu es ma belle-fille à ce que j’entends. Va donc ramasser des provisions pour ceux qui mangent; va, moissonne un grand filet tout plein ; reviens ensuite puisque tu es ma belle-fille à ce que j’entends, fut-il répondu à la jeune fille.

Fort bien, répondit-elle. Ensuite elle s’achemina vers le champ où étaient les semailles de Hunbatz et de Hunchouen, et le chemin avait été ouvert et nettoyé par eux ; la jeune fille le suivit et arriva ainsi au champ.

Mais (elle n’y trouva) qu’une seule gerbe; car il n’en restait ni deux, ni trois, une seule gerbe sortant encore son image (sur la surface du champ) : alors le cœur dé la jeune fille se brisa :

Malheureuse pécheresse que je suis! où irai-je chercher ce filet tout plein de provisions qu’on m’a coin-mandé, ajouta-t-elle? Alors (elle pensa) à invoquer le Gardien des aliments, afin d’obtenir qu’il en rapportât.

 

Xtoh, Xganil, Xcacou, yx pu Iziya; al Chahal re qu'c-cha Hunbatz, Hunchouen, x-cha ri gapoh ! Ta x-u qam cut ri tzamiy, u tzamiyalu vi hal, x-u bok akan-oc, mavi x-u hach ri hal, chi cau cut ri hal echa pa cat, x-caxinic ri nima cat.

Ta x-pe cut ri gapoh : xa cu chicop x־ekan ri cat, ta x-peticx-be qui ya u coc xucut ha queheri r’ekan.X-opo-nie x-r’il ri atit; qatepuch ta x-r’il ri atit ri echa hun chi nima cat:

Apa mi-x-pe-vi ri echa aumal, mi-xe a galaba vi, ve mi-x-qix a qam uloc ri k’abix? Chi be na v’ila, x-cha ri atit ta-x-be puch, x-be r’ila ri abix.

Xavixere qo-vi ri huvi abix, xavi-cu-xere calah u qo-libal cat chuxe. Anim chicut x-pe ri atit x-ul chicut chi r’ocboch, x-cha chicut chire ri gapoh : Xerevi fetal ri quitzih vi chi at v’alib ; chi v'il chi na a banoh, ri e qo.ri vi e nauinak chic, x-u chax cut gapoh.

 

Xtoh, Xcanil, Xcacau, vous qui préparez (1 ) le maïs avec la cendre, et loi, Gardien des provisions de Hunbatz et de Hunchouen (venez à mon aide), s’écria la jeune fille! Alors elle prit les barbes et l’extrémité de la gerbe, les arracha doucement, sans déraciner la gerbe, les arrangea (ces barbes devenant des) gerbes de maïs au fond du filet, et elle réussit ainsi à remplir un grand filet.

(1) Xtoh, Xganil, Xcacou, noms des trois divinités qui présidaient à la nourriture, â l’abondance. Xtoh, compose de la particule x ou ix, femme, et de toh, neuvième signe des jours du calendrier quiché et cakchiquel, que les auteurs traduisent par le mot pluie, averse. Xtoh ou Ixtoh était donc celle de la pluie, la déesse de, la fécondation terrestre. Xganil, composé de la même particule x ou ix, et de ganil, déterminatif de gan, jaune, désignant probablement la maturité, ce qui ferait de Xganil ou Ixganil la déesse des moissons. Xcacou, composé de l’x et de cacou, cacao, ce qui fait de Xcacou ou d'Ixcacou, la déesse de ce fruit véritablement divin. Vous donc qui préparez le maïs, dit la princesse, yx pu tziya; ce dernier mot signifie dans son acception ordinaire, cuire le maïs avec de la cendre ou de la potasse, préparation ordinaire en Amérique où les femmes font passer le maïs par un bouillon d’eau de cendre ou de potasse pour l’adoucir et lui enlever plus facilement sa pellicule et peut-être aussi par mesure hygiénique.

Alors la jeune fille se remit en chemin : mais des barbares chargèrent le filet (2) et allèrent porter leur fardeau dans un coin de la maison, comme leur fardeau (ordinaire). La vieille accourut pour le voir, et quand elle vil un si grand sac rempli de provisions :

(2) Chicop exprime l’idée de la bête quelle qu’elle puisse être, mais ce mot est pris aussi comme en français dans le sens de brute, de sauvage, d’homme barbare et sans éducation. Ximenez traduit par animal ;nous avons cru que le mot barbare convenait davantage.

D’où t’est venu une telle provision? aurais-tu donc ruiné (mon champ) ou aurais-tu achevé d’emporter toutes nos semailles? Je vais y voir à l’instant, dit la vieille en se mettant en chemin et en allant voir le champ.

Mais le seul épi du champ était debout (à la même place) et l’on voyait de même l’endroit où avait été placé le filet. Avec la même vélocité, la vieille s’en revint à sa maison et dit à la jeune fille : C’est là véritablement un signe que tu es ma belle-fille ; je verrai encore tes œuvres et celles des sages que tu portes (actuellement dans ton sein), lui fut-il dit à la jeune fille.

 

ROOPAH CHI TZIH.

Are chix-chi ka tzihoh c’alaxic Hunahpu, Xbalanqué.

Arecut c’alaxic yae x-chika biyh. Ta x״u riqu gih c’a-laxic, ta x־alan puch ri gapoh Xquic u bi.

Macu x-u vachih alit, ta x-e’ alaxic־; libahplii yaqueic e caib chi c’alaxic, Hunahpu, Xbalanqué qui bi, pa huyub x-e yaque vi.

Ta x-e 00 cut pa ha : macu que varie : He a tzaka uloc, quitzih chach qui chi, x-cha ri atit. Qate cut la x-e ya pu zanic; guz cu qui varam çhiri : x-e el chi cu chiri, x-e ya chic chuvi qix.

Are ta cut x-c’ah Hunbatz, Hunchouen, x^e cam-ta chiri pa zanic, x-e cam-ta pu chuvi qix; x-c’ah rumal qui chakimal, qui cakvachibal puch cumal Hunbatz, Hun-chouen.

Aiavi x-e culax pa ha cumal qui chagnabec; xa mavi qu’etaam, xavi cu pa huyub x-e quiyi vi.

E cu nimak ahzu, ahbix ri Hunbatz, Hunchoven : x־e nimakir cut nima qaxcol rail x-e iqou vi x-e qaxcobizaxic e nimak etamanel chic x-e uxic : xavixere c ahzu e ahbix e pu ahtzibab, ahqot xe uxic, ronchel ch’utzin cumal.

Xa x-qu’etaam vi x-c alaxic, xa x-e nauinak e pu u

CHAPITRE CINQUIÈME.

Ce que nous raconterons (maintenant c’est) la naissance de Hunahpu et de Xbalanqué.

Voici donc leur naissance que nous allons raconter. Lorsqu’elle eut atteint le jour de leur naissance, la jeune fille, nommée Xquiq, enfanta.

La vieille n’assista pas toutefois, quand ils naquirent; instantanément ils se produisirent, et tous les deux furent délivrés, Hunahpu et Xbalanqué (car tels furent) leurs noms, (et c’est) dans la montagne qu’ils se produisirent.

Alors ils rentrèrent dans la maison; mais ils ne dormaient point : Va les jeter dehors, car en vérité ils ne font que crier, dit la vieille. Après quoi on les porta sur une fourmilière, mais leur sommeil y fut savoureux : ils les emportèrent de là et allèrent les mettre sur des épines.

Or, ce que désiraient Hunbatz et Hunchouen, c’est qu’ils mourussent là sur la fourmilière; ils le désiraient parce qu’ils étaient leurs rivaux (dans les arts) et ils étaient un objet d’envie pour Hunbatz et Hunchouen.

Dans le commencement même, leurs jeunes frères ne furent pas reçus par eux dans la maison; ceux-ci ne les connaissaient point, et ainsi ils furent élevés dans la montagne.

Or, Hunbatz et Hunchoven étaient de très-grands musiciens et chanteurs; ayant cru, au milieu de grandes peines et de grands travaux, qu’ils avaient passés, tourmentés de toute manière, ils étaient devenus de grands sages : ils s’étaient rendus également (habiles comme) joueurs de flûte, chanteurs, peintres et sculpteurs ; tout sortait parfait de leurs mains.

Ils savaient certainement quelle était leur naissance et

 

gexel qui cahau ri x-e be chi Xibalba, caminak vi qui cahau ; e cu nimak etamanel ri Hunbatz, Hunchouen chi qui qux ronohel nabec qu’etaam ta x-e vinakir ri qui chag.

Macu x-el apanocqui nauiquil rumal qui cakvachibal, xa chiquih x-kah vi u׳yog qui qux, mavi banoh x-e poi-zaxic cumal riHunahpu, Xbalanque.

Xa eu u ubanic chi qui bano hutagih : mavi que logo-xic rumal ri r’atit, Hunbatz, Hunchouen ; mavi chi ya qui va ; x-baninak vaim x-e pu vainak ri Hunbatz, Hunchoven, ta que u ulic.

Macu cakaric oyovaric, xa chi qui cuyu ; xere qu’e-taam ri qui goheic, queheri zak ca qu’ilo. C’u caam cut qui tziquin ta que ulic hutagih ; chi qui ti cut ri Hunbatz, Hunchouen, mahabi nakila çhi ya chique chi qui cabi-chai ri Hunahpu, Xbalanque.

Xacu zu,xapu bix chi qui bano Hunbatz, Hunchouen. Ta x״e ul chi puch ri Hunahpu, Xbalanque, ma-habi chic qui tziquin c’u caam; x-e oc ul-oc, x-cakar pu ri atit.

Nakipa rumal mahabi chi tziquin yv caam, x-e u chax cut ri Hunahpu, Xbalanque?  — *Are vi, yx k’atit, xa mi-x-e tanatob ka tziquin chuvi che, x-cha־cut : ma-cu-habi ch’akan chuviche chiquech, yx k’atit; chi cah-ta pu ri k’atz, que be-ta kuq, chi be-taquikazah uloc ri tziquin, x-e cha-cut.

 

étaient également instruits qu’ils étaient les représentants de leurs pères qui étaient allés en Xibalba, où leurs pères étaient morts ; c’étaient donc de bien grands sages que Hunbatz et Hunchouen, et dans leur intelligence ils avaient su dès l’abord tout ce qui concernait !׳existence de leurs jeunes frères.

Mais leur sagesse ne se montra pas à cause de leur envie, le mauvais vouloir de leur cœur ayant pris le dessus contre eux, quoique aucun acte ne les eût provoqués delà part de Hunahpu et de Xbalanqué.

Car ils ne faisaient que chasser à la sarbacane chaque jour : ils n’étaient aimés ni de leur aïeule, ni de Hunbatz, ni de Hunchouen : on ne leur donnait point à manger; seulement quand le repas était terminé, quand Hunbatz et Hunchouen avaient fini de manger, ils venaient.

Mais ils ne s’offensaient point et ne se mettaient point en colère, se contentant de souffrir; car ils connaissaient leur nature et ils voyaient (tout) clairement comme le5 jour. Ils apportaient donc des oiseaux quand ils venaient chaque jour ; mais Hunbatz et Hunchouen les mangeaient sans leur en rien donner à l’un ou à l’autre de Hunahpu et de Xbalanqué.

Hunbatz et Hunchouen ne faisaient autre chose que jouer de la flûte et chanter. Or Hunahpu et Xbalanqué vinrent une fois, sans apporter aucun oiseau, et quand ils entrèrent, la vieille se mit en colère.

Pourquoi donc n’apportez-vous point d’oiseaux, leur fut-il dit à Hunahpu et à Xbalanqué? —  Voici ce que c’est, notre aïeule, seulement nos oiseaux se sont embarrassés dans les branches touffues de l’arbre, répondirent-ils : nous ne sommes pas capables de grimper sur. l’arbre pour les prendre, notre aïeule ; mais que nos frères aînés y montent; qu’ils viennent avec nous et qu’ils descendent les oiseaux, ajoutèrent-ils.

 

Utzbala, koh be yvuq zakiric, x-e cha-cu ri c’atz, ta x-e chacouic. X-caminak cul qui naoh qui cabicbal chireel! qui chakic Hunbatz, Hunchouen : Xa ka tzolcomih qui qoheic, e u pam, ka tzih ta ch’uxoc rumal nima qaxcol mi-x-qui ban chike. X-oh carn-tah, x-oh zach-tah puch, x-kah ri oh qui chag. Queheri ala x-oh pe-vi uloc chi qui qux; queheçut que ka chak-vi, xa r’etal chi ka bano,

X-e cha chi quibil quib, ta x-e be cut chila chu xe che Cante u bi. C’achbilan curi c’atz ta x-e bee, x-qui tiqiba chicut u ubanic. Mavi ahilan chi tziquin chuvi che que chititic, x־e maihan cut ri c’atz ta x-qu’il ri tziquin.

Are curi tziquin, ma-habihun ocx-kah uloc chuxe che ; ri ka tziquin e mavi que kah uloc : xa h’yx kazah uloc, x-e cha-cut chire c’atz.  —  Utzbala, x-e cha-cut.

Qatepuch x-e akanic chuvi che, x-nimar cut ri che, x-zipoh u pam : qatecut x-e rah kah uloc, macu utz chic qui kahic uloc chuvi che Hunbatz, Hunchouen.

 

X-e cha cu uloc chuvi che : Hupacha koh u chanic, yx ka chag ? togob ka vaçh ! Are ri che ca xibin chic ca qu’ilo, yx, ka chag, x-e cha uloc chuvi che.

 

C’est bon, nous irons avec vous demain dès le jour, firent les aînés dans leur réponse. Or la sagesse de Hunbatz et de Hunchouen était morte dans l’un et dans l’autre relativement à leur défaite : Nous changerons seulement leur existence et (la forme de) leur ventre, et que notre parole ait son effet à cause des grands tourments qu’ils nous ont donnés. Que nous périssions et que nous fussions anéantis, qu’il nous arrivât malheur à nous leurs jeunes frères (voilà quel était leur désir). Comme des serviteurs, ils nous ont abaissés dans leur pensée; de même donc nous les humilierons, et nous le ferons en signe (de notre puissance),

Disaient entre eux (Hunahpu et Xbalanqué), tandis qu’ils s’en allaient au pied d'un arbre, appelé Canté (1), accompagnés de leurs aînés ; ils cheminaient, s’exerçant à tirer à la sarbacane; sans nombre étaient les oiseaux qui gazouillaient à la cime de l’arbre, et leurs deux aînés s’émerveillaient de voir tant d’oiseaux.

(1) Canté, c’est-à-dire, bois jaune, en langue tzendale et maya, le mot dans son ensemble n’appartenant pas à la langue quichée: c’est, dit Ordoñez, le même auquel les teinturiers et les fabricants de couleurs au Mexique donnent le nom de toztet, peut-être tochtetl. Le mot can-té veut dire également en maya bois de serpent. Le nom de ce bois qui ne croît que dans les contrées chaudes et basses, propres au bois de teinture : mais la langue à laquelle il appartient, semblerait indiquer que la scène dont il s’agit un peu plus loin aurait eu pour théâtre le pays voisin de Palenqué ou les plaines arrosées par le fleuve de Chiapas.

En voilà des oiseaux ; mais pas un seul n’est encore venu tomber au pied de l’arbre, et de nos oiseaux il n’en est pas encore tombé : allez donc les faire tomber, vous autres, dirent-ils à leurs frères. — C’est bon, répondirent-ils.

Mais après qu’ils eurent grimpé sur l’arbre, cet arbre s’agrandit et son tronc grossit; et après, quand voulurent descendre Hunbatz et Hunchouen, ils ne réussirent pas à descendre de la cime de l’arbre.

Ils dirent donc du haut de l’arbre : Comment ceci nous est-il arrivé, ô nos jeunes frères? Malheureux que nous sommes ! Voilà que cet arbre épouvante ceux qui le regardent, ô vous, nos frères, dirent-ils du haut de l’arbre.


X-e cha curi Hunahpu, Xbalanque : Ch’y quira y vex, ch’y xima xe y pam nahlic u tzam, ch’y hure he ch’yvih ; qatecut utz y binic, x-e u chax chic cumal qui chag.

Uve, x-e cha cut, ta x-qui huriiba cut u tzam qui tok : xa pu huzu qui he chi x-uxic, xa qoy x-qui vachibeh chic.

Qatecut x-e be chuvi tak-che chuti huyub, nima huyub x-e bec pa takquechelah, que vohon chic, qui zilah chic chu gab tak-che. Quehecut qui chakatahic Hunbatz, Hun-chouen cumal Hunahpu, Xbalanque, xa rumal qui naual ta x״qui bano.

Ta x-e open cut chi c’ochoch. X-e cha-cut x-e oponic ruq c’atit, ruq pu qui chuch : Yx k’atit, nakila mi-x-qui culvachih ri k’atz? xa rax qui vach mi-x-e bee queheri e chicop chic, x-e cha cut.

Ve nakila mi-x-y ban chique yv’atz ; mi-x-in y galaba, mi pu x-in y chikiba. Mata quehe x-y ban chique yv’atz, yx vi, x-cha ri atit chiquech Hunahpu, Xbalanque.

X-e cha chicut chire c’atit : M’yx bizonic, yx k’atit ; x-ch’yv’il chic qui vach ri k’atz : x־que ulic; xere chicut u tihouic va chyve, yx k’atit, taqui m’yx-tzeenic. C’a tiha na qui gih, x-e cha-cut.

Qatepuch x-qui tiqiba zuanic Hunahpu־Qoy x-qui zuah.

Qatepuch x-e bixanic, x-e zuanic, x-e gohomanie, ta u qamic ri qui zu, qui gohom : ta x-cube puch ri c’atit


Et Hunahpu et Xbalanqué répondirent : Otez vos ceintures, attachez-les vous sous le ventre (ayant soin d’y laisser) un long bout pendant que vous tirerez par derrière ; et ainsi vous marcherez à votre aise, ajoutèrent leurs deux frères.

C’est fort bien, répondirent-ils en tirant les extrémités de leurs ceintures : mais dans le même instant elles devinrent des queues et ils furent changés en singes.

Ensuite ils s’en allèrent sur la cime des arbres, entre les monts grands et petits; ils s’en allèrent partout dans les bois, grimaçant et se balançant sur les branches des arbres. Ainsi furent vaincus Hunbatz et Hunchouen par Hunahpu et Xbalanqué ; mais c’est seulement à cause de leur pouvoir magique qu’ils le firent.

Ils s’en retournèrent alors à leur demeure. En arrivant, ils dirent à leur aïeule et à leur mère : Grand’mère, qu’est-il donc arrivé à nos frères, qu’en un instant leurs visages soient devenus comme ceux des bêtes? dirent-ils.

Si c’est vous qui avez fait ces choses à vos frères, vous m’avez ruinée, vous m’avez abîmée de tristesse. N’agissez donc pas ainsi avec vos aînés, ô mes enfants, leur répondit la vieille à Hunahpu et à Xbalanqué.

Ils répondirent alors à leur aïeule : Ne vous affligez pas, grand’mère; vous reverrez la face de nos frères ; ils retourneront : seulement aussi ce sera une épreuve pour vous, grand’mère; prenez garde de rire. Eprouvez maintenant leur fortune, ajoutèrent-ils.

Aussitôt ils commencèrent à jouer de la flûte et ils jouèrent l’air du Hunahpu-Qoy (1).

(1) Le Hunahpu-Qoy on singe de Hunahpu est un ballet fort curieux encore aujourd’hui en usage au Guatémala parmi les Indiens; ils l’exécutent à certaines fêtes de l’année, portant des masques en bois fort bien faits, représentant les divers personnages, ainsi que les costumes qui y ont rapport. Chacun de ces ballets ou comédies a ses masques, costumes et musique qui lui sont propres.

Après quoi ils chantèrent, jouèrent de la flûte et du tambour, en prenant leurs flûtes et leurs atabales (2) ;

(2) Le mot zuah, formant ailleurs zuanic est un verbe qui signifie jouer, toucher d’un instrument, en particulier un instrument à vent, comme la flûte ; le radical est zu, flûte; de là ahzu, flûtiste, musicien;  —  le gohom est un tambour formé d’un bois creux, surmonté à une extrémité seulement d’un cuir d’animal; les Espagnols le traduisaient par atabal, sorte de tambour mauresque qui ressemblait à celui des Indiens.

 

cuq, la x-c zuanic, x-e zicjuix pa zu, pa bix ta x-u binaali ri Hunahpu-Qoy u bi zu.

Ta x-e oc cu uloc ri Hunbatz^ Hunchouen que xahouic ta x-e ulic : qatepuch ta x-mucun ri a lit itzel qui ·vach, x-r’il alii ta x־tzeenic, mavi x-u cuy ״u tze atit : xa cu huzu x-e bee, mavi x-il chi qui vach.

Eya! k’atit; x-e be pa quechelah. Nakipa ch’y bano, yx k’atit ? xa cahmul x-chi ka tiho, xa oxmul chic.

X-que ka ziquih pa zu pa bix, qui ch’y cuyu y tze, ca liha chi na, x-e cha-chic Hunahpu, Xbalanqué.

Qate x-e zuan chic; ta x-e oc chi uloc que xahou chic x-e ul chic chi u nicahal u va-ha, xavi eu guz ca qui bano, xavi ca qui takchyih ri c’atit chi tze, libahchi x-tzeen chiri c’atit ; quitzih tzeebal qui vach ri qoy, chi xiri ri e xe qui pam, chi chitila he, u chi qui qux, ta xe oc uloc, are cut qui ch’u tzeeh atit.

Qate x-e be chic patakhuyub. Nakipa chi kabano, yx k-’atit? Xere chi va r’oxmul chic x-chi ka tiho., x-cha ri Hunahpu, Xbalanqué.

 

X-e zuan chic : x-e ul chic quexahauic; xacu ch’u cuyu ca u tze ri c’atit. X-e akan cu uloc chu qatanah tzak, ca-kruxruh u chitak qui vach, mutzumak qui chi, chi qui-mal qui chi, qui vach makamo chi qui hogih chique.

 

puis, faisant asseoir leur aïeule avec eux, ils touchèrent de leurs instruments pour provoquer leurs frères aînés par leurs sons et par leur chant, dont on appela l’air alors le Hunahpu-Qoy.

Alors entrèrent Hunbatz et Hunchouen, qui se mirent à danser en arrivant ; mais, lorsque la vieille eut aperçu leurs laides figures, elle rit en les regardant, sans pouvoir empêcher son rire : mais à l’instant même ils se retirèrent et elle ne vit plus leurs visages.

Voyez-vous ! grand’mère ; ils sont partis dans les bois. Qu’avez-vous fait grand’mère? Quatre fois seulement nous pouvons faire cette épreuve, il n’en manque plus que trois.

Nous les appellerons (au son) de la flûte et du chant, retenez votre rire et que l’épreuve recommence, ajoutèrent Hunahpu et Xbalanqué.

Ensuite ils se mirent à jouer de nouveau de la flûte ; (les deux singes) retournèrent en dansant jusqu’au milieu de la salle, donnant tant de plaisir à leur aïeule et excitant si bien sa gaîté, qu’elle partit bientôt d’un éclat de rire : il y avait véritablement quelque chose de si grotesque dans leurs faces de singes, avec l’ampleur de leur bas-ventre, le frétillement de leurs queues et le plat de leur estomac, qu’il y avait bien de quoi faire rire la vieille, lorsqu’ils entrèrent.

Alors ils s’en retournèrent dans les montagnes. Qu’allons-nous faire maintenant, grand’mère? Pour la troisième fois seulement nous recommencerons l’épreuve, dirent Hunahpu et Xbalanqué.

Ils jouèrent encore une fois de la flûte : (les singes) arrivèrent de nouveau dansant; et leur aïeule (réussit momentanément) à retenir son rire. (Les singes) grimpèrent à la terrasse de la maison (montrant) leurs grands yeux rouges, leur museau allongé et leurs grimaces de toute sorte qu’ils se faisaient à eux-mêmes.

 

Ta x-r’il chicut ri aiit, qate x-pokolih chi u Ize ri c’atit. Ma chi en x־il chi qui vach rumal 11 tzebal a lit. Xere vi cua, yx k’atit, x-queka pixabah ubicchu cahmul eut.

X-e zuax chic; macu x-e ul chic chu cahmul, huzu x-e bec pa quechelah. X-e cha eut ch ire c’atit : Mi eu x-ka tiho, yx k’atit, mi nabe x-e ulic, mi pu x-ka tih chic qui ziquixic. M’yx bizou eut ; oh qolic, oh y’viy, xa ch’ilo koh ri ka chuch, yx k’atit que nabax ri k’atz ta ch’uxoc mi x-e cobic, mi pu x-e binahic Hunbatz, Hunchouen que u chaxic, x-e cha ri Hunahpu, Xbalanque.

X-e ziquix eut rumal ri ahzu, ahbix ri oher vinak, are puch chu ziquih ri ahtzib, ahqot oher. X-e chicopiric c qoy x-e uxic rumal xax qui nimarizah quib, x-qui yog ri qui chag.

Quehe vi galabil chi qui qux, quehecut qui maixic ri ta x-e zachic ri Humbatz, Hunchoven, e chicop x-e uxic. Are eut e r’amagelal qo c’ochoch chic xavixere e ahzu e ahbix nim chic, x-qui bano la x-e qoheic ruq r’atit, ruq pu qui chuch.

 

Or la vieille les regarda de nouveau et bientôt elle éclata de rire. Maison ne revit plusieurs faces, à cause de la risée de la vieille : Cette fois seulement, grand’mère, nous les appellerons hors (des bois) et ce sera la quatrième fois (dirent Hunahpu et Xbalanqué).

Ils furent appelés une fois de plus au son de là flûte ; mais ils ne revinrent pas la quatrième fois et s’en furent aussitôt dans les bois. (Les deux frères) dirent alors à leur aïeule : Nous avons essayé, grand’mère; mais ils ne sont pas venus, quoique nous ayons tenté de les appeler. Ne vous en affligez pas : nous sommes ici, nous, vos petits-fils, et nous vous regarderons comme notre mère, mère grande, puisqu’il advient ainsi que (nous restions) en mémoire de nos aînés, qui s’appelaient et se surnommaient Hunchouen et Hunbatz, ainsi qu’on les désignait, dirent Hunahpu et Xbalanqué.

Or (Hunbatz et Hunchouen) étaient invoqués par les musiciens et les chanteurs du peuple d’autrefois, et anciennement c’étaient eux qu’invoquaient également les pein-très et les sculpteurs. Mais ils furent changés en bêtes et devinrent des singes, à cause qu’ils s’enorgueillissaient et qu’ils maltraitaient leurs frères. .

Ainsi fut l’anéantissement de leur raison (1); ainsi furent perdus et anéantis Hunbatz et Hunchouen, quand ils furent changés en bêtes. Or, ils étaient (avant cela) constamment dans leurs maisons, et de même qu’ils étaient grands musiciens et chanteurs, ainsi ils firent de grandes choses, pendant qu’ils existèrent avec leur aïeule et leur mère.

(1) Quehe vi galabil chi qui qux,  mot à mot : De cette manière donc la ruine à leur cœur. Qux est pris ordinairement dans ce sens; mais il est évident qu’il s’agit ici de l’âme, de l’intelligence et par conséquent de la raison, que les Quiches ainsi que d’autres peuples anciens exprimaient par le mot cœur.

 

VAKPAH CHI TZIH.

Ta x-qui tiqiba chicut qui banoh, qui qutbal quib chu-vach c’atit, chuvach pu qui chuch. Nabe x-qui ba no 11 abix. Xa koh abixic, yx k’atit, yx pu ka chuch, x-e cha. M’yx bizonic, 011 qolic oh y viy, 011 qui gexel k’atz, x-e cha-cu ri Hunahpu, Xbalanque.

Ta x-qui qam cut qu’icah, qui mixquina, qui xokera, x-e bec ruq huhun qui uub x-qui teleh : x-e el chi c’ochoch, la x-qui pixab cu c’atit chire u yaic qui va : Chi tiqohna gih, chi be ya ka va, yx k’atit, x-e cha.  —  Utzbala, yx viy, x-cha-cul ri c’atit.

Qatecut x-e opon chiri que abix*vi, xaki x-qui chikiba ri mixquina pu uleu, xacu qui chi tahin ri mixquina pu uleu, ma eu qui chi tahin ri mixquina ch’utuquel.

Are curi icah xavi chi qui chikiba chu toloc die, xavi chu gab rib die chi bee chi lahahic chi bee ronohel che, caam, cakchacachoh chic chi gatoh che ch’u ban ri xa huna icah.

CHAPITRE SIXIÈME.

A leur tour, ils commencèrent leurs travaux, pour se manifester aux yeux de leur aïeule et de leur mère. La première chose qu’ils firent (fut d’ouvrir) un champ (1). Nous allons travailler aux champs, notre aïeule, notre mère, dirent-ils. Ne nous affligez point ; nous qui sommes ici, nous sommes vos petits-fils, nous sommes à la place de nos frères aînés, ajoutèrent Hunahpu et Xbalanqué.

1) Abix en quiche, chez les Mexicains, milpa, exprime l’idée des semailles d’un champ défriché : c’est la première œuvre de la civilisation.

Alors ils prirent leurs haches, leurs pioches et leurs charrues, et se mirent en chemin, chacun avec sa sarbacane qu’il portait à l’épaule : ils sortirent de leur maison, en recommandant à leur aïeule d’envoyer leur nourri-lure : A midi juste, qu’on nous apporte notre dîner, grand’ mère, dirent-ils.  —  C’est bien, mes petits-enfants, répondit leur aïeule.

Bientôt après, ils arrivèrent (à l’endroit) où ils avaient à ouvrir le champ et partout ils enfoncèrent la pioche dans la terre, la pioche seule (leur servant pour enlever les ronces de dessus la terre, seulement (employant) la pioche à nettoyer le sol.

Et la hache aussi ils l’enfonçaient dans la souche des arbres, comme également dans leurs branches, jetant par terre, taillant, faisant tomber tout, bois et lianes de toute espèce, une seule hache coupant tous ces bois et faisant seule (tout cet ouvrage).

 

 

Are curi mixquina tzalz chi cupuh; mavi ahilan turn, qixic c’a ban ri xa hun chi mixquina, mavi ahilan capuh xa chuti huyub, nima huyub ca hec.

Ta x-qui pixabah cut him chicop Xmucur u bi, x-qui tuyuba akan-oc chuvi nima cutam, x-e cha cut Hunahpu, Xbalanque xa ch’av’it ri k’alit chi petic yaol ka va : huzu c’at ogic ta petoc, qatecut chi ka chap ri mixquina ruq icah. Utzbala, x-cha· cu ri Xmucur.

Are cut xa uubanic chi qui bano, mana quitzih abixic ta chi qui bano.Qatepuch ch’ og ri Xmucur : anim cut que petic hun chi chapo mixquina, hun cut chi chapon ri icah :

Chi qui piz la qui vi, xalog ch’u bakula uleu pu gab ri him xa quehe ch’u tziloh u vach, queheri quitzih abixom. Are curi hunchic xalog ch’u pukih u vebal che u holom quehe viri quitzih gatoh cheenel.

Ta x-il rumal c’atit : qatecut que vaic, ma quitzih abi-xic chi qui bano ; xalog chi. be yaoc qui va. Ta x-e be cut chi c’ochoch : Quitzih mi-x-oh cotzic, yx k’atit, que cha, que oponic, xalog chi qu’ikiquih chi qui yug puch c’akan, qui gab chuvach c’atit.

Ta x־e be chicut chaka gih, x-e opon cut pa c’abix, qiz

 

Et ce que la pioche arrachait était tout aussi considérable : on n’aurait pu calculer (le nettoyage) de ronces et d’épines qui s’était fait avec une seule pioche, on ne pouvait calculer ce qui s’était nettoyé et ce qu’ils en avaient jeté parterre dans les montagnes grandes et petites.

Alors ils donnèrent leurs ordres à un (1) sauvage, nommé Xmucur (ou le Pigeon-Ram 1er), et l’ayant fait monter sur un grand tronc d’arbre, Hunahpu et Xbalanqué lui dirent : Tu n’as qu’à regarder quand notre aïeule viendra apportant notre dîner : Roucoule aussitôt qu’elle arrive et alors nous prendrons la pioche avec la hache.  —  Fort bien, répondit le Pigeon-Ramier.

(1) Nous l’avons déjà dit, chicop est l’animal, la bête, la brute et par extension le barbare.

Et voilà qu’ils s’occupèrent à chasser à la sarbacane et en réalité ils ne firent aucun défrichement. Après quoi le Pigeon-Ramier roucoula : aussitôt ils accoururent, l’un pour prendre la pioche et l’autre pour saisir la hache.

S’étant enveloppé la tête, l’un se couvrit gratuitement les mains; de terre, salissant également son visage, comme un véritable laboureur. L’autre se remplit aussi inutilement la tête d’échardes de bois, comme si véritablement il eût été occupé à tailler en charpentant.

C’est alors qu’ils furent aperçus par leur aïeule. Ensuite ils prirent leur nourriture, quoique en vérité ils n’eussent fait aucun travail au champ pour les semailles; et ce fut bien gratuitement (2) qu’on vint leur apporter à manger. En arrivant à la maison : Nous sommes véritablement fatigués, grand’mère, dirent-ils en arrivant, allongeant sans raison leurs jambes et leurs bras devant leur aïeule.

(2) Xalog, compose de xa seulement et de log, primitif de logo, aimer, apprécier, se traduit d’ordinaire par l’adverbe inutilement, en vain : le plus exact est  gratuitement , par pure charité.

Lorsqu’ils retournèrent le jour suivant, (ils trouvèrent,)

 

yacatahinak chic ronohel die, caam u chapon! chi rib ro-nohel turn, qixic, tax-eoponic.

Apachinak koh michoqic? x-e cha cut. Are cut que bano u ri ronohel chuti chicop, nima chicop, Coh, Balam, Quell, Umul, Yak, Uti’u, Ak, Ziz, chuti tziquin, nima tzi-quin, are x-e banouic, xa bun agab x-qui bano.

Qate-chi-cut x-qui tiqiba chic abixic : xavi x-u ban chi rib uleuh ruqgatoh die, ta x-qam chicu qui naoh chiri pa gatoh che, pa cupuh puch :

Xa ka varah ri k’abix. Ana-vi chi na ca bano ulo la-quila chi ka riqo, x-e cha-cut, ta x-qam qui naoh. X-e opon chicut chi ha.

Naki r’ilo, koh michouic, yx k’atit? Nima quim chic, nima quechelah chi puch ri k’ abix, ta x-oh opon mier, yx k’atit, x-e cha-cut chi re datit, chi re pu qui chucli. X-koh be cut, x-chi kavarah; rumal mavi utz ca ban chike, x-e cha.

Qatecut x-e batzonic ; qatecut qui bic chic pa qui ga-loh che chiri cut x-e matzehe vi e mukumuxinak chic chiri.

Ta x-ecuchu cu quib ronohel chuti chicop,xa hun x-qui zep vi quib ronohel chuti chicop, nima chicop. Are puch tiqil u qux agab la x-e petic, are qui chabal ri : Yaclin che ,yaclin caam.

 

en arrivant an champ, que tout avait été remis debout, ar-brcset lianes, et que ronces et épines tout ensemble s’étaient enchevêtrées de nouveau, au moment où ils arrivèrent.

Qui donc nous a ainsi joués? s’écrièrent-ils־ Ce sont certainement eux qui ont fait cela, toutes les brutes, petites et grandes (1), le Lion, le Tigre, le Cerf, le Lapin, le Sarigue, le Chacal, le Sanglier, le Porc-Epic ; les oiseaux, grands et petits, ce sont eux qui ont opéré ces choses, et dans une seule nuit ils l’ont fait.

(1) Les brutes petites et grandes, c'est-à-dire les sauvages petits et grands détruisent le défrichement; c’est la réaction de la barbarie contre la civilisation qui parait ici sous cette image.

Ensuite ils recommencèrent à préparer de nouveau le champ : ils en firent de même à la surface du sol avec les arbres coupés, tout en prenant conseil (l’un de l’autre) entre la taille des arbres et le nettoyage des broussailles.

Seulement, (dirent-ils), nous veillerons sur notre défrichement. Peut-être entre temps parviendrons-nous à surprendre ceux qui sont venus faire cela, ajoutèrent-ils en s’avisant. Puis ils s’en retournèrent à la maison.

Que vous en semble, nous avons été joués, grand’mère? De grandes broussailles, et la forêt toute grande (avaient repris la place) que nous avions défrichée, quand nous sommes arrivés tout-à-l'heure, grand’mère, dirent-ils à leur aïeule et à leur mère. Mais nous y retournerons et nous veillerons; car il n’est pas bon qu’on agisse ainsi avec nous, ajoutèrent-ils.

Ensuite ils s’armèrent ; puis ils s’en retournèrent à leurs arbres coupés, et s’y cachèrent, abrités qu’ils étaient dans l’ombre.

Alors toutes les brutes se rassemblèrent, chaque espèce s’unissant à part entre toutes les brutes petites et grandes. Et voilà qu’au point de minuit ils arrivèrent, disant dans leur langue : Arbres, levez-vous; levez-vous, lianes (2).

(2) Yaclin che, yaclin caam. Le mot ever yaclin ne répond pas aux formes grammaticales du Quiché: il appartient probablement à une langue plus ancienne, même que la langue mame qui est anterieure au quiché.

 

X-e cha ta x-epetic, que nebebic xe che, xe caam,ta x-e yopihic, ta x-e qutun cu chi qui vach.

Are cut u nabe ri Coh, Balam : x-r’ah eu qui chapo ; mavi x-u ya rib. Ta x-yopih chic Queh, Umul, xa cuch u he; x-qui chap vi ; xa cu x-cupu cub, canahoc u heQueh pa qui gab, ta x-u qam ri־u he Queh ruq u he Umul ri x-zcatak qui he.

Ma cu x-qui ya quib ri Yac, Uti'u, Ak, Ziz, x-e iqouic conohel chicop chi qui vach ri Hunahpu, Xbalanqué; chi gatal chi cut qui qux, rumal ri ma-habi x-qui chapo.

X״pe curi h unchic u xambe chic, ca tzotzotic ta x-petic : qatecut x-qui cateh, x-qui ze cut pa qui ri cho, qatepuch x-qui chapo, x-qui yoteh puch chirih u vi ; x-r’ah qui bio. X״qui poroh u he chuvi gag : ta x-u qam ri u he cho ma-habi r’izmal u he, are naipu u bak u vach la x-r’ah biyccumal qaholab ri Hunahpu, Xbalanqué.

Ma-ta qu’i camic yvumal ; mavi are y patan ri abixic qo yve, x-chari ri cho. —  Apa qo-vi que ch’a biyh nacut ? x-e cha cu ri qaholab chire cho.  —  La qu’in y tzocopih tanaba la ; qo nu tzih chi nu pam, qatecut ch’in biyh chyve; ch’y ya tana zquin v’echa, x-cha ri cho.

Qate chi ha yao av’echa, ch’a biyh na, x-u chaxic.  —

C'est ainsi qu’ils parlèrent en arrivant, leurs multitudes se pressant sous les arbres et sous les lianes ; enfin ils s’approchèrent, se découvrant aux regards (de Hunahpu et de Xbalanqué).

Or, les premiers étaient le Lion et le Tigre : (les frères) voulurent les saisir ; mais ils ne se laissèrent pas (prendre). A leur tour, s’avancèrent le Cerf et le Lapin, les queues rapprochées l’une de l’autre; ils les saisirent; mais ils n’en arrachèrent que l’extrémité, et la queue du Cerf leur resta dans les mains, et ayant pris ainsi la queue du Cerf et celle du Lapin, il ne resta plus (à ces animaux) qu’une queue tout-à-fait courte.

Le Renard et le Chacal ne se rendirent pas davantage , non plus que le Sanglier et le Porc-Epic, et tous les animaux passèrent devant Hunaphu et Xbalanqué, dont le cœur aussi brûlait de colère pour n’avoir pu en prendre un seul.

Mais il en arriva un autre, qui venait en sautant, tout le dernier : alors (les deux frères,) lui barrant le passage, prirent le Rat dans un mouchoir : l’ayant ensuite saisi, ils le serrèrent vivement à la tête et voulaient l’étouffer. Ils lui brûlèrent la queue au-dessus du feu : c’est alors que le Rat commença à porter la queue, mais une queue sans poil, ainsi que les yeux (à fleur de tête,) comme s’ils eussent été pressés dehors pour les jeunes gens, Hunahpu et Xbalanqué.

Que je ne meure pas de vos mains ; (sachez que) ce n’est pas votre profession dé travailler à la terre, leur dit le Rat.  — Qu’est-ce donc que tu nous contes maintenant, répondirent les jeunes gens au Rat.  —  Lâchez-moi un moment ; car ce que j’ai à vous dire est dans mon ventre; ensuite je vous le conterai ; mais d’abord donnez-moi un peu à manger, dit le Rat.

Après, nous te donnerons à manger, dis d’abord (ce

 

Ulzbala. Are barir'ech ycahauri Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpuu bi, ri x-e cam chi Xibalba, qo cucanoc chuvi ha ri qui bale, qui pacligab, quiquiq puch. Xa mavi ca r’ah ch’y vach rumal yv’atit, rumal ri are x-cam vi y ca-hau.

Ma quitzih av’etaam, x-e cha curi qaholab chire cho ? Nim x-quicot qui qux ta x-qui tao u tzihel quiq. Ta x-u biyh cho, ta x־qui ya r’echa cho.

Are curi r’echa ri, ixim, zakil ic, quinag, pek, cacou, are cut av’ech ri, uve nakila quvun, chi mezcutahinak av’ech cut, ch’a quxu, x-u chax curi cho cumal Hunahpu, Xba-lanque.

Ulzbala, yx qaholab. Nakila eu qui-nu uchah uve qui r'il ri yv’atit ? x-cha-cut.  —  Mavi chi tzak a qux ; oh qo-lie, koh nohinic qo ru chaxic rik’atit. Xa huzu ca ka ya akan־oc xiquin ha ·, la cu ho qo apan-oc, huzu c’at opon chiri x-e quel vi chiri cut; ca k’il vi pu turn ha, xapu ka ti ca k’il vi, x-e cha cut chire cho. ׳

Tax-qui pixabah hun agab, x-qam qui naoh riHunalpu, Xbalanque, qui eu tiqil gih x-e oponic. Ma c’u calah ri cho, c’u caam ta x-e oponic hun ri yacalic x-oc pa ha,

 

que tu as à dire), lui fut-il répondu.  —  Fort bien. (Sachez) donc que ce sont les biens de vos pères Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu, ainsi nommés, et qui moururent en Xibalba, qu’ils existent ainsi que les instruments de leur divertissement, qui sont demeurés suspendus au-dessus de la maison, leurs anneaux, leurs gants, leur balle de gomme élastique. Mais on n’a pas voulu (les montrer) à vos yeux, à cause de votre aïeule, parce que c’est pour cela que vos pères sont morts.

Es-tu vraiment certain (de ces choses), dirent les jeunes gens au Rat? Et ils étaient remplis de joie en entendant l’histoire de la pelote élastique. Ce qu’ayant dit le Rat, ils lui donnèrent à manger au Rat.

Voici la nourriture (que nous te donnerons); le maïs, le chilé blanc (1), les haricots, le pek (2), le cacao, seront à toi; et s’il reste quelque chose de gardé ou d’oublié, ce sera encore à toi, et tu le grignoteras, lui dirent au Rat Hunahpu et Xbalanqué.

(1) Zakil ic, blanc chilé, da mot nahuatl chilli, sorte de piment américain, dont il y a beaucoup de variétés.   

(2) Pek, sorte de cacao de qualité inférieure, dont les indigènes font toutefois des breuvages, mais qui sert surtout de monnaie dans les marchés.

Fort bien, jeunes gens. Mais que dirai-je si votre aïeule me voit (3), ajouta-t-il.  —  Ne crains rien; nous sommes là; nous sommes tout prêts pour ce qu’il y a à répondre à notre grand’mère. Vite donc, montons à ce coin de la maison ; allons-nous-en où il faut aller, et vite monte à l’endroit où (ces choses) sont suspendues, que nous voyions dans les liens de la maison (4) et que nous voyions pour notre nourriture, dirent-ils au Rat.

(3) Nakila cu qui-nu uchah, uve qui r’il ri yv atit, quoi donc je dirai, si me elle voit celle votre aïeule?

(4) Ca k’il vi pu tum ha, que nous voyions dans les cordages de la maison. Tum désigne toute sorte de corde ou de lien tordu, soit d’écorces d’arbres, soit de lanières de cuir; les indigènes s’en servent encore aujourd’hui pour amarrer les pièces de charpente dans le toit d’une maison, au lieu de clous : ces liens avec lesquels j’ai vu monter plus d’un toit sont plus solides et plus durables que les clous ou les chevilles, dont les indigènes commencent à se servir.

Alors ayant avisé pour une nuit, après avoir pris conseil (l’un de l’autre), Hunahpu et Xbalanqué arrivèrent à midi précis. Portant le Rat sans le montrer, ils s’avan-

 

hun cu x-oc xiquin ha, libahchi x-u ya akan-oc ri cho;

Ta x-qui tzonoh cut qui va ch ire c'atit : Xa ch’y culu ka ti, ca ka raih ri cutum ic, yx k’atit, x-e cha-cut. Qate-cut x-cut qui ti hun lak u vaal x-tiqibax chi qui vach :

Xavi qui michbal re c’atit, qui chuch puch, x-qui tzahizah cu ha pa quebal : Quitzih chakih ka chi ; ch’y qama k’uquia, x-e cha chire c’atit.  —  Ve, x-cha-cut, ta x-bec.

Are cut que va canoc : ma cu quitzih ta que numic, xa que moyvachibal x-qui bane. Ta x-qu’il cut ri chu chupam cutum ic, colon uloc ri cho chirih quiq x-e quel'vi pu vi ha.

Ta x-qu’ilo pa cutum ic, ta x-qui lak cat hun Xan ri chicop ri Xan queheri uz, x-opon chi a : are cu x-voro 11 vachquebalatit, xa yacal ha ch’el chuvach u quebal ch’u tiho, x-ma chi tzapi-tah vi u vach quebal.

Nakipa mi-x-u ban ri k’atit ? Oh hizabah chi ya, koh utzin rumal chakih chi, x-e cha chic chire qui chuch, ta x-qui tak ubic. Qatecut x-u ca gat ula cho ri quiq, x-kah ula pu tum. ha, ruq bate, pachgab, tzuum. X-qui

 

cèrent, l’un entrant délibérément dans la maison, l’autre dans le recoin, où aussitôt il laissa monter le Rat.

Et alors ils demandèrent leur dîner à leur aïeule: Moudez-nous donc notre manger (1); nous désirons un chilmol (2), grand’mère, dirent-ils. Aussitôt on leur prépara une écuelle de bouillon, qui fut placée devant eux :

(1) Xa ch’y cutu ka ti, seulement broyez notre manger. C’est l’usage de broyer sur le metate ou pierre à moudre américaine avec un rouleau de pierre la plupart des aliments : on broie sur la même pierre le maïs pour en composer des aliments divers, le poivre, le cacao, le café, le sucre, etc.

(2) Chilmol, du nahuatl chilmulli, que Molina traduit Salsa o guisado de axi, sauce ou ragoût de piment, en quiché, cutum ic. Ce sont des mets encore très en usage dans le Mexique et l’Amérique centrale, fort appréciés aussi par les descendants des conquérants.

Mais ce n’était qu’une (ruse) pour tromper leur aïeule et leur mère, et ayant renversé l’eau de la cruche : Vraiment nous mourons de soif (3); allez donc nous chercher à boire, dirent-ils à leur aïeule.  —  Oui (j’y vais) répondit-elle en s’en allant.

(3) Quitzih chakih ka chi, mot à mot, véritablement ardentes (ou desséchées sont) nos bouches.

Quant à eux, ils continuèrent (4) à manger : mais ils n’éprouvaient en réalité aucun besoin de boire, et ils ne le faisaient que pour l’empêcher de voir (ce qu’ils voulaient faire). Et ayant eu soin du Rat (pour ce qui était) du chilmol, le Rat monta librement à côté de la pelote élastique, suspendue (avec les autres instruments) au sommet de la maison.

(4) Are cut que va canoc, eux donc ils mangeaient cependant.

Ayant fini avec le chilmol, ils commissionnèrent un certain Xan ; or ce Xan était un animal semblable à un moucheron, et il se rendit au bord de la rivière : et il se mit aussitôt à percer le côté de la cruche de la vieille et l’eau se répandit au dehors de la cruche qu’elle essaya (d’arrêter) sans pouvoir boucher le côté de la cruche (par où l’eau coulait).

Que fait donc notre grand’mère? Nous étouffons faute d’eau, nous mourons de soif, dirent-ils à leur mère, en l’envoyant dehors. Aussitôt (qu’elle fut sortie), le Rat alla couper (la corde qui retenait) la pelote élastique ; elle tomba

 

mahix-lah cut ; qate x-pe qu’euah pa be u beet hom.

Qatecut x־ebe chic ruq c’atitchi ya,catahin curi c’atit, qui chuch tzapi u vach quebal huhun. Qatecut ta x-e opo-nic huhun chi cu chi uub, ta x-e oponic chi ya : Nakipa mi-x-y bano? Xa mi-x־coz ka qux x-oh petic, x-e cha.

Ch’yv’ila nau vach nu quebal, mavi ca tzapitahic, x-cha c’atit. Libahchi cut x-qui tzapih chic, hunam cut x-e pe chic, e nabe chuvach c’atit. Quehecut u canaic quiq ri.

VUKPAH CHI TZIH.

Que quicot chi cut x-e bece chaahel pa hom; naht cu x-e chaahic qui-tuquel, x-qui mez ri hom qui cahau.

Ta x-qui ta cu uloc r’ahaual Xibalba : Apa chi na chiri mi-x-u tiqiba chic etzanem pa kavi, ma pu que qixbic que nicnol uloc ? Ma pa x-e cam ri Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu x-r’ah qui nimarizah quib chi ka vach ? He cu y taka chic,

X-e cha dhic ri Hun-Came, Vukub-Came, conohel ahauab. X-e tako uloc, x-e cha-cut chi re qui zamahel :

 

des combles de la maison avec les anneaux, les gants, et les boucliers de cuir. Ils s’en emparèrent immédiatement et allèrent ensuite les cacher sur le chemin qui menait à la salle du jeu de paume.

Après cela ils s’en allèrent trouver leur aïeule au bord de la rivière, or leur aïeule et leur mère étaient en ce moment occupées l’une et l’autre à boucher le côté de la cruche. Alors ils arrivèrent tous les deux avec leur sarbacane et s’avancèrent au bord de la rivière : Que faites-vous donc ? Nous sommes fatigués (d’attendre) et nous sommes venus, dirent-ils.

Voyez donc le côté de ma cruche, qu’on ne peut pas le boucher, répondit leur aïeule. Mais aussitôt eux le bouchèrent et ensemble ils s’en revinrent, eux marchant de-vaut leur grand’mère. Et voilà comment leur fut livrée la pelote élastique.

CHAPITRE SEPTIÈME.

Or, (Hunahpu et Xbalanqué) se sentaient remplis d’allégresse, en se mettant en chemin pour jouer à la pelote à la salle du jeu de paume; et bien loin (ils se rendirent) pour jouer à la pelote tout seuls, et (ils commencèrent par) balayer la salle du jeu de paume de leurs pères.

Or, les princes de Xibalba vinrent à les entendre : Qui donc sont ceux qui recommencent maintenant à jouer sur nos têtes, et qui ne craignent point d’ébranler (la terre)? Ne sont-ils donc pas morts Hunhun-Ahpu et Vukub-Hunahpu, qui voulurent s’exalter devant notre face? Allez donc chercher ceux-ci à leur tour :

Ainsi dirent encore une fois Hun-Camé et Vukub-Camé et tous les princes (de Xibalba). Ils envoyèrent et dirent à

 

Qu’yx cha, qu’yx oponic : Que petoc, que cha ahauab : varal-tah koh chaali vi cuq, vukubix koh etzanic, que cha ahauab; qu’yx cha qu’yx oponic, x-e u chax-cut ri * zamahel.               .

Ta x-e pe cut nima hoc eu qui be ri qaholab chi c’o-choch ca togol chi c’ochoch, xa cu yacal ri zamahel x-opon ruq c’atit. Are cut qu’echahic, ta x-ul canoc u zamahel Xibalba.

Quitzih que petic, que cha ri ahauab ; x-e cha-cut ri u zamahel Xibalba. Ta x-choye cu canoc qui gih cumal ri u zamahel Xibalba : Vucubix que tzelavachixic, x-u ch ax canoc Xmucane.  —  Utzbala, x-que be tak-oc, yx zama-hel, x־cha ri atit. X-e be curi zamahel, x-e tzalihic. » *

Ta x-qiz cut u qux ri atit : Naki x-qui v’uchah qui ta-kic ri viy ? Mavi quitzih ri Xibalba xa quehe r’ulic zama-hel oher, ta x-e be qam-oc ri qui cahau ? x-cha ri c’atit, guz ch’oc pa ha utuquel.

Qatecut x-cah ulo hun Uq ch’u cayac; qateca x-u chap akan-oc, ta x-u ya cut pu gab/chi malmat ib curi Uq x-binic :         ..

At viy, ch’av’ah-tah ca nu tako, que beta a taka ri viy pa hom? x-uchax ri Uq : Ta x-bec takonel mi-x-ul zamahel ruq yv’atit, ca cha : C’at oponic vukubix cut que oponic, ca eha u zamahel Xibalba. Ca cha yv’atit, ca cha x-u chax ri Uq.

 

leurs émissaires : Allez leur dire : Qu’ils viennent, disent les princes : ici même nous voulons jouer avec eux, dans sept jours nous voulons nous mesurer (avec eux), disent les princes ; allez leur dire cela, leur fut-il répété aux émissaires (de Xibalba).

Ils prirent donc le grand chemin que les jeunes gens avaient déblayé depuis leur maison et qui allait tout droit à leur maison, et par où les envoyés entrèrent directement auprès de leur aïeule. Or ils étaient occupés à manger, quand les envoyés de Xibalba arrivèrent.

En vérité, qu’ils viennent (Hunahpu et Xbalanqué), disent les princes, répétèrent les envoyés de Xibalba. Et alors les envoyés de Xibalba marquèrent le jour (qu’ils devaient venir) : Dans sept jours, ils seront attendus, fut-il dit à Xmucané. — C’est bien, ils s’y rendront, ô messagers, répondit la vieille. Et les envoyés s’étant mis en chemin s’en retournèrent.

Et alors le cœur de la vieille se brisa : A qui commanderai-je d’aller chercher mes petits-fils? N’est-ce pas véritablement de la même manière que vinrent autrefois les envoyés (de Xibalba) pour prendre leurs pères? dit leur aïeule, en entrant seule et triste dans la maison.

Après cela un Pou vint à tomber de dessous (son jupon); elle le saisit aussitôt, le soulevant, et le mit sur sa main, où le Pou se remuant, commença à marcher.

Mon neveu (1), aimerais-tu que je t’envoie, pour aller appeler mes petits-fils au jeu de paume? dit-elle au Pou : Des envoyés sont venus trouver votre aïeule et lui ont dit : (Il faut) que tu te prépares dans sept jours et qu’ils viennent, ont dit les envoyés de Xibalba. Ainsi parle votre aïeule, dit-elle en le répétant au Pou.

(1) Al viy, toi neveu (ou petit-fils), expression familière. Le plus âge dit mon neveu, le plus jeune mon oncle.

 

Ta x-bec chi malmat cat x-bec. Cubul cari qahol pa be, Tamazul u bi, ri Xpek : Apa c’at be vi, cha eu ri Xpek chire Uq.  —  Qo ba nu tzih chi nu pam ; qu’in be cuq qa-holab, x-cha ri Uq chire Tamazul.

Utzbala ! Ma-ba c’at anaic ca v’ilo, x-uchax eu Uq rumal Xpek · ma ch’av’ah c’a nu bigo ; ch’av’ila na pe qu’in anic va ; x-koh open ch’anim.  —  Utzbala, x-cha ri Uq chirech Xpek.

Qatecut ta x-rictaxic rumal Xpek. Chi bec nah curi Xpek ta x-bec, chi mavi ca anic : Qatecut ta x-u cul chicut hun nima Cumatz, Zakicaz ubi :

Apa c’at be vi, at Tamazul qahol, x-uchax chic ri Xpek rumal Zakicaz?  —  111 zamahel. Qo nu tzih chi nu pam, x-cha chicut Xpek chire Cumatz.  —  Ma ba c’at anic ca v’ilo ; in ta-on x-qu’in opon ch’anim ? x-cha Cu-matz chire Xpec. Cat-oho, x-uchaxic. ·

Qatecu x-big chic ri Xpek rumal Zakicaz. Ta x־u qam ri r’echa Cumatz, que bigo u xpek vacamic. Ch’an cu ri Cumatz ta x-bec ; x-culutah chi-vi״cut ri Cumatz rumal Vac, nima tziquin ; x-big chi viri Cumatz rumal Vac.

Qatepu x־opon ri chuvi hom. Ta x-u qam r’echa ri xic que tio u cumatz pa tak huyub. Ta x-opon puch ri Vac,

 

Alors il s’en alla en se dandinant en chemin־ Or, assis sur la route (se trouvait) un jeune homme, nomme Tamazul, ce qui veut dire Crapaud (1). Où vas-tu, lui dit le Crapaud au Pou ? —  Je porte un message à la ceinture (2), et je vais trouver les jeunes gens, répondit le Pou à Tamazul.

(1) Tamazul, de tamaçolli, crapaud, en langue nahuatl. Ces indications sont précieuses pour indiquer le rôle que les ancêtres des Toltèques ont joué dans ce drame.

(2) Qo ba nu tzih chi nu pam, il y a mon message (ou ma parole) à mon ventre. Ba est une particule d’élégance et de doute qui exprime beaucoup de choses, comme : ce me semble, vraiment, cependant.

Fort bien. Tu ne cours guères cependant, à ce que je vois, fut-il dit au Pou par le Crapaud : Veux-tu que je t’avale; tu verras bien comme je cours; nous arriverons tout de suite.  —  C’est fort bien, répondit le Pou au Crapaud. ’

Et aussitôt il se laissa avaler par le Crapaud. Or le Crapaud marcha longtemps, en s’avançant dans son chemin; mais il ne courait pas. Après cela il rencontra à son tour un grand serpent nommé Zakicaz :

Où vas-tu donc, Tamazul, mon garçon, lui fut-il dit au Crapaud par Zakicaz?  —  Je suis un messager. Je porte un message dans mon ventre, dit aussi le Crapaud au Serpent.  —  Tu ne cours guères à ce que je vois; n’arriverai-je pas plus vite (que toi)? dit le Serpent au Crapaud. Viens ici donc, lui dit-il.

Alors le Crapaud fut à son tour avalé par le Zakicaz. C’est depuis lors que les serpents les prennent pour leur nourriture, et aujourd’hui encore ils engloutissent les crapauds. Le serpent courait en cheminant ; et le serpent, de son côté, ayant été rencontré par le Vac, (qui est un) grand oiseau, au même instant ledit serpent fut englouti par le Vac (3).

(3) Vac, qui est un grand oiseau, dit le texte ; ailleurs se trouve écrit voc. Le verset suivant dit que c’est l’oiseau de proie appelé Xic, c’est-à-dire l’Epervier américain.

Bientôt après, il arriva au-dessus du jeu de paume. C’est depuis lors que l’Epervier en fait sa nourriture et

 

x-chakachob chuvi u tzutzil hom, que quicol curi Hun-Ah pu, Xbalanqué que chaahic.

Ta x-opon cut ri Vac, ta x-ogcuri Vac : Vacco, vacco, x-cha r’ogibal, vacco!  —  Nakipa ri ch’ogic? pe-ta ka uub, x-e cha.

Qatepuch x-qui uubah ri Vac, qui cu takal u bak uub chu bak u vach : chi tzelet cut, x-kah uloc. Quitzih vi cut x-be qui chapa, qate x-qui tzonoh : Hu pa a petic? x-e cha chi re Vac.

Qo ba nu tzih chi nu pam. Ch’y cunah-ta na u bak nu vach nabe, qatecut x-ch’in biyh, x-cha ri Vac. —  Utzbala, x-e cha cut. Qate x-qu’elezah zcaqnin rih quiq ri'chaah, x-qui coh chi u vach ri Vac ; Lotzquiq x-u binaah cumal ; libahchi cut x-cachoh cumal utz chic u mucubal ri Vak x-uxic.

Ch’a biyh cut, x-e cha chire Vac. Qatecut. x-u xauah nima Cumatz.  —  Ca chau-oc; x-e cha chic chire Cumatz.  —  Ve, x-cha chicut, ta x-u xauah chi Xpek.  —  Nakipa qo takikil ca tzihon-oc, x-uchaxchi curi Xpek ? —  Qoba nu tzih chi nu pam, x-cha chi curi Xpek.

Qatecut x-u till, xa big, mahabi x-u xauah, xa quehe chu qaxah u chi ch’u tiho ; x-ma qo-vi chu xauah. Qate-cut x-r’ah chayic cumal qaholab.

 

dévore les serpents dans les montagnes. En arrivant, le Vac s’abattit sur la corniche du jeu de paume, où Hunahpu et Xbalanqué s’amusaient à jouer à la balle.

Et se mettant sur pied, le Vac croassa : Vacco, vacco, dit son cri, vacco !  —  Qu’est-ce que ce croassement-là? Vite, nos sarbacanes, s'écrièrent (les deux jeunes gens).

Ensuite ils tirèrent au Vac, lui envoyant la balle de la sarbacane dans la prunelle de l’œil : il tourna aussitôt sur lui-même et vint tomber (aux pieds des deux frères). Sur le coup, ils coururent le prendre et lui demandèrent ensuite : Que viens-tu faire ici? parlant au Vac.

Je porte mon message dans mon ventre. Mais guérissez d’abord la prunelle de mon œil, et ensuite je vous le ferai connaître, dit le Vac.  — Fort bien, répondirent-ils. Alors ils prirent un peu de la gomme de la balle avec laquelle ils jouaient et l'appliquèrent à l’œil du Vac; (ce remède) fut appelé par eux Lotzquiq (1), et en même temps la vue du Vac se trouva parfaitement guérie par eux.

(1) Lotzquiq est une herbe américaine des tropiques, appelée par les Mexicains Xocoyolli et, a ce qu’il parait, oxalis, dans notre classification d’histoire naturelle. Les indigènes de l’Amérique centrale m’ont assuré qu’ils s’en servaient pour enlever la cataracte et m’en ont enseigné le moyen. Il est impossible, d’ailleurs, que ce remède soit indiqué sans des־ sein dans cet ouvrage; les indiens ne font rien hors de propos.

Parle, maintenant, dirent-ils au Vac. Alors il vomit le grand serpent.  —  Parle donc, toi, dirent-ils aussitôt au Serpent.  —  Oui, répondit-il, et à l’instant il vomit le Crapaud.  —  Où est le message que tu as annoncé, lui fut-il dit à son tour au Crapaud?  —  Je porte mon message dans mon ventre, répondit le Crapaud.

Alors il fit des efforts comme s’il étouffait ; mais il ne vomit point et sa bouche se couvrait comme de bave dans l’effort qu’il faisait, sans qu’il lui vînt aucun vomissement. Après cela, les jeunes gens voulaient le maltraiter.

 

Al qaxtok, x-u chaxic, ta x-yicu va rachak chi akan ; x-kah eu bakil u va r’achak chi r’akan. X-u tih chicut, xa quehechu chub u chi.

Qatepuch x-qui rech u chi ri Xpek, x-rech cumal qa-holab, x-qui tzukuh pu chi : xa eu nacal ri Uq chu va r’e Xpek, xa pu chi qo־vi. Manax-u bigo, xa quehe xabig. Quehecut x-chakatah vi ri Xpek : mavi calah ru vach r’echa x-qui yao ; ruq mavi ch’anic, xa u chac cumatz x-uxic.

C’a tzihon-oc, x-uchax chicut ri Uq, ta x-u biyh eu u tzih : Ca cha ri yv’atit, yx qaholab : He a taka. X-ul takol que ca pe chi Xibalba u zamahel Hun-Came, Vukub-Came. Vukubix que ulic varal, koh chaah vi ; chi pe ri qu’etza-bal, quiq, bate, pachgab, tzuum, are chi qaztah u Vach varal, que cha ahauab.

X-ul quitzih, ca cha ri yv’atit. Ta x-i petic. Quitzih ca cha ri yv’atit ; c’ogic, ca ziquinic yv’atit ; x-i petic.  — Ma quitzih, x-e cha-cut qaholab chi qui qux, ta x-qui tao. Huzu x-e petic, x-e opon eut ruq c’atit ; xa e pixabay chire catit x-e bec.

 

Tu es un imposteur, lui dirent-ils en lui donnant du pied au derrière ; alors son échine descendit sur ses jambes. Il essaya encore (de vomir, mais ses efforts ne produisirent encore) qu’une sorte de bave autour de sa bouche.

Ensuite ils ouvrirent la bouche au Crapaud, et sa bouche étant ouverte par les jeunes gens, ils cherchèrent dans sa bouche ; or le Pou se trouvait arrêté dans les gencives du Crapaud : il était tout simplement dans sa bouche. Il ne l’avait pas avalé, mais seulement comme s’il l’avait avalé. C’est ainsi que fut joué le Crapaud : (aussi) ne connaît-on pas le caractère de la nourriture qu’on lui donne; il ne sait pas non plus courir, seulement (on sait qu’il) est fait de la chair des serpents.

Parle, lui fut-il dit ensuite au Pou, et il expliqua son message : Ainsi parle votre aïeule, jeunes gens : Va les appeler. Des envoyés de Hun-Camé et de Vukub-Camé sont venus les chercher de Xibalba. Qu’ils viennent dans sept jours ici pour jouer avec nous à la paume; viennent également les instruments avec lesquels ils se divertissent, la balle de gomme élastique, les anneaux, les gants et les cuirasses, et qu’ici se vivifie leur visage, dirent les princes.

Et véritablement ils sont venus, dit votre aïeule. Alors je suis venu (1). Car c’est véritablement cela que dit votre aïeule; elle gémit, elle se lamente, votre aïeule; je suis donc venu. — Serait-ce bien vrai, répondirent les jeunes gens dans leur pensée, en écoutant (le message). A l’instant même ils se mirent en route et arrivèrent auprès de leur aïeule : et uniquement pour prendre congé de leur aïeule, ils allèrent.

(1) Ta x-i petic, alors je suis venu. La lettre i isolée, qui suit le signe du parfait x, est ici pour in, je, le n  étant retranché par euphonie.

 

Ho na, yx k’atit ■ xa 011 pixabai yve. Vac cute r’etal ka tzih x-chi ka canah : huhun x-chi ka tic chire va ah, cha nicahal k’ochoch x-chi ka tic vi : are r’etal ka camic, ve chi chakihic : Mi pa x-e camic, qu’yxcha, ta chichakihic. Ve cut ta chi pe u tux : E pa qazlic, qu’yx cha cut. Yx k’atit, yx ka chuch, m’yx ogic, qo r’etal ka tzih ca canahic yvuq, x-e cha.

Ta x-e bee, han x-u tic Hunahpu, hun-chi cu x-ticou Xbalanque ; xa pa ha x-u tic vi. mana pa huyub tah, mana-ipu pa rax uleu-tah,xa pa chakih uleu cha nicahal upa c’ochoch x-qui tic vi canoc.

VAHXAKPAH CHI TZIH.

Ta x-e be cut huhun chi uub chique, x-e kah chi Xi-balba ; libahchi x-e kah chuva cumuk x-e iqou chi vi cut chupan halha civan, xa chuxol tziquin x-e iqou vi, are ri Iziquin Molay qui bi.

X-e iqou chi cut pa Puh-ya, pa Quiq-ya, chakbal ta que

Nous partons, grand’mère; seulement nous sommes venus prendre congé de vous. Mais voici le signal de la parole que nous laisserons : chacun nous planterons une canne par ici; au milieu de la maison nous la planterons : ce sera le signe de notre mort, si elle se dessèche. Auraient-ils donc péri? direz-vous, si elle sèche. Mais si elle vient à fleurir : Ils sont vivants, direz-vous. O notre aïeule, ô notre mère, ne pleurez point, voici le signe de notre parole qui reste avec vous, dirent-ils (1).

(1) Qo r’etal ka tzih ca canahic yvuq, il y a ce signe de notre parole qui est resté avec vous. C’est le sens direct; mais ces mots signifient également : Il y a ce signe de notre postérité qui est resté avec vous. Ce récit renferme beaucoup de vérités historiques. C’est un voile qui couvre l’union clandestine du nanuatl étranger avec les femmes du pays, de qui naitront les vainqueurs de Xibalba, union symbolisée, suivant toute apparence, dans le huey-comitl, de la mythologie mexicaine, le dieu Con de l’Amérique méridionale.

Et aussitôt ils s’en allèrent, Hunahpu ayant planté l'une et Xbalanqué l’autre ; ils les plantèrent au milieu de la maison, et non au milieu des montagnes ou dans une terre humide, mais bien dans une terre sèche, au milieu de l'intérieur de leur maison ,où ils les laissèrent plantées.

CHAPITRE HUITIÈME.

Alors (Hunahpu et Xbalanqué) se mirent en chemin, chacun avec sa sarbacane, en descendant vers Xibalba. Ils descendirent avec célérité les gradins précipités (de la montagne) et passèrent de même dans les eaux bouillonnantes de la ravine ; ils la passèrent entre des oiseaux, et ces oiseaux sont ceux qu’on appelle Molay (2).

Ils passèrent de même.par la rivière de (3) Fange et la

 

chi qui qux Xibalba : mavi x-qui yiqou, xa chirih uub x-e iqou vi, x-e el chi eu apan־oc pa cahib xalcat be.

Xa x-qu’etaam vi eut qui be Xibalba, Geka be, Zaki be, Caka be, Raxa be : chiri eut x-qui tak vi hun cbicop Xan, u bi. Are qamol qui ta x-qui tak ubic :

Huhunal que a tio : nabe ch’a ti ri nabe cubulel, ch’a tzakonizah qui tiic conohel : x’av’ech vi eut chi tzubah vi u quiqel vinak pa be, x-u chaxic ri Xan.  —  Utz^ala, x-cha curi Xan.

Ta x-oc pa Geka be, takal eu chirih ri poy, ahamche, nabe culel e cautalic, nabe cut x-qui tio; mavi x-chauic. X-u ti chi eu, ta x-u ti chi u cab culel ; ma chi vi x-chauic.

X-u ti chi eu r’ox ·, ca chi r’ox culel qo vi Hun-Came. Aqui, x־cha־cut7 hun ta x-tiie.  —  Naki, Hun-Came, na-kila mi-x-y tiouic? x-cha Vukub-Came?  —  Xahina qui-china, x-cha־cut Hun-Came.  —  Ahi ! x-cha chic u cah eu-lel.  —  Naki, Vukub-Came, nakila mi-x-y tiouic, x-cha chi r’oo culel ?

Ahi, ahi! x-cha na Xiqiripat.  —  X-cha Vukub-Came chire : Nakila mi-x-y tiouic?  —  X-cha chic x-tiiç u vakak culel : Ahi!  — Naki, Cuchumaquiq, x-cha Xiqiripat chire.  —  Nakila mi-x-y tiouic, x-cha chic, ta x-ti û vuk culel? Ahi! x-cha chic.

 

rivière de Sang, où ils devaient être pris au piège, dans l’idée de Xibalba ; mais ils n’y touchèrent pas du pied, les ayant traversés sur le côté de leurs sarbacanes, d’où étant sortis, ils arrivèrent au carrefour des Quatre-Chemins.

Or, ils savaient eux les chemins qu’il y avait en Xibalba, le chemin Noir, le chemin Blanc, le chemin Rouge et le chemin Vert; c’est pourquoi ils commissionnèrent de là un animal nommé Xan. Celui-ci devait recueillir les nouvelles qu’ils l'envoyaient chercher au dehors.

Mord-les l’un après l’autre ; d’abord mords le premier assis et finis par les mordre tous : car ta part sera de sucer le sang des hommes sur les routes, lui fut-il dit au Xan.  —  C’est fort bien, répondit alors le Xan.

Alors il entra par le chemin Noir, et en arrivant auprès du mannequin et de l’homme de bois, qui étaient les premiers assis, couverts de leurs ornements, il piqua le premier ; mais il ne parla point. Alors il piqua l’autre, (c’est-à-dire) qu’il piqua celui qui était assis le second ; mais il ne parla pas davantage.

Il piqua donc le troisième : et celui qui était assis le troisième était Hun-Camé. Ah! ay ! s’écria-t-il, au moment où il fut piqué. — ■Qu’est-ce, Hun-Camé, quoi donc vous a piqué? lui dit Vukub-Camé.  —  Quelque chose que je ne sais, répondit Hun-Camé.  —  Ay ! ay ! dit à son tour celui qui était assis le quatrième.  —  Qu’est-ce donc, Vukub-Camé, qu’est-ce donc qui vous a piqué, lui dit celui qui était assis le cinquième?

Ay! ay! dit au même moment (celui-ci qui était) Xiqiripat.  —  Et Vukub-Camé lui dit : Qu’est-ce donc qui vous a piqué?  —  Celui qui était assis le sixième, piqué à son tour, s’écria : Ay!  —  Qu’est-ce donc, Cuchumaquiq, lui dit Xiqiripat?  —  Qui est-ce qui vous a piqué? ajouta celui qui était assis le septième, au moment où il était également piqué. Ay ! ajouta-t-il.,

 

Naki, Ahalpuh, x-cha Cuchumaquiq chire?  —  Nakila mi-x-y tiouic, x-cha chic, ta x-ti chic u vahxak culel. Ahi ! x-cha chic. —  Naki, Ahalcana, x-cha chi Ahalpuh chire?  —  Nakila mi-x-y tiouic, cha chic, ta x-ti chic u beleh culel ? Ahi ! x-cha.

Naki, Chamiabak, x-cha Ahalcana chire?  —  Nakila mi-x-y tiouic, x-cha chic, ta x-ti chic u lahuh cubulel. Ahi !  —  Naki, Chamiaholom, x-cha Chamiabak?  —  Na-kila mi-x-y tiouic, x-cha chic ta x-ti chic u hulah culel. Ahi ! x-cha chic.

Naki, cha chic Chamiaholom chire?  —  Nakila mi-x-y tiouic, x-cha chi, ta x-ti chic u cablahuh culel ? Ahi! x-cha chic.  —  Naki, Patan ? x-cha-chic chire.

Nakila mi-x-y tiouic, x-cha .chic, ta x-ti chic r’oxlahuh culel, Ahi !  —  Naki, Quiqxic, cha Patau chirech ?  —  Na-kila mi-x-y tiouic, x-cha chi, la x-ti chic ucahlahuh culel. Ahi !  —  Nakila mi-x-y tiouic x-cha chic, Quiqrixgag, x-cha Quiqre chirech ?

Quehecut u bixic qui bi ri x-qui biyh conohel chi qui-bil quib, x-qui cut u vach x-qui biyhqui bi, huhun chi holoman u bixic cumal, are chi biyn u bi hun ri cubul chu xucut.

Ma-habi hun-oc x-qui zach u bi ; quiz qui biyh qui bi co-nohel, ta x-e ti rumal r’izmal u vach u chek Hunabpu x-u

 

Qu’est-ce donc, Ahalpuh? lui dit Cuchumaquiq.  — - Qui donc vous a piqué ?ajouta celui qui était assis le huitième, au moment où il se sentit lui-même mordu. Ay ! s’écria-t-il.  — Qu’y a-t-il, Ahalcana? lui répondit Ahalpuh. — Qui est-ce qui vous a piqué? dit à son tour celui qui était assis le neuvième, et alors il se sentit piqué également, et dit: Ay!

Qu’est-ce donc Chamiabak? lui dit Ahalcana.  —  Qui est-ce qui vous a piqué? dit de son côté celui qui était le dixième assis, et dans le moment il se sentit mordu à son tour et (cria:) Ay! — Quoi donc! Chamiaholom, dit Chamiabak. — Qui vous a piqué? ajouta celui qui était assis le onzième (1), et se sentant piqué à son tour, il s’écria : Ay !

(1) Le onzième, dit le texte, sans donner son nom. La suite le désigne, mais ces derniers noms sont changés. Dans la première nomenclature des princes de Xibalba, après Chamiahotom, viennent Ahalmez et Ahaltocob, puis Xio et Patan. Celui-ci reparaît; mais au lieu des trois qui le précèdent, on trouve ici Quiqxic (Sang-d’Epervier), Quiqre (Sang-de-la-Denture), et Quiqrixgag (Sang-des-Griffes ou des Ongles).

Qu’est-ce? lui dit Chamiaholom.  — Qui vous a piqué? dit également celui qui était assis le douzième, et se sentant mordu de même, il ajouta : Ay!  —  Qu’est-ce que c’est, Patan ? répliqua (son voisin).

Qu’est-ce qui vous a piqué? dit alors celui qui était assis le treizième , et dans l’instant, se sentant piqué lui-même (il cria) : Ay !  —  Qu’est-ce que c’est, Quiqxic, lui dit Patan ?  —  Qui est-ce qui vous a piqué ? demanda celui qui était assis le quatorzième, et dans le moment se sentant piqué à son tour, (il cria) A y !  —  Qui donc vous a piqué, Quiqrixgag, lui dit Quiqre, en lui adressant la parole.

Ainsi fut l’appel de leurs noms, que tous énoncèrent les uns aux autres ; c’est ainsi qu’ils se manifestèrent, en s’appelant par leurs noms, chacun de ceux qui commun-daient (en ces lieux) étant interpellé par l’autre et qu’ils dirent le nom du dernier qui était assis dans le coin.

Il n’y en eut pas un dont ils oublièrent le nom , ils achevèrent de dire les noms de tous, au moment où ils furent pi-

 

mich nine ; mana quitzih Xan ri x-e tiouie, x-be lao qui bi eonohel rumal Hunahpu, Xbalanqué.

Qatecut ta x-e bec ta x־e open pucli chila e qo-vi Xibalba : Ch’y gihila ahau, x-cha, ri cubulic, x-cha hun takchiinel.  —  Mavi are ahau, ri xa poy, ahamche ri, x-e cha la x-e oponic.

Qatecut ta x-e calainic; Cala-ta, Hun-Camé; Cala-ta, Vukub-Came. Cala-ta, Xiquiripat ; cala-ta, Cuchumaquiq. Cala-ta, Ahalpuh ; cala-ta, Ahalcana. Cala-ta ; chamiabak; cala-ta, Chamiaholom.

Cala-ta, Quiqxic ; cala-ta, Pa tan ; cala-ta, Quiqre; cala-ta, Quiqrixgag, x־e cha, ta x-e oponic, ronohel x-quiz cut u vach, x-qui biyh u bi ronohel ; îbahabi hun x-qui zach u bi

Are ta x-ahauax chiquech, ma-ta x-canai u bi cumal .־ Qu’yx cu uloc, x-e uchax cut, x-e r’ah-oc chuvi tem ; ma cu x-c’ah : Mavi are ka tem ri xa chohim abah ri tem, x-e cha Hunahpu, Xbalanqué, mavi x-e chakatahic

Utzbala, xa-ba h’yx pa ha, x-e uchaxic. Qatecut ta x-e oc pa Gekuma Ha, mavi x-e chakatahic chiri.

 

qués par le poil de la jambe de Hunahpu que celui-ci s’arracha ; car ce ne fut pas un véritable Xan qui les mordit et qui alla écouter leurs noms à tous pour Hunahpu et Xbalanqué.

Ensuite s’étant mis en chemin, ils arrivèrent là où étaient ceux de Xibalba : Adorez le roi (1), leur dit-on, celui qui est là assis, leur dit-on, pour les tenter. —  Celui-ci n’est pas le roi ; ce n’est qu’une statue et un homme de bois, répondirent-ils en s’avançant.

(1) Ahau, roi on seigneur, composé de la particule possessive ah, et de au, collier, ce qui fait possesseur d’un collier ou qui a droit à un collier, insigne de noblesse et de supériorité. Ahau est donc pris dans le sens ordinaire de seigneur, dominus, et son pluriel est ahauab. Le déterminatif d'ahau est r’ahaual, écrit d’ordinaire en un seul mot, ce qui lui donne le sens absolu de la souveraineté. Ex. : Rahaual Xibalba, le monarque de Xibalba. De ahau vient encore ahauar, régner; ahauaric, se faire roi ; ahauarizah, faire un autre roi, faire monter sur le trône ; ahauarem, la royauté, l’empire ; ahauaribal י la grandeur, la majesté, ahauih, prendre un ou s’engager sous un maître, etc. Ces formes si multiples, si élégantes et si simples se retrouvent les mêmes dans à peu près tous les verbes ou substantifs.

Alors ils commencèrent à les saluer : Salut, Hun-Camé ; salut, Vukub-Camé; salut, Xiqiripat ; salut. Cuchumaquiq. Salut, Ahalpuh; salut, Ahalcana; salut, Chamiabak; salut, Chamiaholom.

Salut, Quiqxic; salut, Patan, salut, Quiqré; salut Quiqrixgag, dirent-ils, en arrivant, leur découvrant à tous la face, disant leurs noms à tous, sans oublier le nom d’un seul.

Ce qui leur eût été agréable, c’est que leurs noms n’eussent pas été découverts par (les deux jeunes gens) : Asseyez-vous, leur dirent-ils, (en leur montrant) le siège où ils désiraient qu’ils se naissent ; mais ils ne le voulurent point : Ce n’est pas là notre siège, mais c’est (2) un banc de pierre chauffée que ce siège, dirent Hunahpu et Xbalanqué, sans pouvoir être pris au piège.

(2) Chohim-abah, pierre chauffée ou rocher embrasé ; ces mots ensemble expriment aussi l’idée d’un bûcher ou pile de bois destiné à brûler quelqu’un mort ou vivant : c’est presque une allusion au teo-tecalco, de Teotihuacan, dans le Codex Chimalpopoca (Hist, des soleils). MS. de ma collection.

C’est fort bien ; allez donc à votre demeure, leur dit-on. Alors ils entrèrent dans la Maison Ténébreuse, mais sans pouvoir y être vaincus.