CAHPAH CHI VUH

HUPAH CHI TZIH.

Arecut tzatz chic ri amag huhun chizepezoh-vi, qui cu-chun chiqaib ri hutak chob chi amag que bolo chic pa tak be, calah chi qui be.

Are curi Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam x-ma calah e qo-vi. Arecut ta chi qu’il ri amag ch’iqouic pa be, qatecut ta que og uloc tzam tak huyub, xa r’ogibal utïu, xa pu r’ogibal yac chi c’ogibeh, xa pu r’ogibal coh, balam chi qui bano.

Ta chi qu’il ri amag, qui ch’u binic : Xa utïu ri c’ogic, xa pu yac, ri xa coh, xa balam, que cha-cut ri amag, queheri ma vinak ch’ 11 qux ri ronohel amag ; xa cu mich-bal kech amag ta chi qui bano.

Qo ca r’ah qui qux ri. Mana quitzih ta chi xibin ta rib chi qui bano : qo ca c’ah chire r’ogibal coh, r’ogibal balam

 

 

QUATRIÈME PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Voilà donc que déjà beaucoup de villes s’étaient fondées, chacune à part (l’une de l’autre), et chacune des tribus se réunissait aux villes qui s’arrondissaient sur tous les chemins et leurs chemins étaient ouverts.

Quant à Balam-Quitzé, à Balam-Agab, à Mahucutah et à Iqi-Balam, on ne voyait pas clairement où ils étaient (1). Lorsqu’ils apercevaient (les gens) des tribus qui passaient par les chemins, aussitôt ils criaient au bord des montagnes, et c’était le cri plaintif du chacal et le cri du chat sauvage qu’ils hurlaient, comme aussi le rugissement du lion et du tigre qu’ils faisaient (entendre).

(1) On voit bien que la nation quichée propre était encore peu stable et d’une importance fort secondaire, tandis que les autres étaient depuis longtemps établies et florissantes. Les tribus dont il est ici question comme ennemies des sacrificateurs quichés étaient les Pokomams, appelés aussi les treize fractions de Tecpan, occupant une partie de la Vérapaz.

Et lorsque les tribus virent ces choses, chemin faisant : C’est justement (comme) le chacal qu’ils hurlent et (comme) le chat sauvage, c’est comme le lion et le tigre, disaient les tribus, comme s’ils n’eussent pas été des hommes dans la pensée de toutes les tribus ; or c’est pour attirer dans le piégé (les gens de) nos tribus qu’ils agissent (de cette sorte).

Il y a quelque chose que leur cœur désire. En vérité ils ne s’effraient point de ce qu’ils font : ils ont quelque chose

 

chi c’ogebeh ta chi qu'il curi vinak xa hun, xa caib clfu binic, chi c’ah qui ftiaih chikech.

Hutagih ta qiîe ni chicut chiri chi c’ochoch ruq qu’ixo-kil : xavi r’al vonon, r’al zitalי xa pu r’al acah cu ca caam chi qui yao chirech qu’ixokil.

Hutagih ta x-e be chicut chuvach Tohil, Avilix, Haca-vitz, x-e cha cut chi qui qux : Are ri Tohil, Avilix, Haca-vitz, xa u quiqel queh, tziquin ca ka ya chire : xa ka tziza ka xiquin, ka chuc. Ka tzonoh ka couil, ka achihilal chire Tohil, Avilix, Hacavitz. Nakitah chi eu chah qui camic ri amag, xa ta huhunal que ka camizah ? x-e cha chi quibil quib, ta x-e be cut chuvach Tohil, Avilix, Hacavitz.

Ta x-qui tziz qui xiquin, qui chuc chuvach qabauil, x-qui vacuh ri qui quiqel, x-qui hiq u gok pu chi abah. Ma eu quitzih ta chi abah ch’uxic, queheri e huhun chi qaho-lab ta que ulic.

X-e quicot chic chirech ri qui quiqel ahqixb, ahqahb, tax-pe chicut r’etal qui banoh ri : Ch’y chakonizah qui he, are y colbal yvib. Chila x-pe vi chi Tulan ta x-oh y qam uloc, x-e u chax-cut, ta xya uloc ri tzum Pazilizib u bi, ruq quiq ch’oc chikih : qui hab rib ri quiq x’uxic u yaon Tohil ruq Avilix, Hacavitz.

 

en vue avec ce rugissement de lion et ce rugissement de tigre avec lequel ils crient, lorsqu’ils voient une ou deux personnes sur leur route, et ils souhaitent en finir avec nous.

Chaque jour donc (les sacrificateurs) \7enaient à leurs maisons avec leurs femmes : mais ils n’apportaient que des chrysalides de taons, des chrysalides de frelons, que des chrysalides d’abeilles qu’ils donnaient à leurs femmes.

Chaque jour aussi ils allaient devant Tohil, Avilix et Hacavitz et ils disaient dans leur cœur : Voici Tohil, Avilix et Hacavitz, et nous ne leur donnons que le sang des bêtes , fauves et des oiseaux : nous ne perçons que nos oreilles et nos coudes. Demandons la force et la valeur à Tohil, à־ Avilix, à Hacavitz. Qui donc blâmera les morts (que nous faisons parmi les gens) des tribus, quand nous les tuons un à un? se dirent-ils l’un à l’autre en allant devant Tohil, Avilix et Hacavitz.

Alors ils se percèrent les oreilles et les coudes devant la divinité, recueillirent leur sang avec des éponges (1) et remplirent la coupe au bord de la pierre. Mais véritablement ce ne fut pas de la pierre alors ; tels que des jeunes sens chacun d'eux alors arriva.

(1) Cette éponge est végétale; elle est encore en usage dans l’Amérique centrale et le Mexique, c’est une éponge fort commode pour les bains.

Les sacrificateurs se réjouirent de nouveau de ce sang qu’ils (avaient tiré de leurs veines), lorsqu’arrivèrent ainsi ces signes de leurs œuvres (2) : Suivez leurs voies (3), c’est le moyen de vous sauver. De là-bas de Tulan est venu, quand vous nous emportâtes, leur fut-il répondu, une peau appelée Pazilizib (4) et qu’on nous donna avec le sang qu’on nous introduisit qu’ils se frottent donc du sang qui est devenu le don de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz.

(2) Serait-ce une apparition des sacrificateurs nouveaux succédant encore une fois aux anciens?

(3) Suivez leurs voies, Ch'y chakonizah qui he, littéralement; faites suivre (ou vaincre, ou jouer, ou détruire) leurs queues (leurs traces).

(4) Ce mot ne correspond clairement avec aucune des étymologies de la langue quichée: cependant il rappelle avec le contexte l’usage cruel de la fêle mexicaine de Xipe-Totec, où l’un des nobles se revêt de la peau d’une femme fraîchement écorchée.


CAPAH CHI TZIH.

Vae u tiqaric chic r’elegaxic vinak amag cumal Balam-Quilze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam.

Qatepuch u camizaxic amag ri ; are x-qui qam ri xa hun cha binic xa caib chu binic, mavi calah ta chi qui qamo : qatecut ta chi be qui püzu chuvach Tohil, Avilix.

Qatecut ta chi qui ya quiq pa be, qolic u holom chi 'qui coloba pa be. Que cha cut ri amag : Balam mi-x-tiouic. Xa que cha rumal queheri r’akan balam, c’akan ta chi qui bano mavi chi qui qut quib.

Tzatz chi amag x-qu’elezah, ca u naht cut x-u na-vi rib amag : Uve areri Tohil, Avilix c’oc chike? xa que ca tzukuh ri ahqixb ahqahb? Ta-la qo-vi c’ochoch, chi ka takeh ri c’akan, x-e cha-cut conohel amag?

Ta x-qui qam qui naoh chi quibil quib. Qatecut x-qui tiqiba u takexic c’akan ri ahqixb, ahqahb; ma ca calah.· Xa r’akan queh, xa r’akan balam chi qa’ilo, mavi calah c’akan. X-ma qo-vi calah vi are nabe c’akan, ri xa qui-pich queheri c’akan xa zachbal re cumal, mavi calah qui be.

 

CHAPITRE DEUXIÈME.

Voici où commença le rapt des gens des tribus par Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam (1).

(1) Dans le Titre des Seigneurs de Totonicapan, il est dit que les populations exposées à ce rapt homicide étaient celles de Vukamag ou des Sept nations, venues avec Tamub et Ilocab, et des Pokomams dont les villes entouraient les montagnes où habitaient les sectateurs de Tohil.

Aussitôt après (eut lieu) la tuerie des tribus, et ceux-là ils les prenaient cheminant seuls par un ou cheminant par deux, sans qu’on sût quand ils les enlevaient : après quoi ils allaient les sacrifier à la face de Tohil et d’Avilix (2).

(2) Ceci rappelle les Mexicains sortis de la captivité de Culhuacan et s’emparant des habitants de cette ville passant isolement à côté d’eux, afin de les sacrifier à Huitzilopochtli.

Ensuite, comme ils répandaient le sang sur le chemin, il y avait leurs têtes qu’ils jetaient séparément sur le chemin. Et les villes disaient : Le tigre lésa dévorés. Seulement elles disaient cela, à cause (qu’elles voyaient) comme des traces de pattes de tigre, (et c’étaient) leurs traces qu’ils faisaient sans qu’ils se montrassent.

Ils volèrent (ainsi les hommes de) beaucoup de villes, et bien tard seulement les tribus s’en aperçurent : Est-ce donc ce Tohil, cet Avilix qui entrent parmi nous? ce sont certainement eux qu’alimentent les sacrificateurs. Où donc seraient leurs demeures, que nous suivions leurs pistes, répétèrent toutes les villes (3)?

(3) Le mot amag qui est la tribu a fréquemment aussi le sens de ville ouverte et de bourgade.

Alors elles prirent conseil les unes avec les autres. Ensuite elles commencèrent à suivre les pistes des sacrificateurs; mais elles n’étaient pas claires. Ce n’était que des traces de bêtes fauves, que des traces de tigre qu’elles voyaient, sahs discerner clairement leurs pas. Mais leurs pas n’étaient pas bien visibles, car ils étaient retournés comme des pas faits pour tromperies gens par ce moyen, leur chemin n’étant pas clair.


Xa chi vinakir zuiz, xa chi vinakir gekal hab, xa pu chi vinakir xocol; xa chi vinakir muzmul hab, chi qu’ilo chi qui vach amag.

Xa ca chi coz qui qux chi qui tzukuxic ta chi c’okotah pa be, rumal nim u qoheic ri Tohil, Avilix, Hacavitz : naht cut x-qui ban chiri chuvi huyub, chu xiquin riamag x-qui camizah.

Are ta x-vinakir ri elegic e chalamicat ta chi qui qam ri amag pa tak be chi qui puz chuvach ri Tohil, Avilix, Hacavitz, x-colo cut qui qahol chiri chuvi huyub.

Are Tohil, Avilix, Hacavitz oxib chi qaholab qui va-chibal que biynic, xa u naual ri abah : x-qohe hun haa are que atin־vi chiri chu chi ha, xa qui qutbal quib; x-u binaah cut Chi R’Atinibal Tohil, u bi ha x-uxic.

Quïamul cut chi qu’ilo amag; libahchi chi qui zachix-tah quib ta que ilic rumal amag. Ta x-ux-lah u tzihel ri e qo-vi ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Ba-lam : are eu va u qamic u naoh amag chireu camizaxic-tah.

Nabe cutx-r’ah qui naohih amag u chakic Tohil, Avi-lix, Hacavitz. X-e cha ronohel ahqixb, ahqahb chu-vach amag : X-que hek quib x-que tak pu quib cono-hel; ma-habi hu-chob, ca-chob-ta chic x-canah chique.

 

Car il se formait des brouillards (sur ces lieux élevés) ; il s’y engendrait une pluie obscure et il se formait de la boue; il s’y formait aussi une petite pluie froide, (et c’était là tout ce que) les populations voyaient devant elles (1). plais leurs cœurs se fatiguaient dans leurs recherches; en poursuivant (ces ennemis inconnus) dans les chemins, parce que grande était la nature de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz : et ils s’éloignèrent par là au sommet de la montagne, au bord des tribus qu’ils décimaient.

(1) C’est la description des monts de Tohil et des montagnes qui s’étendent de là jusqu’à Hacavitz, non loin desquelles roulent encaissées les eaux du Lacandon. J’ai suivi moi-même la plus âpre partie de ces régions en juillet 1860.

De là commença ce rapt (qu’imaginèrent) les sorciers (2), lorsqu’ils enlevèrent les(gens des) villes par tous les chemins, pour les immoler à la face de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz, et que(ceux-ci) sauvèrent leurs fils là-haut sur la montagne.

(2) Sorcier, chalamicat, écrit ailleurs chalamacat, est un mot qui parait d’origine nahuatl ; les auteurs le traduisent en espagnol par brujo, encantador. Etymologiquement, il pourrait venir de chalania, retourner, mêler, et miqui, mourir.

Or, Tohil, Avilix, Hacavitz avaient l’apparence de trois jeunes gens, (dans), leur démarche (et c’était par) un prodige spécial de la pierre : il y avait une rivière où ils se baignaient au bord de l’eau, seulement pour se manifester; (ce lieu) se nomma donc Ail Bain de Tohil, et ce fut le nom de la rivière (3).

(3) Au bain de Tohil, Chi r’Atinibal Tohil, aujourd’hui Ch’Atinibal Tohil, fontaine et ruisseau, à cinq ou six lieues, au sud-ouest de Cubulco, sur la route de cette bourgade à Xoyabah, au sommet des monts qui séparent ces deux localités.

Et bien des fois les villes les voyaient ; mais aussitôt ils s’évanouissaient à volonté, quand ils étaient aperçus par les villes. Alors la nouvelle se répandait soudainement que Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam étaient présents : et voilà qu’il se tint un conseil des tribus sur la manière de les faire mourir.

Et d’abord les tribus voulurent délibérer sur le (moyen de) faire tomber dans le piège Tohil, Avilix et Hacavitz. Tous les sacrificateurs dirent à la face des tribus : Tous se convoqueront et se lèveront; qu’il n’y ait ni un ni deux bataillons qui reste en arrière des autres.

 

Conohel x־e cuchu quib, x-e tako pu quib, la x-qam qui naoh, x-e cha cut ta x-qui tzonobeh quib : Nakipa chi eu chah qui chakic ri Cavek Queche vinak, rumal mi-x־qizk’al qahol? Mavi calah u zachic vinak cumal.

Uve koh qizic chi elegaxic, ta ch’uxoc; uve are nim u gagal ri Tohil, Avilix, Hacavitz, are ta cut ka qabauil ri Tohil ch’uxic, ch’y canabih-tah! Mavi ch’utzinic koh qui chako. Ma pa oh quia vinak chi ka qoheic ? Are curi Cavek mavi harub chi qui qoheic, x-e cha-cut ta x-e ponic co-nohel.                                               .

X-e cha-cbic chahcar chiquech ri amag la x-e chauic : Apachina r’ilo que atin chu chi ya hutagih? Uve are To-hil, Avilix, Hacavitz, are-ta que ka cliak na nabe chiri, la cut chi tiqar-vi qui chakatahic ri e ahqixb, ahqahb, x-e cha chicut chahcar chic ta x-e chauic.

Nakila cut chi ka chakbeh quech, x-e cha chicut? — Are ta ka chakbal quech ch’uxic. Rumal ri e qaholab que vachinic, ta ca ilitah chi a, que be-ta cut e caib gapohib; are ta ri quitzifi chi e chaom e.-ta zaklogoh chi gapohib, chi be-ta cut qui raibal chire, x-e cha-cut.

Utzbala, xa-ba, queka Izukuh ê-taçaib chi utzilah tak gapohib, x-echa-cut, ta x-qui tzukuh cut qui meal.Areri quitzih e zakilah tak gapohib, ta x-qui pixabah cut ri ga-pohib :


Tous se réunirent et se levèrent, et, prenant conseil, ils dirent en se demandant Tes uns aux autres : Comment (faire pour) déjouer les pièges (que nous tendent) les Quichés de Cavek (1), parce que c’est la ruine de nos vassaux? On ne voit pas clairement (comment s’opère) cette destruction d’hommes par eux.

(1) Le nom de Cavek, qui parait ici pour la première fois, est celui de la maison royale qui régna sur l'empire des Quichés depuis sa fondation jusqu’à la conquête du pays par Alvarado.

Si nous (devons) être détruits par la continuation de ce rapt, soit; mais si elle est si grande la puissance de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz, eh bien donc ce Tohil sera notre dieu, et plut au ciel que vous pussiez le captiver (2)! Ils n’ont pas fini de nous vaincre. Ne sommes-nous pas un peuple nombreux dans notre existence? Or ces Cavek ne sont qu’une poignée dans leur ensemble (3), ajoutèrent-ils tous lorsqu’ils s’assemblèrent.

(2) Canabih signifie captiver dans les deux sens, gagner et faire prisonnier.

(3) Mavi harub chi qui qoheic, ne sont pas (un) combien dans leur être.

Une partie des villes répondit aux autres, disant : Qui donc les a vus se baigner chaque jour au bord de la rivière? Si ce sont Tohil, Avilix et Hacavitz, voilà que nous les prendrons d’abord au piège en cet endroit, et alors commencera la défaite de ces sacrificateurs, répondit également l’autre partie, en prenant la parole.

Mais avec quoi donc les prendrons-nous au piège ? répétèrent-ils. — Ceci sera le piège où nous devons les prendre. Comme ce sont des jeunes qui apparaissent, lorsqu’on les peut voir dans l’eau, que deux vierges y aillent aussi ; que ce soit véritablement d’entre les plus belles et les plus aimables jeunes filles, et que le désir de les (posséder) leur vienne, répliquèrent-ils.

C’est fort bien, allons donc, cherchons-en deux d’entre les plus gracieuses vierges, ajoutèrent-ils, en cherchant leurs filles. Ce furent véritablement les plus blanches d’entre toutes les vierges, les vierges qu’ils dépêchèrent alors.

 

Qu’yx bec, yx ka mial, oh-y chaha ri qui chi ya; uve cut ta que yv’il ri e oxib qaholab, ch’y zonoba ca yvib chi-qui-vach, uve cut chi rain qui qux chyve, qu’yx choco.

Koh opon-ta chyvih, ta que cha chyvech? — Uve, qu’yx cha-cut.— Ta qu’yx tzonox cut : Apa qu’yx pe-vi, apa ahchok mial? — Ta que cha : Oh qui mial ahauab. Qu’yx cha eu chique : Chipe eu r’etal yvumal. Tanakila chi qui ya chyve, tazec chi qui rail! y vach, quitzih ch’y ya yvib chiquech. Uve cut ta mavi ch’y ya yvib, qu’yx ka camizah cut. Qate ulz ka qux : ta qo r’etal, ch’y qam uloc; are cut r’etal chi ka qux ta que apon chyvih.

X-e cha curi ahauab, ta x-e pixabax rigapohibecaib ; are qui va Xtah, u bi hun gapoh ; Xpuch chicut u bi hunchic. E pu caib, Xtah, Xpuch, qui bi, x-e takubicchi ya, chi r’atinibal Tohil, Avilix, Hacavitz. .Are qui naoh ronohel amag ry.                                .

Qatepuch x-e bee, x-e cauuxic quitzih vi chi hebelic chi vachinic ; ta x-e bee chila ch’atin-vi Tohil, qui cariloon curi qui chahon : la x-e bec, que quicot chi curi ahauab cumal ri e caib qui mial x-qui lak ubic.

Ta x-e opon cut chi ya, qate x-qui tiqiba chahonic ; x-qui zonoba quib qui cabichal, e chacachaxinak chuvach tak abah, ta x-e culun curi Tohil, Avilix, Hacavitz. X-e

 

Partez, ô nos filles, allez-vous en laver du linge à la rivière; et si vous les voyez, ces trois jeunes gens, .mettez-vous nues devant eux, et si leur cœur vous convoitise, appelez-les.

Et qu’ils vous disent : Irions-nous avec vous ? — Oui, répondrez-vous.—- Et qu’on vous demande : D’où venez-vous, de qui êtes-vous filles? — Alors qu’on leur dise : Nous sommes les filles dés seigneurs; et dites-leur : Vienne donc un gage de vous autres. Quand ils vous auront donné quelque chose, s’ils désirent vos visages, en vérité, donnez-vous à eux. Et si vous ne vous donnez point, nous vous tuerons. Après cela notre cœur sera content : quand le gage y sera, apportez-le par ici ; et ce sera le gage pour notre cœur qu’ils sont venus à vous.

Ainsi parlèrent les seigneurs, au moment où furent envoyées les deux jeunes filles ; ceux-ci sont leurs noms, Xtah, le nom d’une jeune fille, et Xpuch, le nom de l’autre (1 ). Or ce sont ces deux appelées Xtah et Xpuch qu’ils envoyèrent dehors à la rivière, au bain de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz. C’était là la décision de toutes les villes.

(1) Xtah se compose de la particule x ou ix,el de tah, chose douce, agréable ; xtah, pris autrement, est un adverbe qui signifie vite, promptement. Xpuch est composé de la même particule et de puch, qui, en quiché, est une conjonction; il se pourrait que ce nom vînt d’un mot de la langue nahuatl ichpoch, jeune fille, qui ne différé guère de xpuch ou ixpuch. Le Titre des Seigneurs de Totonicapan admet une troisième jeune fille, qu’il appelle Qibatzunah, et, au lieu de Tohil, Avilix et Hacavitz, ce sont Balam-Quitzé, Balam-Agab et Mahucutah, qu’elles cherchent à séduire.

Après cela elles s’en allèrent et s’arrangèrent véritablement (de manière à paraître) fort belles et brillantes; et en cheminant du côté où se baignait Tohil, elles frétillaient sans pudeur (2) et plaisantaient de même : tandis qu’elles s’en allaient, les seigneurs se réjouissaient de leur côté à cause de leurs deux filles qu’ils envoyaient dehors.

(2) Elles frétillaient sans pudeur, cariloon. Ce mot est curieux en ce qu’il rappelle l’origine de quelques mots de notre langue; il se compose de car, poisson, et d’ilo, regarder; tout ce qui exprime le dévergondage poissard, est généralement composé du même mot car, poisson.

Et alors elles arrivèrent à la rivière, après quoi elles commencèrent à laver ; elles se mirent nues toutes deux, en sautillant devant les rochers, lorsqu’apparurent Tohil,

 

opon chila chu chi ya, xacu zcaquin x-rokoibeh qui’vach ri e caib gapohib que chahonic,* are curi gapohib xa huzu x-eqixbic la x-e opon ri Tohil.

Ma־cu־habi x-be .qui raibal ri Tohil chirech ri e caib gapohib, ta x-e tzonox cut : Apa qu’yx pe vi, x-e uchaxic chirech rie caib gapohib, x-e u chaxic : Nakipaqu’yv’ah qu’yx ul varal chu chi vi ka a ?

X-e uchax-cut : Oh ba takon uloc cumal ahauab, ta x-oh petic. Ch’y be yv’ila qui vach ri Tohil, qu’yx chau cuq, x-e cha ahauab chike : quehecut chi pe-vi r’etal quitzih uve ch’yv’il qui vach, x-oh oh u chaxic. X-e cha curi ecaib gapohib, ta x-qui zuquba qui takiquil.

Areta cu x-e ah ri amag, x-e hox-ta ri gapohib rumal quinaual Tohil. X-e cha curi Tohil, Avilix, Hacavitz, la x-e chau chic chiquech ri Xtah, Xpuch, qui bi re e caib gapohib :

.Utz, chi bee r’etal ka tzih yvuq. Ch’yv’oyobeh na ch’y ya aponoc chiquech ahauab, x-e uchax-cut. Qatepuch quiuaohinic chicriahqixb, ahqahb, x-euchax ri Balam-Quitze; Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam :

Qu’yx tziban-oc oxib qui, ch’y tzibah r’etal y qoheic, ch’opon cuq amag chi be cuq re e caib gapohib que cha-honic ; ch’y ya ubic chique, x-e chax-cut Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah.

 

Avilix et Hacavitz. Ils arrivèrent là au bord de la rivière, et ils furent quelque peu surpris à la vue de ces deux jeunes filles qui lavaient; et voilà que ces jeunes filles aussitôt rougirent à l’arrivée de Tohil et des siens.

Mais il n’y eut pas (moyen) que le désir vînt à Tohil et aux siens de posséder ces deux jeunes filles, et alors elles furent questionnées : D’où venez-vous, leur fut-il dit aux deux jeunes filles, et on leur dit (encore) : Que voulez-vous donc, en venant ici au bord de notre eau.

Elles répondirent : C’est que nous sommes envoyées par les seigneurs, puisque nous venons ici. Allez voir leurs faces à ces Tohil, et parlez avec eux, nous ont dit les seigneurs : ainsi que nous ayons un gage (qui prouve) véritablement que vous aurez vu leurs faces, nous a-t-on dit. Ainsi parlèrent les deux jeunes filles, pour faire connaître leur message.

Or, c’était là ce que les villes voulaient, que les jeunes filles fussent déflorées par les génies de Tohil (1). Mais Tohil, Avilix et Hacavitz dirent alors, en leur parlant de nouveau à Xtah et à Xpuch, (car) c’étaient les noms de ces deux jeunes filles :

(1) X-e hox-ta ri gapohib rumal qui naual Tohil, littéralement, qu’elles forniquassent ces vierges par leurs génies de Tohil. Ainsi le naual c’est le représentant, le génie, le double du dieu.

C’est bien, on vous donnera ce gage de notre entretien avec vous. Attendez un moment et vous irez le porter à ces seigneurs, leur fut-il répondu. Après quoi (eut lieu) leur consultation avec les sacrificateurs et il leur fut dit à Balam-Quitzé, à Balam-Agab, à Mahucutah et à Iqi-Balam :

Peignez trois manteaux, tracez-y le signe de votre être, afin qu’ils arrivent aux villes avec ces deux jeunes filles qui sont à laver ; allez, donnez-les-leur, fut-il dit à Balam-Quitzé, à Balam-Agab et à Mahucutah.

 

Qatecu t, x-e tzibanic c’oxichal : nabe x-tziban ri Ba-lam-Quitze balam, ü vachibal x-uxic x-u tzibah chu vach qui. Arecuri chiBalam-Agab cot chi u vachibal x-u tzibah chuvach qui, ta x-tziban chi curi Mahucutah humah vo-non, humah zital u vachibal u tzib x-u tzibah chu vach qui.

X-utzin cut qui tzib c’oxichal ox-buzah x-qui tzibah. Qatecut ta x-e be quïa qui ri Xtah, Xpuch, qui bi, x-e cha curi Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah : Vae r’etal y tzih. Qu’yx oponic chi-qui-vach ahauab : Quitzih x-chau ri Tohil chikech, qu’yx cha, vae cu r’etal x-ka qam uloc, qu’yx cha chique ; chi qui cuuh cu ri qal ch’y ya chique.

X-e uchax cut rigapohib ta x-qui pixabah ubic. Ta x-e be cut xcucaah u bi ri tziban qui, ta x-e opon cut ; huzu cu x-e quicotri ahauab, ta x-il qui vach xequel u ga qui tzonoxic ri gapohib.

Ma-x-yv’il u vach ri Tohil, x-e u chaxic? — X-k’il bala, x-e>cha curi Xtah, Xpuch.— Utzbala ! Nakipa r’etal x-y qam uloc, ma quitzih ? x-e chau ri ahauab, queheri bari r’etal qui makunic x-qui na ri ahauab.

Ta x-quiritah curi tziban qal cumal gapohib, humah balam, humah cot, humah naipuch vonon, zital, u tzibal u pam qal chi yulinic u vach : ta x-qui raih cut u vach cat x-qui coh chi quech.

 

Après cela, ils peignirent tons les trois : d’abord Balam-Quitzé peignit un tigre dont la figure se fit et il la peignit sur la surface de l’étoffe. Quant à Balam-Agab, ce fut un aigle dont il peignit la figure sur la surface de l’étoffe, tandis que Mahucutah peignait pour sa part des frelons et des abeilles de tous côtés, dont il dessina la figure et la . peinture sur la surface de l’étoffe.

Ainsi s’acheva leur peinture des trois paquets d’étoffe qu’ils peignirent־ Or, tandis qu’ils remettaient les divers manteaux aux nommées Xtah et Xpuch, Balam-Quitzé, Balam-Agab et Mahucutah leur dirent : Voici le gage de votre entretien (avec nous). Allez donc devant les seigneurs : En vérité, Tohil nous a parlé, direz-vous, et voici le gage que nous en apportons, leur direz-vous ; qu’ils revêtent donc les manteaux que vous leur donnerez.

C’est donc là ce qui fut déclaré aux jeunes filles, tandis qu’ils les renvoyaient. Or, les étoffes peintes qu’on nommait xcucaah, étant ainsi acheminées arrivèrent donc (avec celles qui les portaient) ; et aussitôt les seigneurs furent remplis d’allégresse, en voyant l’image des jeunes filles, les mains chargées de (l’objet de) leur demande (1 ).

(1) Ta x-il qui vach, xequel u ga qui tzonoxic ri gapohib, lorsqu’on vit leurs faces , suspendant leurs mains leur demande les vierges.

Avez-vous vu la face du Tohil, leur demanda-t-on ? — Nous l’avons vue certainement, répondirent Xtah et Xpuch.— Fort bien donc ! quel gage en apportez-vous, si c’est vrai ? dirent les seigneurs, ces seigneurs pensant bien que c’était comme un gage de leur péché (avec Tohil).

Alors donc les étoffes peintes furent déployées par les jeunes filles (offrant) partout des tigres, partout des aigles et partout également des frelons et des abeilles, dont l’image (apparaissait sur) la surface de l’étoffe, brillante à la vue : or (tous) ils désiraient s’en revêtir et ils commencèrent à se les mettre.

 

Ma-cu-habi x-u ban ri balam u tzibal nabe oc chirih ahau : ta x-u coh chicut ahau ri u cab tziban qui, cot ai tzibal : xa utz x-u na ahau chupan xavi ca zolouic chi qui vach. Ca zonon u quxic chi qui vach conohel, ta’x-oc chicut r’ox tziban qui chirih ahau.

Areri vonon, zital u pam x-u coh cu chirih. Qatepuch ta x-tiyc u tiohilrumal vonon, zital. Mavi x-chihtahic, ma pu x-cuyutah qui tiobal chicop, ta x-u rakuh cu u chi ahau rumal chicop xa tzibam qui vachibal chupam qal, u tzib Mahucutah cu r’ox tzib.

Ta x-e chakatah vi. Qatepuch qui yahic gapohib ri ru-mal ahauab ri Xtah, Xpuch, qui bi. Nakipa chi qulal ri yv’u caam uloc, apa x-be y qama-vi, yx qaxtok? x-e u chax ri gapohib, ta x-e yahic, qui chakatahic chi curi ro-nohel amag rumal Tohil.

Areta x-c’ah x-be-ta quyibal vi Tohil chiquih Xtah, Xpuch, e ta hoxol-chec x-e uxic, chu qux amag takchi-bal ta que x-uxic. Macu x-banatahic qui chakatahic ru-mal e naaal vinak, ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahu-cutah.

 

Le tigre ne fit absolument aucun (mal, quand) sa peinture fut placée la première sur les épaules du seigneur : alors s’étant mis également le second manteau peint, dont l’aigle était la peinture : Cela est fort bien, pensait le seigneur en dedans (de lui-même), et ainsi il allait et venait aux yeux (des gens). Ayant mis à nu ses parties secrètes aux regards de tous, le seigneur se couvrit aussi du troisième manteau peint.

Et voilà qu’il se mit sur les épaules les frelons et les abeilles (peintes sur la surface) du tissu. Mais aussitôt après, son corps fut piqué par les frelons et les abeilles : il ne pouvait souffrir, ni supporter la piqûre de ces (petites) bêtes, et il vociférait à cause des insectes dont la figure seule était peinte sur l’étoffe, peinture de Mahucutah et qui était la troisième peinture.

(Princes et villes) étaient joués dès lors. Après cela, les jeunes filles, dont le nom était Xtah et Xpuch , furent interpellées durement parles seigneurs. Qu’est-ce donc que ces étoffes que vous apportez ici, où avez-vous donc été les prendre, méchantes ? leur dit-on aux jeunes filles, quand on les insulta, à (la vue de) la défaite de toutes les villes par Tohil.

Or, ce qu’elles voulaient, c’est que Tohil allât derrière elles courtiser Xtah et Xpuch, que celles-ci se fissent courtisanes, et, dans la pensée des villes, qu’elles le fissent pour le tenter. Mais leur défaite (de Tohil et des siens) ne put avoir lieu à cause de ces hommes prodigieux, de Balam-Quitzé, de Balam-Agab et de Mahucutah (1).

(1) Les noms des princes, ou plutôt des villes, qui furent joués en cette occasion , sont Rotzhaib, Quibaha, Uxab, Bakaha et Quebatzunha, suivant le Titre des Seigneurs de Totonicapan.

 

ROXPAH CHI TZIH.

Ta x-e naohin chicut ronohel amag : Nakipa que ka chah? quitzih nim qui qoheic ta ch’uxoc, x-e cha-cut, ta x-qui cuch chic qui naoh. Xataque k’oquibeh, que ka ca-mizah; chi ka vik kib chi chab, chi pocob. Mapa oh qui? Ma-habi hun, caib chic chi ca canah chike,

X-e cha-cut ta x-qam qui naoh. Xa x-u vik rib ronohel amag, tzatz chi camizanel, ta x-e molotahic ronohel amag e camizanel.

Arecut e qo ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah,׳ Iqi-Balam are e qo chuvi huyub Hacavitz u bi huyub : e qo-vi x-colo cut qui qàhol chiri chuvi huyub.

Mavi e ta ■quia vinak : ma na quehe ta qui quïal ri u quïal amag; xa zcaquin u vi huyub qui catem, xacucha ta x-naohix qui camizaxic rumal amag ta x-qui cuch quib conohel, x-e poponic, x-e tako quib conohel.

Vae cute qui molouic quib conohel amag, e cavutal chic chi chab, chi pocob conohel : mavi ahilan chi puvak qui

CHAPITRE TROISIÈME.

Alors tontes les tribus de nouveau se consultèrent : Comment donc les réduirons-nous? (dirent-elles). En vérité, bien grande est leur condition, telle qu’elle est maintenant, répétèrent-elles, lorsqu’elles réunirent de nouveau leurs conseils. Eh bien, nous les assaillirons, nous les tuerons; nous nous armerons d’arcs et de boucliers. Ne sommes-nous pas nombreux? Qu’il n’y en ait ni un ni deux d’entre nous qui reste (en arrière).

Dirent-elles encore une fois, en prenant conseil. Conséquemment toutes les tribus s’armèrent, (formant ainsi) un grand nombre de soldats (1), lorsque se furent amassées toutes les villes pour tuer.

(1) Soldat, camizanel,littéralement tueur. La racine en est cam, mort ou mourir, qui fait camic clans le discours; camizah, faire mourir ou tuer; camizanel, tueur ou qui doit tuer; camizai, tuant ou pour tuer ; camizax, être tué; camizaxel, celui qui doit être tué; camizabal, l'instrument avec lequel on tue, ou bien le lieu où l’on tue; camizabeh, tuer avec. Ex.: Are ri abah x-in camizabeh vae tzi, Voici la pierre avec laquelle j’ai tué (ou Voici la pierre j’ai tué avec) ce chien. X-camizabex vae tzi, avec laquelle fut tué ce chien, litt. fut tué avec.

Or, c’étaient bien eux, Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam, qui étaient au sommet du mont, Hacavitz (étant) le nom de la montagne : et ils étaient là pour sauver leurs enfants sur la montagne.

Cependant leurs hommes n’étaient pas nombreux : ce n’était pas une multitude comme la multitude des tribus; car.il était étroit le sommet de la montagne qui leur servait (de forteresse), et pourtant on méditait alors leur destruction parmi les tribus qui s’assemblèrent toutes en ce moment, qui se convoquèrent et se levèrent toutes (ensemble).

Voilà donc que toutes les tribus s'amassèrent, toutes ornées (de leurs armures de guerre) avec leurs arcs et

 

cavubal bebebob qui vachibal conohel ahauab, acbihab, quitzih banob qui tzih conobel.

Quitzih conohel, quitzih e galabil ch’uxic, are curi To-hil, are qabauil are pu chi ka gihila, xere ta chi ka canabib, x־e cha chi quibil quib.

Xavi cu ca r’etamah ri Tohil, ca qu’etamah naipu ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, ca qui tao la ca naohixic; rumal ma־habi qui varam qui yacalem, ta x-e cautah cut ronohel cha, ahlabal.

Qatecut x-e yacatahic ronohel ahlabal, ch’agab-tah x־c’oquibeh chi qui qux ta x-e bee. Macu x-e oponic ; xa pa be x-e varah.ri conohel ri ahlabal, qatepuch qui chakatahic chic cumal ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Ma-hucutah.

Xacu-hun x-e varah vi pa be; ma-habi chic x-qui na chi quib, x-e qiz varie conohel ; qatecu u tiqaric u mi-chic qui mukuvach rumal, ruq qu’izmachi : ta x-quir curi puvak chi qui cul ruq qui yachvach, ruq puch qui cha-cha[ : are curi u cul qui chamiyxerex-qui qam ri puvak; qahizabal qui vach, xà pu michbal quech x-banic r’etal u nimal queche vinak.

Qatepuch x-e qaztahic, huzu x-qui chapala qui yach-vach, ruq u cul qui chamiy ; ma-habi chi puvak chi cul ruq qui yachvach.

 

leurs boucliers : on ne pouvait énumérer le métal précieux de leurs armures, et admirable était l’apparence de tous les seigneurs et capitaines, tous en état véritablement de tenir leur parole.

En vérité, tous, en vérité, seront détruits, et ce Tohil, ce dieu, c’est lui que nous adorerons, si seulement nous le faisons prisonnier, se dirent-ils les uns aux autres.

Mais bien savait Tohil (ce qui se passait) et le savaient également Balam-Quitzé, Balam-Agab, et Mahucutah; ils entendaient en même temps ce qui était agité au conseil (de leurs ennemis) ; parce qu’ils n'avaient plus, ni sommeil ni repos depuis qu’avaient commencé à s’armer tous les chefs et guerriers (1).

(1) Cha , obsidienne , flèche ou lance, et, par extension, capitaine des lanciers.

Après cela, tous les guerriers se levèrent et se mirent en chemin, dans la pensée d’entrer de force durant la nuit. Mais ils n’arrivèrent point; car tous ces guerriers passèrent la nuit en route, après quoi eut lieu de non-veau leur défaite par Balam-Quitzé, Balam-Agab et Mahucutah.

Tous ensemble donc ils firent halte (pour passer la nuit) dans la route; et sans qu’ils s’en aperçussent, tous finirent par s’endormir; après quoi on commença à leur raser les sourcils avec leurs barbes (2) : on leur enleva le riche métal de leur col, avec leurs couronnes et leurs autres ornements : mais ce ne fut que la poignée de leurs masses qu’ils prirent (en fait) de métal précieux; on le fit pour humilier leurs faces et pour les prendre au piège, en signe de la grandeur de la nation quichée.

(2) Les fumigations enivrantes que ces populations produisaient avec une extrême habileté auraient seules pu les aider à cette opération extraordinaire, si elle était exacte. Le Tigre de Totonicapan dit qu’au lieu de leur raser leurs moustaches, ils leur coupèrent le petit doigt d’un des pieds et d’une main.

Ensuite s’étant éveillés, ils cherchèrent aussitôt à prendre leurs couronnes, avec la poignée de leurs masses ; mais il n’ y avait plus d’argent ou d’or à la poignée, ni à leurs couronnes.

 

Nakipa mi-x-oh qamouic? Aon-chinak mi-x011־ mich-ouic ? apa mi-x-pe-vi, mi-x־elegan ka puvak, x-e cha-cut conohel ahlabal ? Are-laibarilo e qaxtok que elegan vinak? Macu ch’utzinic chi-ka xibih-ta kib chique? Qui vi chi k’ôquibeh qui tinamit, xavixere chi k’il u vach ri ka puvak; chi ka banquech, x-e cha-cut conohel amag ; xa-vixere banohtzih conohel.

Xavi cu cubul qui qux ri ahqixb ahqahb e qo chuvi huyub : xavixere nima naoh ca qui bano riBalam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam, x-qui ban qaxtun chu chi qui tinamit, xa tzalam xa chut x-chi quehbeh rih qui tinamit.

Qate x-qui ban ri poy queheri vinak, x-uxic cumal : qate x־qui chol chiri chuvi qoxtun ; xavixere qo qui po-cob, qo pu qui chah, x-ecauxic; x-oc ri yachvach puvak pa qui vi; x-oc pu eu xa poy, xa pu ahamche x-cohou ri puvak rech amag ri x-be qui qama pa be, are x-u cavu-beh poy cumal.

X-e colcomihic chi rih tinamit, qatepuch ta x-qui tzonoh chi qui naoh chirech Tohil : Ve koh camic, ve pu ch koh chaka tahic?—X-e chax-oc qui qux chuvach ri Tohil : M’yx bizonic. In qolic. Arecut ch’y coh va chiquech. M’y xibih yvib, x-e u chax ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Maha-cutah, Iqi-Balam.

 

Qui donc nous a dépouillés? Qui donc nous a ainsi rasés? D’où donc est-on venu voler notre or et notre argent? répétèrent tous les guerriers. Seraient-ce peut-être ces démons qui dérobent les hommes? N’aura-t-on pas bientôt fini de nous épouvanter avec eux? Assaillons les sommets de leur ville, et ainsi nous reverrons l’image de notre métal précieux ; c’est là ce que nous avons à leur faire, répétèrent toutes les tribus; et ils étaient certainement capables tous de tenir leur parole.

Or le calme était aussi (revenu) aux cœurs des sacrificateurs qui habitaient sur la montagne : ainsi donc, Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam ayant tenu un grand conseil, firent des fortifications au bord de leur ville, environnant les contours de leur ville de palissades et de troncs d’arbres.

Ensuite de quoi, ils firent des mannequins, semblables à des hommes, et cela se fit par eux : puis ils les rangèrent là sur les fortifications ; on leur mit également des arcs et des boucliers, dont on les revêtit; on leur plaça des couronnes d’or et d’argent sur la tête ; on leur mit donc cela à ces mannequins, à ces hommes de bois, et on les orna des métaux précieux des villes, qu’on avait été ravir sur la route, et dont les mannequins furent ornés par eux.

Ils retranchèrent les approches de la ville, après quoi ils demandèrent conseil à Tohil : Si nous serons mis à mort et si nous serons vaincus? —Leurs cœurs reçurent la réponse à la face de Tohil : Ne vous affligez point. Je suis là. Et voici ce que vous leur mettrez à ceux-là. Ne vous épouvantez point, leur fut-il dit à Balam-Quitzé, à Balam-Agab. à Mahucutah et à Iqi-Balam.

 

CAHPAH CHI TZIH.

Ta x-ya uloc ri vonon, zital, arecut x-be qui qama cu caam ; ta x-e petic, qate x-qui yao chupam cahib nimak cokob cahib, x-qohe־vi chirih tinamil ; x-qui tzapih-vi ri vonon, zital chupam cokob, are culelabal rech amag cum al.

X-e nicvachix cut, x-e mukcheex puch, x-nicox qui ti-namit rumal u zamahel amag : Mavi e harub x-e cha-cut. Xere cut x-ul qu’ila ri poy, ahamche, que zilaheic, quca-laon qui chab, qui pocob : quitzih vinak que vachinic; quitzih chi e camizanel que vachinic, ta x-qu’il amag, que quicot cut ronohel amag, mavi hanic x-qu’ilo.

Tzatz ri amag ch’u qoheic : mavi ahilan chi vinak e ahlabal e pu camizanel e camizai rech ri Balam-Quitze, x Balam-Agab, Mahucutah are qo chuvi huyub Hacavitz u bi e qo-vi. Arecut qo qui bexic va x-chi ka byih chic.

Arecut e qo chiri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahu-cutah, Iqi-Balam, xahun e qo-vi chuvi huyub ruq qu’ixo-kil, c’alcual, ta x-e pe cut ronohel ahlabal e camizanel ; mavi xa ca chuy, ox-chuy chi amag.

 

CHAPITRE QUATRIÈME.

Alors on apporta des frelons et des guêpes qu’on alla chercher, ainsi que des lianes ; et après qu’ils furent venus (apportant ces insectes), ils les mirent au dedans de quatre grandes calebasses, qu’ils placèrent autour de la ville; ils renfermèrent les frelons et les guêpes au dedans des calebasses, et c’était là ce qui allait servir à battre les nations pour eux.

Or leur ville fut espionnée, guettée et examinée par les envoyés des nations : Ils ne sont pas nombreux, répétaient-ils. Mais ils n’arrivèrent à voir que les mannequins et les hommes de bois qui se remuaient, portant leurs arcs et leurs boucliers. Véritablement ils paraissaient des hommes : véritablement ils ressemblaient à des guerriers, quand les tribus les regardaient; et toutes les tribus se réjouissaient, (à cause) du petit nombre qu’elles voyaient.

Grandes étaient les tribus dans leur existence : on ne pouvait compter les hommes, guerriers et soldats, préparés à tuer ceux de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah, qui étaient là sur le mont Hacavitz, nom du lieu où ils étaient. Or voici leur arrivée que nous allons raconter.

Or ils étaient là Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam, ensemble ils étaient sur la montagne avec leurs femmes et leurs enfants, lorsqu’arrivèrent tous les guerriers et les soldats, et ils n’étaient pas seulement seize ou vingt-quatre mille entre les tribus (1).

(1) C’est-à-dire qu’ils étaient en bien plus grand nombre. Le mot chuy employé ici est un signe conventionnel, représentant une bourse qui pouvait contenir huit mille grains de cacao, en nahuall xiquipilli. Un chuy de guerriers était huit mille hommes; ca-chuy, deux fois huit mille ; ox-chuy , trois fois huit mille, etc.

 

X־cotcomih cliirih tinamit que ominic 6 vikitalic chi chab, chi pocob, chi qui gozih qui chi, que lulutic, que chaninic chi ominic qui yuyub, quixulcab ta x-e occhuxe tinamit. .

Ma-cu-habi ca qui xibih quib ri ahqixb, ahqahb; xa que cay uloc chu chi qoxtum e cholon uloc ruq qu’ixokil, c’alcual ; xa cul qui qux banoh, eu zuy tzih ri amag, ta x-e akan cut chu vach huyub.

Xa eu zcaquin chic mavi que tzakonic chu chi tinamit, qate puch ta x-hak u vi ri cokob cahib, qo-vi chi tinamit, ta x-e el curi vonon,zital ; queheri zib ta x-el chupam ri huhun chi cokob.

C’utzin curi ahlabal rumal chicop, taqatoh chu bak chuvi vach, taqatoh puch chi qui tzam, chi qui chi, chi’ c’akan, chi qui'gab : A qo-vi x-chi be qui chapa, aon qo-vi x-chi be qui maha ronohel qo-vi vonon, zital ?

Taqatoh ch’u tioma u bak u vach ; x-chi quilih chuhu-chu hetak chicop chirih ri huhun chi vinak : x-e gabaric rumal vonon, zital, mavi x־chapatah chic qui chab,qui po-cob, que von coyeheic chuvach takjileu.

Que lahahic, x-e kahic chu vach huyub ; arecut mavi ca qui na chic, ta x-e cak chi chab, x-e choy cjii icah ; xa bolah che x-qui coh chic Balam-Quitze, Balam-Agab ; x-oc qu’ixokil e camizanel. Xavi cu x-e tzalih ri chahcar chic, xa x-el chic chi c’akan ronohel amag.

 

Ils environnèrent les remparts de la ville, en poussant de grands cris, armés d'arcs et de boucliers, se frappant la bouche, vociférant, jetant, poussant des clameurs et des sifflements, lorsqu’ils arrivèrent au pied de la ville.

Mais il n’y avait pas là de quoi épouvanter les sacrificateurs ; seulement ils regardaient du bord de la muraille où ils étaient rangés avec leurs femmes et leurs enfants ; seulement leur pensée allait au-devant des actes et des pa-rôles aveugles des tribus, tandis qu’elles gravissaient le devant de la montagne.

Et il s’en fallait bien peu quelles ne se lançassent à l’entrée de la ville, quand un moment après on enleva le couvercle des quatre calebasses, placées au bord delà ville, et que frelons et guêpes en jaillirent ; comme de la fumée elles jaillirent du creux de chacune des calebasses.

Ainsi finirent les guerriers par les insectes, qui s’attachaient aux yeux et aux sourcils, qui s’attachaient à leurs narines, à leur bouche, à leurs jambes, à leurs bras : Où est-ce donc (disaient-ils) qu’ils ont été prendre, où est-ce donc qu’ils sont allé ramasser tout ce qu’il y a (ici) de frelons et de guêpes ?

Attachés ainsi, ils leur mordaient le globe de l’œil ; amoncelés sans nombre ces insectes bouillonnaient contre chacun de ces hommes : enivrés qu’ils étaient par les frelons et les guêpes, ils ne pouvaient plus tenir leurs arcs, ni leurs boucliers, et sans force déjà les laissaient tomber de toutes parts sur le sol.

Ils s’étendaient en tombant devant la montagne ; et ils ne sentaient même pas qu’on les tirait à (coups de) flèches, et qu’on les maltraitait à (coups de) haches ; et (ce furent) simplement des branches de bois sec que prirent Balam-Quitzé et Balam-Agab ; leurs femmes (même) se mirent à tuer. Et seulement la moitié s’en retourna, toutes les tribus s’enfuyant à toutes jambes.

 

Are x-qui riq qui nabe, x-e utzinic, x-e camizaxic, mana xa zcaquin chi viiiak x-camic : mavi are x-cam-vi ri x-qui tzaih chi qui qux, xa cu chicop x-oc chique. Mana cula achihilal tah x-qui bano, mavi chab, mavi pocob tah, x-e cam-vi. Ta x-e yogotahic ronohel amag.

Xa-cu x-e elah chic ri amag chi qui vach ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah : Togob ka vach, ma-la koh camic, x-e cha ! — Utzbala ! xa x-yx vi camel ; ch’u-xic yx ahpatan chi-be-gih, chi-be-zak, x-e u. chaxic.

Quehecut u chakatahic ronohel amag ri cumal ka nabe chuch, cahau, chiri x-ban-vi chuvi huyub Hacavitz, u bi-naam vacamic. Are nabe x-e tiqe-vi, chiri x-e pog vi, x-e quiritah-vi, x-e mialanic, x-e qaholanic chuvi Hacavitz.

Que quicot chic ta x-qui chako ronohel amag chiri cha-katahinak vi chuvi huyub. Quehecut x-qui ban ri x-qui chak na amag, ronohel amag.

Qatecut x-cube qui qux. X-e tzihon chire qui qahol, x-nakah-oc que cam-oc, ta qui x-e rah camizaxic. Are chic vi x-chi ka byih chic qui camic Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam, qui bi.

 

Mais ceux qu’ils attrapèrent les premiers, furent achevés et mis à mort, et il n’y en eut pas peu qui périrent : il n’en mourut pas tant de cette façon, cependant, qu’ils avaient la pensée de poursuivre, puisque les insectes se mirent contre eux (de la partie). Ils n’employèrent pas non plus toute la force qu’ils auraient pu, et sans qu’(il fallût) ni flèches ni boucliers, il en mourut (un grand nombre). Alors passèrent sous le joug toutes les tribus.

Les tribus s’humilièrent donc à la face de Balam-Quitzé, de Balam-Agab el de Mahucutah. Malheureux que nous sommes, ne nous faites pas mourir ! dirent-elles.— C’est fort bien ! encore que vous soyez dignes de mort ; mais vous serez rendus tributaires tant que le soleil marchera et que la lumière suivra son cours ; leur fut-il répondu.

Telle fut donc la défaite de toutes ces nations par nos premières mères et pères, (défaite) qui s’accomplit là sur le mont Hacavitz, (et c’est) son nom aujourd’hui. C’est là d’abord qu’ils se fondèrent, là ils crûrent, ils se multiplièrent, ils engendrèrent des filles, ils mirent au monde des fils, au sommet du Hacavitz.

Ils étaient dans l’allégresse, ayant vaincu toutes les nations qui avaient été écrasées sur la montagne. C’est ainsi qu’ils firent et qu’ils humilièrent actuellement les tribus, toutes les tribus.

Après cela donc leurs cœurs se reposèrent. Ils dirent à leurs fils que (le temps) était proche qu’ils devaient mourir, lorsque (les tribus) avaient voulu les tuer. Et voici que nous raconterons aussi comment moururent Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam, (car tels étaient) leurs noms.

 

ROPAH CHI TZIH.

X-qui na cut qui camic qui zachic ta x-e pixabic chirech quiqahol. Mana eta yab : ma-pu que hilouic, que polou-tah, ta x-canah qui tzih chirê qui qahol.

Are qui bi qui qahol va : e caib x-u qaholah Balam-Quitze, Qocaib, u bi nabeal, Qocavib chic u bi u cabal u qahol Balam-Quitze, u mam u cahau Cavikib.

E chi vi cu caib chic x-u qaholah Balam-Agab ; are qui bi va : Qoacul, u bi u nabe u qahol, Qoacutec ch’u chax chic u cab u qahol Balam-Agab, rech Nibaibab.

Xa-cu hun x-u qaholah Mahucutah, Qoahau u bi. E oxib x-e qaholanic ; ma-habi u qahol ri Iqi-Balam. Quit-zih ahqixb, ahqahb arecut qui bi qui qahol ri.

Are x-qui pixabah canoc. Xahun e qo-vi qui cahichal; χ-e bixanic chi gâtât qui qux, cliog pu qui qux chupan qui bixicÇhzmÆcw, u bi qui bix x-qui bixah ta x-e pixab cut chire qui qahol.          ׳

Yx, ka .qahol, koh bee, koh tzalih puch : zakil tzih,

 

CHAPITRE CINQUIÈME.

Et comme ils prévoyaient leur mort et leur fin (prochaine), ils le firent savoir à leurs fils. Ils n’avaient, toutefois, aucun signe de maladie ; ils n’éprouvaient ni souffrance ni agonie, lorsqu’ils laissèrent leur (dernière) parole à leurs fils.

Ce sont les noms de leurs fils que voici : ces deux (sont ceux) qu’engendra Balam-Quitzé, Qocaib, qui (est) le nom du premier (1), et Qocavib, le nom du second fils de Ba-Jam-Quitzé, l’aïeul et le père des Cavek (2).

Et ceux-ci sont aussi les deux fils qu’engendra Balam-Agab ; voici leurs noms : Qoacul(fut) le nom de son premier fils, Qoacutec fut appelé le second fils de Balam-Agab (pères) de ceux de Nihaïb (3).

Mais Mahucutah n’engendra qu’un fils, Qoahau fut son nom (4). Et ces trois eurent des fils; mais il n’y eut point d’enfants d’Iqi-Balam. C’étaient véritablement les sacrificateurs et voilà les noms de leurs enfants.

(4) Il existe encore des ruines considérables, connues sous le nom d’Ahau-Quiché, sur une montagne située presque à égale distance des monts Tohil, Mamah et Avilix, et à 6 lieues environ au sud-est de Zakabaha.

C’est alors qu’ils leur donnèrent leurs (dernières) recommandations. Ensemble ils étaient tous quatre; ils chantèrent dans l’angoisse de leurs cœurs, et leurs cœurs gémirent, tout en répétant le Qamacu (5), le nom de leur chant qu’ils chantèrent, tandis qu’ils prenaient congé de leurs fils.

(5) Ce mot est écrit plus haut Kamucu, nous voyons; il a un sens, tandis qu’ici il n’en a point.

O mes enfants, nous partons (dirent-ils), et nous nous en

 

zakil pixab ka pixab chyve. Mi cu x-yx ul ca ka naht chi huyubal, yx k’ixokil ! x-e cha chire qu’ixokil. chi qui huhunal x-e pixabic.

Koh be chi k’amag ■י cholan chic c’Ahaual Queh, leman chi cah. Xa tzalihem x-chi ka bano; mi-x-banatahic ka patan, mi-x-tzakat ka gih. Koh y na cut ; m’oh y zacho, m’oh y mezcutah puch. Ch’yv’il na yv’ochoch y huyubal puch ; qu’yx tiqe-vi ; ta ch’ux-oc! Qu’yxbe cutch’y be, yv’ila chic x-oh pe־vi.    ·

X-cha eu qui tzih, ta x-e pixabic. Ta x-canah cut r’e-tai u qoheic ri Balam-Quitze : Are y ta nabal vech, va x-ch’in canah yvuq. Are y gaga! vae; mi-x-nu pixabah, x-nu bizoh, x-cha־cut.

Ta x-u canah ri r’efabu qoheic Pizom Gagal, ch’u chaxic, mavi calah u vach ; xavi qui pizlic ; xma quiron-vi, mavi calah tzizbal re, rumal mahi x-ilouic ta x-pizic. Quehecut qui pixabic ri, ta x-e zach cut chiri chuvi huyub Haeavitz. ·

Mana x-e muktah rumal qu’ixokil, c’alcual, mavi ca-lah qui zachic ta x-e zachic .־ xere calah ri qui pixabic, log curi Pizom chiquech x-uxic. Are nababal rech qui cahau, xa huzu x-e qaton chuvach qui nababal rech qui cahau.

 

retournons : glorieuses sont les paroles, glorieuses les recommandations que nous vous laissons. Vous êtes venues aussi de notre lointaine patrie, ô nos femmes ! dirent-ils à leurs épouses, et de chacune d’elles en particulier ils prirent congé.

Nous retournons à notre peuple; déjà le Roi des Cerfs est en ordre (1), il s’étend au ciel. Voilà que nous allons faire notre retour ; notre besogne est faite et nos jours sont complétés. Sou venez-vous donc de nous; ne nous effacez pas (de votre mémoire) et ne nous oubliez point. Vous verrez encore vos maisons et vos montagnes ; multipliez-vous ; ainsi-soit-il ! Allez encore dans votre chemin et revoyez (les lieux) d’où nous sommes venus.

(1) Ce Roi des cerfs ferait-il allusion à ce paradis des nations chasseresses du nord de l’Amérique ? Il n’en est pas question ailleurs.

Et ainsi dit leur parole, tandis qu’ils prenaient congé (de leurs fils). Alors aussi Balam-Quitzé laissa le signe de son être : Ceci est maintenant (ce qui doit vous faire) souvenir de moi, et voilà que je vais le laisser avec vous. C’est là (ce qui fera) votre puissance; j’ai pris congé (de vous) et j’ai été rempli de tristesse, ajouta-t-il.

Alors il laissa le signe de son être, la Majesté Enveloppée, ainsi qu’on l’appelait, dont la figure n’était pas visible ; car ils ne la déplièrent point et l’on n’en connaissait pas la couture, parce qu’on ne la vit pas lorsqu’on la roula. C’est ainsi qu’ils prirent congé (de leurs fils) et alors ils disparurent de dessus le mont Hacavitz.

Ils ne furent pas ensevelis par leurs épouses et leurs fils, leur disparition n’ayant pas été visible, lorsqu’ils disparurent : il n’y eut de visible que leurs adieux, et ainsi leur Enveloppe devint chère à leurs (fils). C’était là le souvenir de leur pères, et sur-le-champ ils brûlèrent (de l’encens) devant ce souvenir que leur (avaient laissé) leurs pères.

 

Are ta x-vinakir-vi vinak cumal ahauab, ta x-e qam chi rih Balam-Quitze, liqarinak vi umam u cahau Cavikib ; x-mac-vi cut x-qui zach-vi ri u qahol ri Qocaib, Qocavib, qui bi.

Quehecut qui camic ri qui cahichal, e nabe kamam, ka cahau, ta x-e zachic, ta x-canah chic qui qahol chiri chuvi huyub Hacavitz, x-e yaluh chi vi qui qahol chiri.

Kahinak chic, yogotahinak chi puch qui gih, conohel àmag ma-habi chic qui gagal, xaki e qo chic xavi cu caam quib conohel hutagih.

Chi qui nabah qui cahau, nim u gih ri pizom chique : mavi chi qui quiro, xavi pizlic chiri cuq. Pizom Gagal ch’u chaxic cumal, ta x-cobic, x-binaah puch qui Quun ־ x-ya canoc rumal qui cahau, xa r’etal qui qoheic ta x-qui bano.

Quehecu qui zachic qui maixic Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam, e nabe vinak x-e pe chila chaka palo chi r’elebal gih ; oher-oc que 111 varal, ta x-e camic e rih chic e ahqixb, ahqahb qui binaam.

 

Et voilà que les hommes multiplièrent à cause des princes, lorsque ceux-ci reçurent (la puissance des reins de Balam-Quitzé, qui avait commencé (comme) l’aïeul et le père de ceux de Cavek; mais ses fils, nommés Qocaib et Qocavib, ne disparurent en aucune manière.

Ainsi donc moururent les quatre (sacrificateurs qui furent) nos premiers aïeux et nos pères, lorsqu’ils disparurent, et qu’ils laissèrent aussi leurs fils sur le mont Hacavitz, là où leurs fils demeurèrent.

Ayant été abaissées et humiliées dans leur grandeur, toutes les tribus n’avaient plus.de puissance; mais elles étaient toutes (réduites) à servir chaque jour.

(Les princes) se souvenaient de leurs pères, et grande était la gloire de cette enveloppe pour eux : ils ne la déplièrent point, mais (elle resta) là roulée avec eux. La Majesté Enveloppée, elle fut appelée par eux, quand on désigna et qu’on nomma ce Mystère qui leur était venu par leurs pères, et que, seulement en signe de leur nature, ils avaient fait alors.

Telle fut la fin et la disparition de Balam7Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam, de ces premiers hommes qui vinrent de l’autre côté de la mer où le soleil se lève ; il y avait longtemps qu’ils étaient venus ici, quand ils moururent, et déjà bien vieux (ils étaient ces hommes vénérés) intitulés les sacrificateurs.

 

VAKPAH CHI TZIH.

Qatepuch ta x-qui quxlaah qui byic chila r’elebal gib : are qui quxlaan ri u pixab qui cahau mavi x-qui zacho. X-oher-oc que cam-oc qui cahau, x״ya qu’ixokil amag x-qui hiah ta x-e chogo ixok e oxib.

X-e cha-cut ta x-e bee : Koh be chila r’elebal gih, chila x-e pe-vi ka cahau, x-e cha ta x-qui qam qui be ; e oxib chi qaholaxelj Qocaib, u bi hun u qahol Balam-Quitze, rech ronohel Coaviquib; Qoacutec, u bi u qahol Balam-Agab, xa rech Nihaibab ;'Qoahau u bi hunchic u qahol Mahucutah, rech Ahau-Quiche.

Are eu qui bi ri x-e be chila chaka palo : e oxib ta x-e bec; xavi qo qui naoh qo pu qu’etamabal : mana xaet vinak qui qoheic. X-qui pixabah canoe ronohel ç’atz qui chag, que quicotiç x-e bee : Mavi koh camic; koli ulic, x-e cha, ta x-e bec e oxib.

Xavixere x-e iqouic chuvi palo, ta x-e opon cut chila r’elebal gih. ta x-be qui qama ri ahauarem. Are cu u

 

CHAPITRE SIXIÈME.

Après cela donc ils pensèrent à s’en aller en Orient : ceci ils le pensaient (conformément à) la recommandation de leurs pères, et ils ne l’oublièrent point. Il y avait longtemps que leurs pères étaient morts, quand on leur donna des épouses de la tribu et qu’ils eurent des beaux-pères, en prenant des femmes tous les trois.

Et ils dirent quand ils s’en furent : Allons à l’orient d’où vinrent nos pères, dirent-ils en prenant leur chemin ; ces trois étaient les fils héritiers (1), Qocaib, nom du premier, fils de Balam-Quitzé, le (chef) de tous les Cavek(2); Qoaculec, nom du fils de Balam-Agab, qui est celui de Nihaïb; Qoahau (3), nom de l’autre, fils de Mahucutah, qui est celui d’Ahau-Quiché.

(1) Fils héritiers, qaholaxel : ce mot vient de qahol, fils, qui fait le verbe qaholah, procréer des fils, qaholax, être procréé. Qaholaxel, littéralement celui qui a été procréé; mais, dans les langues quichée et cakchiquèle, ce participé, passif dans sa forme, est pris fort souvent dans un sens d’activité ,de génération continue, et c’est pour cela que les missionnaires l’adoptèrent pour désigner la filiation éternelle de Jésus-Christ, et dirent Dios qaholaxel; de Dieu le Père, Dios cahauixel, et du Saint-Esprit, Dios Uxlabixel, exprimant par là une paternité, une filiation et une espiritation éternellement active.

(2) On trouve écrit ici Coaviquib; ailleurs, Cavikib, Cavek et Quebek.

(3) Qocaib signifie ils sont à deux. Qocavek, composé de eau, chose ornée ou décorée, ek, plante fort belle qui sert dans les décorations champêtres. Dans Qo-Acul et dans Qo-Acu-tec, on trouve les noms de deux familles ou tribus, fixées dans le pays quiché, en des lieux qui s’appellent encore ainsi. Qo-Ahau veut dire Où est le Roi.

Voilà donc les noms de ceux qui s'en allèrent par là de l’autre côté de la mer : les trois alors se mirent en chemin ; certainement c’était leur dessein et c’ était leur sagesse (qu i les faisait agir; car) ce n’est pas en vain (qu’il y a) des hommes de leur nature. Ils prirent congé de tous leurs frères et de leurs parents; remplis d’allégresse, ils partirent : Nous ne mourrons point ; nous reviendrons, dirent-ils, en se mettant en route (tous) les trois.

Sans aucun doute, ils passèrent sur la mer, lorsqu’ils arrivèrent dans l'Orient (4), pour recevoir la royauté. Or voici

bi ahau va, Rahaual Ahrelebal-gih x-e opon-vi.

Ta x-e open cut chuvach ahau Nacxit, u bi nima ahau, xa hu gatol-tzih, tzatz r’ahauarem, are cut x-ya-u uloc r’etal ahauarem, ronohel u vachinel : ta x-petic r’etal ah-popol, ah pop-camhail, ta x-pe cut r’etal u gagal r’ahaua-rem puch Ahpop, Ahpop-Camha x-qiz u ya uloc Nacxit u vachinel r’ahauarem.

Are tak u bi va : muh, galibah, zubak, chamcham, ta-til-ganabah, tzikvil, cohtzikvil, Balam-holom, pich, queh, macutax, tot, tatam, cuz, buz, caxcon, chiyom, aztapulul, ronohel eu que caam ri x-e petic ta x-qui qam ula ri chaka palo, u tzibal Tulan, u tzibal, x-e cha chire qui oqui-nak chupan qui tzih.

Qatepuch ta x-e ulic chiri chuvi qui tinamit, Hacavitz u bi, chiri cut x-e cuch־vi ronohel Tamub, Ilocab, x-e cu-cha quib ronohel amag x-e quicotic ta x-e ulic Qocaib, Qoacutec, Qoahau, xavi chiri chic· x-qui qam-vi c’ahaua-rem amag.

 

le nom du seigneur, du Monarque des Orientaux, où ils arrivèrent (1).

Et lorsqu’ils arrivèrent devant le seigneur Nacxit (2), le nom du grand seigneur, du juge unique, dont la puissance était sans bornes, voilà qu’il leur concéda le signe de la royauté, et tout ce qui la représente : de là vint le signe de la dignité d’ahpop, de celle d’ahpop-camha, et de là vint le signe de la majesté et la puissance de l’Ahpop et de d’Ahpop-Camha, et Nacxit, pour achever, leur cou-céda les insignes de la royauté (3).

En voici tous les noms qui suivent : l’ombre (4), le trône, les flûtes, et autres instruments (5), les poudres de diverses couleurs (6), les parfums (7), le tigre chef, l'oiseau, le cerf..... les coquilles..... les nœuds de pin, les trompettes (8)...... l’enseigne aux plumes de héron (9), toutes les choses enfin qu’ils apportèrent en venant et qu’ils allèrent recevoir de l’autre côté de la mer; Part de peindre de Tulan, son écriture, dirent-ils, pour les choses qui avaient été conservées dans leurs histoires.

(4) Muh, l’ombre, c’est-à-dire les baldaquins ou pavillons travaillés d’or et de plumes précieuses. Selon le Titre des Seigneurs de Totonicapan, ils étaient au nombre de quatre, érigés l’un au-dessus de l’autre et ornés d’un arc pour Ahau-Ahpop ou roi suprême; de trois pavillons pour l’ah-pop-Camha, roi en second, et de deux pour le Nim-Chocoh-Cavek.

(5) Galibah ou galibal, le trône ou siège a dossier; zubak, les flûtes, la musique. Cham-cham, un instrument de musique, dit Ximenez, qui ressemble à certains tambours.

(6) Tatil-ganabah, que les Cakchiquels écrivent titil-ganabah, c’étaient dés terres ou poussières métalliques, ocres de diverses couleurs, dont on frottait tes princes, en signe de consécration en les mettant en possession de leurs droits.

(7) Tzikvil et cohtzikvil paraissent avoir été des parfums ou baumes; on n’en trouve d’explication nulle part. Tzicah signifie exhaler, et tzi-coh, répandre, arroser.

(8) ־La plupart de ces mots, entièrement hors d’usage, sont d’une traduction fort difficile, et nous ne sommes même pas absolument certain de ceux, qui suivent. Balam-holom, Tigre-tête; pich, oiseau; queh, cerf; macutax, que nous n’avons pu traduire; tôt, nom de certains petits coquillages fort fins; tatam, intraduisible; cuz, qui paraît être un ornement en forme de pommes 'de pin ; buz, une sorte de trompette; caxcon et chiyom, intraduisibles.

(9) Aztapulul, enseigne aux plumes de héron, est un mot de la langue nahuatl; il se compose de aztatl, héron, avec l’augmentatif pul ou pol, et paraît devoir être 1e même instrument que l'aztapamitl, étendard aux plumes de héron, dont il est parlé dans l’histoire des Chichimèques(Codex Chimalpopoca, ad An. 1. Tecpatl, 804).

Après qu’ils furent arrivés au sommet de leur ville , nommée Hacavitz, et qu’ils eurent réuni tous ceux de Tamub et d’Ilocab, toutes les tribus s’assemblèrent, se réjouissant de (voir) arriver Qocaib, Qoacutec et Qoahau, qui là de nouveau prirent le gouvernement des tribus (10).

 

X-e quicotic e Rabinaleb, e Cakcheque'leb, Ah-Tziqui-naha,xa r’etal x-qu tun chiquivach ri. u nimalahauarem, nim chic qui qoheic ch’uxic amag, manabe x-qiz-ta qui qut c’ahauarem. Are e qo chiri Hacavitz, xa qo cuq ro-nohel ri x-pe r’elebal gih naht chicut x-qui ban, chiri chuvi huyub e quï chic chi conohel.

Chiri cut x-e cam-vi qtfixokil Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah. Ta x-e petic x-c’okotah chi canoc ri qui huyubal : hunchi huyub x-qui tzukuh are que tiqe-vi, mavi ahilan huyub x-e tiqe-vi, ta x-e cobic, ta x-e binaah puch chirè ri x-e molomanic, x-e chihomanic e nabe ka chuch, e nabe ka cahau,

X-e cha oher tak vinak ta x-qui tzihoh, ta x-qui toloba pu canah־oc nabe qui tinamit Hacavitz u bi, ta x-e ul chi cu chiri x-qui tiqilibeh chic hun tinamit Chi-Quix u bi.

Naht chi x-qui ban chiri chuvi hu-chob tinamit ; que mialanic que qaholanic puch. Chiri que e qo tak vi, are tak cahi huyub va xahun x-ch’oc vi u bi ri qui tinamit.

X-qui culuba qui mial, qui qahol·, xaki chi $ui zi-pah, xa togobanic xa pu maihanic, chi qui bano rahil

Les Rabinaliens, les Cakchiquels et ceux de Tziquinaha (1) furent remplis de joie; ainsi le signe (de la royauté) se manifesta devant leurs regards, la grandeur de leur puissance, et grande aussi devint l’existence des tribus, sans que néanmoins ils eussent achevé d’exhiber leur puissance. C’étaient eux qui étaient là en Hacavitz, et il y avait avec eux tout ce qui était venu de l'Orient lointain où ils avaient fait (leur voyage), et ils étaient là sur la montagne déjà fort nombreux tous ensemble.

(1) Rabinaleb, les Rabinaliens, dont la première capitale fut Rabinala; ses ruines existent encore dans la hacienda de ce nom, à 9 lieues environ à l’ouest du pueblo moderne de Rabin al. Cakchiqueleb, les Cakchiquels, dont la dernière capitale fut Iximché, autrement Tecpan-Guatemala, à une lieue de la grande bourgade de ce nom, et où Alvarado établit la première cité espagnole de Guatémala. Ah-Tziquinaha, ceux. où les habitants de Tziquinaha (Nid d’oiseau), dont la capitale fut Atitlan, sur le lac du même nom.

Là aussi moururent les épouses de Balam-Quitzé, de Balam-Agab et de Mahucutah. Alors ils vinrent, et ayant quitté leurs montagnes, ils cherchèrent d’autres collines où ils se fondèrent ; elles sont innombrables les localités (2) qu’ils fondèrent, leur donnant des noms et changeant les noms (qu’elles avaient auparavant), nos premières mères et nos premiers pères, afin de s’augmenter et d’étendre leur puissance;

(2) L’abandon d’un lieu pour un autre n’était pas un abandon total ; les chefs cherchaient une nouvelle capitale à mesure qu’ils étendaient leurs conquêtes, laissant peuplée la ville qu’ils quittaient. Ces diverses localités ou stations sont énumérées ailleurs dans l’ordre suivant: après le mont Tohil, Qibakiha, Chi-Vaih, Pacaha-Xecoyen, Barabic-Chum, Pambilil-Pantzocan , Ti-Cahchalib, Ti-Batzi, Hobalam-Gana-Uleu, Yamrimba, Chiqui-Tuha, autrement dit Tzutuha, ou les trois chefs de la nation s’associèrent le seigneur Cotuha, qui prit le rang et le titre d’Iqui-Balam. Enfin Chuvi-Cabal, Yamucu-Turaxoh, Chiltzareb, Galemial-Cucurabah, Pache-Chicohom, Chi-Qabauilanie, Chihumet et Culba-Cavinal (Titulo de los Seùores de Totonicapan).

Disaient anciennement les gens, lorsqu’ils racontaient à quelle époque ils avaient abandonné et délaissé d’abord leur ville, nommée Hacavitz, et qu’ils vinrent fonder une autre ville qui fut nommée Chi-Quix (Dans les Epines).

Au loin ils s’y étendirent dans l’orbe de cette ville; ils y engendrèrent des filles et des fils. Ils étaient là fort nombreux, et entre tous (ils couvraient déjà) quatre collines qui portaient (à la fois) le nom de leur ville (de Chi-Quix).

Ils marièrent leurs filles et leurs fils; seulement comme leurs présents (de noces), comme une grâce et comme une

 

qui mial chi qui qamo xa utz qui qoheie x-qui bano.

Ta x-e iqo chiri chuvi h 11־ tak chob chi tinamit, va tak u bi e : Chi-Quix, Chichac, Humetaha, Culba-Cavinal, u bi huyub x-e yaluh-vi. Arecut ca qui nicvachih ri huyub qui tinamit puch, ulah huyub ca qui’tzukuh; e ca qui chic chi cônohel.

Xa cu caminak-oc ri qamol ahauarem r’elebal gih; e mamaxel chic x-e ul chiri chuvi huhun tinamit : mana x־u qam qui vach ri x-e iqo-vi helak vi uloc ; qaxcol rail x-qui bano, ca u naht x-qui riq-vi qui tinamit e mamaxel, e pu cahauixel. Va cu u bi tinamit e x-e ul-vi.

 

VUKPAH CHI TZIH.

Chi Izmachi cutu bi huyub qui tinamit x-eqohe-vi chi naipuch, x-e amagelab vi : ,chiri cul x-qui tih-vi ga-gai, x-qah qui chun qui zahcab chu cah-le-oc ahauab.

offrande, ils faisaient le prix de leurs filles, qu’ils recevaient, et bonne était ainsi la condition qu’ils leur faisaient (1 ).

Alors ils passèrent en chacun des divers quartiers de la ville, et ceux-ci sont leurs divers noms : Chi-Quix., Chichac, Humetaha, Culba-Cavinal (2), et ce sont les noms des localités où ils demeurèrent. Et voilà qu’ils étaient à épier autour des montagnes de leurs villes et qu’ils cherchaient les monts inhabités; car ils étaient fort nombreux tous ensemble.

Déjà étaient morts ceux qui avaient été recevoir la royauté en orient; déjà vieillissant aussi, ils étaient venus (s’établir) en chacune des villes : mais ils ne s’accoutumèrent point dans ces divers endroits où ils passèrent ; ils éprouvèrent bien des peines et des travaux, et c’est loin (de leurs, premières demeures) que déjà aïeux et pères, ils trouvèrent (la localité qui convenait à) leur ville. Or voici le nom de la ville où ils vinrent.

CHAPITRE SEPTIÈME.

En Izmachi est donc le nom dû lieu de leur ville, où ils demeurèrent enfin et où ils s’établirent définitivement (3) : là donc ils mirent en œuvre leur puissance, ayant commencé à bâtir leurs maisons de pierre et de chaux (4) sous la quatrième génération de rois (5).

(3) Chi Izmachi, A. la barbe, ou Aux moustaches, de izm, cheveux, et de chi, bouche. Ce nom vient de Izmaleh, nom d’une antique famille princière, et dont lé pluriel se dit Izmalchi, corrompu depuis en Izmachi. Les Izmaleh, mieux Izmalchi, existent encore aujourd’hui à Rabinal. Us ont des physionomies tout à fait orientales, et nul doute que si lord Kings-borough les eût connus, il eût traduit leur nom en Ismael et fait d’eux des descendants d’Abraham.

(4) X-qah qui chun, qui zahcab, littéralement , on pulvérisa leur chaux, leur tizate, phraséologie qui signifie bâtir de. pierre et de chaux.

Chun est la chaux ou Je plâtre; Zahcab, que l’on appelle tizate, du mexicain tizatt, que Molina traduit cierto barniz 0 tierra blanca, est une terre tant soit peu métallique bonne à faire du ciment, et qui avait un usage mystérieux dans le sacre des princes.

(5) En comptant simplement Balam-Quitzé, comme on le fait ici, Qocavib et Balam-Conaché, nous arrivons, pour la quatrième génération royale, à Cotuha, régnant avec Iztayul. Cotuha était un prince du pays, étranger à la maison de Cavek, dont Qocavib était devenu le chef, peut-être, en écartant son frère aîné, et qui voulait donner un appui à son fils Balam-Conaché. Cotuha fut le promoteur des conquêtes des Quichés, et, à la mort de Balam-Conaché, il fut reconnu comme Ahau-Ahpop, tandis qu’Iztayul, fils aîné de Conaché, entrait au rang d’Ahpop-Camha ; ce mode de succession entre les deux familles parait avoir continué jusqu’à la conquête espagnole.

 

X-e cha curi Conache x-u Beleheb-Queh ruq puch Ga-lel-Ahau. Ta x-ahauar cut ahau Gotuha ruq Iztayul, qui bi Ahpop, Ahpop-Camha x-e ahauar chiri chi Izmachi, utzilah tinamit x-uxic x-qui bano.

Xacu oxib ri nim-ha x-ux chiri chi Izmachi : ma-habi-pc rii huvinak-cahib chi nim-ha, ca oxib-oc qui nim-ha, xahun u nim-ha Cavikib, xa-cu-hun nim-ha chuvach Ni-haibab, xa naipu hun rech Ahau-Quiche.

Xaki caib chi cumatzil ri cachob chi chinamit. Are e qo chi Izmachi xahun qui qux : ma-habi qui tzelal ma-pu-habi qui cayeual ; xa lianic ahauarem, ma-habi qui chaoh, qui yuhuh puch, xa zak, xa amag qo chi qui qux. '

Ma-habi moxvachinic, ma-pu-habi cakvachinic x-qui bano, cachutin-oc qui gagal :marha qui ca nuq-maih-oc, ma-ha-pu ca nimar-oc. Ta x-qui tih cut, x-qu’iqouizah pocob chiri chi Izmachi, x-r’etal cut c’ahauarem ri : ta x-qui bano x-r’etal qui gagal, r’etal naipu qui nimal.

 

Ta x-il cut rumal Ilocab, ta x-vinakir labal rumal Ilo-

 

Ceux-ci donc parlèrent, Conache ainsi que Beleheb-Queh (1), et avec lui le Galel-Ahau. Et ensuite régna le roi Cotuha avec Iztayul. leurs noms de l’Ahpop et de l’Ahpop-Camha, qui régnèrent là en Izmachi, qu’ils avaient faite et qui devint (en leur temps) une ville magnifique (2).

Et seulement trois palais se firent là en Izmachi : il n’y avait pas encore ces vingt-quatre palais (dont nous parlerons plus loin), mais seulement leurs trois palais, un palais seulement de ceux de Cavek, et un seul palais à la face de ceux de Nihaïb, comme également un seul, possession de ceux d’Ahau-Quiché (3).

Seulement (c’étaient) deux serpents ces deux branches de la famille (4). Or ils étaient (tous) dans Izmachi d’un cœur (et d’une âme) : il n’y avait point en eux d’inimitiés; il n’y avait point non plus de difficultés ; la royauté était en repos, sans disputes ni émeutes ; la paix et la félicité étaient dans leurs cœurs.

(4) Cette traduction est littérale, mais nous ne croyons pas avoir éclairci le mystère que ces mots enveloppent. A quoi font-ils allusion, c’est ce que nous ne saurions dire. Le mot cumatz signifie serpent et aussi toute sorte de maladie intérieure ; cumatzil est un pluriel fort rare et qui a quelquefois le sens de charme, sortilège, etc. Cependant, il est possible qu’il s’agisse ici des deux familles régnantes, celle de Cotuha et celle d’Iztayul, ou bien celle de Qocaib et celle de Qocavib, dont les rivalités troublaient le pays, quoi qu’en dise ici le texte.

Il n’y avait point d’envie, il n’y avait point de jalousie dans ce qu’ils faisaient, et leur puissance était encore restreinte : ils n’avaient encore concerté rien de grand ni ne s’étaient élevés. Mais alors ils tentèrent de faire passer le bouclier là en Izmachi, comme le signe de leur empire ; ils en firent alors le signe de leur majesté, et le signe également de leur grandeur.

Et lorsqu’Ilocab s’en aperçut (5), la guerre s’alluma par

(5) Déjà affaiblis par les usurpation s et les conquêtes de ceux de Cavek, les chefs de la race d’Ilocab font un dernier effort, et succombent à la tâche.

 

cab, x-r’ah ul camizax-oc rii ahau Cotuha, xa-cu-hun ahau x-rah cuquib. Areri ahau Iztayul x־r’ah qui tihoh, x-r’ah tihox cumal Ilocab, chi camizanic.

 

Macu x־el apon-ocqui moxvachibal chirih ahau Cotuha, xa chiquih x-kah־vi ma-nabe x-cam-ta ri ahau rumal Ilo-cab. Quehecut u xenahicyuhuh, chaquimal labal puch.

X-c’oquibeh nabe tinamit, x-e bec e camizanel : are-ta eu x-c’ah ri zach-ta u ·vach Quiche, xata qui-tuquel x-ahauariç chi qui qux. Xa-cu-are x-e ul cam-oc ; x-e te-lechexic, x-e canabix puch, mavi harub chic x-colo-tah chique.

Ta x-tiqer cut puzunic : x-e puz ri Ilocab chuvach qa-bauil, are chic tohbal qui mak x-uxic rumal ahau Cotuha. Qui chicut x-oc chi munil x-e alabilaxic x-e vinakix puch, xa x-be qui ya quib chi chakix rumal qui nuqbal labal chirih ahau, chirih civan-tinamit.

X-maixic, x-qutux-la u vach rahaual Quiche x-r’ah qui qux ; ma cu x-banatahic. Quehecut u vinakiric u puzic vinak chuva qabauil, ta x-ban ri pocob labal, u xe ta tiqaric u pocobaxic tinamit chi Izmachi.

Chila x-tiqar-vi u xenahic gagal, rumal ri xax nim vi

 

les soins d’Ilocab, qui voulut faire tuer ce roi Cotuha, (ceux d’Ilocab) ne voulant qu’un roi et (qu’il fût) avec eux. Quant au roi Iztayul, ils voulaient le châtier , ils voulaient qu’il fût puni pour la cause d’Ilocab, en lui donnant la mort (1 ).

Mais leur jalousie ne réussit pas contre le roi Cotuha, qui descendit sur eux avant que de périr par la main d’Ilocab. Telle fut donc l’origine de la révolte et du tumulte de la guerre.

Ils entrèrent d’assaut tout d’abord dans la ville et passèrent leur chemin en massacrant : car ce qu’ils voulaient, c’était la ruine du nom Quiché (2), dans la pensée de régner seuls. Mais ils ne vinrent que pour mourir ; ils furent captivés et faits prisonniers, sans qu’un grand nombre d’entre eux parvînt à s’échapper.

Et alors on commença à les sacrifier : ceux d’Ilocab furent immolés devant le dieu, et c’est là le châtiment de leur péché, qui eut lieu par ordre du roi Cotuha. Un grand nombre également entrèrent en servitude et ils furent réduits en esclavage, après être allés se faire écraser à cause qu’ils avaient allumé la guerre contre le roi et contre les circonvallations de la cité.

Que le nom du roi du Quiché fût ruiné et livré à l'opprobre, c’était ce que leurs cœurs voulaient; mais rien ne put s’exécuter. Ainsi donc naquirent les sacrifices humains devant le dieu (3), lorsqu’on fit des boucliers (4) de guerre, cause des fortifications de la cité qu’on commença en Izmachi.

Là se fonda le berceau de sa puissance, parce qu’en vé-

 

fahauarem Quiche ahau. Humah e naual ahauab, x-ma qo-vi qui yogotah-vi, x-ma qo-vi alachinak ch’oc chique ; xavi banol rech nimal ahauarem chiri xenahinak-vi chi Izmachi.

Chiri x-nimar-vi u qixic qabauil, chi xibin chic; x-u xibih pu rib ronohel amag, chuti amag, nima amag, x-qui vachih r’oquic teleche vinak x-qui puzu, x-qui camizah rumal qui gagal, qui tepeual ri ahau Cotuha, aha-Ztayul, ruq Nihaibab, Ahau-Quiche.

Xa ox-chob chi chinamit x־qohe chiri chi Izmachi, u bi tinamit, ca chiri chi naipuch x-qui tiqiba vi vaim u qaha chirech qui mial, la x-qui ziih uloc.

Are qui cuchbal quib ri-oxib chi nim-ha u bi cumal, chiri cut chi c’uqah-vi c’uquiya, chiri puch chi qui veeh vi qui va, rahil c’anab, rahil pu mial, xa quicotem chi qui qux, la x-qui bano x-e vaic x-e ocha chupam qui nim-ha.

Xa ka. qamouabal xa pu ka pagubal chirech k’etal ka tzihel, r’etal ka tzih chuvi ixokal, achihal, x-e cha. Chila x-cob-vi uloc, chila puch x-qui byih-vi, qui

 

rité grand était l’empire du roi Quiché. Partout (il se montrait entouré) de princes puissants en œuvres(1), sans qu’il y eût personne qui pût les humilier, sans qu’il y eût aucun qui pût les entamer, et par cela même faisant la grandeur propre de la royauté qui s’était implantée dans Izmachi.

Là s’accrut l’usage de se piquer avec (des épines devant) le dieu, ainsi que l’épouvante; et toutes les nations s’épouvantèrent, les petites nations et les grandes nations, en contemplant l’entrée des captifs qu’ils sacrifiaient et qu’ils tuaient à cause de la majesté et de la grandeur du roi Cotuha, du roi Iztayul (2), avec ceux de Nihaïb et d’Ahau-Quiché.

Seulement ces trois branches de la famille (royale) demeuraient là dans Izmachi, (qui était) le nom de la cité, et c’est là également qu’ils commencèrent les festins et orgies pour leurs filles, quand ils venaient porter du bois (pour l’usage des temples (3).

C’était là le motif pour les trois (branches de la famille) de s’assembler dans les palais ainsi nommés à cause d’eux, et là ils buvaient leurs boissons (4) et là aussi ils mangeaient leurs mets, prix de leurs sœurs, et prix de leurs filles (5), et l’allégresse dans le cœur, ils ne faisaient alors que manger et boire dans leurs coupes peintes (6) au dedans de leurs palais.

Ce sont là nos remercîments et nos actions de grâces (envers les dieux) pour notre postérité, signe de notre parole (7) sur les filles et les garçons, disaient-ils. C’est là

(7) Chirech k’etal ka tzihel, r'etal ka izih, pour notre signe, notre discours, le signe de notre parole, et souvent aussi de notre postérité.

 

chinamit quib, vuk-amag quib, qui tiepan quib :

Ka culel kib, oh Cavikib, oh Nihaib, oh pu Ahau-Qui-che, x-e cha e oxib chinamit, oxib puch nim-ha. Naht cut x-qui ban chiri chi Izmachi, ta x-qui riq chic ta x-qu’il puch hunchic tinarait, x-c’ogotah chi vi n chi Izmachi.

VAHXAKPAH CHI TZIH.

Qatepuch ta x-e yacatah chi uloc, x-e ul, chiri pa-tina-mit Gumarcaah, u bi, cumal Quiche ch’uchaxic, ta x-e ul chic ahauab, Goluha ruq Gucumatz, ruq puch ronohel ahauab : x-r’oquex-oc x-r’olea puch vinak u xe zak, u xe amag, uxe qazlem vinakirem.

Chiri cut qui x-qui ban-vi c’ochoch, chiri naipuch x-qui ban-vi r’ochoch qabauil, chu nicahal u vi tinamit x-qui ya-vi, ta x-e ulic ta x-qui tiqilibeh puch.

 

qu’ils vinrent imposer les noms (1), et c’est là qu’ils se titulèrent, qu’ils se partagèrent en familles, s’organisèrent en sept tribus et se classèrent par calpules (2).

Unissons-nous, nous les Cavek, nous les Nihaïb, et nous les Ahau-Quiché, dirent les trois familles et les trois grandes maisons. Et longtemps ils firent (leur demeure) dans Izmachi, jusqu’à ce qu’ils eurent trouvé et qu’ils eurent vu une autre ville et qu’ils eurent abandonné à son tour celle d’izmachi (3).

 

CHAPITRE HUITIÈME.

Après cela, quand ils se levèrent pour s’en aller (d’Izmachi), ils vinrent à la capitale, dont le nom est Gumarcaah (4), qui fut ainsi nommée par les Quichés, lorsque vinrent les rois, Cotuha et Gucumatz, ainsi que tous les princes : on était entré alors à la cinquième génération d’hommes (à compter) du commencement de la civilisation et de l’origine de l’existence (des Quichés) en corps de nation.

Et là en grand nombre ils bâtirent leurs maisons, et là également ils bâtirent la maison du dieu au centre du point culminant de la cité où ils la placèrent lorsqu’ils vinrent s’y établir (5).

Qatepuch u nimaric chic c’ahauarem : qui chic e pu tzatz chic ta x-qui naohih chic qui nim-ha, x-e moloxic, x-e hachahox puch. Rumal x-vinakir qui chaoh ; x-e cakvachin chi quib chuvi rahil c’anab, rahil qui mial, xa mavi chi tzakon c’Uqiya chi qui vach.

Are chicut u xe chic qui hachouic quib, ta x-qui tzol-beh quib tzolcakbeh bak u holom caminak x-qui cakbeh quib. Ta x-qui pax ri beletak chi chinamit : x-banom-oc u chaohil anam, mial, ta x-ban u naohixic ahauarem hu-vinak-cahib chi nim-ha I x-uxic.

X-oher-oc que ulic conohel chiri chuvi qui tinamit, ta x-e tzakat huvinak e cahib nim-ha chiri pa-tinamit Gu-marcaah, x־utzirizaxic rumal Sor Obispo ; ri tinamit ca x-tole canoc.

X-e gagar chiri x-nuq-maihinak-oc qui tern qui chakat, x-hachatzox qui vach hutak vi chi gag huhun chi ahauab ; beleheb tak chi chinamit x-u qolela rib beleheb chi ahauab Cavikib, beleheb chi ahauab Nihaibab, cahi chi ahauab Ahau-Quiche, caib chi ahau Zakikib.

Après quoi leur empire prit un nouvel accroissement : (et comme ils étaient) en nombre fort considérable, leurs grandes maisons tinrent encore une fois conseil, et s’étant assemblées, elles se subdivisèrent (1). Car il avait surgi ‘des querelles; elles se jalousaient les unes les autres pour la rançon de leurs sœurs et de leurs filles, déjà elles n’offraient plus leurs boissons (accoutumées) en leur présence (2).

Voilà donc quelle fut l’origine de leur séparation, lorsqu’ils se tournèrent les uns contre les autres et qu’ils se lancèrent mutuellement les os et les têtes des morts et qu'ils se les renvoyèrent les uns aux autres (3). Alors ils se partagèrent en neuf familles : s’étant donc terminée la querelle des sœurs et des fil les, on mit à exécution ce qu’on avait résolu (de subdiviser) la royauté en vingt-quatre grandes maisons ; c’est ce qui eut lieu.

(3) Fruits de la guerre civile ; on déterrait les morts pour insulter à leurs restes et on se les renvoyait dans les combats où les partis probablement se retranchèrent plus d’une fois sur les grands tumuli qui servaient de tombeaux. Ces désordres auraient déterminé Gucumatz à abandonner le séjour d’Izmachi., quoique' cette ville continuât depuis à être habitée, mais comme un ,quartier ou faubourg éloigné de la capitale.

Il y a longtemps déjà depuis l’arrivée de tous (ces princes) dans cette ville, (ce qui eut lieu) lorsque se complétèrent les vingt-quatre grandes maisons dans la capitale (dite) Gumarcaah, qui fut bénie par le Seigneur Evêque ; cette ville s’est depuis lors (entièrement) dépeuplée (4).

Là ils s’agrandirent ayant réuni avec éclat leurs trônes et leurs sièges princiers ; les titres de tous leurs honneurs ayant été distribués à chacun des princes, il se forma neuf familles avec les neuf princes de Cavek, neuf avec les princes de Nihaïb, quatre avec les princes d’Ahau-Quiché et deux avec les seigneurs de Zakik (5).

Quïa-takx-uxic, qui chi naipuch chirih huhun ahauab; xa u nabe ri qo chi vi r’al u qahol, tzatz u chinami-tai huhun chi ahauab : chi ka byih qui bi ri ahauab chu huhunal huhun u nim-ha. ־

Vae cute qui bi ahauab chuvach Cavikib, are nabe ahau · va : Ahpop, Ahpop-Camha, Ah-Tohil, Ah-Gucumatz, Nim-Chocoh-Cavek, Popol-Vinak-Chituy, Lolmet-Quehnay, Po-pol-Vinak-Pa-Hom-Tzalatz, Uchuch-Camha.

Are cut ahauab ri chuvach Cavikib, beleheb chi ahauab, qolehe u nim-ha chu huhunal qate chic chi vachin u vach.

Are chi cu ahauab va chuvach Nihaibab, are nabe ahau va, Ahau-Galel ; Ahau-Ahtzic-Vinak, Gale-Gamha, . Nima-Camha , Uchuch-Camha, Nim-Chocoh-Nihaibab, Avilix , Yacol-Atam-Utzam-pop-Zak-latol, Nima Lolmet-Yeoltux, beleheb cut chi ahauab chuvach Nihaibab.

Are chicut Ahau-Quiche va, vae qui bi ahauab : Ahtzic* Vinak ; Ahau-Lolmet, Ahau-Nim-Chocoh-Ahau-Quiche, Ahau-Hacavilz, cahib ahauab chuvach Ahau-Quichéeb, qolehe u nim-ha.

Caib chinamit chi naipuch Zakikib ahauab, Tzutuha, Ga-lel-Zakik, xahun chi nim-ha e caib chi ahauab.

 

Ils devinrent fort nombreux, et nombreux également (étaient les hommes qui venaient) à la suite de chacun des princes; ils étaient les premiers à la tête de leurs vassaux, et beaucoup, beaucoup de familles, (appartenaient) à chacun des princes ; nous allons dire les titres de ces princes chacun en particulier et de chacune des grandes maisons.

Or voici les titres des princes à la face de ceux de Cavek, celui-ci est le premier prince : l'Ahpop, l'Ahpop-Cainha, le (prince des prêtres) de Tohil, le (prince des prêtres) de Gucumatz, le Grand-Elu de Cavek, le conseiller de Chituy, le Ministre des tributs, le Conseiller au jeu de Paume de Tzalatz, le Majordome en chef (1).

(1) Nous traduirons ces titres aussi bien que possible , sans répondre toutefois du sens, tous étant absolument oubliés aujourd’hui. ־

Tels sont les princes à la face de ceux de Cavek, neuf princes, dont les grandes maisons sont classées chacune en son rang et dont le titre sera expliqué de nouveau ensuite (2).

(2) Voir le dernier chapitre.  

Or voici, les (noms des) princes à la face de ceux de Nihaïb, et celui-ci est le premier prince, l'Ahau-Galel; l'Ahau-Ahtzic-Tinak ג le Gale-Camha ג le Nima-Camha, l'Uchuch-Camha, le Grand-Elu de Nihaïb, le (prince des prêtres) d'Avilix, le Yacol-Atam-Utzam-pop-Zaklatol, le Ministre de Yeoltux, et ce sont les neuf princes à la face de Nihaïb.

Voici également ceux d’Ahau-Quiché et voici les titres de leurs princes : l'Ahtzic-Vinak, l'Ahau-Lolmet, le prince Grand-Elu Ahau-Quiché, le prince (des prêtres) de Hacavitz, quatre princes à la face de ceux d’Ahau-Quiché, dans l’ordre de leurs grandes maisons.

Deux familles également (se formèrent) des seigneurs de Zakik, de Tzutuha et de Galel-Zakik, (quoiqu’il n’y eût) qu’une seule grande maison pour les deux princes.

      

BELEHPAH CHI TZIH.

Quehecut x-tzakat-vi hu vinak cahib chi ahauab, huvi-nak cahib naipuch chi nim-ha x־uxic ; la x-nimaric gagal tepeual pa Quiche ; ta x-gagaric, ta x-tepeuaric u nimal r’alal Quiche, ta x-chunaxic ta x-zahcabix puch zivan-ti-namit.

X-ul chuti amag, nima amag qo cut u bi ahau x-nima-rizan Quiche : ta x-vinakiric gagal tepeual ; ta x-vinakiric r’ochoch Qabauil, c’ochoch naipu ahauab. Ma naipu are x-e banouic ; mavi x-e chakun-tah, ma-pu x-qui ban-ta c’ochochmanai-pu xa-ta x-qui ban r’ochoch qui Qabauil, xa rumal x-equiriç c’al qui qahol ;

Mana xa qui bochi xa-ta pu qu’eleg qui cupun-ta puch, quitzih vi chiquech ahauab chi qui huhunal ; tzatz naipuch c’atz qui chag x-uxic, x-molomoxic u qoheic, x-molomox naipuch u tabal tzih hun chi ahauab.

 

Quitzih-vi chi e log quitzih puch chi nim qui galem * ahauab ·, nimatalic xouatal puch u gih r’alaxic ahauab ru-mal r’al u qahol, ta x-quïaric ahzivan, ahtinamit ruq nai-puch.                   

 

CHAPITRE NEUVIÈME.

Ainsi donc se complétèrent les vingt-quatre princes, comme il exista également vingt-quatre grandes maisons ; alors s’accrut ·la puissance avec la majesté au Quiché ; alors se fortifia et s’étendit la grandeur avec le joug du Quiché, lorsque la cité avec ses ravins fut bâtie de pierre et de chaux et se couvrit de ciment (1).

(1) Civan-tinamit, ravins et cité; c’est la ville fortifiée par ses murs, ses forteresses et les ravins qui l’entourent et lui servent de fossés naturels, les plus formidables qu’on puisse imaginer : c’est la condition de la plupart des anciennes cités de l'Amérique centrale־ Utlatlan ou Gumarcaah se composait de trois plateaux distincts, entourés de ravins, reliés entre eux par des chemins à dos d’âne, revêtus de pierres de taille : notre compatriote M. César Daly en a relevé tous les plans en 1857 : il n’y avait qu’une seule entrée pour cette grande ville, celle par où on y pénètre encore aujourd’hui. Sur un autre plateau, au nord d’Utlatlan, sont les ruines d'Ilocab, avec une entrée particulière, et au sud celle d'Izmachi, où l’on n’entre également que par un chemin qui lui est propre.

Les nations petites et grandes venaient où était le nom du roi, contribuant à illustrer le Quiché : alors surgit la puissance avec la majesté ; alors surgit la maison du Dieu, ainsi que les maisons des princes. Mais ce ne furent pas eux qui les firent; ils n’y travaillèrent point, n’ayant pas pu construire leurs maisons, ni même pu édifier la maison de leur Dieu, car ce fut par leurs vassaux qui s’étaient multipliés ;

Ce ne fut certainement pas la ruse, ni la violence qui les attirèrent ; en vérité ils appartenaient à ces princes chacun en particulier ; en grand nombre étaient aussi leurs frères et leurs parents, leur condition s’étant accrue, comme s’était accrue aussi la renommée des oracles (sortant) de la bouche des princes.

Car véritablement ils étaient estimés, et grande était véritablement la gloire des princes ; et la vénération (qu’on avait pour eux) croissait ainsi que leur renommée, à cause de leurs vassaux, et les habitants des ravins (d’alentour et de l’intérieur) de la ville augmentaient aussi en même temps qu’eux (2).

(2) Ah-civan, ah-tinamit, habitants des ravins, habitants de la cité; tous ces ravins étaient habités par le bas peuple, et c’est de là que sortirent ces légions d’ennemis qui assaillirent si souvent et à l'improviste les soldats d’Alvarado, campés dans la plaine du Quiché en 1524.


Mana xata qui quehe x-ul qui ya quib ronohel amag, ca labal cut, x-kah-vi u zivan u tinam it ; ca rumal qui naual ahauab, x-e gagaric rii ahau Gucumatz, ahau Go-tuha.

Quitzih chi naual ahau ri Gucumatz x-uxic : huvuk ch’akan chi cah, huvuk cut chi be u bana kah-oc chi Xi-balba : huvuk chicut chi qohe chi cumatzil, quitzih chi cu-matz ch’uxic : huvukchi naipuch ch’u bano chi cotai, hu-vuk chic chi balamil, quitzih vi chi cot, chi balam u va-chibal ch’uxic; huvuk chic chi remeicchi quiqel utuquel remanie quiq ch’uxic.

Quitzih chi naual ahau u qoheic xibixib chuvach rumal ronohel ahauab. X־paxin ributaic, x-u ta ronohel ahauab amag u qoheic naual *ahau. Arecut u tiqaric u nimaric puch Quiche, ta x-u ban ahau Gucumatz r’etal nimah.

X-ma zachel u vach u mam u qahol chu qux : ma-habia ta-la x-ban vi ri x-qohe-ta hun ahau naual, ta u qoheic xa yogbal rech ronohel amag, ta x-u bano xa u qutbal rib rumal xere huqueic u ho-lom amag. X-uxic u cah-le ahau ri naual ahau


Ce n’est pas certainement que toutes les nations vinssent se rendre ainsi, comme en temps de guerre on entre par force dans leurs ravins et leurs villes, mais bien à cause des prodiges opérés par les rois et qui glorifièrent le roi Gucumatz et le roi Cotuha (1 ).

(1) Gucumatz et Cotuha II, Ahpop-Gamha de Gucumatz; la persuasion, la crainte et la violence achevèrent de leur soumettre la plus grande partie du pays des Marnes avec une·, grande étendue de la côte de Suchitepeque (Titulo de los Senores de Quezaltenango).

Véritablement ce Gucumatz devint un roi merveilleux : chaque sept (jours) il montait au ciel (2) et en sept (jours) il faisait le chemin pour descendre à Xibalba (3) : tous les sept (jours) il revêtait la nature du serpent et véritablement il devenait serpent : tous les sept (jours) également, il se faisait de la nature de l’aigle, tous les sept (jours) aussi, de la nature du tigre, et véritablement il devenait l’image parfaite d’un aigle et d’un tigre; tous les sept (jours) aussi, (il prenait) la nature du sang coagulé (4) et il n’était que du sang coagulé.

(4) Toutes les histoires sont remplies des métamorphoses surprenantes de Gucumatz; nous n’entreprendrons pas de les expliquer.

En vérité l’existence de ce prince merveilleux remplissait d’effroi pour cela même tous les princes devant sa face. Le bruit s’en, répandit (de tous les côtés) ; tous les rois des nations entendirent (ce qu’on disait) de l’existence de ce prince prodigieux. Et ce fut là l’origine de la grandeur du Quiché, quand le roi Gucumatz opéra ces signes de sa puissance.

Le souvenir de ses petits-fils et de ses fils ne se perdit point dans la mémoire (des peuples) : non pas qu’il eut fait ces choses pour qu’il y eût un roi, opérateur de merveilles, mais afin que sa condition fût un moyen de dominer toutes les nations et pour en faire un moyen de se ma-

 

Gucumatz u bi , xavixare Ah pop, Ahpop-Camha.

X-canah chicut qu’etal qui tzihel x-e gagaric x-e te-peuar puch ta x-e qaholan chicut ca qui qahol eut tzatz chic x-u bano. X-qaholax ri Tepepul Ztayul xaki ahaua-rem x-u bano r’ole ; ahau x-uxic xavi x-e qaholanic hu-tak le chi ahauab.

 

LAHPAH CHI TZIH.

Va chicute qui biy chic u vak-le ahau, e caib chi nimak ahauab, E-Gag-Quicab, u bi hun ahau, Cavizimah u bi hunchic. Arecut tzatz chic x-u ban ri Quicab, Cavizimah, are chi x-nimarizan Quiche rumal quitzih naual u qoheic.

Are kahouic are puch x-paxinic u zivan u tinamit chuti ־ amag, nima amag, nakah tak, uxol qo-vi tinamit oher are u huyubal Cakchequeleb, ri Chuvila vacamic, u huyubal chi naipu Rabinaleb, ri Pamaca, u huyub cu Caokeb, ri

 

nifester à elles comme le seul chef des peuples. Ce roi prodigieux, Gucumatz par son nom, fut la quatrième génération royale, et certainement (il se distingua comme) Ahpop et Ahpop-Camha (1).

Il resta d’eux également de la postérité et des descendants qui régnèrent aussi avec majesté et qui engendrèrent alors des fils qui firent aussi beaucoup de choses. Ainsi furent engendrés Tepepul et Iztayul, dont le règne fit la cinquième génération ; rois ils furent (l’un et l’autre) et chacune des générations de ces princes procréa des fils.

CHAPITRE DIXIÈME.

Voici maintenant les noms de la sixième génération royale, des deux grands rois, É-Gag-Quicab, nom du premier roi, et Cavizimah, nom du second (2). Et voici les grandes choses que firent Quicab et Cavizimah, et voici comment s’illustra le Quiché à cause de leur condition réellement merveilleuse.

Voici donc la conquête et la destruction des ravins et des villes des nations petites et grandes, toutes très-rapprochées entre lesquelles (était) la ville (distinguée) naguères comme la patrie des Cakchiquels (3), celle qui est aujour-

Zakabaha, u tinamit chicot Zakuleuab, Chuvi-Migina, Xelahu, Chuva-Tzak ruq Tzolohche.

Are x-r’ixouah Quicab : x-u ban labal quilzih vi x-ka-hic, x-paxic u zivan u tinamit Rabinaleb, Cakchequeleb, Zakuleuab : x-uleic x־pagaic ronohel amag, ca x-toge chi-naht u camiza Quicab. Huchob, ca-chob ta chic mavi c’u qam u patan chirech ronohel, x-kah u tinamit x-u qam u patan chu vach Quicab, Cavizimah ;

X-e oc chi munii ; x-e lotzic, x-e cakquic chi che : ma-habi qui gih, ma-habi c’alaxic x-nxic. Xa-cha mi-x-qohe paxibal tinamit huzu chi hixtahic u chi uleu; queheri chi gozin caculha ch’u paxih abah chi xibinic libahchi ch’elah amag.

Chuvach Colche r’etal tinamit rumal vacamic hun huyub abah, x-zcaquin chic mavi x-gatatahic queheri x-choi chi ikah rumal ; chi la qo-vi pa tagah Petatayub u bi, calah

 

d’hui Chuvila (1 ), comme aussi dans les montagnes des Rabinaliens (2), celle de Pamaca (3), dans les montagnes de Caokeb (4), celle de Zakabaha (5), comme aussi la ville de ceux de Zakuleu (6), de Chuvi-Migina (7), de Xelahu(8), de Chuva-Tzak (9) ainsi que celle de Tzolohché (10).

(5.) Zakabaha, mieux Zakcabaha, blanche maison des sacrifices, aujourd’hui San-Andres, à 8 l. environ NN.-E. de Santa-Cruz del Quiché; c’était probablement une ville de la domination des Agaab. Etait-ce la même que Cahba-ha, dont il est parlé plus loin, lieu célèbre pour les sacrifices qu’on y offrait anciennement, c’est ce qu’il est difficile de déminer ; l’un, cependant, ne devait pas être bien loin de l'autre, Cahbaha étant une ville des Agaab, aux limites de Zacapulas et de S. Pedro Jocopilas, ou Tamub.

(6) Zakuleu, Terre Blanche, dont les ruines existent, à 1 l. à l’ouest de Huehuetenango; c’était une ville et forteresse des Marnes, et son nom en cette langue était Chinabahul.

(7) Chuvi-Migina ou Megena, Au-dessus de l’Eau bouillante, ville et forteresse qui de marne devint quichée; elle était située sur une haute montagne où l’on voit encore ses ruines, que les Indiens désignent sous le nom de Coxtum, le château, au midi de Totonicapan où elles dominent les sources d’eaux thermales qui lui ont donné son nom.

(8) Xelahu, dit aussi Xelahun-Quieh, sous les dix et sous les Dix-Cerfs, grande et ancienne ville marne avant d’être quichée et qui s’appelait alors Qulaha, située au pied du volcan d'Excanul, ou de Santa-Maria, aujourd’hui transportée avec ses habitants à Quetzaltenango. Son chef, qui s’appelait Chunzak-Yoc , fut vaincu et probablement mis à mort par Quicab (Titulo de los Sénores de Quezaltenango).

Ces (villes) abhorraient Quicab : il leur fit la guerre et véritablement il conquit et ruina les ravins et les villes <les Rabinaliens, des Cakchiquels, et de ceux de Zakuleu : il amena et vainquit tous les peuples, et au loin Quicab étendit ses armes. Une ou deux nations n’ayant pas apporté le tribut de toutes leurs possessions, il entra de force dans leurs villes, pour qu’elles apportassent leurs tributs à la face de Quicab et de Cavizimah ;

Elles entrèrent en servitude; elles furent tourmentées et (leurs citoyens) attachés à des arbres et percés de flèches ; il n’y eut plus pour elles ni gloire ni honneur. Telle fut la ruine de ces villes, sitôt détruites à la face de la terre ; comme la foudre qui frappe et brise la pierre, ainsi parla terreur aussitôt il écrasait les nations (11).

Devant Colché, comme signal d’une ville (ruinée) par lui, existe aujourd’hui une montagne de rocher, et peu s’en faut qu’elle ne soit taillée comme s’il l’eût tranchée de sa

 

vacamic ca r’il ronohel vinak que iqo-vi r’etal r’achihilal Quicab.

Ma-habi x-cam-vi,ma-pu-habi x-chakatah-vi : quilzih vi chi achih, x-u qam cut u patan ronohel amag. Ta x-e naohin cut ahauab conohel ta x-bec gatey rih zivan, rih ti-namit x-kahinak-oc u tinamit ronohel amag.

Qatecut ta r’elic varanel ilol ahlabal, la x-quiba cut u vachinel chinamit lagabey huyub : Ve chi pe chic ta ch’ul u lagabeh u tinamit amag, x-e cha ta x-qui cuch qui naoh conohel ahauab. .

Ta x־el qui vaban : Queheri kaquehoh, quehe-pu ־ca ka chinamit, quehe naipuch katzalam, ka qo’xtun ch’uxic are chic k’oyoual, k’achihilal ta chhix-oc, x-e cha conohel ahauab, ta x-e elic u vaban huhun chi chinamit, culelaay rech ahlabal.

Ta x-e pixabax cut ta x-e be puch vaban lagabey u huyubal amag, chi bee rumal ca huyubal chic : M’y xibih yvib uve qo chic ahlabal ch’ul chic yvuq ta camizai yve י anim ch’ul y byih, ch’i be, nu ca camizah, x-cha־cut Qui-

 

hache ; elle est là Sur la côte nommée de Petatayub (1), où elle est encore visible aujourd’hui, que tout le monde la voit en passant, comme, le signe de la vaillance de Quicab.

(4) Colche ne se retrouve pas parmi les noms qu’on a conservés des villes de la grande côte du Xuchitepec. dont il est question ici : le nom de Petatayub est d’origine nahuatl, Petlatl-ayutl, qui désigne une espèce de tortue : entre les populations de cette contrée, les unes étaient d’origine marne, les autres d’origine nahuatl, et elles avaient été déjà soumises au tribut sous le règne de Gucumatz. Le gros de la nation marne, renfermée dans les montagnes inaccessibles qui s’étendent au nord-ouest du volcan de Tajumulco jusqu’à celui de Tacana, s’efforça de résister à ce torrent impétueux’ Mais tout le pays de Xetulul (Zapotitlan), de Cuyotenango (Tzam-Yac), de Mazatenango (Cakolqueh), la côte entière, avec ses riches produits, devint la proie des Quichés jusqu’à Mazatlan, au territoire de Soconusco. Entre les tributs que les chefs de cette contrée s’engagèrent à payer au roi, on cite le poisson de Zamala, de l’Uquz, du Nil et du Xab qui sont quatre rivières débouchant sur l’océan Pacifique (Titulo de los Sénores de Quezaltenango).

On ne put ni le tuer ni le vaincre : véritablement c’était un héros et toutes les nations lui apportaient leur tribut. Alors tous les princes ayant pris conseil, s’en allèrent fortifier les contours des ravins et des villes, ayant emporté dès lors les villes de toutes les nations (2).

(2) C’est ce qui explique comment la langue quichée se substitua dans tous ces lieux à la langue marne, avec laquelle elle a, d’aifleurs, une parenté fort rapprochée.

Après quoi on fit sortir les sentinelles, chargées d’observer l’ennemi (loin de la capitale), et l’on créa les nouvelles tribus qui devaient (comme des colonies) occuper à demeure les pays conquis (3). Pour le cas où le peuple retournerait occuper la ville, dirent tous les princes en se réunissant en conseil.

Alors ils sortirent aux lieux qui leur avaient été signalés : Ce seront là comme nos retranchements et comme nos tribus, ce seront comme nos murailles et nos châteaux; que ce soit là notre force et notre bravoure, dirent tous les seigneurs, lorsqu’ils s’acheminèrent au poste signalé à chacun pour sa tribu et y combattre ses ennemis (4).

Et lorsqu’ils furent avertis ainsi (de ce qu’ils avaient à faire), ils se mirent en chemin, pour prendre possession des pays des nations (vaincues) qui leur étaient signalés et s’en allèrent pour cela à ces pays : Ne vous effrayez point

 

cab chiquech, la x-e pixabaxic conohel vach ruq Galel, Ah tzic■ Vinak.

Ta x-beiheic ri uchi-cha. uchi-qam, clTu chaxic : ta x-paxin rib u mam u cahau ri ronohel queche vinak; qo pa huhun chi huyub, xa chahal huyub, xa pu chahal cha, caam, chahal labal puch ta x-bec. Mana hunta zakir vi manai-puch hunta u qabauil, xa gatey rih tinamit.

Ta x-elic ronohel Ah-Uvila, Ah-Chutimal, Zakiya, Xah-baquieh, Chi-Temah, Vahxalahuh, ruq chic Ah־Cabrakan, Chabicak-Chi-Hunahpu, ruq Ah-Maka, Ah-Xoyabah, Ah-Zakcabaha, Ah-Ziyaha, Ah-Migina, Ah-Xèlahuh, ta-gahal huyub ri ; x-elic varay labal, chahal uleu ta x-bec rumal Quicab, Gavizimah, Ahpop, Ahpop-Camha, Galel, Ahtzic-Vinak, e cahib chi ahauab. · *

X-e takonic, x-e varan puch ahlabal Quicab, Cavizi-mah u bi ahau chuvach Cavikib e caib, Quema u bi ahau chuvach Nihàib, Achak-Iboy cutu bi ahau chuvach Ahau-Quiche. Are cut qui bi ahau ri x-e takouic, x-e zamahe-

 

s’il y a encore des ennemis et qu’ils viennent à vous pour ' vous tuer : en toute hâte venez me le dire, j’irai et les ferai mourir, leur dit aussi Quicab, quand tous les chefs furent congédiés avec le Galel et l’Ahtzic-Vinak (1).

Alors partirent avec armes et bagages les chefs-de-lances et les chefs-de-frondes, ainsi qu’on les appelait : alors se répandirent de toutes parts les aïeux et les pères de toute la nation qnichée ; il y en eut en chacune des contrées (conquises), seulement pour garder les monts, pour garder les lances et les frondes et pour veiller à la guerre, au moment où ils s’en furent. Ils n’eurent point un berceau différent et point non plus .de dieu distinct (de celui de la mère-patrie, n’ayant pensé alors) qu’à fortifier leurs villes.

Alors sortirent (de la capitale) tous les (princes désignés comme) seigneurs d'Uvila (2), de Chutimal, de Zakiya, de Xahbaquieh, de Temah, de Vahxalahuh, avec les seigneurs de Cabrakan (3), de Chabicak en Hunahpu (4), avec les seigneurs de Pamaka, de Xoyabah (5), de Zakcabaha, de Ziyaha(6), de Migina, de Xelahuh et des pays de la côte ; ils sortirent pour veiller à la guerre et garder la terre où ils allèrent par ordre de Quicab et de Cavizimah, l’Ahpop et l’Ahpop-Camha, du Galel et de l’Ahtzic-Vinak, qui étaient les quatre souverains.

(3) Cabrakan, généralement désigné sous le nom de Cabrikan, dans les montagnes qui s'élèvent au N-O. de Quezaltenango.

(5) Xoyabah, mieux Xol-abah, Au milieu des pierres; c’était une forteresse qui défendait l’entrée des montagnes des Rabinaliens, à l’est du Quiché.

(6) Ziyaha, Maison de l’Eau de Chien, qu’on retrouve dans les deux ou trois pueblos portant le nom de Cija, et dont Santa-Catarina Iztlahuacan est encore aujourd’hui le plus considérable.

Ils furent dépêchés pour veiller sur les ennemis de Quicab et de Cavizimah, noms des deux rois (qui étaient) à la tête (de la maison) de Cavek, de Quema, nom du roi (qui était) à la tête (de la maison) de Nihaïb, et d’Achak-Iboy,

 

lan puch, ta x-e bec c'al qui qahol pa huyub, pa huhun chi huyub.

 

X-e na cu nabe ; x-ulna canab x-ul na pu teleche chu vach Quicab, Cavizimah, Galel, Ahtzic-Vinak. X-qui ban chi vi labal ri uchi-cha, uchi-caam x-e canab chic, x-e telecheen chic : e achih x״e ux chic ri e vaban ; x-e yaic, x-e quïar cut. qui chi cut, qui quxlal, cumal ahauab, ta ch’ul qui ya qui canab, qui teleche ronohel.

Qatecut ta x-cuch naoh cumal, ahauab, Ahpop, Ah-ρόρ-Cainha, Galel, Ahtzic-Vinak, ta x-el cu naoh xa cacha-pa qui nabe chi qohe-ta qu’ekalem vachinel china-mit ch’oc-vi. — In Ahpop, In Ahpop-Camha ! ahpop chir’-ekaleh vech-oc, chi cu ave, at Ahau-Galel.—Galel ri galem x-ch’uxic, x-e cha-cut ronohel ahauab ta x-qam qui naoh.

Xavi cu quehe x-u bano Tamub, Ilocab : hunam vach ox-chob chi Quiche, ta x-ban chaponic x-qui cobizah u nabe c’al qui qahol. Quehecut u qamic naoh : macu chiri

 

nom du roi (qui était) à la tète (de la maison) d’Ahau Quiché (1). Et c’étaient là les noms des rois par qui ils furent envoyés et dépêchés, lorsque leurs vassaux allèrent (s’établir) en ces contrées et sur chacune de ces montagnes.

(1) Dans les listes royales qui ter minent ce livre, on trouve le nom de Quema comme l'avant-dernier roi de la maison de Nihaïb, avant l'invasion espagnole. Celui d'Achak-lboy ne paraît pas dans la liste des rois d'Ahau Quiché; il est probable qu'il avait encore un autre nom, celui-ci signifie Excrément d'Armadille.

Ils se mirent en chemin tout d’abord; des captifs et des prisonniers de guerre entrèrent (par leurs soins) à la face de Quicab et de Cavizimah, du Galel et de l'Ahtzic-Vinak. Partout les chefs de-lances et les chefs-de-frondes faisaient la guerre, emmenant toujours de nouveaux captifs : ils devinrent à leur tour des héros, eux qui n’étaient que gardiens des postes (aux frontières); ils s’assirent (avec orgueil) et leur langage s’enhardit comme leurs pensées, à cause des rois, lorsqu’ils entraînaient (devant eux) leurs prisonniers et tops leurs captifs (2).

(2) La révolution racontée ici si brièvement eut pour causes principales les guerres mêmes où les rois du Quiché se laissèrent entraîner. Pour assurer leurs conquêtes, ils furent obligés d’y envoyer la plupart des chefs de familles de leur maison, qui formaient leur principale noblesse, et en éloignant d’eux l’aristocratie, ils se trouvèrent dans la nécessité d’élever la position des classes subalternes. Les chefs de la bourgeoisie ou du peuple levèrent la tête, et leur émancipation eut lieu comme autrefois en Europe celle des communes. Le MS. Cakchiquel donne sur cette révolution des détails très-curieux.

Après quoi le conseil s’assembla par ordre des rois, de l’Ahpop, de l’Ahpop-Camha., du Galel et de l'Ahtzic-Vinak (3), et il en sortit la décision que, quoi qu’il dût arriver, ils demeureraient les premiers, leurs dignités étant là pour représenter leur famille. — Je suis l’Ahpop, je suis l’Ahpop-Camha (s’écrièrent-ils)l'ahpop pour porter ma charge comme la tienne, ô Ahau-Galel. — Quant aux galels, leur noblesse sera (4), répondirent tous les seigneurs en prenant leur décision.

(3) Dans ce conseil, à ce qu’il parait, les chefs du peuple se firent représenter; ils demandèrent des libertés pour tous, l’abolition des corvées, etc. Sur les représentations de la noblesse, les six principaux meneurs furent pendus : mais leur mort fut le signal de la révolte. Le peuple se leva en masse, un grand nombre de nobles furent massacrés, et le roi Quicab, prisonnier dans la ville de Panpetak, fut forcé de souscrire à toutes les demandes des rebelles. C’est alors probablement qu’eut lieu le conseil dont il est question ici.

(4) La traduction de ce verset est d’une grande difficulté ; Ximenez le passe absolument ; il est visible que l’auteur cherchait à embrouiller une matière que son orgueil de race lui permettait à peine de détailler.

De même aussi firent ceux de Tamub et d’Ilocab : égale (fut dès lot s') la condition des trois races du Quiché, lorsque les chefs du, peuple firent main basse (sur la royauté)

 

x-chap-vi Quiche. Qo u bi huyub x-chup-vi u nabe al-qahol, ta x-e tak cut ronohel qo pa hunhun chi huyub, xahun x-e cuch-vi.·

Xebalax, Xecamac u bi huyub x-e chap־vi, ta x-oc qui galem, chiri Chulimal x-ban-vi.

Va cute qui cobic, qui çhapic, qu’etaxip puch huvinak galel, huvinak ahpop, x-chapic rumal Ahpop, Ahpop-Camha, rumal puch Galel, Ahtzic-Vinak : x-oc qu’ekalem ronohel galel-ahpop, hulahuh nim-chocoh, galel-ahau, galel-zakik, u galel-achih, rahpop-achih, rahtzalam-achih, utzam-achih, qui bi achihab x’oquic, ta x-e cobic, x-e bi-naah puch chuvi qui tem, chuvi qui chakat, e u nabe r’al u qahol Queche-Vinak ilol rech taol rech uchi-cha uchi-caam, quehoh, tzapib, tzalani, qoxtum chirih Quiche.

Xavi cu quehe x-u bano Tamub, llocab, x-u chapo, x-u cobizah puch u nabe r’al u qahol qo pa huhun-chi huyub. Arecut u xenabic galel-ahpop, r’ekalem pa huhun chi huyub vacamic : quehe r’elic ri ta x-e elic chirih Ahpop, Ahpop-Camha, chirih puch Galel, Ahtzic-Vinak x-el-vi.

 

et se firent ennoblir (1). Telle fut l’issue de celle assemblée : mais ce ne fut pas là au Quiché même que fut saisi (le pouvoir). Le nom du lieu existe où les chefs des vassaux s’emparèrent (de la puissance), quand ils eurent été tous envoyés chacun en une localité et qu’ils s’assemblèrent ensuite tous ensemble (2).

Xebalax et Xecamac sont les noms du lieu où ils se mirent en possession du pouvoir, au temps où ils entrèrent dans les dignités, et cela eut lieu à Chulimal (3).

Voilà quelle fut la nomination, l'installation et la reconnaissance des vingt galel et des vingt ahpop, qui furent installés par l’Ahpop et l’Ahpop-Camha, par le Galel et l'Ahtzic-Vinak : tous les galel-ahpop entrèrent en dignité (comme aussi) onze nim-chocoh, galel-ahpop, galel-zakik, galel-achih, rahpop-achih rahtzalam-achih, utzam-achih, titres des guerriers que ceux-ci obtinrent, quand ils furent nommés et titrés sur leurs trônes et sur leurs sièges, eux, les chefs des vassaux de la nation quichée, ses vigies et ses oyants, ses chefs-de-lances et ses chefs-de-frondes, les remparts, les portes, les murs et les tours qui défendent le Quiche.  

De cette manière aussi le firent ceux de Tamub et d’Ilocab, les chefs du peuple qu’il y a en chacune de leurs localités, ayant saisi le pouvoir et s’étant fait titrer. Telle fut l’origine des galel-ahpop et des dignités qui existent aujourd’hui en chacun de ces lieux : telle en fut la source, lorsqu’elles surgirent de par l’Ahpop et de par l’Ahpop-Camha, comme aussi du Galel et de l’Ahtzic-Vinak, de qui elles prirent naissance (4).

 

HULAHPAH CHI TZIH.

Arecut x-chi ka byih chic u bi r’ochoch qabauil ; xavi-xere x-u binaali r’ochoch ri u bi Qabauil, Nimak-Tzak-Tohil, u bi tzak r’ochoch Tohil, rech Cavikib. Avilix cut u bi tzak r’ochoch Avilix, rech Nihaibab, Hacavitz chicut u bi tzak r’ochoch u qabauil Ahau-Quiche.

Tzutuh-A qu’il na Cahba-ha u bi chic nimak Tzak, x-qohe-vi abah x-gihiloxic rumal ahauab Quiche, gihilox puch rumal ronohel amag. Ch’oc na u qatoh amag nabe chuvach ri Tohil, qatecut ta ch’u gihila chicAhpop, Ahpop-Camha.

Qate ch’ul qui ya qui gug, qui patan chuvach Ahau; are Ahau chic are chi puch qui tzukun qui coon, Ahpop, Ahpop-Camha. X-kazan qui tinamit e nima ahauab e naual tak vinak, naual ahau ri Gucumatz, Cotuha, naual ahau curi Quicab, Cavizimah.

Qu’etaam uve labal chi banic, calah chi-qui-vach rono-

 

CHAPITRE ONZIÈME.

Voici donc que nous dirons maintenant le nom de la maison du dieu ; en réalité, sa maison s’appelait du nom du dieu, le Grand-Edifice de Tohil, nom de l’édifice de la maison ·de Tohil, propriété des Cavek. Et Avilix était le nom de l’édifice de la maison d’Avilix, propriété des Nihaïb, et enfin Hacavitz était le nom de l’édifice de la maison du dieu d’Ahau-Quiché (1).

Tzutuha (ou la Fontaine Fleurie), qu’on voit à Cahba-ha, est le nom d’un autre très-grand Edifice (2), où il y avait une pierre (3) qui était adorée par les rois du Quiché et qui était aussi adorée par toute la nation. Le peu-pie introduisait son offrande d’abord devant Tohil, et puis il allait adorer à son tour l’Ahpop et l’Ahpop-Camha.

Ensuite ils apportaient leurs plumes précieuses et leurs tributs devant le Roi; et ce Roi aussi ils le soutenaient et l’alimentaient, l’Ahpop et l’Ahpop-Camha. C’étaient eux qui avaient fondé la cité, eux les grands rois et tous les hommes • opérateurs de merveilles, le merveilleux roi Gucumatz, avec Cotuha, et aussi le merveilleux roi Quicab avec Cavizimah.

Ils savaient si la guerre se ferait, et tout était clair à

hei : chi qu’ilo uve camic uve vaih, uve chaoh chi banic. Xax qu’etaam-vi qo qulibal re, qo vuh, Popol Vuh ubi cumal.                                               ־

Mana xa quehe e ahauab nim qui qoheic : nim naipuch qui meuahic, are logbal tzak, logbal pu ahauarem cumal : nahtic chic x-e meuahic, x-e qahbic chuvach qui qabauil. . Va cute qui meuahibal :

Beleh vinak que meuahic, hu-beleh eut que qahbic, que qatonic : oxlahu vinak chic qui meuahibal, oxlahu

chicut que gahbic, que qatonic chuvach Tohil; chuvach pu qui qabauil xa tulul, xa ahache, xa ginôm chi qui loo.

Are ma-habi va chi qui veeh, uve vuklahuh vinak que qahbic, uve lahuh eut que meuahic. Mavi que vaic quit-zih vi, chi nima auazinic chi qui bano, are r’etal qui qo-heic e ahauab ;

Ruq cut ma-habi ixok־chi var cut; xa qui-tuquel chi qui chahih quib, que meuahic, xa pa r’ochoch qabauil, que qohe-vi hutagih, xa gihilonic, xa qatonic, xa pu qahbic chi qui bano.

Xavi chiri e qo-vi xgek, zakiric, xa ch’og qui qux, xa pu ch’og qui pam, ta que tzonônic chirech u zak, u gazlem c?al qui qahol, chire naipuch c’ahauarem chi qui pâgaba qui vach chi cah. Va cute qui tzonobal chuvach qui Qa-־ bauil, ta que tzononic, arecut r’ogeh qui qux va.

 

leurs yeux : ils voyaient s’il y aurait mort ou famine, si une contention devait avoir lieu. Ils savaient même où était ce qui leur, manifestait toute chose, où était le livre, par eux appelé le Livre National (1).

(1) Popol Vuh, le livre national, contenant les mystères dont il est question dans les deux premières parties de cet ouvrage et sans doute aussi la science de l’astronomie, dé l’astrologie judiciaire, l’art de la magie et les règles du rituel, etc.

Mais ce n’est pas seulement de cette manière que les rois (montraient) la grandeur de leur condition : grands aussi étaient leurs jeûnes avec quoi ils payaient (la possession de) leurs palais et de leur royaume : ils jeûnaient fort longtemps, en offrant devant leur dieu. Or voici quel était leur jeûne.

Neuf hommes jeûnaient, et neuf autres offraient et brûlaient l’encens : treize hommes encore (étaient occupés) du jeûne, et treize autres offraient et brûlaient l’encens devant Tohil, et devant leur dieu ils ne mangeaient que des sapotes, des ahaches et des jocotes (2).

(2) Voir la note 6 du ch. t, part.iii.

Car ils n’avaient point de pain (3) à manger, soit qu’ils fussent dix-sept hommes à offrir, soit que dix (fussent occupés) à jeûner. Ils ne mangeaient véritablement pas, dans la grande œuvre sainte qu’ils faisaient et qui était la marque du caractère des rois ;

(3) Va, mot générique de tout aliment substantiel, mais en particulier de la crêpe de farine de maïs, que l’on appelle tortilla.

Ils n’avaient pas non plus de femmes avec qui dormir; mais ils (demeuraient) seuls pour se garder dans la continence (4), en jeûnant dans la maison du dieu où ils étaient chaque jour, s’occupant .uniquement à adorer, à offrir et à brûler de l’encens.

(4) Chi qui chahih quib, ils gardaient soi, c’est-à-dire, restaient continents.

Ainsi ils étaient là du soir au matin, à gémir uniquement du fond de leurs cœurs, à gémir du fond de leurs entrailles, implorant la lumière et la vie pour leurs sujets, comme aussi la puissance pour eux-(mêmes), en élevant leurs regards vers le ciel. Or voici , la demande (qu’ils adressaient) à la face de leur Dieu, en le priant, et voici quel était le gémissement de leurs cœurs :

 

Acarroc, Atoob u gih, at Hurakan, at u Qux cab, uleu ! At yaol reel! ganal-raxal, at pu yaol mial, qahol! ch’a tziloh, ch’a maquih uloc a raxal, a ganal : ch’a ya־lah u qazeic vinakiric v’al na qahol; chi pog-tah, chi vinakir-tah, tzukul ave, cool ave ; ziquiy ave pa be, pa hoc, pa beya, pa zivan, xe che, xecaam.

Ch’a yaa qui mial, qui qahol. Ma-ta-habi il-tzap, yan-qexo : ma-ta ch’oc qaxtokonel chiquih, chi qui vache M’e pahiç, m’ezokotahic; m’e hoxouic, m’e gatouic. M’e kahic r’equem be, r’ahzic be. Ma-ta-habi pak, toxcom chiquih, chi-qui-vach : que a-yatah pa raxa be, pa raxa hoc ; ma-ta-habi qu’il, qui tzap a cuil, av’itzmal.

Utz-tah qui qoheic tzukul ave, cool ave ch’a chi, ch'a vach, at u Qux cah, at u Qux uleu, at pizom Gagal, at puch Tohil, Avilix, Hacavitz, pam cah, u pam uleu, cab tzak, cah xueut. Xa-ta zak, xa-ta amag, u pam ch’a chi ch’a vach, at Qabauil !

Quehecut ri ahauab, ta que meuahic chupan ri beleh vinak, oxlahu vinak, vuklahu vinak puch ; qui meuaih gih,ch’og qui qux chuvi c’al qui qahol, chuvi puch ronohel ixok, alcual, ta x-qui ban qui palan huhuii cbi ahauab.

 

« Salut, Beauté du jour (1), ô Hurakan, Cœur du ciel et de la terre! Toi qui donnes la gloire et la félicité ; toi qui donnes les filles et les fils ! tourne-toi (vers nous) et répands la prospérité (avec) tes bienfaits : donne la vie et l’être à mes sujets; qu’ils croissent et vivent, eux, les soutiens et les nourriciers de tes (autels); qui t’invoquent dans le chemin, sur les routes, au bord des rivières, dans les ravins, sous les bois, sous les lianes.

(1) Acarrok , exclamation suppliante , exprimant quelquefois la douleur, quelquefois une espérance humble vers le ciel. Atoob , d’ato, beau, bon, pluriel atoob, exprimant la beauté et la bonté par excellence.

» Donne-leur des filles et des fils. Qu’il ne leur arrive ni disgrâce, ni infortune : que le tentateur ne s’introduise point derrière eux, ni en leur présence (2). Qu’ils ne glissent point, qu’ils ne se blessent point; qu’ils ne soient ni fornicateurs, ni sentenciés par le juge. Qu’ils ne tombent point dans le bas du chemin, ni sur le haut de la route. Qu’il n’y ait point de pierre d’achoppement ou de péril derrière eux ou en leur présence prépare-leur un chemin uni et des sentiers ouverts; qu’il n’y ait ni malheur ni infortune qui leur (vienne.) de tes rayons (3).

» Que leur existence soit heureuse, eux les soutiens et les nourriciers de ta (maison) devant ta bouche et devant ta face, ô Cœur du ciel, ô Cœur de la terre, toi, Majesté Enveloppée, ô Tohil, Avilix, Hacavitz, qui remplis le ciel et la terre aux quatre extrémités, aux quatre points cardinaux. Aussi longtemps que la lumière existe (4) qu’ils soient devant ta bouche, devant ta face, ô Dieu ! "

Ainsi (parlaient) les rois,, tandis qu’au dedans jeûnaient les neuf hommes, les treize hommes et les dix-sept hommes ; ils jeûnaient de jour,‘ leurs cœurs gémissant sur leurs sujets et sur toutes les femmes et les enfants, lorsque ceux-ci portaient leur tribut à chacun des rois.

 

Are logbal zak qazlem, logbal puch ahauarem, are r’ahauarem Ahpop, Ahpop-Camha, Galel, Ahtzic-Vinak. E ca-cab ta que oquic que halou quib, chir’ekalixic amag ruq ronohel Queche-Vinak.

Xahun x-el vi u xetzih, u xepuch tzukuh, cooh : xavi u xe tzih, xavi quehe c’u bano Tamub, Ilocab, ruq Rabi-naléb, Cakchiqueleb, Ah-Tziquinaha, Tuhalaha, Ucha-baha, xahun cheel vi ta xiquin chiri Queche ta ch’u ban rech ronohel.

Manaxaki quehe x-e ahauaric. Mana xa x-qui cak co-chih tzukul que, cool que, xala qui vain uqaha x-qui bano. Ma pu xa log-tah : x-qui tzubu, x-qu’elegah c’ahauarem, qui gagal, qui tepeuak                          ·

Manai-pu xata quehe·x-kah u zivan u tinamit: chuti amag, nima amag nim rahil x-qui yao’: x-ul xit, x-ul pu-vak, x-ul puch guhcab, r’akan tuvic, r’akan chi quval chi yamanic ; x-ul puch raxon qubul-chactic, u patan ronohel amag ·, x-ul chi qui vach naual ahauab Gucumatz, Cotuha, chuvach puch Quicab, Cavizimah, ri Ahpop, Ahpop-Camhâ, Galêl, Ahtzic-Vinak.

Mavi xa chutin x-qui bano, manai-pu xata zcaquin chi amag,‘ x-qui kazah : quia chob chi amag x-ul u patan Qui-

 

C’était là le prix 'de la. civilisation (dont ils jouissaient), et le prix de la puissance, c’est-à-dire de la puissance de l’Ahpop, de l'Ahpop-Camha, du Galel et de l’Ahtzic-Vmak. De deux en deux ils entraient et se rechangeaient, chargés du poids de la nation et de tout le peuple Quiche.(1).

Il n’y avait qu’une seule origine à leur tradition et une origine à l’usage de soutenir et d’alimenter (les autels) : c’était la même origine à leurs traditions ; car de même aussi faisaient ceux de Tamub et d’Ilocab, avec les Rabinaliens, les Cakchiquels, ceux de Tziquinaha, de Tuhalha, d’Uchabaha, et il n’y avait qu’une bouche et qu’une oreille au Quiché en faisant tout ce qui les concernait(2).

Mais ce n’était p.as seulement ainsi qu’ils régnaient. Ils ne gaspillaient point les dons de ceux qui les soutenaient et les alimentaient, sinon qu’ils en faisaient leurs mets et leurs breuvages. Ils ne les achetaient donc point : ils avaient obtenu par leur habileté et enlevé de force leur empire, leur majesté et leur puissance.

Ce ne fut pas seulement de cette manière que les villes avec leurs ravins furent humiliées : les nations petites et grandes apportèrent des rançons considérables : on vil arriver les pierres précieuses, les riches métaux et le miel le plus doux, les sceptres d’émeraudes et les perles (3) ; à leur tour arrivèrent les ouvrages en plumes (4), tributs de tous les peuples ; ils arrivèrent en présence des rois merveilleux Gucumatz et Cotuha, en présence de Quicab et de Cavizimah, de l’Ahpop, de l’Ahpop-Camha, du Galel et de l’Ahtzic-Vinak.

Ce ne fut certes pas peu ce qu’ils firent et ils ne furent pas peu nombreux les peuples qu’ils soumirent : innom-

 

che, qaxcol cut x-qam-vi x-yaquex-vi cumal. Mavi afan x-vinakiric qui gagal : ca Gucumatz u xe nimal chi ahaua-rent; quehecut u tiqaric u nimaric, ri u nimaric puch Quiche.

Are chicut x-çhi ka cholo u leel ahauab ruq qui bi, co-nohel ahauab x-chi ka byih chic.

CABLAHPAH CHI TZIH.

Vae cute u leel, u tazel ahauarem chi ronohel qui zaki-ribem Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam, nabe ka mam, nabe ka cahau, ta x-vachin gih, x-vachin iq, chumil.                ·

Vae cute u leel, u tazel ahauarem x-chi ka tiqiba uloc qui chu xe culucuh chi r’oquic ahauab ta ch’oquic, ta chi camiheic hutak le chi ahauab ri mama ruq rahaual chi tinamit ronohel chi huhun chi ahauab. Vae cute x-chi vachin u vach chu huhunal ahauab ; vae cute x-chi vachin u vach huhun chu huhunal ahauab Quiche.

brables sont les nations et les villes qui vinrent payer leur tribut au Quiché et dont celles-ci conçurent un grand chagrin, de ce que (leurs richesses) étaient enlevées par ces (princes). Leur puissance, toutefois, ne surgit pas promptement : Gucumatz fut l’origine de la grandeur de la royauté ; ainsi donc il fut le principe de . son agrandissement et celui de l’agrandissement du Quiché.

Voici donc que nous allons ־mettre par ordre les générations des rois avec leurs noms et tous les rois que nous allons nommer de nouveau.