ET LES MYTHES DE L’ANTIQUITÉ AMÉRICAINE.
NABEBIBAL.
Are u xe oher tzih varal Quiche ti bi.
Varal x-chi-ka tzibah, x-chi-ka tiqiba vi oher tzih, u tiqaribal, u xenabal pitch ronohel x-ban pa-tinamit Quiche, r’amag quiche vinak :
Are cut x-chi-ka qam vi u qutunizaxic, u calahobiz-axic, u tzihoxicpuch euaxibal, zakiribal rumal Tzakol, Bi-tol, A lorn, Qaholom, qui bi Hun-Ahpu-Vuch, Hun-Ahpu-Utïu, Zaki-Nima-Tzyiz, Tepeu, Gucumatz, u Qux-Cho, u Qux Palo, Ah-Raxa-Lak. Ah-Raxa-Tzel :
Observation importante. — Chaque alinéa de la traduction correspond au verset de la page opposée. Au lecteur, qui s’étonnera de ne pas voir ici d’accents, nous répondons que la longue ou la brève d’un grand nombre de mots varie suivant le canton ou la tribu où la langue quichée est parlée, et l’accentuation écrite ne pourrai t même pas rendre toujours la prononciation particulière de beaucoup d’autres. Pour ce gui regarde celle des lettres, nous disons que le G est toujours guttural, quoique cette gutturation varie aussi suivant les lieux. Le Q non suivi d’un u annonce un son bref, tant soit peu guttural; le que, qui, comme en français ;
le Ch se prononce tche; la lettre H est fortement aspirée comme la jota espagnole; L final est légèrement aspiré ; l'X se prononce comme le Sh anglais, le Z comme le Ç, le V comme W et U־comme ou français. Quant aux notes, la nécessité nous" a contraint de les placer indistinctement sous le texte et la traduction, quoiqu’elles correspondent directement au français.
(1) Hun-Ahpu, presque toujours écrit Hunahpu en un seul mot, nom d’un des principaux dieux ou héros divinisés dans les anciens royaumes du Guatémala : c’est celui du vingtième ou dernier jour du mois dans le calendrier quiché et cakchiquel. Ce nom se compose de huu, et de ahpu,
Voici l'origine de l'ancienne histoire (du pays) ici appelé Quiché.
Ici nous écrirons et nous commencerons l'histoire d’autrefois, le principe et l’origine de tout ce qui s’est fait dans la cité du Quiché, dans les tribus de la nation quichée .
Voici donc que nous amènerons la manifestation, la découverte et l’éclatement de ce qui était dans l'obscurité, l’œuvre de son aurore par la volonté du Créateur et du Formateur, de Celui qui engendre, de Celui qui donne l’être, et dont les noms sont: Un Tireur de Sarbacane au Sarigue(1), Un Tireur de Sarbacane au Chacal (2), lé Grand (3) Blanc Piqueur (d’épines), le Dominateur, le Serpent couvert de plumes (4), le Cœur des Lacs, le Cœur de la Mer, le Maître du Planisphère verdoyant, le Maître de la Surface azurée (5).
tireur de sarbacane, composé lui·■ même de ah, particule possessive ou préposition tres-fréquente dans les langues de ces contrées, et de pub, la sarbacane. Vuch ou uch est le sarigue, animal de l’Amérique , que l’on nomme tlacuatzin au Mexique et opossum aux Etats-Unis.
(2) Utïu est l’animal nommé coyotl au Mexique; c’est une sorte de chacal.
(3) Zaki-Nima-Tzyiz, blanc-grand-piqueur, mot à mot. Tzyiz, qui pique, du verbe tzizo, coudre, et, dans un sens plus élevé, se tirer du sang en l’honneur des dieux, coutume générale dans toutes ces contrées. Antiguamente sangrarse para sacrificar
â 10s idoles. (Fr. Domingo de Basseta, Vocabulario quiché, Ms.)
(4) Tepeu, Gucumatz, le très-haut, ou le puissant, le serpent couvert de plu־ mes. Le premier, dans le quiché, a le sens de grand, puissant, majestueux ; il est d’origine mexicaine, et peut venir de tepeua, echar algo por el suelo, esparcir (Molina, Vocab. de la lengua mexicana), jeter par terre, répandre, ou de tepeuani, conquistador, vencedor en batallas. (Moliria, 1b ) Gucumatz est composé de gug ou guc, plume, plume verte et riche, surtout celle du quetzal, et de cumatz, serpent; c’est le même sens que Quetzalcohuatl.
(5) Ces noms ou titres appartiennent aux quatre personnages plus ou moins allégoriques dont il est parlé dans le commentaire.
Ch a chaxic r’achbixic, r’achtzihonic ri y lyom, Mamom, Xpiyacoc, Xmucane u bi ; Malzanel, Chnkenel; camul iyom, camul mamom; ch’u chaxic pa quiche tzih : ta x-qui tzihoh ronohel ruq x-qui ban chic chi zakil qolem, zakil tzih.
Vae x-chi-ka tzibah chupan chic u cbabal Dios, pa Christianoil chic; x-chi-k’elezah, rumal raa-habichic ilbal re Popo-Vuh, ilbal zak petenak chaka palo, « u tzihoxic ka muhibal, ilbal zak qazlem, » ch’u chaxic.
Qo nabe vahil, oher tzibam puch ; xa eual u vach ilol re bizol re ; nim u peoxic, u tzihoxic puch, ta chi qiz tzuk ronohel cah, uleu, u cah-tznkuxic r’etaxic, u cah-cheexic, u meh-qamaxic, u yuc־qamaxic upa cah, upa uleu, cah tzuk, cah xueut, ch’u chaxic rumal ri Tzakol, Bitol, u
C’est ainsi qu’on nomme, qu’on chante et qu’on célèbre ensemble ceux (qui sont) la Grand’mère et l'Aïeul , dont le nom est Xpiyacoc, Xmucané (1); Conservateur et Protectrice; deux fois grand’mère, deux fois aïeul; ainsi qu’il, est dit dans les histoires quichées : de qui on racontait tout avec ce qu’ils firent ensuite pour la prospérité et la civilisation (2).
(1) Xpiyacoc, Xmucane, deux noms d’une interprétation fort difficile : ils sont identiques avec le Cipactonal et l'Oxomoco des antiques traditions mexicaines.
(2) Chi zakil qolem, zakil tzih, mot à mot, dans la blancheur ou lumière de la vie, blancheur de la parole. Métaphore qui signifie quelquefois le bonheur, une sorte d’âge d’or, la civilisation, etc.
Voilà ce que nous écrirons depuis (qu’on a promulgué) la parole de Dieu (3), et en dedans du Christianisme: nous le reproduirons, parce qu’on ne voit plus ce Livre national, où l’on voyait clairement qu’on était venu de l’autre côté (4) de la mer, (c’est-à-dire) « le récit de notre existence dans le pays de l’ombre (5) et comment nous vîmes la lumière et la vie, » ainsi qu’il est appelé (6).
(3) Chupan chic u chabal Dios, mot à mot, en dedans déjà de la langue de Dieu, c’est-à-dire depuis le christianisme, ou le temps du Dieu des Espagnols, exprimé par le mot Dios, que les missionnaires mettaient partout au lieu du mot Qabauil, qui dit Dieu en langue quichée.
(4) Voici la traduction littérale de cette phrase : x-chi k’ elezah; x-chi, signe du futur; k’ pour ka, nous; elezah, ferons sortir; el est le verbe radical sortir, elezah, faire sortir, ti! 1er ou produire; rumal, à cause de ou que, pour le motif de; mahabi, il n’y a, no hay espagnol dit mieux ; locution négative composée de ma, non ou ne pas, et habi, ancien verbe impersonnel il y a, rarement usité; chic, avec, plus, déjà; ilbal, instrumental de ilo, voir, comme le videndus latin ; de Popo vuh, ce national livre, ilbal zak, qu’on pouvait voir clairement, ou à voir clairement; petenak, qui était venu ; chaka, composé de chi aka, de outre; pain, la mer.
(5) U tzihoxic ka muhibal. mot à mot, son être raconte de notre ombragement. Le w est un article déterminant possession ou pronom possessif; tzihoxic, passif de tzihoh, raconter, éclaircir; muhibal, instrumental du verbe muhih, faire de l’ombre, ayant à peu près le sens du latin obumbraculum.
(6) Ch'u chaxic, avec ou par sou être appelé (ou c’est le titre du) Pop<$ Vuh ou Livre national, dont on vient de parler.
C’est le premier livre, écrit anciennement ; mais sa vue est cachée à celui qui voit et qui pense. Admirable est son apparition et le récit (qu’il fait) du temps auquel acheva de se former tout (ce qui est) au ciel et sur la terre, la quadrature et la quadrangulation de leurs signes, la
chuck, u cahau qazlem, vinakirem, abanel, quxlanel, alay reck, quxlaay rech zakil amagil, zakil ai, zakil qahok ahbiz, ahnaoh chirech ronohel a to qol*vi cab, uleu, cho7 palo.
Are u tzihoxic vae ca ca tzinin-oc, ca ca chamam-oc\ ca tzinonic; ca cazilanic, ca ca lolinic, ca tolonapuch u pa cah.
Vae cutenabe tzih, nabe uchan. — Ma-habi-oc hun vi-nak, hun chicop ;tziquin, car, tap, che, abah, hul, civan, quim, qichelah : xa-utuquel cah qolic.
Mavi calah u vach uleu : xa-utuquel remanie palo, u pa cah ronohel.
Ma-habi nakila ca molobic, ca cotzobic : hunla ca zilo-bic ; ca mal ca ban-tah, ca cotz ca ban-tah pa cah.
X-ma qo-vi nakila qolic yacalic ; xa remanie ha, xa lianic palo, xà-utuquel remanie ; x-ma qo-vi nakilalo qolic.
Xa ca chamanic, ca tzininic chi gekum, chi agab. Xa-utuquel ri Tzakol, Bitol, Tepeu, Gucumalz, e Alom, e Qa-holom qo pa ha zaktetoh :
E qovi e mukulal pa gug, pa raxon ; are u binaam vi ri Gucumatz ; enimak ahnaoh chi qui qoheic. Quehecutxax
(1) Ma-habi-oc, locution négative composée delà négation ma verbe impersonnel habi, il y a, et de la particule optative oc.
mesure de leurs angles, leur alignement, et l'établissement des parallèles au ciel et sur la terre, aux quatre extrémités, aux quatre points cardinaux, comme il fut dit par le Créateur et le Formateur, la Mère, le Père de la vie, de l’existence, celui par qui fout agit et respire, père et vivificateur de la paix des peuples, de ses vassaux civilisés, celui dont la sagesse a médité l’excellence de tout ce qui existe au ciel, sur la terre, dans les lacs et la mer.
Voici le récit comme quoi tout était en suspens, tout était calme et silencieux; tout était immobile, tout était paisible, et vide était l’immensité des cieux.
Voilà donc la première parole et le premier discours. Il n’y avait pas encore (1 )un seul homme, pas un animal; pas d’oiseaux, de poissons, d’écrevisses, de bois, de pierre, de fondrières, de ravins, d’herbe ou de bocages: seulement le ciel existait.
La face de la terre ne se manifestait pas encore : seule la mer paisible était et tout l’espace des cieux.
Il n’y avait encore rien qui fît corps, rien qui se cramponnât à autre chose : rien qui se balançât, qui fit (le moindre) frôlement, qui fit (entendre) un son dans le ciel.
Il n’y avait rien qui existât debout ; (il n’y avait) que l’eau paisible, que la mer calme et seule dans ses bornes ; car il n’y avait rien qui existât.
Ce n’était que l’immobilité et le silence dans les ténèbres, dans la nuit. Seuls aussi le Créateur, le Formateur, le Dominateur, le Serpent couvert de plumes. Ceux qui engendrent, Ceux qui donnent l’être, sont sur l’eau comme une lumière grandissante :
Ils sont enveloppés de vert et d’azur; voilà pourquoi leur nom est Gucumatz (2) : des plus grands sages est
(2) Gucumatz, serpent couvert de vert et d’azur. Ils sont ainsi nommés parce que Mukutal pa gug ,paraxon, enveloppés, ombragés de vert et d’azur (c’est à-dire de vêtements sacrés et mystérieux).
qo-vi ri cah, qo naipuch uQux cah; are u bi n Qabauil, ch’u chaxic.
Ta x-pe ent u tzih varal x-ul cuq ri Tepeu, Gucumatz varal chigekumal, chi agabal, x-chau ruq ri Tepeu, Gu-cumatz :
X-e cha cut, ta x-e naohinic, ta x-e bizonic : x-e riqo quib ; x-qui cuch qui tzih, qui naoh.
Ta x-calah, fa x-qui quxlaah quib : xe vi zak ta x-ca-lah puch vinak, ta x-qui naohih u tzukic, a vinakiric che, caam. u tzukic puch qazlem, vinakirem, chi gekuma1?chi agabal, rumal ri u Qux cah, Hurakanu bi.
Cakulha Hurakan nabe ; u cab cut Chipi-Cakulha; r’ox) chic Raxa-cakulha ; chi e eu oxib riy u Qux cah.
Ta x-e ul cuq ri Tepeu, Gucumatz : ta x-naohixic zak qazlem ; hupacha ta ch’auax-oc, ta zakiro puch, apachinak tzukul coqI.
Ta ch’ux-oc. Qu’yx nohin-tah. Areri ha ch’el-tah, chi hama-tah, chi vinakir va uleu, u lakel-ta cu rib, cha-la cut, ta ch’auax-:oc, la zakir-oc cah uleu ; ma־ta cut u gihi-
leur être. Voilà comment le ciel existe, comment existe également le Cœur da ciel; tel est le nom de Dieu; c’est ainsi qu’il s’appelle.
C’est alors que sa parole vint ici avec le Dominateur et le Gucumatz, dans les ténèbres et dans la nuit (1), et qu’elle parla avec le Dominateur, le Gucumatz :
(1) Ces ténèbres et cette nuit expriment dans ce livre, comme dans tous ceux de la même origine, le temps où la civilisation nahuatl n’existait pas encore.
Et ils parlèrent : alors ils se consultèrent et méditèrent : ils se comprirent; ils joignirent leurs paroles et leurs avis.
Alors il fit jour pendant qu’ils se consultaient : et au moment de l’aurore, l’homme se manifesta, tandis qu'ils tenaient conseil sur la production et la croissance des bois et des lianes, sur la nature de la vie et de l’humanité, (opérées) dans les ténèbres et dans la nuit, par celui qui est le Cœur du ciel, dont le nom est Hurakan (2).
(2) Hurakan, Ce nom, dont on ne trouve nulle part l'explication1 dans les livres ou dictionnaires de la langue quichée ou cakchiquèle, parait venir des Antilles, où il désignait la tempête et le grondement de l’orage. De là le mot huracan adopté par les Espagnols et dont nous avons fait ouragan. Le père Ximenez, qui en cherche l’étymologie, le tire de hun, un, et de r’akan, sa jambe ; ce qui ne signifie rien.
L’Eclair est le premier (signe) de Hurakan ; le second est le sillonnement de l’Eclair; le troisième est la Foudre qui frappe; et ces trois sont du Cœur du ciel (3).
(3) L’éclair, Cakulha, se compose de cak ou gag, le feu, de ul, venir, et de ha, l’eau; mot à mot Feu qui sort de Veau. — Chipi-Cakulha est le sillonnement de l’éclair, et Raxa-Cakulha, l’éclair ou la foudre qui frappe subitement; Raxa ou rax, vert, neuf, subit,etc. C’est dans ce sens qu’on dit rax camic, mort subite.
Alors ils vinrent avec le Dominateur, le Gucumatz : alors on tint conseil sur la vie civilisée; comment se feraient les semailles, comment se ferait la lumière (4); qui serait le soutien et le nourricier (des dieux) (5).
(4) Zakiro, faire jour, luire, blanchir l’aube, etc., du radical zak, blanc. Ce mot s’entend presque constamment dans un sens métaphorique : faire jour s’applique à la lumière de la civilisation pour les peuples encore plongés dans les ténèbres d’un état social antérieur à celui de Gucumatz.
(5) Apachinak, qui lequel, interrogatif, tzukul, participe présent du verbe tzukuh, chercher ou soutenir, le soutien; cool, participe présent de co ou coo, nourrir, alimenter, comme l’oiseau ses petits. Il s’agit ici des hommes dont les dieux civilisateurs veulent faire les soutiens, les nourriciers de la religion, c’est-à-dire les nobles et les prêtres.
Qu’il soit ainsi fait. Remplissez-vous (6), (fut-il dit). Que cette eau se retire et cesse d’embarrasser, afin que la terre ici existe, qu’elle se raffermisse et présente sa sur-
(6) Qu’yx nohin-tah, que vous remplis soyez,
iabcil, u calaibal riy ka tzak, ka bit, ta vinakir-oc vinak tzak, vinakbil.
X-e cha eut ta x-vinakir curi uleu cumal.
Xa quitzih x-qohe vi u vinakiric chi vinakir uleu : lileuh, x-e cha ; libah chi x-vinakiric.
Queheri xa tzulz, xa may vi u vinakiric chi eu pu puh-eic, ta x-tape pa ha ri huyub ; huzuk nimak huyub x-uxic. *
Xaki nattai, xaki puz x-bana-tah vi u naohixic huyub. tagah, huzuk r’achvinakiric u qizizil u pachahil u vach
Quehecut x-quicot-vi ri Gucumatz : Utz mi-x-at uhc, ai u Qux cah, atHurakan, at pu Chipi-Cakulha, Raxa-Ca~ kulha !
X-ch’utzinic ka tzak, ka bit, x-e cha-cut.
Nabecut x-vinakir uleuh, huyub, tagah : x-chobochox u be ha ; x-biniheic colehe r’akan xol-tak huyub ; xa chobol chic x-e qohe vi ha, ta x-qutuniheie nimak huyub.
face, afin qu’elle s’ensemence et que le jour luise au ciel et sur la terre ; car (nous ne recevrons) ni gloire ni honneur de tout ce que nous avons créé et formé, jusqu’à ce que existe la créature humaine, la créature douée de raison.
C’est ainsi qu’ils parlèrent, tandis que la terre se formait par eux.
C’est ainsi véritablement qu’eut lieu la création comme quoi la terre exista : Terre, dirent-ils; et à l’instant elle se forma (1).
(1) Vinak qui se présentes! souvent avec ses dérivés veut dire l’homme en général, l’être raisonnable, et aussi fort souvent la nation, comme le gens des Latins. De vinak vient vinakir, exister, vivre, naître, etc. Vinakirem, existence, création, naissance, huma-ni té, etc. Vinakirizah, faire exister, donner la vie: vinakiribal. ce avec, par quoi ou en quoi on existe, on naît, etc., etc.
Comme un brouillard ou un nuage (eut lieu) sa forma-lion dans son état matériel, lorsque semblables à des homards apparurent sur l’eau les montagnes ; et en un instant les grandes montagnes furent (2).
(2) X-uxic, furent, existèrent ou furent faites. X (prononcez sh), signe du passé, prétérit; uxic, être ou être fait, dont le radical ux est aussi le souffle par lequel on vit, on respire, et de là uxla, uxlab, respiration, qux. le cœur, l’âme, quxlaah, la pensée, etc.
Seulement, par une puissance et un pouvoir merveilleux (3), on put faire ce qui s’était résolu (sur l’existence) des monts et des vallées, instantanément avec la création des bois de cyprès et de pins (qui apparurent) à leur surface (4).
(3) Naual se prend ordinairement dans le sens de puissance surnaturelle, d’une science supérieure comme la magie, du radical na ou nao, sentir, penser, savoir,etc.; il prend plus de force encore lorsque le mot puz s’y joint comme ici, et ensemble ils déterminent la puissance merveilleuse la plus élevée. Cependant, dans son sens propre, pus exprime la moisissure, la pourriture, et dans un autre le sacrifice par excellence, l’immolation humaine.
(4) Qiziz est le cyprès américain, qizizil le bois de cyprès ou la cyprière.
Et ainsi Gucumatz fut rempli d’allégresse : Tu es le bienvenu, (s’écria-t-il), ô Cœur du ciel, ô Hurakan, ô Sillonnement de l'Eclair, ô Foudre qui frappe !
Ce que nous avons créé et formé, aura son achèvement, répondirent-ils.
Et d’abord se formèrent la terre, les monts et les plaines : le cours des eaux fut divisé; les ruisseaux s’en allèrent serpentant entre toutes les montagnes ; c’est dans cet ordre que les eaux existèrent, lorsque les grandes montagnes se furent dévoilées.
Quehecut u vinakiric uleu ri, ta x-vinakiric cumal ri u Qux cah, u Qux uleu, que u chaxicriy cute nabe x-qui nohih, x-colo vi ri cah, x-colo naipuch uleuli chupam ha.
Quehecut u nohixic ri, ta x-qui nohih, ta x-qui bizoh r’utzinic u banatahic cumal,
Ta x-qui nohih chic u chicopil huyub, chahal re qichel-ah ronohel; u vinakil huyub, ri quieh, tziquin, coh, ba-lam, cumatz, zochoh, qanti, chahal caam.
Ca cha ri Alom, Qaholom : Xa-pa chi lolinic, ma xa-on chi tzininic, u xe che, caam? qate utz chi qohe cha-hal re.
X-echa cut ta x-qui nohih, x-qui tzihoh puch ; huzu cu x-vinakir queh, tziquin. Ta x-qui zipah cut r’ochoch queh, tziquin.
At, queh, pa be yaa, pa zivan c’at var vi : varal c’at qohe vi pa quim, pa zacul ,* pa qechelah qu’y pogo-vi yvib, cahcah y binibal, y chakabal. Ch’uxic x-e u chaxic.
Ainsi fut la création de la terre, lorsqu’elle fut formée par ceux qui sont le Cœur du ciel et le Cœur de la terre; car ainsi se nomment ceux qui les premiers la fécondèrent, le ciel et la terre encore inertes étant suspendus au milieu de l'eau.
Telle fut sa fécondation, lorsqu’ils la fécondèrent, tandis que son achèvement et sa composition se méditaient par eux.
Ensuite ils donnèrent la fécondité aux animaux de la montagne, qui sont les gardiens de toutes les forêts; des êtres qui peuplent les monts, des cerfs, des oiseaux, des lions, des tigres, des serpents, de la vipère et du qanti, gardiens des lianes (1 ).
(1) Le qanti est un serpent d’une espèce fort dangereuse dans l’Amérique centrale; il est fort beau de couleurs.
Alors parla celui qui engendre, celui qui donne l’être (2) : Est-ce donc pour (rester) silencieux, est-ce pour (demeurer) sans mouvement, qu’il y a l’ombre des bois et des lianes? Après quoi il est bon qu’il y ait des êtres pour les garder.
(2)Alom. Qaholom, celui qui engendre, celui qui donne l’être; pour exprimer le créateur. Ce sont deux participes présents l’un du verbe alah, enfanter, accoucher, de al. enfant, chose suspendue, poids, et l'autre du verbe qaholah^ engendrer, avoir des fils, formé de qahol, fils.
C’est ainsi qu’ils parlèrent, pendant qu’ils excitaient la fécondation, qu’ils s’en entretenaient; et aussitôt existèrent les cerfs, et les oiseaux. Alors donc ils distribuèrent aux cerfs et aux oiseaux leurs demeures (3).
(3) Tziquin, nom générique de l'oiseau; queh ou quieh, de la bête fauve, en particulier du cerf.
Toi, cerf, au bord des ruisseaux, dans les ravins tu dormiras ; c’est ici que tu resteras entre les broussailles et le fourrage ; dans les bois vous vous multiplierez, sur quatre pieds vous irez, sur quatre pieds vous vivrez. Ainsi fut fait comme il leur fut dit.
Tax-quichie cutc’ochoch chuti tziquin, nima tziquin yx-yx, tziquin chu vi die, chu vi caam qu’yx ochocbin vi, qu’yx ha in vi; chiri qu’yx pog-vi ; qu’yx quiritah-vi chu gab che, chu gab caam.
X-e u chaxic quieh, tziquin, ta x-qui bano qui banoh ; ronohel x-u qamou varabal, u yacalibal. Quehecut c’o-choch vi chicop riuleu x-u yao Alom, Qaholom.
X-utzininaka chic ronohel ri queh, tziquin, ta x-e u chax chicut riy queh tziquin rumal Tzakol, Bitol, Alom, Qaholom :
Qu’yx chau-oc, qu’yx ziquin-oc; mi-x-yonoliquinic, mi-x-ziquinic ; qu’yx chauahetah, chi huhunal chu hutàk cho״ bil, chi hutak molahil ; x-e u chaxic ri queh, tziquin, cob, balam, cumatz :
Ch’y biyh nacut ri ka bi, koh y gaharizah, oh y chuch. oh y cahau, qu’y cha va nacut Hurakan, Chipi-Cakulha, Raxa-Cakulha, u Qux cah, u Qux uleuh, Tzakol, Bitol, Alom, Qaholom; qu’yx cha-oc, koh y ziquih,kohy gihila; x-e u chaxic.
Ma cu x-utzinic x-e chauic quehe ta ri vinak ; xa que vachelahic, xa que caralahic, xa que vohonic; mavi x-vachinic u vach qui chabal, halahoh x-qu’ogibeh chi qui huhunal.
Ta x-qui ta ri Tzakol, Bitol mavi mi-x-utzinic mi-x-e chauic, xe chachic chi quibil quib ; Mavi mi-x-ufzin u bixic
Alors furent (réparties) également les demeures des oiseaux grands et petits : Vous autres oiseaux, vous vous logerez en haut des bois, en haut des lianes; vous y ferez vos nids, vous vous y multiplierez ; vous vous développerez sur les branches des arbres, sur les rameaux des lianes.
Ainsi fut dit aux cerfs et aux oiseaux, tandis qu’ils faisaient ce qu’ils devaient faire, et tous prirent leurs demeures ou leurs tanières. C’est ainsi qu’aux animaux de la terre Celui qui engendre, Celui qui donne l’être donna leur habitation.
Etant donc tous achevés, cerfs et oiseaux, il leur fut dit également à ces cerfs et à ces oiseaux par l’organe du Créateur et du Formateur, de Celui qui engendre, de Celui qui donne l’être :
Bramez, gazouillez maintenant, puisque la puissance de bramer et de gazouiller (vous est donnée) ; faites entendre votre langage, chacun suivant son espèce, chacun suivant son genre ; ainsi leur fut dit aux cerfs, aux oiseaux, aux lions, aux tigres et aux serpents :
Dites donc notre nom , honorez-nous , nous votre mère, nous votre père ; invoquez donc Hurakan , le sillonnement de l'Eclair, la Foudre qui frappe, le Cœur du ciel, le Cœur de la terre, le Créateur et le Formateur, Celui qui engendre et Celui qui donne l’être; parlez, appelez-nous, et nous saluez; ainsi leur fut dit.
Mais il leur fut impossible de parler ainsi que l’homme; ils ne firent que caqueter, que glousser, que croasser; sans qu’il se manifestât (aucune) forme de langage, chacun dans son espèce murmurant d’une manière différente.
Lorsque le Créateur et le Formateur entendirent qu’ils ne pouvaient parler, ils se dirent encore une fois les uns aux
ka bi, rumal oh c’ahtzak, oh pu c’ahbit : Mavi utz, x-cha chic chi quibil quib ri Alom, Qaholom.
X-e u chax cut : Xa qu’yx halatahic, rumal mavi mi-x-utzinic mavi mi-x-yx chauic. Micu x-ka hal ka tzih : yv’echa, y cuxun, y varabal. y yacalibal x-yvech vi, mi-x-e uxic zivan, qechelah; rumal mavi x-utzin ka gihilo-xic, mavi yx ziquiy.
Que ca qo, qo-^vi 10 gihilonel, nimanel chi ka ban chic. Xa ch’y qam y patan : xa y tiohil chi cachic, ta ch’uxoc.
Are cut ch’y patanih. Xe u chaxic, ta x-e pixabaxic chuti chicop, nima chicop qo chuvach uleu.
X-r’ah eu qui tih chic qui gih ; x־r’ah qui tihtobeh chic, x-r-ah pu qui nuq chic gihilabal
X-ma x-qui ta vi qui chabal chi quibil quib ; x-ma x-nauachir vi eut, x-ma x-bana-tah vi puch.
Quehecut x-e chakatah vi qui tiohil; x-qui patanih x-e tyie, x־e camizaxic ri chicop qo varal chuvach uleuh.
Quehecut u tihtobexic chic vinak tzak, vinak bit cumal Tzakol, Bitol, Alom, Qaholom :
Xa eu tiha chic ; mi-x-yopih r’auaxic u zakiric ; ka bana tzukul ke cool ke.
Hupacha ta koh ziquix-oc, ta koh nabax puch chuvach
autres : Ils n’ont pu dire notre nom, quoique nous (soyons) leurs créateurs et leurs formateurs. Cela n’est pas bon, répétèrent entre eux Celui qui engendre et Celui qui donne 1’être.
Et il leur fut dit (aux animaux) : Voilà que vous serez modifiés, parce qu’il vous a été impossible de parler. Nous avons donc changé notre parole : votre nourriture et votre alimentation, vos tanières et vos habitations vous les aurez; (mais) ce seront les ravines et les bois ; car notre gloire n’est pas parfaite et vous ne (nous) invoquez point.
Il en est encore (des êtres) il y en a sans doute encore qui puissent nous saluer; nous les rendrons capables d’obéir. Maintenant faites votre devoir; quant à votre chair elle sera broyée sous la dent, ainsi soit-il.
Voilà donc quelle est votre destinée. C’est ainsi qu’on leur parla, et en même temps on leur notifia (ces choses) aux grands et petits animaux qu’il y a sur la face de la terre (1).
(1) Chicop, qui signifie toute espèce de bête vivante, s’étend aussi aux hommes, dans le sens de 1 brute , mal élevé, sauvage, barbare. La création dont il s’agit ici parait faire allusion aux tribus sauvages ou barbares de l'Amérique.
Or ils voulurent essayer de nouveau leur fortune ; ils voulurent faire une nouvelle tentative, ils voulurent concerter un nouveau mode d’adoration.
Mais ils n’entendirent point le langage les uns des autres; ils n’aboutirent à rien, et rien ne put se faire.
Ainsi donc leur chair fut humiliée ; et tous les animaux qui sont ici sur la face de la terre furent réduits à être mangés et tués.
C’est ainsi qu’il duty avoir un nouvel essai de créatures à former par le Créateur et le Formateur, par Celui qui engendre, par Celui qui donne l’être :
Qu’on essaie de nouveau ; déjà s’approche le temps des semailles, voici l’aurore (qui va paraître); faisons ceux (qui doivent être) nos soutiens et nos nourriciers.
Comment (faire) pour que nous soyons invoqués et que
uleuh? Mi-x-ka tiho chirech ri nabe ka tzak, ka bit : mavi x-utzinic ka gihiloxic, ka calaixic puch cumal. Que-hecut ka tiha vi u banic ahnim ahxob tzukul cool.
X-e cha. Ta u tzakic cut, u bamc puch ; uleu xocol u tiohil x-qui bano ;
Mavi utz x-qu’ilo ; xa chi yohomanic, xa tzubulic, xa ne־ belie, xa lubanic, xav’ulanic, xa pu chiumaric ; mavi chi colol u holom, xahuin benak vi u vach ; xa culuvach, mavi chi mucun chirih ; chi chau nabec, ma-habi u naoh ; xa hu-zuk chiumar pa ha mavi qo.
X־־e cha chi eu ri Ahtzak, Ahbit : Cavach-Iabek ta ch’ux-oc, xalabe mavi chi binic, ma pu chi pogotahic : ta ch’ux-oc xa u naoh chiri, x-e cha·.
Ta x-qui yoh cut, x-qui yoc chic ri qui tzak, qui ·bit. X-e cha chicut : Hupacha chi ka bano ch’utzin-ta vi chi nauachir-ta vi gihiloy kech, ziquiy kech ?
X-e cha ta x-qui naohih chic : Xa ka byih chique Xpiyacoc, Xmucane, Hun-Ahpu-Vuch, Hun-Ahpu-Uti'u : Qu’y tiha chic u gihixic, u bitaxic. X-e uchan qui quib Ahtzak, Ahbit, ta x-qui byih cut chire Xpiyacoc, Xmu-cané.
Qatecut u bixic ri chiquech ri e nicvachinel, r’alit gih,
nous soyons commémorés à la face de la terre ? Nous avons essayé déjà avec notre première œuvre et créature : il n’a pas été possible que nous fussions salués et honorés par elles. C’est pourquoi essayons de faire des (hommes; obéissants et respectueux qui (soient nos) soutiens et nourriciers.
Ils dirent. Alors la création et la formation (de l’homme eurent lieu) ; de terre glaise ils firent sa chair (1);
(1) Uleu xocol u tiohil x-qui ־bano, mot à mot: terre, boue sa chair firent. On voit ici le commencement de la création des castes diverses; mais ce qu’il y a de particulier, c’est que cette première classe de terre glaise, qui ne réussit pas, paraît avoir été destinée d’abord à devenir la caste noble et sacerdotale, pour soutenir les dieux et .les nourrir. Il n’est pas moins curieux d’observer que l’homme en Amérique est formé toujours de terre rouge ou jaune; c’est ce qu’on voit dans toutes les traditions.
Ils virent qu’il n’était pas bien ; car il était sans cohésion, sans consistance, sans mouvements, sans force, inepte et aqueux ; il ne remuait point la tête, sa face ne se tournant que d’un seul côté ; sa vue était voilée et il ne pouvait voir par derrière ; il avait été doué du (don du) langage, mais il n’avait pas d’intelligence, et aussitôt il se consuma dans l’eau sans (pouvoir) se tenir debout.
Or le Créateur et le Formateur dirent encore une fois : Plus on y travaille, plus il est incapable d’aller et de se multiplier : qu’il se fasse donc là un être intelligent, dirent-ils.
Alors ils défirent et détruisirent encore une fois leur œuvre et leur création. Ils dirent ensuite : Comment ferons-nous pour qu’il puisse éclore des (êtres) qui nous adorent et qui nous invoquent (2) ?
(2) Gihiloy kech, Ziquiy kech, adorateurs de nous, invocateurs de nous.
Ils dirent alors, tandis qu’ils se consultaient de nouveau : Disons-leur à Xpiyacoc et à Xmucané, au Tireur de Sarbacane au Sarigue, au Tireur de Sarbacane au Chacal : Essayez de nouveau de tirer son sort et (de voir le temps de) sa formation. Ainsi se dirent l’un à l’autre le Créateur et le Formateur, et ils leur parlèrent alors à Xpiyacoc et à Xmucané.
Ensuite (eut lieu) le discours avec ces devins, l’aïeule du
r’alit zak, que u chaxic cumal ri TzakoL Bitoi; are qui bi ri Xpiyacoc, Xmucane.
X-e cha eu ri Hurakan ruq Tepeu, Gucumatz ; ta x-qm byih chirech ahgih, ahbit, e nicvachinel : X-u culu, xa pu ch’u riqo ch’eta chic chi ka vinak bitohי chi ka vinak tzakoh, ta chic tzukui cool, koh z1quix-tah,koh nabax-tah pitch :
C’at-oc-ta cut pa tzih, iyom, niamoin, k’atit, ka main, Xpiyacoc, Xmucane; ch’a-tah ta ch’auax-oc, ta zakir-oc, kaziquixic, ka toquexic, ka nabaxicrumal vinak tzak, vinajk bit, vinak pity, vinak anom; cb’a-ta ch’uxoc;
Ch’y qutun ybi, Hun-AhpuVuch,Hun־AhpuUtiu, camul alom, carnal qaholom, Nim-Ak, Nima-Tzyiz,al1qual, ahya-manic, ahchut, ahtzalam, ahraxa-lak, ahraxa-tzel, ah-gol, ah-Toltecat, r’atit gih, r’atif zak, qu’yx uchaxic ru-mal ka tzak, ka bit;
Ch’y mala ch’y ixim, ch’y tzité, xa chi banatahic, xa
soleil, l'aïeule de la lumière (1), ainsi qu’ils sont appelés par ceux (qui sont) le Créateur et le Formateur, et ce sont là les noms de Xpiyacoc et de Xmucané.
(1) R'atit gih, l’aïeule du soleil, r’atit zak, l’aïeule de la lumière ou de l’aurore, indiquée ici particulièrement comme l’auteur du calendrier. Ri, re ou r’ est ici un article déterminatif de possession comme le u.
Et ceux de Hurakan parlaient avec Tepeu et Gucumatz ; alors ils dirent à celui du soleil (2), à celui de la formation, qui (sont) les devins : Il est temps de se concerter de nouveau sur les signes de l’homme que nous avions formé (3), pour (qu’il soit) encore une fois (notre) soutien et (notre) nourricier, afin que nous soyons invoqués et commémorés.
(2) Celui du soleil, Ahgih, composé de la particule possessive ah et de gih, soleil. Ce mot est pris d’ordinaire dans le sens d’astronome, astrologue ou prêtre; aujourd’hui il a encore, parmi les indigènes du Guatemala, le sens de devin.
(3) Ka vinak bitoh, notre homme créé, ka vinak tzakoh, notre homme formé, dit le texte.
Commence donc à parler (4), ô toi qui engendre et mets au monde, notre grand’mère et notre aïeul, Xpiyacoc, Xmucané; fais donc que la germination se fasse, que l’aube blanchisse, que nous soyons invoqués, que nous soyons adorés, que nous soyons commémorés par l’homme formé, par l’homme créé, par l’homme dressé (5), par l’homme moulé; fais qu’il en soit ainsi;
(4) Entre donc en parole, dit le texte.
(5) Vinak poy, l’homme mannequin, poupée; c’est le sens de poy que nous traduisons ici par dresse.
Manifestez votre nom, 0 Tireur de Sarbacane au Sarigue, ô Tireur de Sarbacane au Chacal, deux fois engendreur, deux fois procréateur, Grand-Sanglier, grand piqueur d’épines, celui de l’émeraude, le bijoutier, le ciseleur, l’architecte (6), celui du planisphère verdoyant, celui de la surface azurée, le maître de la résine (7), le chef de Toltecat (8), aïeule du soleil, aïeule du jour; car ainsi soyez appelés par nos œuvres et nos créatures;
(6) Celui de l’émeraude, de la bijouterie, du poinçon, comme si c’était celui qui travaille l’émeraude, la bijouterie et se sert du poinçon. Ah-tzalam nous paraît bien signifier architecte ; le mot tzalam signifie une planche, une dalle, une pente de montagne, etc. Voilà bien des titres qui annoncent la civilisation toltèque.
(7) Ahgol, maître de la résine. Gol ou col signifie toute espèce de gomme découlant des arbres résineux; se-rait-ce une allusion à la médecine?
(8) Ah~Toltecat. Ces mots sont fort curieux. Signifient-ils maître de Toltecat ou bien habitant ou prince de Toltecat, Ah est pris dans ces différents sens et d’après un manuscrit de l’histoire de l’antique cité de Teotihuacan, près de Mexico, et que possède M. Aubin, Toltecat serait le nom le plus ancien de cette ville célèbre. C’est probablement aussi le nom de la cité de Tulan en Xibalba.
Faites vos passes sur votre maïs, sur votre tzité(9), pour
(9) Le tzité est un arbre appelé tzompan-quahuitl par les Mexicains; il porte des baies contenant des haricots rouges, que nous appelons en français grainés d’Amérique: les sorciers où devins du pays s’en servent pour tirer le sort en les mêlant avec des grains de· maïs, comme autrefois, ce qui prouve l’antiquité de ce genre de divination.
pu ch el apon-oc chi k’ahah, chi ka qotah puch u chi u vach che ; x-e u chaxic e ahgih?
Qatepuch u kahic u gihiloxic ri x-malic chi ixim chi Izité; Gih, Bit, x-e cha curi bun atit, bun mama chiquech : Areri mama areahtzité, Xpiyacocu bi; are curi atit ahgih, alibi t, Chirakan Xmucaneu bi.
X-e cha cut, ta x-qui tiqiba gih : Xa ch’u culu, xa pu ch’u riqo; ch’a byih; ca ta ka xiquin,ka chauic, katzihon tah xa cliu culu ri che ch’ahauaxic, chi qotox puch cu-mal Ahtzak, Ahbit; ve are tzukul, cool, ta ch’auax-oc, ta zakir-oc.
At ixim, at tzite, at gih, at bit, c’at chogonic, c’at ta-qen-tah ; x-cha chire ixim, tzité, gih, bit. C’at qix la uloc, at u Qux cah, m’aqahizah u chi, u vachTepeu, Gucumatz.
X-e cha ta x-qui bih cut u zukuliquil : Utz are ch’uxic ri y poy, aham-che, chi chauic, chi tzihon bala chuvach uleu.
Ta ch’ ux-oc, x-e cha-cut, ta x-qui bih. Huzuk x-banic poy aham-che; x-e \inak vachinic, x-e vinak tzihonic puch; are viuakil u vach uleu.
X-e uxic, x-e pogic; x-e mealanic, x-e qaholanic ri poy, aham-che : ma-cu-habi qui qux, ma-pu-habi qui naoh ;
(voir) s’il se fera et s’il arrivera que nous élaborions et sculptions sa bouche et son visage de bois; ainsi qu’il fut dit aux devins ?
Alors (ce fut le moment) de jeter (le sort) et de saluer ce qui composait l’enchantement avec le maïs et le tzité : Soleil et Créature! leur dirent alors une vieille et un vieillard. Or, ce vieillard était le maître du tzité (1), Xpiyacoc (était) son nom; mais la vieille était la devineresse, la Formatrice, dont le nom (était) Chirakan Xmucané.
(1) Ahtzite, celui du tzité, ou l’enchanteur par le tzité.
Or ils parlèrent ainsi, au moment où le soleil s’arrêtait (au midi) : Il est temps qu’on se concerte; parle, que nous entendions, que nous parlions et que nous disions s’il faut que le bois soit charpenté et sculpté parle Formateur et le Créateur ; si ce sera le soutien et le nourricier, au moment où se fera la germination et où le jour blanchira.
O maïs, ô tzité, ô soleil, ô créature, unissez-vous; accouplez-vous l’un sur l’autre (2); ainsi fut dit au maïs et au tzité, au soleil et à la créature. Et toi, rougis, ô Cœur du ciel, ne fais pas baisser la bouche et la face de Tepeu, de Gucumatz (3).
(2) Il y a dans le texte c'at chogo nic, c'at taqen-tah , appelle (comme le mâle appelle sa femelle), monte tant que tu peux sur l'autre. Les deux verbes ont un sens fort lascif.
(3) Cette phrase est difficile à comprendre. C'at qix-la uloc, rougis, ou viens rougir ici, peut signifier également, viens te piquer, t'ensanglanter avec des épines, suivant la coutume de ce peuple. Qix est l'épine dans son sens ordinaire.
Alors ils parlèrent et dirent la vérité : C’est bien ainsi qu’il faut faire vos mannequins, travaillés de bois, qui parlent et raisonnent à leur aise sur la face de la terre.
Ainsi soit-il, répondirent-ils, lorsqu'ils parlèrent. Dans le même instant se fit le mannequin travaillé de bois; les hommes se produisirent, les hommes raisonnèrent, et ce sont les gens qui (habitent) la surface de la terre.
Ils existèrent et se multiplièrent; ils engendrèrent des filles et des fils, mannequins travaillés de bois : mais ils
mavi natal c’ahlzak, c’ahbit; xalog x-e bimc, x-e chaka-nic :
Mavi x-qui natali chic ri u Qux cah, quehecut x-e pah chiri : xa u tihtobexic, xa pu u vababexic chi vinak; que chau nabec, xa chakih qui vach; mana zonolc’akan,qui gab; ma־habi qui quiqel,qui comahil,ma-habi qui ticoval, qui gabchiyal ; chakih cotz qoh qui vach ; ca pichipoh c’akan, qui gab, ca yeyoh qui tiohil.
Quehecut mavi x-e nau chi vi chuvach Tzakol, Bitol, alay quech, quxlaay quech. E nabe tzatz chi vinak x-e uxic varal chuvach uleu.
Qatecut qui qizic chic, qui mayxic, qui gutuxic puch, x-e camizax chic poy aham-che.
Ta x-nohix qui butic rumal u Qux cah, nima buticx-banic, x-pe pa qui vi ri e poy e ahamche.
Tzité u tiohil ri achih : ta x־ahaxic rumal Tzakol, Bitol
n’avaient ni cœur, ni intelligence, ni de souvenir de leur formateur et de leur créateur; ils menaient une existence inutile et vivaient comme des animaux (1).
(1) Xalog x-e binic, x-e chakanic, sans but ils allaient et marchaient comme des bétes; chakanic, aller à quatre pattes.
Ils ne se souvenaient plus du cœur du ciel, et voilà corn-ment ils déchurent là : ce n’était donc qu’un essai et une tentative d’hommes ; qui parlèrent d’abord, mais dont la face se dessécha; sans consistance (étaient) leurs pieds et leurs mains ; ils n’avaient ni sang, ni subsistance, ni humidité, ni graisse; des joues desséchées étaient (tout ce qu’offraient) leurs visages; arides étaient leurs pieds et leurs mains, languissante leur chair (2).
(2) D’après ce texte, il paraît bien évident qu’il y eut une caste noble et sacerdotale créée avant celle dont il est question plus tard : elle est repoussée ici par les écrivains du Livre sacré comme inutile, ingrate et informe, et détruite en partie, à ce qu’il parait, par le déluge, ou l’ouragan dont il va être question. Une tradition historique, conservée par Garcia (Origen de los Indius, lib. v, cap. 4), donne lieu à penser qu'effectivement ce cataclysme en abîma une partie et que les autres se retirèrent aux montagnes de Chiapas et d’Oaxaca et que d’eux descendirent les nations civilisées de la Zapotèque. Les deux frères Hun-Chouen et Hun-Batz, dont il est question plus loin, s’y seraient retirés avec eux, d’où il résulterait que les hommes de cette création étaient les Nahuas purs, nés sans mélange avec les femmes de ce pays, et véritables Toltèques des pays d’Oaxaca et de Tehuantepec « qui se disaient les amis et fils de Quetzalcohuatl? » (Sahagun, Hist. gen. de las cosas de Nueva-Espana, lib. x, cap. xxix, S 10.)
C’est pourquoi ils ne pensaient point(à élever) leurs têtes vers le Formateur et le Créateur, leur père et leur providence (3). Or, ceux-ci furent les premiers hommes qui en grand nombre existèrent ici sur la face de la terre.
(3) Alay quech, l’enfantant eux ; quxlaay quech, pensant (pour) eux.
Ensuite (arriva) la fin (de ces hommes), leur ruine et leur destruction, de ces mannequins, travaillés de bois, qui furent également mis à mort.
Alors les eaux furent gonflées par la. volonté du Cœur du ciel ; et il se fit une grande inondation qui vint au-dessus de la tête de ces mannequins et de ces (êtres) travaillés de bois.
Le tzité (composa) la chair de l’homme : mais lorsque
ixok, zibak cutubohil ixok : x-r’ah oquic ruma! TzakolJ Bilol.
Mavi x-e nauic, ma-pu x-e chauic chuvach c’ahezak, c’ahbit, band que, vinakirjzay quech.
Quehecut qui camizaxic ; x-e butic, x-pe nima gol chila çhicah. Xeçotcovach u bi x-qotin uloc u bakqui vach; x-e peCamalotz x-cupin ula qui holom; x-pe Cotzbalam x-tio qui tiohil ; x-pe Tucum-balam x-tukuvic, x-quichouic qui bakil, qui bochil; x-qahixic, x-muchulixic, kahizabal qui vach ;
Rumal mavi qui nauic chuvach qui chuch, chu-vach puch qui cahau, riu Qux cah, Hurakan u bi; cumal x-gekumaric u vach uleu, x-tiqaric gekal hab, gihil hab, agabal hab.
X’oc ula chuti chicop, nima chiçop, x-qut qui vach ru-mal che, abah. X־chauiç ronohel qui quebal, quixot, qui lak, qui boh, qui tzi, qui aq, haruh-pala ronohel, x-qutu qui vach :
Qax x-y ban çhike; x-oh y tio; yx chiçut x-qu ׳yx qati chic, x-cha ri qui tzi, c'aq chiquech.
Are curi caa : X-oh qokoniç yvumal ; hutagih, hutagih, xgek, zakiriç, amagel, holi, holi, huqui, huqui, ka vach yvumal : are-ta nabe ka patan ch’y vach;
yx-tana vinak vacamiç ci t x-ch’y tih ka chugab;
la femme fut charpentée par le Formateur et le Créateur, le zibak (1) (fut ce qui entra dans) la chair de la femme : c’est là ce qui dut entrer (dans sa construction) par ordre du Formateur et du Créateur.
(1) Zibak, c’est la moelle d’un petit jonc dont les indigènes font leurs nattes, dit un vocabulaire manuscrit; un autre ajoute que c’est le sassafras.
Mais ils ne pensaient ni ne parlaient devant leur Formateur et leur Créateur, celui qui les avait faits, qui les avait fait naître.
Et ainsi fut leur destruction; ils furent inondés, et une résine épaisse descendit du ciel. (L’oiseau) nommé Xecotcovach leur vint arracher les yeux de l’orbite, le Camàlotz vint leur trancher la tête ; le Cotzbalam dévora leurs chairs; le Tecumbalam brisa et broya leurs os et leurs cartilages; et leurs corps furent réduits en poudre et dispersés (2), pour le châtiment de leurs personnes (3);
(2) Ces noms sont ceux de divers oiseaux de proie inusités aujourd’hui et dont la traduction ne se trouve point.
(3) Kahizabal qui vach, châtiment de leurs faces, ou pour humilier, abaisser leurs faces. Kah, descendre, abattre; kahizah, faire descendre ou faire abattre; kahizabal, ce avec quoi ou par quoi on fait descendre, etc.
Parce qu’ils n’avaient pas pensé devant leur mère et leur père, celui qui (est) le Cœur du ciel, dont le nom est Hurakan ; à cause d’eux la face de la terre s’obscurcit, et une pluie ténébreuse commença, pluie de jour, pluie de nuit.
Arrivèrent (alors tous) les animaux grands et petits (et les hommes se virent) maltraités en face par le bois et la pierre : tout ce qui leur avait servi parla, leurs tourtières, leurs plats, leurs marmites, leurs chiens, leurs poules, tous autant qu’il y en avait, les maltraita en face (4).
(4) Maltraita en face. Le texte dit x-qutu qui vach, manifesta ou mon-tra leurs visages.
Vous avez mal agi avec nous ; vous nous mordiez ; à votre tour vous serez tourmentés, leur dirent leurs chiens et leurs poules.
Et voilà que les metates (dirent à leur tour (5) : Nous étions tourmentés par vous; quotidiennement, quotidiennement, de nuit comme de jour, toujours, holi, holi, huqui, huqui (6)(disaient) nos surfaces à cause de vous :
(5) Metate, du mexicain metlatl, pierre sur laquelle les femmes broient le grain de maïs pour en faire les tortilles, caa en quiche.
(6) Holi, huqui, sons imitatifs du bruit que fait la pierre quand on y broie le maïs.
x-chi־ka queeh, x-chi ka hoc puçh y tiohil, x-cha ri qui caa chique.
Arecun qui tzi x-cha chic, ta x-chauic : Nakipa rumal mavi ch’y ya ka va ? Xa koh mucunic, xa pu koh y cuxih uloc, koh y tzak pu uloc ; yaçal u bi ka cheel yvumal, ta x-qu’yx vàic :
Xere koh yv’uchaah vi ; mavi koh chauic. Ma-ta eu mix-oh camic chyve ? Hupacha mavi mi-x-yx nauic, x-yxnau ta eut chyvih ta eut? X-oh zach vi, vacamic eut x-ch’y tïh ka bak qo pa ka chi ; x-qu’yx ka tio, x-e cha ri tzi chique., ta x-qut qui vach.
Are chi curi qui xot, qui boh x-chau çhic chique : Qax. ra x-y ban chike xak ka chi, xak ka vach, amagel oh tzacal chuvi gag, koh y qato, mavi qax x-ka nao ;
X-ch’y tih eut, x-qu’ yx ka poroh, x-cha ri qui boh, ro-nohel x-qutu qui vach. Are ri abah ri qixcub, chi ta ninic hi pe pa gag tagal chi qui holom, qax x-ban chique.
Anilabic que mal, malihab chic : que rah akanic chuvi ha, xa chi u ulih ha que tzak uloc ; que r’ah akan chuvi
voilà ce que nous avons supporté pour vous ; maintenant que vous avez cessé d’être des hommes, vous allez sentir nos forces ; nous moudrons et nous réduirons vos chairs en poudre, leur dirent leurs metates.
Et voici ce que leurs chiens, parlant à leur tour, leur dirent : Pourquoi ne nous donniez-vous pas à manger (1)? A peine étions-nous regardés, et vous nous chassiez dehors et vous nous poursuiviez; l’objet qui vous servait à nous frapper était (toujours) prêt, tandis que vous preniez vos repas.
(1) Nahipa-rumal mavi ch'y ya ka va, mot à mot quoi-pour ne vous donniez pas notre nourriture.
C’est ainsi que vous nous traitiez ; nous étions incapables de parler. Sans cela nous ne vous aurions pas (donné) la mort maintenant. Comment donc ne raisonniez-vous pas, comment ne pensiez-vous donc pas à vous-mêmes ? C’est nous qui vous détruisons, et maintenant vous éprouverez les dents qu’il y a dans notre gueule ; nous vous dévorerons, leur dirent les chiens, tout en leur déchirant la face.
Et voilà que leurs tourtières et leurs marmites leur parlèrent à leur tour : Mal et dommage vous nous causiez, en enfumant notre bouche et notre surface ; toujours nous exposant au feu, vous nous brûliez, quoique nous ne sentissions rien (2) ;
(2) Ces animaux et ces instruments qui insultent à l'homme en ce moment semblent encore faire allusion à une révolution entre les races de cette époque, qui aurait concordé avec les convulsions de la nature. C’est ce qui parait résulter encore des traditions rapportées par Garcia, Origen de los Indios, lib. v, cap. iv et vi.
Vous le sentirez à votre tour et nous vous brûlerons, dirent les marmites, en les insultant tous en face. Ainsi (firent) les pierres qui (servent à former) le foyer, (demandant) que le feu s’allumât avec violence sous leurs têtes étendues dessus, pour le mal qu’ils leur avaient fait.
(Alors on vit les hommes) courir en se poussant, remplis de désespoir : ils voulaient monter sur les maisons, et
che, que chakix uloc ruma che; que r’ah oc pahul, xa chi yuch hul chi qui vach.
Quêhecut u gayohic vinak tzak, vinak bit, e tzixel, e tzalatzoxel chi vinak ; x-mayxic, x־qutuxic qui chi qui vach conohel.
X-cha cut are r’etal ri qoy qo pa qechelah vacamic ; are x-qohe vi r’etal, rumal xa che qui tiohil x-cohic ru-mal Ahlzak, Ahbit.
Arecuri qoy queheri vinak chi vachinic, r’etal hulc vinak tzak, vinak bit, xa poy, xa pu aham-che.
Are cut xa hubic zaknatanoh u vach uleu ; ma-habi gih. Hun cut c’u nimarizah rib, Vukub-Cakix u bi.
Qo nabe cab, uleu ; xa ca moymotu vach gih, iq.
Ca cha curi : Xavixere u zak etal vinak riy x-bulic, queheri naual vinak u qoheic.
les maisons, s’écroulant, les faisaient tomber (à terre) ; ils voulaient monter sur les arbres, et les arbres les secouaient loin d’eux; ils voulaient entrer dans les cavernes, et les cavernes se fermaient devant eux.
Ainsi (s’accomplit) la ruine de ces créatures humaines, gens qui étaient destinés à être détruits et bouleversés; (ainsi) leurs personnes à tous furent livrées à la destruction et au mépris (1).
(1) X-mayxic, x-qutuxic qui chi, qui vach conohel; furent détruites et ruinées leurs bouches et leurs faces toutes. Le mot chi, bouche, porte, ouverture, bord, etc., est aussi la préposition en, dans, sur, à, etc., et entre dans la composition d’une foule de mots. Vach, qui paraît se composer de u ach, son va avec, son compagnon, signifie alternativement l’œil, le front, la face, la figure, la tête, la personne, le nom même ou le titre quelquefois.
Or on dit que leur postérité (se voit dans) ces petits singes (2) qui vivent aujourd’hui dans les bois ; c’est le signe (3) qui resta (d’eux), parce que de bois seulement leur chair se composa par les soins du Formateur et du Créateur.
(2) Qoy, espèce de singes fort petite quoi! trouve dans la haute Vérapaz.
(3) Are x-qohe-vi r’etal, ceux-ci demeurèrent ou furent leur signe ou postérité. Etal, déterminatif de et, signe, signal, marque, signifie aussi postérité/ descendance; de là une foule de mots qui s’y rapportent plus ou moins. Quant à la tradition des hommes changés en singes, on la trouve encore parmi les Indiens : ils disent que les hommes d’alors se transformèrent ainsi pour s’exempter du travail et des tributs.
C’est pourquoi ce petit singe ressemble à l’homme, signe qu’il est d’une autre génération d’êtres humains(qui n’étaient) que des mannequins, que (des hommes) travaillés de bois.
Or (il n’y avait alors) que peu de clarté sur la face de la terre ; le jour n’était pas encore (4). Mais (il y avait) un homme qui s’enorgueillissait, et son nom (était) Vukub-Cakix(5).
(4) Le jour, le soleil, le calendrier toltèque et la législation qui en était 1 a conséquence n’existaient pas encore.
(5) Vukub-Cakix, Sept-Aras. C’est un nom dont l’origine paraît toltèque. Le prince qui le portait, et dont Ximenez fait Lucifer, était probablement le souverain d’une grande portion de l’Amérique centrale, avant l’arrivée des étrangers qui le mirent à mort.
Le ciel et la terre existaient ; seulement la face du soleil et de la lune était voilée.
Or (Vukub-Cakix) disait : Véritablement ce qui reste de ces gens qui se sont noyés est extraordinaire, et leur existence est comme celle d’êtres surnaturels (6).
(6) Il y avait eu une inondation ou un naufrage dans lequel avaient péri quelques-uns des compagnons de Gucumatz, et cette inondation a un rapport étroit avec le déluge dont il est parlé dans le chapitre précédent. (Gonf. Codex Vatican, ap. Rios, et Codex Borgian., ap. Fabregat, et le commentaire précédent.
In nim qui qohe chic chuvi vinak tzak, vinak bit. In u gih, in pu u zak, in naipu r’iqil ; ta ch’uxoc.
Nim nu zakil ; in binibal, in pu chakabal rumal vinak :
Rumal pnvak u bak nu vach, xa ca tiltotic chi yama-nic raxa quval ; naipu v’e raxçavacoh chi abah queheri u va cah.
Are curi nu tzam zakhnluhuh chi nah queheri iq, puvak cutnu galibal ; ca zakpaque u vach uleu, ta qu’in el uloc chuvach nu galibal.
Quehecut in gih vi, in pu iq, rumal zakil al, zakil qahol. Ta ch’uxoc, rumal chi nah c’opon vi nu vach.
Cha ri Vukub-Cakix. Ma-cu quitzih are ta gih ri Vukub-Cakix ; xere c’u nimarizah rib ri u xic, u puvak :
Xere cut togol viu vach ri chi cube vi, mana ronohel ta u xe cah ç’opon vi u vach.
Ma-ha cut qui qu’iloc u vach gih, iq, chumil ; ma-ha-oc ca zakir-oc.
Quehecut c’ucobizah vi rib ri Vukub-Cakix chi gihil, chi iqil; xa ma-ha chi qutun-oc,chicalahob-ocuzakil gih, ' iq : xa x-u raih nimal iqouen. ׳
Are ta x-banicbutic çumal poy aham-che.
Je serai donc grand encore une fois au-dessus des êtres créés. Je sois leur soleil ; je suis leur aurore et je suis leur lune ; ainsi soit-il.
Grande est ma splendeur ; je suis celui par qui vont et marchent les hommes :
Car d’argent est le globe de mes yeux, qui sont resplendissants de pierres précieuses, et mes dents brillent dans leur émail comme la face du ciel (1).
(1) Queheri u va cah, comme la face du ciel; va souvent pour vach.
Voilà que mes narines reluisent de loin comme la lune, et d’argent est mon trône ; la face de la terre se vivifie lorsque je m’avance devant mon trône.
Ainsi donc je suis le soleil, je suis la lune, à cause de la civilisation, de la félicité de mes vassaux (2). Ainsi soit-il, car ma vue s’étend au loin.
(2) Rumal xakil al, zakil qahol, mot à mot, à cause des blancs enfants, des blancs fils. Les mots al, enfant, et qahol, fils, lorsqu’ils se suivent, ont d’ordinaire le sens de vassaux ou sujets.
(Ainsi) parlait Vukub-Cakix. Mais véritablement ce n’était pas lui Vukub-Cakix qui était le soleil ; seulement il s’enorgueillissait de ses pierreries, de ses richesses (3).
(3) Richesses; puvak signifie tout métal précieux indifféremment, quoiqu’aujourd’hui on le dise plutôt pour !1argent : cependant, pour exprimer tout à fait l’argent on dit xaki-puvak, blanc métal précieux, et gana-puvak, jaune métal précieux pour l’or. Le métal commun se dit chich; un adjectif le détermine, gana chich, cuivré ou laiton.
Mais en réalité sa vue terminait où elle tombait et ses yeux ne s’étendaient pas sur le monde entier (4).
(4) Manà ronohèl ta u xecah c’ opon-vi u vach-, nap toutefois tout cepen-dànt du monde atteignait sa vue. Vi, qui suit le verbe, est presque toujours une particule d’élégance ou de force dans ce cas; cependant elle a un sens fort déterminé ailleurs, elle signifie le bout, la tête, ex. : Ru vi nu gab, le bout de mes doigts (ou de ma main). Xecah, le monde, est compose de xe, monosyllabe qui signifie racine et qui est aussi la préposition au-dessous; de cah, ciel, c’est-à-dire tout ce qui est sous le ciel.
Or, on ne voyait pas encore la face du soleil, de la lune ni des étoiles; il ne faisait pas encore jour.
Ainsi donc Vukub-Cakix se faisait superbe (à l’égal) du soleil et de la lune, la lumière du soleil et de la lune n’ayant pas encore commencé à briller et à se manifester : seulement il désirait s’agrandir et (tout) surpasser.
Or, ce fut en ce temps qu’eut lieu l'inondation à cause ■ des mannequins et des (hommes) faits de bois.
Quehecut x-chi ka byih chic ta x-camic Vukub-Cakix, x-chakatahic, ta x־banalahic vinak rumal Ahtzak, Ahbit.
Vae a xe u chakatahic u yicoxic chi pu ch u gih Vukub-Cakix cumale caib qaholab, Hunahpu u bi hun, Xbalan-que u bi u cab.
Xavi e qabauil. Rumal itzel x-qu’ilo ri nimarizay rib, x-rah u ban chuvach u Qux cah? x-cha cu riqaholab Mavi utz ta ch’ux-oc, mavi chi qaze vinak vara I chuvach uleu.
Quehecut chi ka tih u ubaxic chuvi r’echa, chi ka vubah vi chiri, chi ka cob vi u yab ta qiz-oc u ginomal, u xit, u puvak'qual, u yamanic ri gagabeh, quehecut ch’u bano ronohel vinak.
Mavi are chi vinakir vi gagal ri xapuvak. Ta ch’uxoc, x-e cha riqaholab, huhun chi ub qui telen qui cabichal.
Are eu ri Vukub-Cakix e caib u qahol; are nabeal ri Zipacna; u cabal chi cut ri Cabrakan ; Chimalmat u bi qui clinch, r’ixokil ri Vukub-Cakix.
Ainsi donc nous raconterons maintenant quand mou-rut Vukub-Cakix, (quand) il fut abattu et en quel temps se fit l’homme par la main du Formateur et du Créateur.
Voici l’origine de la défaite et de la destruction de la gloire de Vukub-Cakix par les deux jeunes gens, (dont) le premier s’appelait Hunahpu et le second Xbalanqué(1).
(1) Au lieu de Hunahpu, il devrait y avoir Hunhun-Ahpu, chacun des Tireurs de sarbacane, comme on le voit plus loin. Quant au nom de Xbalanque, il signifie le Petit-Tigre, composé qu’il est de x qui, placé devant un nom propre, indique un diminutif ou féminin, et balam, qui est le tigre ou jaguar; le que indique un pluriel; il est probable que les deux avaient les mêmes noms, ou qu’on les désignait par les mêmes dénominations : chacun des Tireurs de sarbacane et des Petits-Tigres.
Véritablement c’étaient des dieux. A cause du mal qu’ils voyaient en celui qui s’enorgueillissait־ et qu’il voulait commettre à la face du Cœur du ciel, ils dirent ces mêmes jeunes gens : Il n’est pas bon que cela soit, l’homme ne vivant pas encore ici sur la terre (2).
(2) Les hommes vivaient, mais pas comme le voulaient les civilisateurs, de la vie intellectuelle qu’ils apportaient, l’ordre des prêtres et de la noblesse n’étant pas encore créé.
Ainsi donc nous essaierons de tirer de la sarbacane sur sa nourriture, nous y tirerons et nous lui inoculerons une maladie qui mette fin à ses richesses, à ses pierreries, à ses métaux précieux, à ses émeraudes et à ses bijoux dont il s’enorgueillit; ainsi le fera tout le monde.
Ce n’est pas pour enfler sa gloire que les richesses (existent). Qu’il soit donc ainsi fait, dirent les deux jeunes gens, chacun d’eux avec sa sarbacane à l’épaule.
Or, ce Vukub-Cakix (avait) deux fils; et le premier (était) Zipacna; et le second (était) Cabrakan; Chimalmat (était) le nom de leur mère, l’épouse de Vnkub-Cakix (3).
(3) Zipacna, ce nom est difficile a décomposer, parce qu’il ne présente aucun sens raisonnable. Zipac signifie ergot de coq, talon. Si on le décompose davantage, zi est le bois, pac un fruit, l’annone des pays chauds; na signifie beaucoup de choses, par exemple l’actualité, etc., et peut venir de nao, penser. Cabrakan est traduit par Ximenez, de deux jambes; mais il signifie le tremblement de terre; je le crois d’origine haïtienne, comme hurakan. Chimalmat, dans le quiché, dit avec empressement; peut· être vient-il du mexicain chimalli, bouclier; ce nom rappelle celui de Chimalman, mère de Quetzalcohuatl
Arti curi Zipacna are chire chaah ri mmak huyub, ri Chicak, Hunahpu, Pecul, Yaxcanul, Macamob, Hu-liznab, ch’u chaxic, u bi huyub x-qolic ta chi za-kiric, xa hun agab chi vinakiric rumal ri Zipacna.
Areri chicut Cabrakan chi zilab huyub rumal, chi ne-bouic chuti huyub, nima huyub rumal ;
Xavi quehe nimarizabal quib x-qui bano u qahol Vu-kub-Cakix : Yx, va in gih, x-cha Vukub-Cakix. — In va in banol uleu, x-cha ri Zipacna. — In chicut quiyou cah, ch’in ulih ronohel uleu, x-cha ri Cabrakan.
Xavi u qahol Vukub-Cakix, xavi x-chi vi x-qui qam vi qui nimal chirih qui cahau.
Are cut itzel x-qu’il vi qaholab. Maha chi ban-tah-oc ka nabe chuch, ka nabe cahau. Quehecut x-nohix vi qui en-mic, qui zachic, cumal qaholab.
Vae, cute u ubaxic Vukub-Cakix cumal caib qaholab; x-chi ka byihqui chakatahic chi qui huhunal ri nimarizay rib.
Or donc, ce Zipacna (avait pour occupation) de rouler (1) ces grandes montagnes qu’on appelle Chicak, Hunahpu, Pecul, Yaxcanul, Macamob, Huliznab (2), et (c’est là) le nom des montagnes qui existèrent avec le lever de l’aurore et qui en une nuit furent créées par (la puissance de) ce Zipacna.
(1) Are curi Zipacna are chire chaah, mot à mot, de celui-ci donc Zipacna de lui pour jouer.
(2) Ces montagnes appartiennent aux pays guatémaliens, Le Hunahpu n’est autre, que le volcan, dit de Fuego, qui domine la Antigua-Guatemala, encore aujourd’hui en éruption. Le Yaxcanul, autrement dit par les Cakchiquels Gagxanul, est le volcan de Santa-Maria, près de Quetzaltenango, dans les Altos ; les autres sont dans es contrées voisines, entre la grande chaîne de Soconusco et le Lacandon.
De même aussi Cabrakan remuait les montagnes par sa volonté, et les montagnes grandes et petites s’agitaient par lui;
Ainsi donc les fils de Vukub-Cakix s’en faisaient une cause d’orgueil : Attention, ç’est moi qui suis le soleil (3), dit Vukub-Cakix. — C’est moi qui ait fait la terre, dit Zipacna. — Et c’est moi qui secoue le ciel, c’est moi qui bouleverse toute la terre, dit Cabrakan.
(3) Yx, va in gih, mot à mot Vous! voilà moi le soleil, comme s’il y avait : vous autres regardez.
C’est ainsi que les fils de Vukub-Cakix, c’est ainsi vraiment qu’ils s’arrogeaient la grandeur à la suite de leur père.
C’était donc là le mal que virent les (deux) jeunes gens. Mais en ce temps notre première mère et notre premier père n’étaient pas encore créés (4). C’est ainsi que fut résolue leur mort (celle de Vukub-Cakix et de ses fils), avec leur destruction, par ces jeunes gens.
(4) C’est-à-dire les hommes que les Quichés regardaient comme leurs ancêtres.
Voici donc maintenant le (récit du) coup de sarbacane tiré sur Vukub-Cakix par les deux jeunes gens : nous raconterons leur défaite de chacun en particulier de ces (êtres) qui se faisaient si superbes.
Areri Vukub-Cakix hun nima che ri tapai, are eu r’echa ri Vukub-Cakix; are ch’ulo ri 11 vach lapai ch’akan chu vi che hulagih, x-ilom akut r’echabal cumal ri Hunahpu, Xbalanqué : ’
Qui qakalem chicut chu xe che ri Vukub-Cakix,emat-zamoh ulo ri caib qaholab pa xak che, ta x-opon cut Vu-kub-Cakix takal chuvi r’echa ri tapai.
Qatecut ta x-ubaxic cumal ri Hunhun-Ahpu takal u bak u ub chu cacate ; ch’u rakuh u chi, ta x-pe chu vi çhe ta-kal chuvach uleu.
Chi malmat cut ri Hunhun-Ahpu, anim x-bec quilzih vi x-be u chapa : qatecut ta x-cupix ula u gab ri Hunhun-Ahpu rumal ri Vukub-Cakix, huzuk x-tzak uloc, x-meho uloc tzam u tel eb;
Ta x-u tzocopih chicut Hunhun-Ahpu ri Vukub-Cakix : xavi utz x־qui bane, ma nabe qui chakatahic-tah rumal Vukub-Cakix.
U caam chicut u gab ri Hunhun-Ahpu rumal ri Vukub-Cakix, ta x-be chi r’ochoch, xa chi cu ulo tern u cacate x-oponic.
Nakipa mi-x-qamou chi La,x-cha cu ri Chimalmat, r’ix-okil Vukub-Cakix? — Nakipa-ri, ri e caib qaxtok mi-xi-quivubah, mi-x-zilibatah nu cacate :
Rumal xa ca chuyu ahe, v’e, ca coxou chic; mi nabe mi-x-nu qam uloc chuvigag cut, chi xeque-vi, chi tzayaba *
Ce même Vukub-Cakix avait un grand arbre, (de ceux qu’on appelle) Nanze(1),et c’était là la nourriture de Vu-kub-Cakix ; lequel venait au nanze et montait chaque jour à la cime de l’arbre, pour voir les écosses (des fruits) qui avaient été mangés par Hunahpu et Xbalanqué :
(1) Tapai, arbre des climats chauds, qu’on appelle Nanze au Mexique; son fruit est rond et petit, jaune, aromatique el savoureux.
De leur côté, donc, épiant Vukub-Cakix au pied de l’arbre, les deux jeunes gens venaient se cacher dans le feuillage, tandis que Vukub-Cakix arrivait pour se jeter sur les nanzes (qui faisaient) sa nourriture.
Ensuite il fut frappé d’un coup de sarbacane de (la main de) Hunhun-Ahpu (2) qui lui tira la balle de la sarbacane dans la joue ; il poussa (aussitôt) de grands cris, en venant tomber de la cime de l’arbre à terre.
(2) Au lieu de Hun Ahpu, k texte donne ici Hunhun-Ahpu, qui est appelé ailleurs le père du premier. L’histoire serait plus exacte, si dans ces quatre chapitres il y avait Hun-hun-Ahpu et Vukub-Hun-Ahpu; mais tous ces noms sont plus ou moins symboliques, et il faut se garder de les prendre à la lettre.
Hunhun-Ahpu s’empressa donc après lui et courut promptement afin de s’emparer de lui : mais Hunhun-Ahpu se (laissa) saisir d’un bras par Vukub-Cakix qui aussitôt le secoua et le lui arracha avec} violence de l’extrémité de l’épaule.
Mais alors Hunhun-Ahpu laissa aller Vukub-Cakix : c’est bien ainsi qu’ils firent, sans pouvoir être vaincus les premiers par Vukub-Cakix.
Ainsi portant le bras de Hunhun-Ahpu, Vukub-Cakix gagna sa maison, où il arriva soutenant sa mâchoire.
Qu’est-il donc arrivé à Votre Seigneurie (3), demanda alors la Chimalmat, l’épouse de Vukub-Cakix ? — Que serait-ce (autre chose) que ces deux méchants qui m’ont tiré de leur sarbacane et démonté la mâchoire :
(3) Chi La, a votre seigneurie. La est une particule révérentielle qui équivaut à votre seigneurie, votre altesse, seigneur, ou bien, ô puissant seigneur!
C’est de quoi sont ébranlés ma denture et mes dents, qui me font beaucoup souffrir ; (son bras que j’ai arraché) d’abord, je viens de l’apporter sur le feu, pour qu’il demeure
cliuvi gag. la c’ul qui qama chic quitzih chi e qaxlok; x-* א cha ri Vukub-Cakix, la x-u xequeba u gab ri Ilunhun-Ahpu.
Qui naohinic chic ri Hunhun-Ahpq, Xbalanqiie, ta; x-qui-bih cut chirech bun mama, quitzih zak chic r’izmal vi chi mama, him atit, quitzih quemel atit chic, xa que lucu-kila chic chi rihitak vinaki
Zaki-Nim-Ak u bi mama ; Zaki-Nima-Tzyiz cut ubi atit. X-e cha cut qaholab chique ri atit, mama :
Qu’yx k’achbilah-tah chi be-ta qama ka gab ruq Vu-kub-Cakix. Xa koh tere chyvih : Qui ri ka mam ri k’ach-bilan : caminak qui clinch, qui cahau. Quehecut que tere cotila vi chikih tala que ka zipah vi; rumal xa elezan u chicopil eiah ca ka bano, qu’yx cha.
Quehecu ri oh acalab chi r’ilo ri Vukub-Cakix, xavi oh qoh yauic y naoh, x-e cha ri e caib qaholab. — Utzbala ! x-e cha cut.
Qatecut ta x-e bee tzamal cubi ri Vukub-Cakix chuvach u galibal ; ta x-e iqouic ri atit, mama, que etzeyah çuri e caib qaholab chiquih^ ta x-e iqou chuxa r’ochoch ahau, c’u rakuh eu u chi ri Vukub-Cakix rumal r’e
Ta x-il cut Vukub-Cakix ri mama, atit c’achbilan suspendu au-dessus du brasier jusqu’à ce qu’ils le viennent en vérité reprendre ces démons; dit Vukub-Cakix, tandis qu’il suspendait le bras de Hunhun-Abpu.
Ayant tenu conseil Hunhun-Ahpu et Xbalanqué, ils en parlèrent avec un vieillard, et véritablement la chevelure de ce vieillard était toute blanche, ainsi qu’à une vieille femme, et cette vieille était vraiment toute courbée et pliée en deux par la vieillesse.
Le Grand-Sanglier-Blanc était le nom du vieillard; le Grand-Blanc Piqueur d’Epines était le nom de la vieille. Or, les« jeunes gens leur dirent à la vieille et au vieillard (1) :
(1) Ici reparaissent sous une forme plus humaine deux autres des personnages divins du premier chapitre.
Veuillez nous accompagner pour aller(2) prendre notre bras de chez Vukub-Cakix. Nous irons derrière vous (et vous direz) : Ce sont nos petits-fils (3) que nous accompagnons ; leur mère et leur père sont morts. Ainsi ils nous suivent partout, où il nous convient de leur permettre ; car nous faisons (le métier) de tirer les vers des dents, direz-vous.
(2) Qu’yx k’achbilah-tah chi be-ta,
que vous nous accompagnions à aller. Le tah qui suit le verbe accompagner et ta le verbe aller, indiquent le subjonctif et aussi le pouvoir ou la volonté de faire ce que dit le verbe:
quelquefois on le voit faisant seul l'office même du verbe, ex. In tah ulz, que je sois bon, mot à mot, moi puisse (être) bon.
(3) Mam ou marna est le vieillard, l’ancien ou l’aïeul, et. quelquefois il signifie le petit-fils.
Ainsi Vukub-Cakix nous regardera comme des enfants et nous serons là pour vous donner nos conseils, dirent les deux jeunes hommes. — C’est fort bien! répondirent (les deux vieillards).
Ensuite ils se mirent en chemin (vers) l’extrémité où Vukub-Cakix était couché sur le devant de son trône; la vieille et le vieillard passèrent alors, les deux jeunes gens jouant derrière eux, et comme ils passaient au pied de la maison du roi, (ils entendirent) les cris que poussait Vukub-Cakix à cause de ses dents (4).
(4) C'u rakuh eu u chi, il vociférait, mot à mot, il raclait sa bouche.
Or, dès que Vukub-Cakix aperçut le vieillard et la
quib : Apa qu’yx pe-vi, ka mam, x-cha cun ahau? — Xa oh tzukubei kib, Lal ahau ! x-e cha cut.
Nakipa y tzukubal? Ma yv’alcual ri yv’achbiian? — Mahabi, Lal ahau ; e ka mam ri ; xere nare ça ka tokobah qui vach, ri yaaxel hupir chakapca ka ya chiquech, Lal ahau, x-e cha-cut ri atit, mama.
C’utzin curi ahau rumal u coxom u e, xa cu nimakva-chih chicca chauic : In taba canih chyvech ch?y tokobah ta nu vach. Nakipa qui ch’y bano, nakion qui ch’y cunah, x-cha-cut ahau ?
Xa u chicopil eiah çhi k’elezah, xa eu u bak u vach chi ' ka cunah, xa bak chi ka viko, Lal ahau, x-e cha-cut.
Utzbala. Ch’y cunah-ta ba v’equitzih ca coxouic huta-gih ; mavi ch’ogitahic, ma-habi nu varam rumal, ruq u bak nu vach;
Xaxi qui ubah e caib qaxtok ta x-tiqaric ; mavi qu’in echauic rumal : Quehe-ta-cut ch’y togobah vi nu vach ; xa ca ch’u yub v’ehe chic ri v’e.
Utzbala, Lal ahau. Chicop ba ca coxuvic; xa ch’oc u gexel ch’el ri e La. — Ma-ba utz-10 ch’el ri v’e; rumal xere in ahau vi, nu caubal ri v’e ruq u bak nu vach.
X-chi ka coh chic na-cut u gexel, hogom bak x-
vieille, ainsi que ceux qui les accompagnaient : D’où venez-vous, mes anciens? leur dit aussitôt le roi. — Nous allons cherchant de quoi nous soutenir, ô mon seigneur! répondirent-ils (1 ).
(1) Tzukubei kib, de quoi nous soutenir, de tzukuh, soutenir, qui forme tzukubeh, soutenir avec quelque chose, ex. Au tzukubeh va, je me soutiens avec du pain, le mot avec étant exprimé par beh, qui devient participe en changeant h en i.
Quel est votre moyen de subsistance? Sont-ce vos enfants que vous accompagnez? — Point du tout, mon seigneur : ce sont nos petits-fils ;mais voyez-vous, nous avons pitié d’eux (2), nous partageons et leur donnons la moitié (de notre nourriture), répondirent la vieille et le vieillard.
(2) Ca ka tokobah que vach, mot a mot, nous plaignons leurs faces. Le premier ça indique le présent.
Or, le roi était à bout, à cause de la souffrance de ses dents, et c’était avec effort qu’il parlait : Je vous en conjure, tout de suite ayez pitié de moi (dit-il). Que faites-vous, quelles choses guérissez-vous? ajouta le roi.
Nous tirons simplement les vers de la mâchoire; nous guérissons (les maux) du globe de l’œil et nous remettons les os, ô mon seigneur, répondirent-ils.
C’est fort bien. Guérissez donc bien vite, je vous en prie, mes dents qui me font vraiment souffrir chaque jour; car je n’ai ni repos ni sommeil à cause de cela et de mes (maux d’) yeux ;
Deux démons me tirèrent un coup de sarbacane pour *־ commencer; (ce qui fait que) je ne mange plus : ainsi donc ayez pitié de moi; car tout remue (dans ma bouche), mes dents et ma mâchoire.
C’est fort bien, mon seigneur. C’est un ver qui vous fait souffrir; il suffit qu’on change (votre mâchoire) en ôtant les (mauvaises) dents de Votre Altesse (3). — Sera-ce bien bon d’ôter mes dents; car c’est ainsi seulement que je suis roi, et toute ma beauté (vient) de mes dents et du globe de mes yeux.
(3) Xa ch’oc u gexel, ch’el ri e La, mot à mot, seulement qu’il entre son échange et sorte les dents de votre altesse.
Nous en mettrons aussitôt d’autres en échange, (c’est-
choc chic; arecut hogom bak x־ri xa zaki ixim.
Utzbala; ch’yv’elezah, ch’y too uloc, x-cha-cut. Ta x-el curi r’e Vukub-Gakix; xa zaki ixim u gexel r’e x-oquic, xa chi cu zakhuluhuh chi ula ixim pu chi.
Huzuku x-kah u vach, mavi ahau chic x-vachinic : x-‘ qiz elic ri r’e quai, raxçauacoh pu chi. Ta x-cunax chi cut u bak u vach Vukub-Gakix, ta x-choliç u bak u vach x-qiz elic ri puvak.
Mani ca x-tah x-u nao : xavi xere ca mucunic ta x-qiz eu elic ri u nimarizabal rib, xavi qui naoh ri Hunahpu, Xbalanque.
Ta x-cam cut ri Vukub-Gakix, ta x-u qam cut u gab ri Hunahpu, x-cam naipuch Chimalmat, r’ixokil Vukub-Cakix.
Quehecut u zachic u ginomal Vukub-Gakix; ri xa ahcun x-qamouic ri qua! yamanic x-u punabeh varal chuvach uleu.
Naual atit, naual mama x-banouic. Ta x-qui qam cut qui gab x-tiqui ta x-uq-oc utzohic x-uxic.
Xa rumal u camic Vukub-Gakix x-c’ah quehe x-qui bano; itzel x-qu’ilo nimarizabal ib. Qatecut x-e be chic e caib qaholab, xa u tzih ri u Qux cah ta x-qui bano.
à-dire que) des os purs et nets seront mis à leur place (1); or, ces os purs et nets n’étaient autre chose que des grains de maïs blanc.
(1) On a découvert au Pérou et dans l'Équateur des vases de terre cuite de grande dimension (urnes funéraires), contenant entre autres objets un squelette qui avait dans la bouche de fausses dents attachées à la mâchoire avec un fil d’or (Bollaert, Antiquarian, ethnological and other researches in New-*Granada, Ecuador, Peru, Chile, etc. London, Trübner and co. page 83).
Fort bien; tirez-les donc et me venez en aide, répondit-il. Alors on enleva les dents de Vukub-Cakix; maison ne lui mit que des grains de maïs blanc en échange, et (l’on vit) aussitôt briller ces grains de maïs dans sa bouche.
Sa splendeur aussitôt tomba, et il cessa de paraître roi. On acheva de lui enlever ses dents de pierres précieuses, qui brillaient dans sa bouche. Tandis qu’on opérait les yeux de Vukub-Cakix, on écorcha le globe de ses yeux, en achevant de lui ôter ses richesses.
Mais il n’était plus en état de le sentir : il voyait bien encore, mais ce qui faisait son orgueil avait fini par lui être enlevé (entièrement), parle conseil de Hunahpu et de Xbalanqué.
Alors mourut Vukub-Cakix, tandis que Hunahpu reprenait son bras, et (ensuite) mourut également Chimal-mat, l’épouse de Vukub-Cakix.
Telle fut la destruction des richesses de Vukub-Cakix ; or ce fut le médecin qui lui pri t les émeraudes et les pierres précieuses dont il s’enorgueillissait ici sur la terre.
La vieille et le vieillard qui firent (ces choses) étaient des êtres merveilleux. Or, ayant repris les bras (des deux jeunes gens) ils les replacèrent, et les ayant rattachés, le tout demeura bon.
Uniquement pour (amener) la mort de Vukub-Cakix, ils voulurent agir ainsi ; car il leur paraissait mauvais qu’il s’enorgueillît. Après cela, les deux jeunes gens se mirent en chemin, ayant exécuté (de cette manière) la parole du Cœur du ciel ,
Vae chi cute, u banoh chic Zipacna, u nabe qahol Vukub-Cakix : In band huyub, ca cha ri Zipacna.
Are curiZipacna c’atinic chu chi ha, ta x-e iqouic omuch qaholab, e hur vi che r’akan qui cabal, omuch ch'u binic, ta x-qui gat cuthun nima che u vapalil qui cabal.
Qatecut x-beri Zipacna, x־opon cu chila cuq ri omuch qaholab : Nakipa qui bano, yx qaholab? — Xa che mavi ca kayaco chi teleba. — X-ch’in teleh. Apa c’opon vi? Na-kipa u chak chi y qux ?
Xa u vapalil ka cabal. — Utzbala, cha-cut. Ta x-u hu-rub cut, x-u teleba ca akan-oc chu chi qui cabal omuch qaholab.
Xatavi c’at qohe kuq, at qahol. Qo-pa a chuch a ca-hau? — Ma-habi, x-cha-cut. — Caka chakimah tanabala chuvek chu vabaxic chic hunka che r’akan ka cabal. — Utz, x-cha chicut.
Qatecut x-qam qui naoh rri omuch qaholab : Areri ala, hupacha chi ka ban chire chika camizah-tah; rumal mavi utz ri c’ a bano, xa utuquel mi-x־u yac ri che.
Ka qoto han nima hul, chiri ta cut chi ka tzak vi ka-hoc pa hul : H’a qarna gaha uleu pa hul, koh cha-ta
Voici ensuite les faits de Zipacna, le premier engendré de Vukub-Cakix : Je suis le créateur des montagnes, disait Zipacna.
Or, voici que Zipacna se baignait au bord de la rivière, quand vinrent à passer quatre cents jeunes gens, traînant un arbre pour pilier de leur maison ; quatre cents ensemble cheminant, après avoir coupé un grand arbre pour (servir de) poutre mère à leur maison.
Alors Zipacna s’en allant arriva où étaient les quatre cents jeunes gens (et leur dit) : Que faites-vous, ô enfants? — Seulement cet arbre que nous ne pouvons soulever pour le charger sur nos épaules. — Je le porterai״(répondit-il). Où (faut-il) qu’il aille? Quel service désirez-vous?
Seulement la poutre principale de notre maison (que nous vous prions de porter). — C’est fort bien, répondit-. il. Alors il l’enleva avec force, le chargea sur ses épaules et le porta à l’entrée de la maison des quatre cents jeunes gens.
Eh bien, donc, reste avec nous, jeune homme. As-tu mère et père? — Je ne les ai plus, répondit-il. — Or ça, (reprirent-ils), nous vous reprendrons encore une fois demain pour signaler un autre arbre pour pilier de notre maison. — C’est bien, dit de nouveau (Zipacna).
Ensuite les quatre cents jeunes gens tinrent conseil : Voilà ce jeune homme (dirent-ils), comment ferons-nous pour que nous puissions le tuer; car il n’est pas bon qu’il fasse ces choses, ayant à lui seul soulevé cet arbre.
Creusons une grande fosse et nous le jetterons en le faisant tomber dans la fosse : Va prendre et tirer de la
chire; chi are ta cut pachal kahoc pa hul, ta ka larih ka-hoc ri nima che chiri ta cut chi cam vi pa hul.
X-e cha-cut omuch qaholab ta x״qui qot cut hun nima hul naht x-kahic : ta x-qui tak cut ri Zipacna : Oh canih chavech ; chi be-ta a qolo chic uleuh, mavi ca ka riqo, x-u chaxic.
Utzbala, x-cha-cut. Qatecut x-kah pa hut. C’a ziquin uloc la qoto-tah-oc ri uleu : naht ta chi kahic aumal,x-u chaxic? — Ve, x-cha-cut, ta x-u tiqiba u qotic hul; xa cuu hul x-u qoto u colbal rib.
X-r’etamah ri u camizaxic, ta x-u qot cut hun vi chi hul, chu tzalanem, u ca hul x-u qolo x-colo-tah vi.
Ca hanican pala, x-u chax cu kahoc cumal omuch qaholab? — Qui na nu qoto ; ve x-qu’yx nu ziquih akan-oc, ta ch’utzin-oc u qototahic, x-cha uloc Zipacna chiri pa hul.
Ma cu are c’u qot u xe hul ri u mokikil, xa u hul c’u qoto colbal rib. Qatecut ta x-ziquin uloc ri Zipacna, colon chu ca chiri pa hul ta x-ziqui uloc.
Qu’yx pet-oc ch’ul y qama uleu r’achak hul mi-x-qoto-tahic; quitzih nah mi-x-kah vumal. Mapa qu’y ta nu zi-quibal 10 ? Are curi y ziquibal xa u bi ca xôhânic, queheri hun elebal, caib elebal, yx qo-vi ca nu tao ;
X-cha ula ri Zipacna pa u hul chiri cut matzal chi vi ulocca ziquiyah chi ula pa hul. ·
terre du trou, lui״|lirons-nous; et une fois incliné et descendu dans la fosse, nous y lancerons un grand arbre et il mourra promptement là dans la fosse.
Ainsi parlèrent les quatre cents jeunes gens, et ils creusèrent une fosse bien profonde (1); ensuite ils appelèrent Zipacna : Nous te chérissons (véritablement) ; va donc et creuse davantage la terre, que nous n’en pouvons plus, lui fut-il dit.
(1) Hun nima hul naht x-kahicy mot à mot, une grande fosse (qui) loin descendait.
C’est fort bien, répondit-il. Ensuite il descendit dans la fosse : et l’appelant tandis qu’il creusait la terre : Es-tu descendu déjà bien profondément (2)? lui dit-on. — Oui, répondit-il (3), pendant qu’il commençait à creuser la fosse; mais la fosse qu’il creusait (était) pour se sauver.
(2) Oh canih chavech, nous aimons à toi ou pour toi. — Canem ou ganem, amour.
(3) Naht ta chi kahic aumal, loin déjà avec la descente par toi. — Vumal, par moi ou à cause de moi; aumal, par ou pour loi; rumal, par ou à cause de lui ; kumal, par ou pour nous; yvumal, par ou pour vous; cumal, par ou pour eux ; umal est le pro, per et propter des Latins.
Il savait qu'on voulait le tuer tandis qu’il creuserait cette fosse, et de côté il creusa une seconde fosse pour se sauver.
Est-ce bientôt fini? lui fut-il dit d’en haut par les quatre cents jeunes gens. — Je suis encore occupé à creuser, mais je vous appellerai d’en bas, quand ce sera fini de creuser, leur répondit Zipacna du fond de la fosse.’
Mais il ne creusait nullement le fond de la fosse (qu’on lui destinait) pour tombeau ; sinon qu’il creusait le trou où il voulait se sauver. Après quoi Zipacna appela, ne criant toutefois que lorsqu’il se vit à l’abri dans l’autre trou.
Venez chercher et emporter la terre avec les débris de la fosse que j’ai creusée : car vraiment je suis arrivé bien bas. N’entendez-vous donc pas mon cri? Mais voici votre voix, et le son en est répercuté comme un, comme deux échos, j’entends où vous êtes;
Disait Zipacna de la fosse où il s’était abrité, et il (continuait) à crier du fond de la fosse.
Are cut ca hurux uloc ri qui nima die ruinai qaholab; qatepuch x-qui tarih kahoc ri che pa hul.
Ma qo ma chauic; chi-ka tana-la ch’u rakuh u chi, ta cam-oc, x-e cha chi quibil quib; xa que hazlahic, xa pu chi mâlzalah qui vach chi qui huhunal, ta x-qui tarih ka- . hoc ri che.
Are cu x-cha cut ta x-u rakuh u chi, xa hupah chic x-ziquinic, ta x־kah apan-oc ri che.
Oka mi-x-utzinic qui utz mi-x-ka bano chire! mi-x-ca-mic : atalabe chi taken ch’u bano ch’u chakuh, ta ch’uxoc : û nabe la x-u qoh ula rib kuq, chi kaxol puch la, ohomuch qaholab.. ·
X-e cha-cut que quicot chic : Qo ri u banic ka quiy oxih, que־eqouic oxih puch chik’uqah lakabebal ka cabal la, oh, omuch chi qaholab.
X-e cha : Chauek cut chi k’ilo ; cabih puch chi k’ilo mapa chi pe zanic pu uleu, ta chuin-oc, fa gey-oc; qa-tecut cul chi ka.qux ta k’uqah ri ka quiy, x-e cha-cut.
C’u ta eu uloc ri Zipacna chiri pa hul, ta x-qui bih qah-olab ri. Cu chu cabih puch, ta x-tubukih zanic, que bi-nouic, que buchuvic, ta x-e culun xe che ;
Et voilà que le grand arbre (qu’ils’ avaient amené pour leur maison) fut emporté violemment par les jeunes gens, et ils lancèrent ensuite le bois en le faisant tomber vivement dans la fosse.
Que personne ne parle ; attendons seulement qu’il crie et qu’il meure, se dirent-ils les uns aux autres, en parlant en secret et se contentant de se couvrir la bouche et de se regarder mutuellement, tandis qu’ils faisaient tomber le bois.
Or, voilà que Zipacna parla alors, en poussant un cri; mais il ne fit entendre sa voix qu’une seule fois, tandis que le bois tombait au fond.
Oh ! combien nous avons réussi dans ce que nous lui avons fait ! il est bien mort : si par malheur il avait continué le travail qu’il avait commencé, ce serait fait (de nous) : il s’était introduit le premier avec nous, parmi nous-mêmes, nous autres les quatre cents jeunes gens.
C’est ainsi qu’ils dirent, se réjouissant davantage : Ce qu’il y a à faire maintenant, c’est notre vin (1) pendant trois jours et à passer trois jours de plus à boire à la fondation de nos maisons, nous autres, les quatre cents jeunes gens.
(1) Qo ri u banic ka quiy oxih, mot à mot, il y a ceci son (ou de) faire nos vins trois jours. Le mot quiy que nous rendons par vin est le nom générique de toutes les boissons fermentées que faisaient et que font encore les Indiens : on le traduit souvent par le mot chicha, et c’est un des noms qu’on donne à la boisson tirée du maguey ou aloës américain, eau-de-vie ou pulqué, octli, en mexicain. — Le mot oxih est composé de ox-gih, trois jours־
Ils dirent : Or, demain nous verrons ; après demain nous verrons encore si par hasard les fourmis sont venues dans la terre (attirées) par l’odeur, pour enlever cette charogne; ensuite notre cœur se reposera, tandis que nous boirons notre vin, ajoutèrent-ils.
Or Zipacna entendait là dans la fosse ce que disaient les jeunes gens. Puis au deuxième jour, les fourmis arrivèrent tout à coup, allant et venant en masse, pour se réunir sous l’arbre ;
Humai! qui cay eloon iz, qui cayeloon puch r’ixgag Zi-pacna. Ta x-qu’ilcuri qaholab : Mi-pa x-utzin ri qaxtok? Ch’yv ’ila na zanic mi-x־e culun uloc, mi-x-e tubukih uloc, humah iz qui cayeu, qo r’ixgag; ri chila mi-x־ka bano.
Ca x-e cha chi quibil quib. Are curi Zipacna xavi qaz-lie, x-u gat uloc r’izmal u vi, xa pu c’u eux uloc r’ixgag chi r’e, c’u ya ula chiquech ri zanic.
Quehe curi x-camic x-qui nao omuch qaholab. Qate-cut x־tiqar qui quiy chi r’oxih, ta x-e gabar puch cono-hel qaholab.
E cu gabarinak chic conohel omuch qaholab, ma-habi ca qui na chic : qatepuch x-ulix ri cabal pa qui vi rumal ri Zipacna; x-e qiz chayatahic conohel.
Mahabi chic hun, caib x-colotah chiquech ri omuch chi qaholab, x-e camizaxic rumal Zipacna, u qahol ri Vukub-Cakix.
Quehecut qui camic omuch qaholab ri, x-cha chicut are ri x-e oc chi chumilal ri motz u bi cumal ; ve cut xa zakbal tzih 10.
Are chicut chi ka biyh u chakatahic chic Zipacna ru־* mal ri ecaib qaholab, Hunahpu, Xbalanque. ’
Les unes portaient des cheveux elles autres des ongles de Zipacna. En voyant ces choses, les jeunes gens (dirent) : A-t-il fini, ce misérable? Voyez-vous que les fourmis se montrent et qu’elles arrivent en masse, les unes portant des cheveux, et les autres sont (chargées) de ses ongles; voilà ce que nous avons fait.
Voilà ce qu’ils se disaient les uns aux autres. Mais Zi-pacna était bien vivant; il s'était coupé (lui-même) les cheveux de la tête et s’était scié les ongles avec ses dents (1), pour les donner aux fourmis.
(1) C'u cuxul-oc r'ixgag chi r'e, il avait scié ses ongles avec ses dents, Ul, qui suit le verbe eux, scier, est un autre 'verbe qui signifie venir, descendre; mais il est souvent auxiliaire comme ici, indiquant une sortie, une séparation, et donnant plus de force au verbe qu'il accompagne, comme si l'on disait scier dehors ; oc, particule optative, indique le plus-que-parfait, quoique celui-ci s'exprime encore autrement. Oc est aussi le verbe entrer.
Et ainsi les quatre cents jeunes gens pensèrent qu’il était mort. Ensuite au troisième jour commença leur festin, et tous les jeunes gens s’enivrèrent.
Et les quatre cents jeunes gens étant tous ivres, il ne leur restait plus de sentiment : et alors leur cabane fut renversée sur leurs têtes par Zipacna; et ils finirent par être tous détruits.
Ni un ni deux ne se sauva d’entre ces quatre cents jeu-nés gens, tués qu’ils furent par Zipacna, le fils de Vukub-Cakix.
Or telle fut la mort des quatre cents jeunes gens, de qui l’on dit également qu’ils entrèrent dans le groupe d’étoiles qu’on appelle le Groupe (les Pléiades) à cause d’eux (2), quoique ceci puisse être une fiction.
(2) Motz, groupe ou amas, c’est le nom des Pléiades en quiché. Omucli-qaholab, les quatre cents jeunes gens, dont il est ici question et qui périssent dans une orgie, sont les mêmes qu’on adorait au Mexique, sous lé nom de Cerit^on-Totochtin, les quatre cents lapins, invoqués comme les divinités protectrices du vin (pulqué) et des ivrognes. Omuch comme Centzon est une multitude ; pris particulièrement, il signifie 400.
Nous raconterons ici également la défaite de Zipacna par les deux jeunes gens, Hunahpu et Xbalanqué.
Are chic u chakatahic, u camic Zipacna, ta x-chak chic cumal ri e caib qaholab Hunahpu Xbalanque.
Are chic u yok qui qux qaholab ri omuch chi qaholab x-e camic rumal Zipacna.
Xa car, xa tàp ch’u tzukuh chi tak a, xere chi r’echaah hutagih : pa gih chi vacatic ta ch’u tzukuh r’echa, ch’agab eut chi r’ekah huyub.
Qatecut u halvachixic hun nima tap cumal Hunahpu Xbalanque, are eut x-qui coh ri u vach ek : ri maq ek qo pa tak qechelah.
Are u xul tap x-uxic, pahac chicut u cok gab : x-qui coho zelabah curi u va r’achak tap rihouohic.
Qatecut ta x-qui coh u coc chu xe pek, chu xe nima huyub, Meavan u bi huyub, x-chakatah vi.
Qatecut ta x-e pe ri qaholab x-qui eu ri Zipacna chi ya : Apa c’at be vi, at qahol, x-chax curi Zipacna? — Ma-habi quin be vi, xa v’echa ca nu tzukuh, yx qaholab, x-cha curi Zipacna.
Voici à son tour la défaite et la mort de Zipacna, quand il fut vaincu à son tour par les deux jeunes gens, Hunahpu et Xbalanqué.
Ce qui blessa le cœur de ces jeunes gens, (c’est que) les quatre cents jeunes gens (dont nous avons parlé plus haut) eussent été tués par Zipacna.
De poisson et d’écrevisses seulement il s’alimentait au bord des rivières, et c’était sa seule nourriture de chaque jour : de jour il se promenait, en cherchant sa nourriture, de nuit il chargeait les montagnes sur ses épaules.
Ensuite Hunahpu et Xbalanqué fabriquèrent une fausse écrevisse d’une grande dimension (1) et ils lui mirent une tête d'ek (2) : or l’ek se recueille dans les bois où il y en a partout.
(1 ) U halvachixic hun nima tap cumal Hunahpu, Xbalanque, mot à mot, il fut imité une grande écrevisse par Hunahpu et Xbalanque.
(2) Ek est le nom d’une plante sylvestre, à grandes feuilles, dont les indigènes ornent leurs arcs de triomplie, etc.
De cela se firent les grandes pattes de l’écrevisse et de pahac les petites pattes (3) : ils lui mirent une carapace de pierre, ce qui acheva la face postérieure de l’écrevisse.
(3) Je nai pu découvrir jusqu'à présent ce qu’était le pahac, mais ailleurs je trouve paak, sorte d'annone, .
Ensuite ils introduisirent cette : espèce de) tortue au fond d’une grotte, au pied d’une grande montagne, et Meavan est le nom de la montagne, (dans l’espoir) d’être les vainqueurs (de Zipacna).
Puis les jeunes gens allèrent à la rencontre de Zipacna au bord de la rivière : Où donc vas-tu, jeune homme ? dirent-ils à Zipacna. — Je ne vais nulle part, c’est seulement ma nourriture que je cherche, ô jeunes gens, répondit Zipacna.
Nakipa av’echa? — Xa car, xa tap; x-ma qo chiri ca nu riqo; cabihir ch’in canah r’echaxic, mavi ca nu cliih chic vaih, x-cha Zipacna chiquech Hunahpu, Xbalanque.
Huna re la tap qo ula xe zivan ; quitzih chi nima tap, ca gih-tala ch’ av’echaah 10. Xa koh 11 tio mi-x-r’ah ka chapo, ca ka xibih kib rumal. Ma-chi-be-on ka chapa, x-e cha ri Hunahpu, Xbalanque.
Qu’y togoba nu vach, qu’ybeta y vaba, yx qaholab, x-cha ri Zipacna. — Ma-ba chi k’ali. Xata c’at bec; ma zachibal-tah; xa.r’akan ha c’at bee, at eu ta c’ul apon-oc xe nima huyub, ho vol ula chu-xe zivan ; xa c’at el a pan-oc, x-e cha Hunahpu, Xbalanque.
Lakiba! togobnu vach! ma-ba x-u culu, yx qaholab? Qu’yxbena cu nu vaba ; qo qui xo viri tziquin chi be־tah yv’ubah v’etaam qo־vi, x-cha chicut Zipacna.
X-elahic x-oc na chi qui vach qaholab : La maqui cu χ-ch’ a chap-10, ta xa quehex-koh tzalih avumal : ma-xa-mavi x-ka tiho, xa huzuc chi tionic ri 011 hupulic koh oc ubic. Qatecut ka xibih rib, ri oh pagalic koh oc ubic ; xa cu zcaquin chic mavi chi ka riqo. Qatecu utz at pagalic c’at oc ubic, x-u chax cut.
Quelle est ta nourriture? י- Seulement du poisson et des écrevisses; mais il n’y en a point ici que j’aie pu trouver; (voici) le deuxième jour que j’ai laissé de manger et je n’en puis plus de faim, leur dit Zipacna à Hunahpu et à Xbalanqué.
Il y a là-bas une écrevisse au fond de la ravine (dirent-ils alors); véritablement c’est une grande écrevisse, et ce serait un fameux morceau pour ton dîner. Seulement elle nous a mordus (quand) nous voulions la prendre et nous nous en sommes effrayés. Pour rien nous n'irions la prendre maintenant, dirent Hunahpu et Xbalanqué.
Ayez pitié de moi, venez me montrer (par où il faut que j’aille), jeunes gens, dit Zipacna. — Pour rien au monde nous ne le voudrions. Vas-y seulement; il n’y a pas où pouvoir se perdre ; suis le bord de la rivière et tu arriveras au pied d’une grande montagne qui résonne au fond de la ravine; vas-y (sur) d’y arriver, répondirent Hunahpu et Xbalanqué.
Hélas! que je suis malheureux! Où donc se trouve-t-elle, ô jeunes gens? Venez me la montrer; il y a beaucoup d’oiseaux que vous pouvez aller tirer à coups de sarbacanes, et moi je sais où ils sont, reprit Zipacna.
Son humilité trouva grâce devant les jeunes gens : La sauras-tu prendre (reprirent-ils), si nous retournons ainsi à cause de toi (1) : car il est bien certain que nous n’avons plus essayé, (parce qu’elle cherchait) aussitôt à nous mordre, quand nous entrions en nous baissant (où elle était). Alors nous nous prîmes de peur, en entrant ainsi rasant la terre, et il s’en est fallu de peu que nous ne l’ayons saisie. Il est donc bon que tu y entres toi-même en te baissant, lui dirent-ils.
(1) La se rencontre assez souvent dans le discours; outre qu’il est révé-rentiel, c’est une particule d’élégance, d’euphonie, etc, Lo est une particule dubitative. Ma est une négation et une particule d’interrogation plus ou moins négative, et pa à la fin d’un verbe ou d’un pronom est interrogatif, Ex: Qo-pa ahau? Est-il (là) le maître ?
IJtzbala, x-cha eu ri Zipaena, ta x-be eut ach bilan chicut ri Zipaena, x־bec x-e opon chuxe zivan, tzalam eula ri tap, cakvacavoh ula rih : xezivan ri cute qui cumatzih.
Utzbala, chi quicot cari Zipaena ; ca r’ah-tahx-c’oc-ta . pu chi. Rumal quitzih culzin chi vaih. X-r’ah eu tih ri xa x-r’ah hupunic x-r’ah oquic, pagal curl tap x-akanic.
Qatecut x־el ch’u uloc. Mavi x-a riqo, x-u chaxcut? — Mahabi ; xa pagalic c’akanic, xa nabe zcaquin chic mavi mi-x-nu riqo. Qate utz-]o qui paqueic qu’in oc ubic, x-cha chicut.
Qatecut pagal chic ta x-oc ubic ; x־qiz eu oc ubic ; xa u vi u chek chic x-qutun uloc, x-qiz bikitahic, x-lilob eu kahoc nima huyub chi u qux : mavi x-tzolcopih chic ; abah eut x-uxic ri Zipaena.
Quehe u chakatahic chic Zipaena cumal qaholab Hun-ahpu, Xbalanqué. Ri banol huyub, x-cha u tzihoxic oher, u nabe qahol Vukub-Cakix.
Chu xe huyub Meavan u bi x־chakatah vi ; xa naual x-chakatah-vi u cab nimarizay rib. Hun chicut x-chi ka biyh u bixic.
Tout va bien, répondit Zipacna, en s’avançant de compagnie avec eux : puis en arrivant Zipacna descendit au fond de la ravine, où l’écrevisse était couchée de côté, présentant une superficie fort rouge : or, (c’était) au fond de la ravine (qu’ils avaient caché) leur enchantement.
Tout va bien (répondit) Zipacna avec allégresse. Je voudrais qu’elle se trouvât déjà dans ma bouche. Car véritablement il se mourait de faim : or il voulait tenter de se mettre à plat ventre, pour lâcher d’entrer, l’écrevisse s’étant mise en marche en montant.
Alors il se retira : Ne l’as-tu pas encore prise ? demandèrent (les jeunes gens). — Pas encore; sinon qu’elle s’est mise à monter, pour peu je la saisissais. Mais peut-être serait-il bon que j’entrasse, répondit-il.
Ensuite il se mit à entrer de nouveau à plat ventre ; or il achevait d’entrer et il ne montrait plus que l’extrémité de ses jambes, (quand) la grande montagne, minée par en bas, achevant de se détacher vint couvrir sa poitrine : il ne retourna plus et Zipacna fut changé en pierre.
Telle fut à son tour la défaite de Zipacna par les jeunes gens Hunahpu et Xbalanqué. C’est lui, dit l’antique tradition, qui faisait les montagnes (et qui était) l’aîné des fils de Vukub-Cakix.
Au pied de la montagne, appelée Meavan (1), il fut vaincu, et seulement d’une manière surnaturelle fut vain-eu le second de ceux qui s’enorgueillissaient. (Il en reste) un encore dont nous allons raconter l’histoire.
(1) Meavan u bi, Meavan son nom; c’est une montagne fort élevée, baignée au sud et à l’est par le Chixoy ou Lacandon, l’un des grands rameaux de l’Uzumacinta, dans l’an-cien Quiche ; ce fleuve, dit aussi Rio de Sacapulas, la contourne pour couler de l’est au nord, formant une grande courbe, à huit lieues environ à l’ouest de Rabinal, dans la Verapaz.
R’ ox chicut nimarizay rib, u cab a qahol Vukub-Cakix , Cabrakan u bi : In yohol huyub, x-cha.
Xavi-cu-xere Hunahpu, Xbalanque x-chakou re Cabra-kan.X-cha ri Hurakan, Chipi-Cakulha, Raxa-Cakulha, ta x-chauic chiquech ri Hunahpu, Xbalanque ;
U cab u qahol Vukub-Cakix hunchic chi chakatahic ; xavi nu tzih : rumal mavi utz qui banoh chuvach uleuh, ca qu’iqouizah gih chi nimal chi alal ; ma cu quehe ch’uxic.
Ch’y bochiyh cu ubic chila r’elebal gih, x-cha cut ri Hu-rakan chique ri e caib qaholab.
Utzbala, Lal ahau, que vi na cut. Mavi utz vi ca k’ilo. Ma-pa Lal qolic,«Lal pu Yacalic, Lal u Qux cah, x-e cha-cut ri qaholab, ta x-qui culuba u tzih Hurakan !
Are puch ca tahin ri Cabrakan yohol huyub : xa zca-quin ch’u tinih r’akan chuvach uleuh, huzu chi bulih nima huyub, chuti huyub rumal.
Ta x-culutah cumal ri qaholab : Apa c’at be vi, at qa-hoi, x-e cha chirech ri Cabrakan ? — Mahabi qu’in be-vi : xa in uliy huyub ; in puch yohol rech chi be gih, chi be zak, x-cha cut, ta x-chauic.
Or le troisième de ceux qui s’enorgueillissaient, était le second fils de Vukub-Cakix, appelé Cabrakan : C’est moi qui détruis les montagnes, disait-il.
De même aussi Hunabpu et Xbalanqué vainquirent Cabrakan. Alors Hurakan, le Sillonnement de l'Eclair et la Foudre qui frappe dirent à Hunahpu et à Xbalanqué, leur parlant ainsi :
Que le second fils de Vukub-Cakix à son tour soit humilié; telle est notre volonté : car ce n’est pas bien ce qu’ils font sur la terre, d’exalter leur gloire, à ce degré de grandeur et de puissance ; qu’il n’en soit donc plus ainsi»
Attirez-le avec douceur par là vers l’orient, dit encore Hurakan aux deux jeunes gens.
Fort bien, puissant seigneur, répondirent-ils. Ce n’est pas bien ce que nous voyons. N’est-ce pas Vous qui êtes, n’est-ce pas Vous qui êtes la Paix, Vous le Cœur du Ciel, ajoutèrent les jeunes gens, en écoutant la parole de Hurakan !
Or, Cabrakan était en ce moment occupé à remuer les montagnes ; pour si peu qu’il battait des pieds sur la terre, aussitôt se déchiraient les grandes montagnes, les petites montagnes à cause de lui. z
C’est alors qu’il fut rencontré par les jeunes gens : Où vas-tu, jeune homme? lui dirent-ils à Cabrakan. — Je ne vais nulle part : seulement je suis ici bouleversant les montagnes ; car je suis celui qui les abat, en quoi je suis continuellement occupé (1), dit-il pour sa réponse.
(1) In puch yohol rech, chi be gih, chi[be gak, mot à mot, moi donc destructeur d’elles, tant va le soleil, tant va la lumière , expression élégante pour dire sans cesse, toujours. -^״La réponse de Cabrakan est un symbole du tremblement de terre presque continuel dans l’Amérique tropicale.
X-cha chicut ri Cabrakan chique ri Hunahpu, Xbalan-que : Hupacha x־petic? mavi v’etaam u vach. Nakipa y bi ? x־cha Cabrakanי ־
Ma-habi ka bi, xa oh ubom, xa pu oh tzarabom pa tak huyub; xaohmeba, ma-habi nakila kech, at qahoL
Xa chuti huyub, xa nima huyub koh bee, at qahol. Are curi hun nima huyub x-k’ilo, xa qo qu’il cakiyc ; qui-tzih naht c’akanic, xa ca cupupih qu’iqovic chuvi huyub ronohel.
Ma-cu-habi hun caib tziquin mi-x־ka qam chuvach, at qahol, Ve cut quitzih c’av’ulih ronohel huyub, at qahol, x-e cha ri Hunahpu, Xbalanque chire Cabrakan?
Ma quitzih x־yv’ilo ri huyub qu’y biyh? A pa qo-vi? X-chi v’il na, x-ch’in v’ulih kahoc ; apa x-yv’il vi? — Chi-la-ba qo-vi chi felebal gih, x-e cha-cut Hunahpu, Xba-lanque.
Utz. Ch’y qama ka be, x-e u chax curi e caib chi qaho-lab. — Mahabi : xa ka chape nicah chi kaxol, cut qohe vihun ch’a mox, hun ch’a vi qui gab chike, rumal qo ka vub ; ve qo tziquin chi ka vubah, x-e cha cut.
Que quicot chi qui tihtobela qui vubanic. Are curi ta que vubanic, mana uleuh-tah u bak qui vub, xa chi c’ux-labih ri tziquin, ta chi qui vubah.
Puis Cabrakan .leur dit à son tour à Hunahpu et à Xbalanqué : Quel est (le motif de) votre venue? Je ne connais pas ce visage. Comment vous nommez-vous? dit Cabrakan.
Nous n’avons point de nom, seulement nous chassons avec la sarbacane; nous attrapons (les oiseaux) au glu (1) dans les montagnes ; nous sommes orphelins, (n’ayant) rien à nous, ô jeune homme.
(1) Xa oh ubom, xa-pu oh tzarabom, seulement nous sarbacanant, seulement et nous chassant au glu, Pu ou puch, gui est ici pour et, suit la même règle que le que conjonction en latin, comme dans ego, paterque, moi et mon père.
Seulement nous parcourons les montagnes grandes et petites, ô jeune homme. Mais nous avons vu une grande montagne, et où elle est on voit de grands précipices ; véritablement elle s'élève à une grande hauteur, et elle est si haute qu’elle surpasse les cimes de toutes les montagnes.
Nous n’ayons ainsi pu prendre ni un ni deux oiseaux devant elle, ô jeune homme. Mais s’il est vrai que toi tu renverses toutes les montagnes, ô jeune homme, dirent Hunahpu et Xbalanqué à Cabrakan?
Vraiment avez-vous vu la montagne que vous dites ? Où est-elle? Je la verrai et je la jetterai par terre ; où l’a-vez-vousvue? — Par là-bas elle est.au soleil levant, répondirent Hunahpu et Xbalanqué. ־
C’est bien. Montrez-nous le chemin, leur dit-il aux deux jeunes gens. — Non point : il faut que nous te prenions entre nous et qu’il y en ait tin de nous à ta gauche et un autre à ta droite, parce que nous avons nos sarbacanes; s’il y a des oiseaux, nous les tirerons, répondirent-ils.
Ils (allaient) joyeux, essayant leurs sarbacanes. Or, en tirant de leurs sarbacanes, ils ne (se servaient) point de balles de terre dans le tuyau, seulement ils soufflaient (pour abattre) les oiseaux, en usant de leurs sarbacanes (2).
(2) C’est-à-dire qu’ils les abattaient de leur seul souffle, sans leur lancer les boulettes de terre, avec lesquelles les enfants et les hommes chassent encore les oiseaux à l’aide de la sarbacane.
Ch’u maihah curi Cabrakan. Ta x-qui bak eu qui gag ri qaholab, x-qui bol cut qui tziquin chuvach gag : hun cut tziquin x-qui cul zahcab chirih, zaki uleu x-qui coho.
Are cut chi ka ya chire, ta higon-oc, ta ch’u tzica puch r’uxlab. Ka tziquin la ch’u kah-oc. Arecuri uleuh x-ch’oc chirih tziquin kumal ; p’uleu chi ka tzak vi quehecut p’u-leu chi muk vi.
Ve nimà etamanel hun tzak, hun bit ta ch’auax-oc, ta zakir-oc, x-e cha ri qaholab.
Rumal xax chi rain vi u quxlal ri chi tiyc, chi haku-xic, quehe x-ch’u raih u qux ri Cabrakan, .x-e cha chi quibilquib Hunahpu, Xbalanqué.
Ta x-qui bol ri tziquin, x-chagah cut gan u bolic, chi yipouic chi cabchiyanic quih ri tziquin chi coinic zimizoh r’ uxlab.
Arecuri Cabrakan c’u raih chic r’echaxic, xa gavahin u vaal pu chi, xa gabiquilahic, ca curulah puch u chub, u gaxah rumal u zimzohil tziquin.
Ta x-u tzonoh cut : Nakipa ri yv’echa ? Quitzih guz r’-uxlab ca nu nao. Ch’y ya-ta zcaquin vech, x-cha-cut.
Tax-ya cut hun tziquin chire Cabrakan^ u chakatahic curi. Qalecut x-u qiz ri tziquin, ta x-be chicut x-e opon cu chila r’elebal gih, qo־vi ri nima huyub.
Or Cabrakan était émerveillé. Alors les jeunes gens battirent du feu et mirent rôtir leurs oiseaux devant le feu : mais ils frottèrent l’un des oiseaux avec du tizate (1) et lui mirent de la poussière blanche à l’entour.
(1) Zahcab ou Tizate, du nahuatl tiçatl, terre blanchâtre fort friable et dont ils se servent pour polir les métaux, faire du ciment, etc.
Voici celui que nous lui donnerons pour exciter son appétit par le fumet qui en sortira. Cet oiseau doit être sa défaite. De même que la terre enveloppera tout autour cet oiseau par nos soins, sur la terre nous l’abattrons de la même manière et dans la terre nous l’ensevelirons.
Il est grand, il est sage (de penser à) former la créa-tare, au moment où vont paraître les semailles et où le jour va se montrer, dirent les jeunes gens (2).
(2) Ve nima etamanel hun tzak hun bit cette phrase dans le texte est fort obscure et ne parait pas avoir beaucoup d’à-propos.
Comme c’est (une chose) extrêmement (naturelle) au cœur de l’homme de désirer de manger et de broyer sous la dent, ainsi le cœur de Cabrakan convoite (cet oiseau que nous avons préparé), se disaient entre eux Hunahpu et Xbalanqué.
Pendant ce temps ils faisaient rôtir l’oiseau qui se cuisait et prenait couleur en tournant, le jus de l’oiseau ruisselant de toutes parts avec sa graisse qui exhalait le fumet le plus appétissant.
Et voilà que Cabrakan éprouvait le plus vif désir d’en manger, au point que l’eau lui en venait à la bouche, qu’il en bâillait et que la salive et la bave lui découlaient à cause de l’odeur appétissante de l’oiseau.
Alors il demanda : Quel est donc ce mets que vous avez là? Vraiment (rien n’est si) savoureux (que) le fumet que je sens. Donnez-m’en donc une petite part, ajouta-t-il.
On lui donna alors un oiseau à Cabrakan, ce qui devait être sa ruine. Ensuite qu’il eut fini l’oiseau, ils se mirent en chemin de nouveau, se dirigeant du côté où le soleil se lève, au lieu où était la grande montagne.
Are curi Cabrakan xatubul chic r’akan u gab, mavi chi
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cou ip chic, rumal ri uleu x-cul chirih tziquin x־u tio: ma-cu-habi chic nakila x-u ban chic chire huyub, mavix-ulzi-nic x-u ulih-tah.
Ta xim cutcumal qaholab chirih, xim vi u gab, x-r'ilih u gab cumal qaholab : xim cut u cul r’akan u cabichal, qatecut x-qui tarih kahoc p’ uleu, x-qui muku.
Quehecut u chakatahic Cabrakan, ri xavixere Hunahpu Xbalanque : mavi ahilan qui banoh varal chuvach uleub.
Are chicut x-chi ka biyh chic c’ alaxic Hunahpu, Xba-lanque : are nabe mi-x-ka biyh ri qui chakatahic Vukub-Cakix, ruq Zipacna, ruq Cabrakan, varal· chuvach uleuh.
Et voilà que Cabrakan, déjà chancelant des pieds et des mains, n’avait plus de force, à cause de la terre dont on avait frotté l’oiseau qu’il avait mangé : il était également incapable de rien faire avec les montagnes et il ne pouvait plus les renverser.
Ayant ensuite été lié par les jeunes gens, ses mains (furent) attachées derrière son dos et gardées par les jeunes gens : lui ayant ensuite lié le col et les jambes ensemble, ils l’étendirent par terre et l’y enterrèrent.
Telle fut la défaite de Cabrakan (exécutée) réellement par les seuls Hunahpu et Xbalanqué : mais on ne saurait compter tout ce qu’ils firent ici sur la terre.
Mais voici que nous raconterons également la naissance de Hunahpu et de Xbalanqué : car nous avons raconté premièrement la défaite de Vukub-Cakix, avec celle de Zipacna et de Cabrakan, ici sur la terre.
CAPAH CHI VUH.
Are chicut x-chi ka biyh chic u bi qui cahau ri Huuah-pu Xbalanque. X־ka gamuh chu vi, xa-pu x-ka gamuh u bixic u tzihoxic puch qui qaholaxic ri Hunahpu, Xbalan-que; xa nicah x-chi ka biyh, xa chakab u bixic qui cahau.
Vae cute u tzihoxic. Are qui bi ri hunhun Ahpu, que u chaxic. Are cut qui cahau ri Xpiyacoc, Xmucane chique. Cumal chi agab x-e alaxic ri Hunhun-Ahpu, Vukub-Hunahpu, cumal Xpiyacoc, Xmucane.
Are curi Hunhun-Ahpu e caib x-e r’alcualah e pu caib u qahol, Hunbatz u bi nabeal, Hunchouen chicut u bi u cabal.
Are cut u bi qui chuch va Xbakiyalo : ch’u chaxic r’i-xokil Hunhun-Ahpu. Are curi Vukub Hunahpu ma-habi r’ixokil, xa ulaquel.