ROXPAH CHI VUH.

HUPAH CHI TZIH.

Vae cut u tiqeric ta x-naohix vinak, ta x-tzukux puch ri ch’oc u tiohil vinak. X-e cha cut ri Alom, Qaholom, e Tzakol, Bitol, Tepeu, Gucumatz, qui bi :

Mi-x-yopihic u zakiric; mi-x-tzak utzinic, mi pu x-ga-leic tzukul, cool, zakil al, zakil qahol; mi-x-gale vinak, u vinakil u vach uleu, x-e cha.

X-molomanic, x-ulic; x״be qui naoh chigekumal, chi agabal : ta x-qui tzukuh, x-qui pukuh puch x-e naohi-nicx-e bizon puch varal.

Quehecut x-el vi aponoc qui naoh zakil calai : x-qui riqo, x-qui canaizah puch ri x-oc u tiohil vinak. Xa zca-quin chic mavi ca vachin gih, iq, chumil pa qui vi e Tzakol, Bitol.

Pan Paxil, Pan Cayala u bi x-pe vi gana hal, zaki hal.

 
 

TROISIÈME PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Or voici quand on commença à penser à l’homme et à chercher ce qui devait entrer dans la chair de l’homme (1). Alors parlèrent Celui qui engendre et Celui qui donne l'être, le Créateur et le Formateur, nommés Tepeu, Gucumatz :

(1) Il s’agit de la quatrième création, celle de la caste noble et sacerdotale, dont il est parlé dans le Commentaire. Le commencement de ce chapitre devrait suivre la première partie de ce livre et être intercalé entre les chapitres trois et quatre ; mais il a été placé à dessein au commencement des émigrations quichées, afin de rattacher les nations de cette race aux époques héroïques de leur histoire.

Déjà l'aurore est proche ; l’œuvre est achevée, voilà qu’est ennobli le soutien, le nourricier (de l’autel), le fils de la lumière, le fils de la civilisation ; voilà qu’est honoré l’homme, l’humanité à la face de la terre, dirent-ils.

On vint, on s’assembla en grand nombre; ils unirent leurs sages conseils dans les ténèbres, dans la nuit : alors ils cherchèrent, et s’étant secoué la tête, ils se consultèrent ici, pensant (à ce qu’ils feraient).

De cette manière sortirent les sages décisions de ces hommes éclairés : ils rencontrèrent et on leur fit voir ce qui entrait dans la chair de l’homme. Or peu s’en fallait encore que le soleil, la lune et les étoiles se manifestassent au-dessus d’eux, du Créateur et du Formateur.

En Paxil et en Cayala, ainsi qu’on nomme (ce lieu), vinrent les épis de maïs jaune et les épis de maïs blanc (2).

(2) Pan-Paxil, pan Cayal-a, nom du lieu où fut découvert le maïs. Ordoñez traduit ces mots par Lieu où les eaux se divisent en tombant. Dans la langue quichée, ces mots signifient Entre la division, entre la fétidité des eaux. Si cela peut indiquer une région, il n’y en a pas à laquelle ceci s’applique aussi bien que la région arrosée par les affluents de l’Uzumacinta et du Tabasco, entre la mer et les montagnes : ces deux fleuves se partagent en une multitude de branches et d’embouchures, et les eaux y sont en beaucoup d’endroits fétides et amères, sens du mot cayal, de cay ou gay, fiel, pourriture, amertume, etc. Dans le Codex Chimalpopoca, ce lieu est nommé Tonacatepell, Montagne de notre subsistance.

 

Are ca qui bi chicop va qamol r’echa : Yac, Ijtïu, Qel, Hoh, e cahib chi chicop x-biyn u tzihel gana hal, zaki hal chique, chila que pe-vi pan Paxil, x-qut u beel Paxil.

• Are cut x-qui riqo riy echa are cut x-oc u tiohil vinak tzak, vinak bit, ha cut u quiqel, u quiqel vinak x-uxic, are x-oc cumal Alom, Qaholom ri haL

Quehecut x-e quicot vi rumal ri u riqitahic utzilah huyub, nohinak chi guz, tzatz chi gana hal, zaki hal, tzatz naipuch chi pek, chicaco; mavi ahilan tulul, cavex, ginom, tapai, ahache, cab; nohinak quilah echa chupan ri tinamit pan Paxil, pan Cayala, u bi.

Qo-vi echa u vachinel ronohel, chuti echa, nima echa; chuli ticon, nima ticon , x-qut u beel cuma chicop. Ta x-queex cut ri gana hal, zaki hal, beleheb cu uqaal x-u ban Xmucane, echa x-oquic, r’ucha, r’openal x-vinakir, u gabchialu ganaal vinak x-uxic. Ta x-qui ban ri Alom, Qaholom, Tepeuh, Gucumatz que uchaxic.

Qatecut x-qui coh pa tzih u tzukic,· u bitic ka nabe chuch, cahau : xa gana hal, zaki hal u tiohil, xa echa

Or voici les ,noms des barbares (1) qui allèrent chercher !,alimentation : le Renard, le Chacal, la Perruche et le Corbeau, quatre barbares qui leur apprirent la nouvelle des épis de maïs jaune et des épis de maïs blanc qui venaient en Paxil et qui leur montrèrent le chemin de Paxil.

(1) Quatre barbares nommés Yac, sorte de petit renard, appelé Zorra par les Espagnols, tlalcoyotl par les Mexicains. Utïu, le Chacal, Coyotl au Mexique ; Qel, la Perruche, Cochotl ou Quiltototl et Hch, sorte de Corbeau, le cacaloit ou Zanatl. Le MS. Cakchiquel ne nomme ici que deux barbares, Utïuh, le chacal, et Koch, en quiché Hoh le Corbeau.

C’est là qu’ils obtinrent enfin les aliments qui entrèrent dans la chair de l’homme fait, de l’homme formé ; c’est cela (qui fut) son sang, qui devint le sang de l’homme, ce maïs qui entra en lui par les soins de Celui qui engendre et de Celui qui donne l’être.

Ainsi ils se réjouirent d’être enfin arrivés à ce pays excellent, si plein de choses savoureuses, où abondaient le maïs jaune et le maïs blanc, où abondait également le pek, le cacao, où Ton ne pouvait compter les sapotiers, les anones, les jocotes, les nances י les ahaches (2), le miel; tout était rempli enfin des meilleurs aliments dans cette ville(3) de Paxil, de Cayala (car tel était) son nom.

(2) Pek, sorte de cacao sauvage de qualité inférieure, que, dans le dialecte nahuatl du Guatemala, on appelle paiaste, peut-être de patlactli, l’échange, parce qu’il sert aux échanges minimes. Cacu ou Cacou est le cacao ordinaire, mexicain cacahuatl; les sapotiers, tulul, du nahuatl tzapotl ; les anones, cavex; les xocotes, ginom, xocotl ; les nances, lapai, mexicain nantie, les ahaches, ahache, sorte de sapote que les Espagnols du pays appellent matasano.

(3) Ici l’auteur ne dit plus la région de Paxil et Cayala, il l’appelle une ville tinamit, ciudad,du mot nahuatl tenamitl, fortification ou mur d’enceinte.

Il y avait des aliments de toute sorte, aliments petits et grands; plantes petites et grandes, dont le chemin leur avait été montré par les barbares. Alors on commença à moudre le maïs jaune, le maïs blanc, et Xmucané en composa neuf boissons, et cette nourriture entrant (dans le corps), fit naître la force et la vigueur, et donna de la chair et des muscles à l’homme. C’est là ce que firent Celui qui engendre et Celui qui donne l’être, Tepeuh, Gucumatz, ainsi qu’ils sont appelés.

Aussitôt ils commencèrent à parler de faire et de former notre première mère et notre premier père : seulement du

 

r’akan, u gab vinak; ri e ka nabecahau, e cahib chi vi-nak tzak, xa echa oquinak qui tiohil.

CAPAH CHI TZIH.

Vae qui bi nabe vinak x-e tzakic, x-e bitic ; are nabe vinak ri Balam-Quitze : u cab Balam-Agab; r’ox chicut Mahucutah, u cah cut Iqi-Balam, are eu qui bi ri ka nabe chuch, cahau.

Xa tzak, xa bit que u chaxic; ma habi qui chuch, ma-habi qui cahau ; xa utuquel achih chi ka byih. Mana ixok x-e alanic, ma-naipu x-e qaholanic rumal ri Ahtzak, Ah-bit, ri Alom,Qaholom.

Xa puz, xa naual qui tzakic, qui bitic rumal ri Tzakol, Bitol, Alom, Qaholom, Têpeu, Gucumatz : ta x-e vinak-‘ vachin cut e vinak x-euxic ; x-e chauic, x-e tzihon puch, x-e mucunic, x-e taon puch, x-e binic, x-e chapanic, e utzilah vinak e chaom, achihil vach qui vachibal.

Qo quxlal x-uxic : x-e mucum naipuch huzuc x-opon qui mucubal; x-quiz qu’ilo; x-quiz qu’etamah ronohel

mais jaune et du maïs blanc (entrèrent dans; leur chair et furent la seule alimentation des jambes et des bras de l’homme ; et ceux-ci furent nos premiers pères, les quatre hommes qui furent formés et en qui cet aliment était entré (pour faire) leur chair.

CHAPITRE DEUXIÈME.

Les voici les noms des premiers hommes qui furent créés et formés : celui-ci est le premier homme, Balam-Quitzé; le second est Balam-Agab; le troisième est ensuite Mahucutah et le quatrième Iqi-Balam, et eaux-ci sont leurs noms de nos premières mères et pères (1).

(1) Balam-Quitze, 'Tigre au doux sourire; Balam-Agab, Tigre de la nuit; Mahucutah, Nom signalé; Igi-Balam, Tigre de la lune.: telle est la significalion littérale que Ximenez a donnée de ces quatre noms.

On les appela simplement des êtres façonnés et formés ; ils n’eurent ni mère, ni père, et nous les nommons simplement des hommes. La femme ne leur donna pas le jour, et ils ne furent pas non plus engendrés par l’Edificateur et le Formateur, par Celui qui engendre et par Celui qui donne l’être.

Mais ce fut un prodige, un véritable enchantement que leur création et leur façon, (opérée) par le Créateur et le Formateur, par Celui qui engendre et par Celui qui donne l’être, Tepeu et Gucumatz : en apparaissant comme des hommes, hommes donc ils furent ; ils parlèrent et ils raisonnèrent, ils virent et ils entendirent, ils marchèrent, ils palpèrent ; hommes parfaits et beaux, et dont la figure était une figure d’homme.

La pensée fut et exista (en eux), ils virent : et aussitôt leur regard s’éleva : leur vue embrassa tout; ils connu-

 

xecah, uve que mucunic libahchi chi qui zolvachih, chi zolmucuh puch u pam cah, u pam uleu.

Muhucatahil nachi qu’ilix-tah ronohel, ma que bin-ta na-on nabe; qate ta chi qu’il ri u xecah, xavi chiree qo-vi la que mucunic.     

Tzatz qu’etamabal x-uxiç; x-iqou qui vachibal pache, pa abah, pa cho, pa palo, pa huyub, pa tagah : quitzih vi e logolah vinak ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahu- . cutah, Iqi-Balam.

Ta x-e tzonox eut rumal ri Ahtzak, Ahbit : Huchalic y qohei qu’y nao? Ma qu’yx mucunic, ma qu’yx taonic, ma utz y chabal ruq y binibal? Qu'yx mucuna nacut, ch’yv’ila u xecah ma calah huyub, tagah; qu’yv’ilo ch’y tiha nacut, x-e u chaxic.

Qatepuch x-quiz qu’il ronohel u xe cah : qatecut qui qamouanic ri chire Tzakol, Bitol : Quitzih vi chi camul qamo, oxmul qamo! Mi-x-oh vinakiric, mi pux-oh chiy-nie, x-oh vaçhinic, koh chauic, koh taonic, koh bizonic, koh zilabic : utz ca ka nao x-k’etamah nah, nakah ;

Mi pu x-k’ilonim, chutin upa cahupa uleu. Qamo eut ch’yve; mi -x-oh vinakiric, Ahtzak, Ahbit, mi-x-oh uxic, at

 

rent le monde entier, et quand ils le contemplaient, leur vue se tournait en un instant de la voûte du ciel à regarder de nouveau la surface de la terre.

Les choses les plus cachées, ils les voyaient toutes à volonté, §ans avoir besoin de se mouvoir auparavant ; et lorsqu’ensuite ils jetaient la vue sur ce monde, ils voyaient de même tout ce qu’il renferme.

Grande fut leur sagesse ; leur génie s’étendit sur les bois, sur les rochers, sur les lacs et les mers, sur les montagnes et-sur les vallées (1) : hommes véritablement dignes d’admiration (étaient ainsi) Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam.

(1) X-iqou qui vachibal pa che, pa abah, pa cho, pa palo, pa huyub, pa tagah ; passa leur génie dans les bois, dans les pierres, dans les lacs, dans les mers, dans les montagnes, dans les plaines. Le mot vachibal, que nous traduisons par génie, signifie symbole, regard, ce avec quoi on regarde, on voit, on produit, l’image, la représentation, etc

Alors ils furent interrogés par l'Edificateur et le Formateur : Qu’est-ce donc que vous pensez de votre être? Ne voyez-vous point, n’entendez-vous point, votre langage n’est-il pas bon, ainsi que votre marche ? Regardez donc et voyez sous le ciel si les montagnes et les plaines se manifestent; essayez de les voir maintenant, leur fut-il dit.

Après cela, ils virent l'ensemble de tout ce qu’il y a sous le ciel : puis ils rendirent grâce au Créateur et au Formateur, (disant) : Véritablement nous (vous) rendons toute sorte d’actions de grâces (2) ! Nous avons reçu !,existence, nous avons reçu une bouche, un visage, nous parlons, nous entendons, nous pensons, nous marchons : nous sentons et nous connaissons également bien ce qui est loin et ce qui est rapproché.

(2) Quitzih vi chi camul qamo, oxmul qamo : véritablement en deux fois, trois fois grâces (vous soient rendues). Qamo pour qamouah qui veut dire remercier, signifie en réalité offrir ou porter, et pour rendre la pensée entière en langue quichée, il faudrait dire Ca nu qamo lak chyve, mot à mot, Se porte (ou offre) plat à vous : parce que pour remercier les dieux ou les princes, on leur offrait anciennement des plats remplis de vivres, etc. Qamo est comme en français merci.

Nous voyons toutes les choses grandes et petites dans le ciel et sur la terre. Grâce donc à vous; nous avons été

 

k’atit, at ka mam, x-e cha, ta x-qui qamouah qui tzakic qui bi tic.

 

X-qiz qu’etamah ronohel, x-qui mucuh cah-tzuk, cah xucut u pam cah, u pam uleu.

Ma cu utz x-qui tao ri Ahtzak, ri Ahbit : Mavi ulz ri mi-x-qui byih ka tzak, ka bit. Mi-x-qu’etamah ronohel nim chutin, que cha.

 

Quehe chicut u qamic chic qui naoh Alom, Qaholom : Hucha chic chi ka ban chique? Xata nakah ch’opon vi qui mucubal, xata zcaquin u vach uleu chi qu’ilo.

Mavi utz rica qui biyh. Ma-pa xa tzak, xa bit qui bi? Xalabe e qabauil que uxi chic, uve mavi que pogotahic que quiritahic ta ch’auax-oc, ta zakir-oc, uve mavi chi quiaric. Ta ch’uxoc.

Xa ka yoho chi zcaquin chic qo chi ca r’ah : mavi utz ca ka nao. Xa-pa x-chi hunamatah qui banoh kuq ri naht c’opon vi k’etamabal qu’ilon ronohel ?

X-e uchaxic ruinai u Qux Cah , Hurakan , Chipi-Cakulha, Raxa-Cakulha, Tepeu, Gucumatz, Alom, Qaho-lorn, Xpiyacoc, Xmucane, Tzakol, Bitol, que u chaxic ta x-qui ban cut u qoheic chic qui tzak qui bit.

 

créés, ô Edificateur, ô Formateur! nous sommes, ô notre aïeule, ô notre aïeul, dirent-ils, en rendant grâce de leur existence et de leur formation.

Et ils achevèrent de mesurer et de voir tout ce qui existe aux quatre coins et aux quatre angles dans le ciel et sur la terre.

Mais l'Edificateur et le Formateur n’entendirent pas ces choses avec plaisir : Ce n’est pas bien ce que disent nos créatures. Elles savent toutes les choses grandes et petites, dirent-ils (1).

(1) C’est presque une paraphrase de l’histoire de la tour de Babel.

C’est pourquoi on prit de nouveau le conseil de Celui qui engendre, de Celui qui donne l’être. Comment ferons-nous avec eux maintenant? Seulement que leur vue se raccourcisse et (qu’ils se contentent) de regarder seulement un peu la surface de la terre, (dirent-ils).

Ce n’est pas bien ce qu’ils disent. Leur nature ne serait-elle donc pas celle seulement de simples créatures (2)? Mais ils seront autant de dieux, s’ils ne procréent suffisamment et ne se développent au temps de faire les semailles, quand se fera le jour, et s'ils ne se multiplient. Ainsi soit-il.

(2) Ma-pa xa tzak, xa bit qui bi?  alabe e qabauil que uxi chic, uve mavi que pogotahic, que quiritahic, est-ce que non uniquement formation, créature leur nom ? autant des dieux ils seront aussi, si non ils se multiplient, se propagent.

Seulement troublons un peu (notre œuvre), afin qu’il leur manque (quelque chose) : ce n’est pas bon ce que nous voyons. Voudraient-ils par hasard s’égaler à nous qui les avons faits, à nous dont la sagesse s’étend au loin et connaît tout ?

Était-il dit par le Cœur du Ciel, Hurakan, le Sillonnement de l'Éclair, la Foudre qui frappe, Tepeu, Gucumatz, Celui qui engendre et Celui qui donne l’être, Xpiyacoc, Xmucané, l'Édificateur et le Formateur; c’est ainsi qu’ils parlèrent, en travaillant de nouveau à la nature de leur créature et de leur formation.

 

Xa eu x-u abax u bak qui vach rumal ri u Qux cah, x-moyic queheri x-uxlabix u vach lemo : x-moyomobic u bak qui vach ; xa nakah chic x-e mucun vi, xere chi ca-lah ri e qo-vi.

Quehecut u zachic qu’etamabal ruq ronohel qui naobal e cahib chi vinak, u xe u tiqaribal. Quehecut qui tzakic, qui bitic nabe ka mam, ka cahau rumal u Qux cah, u Qux uleu.

Ta x-qohe chicut qui culei, qu’ixokil puch x-uxic : Xavi Qabauil x-naohin chic, queheri xa pa varam x-qui qam vi quitzih e hebel chi ixok ; qo ruq Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam.

Qo chi qu’ixokil, ta qui x-e qaztahic; anim x-quicot chic qui qux rumal qui culei.

R’OXPAH CHI TZIH.

Are eu qui bi qu’ixokil va : Caha-Paluna u bi r’ixokil Balam-Quitze : Chomiha u bi r’ixokil Balam-Agab : Tzu-nuniha u bi r’ixokil Mahucutah; Cakixaha u bi r’ixokil Iqi-Balam. Are cut u bi qu’ixokil ri e xoccohauab x-e uxic.

E pogol vinak, chuti amag, nima amag : are cut u xe kech, ri oh Queche-vinak : tzatz cut x-uxic ri Ahqixb Ah-

Alors un nuage leur fut soufflé sur la prunelle des yeux par le Cœur du ciel, et elle se voila comme la face d’un miroir qui se couvre de vapeur : le globe de leurs yeux se trouva ainsi obscurci ; ils ne virent plus que ce qui était rapproché, et cela seulement demeura clair pour eux.

Ainsi fut détruite leur sagesse ainsi que toute la science des quatre hommes, son principe et son commencement. Ainsi furent formés et créés nos premiers aïeux et pères par le Cœur du ciel, le Cœur de la terre (1).

(1) Si les versets qui précèdent ne sont pas un souvenir confus des traditions bibliques, on pourrait y voir une période historique durant laquelle les rois auraient laissé retomber leurs peuples dans l’ignorance et la barbarie pour mieux les asservir. De toute façon le chapitre est excessivement curieux pour l’histoire primitive.

Alors existèrent aussi leurs épouses, et leurs femmes furent faites : Dieu se consulta également; ainsi donc, durant leur sommeil, ils reçurent véritablement de fort belles femmes ; et elles se trouvèrent avec Balam-Quitzé, Ba-lam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam.

Leurs femmes se trouvèrent là, lorsqu’ils se réveillèrent ; aussitôt leurs cœurs se remplirent d’allégresse à cause de leurs épouses.

CHAPITRE TROISIÈME.

Or, les noms de leurs femmes les voici : Caha-Paluna, nom de la femme de Balam-Quitzé; Chomiha, nom de la femme de Balam-Agab ; Tzununiha, nom de la femme de Mahucutah, et Cakixaha, nom de la femme d’Iqi-Ba-lam (2). Ceux-ci sont les noms de leurs épouses et elles furent princesses.

(2) Cah-a, palum-a, mot à mot tombante eau, restant debout eau, c’est-à-dire eau tombant perpendiculairement. Chomi-ha ou Chomih-a, Belle-Maison ou Belle-Eau. Tzununiha. Eau ou Maison de Colibris. Cakixa-ha, Eau ou Maison d’Aras. Ces noms paraissent plutôt appartenir à des localités dont ces quatre hommes auraient été les chefs.

Ceux-ci engendrèrent les hommes, les tribus petites et grandes : et ceux-ci furent notre souche à nous autres, à

 

qahb ; mana xa e cahib chic x-uxic, xere cahib ri qui chuch oh quiche vinak.

Halahoh chi qui bi chi qui huhunal ta x-pogotahic chi־־ la chi r’elebal gih, qui u bi x-uxic ri vinak Tepeu, Olo-man, Cohah, Quenech, Ahau, ch’u chax chic u bi vinak chila r’elebal gih x-pogotahic.

R’etaam cutu tiqaricchic rech Tatoub, rech Ilocab, xa-hun x-pe-vi chila r’elebal gih.

Balam-Quitze u mam u cahau beleheb nim ha chi Cavi-kib : Balam-Agab u mam u cahau beleheb nim ha chi Nimhaibab ; Mahucutah u mam u cahau cahib nim ha chi Ahau-Quiche.

Ox-chob chinamit chi u qoheic : mavi zachel u bi u mam u cahau are pogol quirol chila r’Elebalgih.

Xavixere x-pe-vi Tamub, Ilocab, ruq oxlahuh u ga amag : Oxlahub Tecpan ; ruq Rabinaleb, Cakchiqueleb, Ah-Tziquinaha, ruq puch Zacahib, ruq naipuch Lamakib, Cumatz, Tuhalha, Uçhabaha, Ah-Chumilaha, ruq Ah-

 

nous la nation quichée (1) : en grand nombre existèrent en même temps les sacrificateurs (2); ils ne furent pas seulement quatre, mais quatre seulement furent nos mères à nous, la nation quichée (3).

(1) Queche-vinak; le nom quiché s’écrit dans cette langue tantôt avec un e, tantôt un i.Vinak, personne humaine, indique aussi la nation comme gens en latin. Le mot amag, tribu, qui précède, se prend quelquefois aussi pour la nation et pour la contrée occupée par une tribu. Etymologiquement il se compose de am, araignée, et d’ag, langue, rayon, chose qui sort d’une autre, parce que. tous les fils qui composent, une toile d’araignée retournent à elle comme à leur centre et origine. Ainsi d'amag on a fait amagel, toujours, amagelah, prendre demeure, perpétuer, etc. Vinak indique donc la nation d’une même race, amag, la tribu, gab-amag, bras ou fraction de tribu, métairies, bourgades, qui en dépendent, tinamit, cité ou chef-lieu, chinamit, les familles, clans ou souches des familles qui composent la tribu.

(2) Sacrificateurs. Le texte donne ahqixb ahqahb, titres qui sont donnés aux princes sacrificateurs des tribus de la race quichée. Le premier se compose de la particule possessive ah, celui de, et de qiz, épine, de celles qui servaient aux Indiens à se tirer du sang des diverses parties du corps pour l’offrir aux dieux. De là est venu que de qix on a fait un verbe qui si-gui fie rougir, être honteux. Le second se forme de la même particule et de qahb, originairement kah, descendre, abattre, terrasser, réduire en poudre, de l’usage de terrasser l’ennemi pour le sacrifier ensuite. Ce qui fait qu’on traduit littéralement ces deux titres par celui des Epines et celui des ter-russes; ib contracté en b est un pluriel antique.

Distincts sont les noms de chacun de ceux qui se sont propagés là-bas dans l'Orient (4), et leurs noms sont devenus ceux des nations de Tepeu, d'Oloman, de Cohah, de Quenech, d'Ahau, ainsi que ces hommes étaient appelés là-bas, dans l'Orient, où ils se multiplièrent (5).

(4) Chila chi r’elebal gih, là où le lever du soleil. Ces mots signifient l’orient ; mais il nous semble que cet orient doit se prendre dans un sens fort large, l’orient des populations centro-américaines ayant dû changer plus ou moins, à mesure qu’elles avançaient dans leur émigration.

(5) Voir la note 14, dernier paragraphe du commentaire : On connaît une localité et une rivière d’Oloman, qui débouche dans l’Atlantique, dans la province de la Nueva-Segovia, Etat de Nicaragua.

On connaît également l’origine de ceux de Tamub (6) et de ceux d'Ilocab, qui vinrent ensemble des contrées de l'Orient.

Balam Quitzé est l’aïeul et le père des neuf grandes maisons des Cavek; Balam-Agab l’aïeul et le père des neuf grandes maisons des Nimhaib : Mahucutah l’aïeul et le père des quatre grandes maisons d'Ahau-Quiché.

Ils existaient en trois divisions de familles sans qu’elles eussent oublié le nom de leur aïeul et de leur père, qui se propagea et se développa dans l'Orient.

Ainsi également vinrent Tamub et Ilocab, avec treize fractions de tribu : les Treize de Tecpan (7); puis ceux de Rabinal, les Cakchiquels, ceux de Tziquinaha; puis ensuite ceux de Zacaha; puis après ceux de Lamak, de

(7) Ces treize tribus de Tecpan sont les tribus pokomames et pokomchies.

 

Quibaha, Ah-Batenaba, Acul-Vinak, Balamiha, Cauchahe-leb, Balam-Colob.

Xere cut u nimakil amag ri u ga amag, koh cba chi-rech, xan nimakil mi-x-ka cholo. Qui chic elenak chirih ri hutak chob chi tinamit; mavi mi-x-ka tzibah qui bi xavi cu chila x-pogotah-vi uloc r’elebalgih.

Quïa vinak x-uxic ; chi gekumal ta x-quïaric : maha ch’alax-oc gih, zak, ta x-e quïaric ; xahun x-e qohe-vi co. nohele tzatz chi qui qoheic,qui binouic chila r’elebalgih.

Are ma-habi chi tzukun, qui coon ; xavi chi cah chi qui pacaba qui vach; mavi qu’etaam x-e be-vi naht x-qui bano;

Ta x-qohe quiy chiri geka vinak, zaki vinak : quiy va-chibal vinak, quiy u chabal vinak, cay u xiquin.

Qo ley u xecah, qo cut huyubal vinak, mavi ilo u vach ; ma-habi r’ochoch, xa chuti huyub, nima huyub que bec queheri e chuh; x-e cha, ta x-qui yahobeh ri huyubal vi-nak.

 

Cumatz, de Tuhalha, d'Uchabaha;  ceux de Chumilaha; puis ceux de Quibaha; ceux de Batenab, d’Acul-Vinak, de Balamiha, de Canchahel et de Balam-Colob (1).

(1) La capitale des Rabinaliens était Zamaneb dans les montagnes de Xolabah, à l’est du Quiché : celle des Cakchiquels Iximché, a une lieue du bourg actuel de Tecpan-Guatemala : celle de la tribu de Tziquinaha Atitlan, au sud du lac du même nom. Zahcaha ou Zakaha, ville encore connue aujourd’hui à 2 lieues de Quetzaltenango, mais dont le site antique existe à peu de distance de San-Cristobal Totonicapan. Lamak, Cumatz, Acul ou Aculaha. et Uchabaha, dont les sites existent aux environs de Zacapulas. Tuhal ou Tuhalha, dont les ruines se retrouvent non loin du Zacapulas actuel. Chumilaha, Quibaha, Batenab, paraissent avoir existé dans les terres de la haute Vérapaz, entre Cahbom et le Peten. Balamiha est probablement le même que Balamya, entre Tecpan-Guatemala et Comalapan.

Et celles-ci sont seulement les tribus principales, les bras des tribus, comme nous leur disons, n’ayant référé que les principales. Il y en a encore beaucoup d’autres qui sont sorties de la banlieue de chaque quartier de ville ; nous n’avons pas écrit leurs noms, mais seulement qu’elles se propagèrent dans les contrées où le soleil se lève.

Un grand nombre d’hommes furent faits, et ce fut durant l’obscurité qu’ils se multiplièrent : la civilisation n’existait pas encore, quand ils se multiplièrent; mais ils vivaient tous ensemble, et grande était leur existence et leur renommée là dans les contrées de l'Orient.

Alors ils ne servaient pas encore et ne soutenaient point (les autels des dieux) ; seulement ils tournaient leurs visages vers le ciel, et ils ne savaient ce qu’ils étaient venus faire si loin.

Là alors vivaient dans la joie les hommes noirs et les hommes blancs : doux (était) l’aspect de ces gens, doux le langage de ces peuples, et ils étaient fort intelligents(2).

(2) Quiy vachibal vinak, quiy u chabal vinak, cay u xiquin ; doux l’aspect des gens , doux leur langage des gens, doux leurs oreilles. Cette dernière locution désigne l'intelligence, de la même manière que nous disons qu’un homme a les oreilles ouvertes. Le mot quiy, doux, que l’original écrit toujours qui, a aussi Je sens de beaucoup, (de plusieurs, et Ximenez, pour quiy u chabal, diverses, plusieurs leurs langages ; mais il est positif qu’il faut le traduire par doux comme le premier, le second verset à la suite disant qu’une était leur langue.

Il y a des générations sous le ciel et il y a des pays et des gens dont on ne voit pas le visage; ils n’ont point de maisons, et ils parcourent comme des insensés les montagnes petites et grandes, dirent-ils, en insultant le pays de ces gens-là (3).

X-e cha chila x-qu’il vi r’elebal gih. Xa-cu-hun qui cha-bal conohel : maha chi qui ziquih-oc che abah : are natal chiquech ri u tzih Tzakol, Bitol, u Qux cah, u Qux uleu.

X-e cha xere qui quxlaan ri r’euaxicu zakiric : xa tzo-nonic chi qui bano e ahlog-tzih, e ahlog, e ahnim, e ah-xob ; chi qui pacaba qui vach chi cah, ta chi qui tzonoh qui meal; qui qahol.

Acarok! al Tzakol, at Bitol! Koh av’ila koh a ta! M’oh a tzako, m’oh a pizcalih, at Qabauil chi cah, chi uleuh, u Quxcah, u Qux uleu! ch’a ya-tah k’etal ka tzihol chi be gih, chi be zak; ta ch’auax-oc, ta zakiroc. Qui ta raxal be, raxal hoc koh a ya-vi ; lianic, zaklianic amag-tah ; ut-zilah, zak-utzilah amag-tah ; utzilah qazlem, vinakirem ta puch koh a ya-vi, at Hurakan, Chipi-Cakulha, Raxa Ca-kulha, Chip! Nanauac, Raxa-Nanauac, Voc Hunahpu, Te-peu, Gucumatz, Alom, Qaholom, Xpiyacoc, Xmucane r’Atit gih, r’Atit-zak, ta ch’auax-oc, ta zakir-oc!

X-e cha ta x-e qu’ilonic, x-eziquinic xa zelavâchin u zakiric xavi chila que mucun vi r’elebal gih qu’il avachin

 

Ainsi parlaient ceux de là-bas qui voyaient lever le soleil. Or, tous n’avaient qu’une seule langue : ils n’invoquaient encore ni le bois ni la pierre; et ils ne se souvenaient que de la parole du Créateur et du Formateur, du Cœur du ciel et du Cœur de la terre.

Et ils parlaient en méditant sur ce qui cachait le lever du jour : et remplis de la parole sacrée, remplis d’amour, d’obéissance et de crainte, ils faisaient leurs demandes ; puis, levant leurs yeux au ciel, ils demandaient des filles et des fils.

Salut! ô Créateur, ô Formateur! toi qui nous vois et nous entends! ne nous abandonne, ne nous délaisse point ! ô Dieu, qui es au ciel et sur la terre, ô Cœur du ciel, ô Cœur de la terre! donne-nous notre descendance et notre postérité tant que marcheront le soleil et l’aurore (1 ) ; que les semailles se fassent ainsi que la lumière. Donne-nous de marcher toujours dans des chemins ouverts et des sentiers sans embûches; que nous soyons toujours tranquilles et en paix avec les nôtres; que nous coulions une vie heureuse.; donne-nous donc une vie, une existence à l’abri de tout reproche (2), ô Hurakan, ô Sillonnement de l'Eclair, ô Foudre qui frappe, ô Chipi-Nanauac, Raxa-Nanauac, Voc, Hunahpu(3), Tepeu, Gucumatz; ô toi qui engendres et qui donnes l’être, Xpiyacoc, Xmucané, Grand’Mère du Soleil, Aïeule de la lumière, fais que les semailles aient lieu et que se fasse la lumière!

(1) Chi be gih, chi be zak, A aller le soleil, à aller la lumière; c’est une locution élégante qui, dans le quiché, exprime la perpétuité.

(2) Le texte dit mot à mot : Quïta raxal be, etc. Nombreux que les verds (brillants) chemins, vertes routes nous tu donnes; paisible, lumineux-paisible la tribu soit$ bonne, lumineuse-bonne la tribu soit; bonne vie, existence que donc nous tu donnés, ô Hurakan...

C’est ainsi qu’ils parlaient, tandis qu’ils étaient dans le repos, invoquant le retour de la lumière, et dans l’attente

ri iqogih, nima chumil ch’alaxic gih, tzihol ré u pa cah, u pa uleu, u binibal vinak tzak, vinak bit.

CAHPAH CHI TZIH.

X-e cha e Balam-Quitze, Balam-Agab , Mahucutah , Iqi-Balam : K’oyobeh na u zakiric. X-e cha e nimak eta-manel, e naonel, e ahqixb, e ahnim, que u chaxic.

Ma-habi cu habi-oc che, abah, chi chahin e ka nabe chuch, cahau : e xacu x-coz qui qux chiri chi r’oyobexic gih e qui chic ronohel amag ruq Yaqui-Vinak, ahqixb, ahqahb :

Xa ho, oh, ka tzukuh, oh pu k’ila ve qo chi chahin k’etala; chi ka riq ri koh tzihon-la chuvach. Xaki quehe oh qolic ma-habi chahal ke; x-e cha eut e Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam.

X-qui tao u tzihol hun tinamit x-e be vi.

du lever du soleil, ils contemplaient l’étoile du matin, ce grand astre précurseur du soleil, qui illumine la voûte du ciel et la surface de la terre, partout où se meuvent les créatures humaines (1).

(1) U binibal vinak tzak vinak bit. La promenade (les lieux où marchent) des gens formés, des gens créés. —· La vie de paix et de tranquillité décrite dans ce chapitre, le sabéisme, qui paraît avoir été le culte de ces tribus avant qu’elles invoquassent le bois et la pierre, comme elles le disent, avant de passer la mer pour émigrer, semblerait bien annoncer un séjour antique en Asie.

CHAPITRE QUATRIÈME.

Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah, et Iqi-Balam dirent : Attendons encore le lever du soleil. Ainsi parlèrent ces grands sages, ces hommes instruits dans les sciences, ces hommes remplis de respect et d’obéissance, ainsi qu’on les appelait.

Et encore il n’y avait ni bois , ni pierre (sculptées) que gardassent nos premiers mères et pères : mais seulement leurs cœurs s’y lassaient d'attendre le soleil, toutes les tribus étant déjà fort nombreuses, ainsi que la nation des Yaqui (2), les sacrificateurs :

(2) Yaqui-vinak, la nation des Yaqui. Ce nom de peuple, auquel l’auteur semble rattacher d’une manière spéciale les titres d’ahqixb et d’ahqahb, sacrificateurs, est celui sous lequel on connaissait anciennement les populations de la langue nahuatl, Toltèques et Mexicains : il a généralement dans les langues de l’Amérique centrale le même sens que nahuatl en mexicain et qui se traduisait en espagnol par ladino, poli, élégant, instruit dans une langue. Ainsi, pour yaqui-vinak, on pourrait dire, nation ou gens policés, yaqui-ixok, femme élégante, instruite, de bon ton. Le mot yaqui désigne aussi les nations étrangères et, par extension, la plaie des sauterelles, chapulin, en mexicain. Mais ici il s’agit de la nation yaqui, les Nahuas ou premiers Toltèques, dont il est question dans Sahagun (Hist, de las cosas de Nueva-Espaùa, lib. X, cap. 29).

Partons donc, allons chercher, allons voir enfin s’il y a (quelque chose) pour garder nos symboles (3); tâchons de trouver ce que nous devons allumer devant. Car tant que nous sommes, nous n’avons personne qui veille sur nous. Ainsi parlèrent Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam.

(3) Ve qo chi chahin k'etala, si est pour garder nos symboles (ou signes). On pourrait croire que ce sont des prêtres qu’il leur faut pour garder ces signes ; la suite» fait voir que ce qu’ils demandent, c’est l’arche qui garde ou renferme ces signes enveloppés dans un paquet. C’est un mystère, rendu visible toutefois par l’enveloppe, et l'arche ou la boite que portent les ahqixb et ahqahb.

Or, une seule ville entendit leur discours et ils partirent.

 

Are cut u bi huyub va x-e be vi Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam, ruq Tamub, Ilocab, Tulan-Zuiva, Vukub-Pek, Vukub-Civan, u bi t’mamitx-eopon-vi e qamol-re qabauil.

X-e opon eut chila Tulan conohel : mavi ahilan chi vi-nak x-oponic tzatz eut ch’u binic cholon eut.

R’elic uloc qui qabauil, nabe ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam que quicotic : Are ka tzu-kum va mi-x-ka riqo ! x-e cha.

Are eutnabex-el ri Tohil, u bi qabauil; x-e quel u cok ri caxic rumal Balam-Quitze. X-el chicu uloc Avilix u bi qabauil x-r’u kali Balam-Agab : Hacavitz chic u bi qa-bauil x-u qamo Mahucutah ; Nicahtagah u bi qabauil ·x-u qamo Iqi-Balam.

Xere eut r’ach Queche Vinak ri, x-uçaam chicut re Ta-mub : xavixere Tohil chi Tamub qo u bi x-qamouic u mam u cahau Tamub ahauab k’etaan eut vacamic.

R'ox chicut Ilocab : xavi Tohil u bi qabauil x-u qamo qui mam, qui cahau, ahauab xavi k’etaam vacamic.

Or, voici le nom des lieux où s’en allèrent Balam-Quitzé, Balam-Agab, Machucutah et Iqi-Balam, avec Tamub et Ilocab, Tulan-Zuiva, les Sept-Grottes Sept-Ravins, tel est le nom de la ville où ils allèrent recevoir des dieux (1).

(1) Ils allaient recevoir des dieux où? à Tulan-Zuiva, Vukub-Pek, Vuhub-Civan; Tulan-Zuiva, autrement appelé les Sept-Grottes, les Sept-Ravins, les mêmes lieux que la tradition mexicaine appelle Tullan-Chicomoztoc.

Et ils arrivèrent là tous à Tulan : on ne pouvait compter le nombre des gens qui arrivaient et qui tous entraient en marchant en bon ordre.

On leur remit leurs dieux, et les premiers furent ceux de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam; ils étaient remplis d’allégresse : Voici que nous avons enfin trouvé (l’objet de nos recherches)! dirent-ils.

Voici donc le premier qui sortit, Tohil, (et c’est) le nom du dieu (2); ils suspendirent son arche (3), qui fut portée par Balam-Quitzé. Ensuite sortit Avilix, nom du dieu que descendit Balam-Agab ; Hacavitz est après cela le nom du dieu que reçut Mahucutah, et Nicahtagah le nom du dieu que reçut Iqi-Balam (4).

(2) Tohil, déterminatif de Toh, nom du dieu principal des nations de la langue quichée. Ximenez dit qu’il signifie Pluie, Averse: mais il cou-fond ici le nom du dieu avec le signe. Toh, clans son propre vocabulaire, est rendu par le mot paga, paie, pagar, payer. Mais le MS. Cakchiquel, parlant des noms divers donnés aux tribus, dit que les Quichés reçurent celui de Tohohil, qui signifie grondement, bruit, clangor armorum du verbe tohoh, sonner, résonner, parce que les Quichés, ayant entendu comme un bruit d’armes dans le ciel, annoncèrent que de là viendrait leur salut. Cependant Toh ou Tohil était représenté avec le signe de l’Eau au ixe jour du calendrier, correspondant au signe mexicain Atl, et suivant ce même livre, le dieu Tohil était, comme nous le verrons plus loin, le même que Quetzalcohuatl.

(3) L’arche où était porté le dieu, cok, est une sorte de cage ou de hotte, plus ou moins analogue à celle dont les indigènes se servent encore aujourd’hui pour porter des choses fragiles, des poules, etc. On l’appelle dans le provincialisme espagnol du pays, cacaste, du mexicain cacaxtli. J’ai vu porter de cette manière des images de saints de bourgade en bourgade : la hotte alors se transforme, comme naguères pour les idoles, en une caisse légère, ayant plus ou moins la forme d’une arche ou chapelle, que l’Indien porte sur son dos à l’aide de courroies, de la même façon qu’il porte encore des malades ou des voyageurs sur une chaise, la porte ou fermoir de la caisse s’ouvrant en dehors, de sorte qu’on peut voir l’image au besoin, sans déranger le porteur qui marche, précédé ou suivi d’un compagnon, agi tan tune sonnette pour avertir que sa charge est sacrée.

(4) Ni Avilix, ni Hacavitz ne présentent un sens clair en quiché. Nicah-Tagah signifie le centre de la plaine ou de la vallée.

Et de même que la nation Quichée, reçurent aussi (leurs dieux) ceux de Tamub : et Tohil est également le nom de Tamub, que prit l’aïeul et père des princes de Tamub, que nous connaissons encore aujourd’hui.

La troisième (tribu) enfin est Ilocab ; Tohil aussi est le nom de son dieu, que reçurent ses aïeux et ses pères, et ses princes aussi nous les connaissons aujourd’hui (5).

(5) C’est-à-dire quinze ou vingt ans après la conquête de Guatemala, époque où l’auteur parait avoir rédigé ce livre.

 

Quehecut u binaam vi oxib chi Quiche : x-ma x-u tzo-copih vi rib; rumal xahunam u bi qabauil, Tohil Qui-che, Tohil chi Tamub, chi Ilocab, xahun u bi qabauil, que cu mavi x-u hach vi rib r’oxichal Queche.

Oxib ri quitzih njmak qui qoheic Tohil, Avilix, Haca-vitz.

Ta x-oc chicut ronohel amag, Rabinaleb, Cakcheque-leb, Ah-Tziquinaha, ruq Yaqui-Vinak u bi vacamic.

Chiri cut x-halcatih u chabal ri amag ; halahoh qui chahal x-uxic : mavi calah chic x-qui tao chi quibil quib, ta x-e petic chi Tulan. Chiri cut x-qui paxih vi quib : qo x-bechila r’elebal gih, tzatz curi x-pe varal.

Xa cuhumah tzuum qui qu : ma-habi ri utzilah tak qui tah qui cohom, xa u tzumal chicop qui cavubal. E meba, ma-habi quech, xa e naual vinak chi qui qoheic.

Ta x-e pe chila Tulan-Zuiva, Vukup-Pek, Vukub-Zivan, cha chupan oher tzih, tzatz chu binic x-opon chi Tulan.

VOOPAH CHI TZIH.

Ma-cu-habi gag ; xaki e qo ri Tohil, are curi u gabauil amag, nabe x-vinakir u gag : mavi calah u vinakiric, ca nicou chic qui gag, ta x-qu’il ri Balam-Quitze, Balam-Agab.

 

Tel est le nom des trois (familles) quichées : elles ne se séparèrent point ; car un était le nom de leur dieu, Tohil (celui) du Quiché, Tohil de Tamub et d’Ilocab, le dieu n’ayant qu’un seul nom, et elles né se séparèrent point ces trois (familles) quichées.

De ces trois, véritablement très-grande (était) leur nature, de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz. ־

Alors également arrivèrent toutes les tribus, les Rabi-italiens, les Cakchiquels et ceux de Tziquinaha, avec la nation de Yaqui, ainsi qu’on les appelle aujourd’hui.

Or, c’est là que s’altéra la langue des tribus; là se fit la diversité de leurs langues : elles ne s’entendirent plus bien clairement entre elles, lorsqu’elles vinrent à Tulan. Or c’est là qu’elles se divisèrent : il y en eut qui allèrent à l'Orient et beaucoup par ici.

Et la peau des bêtes était leur unique vêtement : ils n’avaient pas cette abondance de bonnes toiles dont ils pussent se vêtir, la peau des bêtes étant leur seul ornement. Ils étaient pauvres, n’avaient rien en leur possession, seulement ils étaient des hommes prodigieux par leur nature.

Lorsqu’ils arrivèrent là en Tulan-Zuiva, aux Sept-Grottes, Sept-Ravines, est-il dit dans les antiques histoires, longue avait été leur marche pour arriver en Tulan.

CHAPITRE CINQUIÈME.

Or, il n’y avait point de feu ; seulement étaient là ceux de Tohil, et celui-ci est le dieu de la nation, le premier il créa le feu : on ne sait pas au juste comment il se produisit, car leur feu brillait déjà, quand l’aperçurent Balam-Quitzé et Balam-Agab.

 

Acarokl ma-habi ka gag mi-x-uxic. X־koh cam rumal tea, x-e cha-cut. — Ta x-chau-cut ri Tohil : M’yx bizo-nie. Qo yvech chi zach ri gag qu’y biyh, x־chacut Tohil chique.

Ma quitzih, at Qabauil! at ka tzukuh, at pu ka coon, at, ka Qabauil, x-e cha chire ta x-qui qamouah ri.

X-u biyh Tohil : Utzbala! quitzih, in y Qabauil; ta ch'uxoc ! in yv’Ahaual, ta ch’uxoc! X-e uchax ri ahqixb, ahqahb rumal Tohil. Are eut que gagal ri amag, que quicotic rumal qui gag.

Qatepuch tax-tiqaric nima hab, are ca tilo u gag amag, tzatz eut chi zakboch x-kahic pa qui vi ronohel amag, ta x-chup eut qui gag rumal zakboch, ma-habi chic qui gag x-uxic.

Ta x-qui tzonoh chicut qui gag ri Balam-Quitze, Balam-Agab : At Tohil ! quitzih koh utzinic rumal teu, x-e cha eut chire Tohil ! — Utz, m’yx bizonic, x-cha Tohil, qate ״ ta x-r’elezah gag x-u bak uloc chupan u xahab.

Qatecut x-e quicotri Balam-Quitze, Balam-Agab, Ma-hucutah, Iqi-Balam ; qatecut x-e migic. Are eut chupinak chic u gag amag, que utzin chic rumal teu : qate pu qui petic chic e tzonoy qui gag cuq ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam.

 
 

Hélas ! nous n’avons plus de ce feu qui s’était fait. Nous allons mourir de froid, répétèrent-ils. — Alors Tohil répondit : Ne vous affligez point. C’est à vous (qu’il appartiendra de garder ou) de détruire ce feu dont vous parlez, leur répliqua-t-il.

Vraiment, en serait-il ainsi, ô Dieu! ô toi qui est notre soutien et notre nourricier; toi, notre Dieu! lui dirent-ils, en lui offrant des présents.

Tohil parla : C’est bien ! véritablement, c’est moi qui suis votre Dieu ; ainsi soit-il! c’est moi qui suis votre Seigneur; ainsi soit-il ! fut-il dit par Tohil aux sacrificateurs. Et ainsi se réchauffèrent les tribus, et elles se réjouirent à cause de leur feu.

Mais ensuite commença une grande averse, qui éteignit le feu des tribus, et beaucoup de grêle tomba sur la tête de toutes les tribus, et leur feu s’éteignit alors à cause de la grêle, il n’y eut plus de ce feu qui s’était fait (1 ).

(1) Dans les hautes montagnes des Mams (à plus de 10,000 au-dessus du niveau de lamer) où je voyageais à la fin de juin 1860, je fus surpris moi-même par une averse de grêle de ce genre, à la suite d’une matinée magnifique ; elle blanchit tous les sommets voisins.

Alors Balam-Quitzé et Balam-Agab demandèrent encore une fois leur feu : O Tohil ! en vérité, nous mourons de froid, dirent-ils à Tohil! — C’est bon, ne vous affligez point, répliqua Tohil. Et aussitôt il fit jaillir le feu en battant sur son soulier (2).

(2) Cate ta x-r’elezah gag x-u bak uloc chupan u xahab·, apres quoi il fit sortir le feu, en remuant au dedans de son soulier. Le verbe bak, remuer, a ici le sens de tourner comme une tarière, ce que Ximenez rend fort bien par ces mots, dando vueltas en su zapato. Mais il faut ajouter que xahab, soulier ou mieux sandale, vient de xah, danser, remuer comme un chien remue la queue, bien des danses dans ces contrées étant un remuement mesuré, presque insensible à première vue, mais où l’on voit avec étonnement tous les muscles du corps s’agiter à ]a fois au son de Tins-trament. Ici, cependant xahab parait renfermer un autre mystère; xah étant composé de la particule féminine x et de ah, la canne verte et creuse, bambou ou tuyau, ce qui de xah ferait la matrice. Ab est la puissance matérielle, la force, le vent même, la respiration, et, dans ce cas faisant deux mots de xahab, il faudrait traduire: Après quoi il lit sortir le feu, remuant au dedans la puissance de la matrice. Car il s’agit évidemment ici d’un mythe fort ancien sur l’origine du feu, renouvelé, ainsi que beaucoup d’autres dans cette partie du Livre Sacré, à l’occasion des tribus quichées.

Ensuite Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam se réjouirent, après quoi ils se réchauffèrent. Voilà donc que le feu des tribus s’était éteint aussi, et elles se mouraient de froid : alors elles vinrent demander du feu à Balam-Quitzé, à Balam-Agab, à Mahucutah et à Iqi-Balam.

Ma eu ea qui chili chic ruinai teu, zakboch, xa que îexlot chic, que zikzot chi puch, ma-habi e qaz chi vi, ca coycot chic c’akan qui gab, mavi que chapon chic ta x-e ulic.

Ma qu’y koh qix na yvuq chi ka tzonoh ta ve k’oc zca-quin y gag, x-e cha ta x-e ulic. Ma-cu-habi x-e eulaxie, ta x-c’ogon eu qui qux ri amag.

Halan chic qui chabal ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam : Acarok ! A ! x-ka canah-vi ka chabal ! Hupacha x-ka bano, mi-x-oh zachic ? apa x-oh qaxtokax-vi? xahun ka chabal ta x-oh pe chila Tulan; xa-pu-hun ka tzukibal, ka vinakiribal. Mavi ulz x-ka bano, x-e cha-cut conohel amag xe che, xe caam.

Ta x-u qut eu rib hun vinak chi qui vach ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam, x-cha curi u zamahel Xibalba.

Quitzih chi are y Qabauil, ri are y trukun; are pu u gexvach, natubal reTzakol yve, Bitol pu yve. M’y va eu qui gag ri amag, cuna chi qui yao chire Tohil m’yv’-ahauah chi qui ya ch’yve. Ch’y tzonoh na chirech Tohil chire na chi pe-vi chi qui yao qambal gag ; x-cha ri Xib-alba. '

 

Et elles n’en pouvaient plus à cause du froid et de la gelée, tremblant (qu’ils étaient tous) et claquant des dents l’une contre l’autre, n’ayant plus de vie en eux, les pieds et les mains engourdis, au point qu’ils ne pouvaient plus rien tenir lorsqu’ils arrivèrent.

Ne nous faites point d’affront maintenant que (nous sommes) avec vous pour vous demander de nous donner un peu de votre feu, dirent-ils en arrivant. Mais on ne les reçut pas bien, et alors le cœur des tribus se remplit de tristesse (1).

(1) Ma-cu-habi x-e culaxic, point donc il y eut qui fussent rencontrés (venus au-devant). Ce texte et les suivants sembleraient indiquer que ces tribus, séparées depuis longtemps du groupe des sacrificateurs, les eussent alors retrouvés par hasard.

Or, le langage de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam était déjà différent : Hélas, donc! nous avons délaissé notre langue! Comment donc avons-nous fait, nous sommes ruinés? D’où vient donc que nous avons été induits en erreur? Nous n’avions qu’une seule langue, lorsque nous vînmes de Tulan ; un était seulement notre mode de soutenir (l’autel) et notre éducation. Ce n’est pas bien ce que nous avons fait, répétèrent toutes les tribus, dans les bois et sous les lianes.

En ce moment se montra un homme aux yeux de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Ba־; lam, et l’envoyé de Xibalba leur parla de cette sorte :

En vérité, c’est là votre Dieu, c’est celui que vous soutenez, et c’est le représentant et l’ombre (2) de votre Créateur et de votre Formateur. Ne leur donnez donc point leur feu aux tribus, jusqu’à ce qu’elles aient donné à Tohil, que vous avez pris pour seigneur, ce qu’elles vous ont donné à vous. Demandez-lui donc, à Tohil, ce qu’elles viendront donner pour prendre du feu, dit (cet envoyé de) Xibalba.

(2) Natubal, déterminatif de natub, qui signifie l’ombre de l’homme ; dans les documents anciens, comme celui-ci, natub aussi est l’âme. L’ombre des objets purement matériels, des arbres; etc., se dit muh, de là muhibal,  ce avec quoi se fait l’ombre.

 

Qo uxic queheri uxic zotz. In zamahel cumal Tzakol yve, Bitol yve, x-cha cu ri Xibalba.

Xe quicot chicut; x-nimar chic chi qui qux ri Tohil, Avilix, Acavitz, ta x-cha u ri Xibalba. Libahchi cut x-u zach rib chi qui vach mavi x-mainic.

Ta x-e ui chicut ri amag, que utzin chic rumal teu : tzatz chi zakboch, chi gekal hab zakbocom puçh, mavi ahilan teu. ’

Ca qui culu que luclutic, que chacchot chic rumal teu ronohel amag, ta x-e ul chiri e qo־vi Balam-Quitze, Balam Agab,Mahucutah, Iqi-Balam. Nim u gâtât qui qux, chiki-mah qui chi, chikimah qui vach.

Qatepuch c’ulic chic e elegom chi-qui-vach Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Bàlam :

Maqui ch’y togobah ka vach, chi ka tzonoh tucok zcaquin y gag ? Mavi x-u culu , ma-pu x-u riqo ma-pu xa-hun k’ochoch, xa-pu־hun ka huyubal, ta x-yx tzakic, ta x-yx bitic ? ch’y togobah-ta cu ka vach, x-e cha-cut!              .

—- Nakila cu ch’y cu yao chike, chi ka togobah eu y vach, x-e u chax-cut? — Utz, chi ka ya puvak chyve, x-e cha-cu ri amag.

— Mavi ca k’ah ri puvak, x-e cha-cut Balam-Quitze, Balam-Agab. —Nakipaki ch’yv’ah? — Xataba chi ka tzonoh. — X-e cha chicut ri amag : Utzbala. — Ka tzo-

 

Son être était comme l’être d’une chauve-souris (1). Je suis envoyé par votre Créateur, par votre Formateur, dit aussi ce (messager) de Xibalba.

(1) Qo uxic queheri uxic zotz, était (ou est) l’être comme l’être chauve-souris. C’est encore un jeu de mots pour égarer le lecteur ; aussi Ximenez lit-il: Qo u xic queheri u xic zotz ; était ses ailes comme les ailes de chauve-souris. Nous laissons notre traduction, pour diminuer le merveilleux , d’autant plus que le sens doit être : que ce fut une chauve-souris, c’est-à-dire un Zotz ou Zotzil, un des chefs de la nation zotzlem qui était envoyé comme messager de Xibalba.

Or, ils furent, remplis d’allégresse ; le cœur de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz s’exalta également, tandis que parlait cet (envoyé) de Xibalba. Et aussitôt il s’évanouit à leurs regards, sans (pour cela) cesser d’exister.

Alors arrivèrent aussi les tribus qui se mouraient également dé froid : (car il y avait) beaucoup de grêle, et, avec la pluie obscure qui se gelait, c’était un froid indicible (2).

(2) Mavi ahilan teu, non comptable (était) le froid.

Or, toutes les tribus se rencontrèrent tremblotantes et bégayant de froid, lorsqu’elles arrivèrent là où étaient Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam. Grand était le déchirement de leurs cœurs, leurs bouches et leurs regards étaient remplis de tristesse.

Ensuite elles retournèrent à la dérobée à la présence de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam :

N’aurez-vous pas pitié de nous, nous, qui demandons seulement un peu de votre feu? Y a-t-il eu donc et s’est-il trouvé plus qu’une seule demeure pour nous (tous), plus qu’une patrie pour nous, lorsque vous fûtes créés et formés? Ayez donc pitié de nous, répétèrent-elles !

Que nous donnerez-vous donc pour que nous ayons pitié de vous? leur répondit-on. — Eh bien, nous vous donnerons de l’argent, répondirent les tribus.

— Nous ne voulons point d’argent, répliquèrent Balam-Quitzé et Balam-Agab. — Et que voulez-vous donc? — Tout à l’heure nous le demanderons (à Tohil). — Les tri-

 

noh na chirech Tohil ; qatecut x-chi ka byih chyve ; x-e u ch ax chic .

Nakipa chi qui ya’riamag, at Tohil,. c’ul qui tzonoh ri a gag, x-e cha curi Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahu^ cutah, Iqi-Balam?

— Utzbala ! ma chi c’ah qui tunic xe qui toloc, xe pu qui mezquel? Ma ca r’ahon qui qux, qu’in qui galuch ri in Tohil. Ta ma cu chi r’ah, ma eu ch’in ya qui gag, ca cha Tohil.

Qu’y cha chique ca tiqal na cut ; mana camic-tali x-qui tunic x-e qui toloc, qui mezquel, ca cha chyvech, qu’yx cha, x-e u chax cut Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahu-cutah, Iqi-Balam. .

Ta x-qui bih cut u.tzih Tohil. Utzbala, chi tunic, utz puch chi ka galuh, x-e cha cut ta x-qui chocobeh, x-qui culuba puch u tzih Tohil. Mavi x-qui quiyaluh chic. Utz, xa huzu, x-e cha, ta x-qui qam cut gag ; gate x-e migic.

 

VAKPAH CHI TZIH.

Xacu hu chob ri xa x-r’elezah ubic gag pa zib, are ri Zotzila-ha, Chamalcan u bi qui qabauil Cakchequeleb, xa Zotz u vachibal.

 

bus dirent à leur-tour : C’est bien. — Nous allons donc le lui demander à Tohil, et ensuite nous vous le communiquerons, leur fut-il répondu.

Qu’est-ce que les tribus donneront, ô Tohil, elles qui viennent demander ton feu, dirent alors Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam?

Eh bien, voudront-elles s’unir (à moi) sous leur ceinture et sous leur aisselle (1)? Leur cœur y consent-il, qu’elles m’embrassent, moi, Tohil ? Mais si on ne le veut point, je ne leur donnerai point de feu, dit Tohil.

(1) Ces paroles s’interprètent ainsi : Consentent-elles à s’unir sous leur ceinture et sous leur aisselle (au cou-teau.des sacrifices),consentent-elles à m’embrasser (en me donnant leurs enfants pour les immoler sur mon autel) ?

Dites-leur que (cela n’aura lieu que) peu-à-peu ; que ce n’est pas actuellement (que se fera) leur union sous leur ceinture et leur aisselle, vous dit-il, direz-vous. Ainsi fut-il répondu à Balam-Quitzé, à Balam-Agab, à Mahucutah et à Iqi-Balam.

Alors ils référèrent la parole de Tohil. C’est fort bien, l’union (aura lieu), et c’est bien aussi que nous l’embrassions, répondirent-elles, en entendant et en recevant la parole de Tohil. Elles ne tardèrent pas longtemps non plus (à remplir leur promesse). C’est bien, vite (qu’on se dépêche), dirent-elles, en recevant le feu ; après quoi elles se chauffèrent.

 

CHAPITRE SIXIÈME.

Il y eut toutefois une troupe qui déroba le feu dans la fumée, celle de la maison de Zotzil, et Chamalcan est le nom du dieu des Cakchiquels, dont le symbole est une chauve-souris (2).

(2) C’est la maison de Zotzil ou des chauves-souris, sortie de Tzinacantan ou Zotzlem, au Chiapas, qui fonda le royaume proprement dit de Guatémala ou des Cakchiquels. Une chauve-souris était leur symbole ou signe de leurs armoiries. Chamalcan était leur dieu, et la phrase qui parle du symbole est amphibologique et dit également que la chauve-souris était le symbole du dieu et des Cakchiquels.

 

Ta x-e iqo pa zib, chi liblotic x-e iqouic, la x-ul u qa-ma gag : mavi x-u tzonoh u gag ri Cakchequeleb, mavi x-u y a rib chi chakic.

Xere x-chakatah ri amag ronohel, ta x-u yao u xe u toloc, u xe u mezquel chi tuxic : are cul u tuxic ri x-u biyh Tohil, ta x-puz ronohel amag chuvach, ta x-qolix ulocu qux chu toloc, chu mezquel.

Maha chi tihou-ôc u banic ta x־nicvachixic ruinai Tohil, u camic puch gagal tepeual cumal ri Balam-Qui-tze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam.

Chila petenak vi Tulan Zuiva ma eu que va-tah; hun-elic meuahic x-qui bano, xere qui zelavachin ri u zakiric, qu’ ilavachin f eliculagih.

Que halou quib chi r’ ilic ri nima chumil, Iqogih u bi, are nabe chuvach gih, ta ch’ alaxoc ri gih ; raxa iqogih, amagel eu chila qo־vi qui vach chi r’elebàl gih , ta x-e qohe chila Tulan Zuiva u bi x-pe-vi qui qabauil.

Mana xata ca varal-tah x-qui qam vi qui gagal c’ah-auarem puch; xavi chila x-chatah vi, x-yogotah vi nima amag, chuti amag, ta x-puzic chuvach Tohil, x-u yao u quiqel, u comahil, u toloc, u mezquel ronohel vinak.

 

Lorsqu’ils passèrent dans la fumée, tout doucement ils passèrent, en venant prendre le feu : mais les Cakchiquels ne demandèrent pas le feu et ne se donnèrent pas pour vaincus (1 ).

(1) Ceci ferait croire que les Cakchi quels ne sacrifiaient point de victimes humaines, ce qui parait se confirmer de quelques détails qu’on verra plus loin.

Mais toutes les (autres) tribus furent prises dans cette embûche, lorsqu’elles accordèrent le dessous de leur coin-ture et le dessous de leur aisselle pour être ouvert: et c’est l’ouverture (de la poitrine) qu’avait signifiée Tohil; lorsqu’on sacrifia toutes les tribus devant sa face (2), lorsqu’on leur arracha le cœur de la poitrine et de l’aisselle.

On n’avait pas encore tenté cette pratique, quand fut énigmatiquement proposée par Tohil leur mort dans l’épouvante et la majesté (3) par (les mains de) Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam.

De Tulan Zuiva était venu (l’usage) de ne point manger (beaucoup): ils pratiquaient un jeûne perpétuel, veillaient uniquement, en attendant l’aurore, et épiaient le lever du soleil.

Ils s’alternaient pour voir la grande étoile, appelée l'Etoile du matin, qui !a première est devant le soleil, à la naissance de l’astre du jour; étoile brillante du matin qui était toujours là, du côté où étaient (tournés) leurs regards, (c’est-à-dire) au soleil levant, tandis qu’ils étaient en Tulan Zuiva, nom du lieu d’où vint leur dieu.

Ce ne fut donc pas ici qu’ils reçurent leur puissance et leur souveraineté ; mais bien là où l’on écrasa et où l’on mit sous le joug les tribus grandes et petites, lorsqu’on les sacrifia à la face de Tohil, en lui offrant le sang, la vie, la poitrine et l’aisselle de tous les hommes.

Huzu chi Tulan x-pe-vi qui gagal, nima etamabal qo cuq chi gekumal cut chi agabal puch x-qui bano.

X-e pe chicut x-e bokotah chi ula chila x-qui canah chic r’elebal gih :Mavi are k’ochoch va : xa ho chi k'il na koh tiqe-vi, x-cha curi Tohil.

Quitzih chi chauic chiquech Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam. Qu’yx qamouan na-canoc, ch’y taha na-cut u hutic y xiquin, ch’y tziza y chuc, qu’yx qahb-oc; are y qamouabal chuvach QabauiL

Utzbala, x-e cha-cut, ta x-qui hut qui xiquin. X-oc cut ch 11 pan qui bix qui petic Tulan : x-og qui qux, ta x-e petic, ta x-c’ogotah canoc Tulan.

Acarok ! mavi varal x-chi k’il-vi u zakiric ta x-alax-oc ri gih, zakirizay u vach uleu, x-e cha-cut, ta x-pe cut.

Xacu x-u canahibeh ri pa be xa x-qo-vi vinak chi canah chiri que var-vi, huhun chi amag que yacatah vi uloc amagel cut chiqu’il ri chumil r’etal gih.

Are r’etal u zakiric chi qui qux, ta x-e petic chila r7-elebal gih, qui hunam vach x-e iqou ula chila nim xol, ka bixic vacamic.

 

Aussitôt à Tulan leur vint leur majesté, cette grande sagesse qui était en eux dans l’obscurité et dans la nuit et avec laquelle ils agissaient.

Ils vinrent donc et s’arrachèrent de là et abandonnèrent (les lieux) où le soleil se lève: Ce n’est pas là notre demeure : allons donc voir maintenant où nous la planterons, dit alors Tohil.

Véritablement il leur parlait à Balam-Quitzé, à Balam-Agab, à Mahucutah et à Iqi-Balam. Faites avant toute chose vos actions de grâces, arrangez également les trous de vos oreilles, piquez vos coudes et offrez le sacrifice (de votre sang) ; ce sera l’acte de votre gratitude devant Dieu.  

C’est bien, répondirent-ils, en se perçant les oreilles. Et ils mirent (ces choses) dans leur chant de leur venue de Tulan; et leurs cœurs gémirent, lorsqu’ils se mirent en chemin, après qu’ils se furent arrachés de Tulan.

Hélas ! nous ne verrons plus ici l’aurore au moment où naît le soleil qui éclaire la face de la terre, dirent-ils en se mettant en route.

Mais on laissa (du monde) en chemin; car il y eut des gens qui demeurèrent là endormis, chacune des tribus se levant toujours de manière à voir l’étoile messagère du soleil.

C’est ce signe de l’aurore qui était dans leur pensée, lorsqu’ils vinrent de là où le soleil se lève, et leur espérance était la même, en partant de ce lieu qui est à une grande distance, nous dit-on aujourd’hui.

VUKPAH CHI TZIH.

Ta x-e ul puch chiri chuvi hun huyub ; chiri x-qui cuch vi quib conohel queche vinak ruq amag, chiri cu x-e po-pon vi conohel ta x-qui pixabah quib ; u binaam huyub vacamic Chi-Pixab, u bi huyub.

X-e cuchu vi quib chiri cut x-qui cobizah vi quib : In va, in Queche vinak ! At curi, at Tamub, are a bi ch’uxic, x-u chax ri Tamub. X-cha chicut Ilocab : At Ilocab, are a bi ri ch’uxic ; mavi zachel oxib chi quiche, xa hunam ka tzih x-e cha cut ta x-coh qui bi.

Ta x-binaah chi curi Cakchequeleb : Gagchequeleb u bi x-uxic ruq chic Rabinaleb, are chi cu u bi x-uxic, mavi zachinak vacamic. Are chi curi Ah-Tziquinaha u bi vaca-mic, Arecu qui bi ri x-qui biyh chi qui bi 1 quib.

Chiri na x-e popon vi xa chi c’oyobeh na u zakiric chi qu’ilavachih r’elic ט lu chumil are nabe chuvach gih, ta ch’alax-oc : Chila x-oh pe-vi, xa x-oh paxin kib, x־e cha chi quibil quib.

Are chi gâtât vi qui qux, ri nima qaxcol x-e iqou-vi uloc : ma-habi va, ma-habi echa, xa u xe qui chamiy chi qui

 

CHAPITRE SEPTIÈME.

En ce temps donc il arrivèrent sur le haut d une montagne ; là s’assemblèrent tous ceux de la nation quichée, avec les tribus, et ce fut là qu’ils tinrent tous conseil, en s'avisant mutuellement ; et le nom de la montagne est aujourd’hui Chi-Pixab (du mandat ou de l'avertissement) le nom de la montagne.

Et là s’étant réunis, ils se glorifièrent, en se nommant : C’est moi, c’est moi qui suis le Quiché. — Pour toi, tu es Tamub, ce sera là ton nom, dit-on à (ceux de) Tamub. On parla de même à (ceux d')Ilocab : Toi tu es Ilocab, ce sera là ton nom ; ces trois (noms) quichés ne se perdront point et notre esprit est un, répétèrent-ils, en s’imposant leurs noms.

Et alors aussi on nomma les Cakchiquels ; Gagchequels (1) devint leur nom, et la même chose de ceux de Rabinal qui devint aussi leur nom, et il n’a pas été effacé aujourd’hui. Il y eut encore ceux de Tziquinaha dont le nom (est le même) actuellement. Voilà donc les noms dont ils s’intitulèrent entre eux.

(1) Gagchequeleb, nom exact des Cakchiquels, de gag, feu, che, bois, qu', lequel, el, sortir, et eb. finale plurielle: c’est-à-dire Feu de bois (ou tison) qui est sorti; c’est une allusion au vol du feu par le Zotzil.

C’est là qu’ils tinrent d’abord conseil, attendant actuellement l’aurore et épiant la sortie de l’étoile qui la première (se montre) devant le soleil, à son lever : De là nous sommes venus ; mais nous nous sommes séparés, se disaient-ils les uns aux autres.

Car leur cœur se brisait, et grande était la souffrance qu’ils passaient : ils n’avaient ni nourriture ni subsistance,

 

zico, quehe ri que yaiçchiqui nao, x-maque va-vi, ta x-e petic.

Ma eu calah qui iqouic uloc pa palo : queheri ma-habi palo x-e iqou-vi uloc ; xa chuvi tak abah x-e iqou־vi uloc, colehe ula ri abah puzanaieb. Ta x-qui binatizah eut Cho-lochic-Abah,Bokotahinak-Zanaieb, u bi cumalri, x-eiqou-vi uloc chupan palp, u hachon rib ha x-e iqou-vi uloc.

Are eut chi galat vi qui qux, la x-e pixaban quib, chi ma-habi qui va, hu uq chi qui cumeh ri xa huma ixim.

Chiri eut e caal-vi chuvi huyub Chi-Pixab u bi ; xavi ca eu caam ri Tohil, Avilix, Hacayitz. Nima meuahic ca qui ban ri Balam-Quitze ruq r’ixokil Caha-Paluna u bi r’ixo-hil : xavi quehe c’u bano Balam-Agab, ruq r’ixokil Cho-mi la u bi ; ruq chic Mahucutah nima mevahic qo-vi ruq r’ixokil Tzununiha u bi; ruq Iqi-Balam, Cakix-ha u bi r’ixokil.

Are eut e ahmeua ri chi gekumal chi agabal : nim qui biz ta x-e qoheic chuvi huyub Chi-Pixab u bi vacamic, x-cha chicut qui qabauil chiri.

 

sinon la souche de leurs bâtons qu'ils sentaient, et ils s’imaginaient qu’ils mangeaient, quoiqu’ils ne mangeassent point, en venant.

Mais il n’est pas bien clair leur passage sur la mer: 'comme s’il n’y avait pas eu de mer, ils passèrent de ce côté ; car ils passèrent sur des pierres éparses et ces pierres étaient roulées sur les sables. C’est ce qui fit qu’ils appelèrent alors (cet endroit) Pierres rangées et sables arrachés, nom qui lui fut donné par eux, à leur passage en dedans de la mer, l’eau s’étant partagée, lorsqu’ils passèrent (1).

(1) N’y aurait-il pas ici confusion de deux traditions distinctes sur le passage par mer? l’une qui regarde les premiers législateurs dans les temps tout à fait anciens, et l’autre qui a rapport aux tribus quichées? Ces passages ne sont pas moins intéressants que mystérieux.

Or leurs cœurs étaient brisés par l'affliction, tandis qu’ils s’avisaient ainsi les uns les autres, parce qu’ils n’avaient rien à manger, (sinon) un peu d’eau qu’ils avalaient ainsi qu’une bouchée de maïs.

Et ils étaient là ramassés sur la montagne, nommée Chi Pixab, portant de même (avec eux) Tohil, Avilix et Hacavitz. Ils observaient un grand jeune, Balam-Quitzé avec sa femme Caha-Paluna, (qui était) le nom de sa femme : de même aussi l’observait Balam-Agab avec sa femme appelée Chomiha, ainsi que Mahucutah, à qui ce grand jeûne était (imposé) comme à son épouse, appelée Tzununiha, à Iqi-Balam, et à sa femme nommée Cakix-ha.

Et c’étaient eux qui étaient les jeûneurs dans les ténèbres et la nuit : grande fut leur tristesse, pendant qu’ils habitèrent sur la montagne aujourd’hui appelée Ghi-Pixab et où leur dieu continuait à leur parler.

 

VAHXAKPAH CHI TZIH.

Ta x-cha cut ruq Tohil, Avilix, Hacavitz chiquech ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam : Xa־ta koh bec, xa-ta pu koh yacalahic, ma la varalkob qohe-vi : chi eual-tah koh y ya-vi ;

Mi-x-yopih u zakiric. Ma-pa togob y vach, uve koh ca-nabixic rumal ahlabal chi Izak va oh qo-vi yvumal, yx ahqixb, ahqahb? Huhun ta cut koh y ya-vi, x-e cha-cut ta x-e chauic. — Utzbala, xa koh bokotahic, ka tzukuh tak ri quechelah, x-e cha-cut conohel.

Qatepuch x־qui qam chi r’ekaxic u qabauil huhun chiquech ta x-oc cut Avilix pa ci van u binaam Euabal-Ci van ch’uchax cumal ·pa nima ci van chi quechelah, Pau-lix u bi vacamic chiri x-canah-vi ; x-cu canah-oc pa civan rumal Balam.-Agab.

Cholom u canahic u nabe ri x-canah chicut Hacavitz ehuvi hun nima cakha, Hacavitz u bi huyub vacamic : x-qui tinamit curi x-uxic chiri cut x-gohe-vi qabauil Haca-vitz u bi.

Xavi x-canah ri Mahucutah ruq u qabauil, u cab cut

 

 

CHAPITRE HUITIÈME.

Or en ce temps-là il fut dit entre Tohil, Avilix et Hacavitz, (parlant) à Balam-Quitzé, à Balam-Agab, à Mahucutah et à Iqi-Balam : Or çà partons donc, voilà qu’il faut nous lever, ne demeurons pas ici : portez-nous en quelque lieu secret ;

Déjà s’approche l’aurore. Vos yeux ne (seraient-ils) pas remplis de tristesse, si nous étions pris par l’ennemi dans ces murs où nous sommes à cause de vous, ô sacrificateurs ? Emportez-nous donc chacun séparément, leur répétèrent-ils, en leur parlant. — Fort bien, et puisque nous sommes forcés de sortir (d’ici), nous chercherons (un asile dans) les bois, répondirent-ils tous.

Après cela ils prirent (leurs divinités) chacun d’eux se chargeant de son dieu, et alors on entra Avilix dans une fondrière, et son nom d'Euabal-Cwan (Ravin de la Cachette) fut ainsi exprimé par eux (quand ils se trouvèrent) dans la grande ravine de la forêt, appelée aujourd’hui Pavilix (en Avilix), où ils le laissèrent; et il fut laissé dans cette ravine par Balam-Agab (1).

(1) Les lieux dont il est question ici sont généralement encore connus. Pavilix, mont Avilix, comme on l’appelle encore aujourd’hui, s’élève à droite de la route que les voyageurs prennent d’ordinaire pour aller de Santa-Cruz del Quiche à San-Andres Zakabaha par le chemin le plus court, dominant ce pueblo à 3 lieues environ à l’est. Le lecteur pourra observer qu’ici Je texte écrit ce mot Paulix, pour pa Avilix, supprimant le premier i, ce qui arrive de temps en temps dans le cours du récit; est-ce erreur du copiste ou est-ce fait à dessein?

Ce mode de laisser (ainsi leurs dieux se fit) avec ordre, et le premier qu’on laissa de cette manière fut Hacavitz (qu’ils établirent) sur une grande pyramide (2), et Hacavitz est le nom de ce lieu(3) aujourd’hui: là ils fondèrent aussi une ville, et elle se fit dans l’endroit où était le dieu appelé Hacavitz.

(2) Chuvi hun nima cak-ha, Hacavitz u bi huyub vacamic, mot à mot à la cime d’une grande maison de feu, Hacavitz son nom du lieu (de la montagne) aujourd’hui. Toutes les hauteurs artificielles de forme pyramidale s’appelaient Cak-ha (on écrit mieux gag-ha), c’est-à-dire Maison de feu, nom qui va parfaitement à l’étymologie du mot pyramide et que les indigènes traduisent en espagnol par Volcancito, petit volcan.

(3) Ailleurs, ce lieu est appelé Hacavitz Chipel ou Chipal ; il existe entre les montagnes qui s’élèvent au nord de Rabinal, à 3 lieues environ a l’est du fleuve Lacandon.

On laissa également Mahucutah avec son dieu et ce

 

qabauil ri x-euax cumal ; mana pa quechelah x-qohe-vi Hacavitz, xa zaki huyub x-euax-vi Hacavitz.

Ta x-pe chicut Balam-Quitze, x-ul chiri pa nima que-chelah, x-ul euaxo-vi Tohil rumal Balam-Quitze, Patohil ch’uchax vacamic u bi huyub : ta x-qui cobizah ri euabal civan, qunabal Tohil. Tzatz chi cumatz, tzatz puch chi · balam, zochoh, qanti chiri pa quechelah x-egohe-vi, x-euax-vi cumal ahqixb, ahqahb.            ‘

Xa-cu-hun x-e qohe-vi Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam.; xahun x-c’oyobeh vi u zakiric chiri chuvi huyub Hacavitz u bi.

Xavi eu cok u xol ri x-gohe-vi qabauil Tamub ruq Ilocab ; Amag-Tan u bi ri x-qohe-vi ri u qabauil Tamub, chiri x-zakir-vi. Amag Uquincatu bi ri x-zakiric-vi ri 110-cab ; chiri x-qohe-vi u qabauil Ilocab xa cok u xol huyub.

Xavi chiri ronohel Rabinaleb, Gakchequeleb, Ah-Tzi-quinaha, ronohel chuti amag, nima amag : xahun x-ta-qatob-vi, xa-pu־hun zakiric-vi, xahun x-c’oyobeh-vi r’elic uloc nima chumil, Iqogih u bi, nabe ch’el uloc chu-vach gih ta zakir-oc, x-e cha.

Xa-cu-hun x-e qohe-vi Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam : Ma־habi qui varam, qui yacalem, nim r’ogeh qui qux, qui pam chire u zakiric, u pagatahic puch. Xavi chila x-qixb-vi u vach; x-e pe-vi nima biz, nima mogem, e chikarinak rumal u qaxcol.

 

fut le deuxième dieu qui fut caché par eux ; non, toutefois, que Hacavitz s'établît dans les bois, puisque ce fut une montagne découverte où fut caché Hacavitz.

Alors vint également Balam-Quitzé qui arriva là dans le grand bois, et Tohil y arriva pour être caché par Balam-Quitzé, et l’on appelle actuellement Patohil (en Tohil) le nom de cette montagne (1 ) ; alors ils célébrèrent ce cachement de la ravine, abri secret de Tohil. Beaucoup de serpents et de tigres, de vipères et de qantis étaient là dans ces bois où il fut caché par les sacrificateurs.

(1) Le Pa-Tohil, ou mont Tohil, domine la plaine du Quiché à deux lieues environ à l’est du village actuel de Santa-Cruz.

Et en commun demeuraient Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam; ensemble ils attendaient là l’aurore sur la montagne appelée Hacavitz.

Or il n’y avait qu’une courte distance du lieu où était le dieu de Tamub de celui d’Ilocab : Amag-Tan (ville de Tan) est le nom du (lieu où) existait le dieu de Tamub; là eut lieu son aurore. Amag-Uquincat le nom de celui où commença l’aurore d’Ilocab; là était le dieu d’Ilocab, seulement à une courte distance de la montagne.

Là également (se trouvaient) tous les Rabinaliens, les Cakchiquels, ceux de Tziquinaha, toutes les nations petites et grandes : ensemble ils s’étaient arrêtés; ensemble ils attendaient l’aurore et la sortie de la grande étoile, appelée l'Etoile du matin, qui la première s’élance devant le soleil, à son lever, disaient-ils.

Ensemble ils étaient là, Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam : ils n’avaient ni sommeil, ni repos, et grands étaient les gémissements de leurs cœurs et de leurs entrailles au sujet de l’aurore et de la clarté à venir. Là, également, leurs visages se couvrirent de confusion ; il leur vint une grande affliction et une grande angoisse, se sentant abattus à cause de leur douleur.

 

Xa e qo-vi uloc : Mavi guz mi-x-oh pe-vi, acarok ! Oh· tah x-koh ilouic r’alaxic gih ! Hulacha x-ka bano hunam ka vach chi ka huyubal xa x-k’ogotah kib? que cha, ta qui que chauic chi quibil quib chuvi biz, chuvi mogem, chuvi puch ogeh ziq.         .

Xe chau-vi ; ma-ha cut chi cubar-oc qui qux chire u za-kiric : Are cut e cubucuxinak-vi ri qabauil pa tak ci van, pa tak quechelah, xa pa ek, xa pa atziak e qo-vi, mana pa tzalam-tah x-e ya-vi, quechau.

Nabec ri Tohil, Avilix, Hacavitz. Nim qui gih, nim puch gab, quxlab chuvi ronohel u qabauil amag ! Tzatz qui naual, tzatz puch qui binibal, qui chakabaLchi teunic, chi xibinic qui qoheic chi qux amag!

Cubulic qui quxlal cumal ri Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam ; mana chilic cay al ta qui qux çhire ri qabauil cu caam qu’ekam puch x-e pe chila Tulan Zuyva, chila r’elebal gih.

Xavi cu chiri x-e qohe-vi pa quechelah, are Zakiribal Pa-Tohil, P’Avilix, Pa-Hacavitz c’u chaxic vacamic.

Are cut x-e ahauax vi, x-e zakir-vi ka mam, ka cahau ; va chi ka byih chic u zakiric, u vachinic puch gih, iq, chumil.     

 

Jusque-là ils étaient venus : Sans joie, nous sommes venus, hélas! puissions-nous voir enfin le lever du soleil! Comment donc avons-nous fait, (qu’étant tous) d’un même sentiment dans notre patrie, nous nous en soyons ainsi arrachés? disaient-ils tous en s’entretenant les uns avec les autres dans la tristesse et l’angoisse et dans le sanglotement de (leurs) voix.

Ils parlaient (ainsi), et il n’y avait point à soulager leurs cœurs jusqu’à (ce que vînt) l’aurore : Car voilà les dieux assis entre les ravins et les forêts, dans les hautes herbes et sous les mousses filamenteuses (1), où ils sont même sans qu’on leur ait pu donner des planches (pour s’asseoir), disaient-ils.

(1) Xa pa atziak e qo-vi, seulement dans les mousses filamenteuses ils sont. Atziak, qui signifie aussi de vieux vêtements, des haillons־, est le nom quiche des tiges filamenteuses du tillandsia, que les Mexicains appellent pachtli.

Le premier c’est lui, Tohil, Avilix et Hacavitz. Grande est leur gloire, grande aussi leur puissance et leur force au-dessus de tous les dieux des nations! Infinis sont leurs prodiges, indicibles leurs voyages et leurs marches dans le froid et dans l’épouvante que leur être (répand) dans le cœur du peuple ! (ajoutaient-ils).

Leur pensée se repose à cause de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam ; dont les cœurs ne sont ni fatigués, ni abattus au sujet du dieu qu’ils ont reçu et qu’ils portent (depuis) qu’ils sont partis de Tulan et Zuyva, là-bas dans l'Orient.

Maintenant donc il étaient là dans les forêts; c’est l'Aurore qui se lève En Tohil, En Avilix, En Hacavitz(2), comme on les nomme aujourd’hui.

(2) Les monts Mamah, Avilix et Tohil forment en effet un groupe de hautes cimes au nord-est de Santa-Cruz del Quiché, et auquel les indigènes donnent aussi le nom générique de Zakiribal-Tohil, le lieu de l’aurore de Tohil.

Or voici que furent faits seigneurs et qu’eurent leur aurore nos anciens et nos pères; voici que nous raconterons aussi le lever de l’aurore et l’apparition du soleil, de la lune et des étoiles.

 

BELEHPAH CHI TZIH.

Vae cute u zakiric u vachinic puch gih, iq, chumil.

Nim cut x-e quicotic Balam-Quitze, Balam-Agab, Ala-hucutah, Iqi-Balam, ta x-r’il ri Iqogih. Nabe x-el uloc chi tiltoticu vach, ta x־el uloc nabe cut chuvach gih.

Qatecut ta x-qui quir qui pom chila pelenak-vi r’elebal gih, qate u chac chi qui qux ; ta x-qui quiro c’oxichal qui qamouabal chi qui qux.

Mixtam-Pom u bi pom r’u caam Balam-Quitze ; Caviztan-Pom chic u bi pom r’u caam Balam-Agab, Qabauil-Pom ch’u chaxic chic r’u qam Mahucutah ; e oxib qo qui pom. Arecut x-qui qato, ta x-e zakbizanic apon־oc chila r’elebal gih.

Guz que ogic, ta x-e zakbizanic, x-qui qat qui pom, logolah pom. Qatecut x-c’ogeh ri mavi x-qu’ilo, ma pu x-qui vachih r’alaxic gih.

 

CHAPITRE NEUVIÈME.

Ceci donc est l’aurore et l’apparition du soleil, de la lune et des étoiles.

Grande donc fut l'allégresse de Balam-Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam, lorsqu’ils virent l'Etoile du matin. La première elle sortit avec sa face resplendis-santé, lorsqu’elle sortit la première en avant du soleil (1).

Après quoi ils ouvrirent le paquet (renfermant) leur encens, qui était venu de là où le soleil se lève, (et qu’ils avaient apporté) dans la pensée qu’il leur devait servir ensuite ; tous les trois ensemble (2) déroulèrent les présents qu’ils pensaient offrir.

Mixtam-Pom (copal de Mixtam) est le nom de l’encens que portait Balam-Quitzé; Caviztan-Pom (3) est après cela le nom de l’encens que portait Balam-:Agab, et celui que portait Mahucutah était appelé Encens de Dieu; et ces trois (seulement) avaient de l’encens. Voilà donc ce qu’ils brûlèrent, tandis qu’ils dansaient avec majesté vers le soleil levant.

(3) Ces deux noms n’appartiennent point à la langue quichée; leur désinence a quelque chose de la langue nahuatl, et le premier Mixtan, mieux Mixtlan, signifierait Entre les nuages, ou Terre nébuleuse, qui rappelle également le nom de Mixcohuatl, le Serpent nébuleux, l’un des premiers héros toltèques. Caviztan vient peut-être du nahuatl Cauia, abandonner, laisser, et dirait Pays qu’on a abandonné, laissé derrière soi. Pont est le nom générique du copal, qui leur servait d’encens.

Douces étaient leurs larmes en dansant, en brûlant leur encens, leur précieux encens. Après quoi ils gémirent de ce qu’ils ne voyaient et qu’ils ne contemplaient pas encore le lever du soleil.

 

 

Qatepuch ta x-el ulo gih : x־quicotic chuti chicop, nima chicop ; x-qiz yacatah uloc pa be ya, pa civan ; x-e qo-heic tzam-tak huyub, xahun x-qui xe-vi qui vach chila x-el vi uloc gih.

Qate ta x־e ogic coh, balam. Nabe cut x-og ri tziquin Queletzu u bi : Quitzih chi x־quicot ronohel chicop, x-qui rip qui xic, cot, zakquch, chuti tziquin, nima tziqpin.

E cu xucuxuxinak ri ahqixb, ahqahb : nim que qui-cotic ruq r’ahqixb, r’ahqahb Tamub, Ilocab, ruq Rabi-naleb, Cakchequeleb, Ah-Tziquinaha, ruq Tuhalha,Ucha-baha, Quibaha^ Ah-Batena, ruq Yaqui-Tepeu, harub pa chi amag qo vacamic ; mavi aKilan chi vinak, xahun x-zakir vi ronohel amag.           י

Qatepuch x-chakihic u vach uleu rumal ri gih : queheri hun chi vinak ri gih ta x־u qut rib, qatan u vach are x-chakih-vi u vach uleu.

Maha ch’ela ula gih, chagalic, yitzil puch u vach uleu, maha ch’ela ula gih ; xa cu x־caeh akanoc ri gih queheri hun chi vinak.

Ma eu x-chihtahic u qatanal xa cu u qutbal rib la x-alaxic : xa chi cu u lemo ri x־canahic, mavi quitzik are chi gih ri ca vachinic, x-cha chupan qui tzih.

Qatepuch huzu x-abahir ri Tohil, Avilix, Hacavitz ruq ·u qabauilal Coh, Balam, Zochoh, Qanti, Zaki-Qoxol xa .x-u chap chi u ga rib pa che, ta x-vachin


Ensuite, le soleil commença à s’avancer : les animaux, petits et grands, en furent dans l’allégresse; ils achevèrent de se lever sur le cours des eaux, dans les ravines ; ils se placèrent à l’extrémité des montagnes, ensemble fixant leurs têtes du côté d’où venait le soleil.

Après quoi rugirent le lion et le tigre. Mais le premier oiseau qui chanta fut celui qu’on appelle Queletzu : en vérité, tous les animaux furent remplis d’allégresse, l’aigle et le milan battirent des ailes, (ainsi que tous les au-très) oiseaux petits et grands.

Or les sacrificateurs étaient prosternés : grande était la joie qu’ils éprouvaient avec les sacrificateurs de Tamub et d’Ilocab, avec les Rabinaliens, les Cakchiquels, ceux de Tziquinaha, avec ceux de Tuhalha , d’Uchabaha, de Quibaha, ceux de Batena, avec ceux de Yaqui-Tepeu, au־ tant de tribus, enfin, qu’il y en a aujourd’hui ; c’était innombrable ce qu’il y avait de monde, et l’aurore éclaira toutes ces nations à la fois.

Ensuite la face de la terre se sécha à cause du soleil : semblable à un homme se montra le soleil, et sa présence chauffait, en séchant la surface de la terre.

Avant que le soleil se manifestât, fangeuse et humide était la surface de la terre, et c’était avant que ne parût le soleil ; et alors seulement le soleil se leva semblable à un homme.

Mais sa chaleur n’avait point de force, et il ne fit que se montrer lorsqu’il se leva : il ne resta que comme (une image dans) un miroir, et ce n’est pas véritablement le même soleil qui paraît aujourd’hui, dit-on, dans les histoires(1).

(1) Ces traditions appartiennent évidemment à une époque de longtemps antérieure à l’arrivée des Quichés et des autres tribus au Guatémala; les détails qu’on trouve ici semblent devoir les rapporter à une haute antiquité.

Aussitôt après cela, Tohil, Avilix et Hacavitz se pétrifièrent, ainsi que les dieux du Lion, du Tigre, de la Vipère, du Qanti, du Blanc Frotteur de Feu (2) ; leurs bras se

(2) Zaki-Qoxol se traduit le Blanc Frotteur de Feu ,de l’usage de tirer le feu en frottant deux morceaux de bois, dont le verbe est qox ou qoxo. Dans l’acception ordinaire, Zaki-Qoxol est un fantôme qu’on voit de nuit, qui répand la terreur ; c’est un vieillard, suivant Ximenez,· et, d’après le sens même du mot, ce serait plutôt un feu follet.

 

 

gih, iq , cliumil : humah a bah x-uxic ronohel.

Ma-la ob yacamarinak 10 vacamic rumalri Lionel chicop, coh, balam, zochoh, qanti, Zaki-Qoxol, ma-la-habi ka gih 10 vacamic, ma-tax-abahiric u nabe chicop rumal gih.

Ta x’el uloc, nima quicotem x-qohe-vi qui qux Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam ; nim x-e quicolic, tax-zakaric. Mana e ta quia vinak chi qui qoheic xa e chutin ta x-c qohe chiri chuvi huyub Hacavitz.

Chiri x-e zakir vi, chiri pucli x-e qaton-vi, x-e zakbizan apon-oc chila chi r’elebal gih, x-e pe-vi : are qui huyubal, qui tagahal, chila x-e pe vi Balam-Quitze, Balam-Agab. Mahucutah, Iqi-Balam qui bi.

Chiri cute x-e quïar-vi chuvi huyub; are cut. qui tina-mit x-uxic, chiri cu qo-vi, ta qui x-vachin gih, iq, ch 11-mil ; x-zakiric, x-pacatahic u vach uleu, ronohel xecah.

Chiricut x-tiqar-vi quibix, Ka-mucu, ubi, x-qui bixah, xa r’ogeh qui qux, qui pam x-qui biyh chupam qui bix.

Acarok ! x-oh zachic chi Tulau x-oh paxin-vi kib x-e

ca canah chic k’atz k’achag! avi ! mi-x-k’il vi gih, avi-on

 

cramponnèrent aux branches des arbres, au moment où se montrèrent le soleil, la lune et les étoiles : de toutes parts tout devint pierre (1).

(1) Tout devient pierre on se pétri-lie, abahir, verbe qui se forme de abah, la pierre, le rocher, etc. Les dieux du lion, du tigre a U qabauilal coh, etc.; ce mot exprime l’ensemble de ce qui est dieu, la. divinité. Que signifie cette pétrification générale, c’est ce qu’il nous parait difficile de découvrir, à moins qu’il s’agisse d’une congélation , ce qui se rend également par le verbe abahir. Le verset suivant ajoute encore à la perplexité à cet égard, car il ne s’agit plus de la divinité des animaux, mais des animaux eux-mêmes. Dans quelle contrée faut-il donc placer l’origine de ces étranges traditions?

Peut-être ne serions-nous pas en vie en ce moment à cause de la voracité des animaux, des lions, des tigres, des vipères, des qantis et du Blanc Frotteur de Feu, peut-être aujourd’hui notre gloire n’existerait-elle point, si les premiers animaux n’avaient été pétrifiés par le soleil.

Lorsqu’il apparut, grande fut la joie que sentirent au fond du cœur Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam; ils furent remplis d’une grande allégresse, au mo-menton parut l’aurore. Or, en ce temps la population n’était pas dans une condition florissante et elle n’était qu’en petit nombre, lorsqu’elle habitait sur le mont Hacavitz (2).

C’est là que leur aurore parut, et c’est là qu’ils brûlèrent (l’encens) et qu’ils dansèrent, en se tournant vers l’orient d’où ils étaient venus : là étaient leurs montagnes et leurs vallées, d’où étaient venus ceux qu’on appelait Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam.

Mais c’est ici qu’ils multiplièrent sur la montagne ; c’est celle qui devint leur ville, et ici ils étaient, lorsque se montrèrent le soleil, la lune et les étoiles ; il fit jour el la face de la terre s’éclaira (ainsi que) le monde entier.

C’est là aussi que commença leur chant, intitulé Kamucu (nous voyons) qu’ils chantèrent, et que gémirent leurs cœurs et leurs entrailles, ce qu'ils dirent dans leur chant.

Hélas ! nous fûmes ruinés en Tulan, nous nous séparâmes et nos frères (3) sont encore restés en arrière ! Bien

(3) X-e ca canah chic k'alz, k’achag, Ils actuellement restèrent aussi (en arrière) nos frères, nos proches. Atz est le frère aîné, achag le proche parent, et, en cakchiquel, le frère cadet. Dans les deux langues, les deux mots vont ensemble pou» exprimer les parents, les proches, les frères de la même patrie.

 

c qo-vi, ta mi-x־zakiric ? x-e cha chire fahqixb, r ahqahb Yaqui-Vinak.

Xavixere Tohil u bi u qabauil Yaqui-Vinak, Yolcuat- · Quitzalcuat u bi, x-ka hach chila chu Tulan, chi Zuyva. Are k’achelic uloc are puch u tzakat ka vach, ta x-oh pe-tic, x-e cha chi quibil quib.

Ta x-qui natah chi apan-oc c’atz, qui chag, ri Yaqui-Vinak ri x-zakiric chila Mexico u binaam vacamic : qochi naipuch chahcar vinak x-qui canah chila r’elebal gih, Te-peu Oliman qui bi x-e ca canah canoc, x-e cha.

Nim u qatat qui qux chiri chuvi Hacavitz : xavi quehe ca qui ban ri reel! Tamub, llocab ; xavixere e qo-vi chiri pa quechelah, amagDanu bi, x-zakir-vi r’ahqixb, r’ahqahb Tamub ruq u qabauil, xavixere Tohil : xahun u bi ù qa-bauil r’oxchobichal Queche vinak.

Xavi-cu-xere chic u bi u qabauil Rabinaleb, x-zcaquin u halqat u bi Huntoh ch’uchaxicu bi uqabauil Rabinaleb: xa cu cha-ri xa chi r’ah hunamatahchi Quechechi u cha-bal.  

 

vrai, nous avons vu le soleil, mais eux, où sont-ils maintenant que l’aurore vient de paraître ? disaient-ils aux sacrificateurs de la nation Yaqui (1 ).

Oui, véritablement Tohil est le nom du dieu de la nation Yaqui, lequel s’appelait Yolcuat-Quitzalcuat (2), quand nous nous séparâmes là-bas en Tulan en Zuyva. Voilà d’où nous sommes sortis ensemble, voilà donc le berceau commun de notre race (3), d’où nous sommes venus, se disaient-ils les uns aux autres.

Alors ils se souvenaient de leurs frères (qui étaient restés) là au loin derrière eux, de la nation des Yaqui que leur aurore éclaira dans ces contrées, aujourd’hui surnommées Mexico : il y a également une partie de la nation qu’ils laissèrent dans l’orient ; Tepeu, Oliman, sont les noms (des lieux) où ils sont restés (4), dirent-ils.

Grande était l’angoisse de leurs cœurs là sur le (mont) Hacavitz : le même (sentiment) aussi éprouvaient ceux de Tamub et d’Ilocab ; ceux-ci précisément habitaient ici dans les forêts, la région dite de Dan, où l’aurore éclaira les sacrificateurs de Tamub ainsi que leur dieu, qui était aussi Tohil : (car il n’y avait) qu’un seul nom pour le dieu des trois fractions de la nation quichée (5).

(5) Le dieu de Tamub et d’Ilocab portait le même nom de Tohil, depuis leur sujétion aux Quichés ; mais les anciens documents prouvent qu’il en avait eu un autre auparavant, quoique ce fût probablement la même divinité.

C’est aussi là le nom du dieu des Rabinaliens, (quoi qu’il y ait) quelque différence du nom de Huntoh (6), ainsi qu’on appelle (plus communément) le dieu des Rabinaliens : aussi faut-il affirmer que leur langue s’accorde avec la langue quichée.

(6) Hun-Toh, un Toh où une Pluie, d’après le mode de compter du calendrier.

 

Are cut halqatahinak vi chabal ruq Cakchequeleb, rn-mal halan u bi u qabauil, ta x-pe chila Tulau Zuyva. Tzotziha Chimalcan u bi u qabauil : xa c’u cha halan u cha-bal vacamic, ruq naipuch chirih u qabauil x-qamon-vi u bi u chinamit Ahpozotzil, Ahpoxa, que uchaxic.

Xavi u qabauil x-halqatih-vi u chabal, ta x-ya uloc u qabauil chila Tulau, chirih abah x-halqatih-vi u chabal ta x-pe Tulau chi gekumal : xa-cu-hun x-auax-vi x-zakir-vi ronohel amag, qolehe u bi qabauil ch’u hutak chobil.

Are cut x-chi ka* byih chic qui alubic, qui bayatahic puch chiri chuvi huyub, xahun x-e qohe-vi qui cahichal Balam-Quitze, Balam-Agab, Mahucutah, Iqi-Balam qui bi. C’ogqui qux chire ri Tohil, Avilix, Hacavitz are qo chic pa ek, p’atziak cumal.

 

Mais il y avait assez de différence de cette langue à celle des Cakchiquels ; carie nom de leur dieu était différent, lorsqu’ils partirent de Tulan et Zuyva. Tzotziha-Chimal-can était le nom de leur dieu : et il parle encore une langue différente aujourd’hui(1), et c’est aussi de son dieu que la tribu prit son nom d’Ahpozotzil et Ahpoxa (2), ainsi qu’ils sont appelés.

(1) Le Cakchiquel ainsi que le Tzutohil sont des dialectes du Quiche propre, comme l’ionique et le Laconien de l’Attique ou Grec proprement dit. Quant à Chimalcan, écrit ailleurs Chamalcan, dieu des Cakchiquels, il serait difficile de dire exactement ce que c’était; car il est resté fort peu de documents sur lés formes particulières des rits religieux du Guatemala. Cha ou chay est la flèche, le couteau ou la lance d’obsidienne. Malcan, dans son acception ordinaire, signifie veuf; mais il se compose du verbe mal, oindre ou frotter, et de can ou gan, sorte de poudre jaunâtre dont les veufs ou veuves se frottaient, en signe de tristesse : Cha-malcan serait donc Flèche ou Dard frotté d’ocre jaune : ce qui confirmerait cette explication, c’est que Chay-Abah, littéralement pierre d’obsidienne, mais en réalité le capitaine des gardes, créé pour la défense de Tulan, suivant le MS. Cakchiquel, était un des dieux du Cakchiquel : on lui offrait d’ordinaire des petits papillons et des perruches. Tzotziha, c’est-à-dire demeure de chauve-souris, est accolé ici à Chamalcan : il paraîtrait que c’était une divinité particulière, représentée sous la figure d’une chauve-souris. Chaque septième et treizième jour, on lui offrait de la résine de pin, blanche, fraîchement cueillie, avec les branches vertes et l’écorce nouvelle du même arbre, ainsi qu’un jeune chat, image de la nuit, qu’on brûlait devant l’idole. (JfS. Cakchiquel.)

(2) Ahpozotzil et Ahpoxahil sont les titres dont se décoraient les deux chefs principaux de la nation cakchiquèle, le roi et l’héritier présomptif. Le premier se compose de ahpop, maître ou seigneur d’une natte ou d’un tapis, réservé aux princes, et de zotzil, pluriel de zotz, Chauve-souris, nom patronymique de la famille' royale: de là (e nom de Tzinacan ou Cinacan, chauve-souris en mexicain, que les histoires de la conquête donnent aux rois de Guatémala. Ahpoxa ou Ahpoxahil se compose d’ahpop et de xahil, pluriel de xah, danseur ; c’était donc le Prince des Danseurs.

De même on changea la langue du dieu, lorsqu’on leur remit le dieu là-bas en Tulan et sa langue fut changée auprès du rocher, quand ils vinrent de Tulan dans l’obscurité : ils furent plantés tous ensemble et l’aurore brilla pour toutes les nations (réunies), les noms des dieux sui-vaut l’ordre de chacune des tribus.

Voilà donc que nous raconterons maintenant leur séjour et leur demeure sur la montagne, où tous les quatre ils vécurent ensemble, Balam-Quitzé, Balam-Agab, Mahucutah et Iqi-Balam, ainsi qu’on les nommait. Leurs cœurs gémissaient au sujet de Tohil, d’Avilix et de Hacavitz, qui étaient encore (cachés) parmi les hautes herbes et les mousses filamenteuses à cause d’eux.


LAHPAH CHI TZIH.

Va cute qui gatonic u xe chi puch cohbal rech Tohil, ta x-e be cut chuvach Tohil, Avilix ; x-e be qu’ila x-be pu qui gihila, x-e qamouan chic chuvach chireu zakiric.

E cu vonovoh chic chi abahil chiri pa quechelah; xaqui naual vach chic x־chauic, ta x-e opon ri ahqixb, ahqahb chuvach ri Tohil.

Ma eu nim ri c’u caam qui qatoh puch ; xa gol xa r’achak noh ruq yia x-qui qato.chuvach qui qabauil. Ta x-chao cut ri Tohil, xa u naual chic ta x-ya uloc qui naoh ri e ahqixb e ahqahb.

X-e cha ta x-e chauic : Xavi varal ka huyubal, ka taga-hal ch’uxic. Oh yvech chic ; mi-x-uxic nim ka gih, nim pu k’alaxic rumal ronohel vinak. Yvech ri ronohel amag, xavi cu 011 yv’achbil ; ch’y na y tinamit, xavi chi ka ya y naoh.

M’oh y qut chuvach ri amag, ta koh gaganih ru-mal ri qui tzih vi chi e qui chi, qui qoheic ; quehecu mavi koh y ralahobizah-vi : xerecut ch’y ya chikech ri r’al quim, r’al torob, xere curi xnam queh, xnam tziquin.

 

CHAPITRE DIXIÈME.

Voici donc leur résolution et l’origine de la collocation de Tohil, lorsqu’ils se présentèrent devant Tohil et Avilix et qu’ils allèrent le voir et le saluer, en lui rendant grâces à sa face, à cause du lever du jour.

Et ils resplendissaient aussi dans les rochers au milieu des bois ; seulement (par un effet de) leur puissance mystérieuse leur voix se fit entendre (1), lorsque les sacrificateurs arrivèrent devant Tohil.

(1) Xa qui naual vach chi x-chauic, littéralement, seulement leur mira-culouse face aussi parla.

Ce n’était d’aucune valeur ce qu’on apportait et qu’ils brûlaient ensuite ; c’était seulement de la résine et du résidu de noh (2) avec de Tanis sauvage (3) qu’ils brûlaient devant leur dieu. Alors donc Tohil parla et mystérieusement aussi il donna leur règle de conduite aux sacrificateurs. . Alors prenant la parole, ils dirent : Véritablement ici seront nos montagnes et nos vallées. Nous serons les vô-très encore ; notre gloire et notre éclat ont été exaltés devant tous les hommes. A vous sont toutes les nations, comme nous sommes vos compagnons ; veillez donc sur votre peuple et nous (lui) donnerons vos enseignements.

(2) Résidu de noh, r’achak noh, c’est le nom d’une résine dont il m’a été impossible de découvrir le nom en espagnol. Achak signifie résidu, excrément, etc. N oh est le signe dix-sept du calendrier, que Ximenez traduit par le mot temple, qui dit température, tempérament, trempe, accord, harmonie. Il correspond au signe mexicain ollin, mouvement, remplacé dans quelques calendriers par le mot Tecpilanahuatl, que l’auteur d’où nous le tirons traduit également par temple. Le fait est que r’achak noh était une résine délicate, peut-être la même que celle appelée par Hernandez tecopalquahuitl, qu’il compare pour son excellence à l’encens le plus fin.

(3) L’anis sauvage, dans la langue quichée yia, que Ximenez traduit par pericon·, c’est une herbe à fleurs jau-nés d’or, très-odorantes, et fort commune.

Ne nous donnez pas en spectacle aux yeux des tribus, quand nous serons irrités des paroles de leurs bouches et de leur conduite ; ainsi ne nous laissez choir en aucune embûche : mais donnez-nous les (bêtes) enfants de l’herbe et des buissons, (donnez-nous) les femelles des cerfs et les femelles des oiseaux.


Ch’ul-ta y ya zcaquin u quiqel chikech, logob ka vach, ch’y canah cut r’izmal ri queh : ch’y chahih are e u mu-cuvach chi mich canoc. Are uquehch’uxic, are naipuchka gexvach ch’y qut chuvach amag.

Apa qo-vi Tohil ? la qu’yx u chaxic, are cut ch’y qut ri k’uquch chi qui vach; m’y qut naipu yvib : qochiculch’y ban chic. Nim y qoheic ch’uxic : ch’y chak ri ronohel amag ; ch y eu kah u quiqel, u comahil chi ka vach ; ch’ul-vi koh qui galuh e kech chic, x־cha curi Tohil, Avi-lix, Hacavitz.

Qaholal vach chi qui vachibeh, ta que ilic la ch’opon puch qatohchi qui vach. Ta x-tiqar cut u tzukuxic ri r’al tak tziquin r’al queh, qamob tzukuxic cumal ri ahqixb, ahqahb. Arecut ta chi qui riq ri tziquin, al queh, qatecut chi be qui culu ri u quiqel queh, tziquin, pu chi ri abah ri Tohil, Avilix.

. X־u ca ri cut uqaah quiq cumal qabauil, huzu chi chau ri abah ta que oponic ri ahqixb, ahqahb, ta chi be qui ya qui qatoh. Xavi quehe chic chi qui bano chuvach ri c*u-queh, chi qui qat gol, chi qui qat puch yia, holom-ocox.

X-qohe qui c’uqueh chi qui huhunal chiri cul vi cumal chuvi huyub : mavi qui lagaben ri c’ochoch chi gihil, xa pa tak huyub que biyn-vi.

 

Daignez nous donner un peu de leur sang, pauvres que nous sommes, ci laissez-nous la laine de ces cerfs : ayez soin de ceux qui (sont placés comme des; sentinelles, pour voir) les pièges (qu’on nous tend). Ce seront des symboles et conséquemment nos lieutenants que vous manifesterez aux tribus (1). (Et tes dieux répondirent) :

(1) Ceci parait être le testament des premiers qui portèrent les noms de Balam - Quitzé, de Balam-Agab, de Mahucutah et d’Iqi-Balam,et les symboles dont il s’agit n’auraient été autre chose que les statues de ces personnages, qui furent après leur mort révérées comme les divinités dont ils avaient été les prêtres. Il en est question dans le Titre royal de la maison d’Itzcuin-Nihaib. Les jeunes gens qui paraissent à leur place dans le verset suivant, annoncent bien un changement de chefs; les fils remplacent leurs pères qui sont morts, et tour à tour on les voit s’identifier avec leur naual ou génie, ou bien paraître comme les quatre (trois?) sacrificateurs.

Où donc est Tohil ?vous dira-t-on alors, et voilà que vous manifesterez nos symboles à leurs regards ; mais ne vous montrez pas vous-mêmes : car vous aurez autre chose à faire. Grand sera votre être : vous vaincrez toutes les nations ; vous apporterez leur sang et leur vie devant notre face, et ceux-là viendront nous embrasser qui sont encore à nous, dirent alors Tohil, Avilix et Hacavitz.

Sous la forme de jeunes garçons ils se transfiguraient, quand ils se laissèrent voir à l’arrivée des présents (qu’on offrait) devant eux .Car alors commença la chasse aux petits de tous les oiseaux, aux bêtes fauves, et cette chasse était reçue par les sacrificateurs. Quand ensuite ils avaient trouvé des oiseaux et des faons, alors ils allaient répandre le sang des cerfs et des oiseaux au bord de la pierre de Tohil et d’Avilix.

Leur sang ayant donc été bu par les dieux, aussitôt parlait la pierre, en même temps que les sacrificateurs s’approchaient, en venant donner leurs offrandes. C’est ainsi également qu’ils faisaient devant les symboles (de leurs pères), brûlant de la résine, et il brûlaient aussi de l'anis sauvage (et de l’herbe qu’on appelait) Tête de serpent (2).

(2) Tête de serpent, holom-ocox, probablement la même plante que Hernandez appelle coatzontecomatl, qui signifie tête de serpent coupée et séparée du tronc. Le nom quiché se compose de-holom, tète, et d’ocox, champignon.

Les symboles de leurs (pères) demeuraient chacun à part sur la montagne, où ils avaient été colloqués parleurs (fils) : or ceux-ci ne demeuraient point dans leurs maisons, durant le jour, sinon qu’ils allaient par toutes les montagnes.

 

Are cut chi qu’echaah ri xa r’al voroin, xa r’al zital, xa pu r’al acah chi qui tzukuh : mana utzilah va, utzilah a. Ta puch mavi calah u beel c’ochoch, mavi calah qo-vi ca-noc qu’ixokila.

 

Voici donc ce dont, ils se nourrissaient : des chrysalides de taons (1), des chrysalides de frelons et d’abeilles qu’ils cherchaient (dans les bois) .· ils n’avaient rien de bon à manger, rien de bon à boire. Et alors on ne connaissait pas le chemin de leurs demeures et l’on ne (savait pas) clairement où étaient restées leurs femmes.

(1) Chrysalides de taons, le texte dit r’al vorom, c’est-à-dire les petits des perce (arbres); car ce sont des abeilles qui creusent leurs ruches dans des troncs d’arbres, dans de vieux murs et quelquefois dans les racines, où les Indiens les prennent entières et les font cuire ensuite sous la cendre: quand les ruches en ont assez, ils en enlèvent les vermisseaux tout cuits avec un petit bâton et les mangent : c’est, disent-ils, un mets délicieux.