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ridicules de ce «César (le carnaval», roulant ses
gros yeux noirs, qu'il voulait fulgurants sous
l'étrange toque à aigrette ou à gland de rideau
dont il était comiquement coiffé. Et ces photos
de propagande, prises par en-dessous, qui
faisaient saillir en plein ciel la mâchoire du
phénomène, à la façon d'un roc inébranlable -
symbole d'une volonté qui ne connaissait pas
d'obstacles ! Pauvre volonté, cependant, si nous
en croyons les confidences de certains de ses
compagnons, qui le représentent, au contraire,
comme un perpétuel indécis. De fait, cet
«homme formidable», qui allait «tout envahir avec
la force d'un élément», selon les termes du
cardinal Ratti, futur Pie XI, ne résista guère aux
avances du Vatican, en la personne du
secrétaire d'État, le cardinal Gasparri, jésuite en
service détaché. Quelques conciliabules, et le
révolutionnaire passait avec armes et bagages
sous le gonfalon du Saint-Père, pour fournir la
brillante carrière que l'on sait. Ainsi le comte
Carlo Sforza, l'ancien ministre bien connu, a pu
écrire: «Un jour, quand le temps aura atténué les