CHAPITRE DOUZIÈME.
Voici donc les générations et l’ordre de tous les règnes qui ont pris naissance avec Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam, nos premiers aïeux et nos premiers pères, au temps où se manifesta le soleil, où se manifestèrent la lune et les étoiles.
Voici donc les générations et l’ordre des règnes que nous allons commencer, du principe de leurs successions, à mesure de l’accession des rois et de leur descente au tombeau (1), chaque génération de rois et anciens, ainsi que le souverain de la capitale, (enfin) chacun de tous les rois. Voici que se manifesteront les titres en particulier des rois ; voici que se montreront les titres, chacun en particulier des rois du Quiché.
(1) Tach’oquic,tachi camiheic, quanta l’entrée, quant à l’acte de mourir.
Balam-Quitze, u xenabal Cavikib.
Qocavib, a ca-le chic Balam-Quitze.
Balam-Conache x-tiqiban ahpopol r’ox-le curi.
Cotuha, Ztayub, u cah-le. .
Gucumatz, Cotuha, u xe naual ahau r’ole x-qohe-vi.
Tepepul, Ztayul cbicu vak-taz.
Quicab, Cavizimah, u vuk-hal ahauarem, naual chi vi.
Tepepul, Xtayub, u vahxak-le.
Tecum, Tepepul, u beleh-le.
Vahxaki-Caam, Quicab cut u lahu-le ahauab.
Vukub-Noh, Cavalepech chic u hulahu taz ahauab.
Oxib-Quieh, Beleheb-Tzi, u cablahu-le ahauab. Are-cut que ahauaricta x־ul Donadia, x-e hitzaxic rumal Cax-tilan vinak.
Tecum, Tepepul, x-e patanihic chuvach Caxtilan vi-
Balam-Quitzé, souche de ceux de Cavek.
Qocavib, seconde génération (en commençant) de Ba-lam-Quitzé.
Balam-Conaché, avec lequel commence (la royauté proprement dite ayant) le titre d’Ahpop, conséquemment troisième génération (1 ).
(1) Conache, comme un grand nombre de noms quichés, est composé du verbe radical qo, être, il ya, et de nach, ressemblance.
Cotuha et Iztayub (2), de la quatrième génération.
(2) C0tuha, composé du même verbe qo et de tuha, le bain à vapeur, temazcalli, dans la langue nahuatl. Voir pour Iztayub, la note 5, p. 299 ; b mis pour l est une règle d’euphonie de la langue quichée.
Gucumatz et Cotuha, principe des rois merveilleux, qui furentia cinquième génération.
Tepepul et lztayul, du sixième ordre (3).
(3) Tepepul, mieux Tepepol, augmentatif de tepe, montagne, dans la langue nahuatl, à laquelle ce nom appartient.
Quicab et Cavizimah, la septième succession à la royauté, également merveilleux.
Tepepul et Xtayub (4), delà huitième génération.
(4) Xtayul, pour Iztayul.
Tecum et Tepepul, de la neuvième génération (5).
(5) Tecum, littéralement Amoncelé.
Vahxaki-Caam et Quicab, de la dixième génération de rois (6).
(6) Vahxaki-Caam, c’est-à-dire Huit-Lianes; c’est la traduction du nom mexicain Chicuey-Malinalli, ce dernier étant le nom ou signe du douzième jour du mois, ordinairement remplacé par le mot zi, bois ou balai, ou balam, tigre.
Vukub-Noh et Cavatepech, du onzième ordre de rois (7).
(7) Vukub-Noh, c'est-à-dire Sept-Température, traduction du mexicain Chicome-Ollin, ce dernier étant le dix-septième des vingt signes du calendrier. Le second Cauatepech, que Ximenez traduit Adornado de Argollas, orné de grands anneaux, nous paraîtrait plutôt devoir se prendre de a langue nahuatl.
Oxib-Quieh et Beleheb-Tzi, de la douzième génération de rois. Ceux-ci régnaient lorsqu’arriva Donadiu, et ils furent pendus par les Castillans (8).
(8) Oxib-Quieh, Trois Cerfs; Beleheb-Tzt, Neuf Chiens,· nommés d’après les signes du calendrier. Donadiu pour Tonatiuh, l’Eclatant, nom du soleil, que les Mexicains avaient donné à Alvarado ;la manière dont les Quichés écrivent ce nom indique qu’ils ne savaient pas prononcer ce t à la manière mexicaine et que le son en était quelque peu différent du leur. Oxib-Quieh et Beleheb-Tzi, Ahpop et Ah-pop-Camha, derniers rois véritables du Quiché, attirés dans un piège par Alvarado, furent par lui condamnés à être brûlés vifs; suivant les uns la sentence fut exécutée ainsi, suivant les autres ils furent étranglés ou pendus d’abord et ensuite brûlés.
Tecum et Tepepul, lesquels furent rendus tributaires
nak ; are x-e qaholan canoe ; r’oxlahu-le ahauab.
Don Juan de Rojas , Don Juan Cortes cahlahu-le ahauab, e qaholaxel ruinai Tecum, Tepepul.
Are cut u leel u tazei ahauarem ri ahau Ahpop, Ahpop-Camha chuvach Cavikib Quiche.
Are chi x-chi ka byih chic re chinamit : va chi cute nim ha rech huhun chi ahauab chirih Ahpop, Ahpop-Camha ; are u binaam-vi beheheb u nim-ha va-tak u bi e rahaual huhun chi nim-ha.
Ahau-Ahpop, hun u nim-ha, Cuha u bi nim-ha.
Ahau-Ahpop-Camha, Tziquina u bi u nim-ha.
Nim-Chocoh-Cavek, hun nim-ha.
Ahau-Ah-Tohil, hun u nim-ha.
Ahau-Ah-Gucumatz, hun u nim-ha.
Popol-Vinak-Chitui, hun u nim-ha.
Lolmet-Quehnay, hun u nim-ha.
Popol-Vinak-Pa-Hom-Tzalatz-Xcuxeba. hun u nim-ha־
devant les Castillans ; ils eurent des fils (et ils furent) la treizième génération de rois (1).
(1) Ce Tecum, compté ici comme étant de la treizième génération, serait le même qui commanda les années quichées à l’arrivée d’Alvarado dans la plaine de Quezaltenango et qui fut tué par le conquérant devant Zahcaha. Tepepul serait le même que Ce-Quechol, le Sequechul des historieus espagnols, qui ayant voulu secouer le joug de l’étranger, fut saisi et embarqué sur un navire espagnol qui périt ensuite sur la côte d’Acapulco.
Don Juan de Rojas et Don Juan Cortes, quatorzième génération des rois, furent les fils de Tecum et de Tepepul (2).
(2) Ces deux princes, à qui on laissa une ombre de la puissance royale, existaient encore en 1558 ; et nous possédons leurs signatures sur un document fort important de l'histoire quichée: sous la coercition espagnole, ils abandonnèrent la cité d’Utlatlan ou Gumarcaah, déjà presque entièrement dépeuplée, et seraient morts au pueblo de Santa-Cruz del Quiché, fondé sur le site du camp d’Alvarado.
Or c’est là l’ordre des générations de la royauté des rois Ahpop et Ahpop-Camha à la face de ceux de Cavek-Quiché.
Et voici que nous allons de nouveau répéter les noms des familles : voici donc les grandes maisons, appartenant à chacun des princes à la suite de l'Ahpop et de l’Ahpop-Camha ; ce sont les noms des neuf grandes maisons, avec les divers titres des princes de chaque grande maison.
L'Ahau-Ahpop (Roi des Rois), chef d’une grande maison, et Cuha est le nom de son palais (3).
(3) Cuha, c’est-à-dire maison gardée.
L'Ahau-Ahpop-Camha (Prince ministre de la maison), et Tziquina-ha est le nom de son palais (4).
(4) Txiquina, ce qui veut dire maison des oiseaux.
Le Nim-Chocoh-Cavek (Grand-Elu de Cavek), chef d’une grande maison (5).
(5) Nous traduirons ces titres dans leur ordre lorsque nous le pourrons, mais sans en garantir toutefois absolument l’exactitude. Là où la traduction nous parait impossible, nous laissons le titre en langue quichée seulement. Bien souvent, d’ailleurs, ces titres sont des noms, ou anciens souvenirs, qui n’ont pas le moindre rapport avec le sens de la charge qu’ils désignent.
L'Ahau-Ah-Tohil (Prince des prêtres de Tohil), chef d’une grande maison.
L'Ahau-Ah-Gucumatz (Prince des prêtres de Gucumatz), chef d’une grande maison.
Le Popol-Vinak-Chitui (Conseiller etc.), chef d’une, grande maison.
Le Lolmet-Quehnay (Ministre des tributs, etc.), chef d’une grande maison.
Le Popol-Vinak-Pa-Hom-Tzalatz-Xcuxeba (Conseiller au jeu de Paume, etc.), chef d’une grande maison.
Tepeu-Yaqui, h un u nim-ha.
Are curi beleheb chinamit chi Cavikib ; tzatz r’al u qa-hoi ahilatal chirih beleheb chi nim-ha.
Va cute reel! Nihaibab beleheb chi vi chi nim-ha ; are nabe x-chika byih u leabal rib ahauarem ; xahun u xex-ch־tiqar chuvach u xe gih u xe zak chi vinak.
Balam-Agab, nabe mamaxel cahauixel.
Qoacul, Qoacutec, u cale.
Qochahuh, Qotzibaha, r’oxle.
Beleheb-Gih, u cah-le chic.
Cotuha, r:01e ahau.
Batza, chicut u vukle chic.
Ztayul, chicut u vuk-le ahau.
Cotuha, chi vi u vahxak-taz ahauarem.
Beleheb־Gih? u beleh-laz.
Quern a, ch’u chax chic, u lah־le.
Ahau Cotuha, u hulahu-le.
Don Christoval ch’u chaxic x-ahauaric chuvach Cax-tilan vinak.
Don Pedro de Robles, Ahau-Galel vacamic.
Are curi chi ronohel ahauab elenak chirih ri Ahau-Gale] : are chic x-chi ka byih rahaual· huhun chi nim-ha.
Le Tepeu-Yaqui, chef d’une grande maison.
Ce sont donc là les neuf familles de ceux de Cavek; innombrables et infinis sont les vassaux qui suivaient ces neuf grandes maisons.
Voici donc aussi les neuf grandes maisons de ceux de Nihaïb ; mais nous dirons d’abord l'ordre de leurs générations en (ce qui touche) la royauté. Une fut la souche avec laquelle ils commencèrent avant que le soleil et l’aurore eussent brillé pour le peuple.
Balam-Agab ג le premier aïeul et père.
Qoacul, et Qoacutec, de la seconde génération (1)·
(1) Qoacul, nom composé du verbe radical qo, être, il y a, et de Acul, qui est le nom d’une des tribus primitives sorties de Tulan, et dont le prince ou ses descendants auraient occupé le territoire, au temps des conquêtes des Quichés. On trouve, à quelques lieues à l’ouest de Nebah, des ruines qui portent le nom de Xol-Acul, Entre-Acul. — Qoacutec, composé du même verbe, et de acutec, nom aussi d’une ancienne tribu dont on retrouve le souvenir dans Chuvi-Acutec, Au-dessus d’Acutec, sur le territoire de Chalchitan, près de Malacatan et de Huehuetenango.
Qochahuh et Qotzibaha, delà troisième génération (2).
(2) Qotzibaha, ce qui veut dire Où il y a une maison peinte, du verbe radical qo, de tzibah, peindre ou écrire, et de ha, maison.
Beleheb-Gih, qui est la quatrième génération (3). Cotuha, le cinquième des rois.
(3) Beleheb-Gih, Neuf-Soleils.
Batza, aussi qui est la sixième génération (4).
(4) Batza, Eau ou Rivière du Singe.
Ztayul, aussi qui est la septième génération.
Cotuha, qui fait le huitième rang de la royauté.
Beleheb-Gih, le neuvième rang.
Quema, que l’on a déjà nommé, de la dixième génération (5).
(5) Quema, c’est-à-dire Eau de tissage, de quem, tisser, et de a, l’eau.
Le Roi Cotuha, de la onzième génération.
Don Christoval, ainsi appelé, qui régna en présence des Castillans.
Don Pedro de Robles, aujourd’hui Ahau-Galel.
Ce sont donc là tous les rois qui vinrent à la suite du (premier) Ahau-Galel ; et maintenant nous nommerons les princes de chaque grande maison.
Ahau-Galel, u nabe ahau chuvach Nihaibab, hun u nim-ha.
Ahau-Ahtzic-Vinak, hun u nim-ha.
Yacol-Atam, hun u nim-ha.
Nima-Lolmet-Yeokux, hun u nim-ha.
Arecut nim-ha ri chuvach Nihaibab, are u binaam vi beleheb chinamil chi Nihaibab ch’u chaxic : quia tak cut u chinamital huhun chique ahauab are u nabe ri mi-x-ka byih qui bi.
Are chicut rech Ahau-Quiche va u.mam u cahau,
Mahucutah, nabe vinak.
Qoahau u bi u ca-le ahau.
Caklacan.
Qocozom. .
Gomahcun. ·
Vukub-Ah.
Qocamel.
Coyabacoh.
Vinak-Bam.
L'Ahau-Galel, le premier prince à la face de ceux de Nihaïb, chef d’une grande maison.
L'Ahau-Ahtzic-Vinak, chef d’une grande maison.
L'Ahau-Galel-Camha, chef d’une grande maison.
Le Nima-Camha, chef d’une grande maison.
L'Uchuch-Camha, chef d’une grande maison.
Le Nim-Chocoh-Nihaïb, chef d’une grande maison.
L'Ahau-Avilix, chef d’une grande maison.
Le Yacol-Atam, chef d’une grande maison.
Le Nima-Lolmet-Yeoltux, chef d’une grande maison.
Ce sont donc là les grandes maisons à la face de ceux de Nihaïb ; ainsi furent les titres par lesquels furent désignées les neuf familles de ceux de Nihaïb : innombrables aussi furent les familles à la suite de chacun de ces princes, dont nous avons d’abord dit les titres.
Voici également ceux d’Ahau-Quiché, dont celui-ci est l’aïeul et le père,
Mahucutah, le premier homme.
Qoahau, nom de la seconde génération royale.
Caklacan.
Qocozom.
Comahcun. .
Vukub-Ah.
Qocamel (1).
(1) Qoahau, composé de qo, où est, ahau, le roi ou qui est roi. — Caklacan, mot à mot Rouge-bannière.— Comahcun, composé de comah, sang, et de cun, le sexe de la femme.—Vukub-Ah, Sept-Cannes. —, Qocamel, de qo, où est, camel, l’humble ou le mortel,
Coyabacoh.
Vinak-Bam.
A recut ahauab ri chuvach A hau-Quiche, are u leel u tazel puch : a reçut u bi ahauab va chupan nim-ha, xa cahib u nim-ba.
Ahtzic-Vinak-Ahau u bi nabe ahau, hun u nim-ha.
Lolmet-Ahau, u cab ahau hunu nim-ha.
Nim-Chocoh-Ahau, r’ox Ahau, hun u nim-ha.
Hacavitz cut u cah ahau, hun u nim-ha, chi cahib cu nim-ha chuvach Ahau-Quiche.
Are curi e oxib chi Nim-Chocoh queheri e cahauixel rumal ronohel ahauab Quiche : xahun chi qui cuch vi quib e oxib chic Chocohib, e alanel e u chu ch tzih e u cahau tzih, nim zcaquin u qoheic e oxib chi Chocohib.
Nim-Chocoh cut chuvach Nihaib, u cab curi Nim-Cho-coh-Ahau chuvach Ahau-Quiche, r’ox Nim Chocoh, chi oxib cut ri chocohib huhun chi vach chinamit. Xare cut u qoheic Quiche ri ; rumal ma-habi chi ilbal re qo nabe oher cumal ahauab zachinak chic. Xere curi mi-x-utzinic chi conohel Quiche Santa-Cruz, u bi.
U QIZIBAL.
Tels sont les fois (qui régnèrent) à la face d’Ahau-Quiché, tel est l’ordre de leurs générations : voici maintenant les titres des princes au dedans des grandes maisons; seulement il n’y avait que quatre grandes maisons.
L'Ahtzic-Vinak-Ahauי titre du premier prince, chef d’une grande maison.
Le Lolmet-Ahau, le deuxième prince, chef d’une grande maison.
Le Nim-Chocoh-Ahau, le troisième prince, chef d’une grande maison.
Hacavitz donc est le quatrième prince, chef d’une grande maison, et ce sont ainsi quatre grandes maisons à la face d’Ahau-Quiché.
C’étaient donc trois Nim-Chocoh (Grands-Elus) qu’il y avait (pour les trois royaumes), agissant comme les pères de tous les princes du Quiché : ensemble ils se réunissaient les trois Elus, c’était eux qui commandaient, comme les mères et les pères de la parole, et des plus élevées était la condition des trois Elus.
C’était donc le Grand-Elu à la face de Nihaïb et un deuxième Grand-Elu d’Ahau à la face d’Ahau-Quiché, (faisant, avec celui de Cavek), le troisième Grand-Elu, dont trois élus, chacun à la face de sa famille (1 ). Et voilà tout (ce qui reste) de l’existence du Quiché ; car il n’y a plus moyen de voir ce (livre), où autrefois les rois (lisaient tout), puisqu’il a disparu. Ainsi donc c’en est fait de tous ceux du Quiché (2), qui s’appelle Santa-Cruz.
(1) D’après celle explication , le Nim-Chocoh, ou Grand-Elu, parait avoir joui, dans chacun des trois royaumes confédérés, d’une fort grande autorité, puisqu’en conseil, tous les trois réunis décidaient des plus grandes affaires des trois États. C’était le Nim-Chocoh qui avait le commandement suprême des troupes.
(2) Santa-Cruz, pauvre village de deux mille âmes qui succédait à une ville de plus de trois cent mille habitants, dont les débris sont à peine à une lieue de Là. On comprend tout ce qu’il y a de regrets dans ces simples paroles : X-utzinic, c’en est fait.
FIN.