Nous devons quelques lignes d' explication à nos lecteurs, au moment de leur livrer ce deuxième volume du Martyrologe de Crespin. Notre ami, M. le pasteur Benoît , forcé, par l'état de sa santé, de remettre en d'autres mains la direction de cette entreprise, nous a désigné comme son successeur à la Société des livres religieux de Toulouse , qui a fait appel à notre bonne volonté pour une œuvre à laquelle nous avions collaboré dès le commencement. Nous n'avons pas cru devoir repousser un appel qui s'adressait à la fois à notre vieille amitié pour notre prédécesseur et à. notre zèle pour l'histoire du glorieux passé de la Réforme. Ce zèle , même accompagné d'un goût très vif pour les études d'histoire religieuse, ne saurait sans doute tenir lieu de l'érudition immense et des longs travaux que réclamerait un commentaire savant de Crespin. Aussi bien n'est-ce pas là ce qu'on nous demandait et ce que nous avons accepté de faire. Notre tâche se bornait à continuer l'œuvre distinguée de noire prédécesseur, en nous renfermant à peu près dans les limites qu'il avait lui-même tracées en tête de son travail.
Ces limites, toutefois, nous les avons peut-être un peu étendues, et les annotations de ce second volume sont plus nombreuses et plus développées que celles du premier. Cet agrandissement du plan primitif s'est imposé à nous en abordant la période agitée qu'embrasse ce volume (1553 à 1559), l'époque où Marie la Sanglante essaie de noyer dans le sang la réforme anglaise; où son sinistre époux, Philippe 11 , livre par centaines ses sujets de l'Espagne et des Pays-Bas aux bûchers de l'Inquisition ; où Henri II, dont les intérêts politiques diffèrent cependant des leurs , cherche et réussit à rivaliser avec eux en zèle persécuteur. Ce furent de grandes années que es six années qui virent monter sur le bûcher ou sur l'échafaud : en Angle- terre, une reine d'un jour, lady Jane Grey ; un archevêque, Cranmer ; les évêques Hooper, Latimer, Ridley et Ferrar ; des théologiens tels que Rogers et Philpot , sans parler de centaines de victimes aussi fidèles , quoique moins illustres ; et, en France, des prêtres convertis comme Guillaume Neel, Pierre Serre , Guillaume de Dongnon , Jean Rabec ; des pasteurs et des évangélistes comme Guillaume d'Alençon, Denis Le Vair, Jean Vernou, Antoine Laborie, Jean Trigalet, Philibert Hamelin, Nicolas du Rousseau; des magistrats comme Anne Du Bourg ; des femmes comme Philippe de Luns. En abordant ces années qui, en France, marquent la transition entre la période où les Réformés se laissent égorger et celle où ils réclament, les armes à la main , leur place au soleil, il nous a paru nécessaire d'entourer le récit de Crespin des éclaircissements que les documents contemporains pouvaient nous fournir. Nous avons surtout voulu tirer parti des variantes, parfois fort considérables, que présentent les diverses éditions du Martyrologe , et conserver en notes certains détails qui avaient disparu d'une édition à l'autre.
Nous exprimons notre vive reconnaissance à tous ceux qui ont bien voulu nous prêter l'aide de leurs lumières pour la préparation de ce volume. Notre cher prédécesseur , M. Benoit , nous a donné son concours fraternel toutes les fois que nous l'avons réclamé. Nous avons, comme lui, trouvé en M. Sepp un collaborateur aussi aimable que savant, pour les martyrs des Pa/s-Bas. MM. Emile Lesens, de Rouen, Raoul de Cazenove, de Lyon, Francis Chaponnière, de Genève, P. Calluaud (1) , de Limoges , Gustave Masson, de Harrow, Charles Dardier, de Nîmes, ont répondu avec empressement à nos demandes relativement a certains points d'histoire locale , sur lesquels la nature de leurs travaux leur donnait une compétence spéciale. L'éditeur de la Correspondance des réformateurs, M. Herminjard, mérite une mention spéciale pour l'extrême obligeance avec laquelle il a continué à mettre son érudition et sa compétence spéciale au service de notre œuvre, toutes les fois que nous nous sommes adressé à lui.
(1) C'est le nom de M. Calluaud qui doit remplacer celui qui se trouve par erreur à la ligne 15 de la note 2 de la page 151
L'accès aux grandes bibliothèques de Paris nous a permis de remonter aux sources de plusieurs chapitres du Martyrologe. Nous avons notamment trouvé à la Bibliothèque nationale les ouvrages qui ont fourni à Crespin et à ses continuateurs les notices sur Ange Le Merle , l'Inquisition d'Espagne et la grande persécution de l'Eglise de Paris, et à la Bibliothèque de l'Arsenal, le livre sur l'expédition de Villegagnon , qui a passé tout entier dans l'Histoire des Martyrs. Pour le dire en passant, la facilité avec laquelle des volumes entiers étaient incorporés au Martyrologe, montre que les idées sur la propriété littéraire n'étaient pas , au seizième siècle , ce qu'elles sont aujourd'hui. Il faut se rappeler aussi que le caractère anonyme de ces écrits et du Martyrologe lui-même (sur le titre duquel le nom de Crespin n'a jamais paru que comme nom d'éditeur) autorisait ces emprunts , qui se faisaient pour le plus grand profit de la cause commune, que tous servaient sans amour-propre d'auteur.
Nous ne devons pas oublier de mentionner la Bibliothèque du protestantisme français , qui occupe une place déjà distinguée parmi les grands dépôts des richesses littéraires de la France. Son bibliothécaire, M. N. Weiss, nous a fourni , à diverses reprises, des indications utiles, et nous n'avons jamais fait appel en vain à son obligeante érudition.
Il est impossible que, malgré tous nos soins, quelques erreurs ne se soient pas glissées dans un travail aussi étendu. Nous serons heureux de les corriger, comme aussi d'éclaircir certains points demeurés obscurs, dans un appendice qui sera placé à la fin du troisième et dernier volume. Il va sans dire que nous accueillerons avec reconnaissance les communications de nos lecteurs en vue de rendre ce travail aussi exact que possible.
Matthieu Lelièvre.
Paris, 9 mars 1887.
HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE ET ACTES DES MARTYRS
LIVRE CINQUIÈME
Récit des événements qui se sont produits pendant la maladie et après la mort d’Édouard sixième roi d’Angleterre.
Le roi Édouard étant malade, le duc de Northumberland (qui gérait alors les affaires à son gré) (1) consulta le duc de Suffolc (2) pour arranger un mariage entre sa fille (3) et son fils (4). Ici, je ne veux pas entrer dans les mystères de ce mariage, ni dans la maladie du roi et les demandes secrètes du duc, et je ne veux pas les poursuivre maintenant par des conjectures comme si je les traçais, considérant qu’il nous est plus facile de déplorer le passé que de l’amender.
(1) Sur John Dudley, vicomte de Lisle , puis comte de Warwick et enfin duc de Northumberland , qui succéda au duc de Somerset comme protecteur du royaume , voy. le tome 1 de l'Hist. des Martyrs, p. 581.
(2) Henry Grey, marquis de Dorset, puis duc de Suffolc, avait épousé lady Francis, fille de Marie Tudor, veuve de Louis XII , roi de France . et remariée à Charles Bran- don, duc de Suffolc.
(3) Lady Jane Grey, fille aînée du duc de Suffolk , et arrière-petite-fille par sa mère de Henri VII , roi d'Angleterre.
(4) Lord Guilford Dudley, quatrième fils duc de Northumberland.
Tant et si bien que les choses sont ainsi : tandis qu’ils célèbrent leurs noces à un moment si inopportun, alors que tout le monde était en deuil, Édouard, roi d’une telle espérance, d’une telle piété et d’une telle sagesse, que je ne sais si l’Angleterre en aura jamais un comme lui, était au plus près de la maladie.
Pour faire court, les noces se terminèrent, comme le roi se détériorait de jour en jour, au point que sa vie était désespérée, il était pratiqué par le moyen de quelques individus, non pas, cependant, sans le consentement des États et de tous les experts juridiques, que le Roi laisserait, par sa volonté et ses dernières volontés, la succession héréditaire du royaume à cette Jeanne, fille du duc de Suffolk, petite-nièce d’Henri VIII, par sa sœur, sans égard pour ses deux sœurs, Marie et Élisabeth.
[Halefius, juge à Londres]. Un seul juriste, Halefius (1), qui était friand de l’Évangile et aussi impartial qu’il pouvait l’être dans toute l’Angleterre, favorable à Marie, n’a pas voulu signer, dont nous donnerons ci-après, s’il plaît au Seigneur, un récit plus détaillé. »
(1) Sir James Hales, juge du Kent, avait pris part au procès fait , sous Edouard VI , à l'évêque de Winchester, Gardiner; toute- fois ses opinions évangéliques ne l'empêchèrent pas de se prononcer, à la mort d'Edouard, en faveur des droits de Marie. Celle-ci ne lui en sut pas gré et le laissa dépouiller et traîner en prison. Haies en fut tellement affecté qu'il mit fin à ses jours par un suicide. Voy. Foxe, Acts and Monuments, édit. de la Rel. Tract Soc, t. VI, p. 394, 710-717.
Ces choses ainsi ordonnées et établies par tous, Édouard, jeune roi d'Angleterre de si grande espérance, âgé de seize ans, étant oppressé par la violence d'une maladie encore insuffisamment connue, dans la septième année de son règne, le sixième jour de juillet et trois heures avant sa mort, adressa à Dieu (1) ses dernières prières et soupirs, et, ne pensant pas que quiconque l'entendît, prononça ces mots avant de mourir :
[Paroles notables]. « Seigneur Dieu, délivre-moi de cette vie misérable et ennuyeuse, et reçois-moi en ta compagnie ; Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite. Seigneur, je te recommande mon esprit. Ô Seigneur, qu’il serait heureux pour moi d’être avec toi ! mais pour l’amour de vos élus, gardez cette vie, et rétablissez ma première santé, afin que je puisse vraiment me consacrer à votre service. Seigneur Dieu, bénis ton peuple, sois gracieux et favorable envers lui, et sauve ton héritage. Seigneur Dieu, préserve ton peuple élu d’Angleterre. Ô mon Seigneur Dieu, défends ce pauvre royaume de toute erreur papale, et maintiens ta vraie religion et le service de ton nom, afin que moi et mon peuple puissions louer et célébrer ton saint nom. Puis il tourna la tête et vit qu’il y avait des gens près de lui, et il leur dit : « Êtes-vous si près de moi ? Je pensais que vous étiez bien loin. Alors le Dr Owen dit : « Monsieur, nous vous avons entendu parler, mais nous n’avons pas entendu les paroles. » Puis il a dit (2) : « J’ai prié Dieu. »
(1) Cette relation des derniers moments et de la dernière prière d'Edouard VI est la traduction d'une relation latine qui se trouve aux archives de Zurich, dans un volume intitulé: Anglicana scripta (Bull. de l'hist. du protest. franç., 1867, p. 16). Ces détails se retrouvent aussi dans Foxe, t. VI. p. 352.
(2) Le texte latin ajoute: More suo subridens, souriant comme toujours.
[Les derniers soupirs et prières du Roi Edouard]. Or, les dernières paroles qu’il prononça furent celles-ci : « Seigneur, je ne peux plus endurer, avoir pitié de moi et recevoir mon esprit ; » et à ce moment même il y renonça en présence de Sir Henry Sidney et Sir Thomas Wrots, chevaliers, et de deux gentilshommes de la chambre privée, et du Dr Owen, et du Dr Wendie et de Christopher Salmon (1), et où presque toute la bonne fortune et l’excellence des Anglais périrent avec lui. À cette époque, les affaires des Anglais étaient dans un état pauvre et misérable, aggravé par les inimitiés mortelles entre les nobles et le peuple. Edouard mort, cette Jeanne lui succéda au titre royal, avec le consentement de la noblesse, mais à son grand regret ; et immédiatement elle fut proclamée et reconnue comme reine, à la fois à Londres et dans d’autres villes plus célèbres. Cette jeune princesse avait le même âge que le roi Édouard, qu’elle surpassait cependant en érudition, en lettres et en langues, ayant été éduquée sous John Elmer, un homme très érudit (2).
(1) Les témoins de la mort d'Edouard VI furent, d'après Foxe (édit. de 1563, p. 888): Sir Thomas Wrothe, Sir Henry Sidney, gentilshommes de la Chambre privée, le docteur Owen, le docteur Wendy et un valet de chambre nommé Christopher Salmon.
(2) John Elmer ou Aylmer est mentionné par Foxe (t. VIII, p. 679, 687) comme l'un des théologiens protestants qui prirent part à la conférence de Westminster, au commencement du règne d'Elisabeth.
Entre-temps, Marie, consciente de la mort de son frère, chercha à se protéger par des évasions et des cachettes, confiante dans la faveur du peuple, bien qu’il se puisse qu’elle ne soit pas dépourvue d’intelligence avec la noblesse. Le duc de Northumberland, voyant son obstination et que les choses ne se passaient pas comme il le souhaitait, rassembla la plus grande armée qu’il put et se lança dans une campagne à la poursuite de Marie. Il lui eût été facile, à ce qu’il semblait, de la mettre en son pouvoir et de mettre fin à cette entreprise, s’il avait pu suivre sa route au gré de sa véhémente impétuosité. Cependant, comme le royaume était encore frais et n’osait pas empiéter sur son autorité privée, il fut forcé de traiter toute l’affaire selon l’avis et la délibération du Parlement, de sorte qu’on lui ordonna le chemin qu’il devait prendre, les jours, comment et combien il devait avancer chaque jour, et il lui était aussi peu licite d’outrepasser les ordres qui lui avaient été donnés. Cependant, Marie, allant ici et là, et épuisée par tant de voyages, fuyant les endroits dangereux, atteignit finalement les frontières du Norfolk et du Suffolk, où il fallut que le nom du duc soit haï, en raison de la récente défaite des paysans (2). Là, ayant recueilli de l’aide des gens des deux côtés, elle resta quelque temps au château de Freminghamen (3).
(1) Marches: frontières.
(2) 11 s'agit d'une émeute survenue dans les comtés de l'Est sous Edouard VI, et que Northumberland avait réprimée.
(3) Château de Framlingham.
[Ceux de Suffolc apportent leur aide à la Reine Marie]. Ceux du Suffolk (qui ont toujours été particulièrement friands de faire avancer l’Évangile) se précipitèrent les premiers vers elle, lui offrant de l’aider avec leur pouvoir, à condition qu’elle ne change rien à l’état de la religion que son frère Édouard avait instituée. Pour faire court, elle a accepté cette condition et a donné sa parole, afin que tout le monde se sente rassuré. Que si, par la suite, elle avait gardé les paches (4) aussi bien que ceux qui l’avaient défendue franchement par les armes et par le corps, elle aurait accompli un acte digne de noblesse, et aurait rendu son royaume plus ferme, plus paisible et plus durable. Car quelle que soit la puissance de la personne, la déloyauté ne peut guère durer longtemps, encore moins la terreur, et surtout la cruauté.
(4) Les conventions.
[Marie munie du secours des Evangéliques]. Marie, ainsi pourvue de l’aide des évangéliques, obligeait parfois les autres et le duc lui-même à se rendre. Maintenant, avec les choses qui se sont passées de cette façon, ils ont trouvé très étrange la réponse qu’elle a faite à ceux du Suffolk, qui l’ont exhortée en lui demandant de garder la foi promise. « Cependant (a-t-elle dit), puisque vous êtes les membres, que vous souhaitez néanmoins gouverner votre tête, vous comprendrez finalement que les membres doivent être en dessous et non au-dessus de leur tête. »
[le Seigneur d'Ob]. À ce moment-là, et pour la même raison, un noble seigneur nommé Dob (5), qui se tenait près de la ville de Vindan (6), fut conduit trois fois au milieu du marché et forcé de présenter des excuses publiques. Or, il est d’usage pour les hommes que, lorsqu’ils ont besoin de l’aide d’autrui, ils soient plus prompts à rechercher leur bienveillance que d’être prêts à rendre la pareille après en avoir reçu le plaisir. Mais il reste une consolation pour les misérables : bien que la foi et l’équité soient absentes de la terre et qu’elles ne se trouvent pas parmi les hommes, elles se trouveront certainement dans le ciel devant le Seigneur. Mais même si nous nous contentons de raconter l’histoire, laissons ceux de Suffolk, sans nous enquérir davantage de ce qu’ils ont mérité envers la reine par leur promptitude et leur diligence. Quant à la récompense qu’elle a donnée, le fait et toute l’histoire de cette persécution le déclarent haut et fort. Voici donc maintenant Marie, devenue Reine des fugitifs, ayant échappé à de grands périls et à de grandes terreurs, qu’elle est terrible pour les autres. Elle a maintenant à la main l’épée avec laquelle elle a frappé les fidèles, comme nous le verrons plus loin, et d’abord cette princesse si noble et si vertueuse.
JANE GRAYE, fille du Duc de Suffolc (1).
(1) Sur Jane Grey et sa mort, voy. Foxе, t. VI, p. 415-425.
Parmi toutes les femmes d’Angleterre à qui le Seigneur a manifesté son savoir à cette époque, on trouvera que cette Jane de Suffolk a été la perle, non seulement pour les dons et les grâces singulières qu’elle possédait, mais surtout pour l’admirable confiance que Dieu lui a donnée pour maintenir sa sainte doctrine au milieu d’un royaume nouvellement révolté contre l’Évangile.
Après que Marie, comme on l’a dit, fut ainsi exaltée par ceux de la religion (2), ses ennemis soumis, tous étant en sécurité pour elle, elle quitta le camp pour venir à Londres, où elle fut reçue avec une grande joie extérieure par quelques-uns, mais par crainte de la majorité, par une flatterie excessive de tous.
(2) Edit. précéd.: les Evangéliques.
[Eu égard à son emprisonnement]. C’est là, tout d’abord, qu’elle consacra l’entrée de son règne de la main de cette jeune dame Jane, qu’elle avait constituée prisonnière à son arrivée, et qu’elle avait exécutée peu après avec son mari. Et si bien que les ennemis de cette doctrine, voulant obscurcir les grâces du Seigneur sous prétexte qu’elle aurait été exécutée pour le crime d’aspirer à la couronne, contre le droit de succession légitime : néanmoins, il a été reconnu qu’à son grand regret elle aurait été proclamée Reine d’Angleterre, et que toute l’affaire avait été orchestrée par Jean, duc de Northumberland, un homme séditieux, pour apporter la couronne à sa maison, ayant allié par mariage Guilford Dudley, son fils, avec ladite Jane. Northumberland reçut sa récompense par la suite et fut décapité, suivant le même sort que le duc de Suffolk. Les autres nobles n’ont été punis financièrement que pour leur rébellion. Quant à Jeanne, il est bien notoire que Marie, sa cousine, ne l’affligea que par haine de la religion qu’elle soutenait avec tant de constance et d’intégrité que les ennemis en furent étonnés. Et quelques jours avant que cela n’arrive, quatre jours avant qu’elle n’endure la mort, Feknam (1), depuis élu abbé de Westminster, lui a été envoyé, à la volonté de la Reine, pour la détourner de cette constance et de sa foi et de sa religion, et pour la réduire à la discipline papale et la ramener sur le droit chemin, comme ils le pensent. Nous avons pensé qu’il serait bon d’inclure ici le résumé de leur discussion et de leur conférence, de la manière dont elle l’a reçu et publié, afin que le lecteur puisse donner son avis.
(1) John Fecknam, alias Howman, fut fait par Marie doyen de Saint-Paul et abbé de Westminster. Il prit une part active à la réaction catholique. L'authenticité du compte rendu de cette conférence de Jane Grey avec Fecknam est affirmée dans une lettre de James Haddon à Bullinger (Zurich's Letters, Parker Society, 1846, n° 134). La bibliothèque de Zurich possède deux lettres autographes de Jane Grey à Bullinger (Bull. de l'hist. du protest., 1867, p. 16).
La conférence entre le Dr Feknam et Jane, fille du duc de Suffolc, quatre jours après qu’elle eut la tête coupée
FEKNAM. « Madame, j’ai beaucoup de pitié pour votre pitoyable adversité ; cependant, je ne doute pas que vous ne supportiez cette épreuve constamment et avec virilité. JANE. « Votre arrivée m’est très agréable, pourvu que vous soyez venu me donner quelque exhortation chrétienne. En ce qui concerne l’affliction, loin d’être pesante (grâce à Jésus-Christ), je la considère comme un signe de grande faveur divine, telle qu’il me l’a montrée auparavant. Il n’est donc pas nécessaire que cette affaire, qui m’est si bénéfique, vous importune, vous ou ceux qui me favorisent. F. « Je suis ici envoyé de la part de la Reine et de son conseil, pour vous instruire dans la foi catholique, bien que je crois que vous n’en avez pas besoin. » « Certes, je rends grâce à la majesté de la Reine qui se souvient de moi, son pauvre sujet ; J’ai aussi confiance que vous accomplirez votre devoir d’une manière sainte et pure. » F. « Qu’est-ce qui est exigé d’un chrétien ? »
[De la Foi]. J. « C’est croire en Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint-Esprit : trois personnes et un seul Dieu. » F. « Y a-t-il autre chose exigé d’un chrétien, si ce n’est de croire en Dieu ? » J « S’il en est ainsi, nous devons croire en Lui, l’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée, et notre prochain comme nous-mêmes. F. « Il s’ensuit donc que la foi ne nous justifie pas. » I. « En effet, c’est seulement la foi, comme le dit saint Paul, qui nous justifie. » F. « Pourquoi donc, dit saint Paul : « Si nous avons toute foi et que nous n’avons pas la charité, cela ne sert à rien ? » J. « C’est vrai ; car comment pourrais-je aimer quelqu’un en qui je n’espère pas ? Ou comment puis-je espérer en quelqu’un que je n’aime pas ? La foi et la charité sont unies, et l’amour est aussi inclus dans la foi. (Rom. 3; Gal. 2). « Et comment devrions-nous aimer notre prochain ? » J. « Aimer son prochain, c’est donner à manger à celui qui a faim, vêtir celui qui est nu, donner à boire à celui qui a soif, et faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils nous fassent. » F. « Il faut donc pour le salut que ce soit de faire de bonnes œuvres, et il ne suffit pas de croire. » J. « Cela ne s’ensuit pas, car il est certain que c’est par la foi que nous sommes sauvés ; mais il est nécessaire que les chrétiens, pour suivre leur Maître Jésus-Christ, fassent de bonnes œuvres. Maintenant, cela ne signifie pas qu’ils sont bénéfiques pour le salut ; car nous avons eu beau faire tout ce que nous avons pu, nous sommes encore des serviteurs inutiles, de sorte que seule la foi dans le sang du Christ nous sauve.
[Sacrements]. F. « Mais combien y a-t-il de sacrements ? » J. « Deux : l’un est le sacrement du baptême, et l’autre est le sacrement de la Cène du Seigneur. » F. « Non, il y en a sept. » J. « Dans quelle écriture le trouvez-vous ? » F. « Nous en reparlerons plus tard ; mais dites-moi, que signifient vos deux sacrements ? J. « Par le sacrement du baptême, je suis lavé d’eau et régénéré par l’Esprit ; et ce lavage est pour moi un signe que je suis enfant de Dieu. Le sacrement de la Cène du Seigneur m’est donné comme témoignage et sceau que je participe au royaume éternel par le sang du Christ qu’il a versé pour moi sur la croix. F. « Que recevez-vous dans ce pain ? Ne recevez-vous pas le corps et le sang de Jésus-Christ ? J. « Non, je ne le crois vraiment pas tel que vous le comprenez tous ; car lors de la dernière Cène, je ne reçois ni chair ni substance corporelle, mais pain et vin ; ce pain, lorsqu’il est rompu, et le vin, lorsqu’il est bu comme le Seigneur l’a ordonné, nous le rendons participant du corps et du sang du Christ, qui a été rompu et versé pour nous ; et avec ce pain et ce vin, je reçois les bienfaits qui sont venus de la rupture de son corps et de l’effusion de son sang sur la croix pour mes péchés. F. « Comment ? Le Christ ne prononce-t-il pas ces paroles : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ? » Demandons-nous des mots plus clairs ? Ne dit-il pas que c’est son corps ? J. « Je concède qu’il dit cela, et il dit aussi : 'Je suis la vigne, je suis la porte' ; mais cependant il n’est ni vigne ni porte. Si je devais manger le corps matériel, ou boire le sang naturel du Christ, je me priverais de ma rédemption, ou il faudrait qu’il y ait deux corps dans le Christ : il s’ensuit que ce corps qu’ils ont mangé n’a pas été brisé sur la croix, ou, s’il a été brisé sur la croix, les Apôtres n’en ont pas mangé. N’est-il pas possible aussi que le Christ, par sa puissance, puisse faire manger et briser son corps, de même qu’il est possible qu’il soit né d’une femme sans la semence de l’homme, et qu’il ait marché sur la mer avec un corps, et selon les miracles qu’il a accomplis par sa puissance ? J. « Oui, en effet, si Dieu avait voulu faire un miracle au repas où il a institué sa dernière Cène ; mais je dis que son intention à ce moment-là n’était pas d’accomplir une œuvre miraculeuse, mais seulement d’instruire et de donner à connaître la vraie nourriture dans la nourriture éternelle. Maintenant, je vous en prie, donnez-moi une réponse à cette question : où était le Christ quand il a dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ? » N’était-il pas à table ? Il était vivant à cette heure-là et n’a souffert que le lendemain. Qu’a-t-il pris si ce n’est du pain ? Et qu’a-t-il donné, si ce n’est du pain ? Et qu’a-t-il cassé si ce n’est du pain ? Notons que ce qu’il a pris, il l’a brisé ; Et ce qu’il a brisé, il l’a donné ; et ce qu’il donna fut mangé ; et pourtant lui-même était assis à souper parmi ses disciples. F. « Vous fondez et soutenez votre foi sur des auteurs qui disent : Oui et Non, et qui affirment, puis nient, et non sur l’Église en laquelle vous devez croire. » I. « Non, je fonde ma foi sur la parole de Dieu, et non sur l’Église ; car si l’Église est la vraie Église, sa foi doit être approuvée par la parole de Dieu, et non la parole par l’Église, ni ma foi non plus. Dois-je croire l’Église à cause de son antiquité ? Ou bien donnerai-je foi à cette Église qui me prive d’une partie de la Cène du Seigneur, et qui ne permet pas à un laïc, comme on l’appelle, de la recevoir en deux parties ? Et qu’elle n’appartient qu’à ceux qui se disent gens de l’Église, nous privant d’une partie de notre salut ? Je dis que c’est une Église maligne et non pas l’épouse du Christ, mais celle du diable, qui change la Cène du Seigneur en y ajoutant et en lui retranchant ; Je dis que Dieu ajoutera à lui et multipliera les plaies qu’il a ordonnées pour une telle Église, et et qu’il diminuera de sa part du livre de vie.
Vous ne l’avez pas appris de saint Paul, lorsqu’il administra la Cène aux Corinthiens de deux manières. Dois-je dire à cette Église ? Aucune idée. F. « Cela a été fait avec de bonnes intentions, pour éviter une hérésie qui commençait là. » I. « Pourquoi l’Église changerait-elle la volonté de Dieu et ses ordonnances pour de bonnes intentions ? Comment Dieu a-t-il ordonné au roi Saül, avec toutes ses bonnes intentions ? Feknam voulait me persuader de croire beaucoup de choses, ce qu’il n’a pas fait, et il y a eu plusieurs autres discussions entre nous, mais voici les principales. C’est le cas de JANE DUDLEY.
Quand Feknam vit qu’il ne pouvait rien gagner, il prit congé d’elle en lui disant qu’il lui déplaisait beaucoup. « Car (a-t-il dit) je suis sûr que nous ne nous retrouverons jamais. » « C’est vrai, répondit Jane, si vous ne vous repentez pas et ne retournez pas à Dieu ; car vous vous trompez beaucoup. Je prie Dieu que, par sa miséricorde, il vous donne son Esprit Saint ; et comme il t’a fait don du langage, qu’il éclaire aussi ton cœur pour connaître sa vérité. Et c’est ainsi qu’ils se séparèrent.
Nous avons inséré ici une épître qu’elle a écrite en anglais vulgaire à une personne (1), qui, par peur du monde et par ambition, s’était détournée du droit chemin ; qui est plein de doctrine et de piété ; et traduit mot à mot, contient ce qui suit.
(1) Foxe le nomme, dans ses dernières éditions: « Master Harding, naguère chapelain du duc de Suffolk, son père. » Mais, dans sa première édition, que Crespin a suivie, le martyrologiste anglais le désigne mystérieusement comme « un certain savant homme que je connais et pourrais nommer ici, si je le voulais. Il explique que, s'il s'abstient de le nommer, c'est dans l'espoir qu'il reviendra à la foi qu'il a abandonnée. L'authenticité de cette lettre a été contestée, mais elle est mentionnée dans la lettre à Bullinger ci-dessus indiquée. Ce qui est certain, c'est que le texte de ce document a subi des retouches et contient, d'une édition à l'autre, des variantes assez considérables.
Quand je me souviens des paroles terribles et redoutables de Dieu : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas digne d’entrer dans le royaume des cieux », et d’autre part, quand je considère les paroles réconfortantes et douces de notre Sauveur Jésus-Christ, qu’il adresse à tous ceux qui renoncent à eux-mêmes et le suivent, J’ai de grandes raisons de m’émerveiller et de me lamenter sur toi, toi qui, dans le passé, étiez un membre vivant du Christ, et qui maintenant es un esclave difforme du diable (Luc 19; Mat. 10) ; Autrefois l’agréable temple de Dieu, mais maintenant un canal immonde du diable ; autrefois l’épouse du Christ, mais maintenant la malhonnêteté paillarde de l’Antéchrist ; autrefois mon frère fidèle, mais maintenant étranger et apostat ; non, une fois un champion ferme et constant du Christ, mais maintenant réélu et fugitif. Chaque fois que je considère les menaces et les promesses de Dieu à tous ceux qui l’aiment fidèlement, je suis obligé de vous parler, postérité de Satan et non de Juda ; que le diable a trompé, que le monde a trompé, et que le désir de cette vie misérable a renversé et fait d’un chrétien un infidèle. Pourquoi as-tu pris le testament du Seigneur dans ta bouche ? Pourquoi avez-vous maintenant consacré votre corps aux mains sanglantes d’adversaires et de tyrans cruels ? Pourquoi avez-vous auparavant instruit les autres à être fermes en Christ, et maintenant vous êtes vous-même trompés par le Testament et la Loi du Seigneur ? Vous qui avez prêché qu’il ne faut pas voler, vous volez très abominablement, non pas les hommes, mais Dieu ; et comme un sacrilège, tu prives le Christ, ton Seigneur, du droit à ses membres ; et vous volez et escroquez votre corps et votre âme lorsque vous montrez que vous préférez vivre misérablement et honteux dans ce monde plutôt que de mourir et de régner dans la gloire et l’honneur avec Jésus-Christ, de qui on obtient la vie en mourant. C’est maintenant le moment pour toi de te montrer vertueux ; Car la vertu et la force ne sont connues que lorsqu’on est assailli, mais au contraire, on se cache avant d’être poursuivi. Misérable et malheureux, qu’êtes-vous sinon poussière et cendre ? Voulez-vous résister à votre Créateur qui vous a formé et fait ? Voulez-vous abandonner celui qui vous a appelé à être un artisan de paix parmi les Antéchrists romains, à être un ambassadeur et un messager de Sa parole éternelle ? Lui, dis-je, qui t’a établi, et puisque ta création et ta naissance t’ont préservé, nourri et protégé, t’a même inspiré l’Esprit de connaissance (je n’ose pas dire de grâce), n’aura-t-Il pas la joie de toi ? Oses-tu te donner à un autre, vu que tu ne t’appartiens pas à toi-même ? Comment oses-tu ainsi mépriser la loi du Seigneur et suivre les vaines traditions des hommes ? Et au lieu d’être un professeur (1) public de Son nom, êtes-vous devenu un négateur de Sa gloire ?
(1) Tu as fait profession.
Vous refusez le vrai Dieu, et vous adorez les inventions des hommes, le veau d’or, la prostituée babylonienne, la religion romaine, l’abominable idole de la messe la plus abominable. Voulez-vous toujours tourmenter et démembrer le corps le plus précieux de notre Sauveur Jésus-Christ avec vos dents puantes et charnelles ? N’est-ce pas assez pour vous qu’il ait été brisé pour nous sur la croix, pour nous préserver entiers dans la majesté de Dieu son Père ? Oserez-vous entreprendre d’offrir un sacrifice à Dieu pour nos péchés, considérant que le Christ lui-même, comme le dit saint Paul, s’est offert lui-même sur la croix en sacrifice une fois pour toutes ? (Heb. 10). N’êtes-vous pas émus par le châtiment des Israélites, qu’ils ont enduré si cruellement et si souvent à cause de leurs idolâtries ? Les terribles menaces des Prophètes ne vous émeuvent-elles pas ? N’avez-vous pas horreur d’honorer un autre dieu que le Dieu vivant et éternel ? Ne considérez-vous pas celui qui n’a pas épargné son propre Fils pour vous ? Voulez-vous faire honneur aux idoles, qui ont une bouche mais ne parlent pas, des yeux mais ne voient pas, et qui périront comme ceux qui les font ? Que dit le prophète Baruch, récitant la lettre de Jérémie écrite aux Juifs captifs, les avertissant qu’à Babylone ils verraient des dieux d’or et d’argent, de bois et de pierre, portés sur les épaules des hommes, pour instiller la crainte chez les Gentils ? ?« Mais ne les craignez pas du tout, dit-il ; car quand tu verras d’autres qui les adoreront, dis dans ton cœur : « C’est toi, Seigneur, que nous devons adorer seul ; car le charpentier l’a fait en bois, et il les a ornés, et ils sont dorés d’or et élevés haut, d’argent et de vains choses, et ils ne peuvent parler. Il montre en outre leurs abus dans leurs ornements, car les prêtres ont habillé leurs idoles de toutes les manières, à tel point que l’un tient un sceptre, l’autre un poignard à la main ; Et pour tout cela, ils ne peuvent rien juger, ni se défendre, ni se protéger contre la vermine ou la rouille. Voici les paroles que Jérémie leur dit : il affirme que c’est une chose vaine, et qu’ils ne sont pas des dieux. À la fin, il conclut : Confondus soient ceux qui les adorent, » etc. Ils ont été avertis par Jérémie, et vous avez averti d’autres comme Jérémie l’a fait, et vous êtes également avertis dans de nombreux passages de l’Écriture Sainte. Dieu dit qu’il est un Dieu jaloux, qui veut que tout honneur et toute gloire lui soient attribués, et que lui seul doit être adoré ; et Jésus-Christ dans le chapitre 4 de saint Luc, parlant à Satan qui l’a tenté (qui est le même Satan, ce Belzébuth, ce diable qui vous a ainsi subverti). (Exode 20). « Il est écrit, dit-il : Tu adoreras l’Éternel, ton Dieu, et c’est par lui seul que tu seras tué. » Ce passage et les autres vous interdisent, ainsi qu’à tous les chrétiens, d’adorer un autre Dieu que celui qui était pour tous les siècles, et qui a fondé le ciel et la terre ; et vous voulez l’abandonner, en l’honneur d’une idole détestable inventé par le pape de Rome et par l’abominable secte des cardinaux ? Le Christ s’est offert lui-même une fois pour toutes, et voulez-vous encore l’offrir quotidiennement pour votre plaisir ? Mais vous me répondrez que vous le faites avec de bonnes intentions. Ô fournaise pécheresse ! Ô enfant de perdition ! Pensez-vous à une bonne intention, dans laquelle votre conscience vous rend témoignage à l’offense de Dieu et à la colère du Seigneur ? Saül en fit autant ; et parce qu’il n’a pas obéi à la parole de Dieu, malgré la bonne intention qu’il prétendait, il a été rejeté et privé de son royaume. (1 Sam. 1). Vous qui effacez ainsi l’honneur de Dieu et le dépouillez de son droit, pensez-vous que vous aurez le royaume céleste et éternel ? Allez-vous chasser le Christ du ciel pour une bonne intention, rendant sa mort vaine et annulant le triomphe de sa croix, le sacrifiant ainsi à votre plaisir ? Allez-vous aussi, soit par crainte de la mort, soit par l’espérance de la vie, renier ou rejeter votre Dieu, qui a enrichi votre pauvreté, guéri votre infirmité et vous a rétabli la vraie santé, si vous l’aviez gardée ? Ne considérez-vous pas que le fil de votre vie dépend de Celui qui vous a fait ? Qui est Celui qui peut, à Son gré, doubler le fil pour durer plus longtemps, ou le détordre pour être rompu plus tôt, si ce n’est Lui ? Ne vous souvenez-vous pas que le noble roi David vous le déclare dans le Psaume 104, où il dit : « Ô Seigneur, quand tu retires ton esprit des hommes, ils meurent et retournent à la poussière ; mais quand vous le leur renversez, vous les ranimez, et vous renouvelez la face de la terre ? Rappelez-vous la parole que Jésus a dit : « Celui qui aime sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera » et dans un autre passage : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; Car celui qui veut être mon disciple doit renoncer à lui-même, se charger de sa croix et me suivre. (Jean 12 ; Matthieu 10). Et de quelle croix s’agit-il ? C’est la croix de l’infamie et de la honte, de la misère et de la pauvreté, de l’affliction et de la persécution pour Son nom. Souffrez que l’épée tranchante des deux côtés vous sépare de ces afflictions terrestres, jusqu’à la moelle de votre cœur charnel, afin que vous puissiez embrasser et retenir le Christ, et de même que les bons sujets ne refusent pas de mettre leur vie en danger pour la défense de leur gouverneur temporel, ne fuyez pas comme un lâche traître le lieu où votre capitaine le Christ vous a ordonné dans cette vie. Battez-vous avec virilité, venez la vie, venez la mort. C’est la cause de Dieu ; Et sans aucun doute, la victoire est la nôtre. Mais vous direz : je ne veux déranger personne, ni briser l’union.
[Contre la ligue de l'Antichrist et de ses suppôts]. Quoi? Vous ne voulez pas briser l’union entre Satan et ses membres, l’union des ténèbres, l’accord de l’Antéchrist et de ses adhérents. -Ha! Vous vous trompez vous-même avec l’imagination d’une telle union parmi les ennemis du Christ. Les faux prophètes n’étaient-ils pas unis ? Les frères de Joseph et les enfants de Jacob ? Les Gentils et les Amalécites ? Les pharisiens et les jébuséens n’étaient-ils pas unis ? Les scribes et les pharisiens n’étaient-ils pas en union ? Mais je ne maintiens pas l’ordre ; Je reviendrais plutôt à mon sujet. Le roi David en témoigne clairement dans le deuxième psaume : « Ils ont conspiré ensemble contre le Seigneur ; en effet, les voleurs, les meurtriers et les traîtres se sont unis ;
[De la vraie union]. mais soyez avertis qu’il n’y a d’union que là où le Christ unit la sienne ; en même temps, soyez pleinement assurés que le Christ est venu pour opposer la guerre et la division, le fils au père, la fille à la mère ; et pour cette raison, prenez garde de ne pas être trompé par la splendeur et le nom glorieux de l’Union ; car l’Antéchrist a son union, non pas en réalité, mais seulement en apparence. L’accord de chacun n’est pas une union, mais plutôt une conspiration. Vous avez entendu des menaces, des malédictions et des avertissements de l’Écriture, adressés à ceux qui s’aiment les uns les autres plus qu’ils ne sont Jésus-Christ ; Vous avez aussi entendu les paroles dures et poignantes qui s’adressent à ceux qui le nient pour sauver leur vie : « Quiconque me reniera sur les hommes, je le renierai de la part de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10); et dans l’épître aux Hébreux : « Ceux qui, dit-il, ont été une fois éclairés, et qui ont goûté le don céleste, et qui sont devenus participants du Saint-Esprit, et qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, s’ils tombent, il est impossible de les renouveler de nouveau à la repentance, puisqu’ils crucifient de nouveau pour eux-mêmes le Fils de Dieu, et l’ont couvert de honte. (Heb. 6). Et il est encore dit : « Si nous péchons délibérément après avoir reçu la connaissance de la vérité, il n’y a plus d’offrande pour le péché, mais une attente terrible du jugement du feu éternel qui dévorera les adversaires. » En lisant ces phrases horribles et ces menaces, ne tremblez-vous pas ? Eh bien, si ces terribles et effrayants éclairs ne peuvent pas vous pousser à rejoindre le Christ et à renoncer au monde ; que les douces consolations et les promesses de l’Ecriture, l’exemple du Christ et de ses apôtres, saints martyrs et confesseurs, vous donnent le courage de vous appuyer plus vertueusement sur Jésus-Christ. Car il dit : « Heureux serez-vous quand les hommes vous insultent et vous persécutent à cause de mon nom ; car ta récompense est grande dans les cieux ; car ils ont aussi persécuté les prophètes qui étaient avant toi. (Mat. 5). Écoutez ce que dit Isaïe : « Ne crains pas la malédiction des hommes, ne te laisse pas effrayer par leurs blasphèmes et leurs insultes ; car la vermine les consumera comme du drap et de la laine ; Mais ma justice durera éternellement, et mon salut de génération en génération. Qui êtes-vous, pour craindre (dit-il) un homme mortel, l’homme qui périt comme une fleur ? et oublier le Seigneur qui vous a créés, qui a créé les cieux et jeté les fondements de la terre ? (Isaïe 51). Je suis le Seigneur ton Dieu, qui fais rugir et gonfler la mer, puis qui la calme. Je suis le Seigneur des armées. Je mettrai mes paroles dans ta bouche, et je te défendrai en levant la main. Et notre Sauveur Jésus-Christ dit à ses disciples : « Ils vous accuseront et vous amèneront devant des princes et des gouverneurs à cause de mon nom, et ils persécuteront quelques-uns et les tueront ; mais ne crains pas, dit-il, et ne t’inquiète pas de ce que tu diras ; car c’est mon Esprit qui parle en vous. (Luc 12). La main du Très-Haut te défendra ; car les cheveux de ta tête sont comptés, et aucun d’eux ne se perdra. Je t’ai fait un trésor où les voleurs ne peuvent le voler, ni où la vermine ni la rouille ne peuvent le corrompre ; et vous êtes bénis si vous persévérez jusqu’à la fin. Ne craignez pas, dit le Christ, ceux qui ont le pouvoir sur les corps ; mais craignez celui qui a le pouvoir sur le corps et sur l’âme. Le monde aime ce qui lui appartient ; et si tu étais du monde, le monde t’aimerait ; mais tu es à moi, et c’est pourquoi le monde te hait. (Mat. 10; Jean 7. 15). Que ces consolations et d’autres paroles semblables de l’Écriture vous donnent un courage vertueux envers Dieu. Que l’exemple de figures saintes, hommes et femmes, reste toujours dans votre mémoire, comme Daniel et les autres prophètes, les trois enfants dans la fournaise, Eléazar le père inébranlable, les sept enfants mentionnés dans les Maccabées, Pierre et Paul, Étienne et d’autres apôtres et saints martyrs qui étaient dès le commencement de l’Église, comme le bon Siméon, archevêque de Seloma, et Zétrophone, ainsi que beaucoup d’autres qui ont persévéré sous Sapor, roi des Perses et des Indiens ; qui méprisaient tous les tourments que les tyrans pouvaient concevoir, tout cela pour l’amour de leur Sauveur. Revenez donc à la bataille du Christ ; et, comme doit le faire un soldat fidèle, prendre les armes que saint Paul nous enseigne être nécessaires à un chrétien ; et surtout, prendre le bouclier de la foi, et se laisser inspirer par l’exemple du Christ pour résister au diable et renoncer au monde, et devenir un membre véritable et fidèle de son corps mystique, ayant épargné son corps pour nos péchés. (Éphésiens 6). Humiliez-vous dans la crainte de sa terrible vengeance pour cette grande et vile apostasie, et trouvez du réconfort d’autre part dans la grâce, le sang et les promesses de celui qui est prêt à vous recevoir chaque fois que vous revenez à lui ; ne dédaigne pas de revenir avec le fils prodigue, puisque tu t’es éloigné de lui ; n’aie pas honte de revenir à lui après avoir mangé les cosses et les saletés des étrangers, pour pouvoir maintenant savourer les aliments délicats de ce Père très bon et miséricordieux, reconnaissant que tu as péché contre le ciel et contre la terre ; car vous avez éteint, autant qu’il y a été en vous, le saint Nom de Dieu, et vous avez donné à d’autres l’occasion de dire du mal de sa parole très sacrée et très pure; alors tu as offensé beaucoup de tes frères faibles et infirmes, à qui tu as causé un grand scandale par ta rébellion et ton trébuchement soudain : n’aie pas honte de revenir comme Marie, et de pleurer amèrement comme Pierre ; non seulement en versant des larmes de vos yeux physiques, mais aussi en jetant de bonne heure l’écume de votre cœur pour tout purifier, afin que le Seigneur n’entre pas dans son horrible jugement. N’aie pas honte de dire au publicain : Seigneur, aie pitié de moi, misérable pécheur. Qu’elle vous rappelle une ancienne histoire de Julian (1), et il n’y a pas longtemps de la chute lamentable de Francis Spiera (2), qui n’est pas si éloignée que vous ne puissiez pas vous en souvenir.
(1) Julien l'Apostat.
(2) Francesco Spiera, jurisconsulte de Citadella, près de Padoue. Amené à la foi évangélique, il fut dénoncé à l'Inquisition en 1547. Il faiblit devant la crainte du supplice, et fit une rétractation publique le 26 juin 1548. Mais, à partir de ce moment, il tomba dans un désespoir horrible, qui ne cessa de le tourmenter jusqu'à sa mort. La vue de son désespoir amena à la foi Vergerius.
[François Spiera apostat]. Vous devriez craindre la même chose ; et en l’entendant, confessez-vous et dites : Hélas ! Je suis tombé dans une telle offense. Enfin, garde à l’esprit le dernier jour, et dans quelle terreur et quelle crainte seront tous tes compagnons qui se sont détournés du Christ, et qui ont estimé le monde plus que le ciel ; la vie que celui qui leur a donnée ; et qui se sont détournés de celui qui ne les a jamais abandonnés. D’autre part, je vous laisse méditer sur les joies préparées pour ceux qui n’ont craint ni le danger, ni la mort affreuse, mais qui ont combattu vaillamment et triomphé victorieusement de toutes les puissances des ténèbres, de l’enfer, de la mort et de la damnation, par le moyen du très redouté capitaine Jésus-Christ, qui étend ses bras pour vous recevoir, est prêt à vous embrasser, enfin à vous régaler et à vous couvrir de sa propre robe. S’il lui était possible d’aller à l’encontre de ce qu’il a déterminé (ce qui ne peut être fait), il voudrait quand même souffrir et pour verser son précieux sang, plutôt que de vous perdre. À lui, avec le Père et le Saint-Esprit, soient honneur, louange et gloire pour toujours, Amen. Sois inébranlable, sois inébranlable ; Ne crains pas le tourment. Le Christ t' a racheté, et le ciel est encore pour toi.
Suit une exhortation que ladite Dame Jane a faite la nuit avant d’être exécutée, exhortation qu’elle a écrite à la fin d’un nouveau Testament grec, qu’elle a envoyé à une sœur nommée Dame Catherine (1).
(1) Lady Catherine Grey.
Je vous envoie, ma bonne sœur Catherine, un livre qui, quoiqu’il ne soit ni poli ni orné extérieurement, et couvert d’or, n’en est pas moins plus digne intérieurement que les pierres précieuses. C’est le livre, chère sœur, de l’Évangile du Seigneur ; C’est son testament qu’il nous a laissé, pauvres misérables, qui vous enseignera le vrai chemin de la joie éternelle, et si vous voulez le lire avec une bonne affection et le suivre avec un vrai désir, il vous conduira à la vie immortelle et éternelle ; il vous apprendra à bien vivre et à bien mourir ; Il vous apportera plus de fruits et de gains que vous ne pourriez en avoir de toutes les seigneuries et des misérables possessions que vous avez de l’héritage de votre père. Que si tu appliques ton étude pour comprendre ce livre, et que tu prends la peine d’orienter ta vie et de la régler selon ce qu’il contient, tu hériteras des richesses que les hommes ne peuvent pas t’enlever, ni les voleurs voler, ni le temps corrompre. Priez avec David, bonne sœur, pour avoir l’intelligence de la loi du Seigneur votre Dieu ; vivre toujours pour mourir, afin que par la mort vous acquériez la vie éternelle ; et ne croyez pas que votre âge prolongera votre vie ; car dès qu’on meurt, il est probable qu’il est jeune que vieux. (Ps. 119). Apprenez donc toujours à mourir, à abandonner le monde, à renoncer au diable et à mépriser la chair ; prends ton seul amour pour le Seigneur. Repentez-vous de vos offenses, mais ne désespérez pas. Fortifie-toi dans la foi, et ne présume de rien ; et désirer avec saint Paul d’être séparés de ce corps mortel et d’être dans la compagnie du Christ, avec qui étant morts nous sommes vivants. Fais comme le serviteur fidèle qui est toujours vigilant, afin que, lorsque la mort arrive, comme le voleur qui vient la nuit, on ne te trouve pas le serviteur du diable pendant ton sommeil, afin que, faute d’huile, tu ne sois pas surpris comme les cinq vierges folles, ou comme celle qui n’avait pas l’habit de noces. (Phil. 1; Mat. 25. 22). Réjouissez-vous en Christ, comme je l’espère ; et puisque tu portes le nom de chrétien, suis ton maître Jésus-Christ, porte ta croix et embrasse-la. En ce qui concerne ma mort, réjouis-toi comme moi, ma douce sœur, car je serai libérée de cette corruption, car je suis assuré qu’en perdant la vie mortelle, j’aurai la vie immortelle, que je prie Dieu de vous donner, et de vous accorder la grâce de vivre dans sa crainte et de mourir dans la vraie foi chrétienne ; dont je vous exhorte au Nom de Dieu à ne pas vaciller, ni par l’espérance de la vie, ni par la crainte de la mort, car si vous voulez renier Sa vérité afin de prolonger votre vie, Dieu vous reniera ; au contraire, si vous vous tournez vers lui, il prolongera vos jours pour votre confort et sa gloire. Que Dieu me conduise, moi et vous, à cette gloire, quand il lui plaira de vous appeler. Adieu, ma sœur, mets ton espérance en Dieu, qui te donnera de l’aide.
Votre sœur bien-aimée,
JANE DUDLEY.
Les paroles prononcées par cette noble dame lorsqu’elle fut conduite à l’échafaud.
FRÈRES, je suis condamné à mort en vertu d’une loi et par la loi, non pour aucun crime commis contre la majesté de la Reine (car, pour protester de mon innocence devant vous, je ne me sens pas coupable à cet égard), mais parce que, contre ma volonté et par la force, on m’a fait consentir à la chose que vous savez ; mais j’avoue avoir offensé mon Dieu, parce que j’ai trop relâché les rênes des tentations et des séductions de la chair et du monde, et que je n’ai pas ordonné ma vie selon sa très sainte volonté, et selon la règle qui m’est enseignée par sa parole. C’est la raison pour laquelle maintenant le Seigneur me châtie avec ce genre de mort, comme je l’ai bien mérité ; bien que de tout mon cœur je remercie Sa bienveillance de m’avoir accordé de l’espace dans ce monde pour pleurer mes péchés.
" Par quoi je vous supplie affectueusement, frères chrétiens, de prier avec moi et pour moi pendant que je suis en vie, afin que la clémence divine me pardonne mes péchés. Je vous demande aussi de témoigner qu’ici, jusqu’à la fin, je maintiendrai fermement la foi chrétienne, en plaçant toute mon espérance de salut dans le précieux sang de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est pourquoi je vous supplie maintenant tous de prier avec moi et pour moi. Puis, se tournant vers Feknam, il lui dit : « Veux-tu que je dise ce psaume ? » « Oui, si vous le voulez », a-t-il répondu. En ouvrant le livre, elle récite le Psaume 51 avec beaucoup d’affection : « Ô Dieu, aie pitié de moi selon ta bonté, et du commencement à la fin. » Cela fait, elle se leva et donna ses gants et son mouchoir à lady Tylnee, sa servante (1), le livre à lord Bruge (2), frère de celui qui était responsable de la tour ; Puis, voulant se déshabiller, elle commença à dégrafer sa robe. À ce moment, le bourreau se précipita pour l’aider ; mais elle lui demanda d’attendre un moment, et, se tournant vers ses deux nobles serviteurs, elle leur permit de la déshabiller. Et après qu’ils lui eurent enlevé ses ornements et son atour de tête (3), ils lui tendirent le bandeau sur les yeux avec lequel elle devait fermer les yeux. Alors le bourreau, s’agenouillant, lui demanda humblement de lui pardonner, ce qu’elle fit de tout son cœur. Puis, ensuite, il la supplia de vouloir se retirer de l’endroit où il mettait la paille.
(1) Foxe la désigne sous le nom de Mistress Ellen.
(2) Master Bruges, d'après Foxe.
(3) Le texte anglais de Foxe porte ici : « Her frowes paste and neckerchief. » La première de ces deux expressions a exercé la sagacité des commentateurs, qui sont loin d'être d'accord sur sa provenance et sa signification. L'édition latine de Crespin la traduit par le mot tiara. En consultant les vieux textes anglais, où l'on retrouve ce mot de paste donné à une partie des ornements portés par les femmes, il est à peu près certain qu'il s'agit là d'une sorte de couronne ornée de perles et de pierres précieuses portée par les jeunes mariées.
Ce faisant, elle aperçut le tronc sur lequel elle devait être décapitée. Puis elle dit au bourreau : « Je vous supplie de vous dépêcher de vous dépêcher. » Quand les choses furent arrangées, la jeune princesse se jeta à genoux, demandant au bourreau s’il voulait d’abord lui couper la tête plutôt que de la mettre sur le bloc : « Non, dit-il, madame. » Elle s’étant bandée et le visage courbé, s’écria pitoyablement : « Que dois-je faire maintenant ? Que dois-je faire ? Où se trouve ce bloc ? Là-dessus, l’un des serviteurs posa sa main sur elle. Et elle, inclinant la tête et se couchant complètement, dit : « Seigneur, je remets mon esprit entre tes mains. » Comme elle prononçait ces paroles, le bourreau, ayant tiré son épée, la décapita, en l’an de grâce mil cinq cent cinquante-trois, le douzième jour de février. Elle avait dix-sept ans lorsqu’elle mourut, et pas plus, dont la mort est d’autant plus regrettable, qu’elle était douée d’un esprit excellent et singulier (car elle avait si étroitement lié ses lettres grecques avec le latin et l’hébreu, qu’à un si jeune âge elle pouvait rapidement parler dans ces langues), mais beaucoup plus parce que, contre la volonté de la reine, elle persisterait dans la vérité de l’Évangile, et endurerait ainsi la mort sans l’avoir méritée : et le premier motif était uniquement que, par un destin malheureux, son père l’avait mariée au fils du duc de Northumberland.
Sollicitée par Jean Bruge, gardien de la Tour de Londres, d’écrire dans son livre quelque chose à garder en souvenir d’elle, elle lui laissa en quelques lignes ces phrases : « Puisqu’il vous plaît, Lord Capitaine, de me demander de laisser quelques traces de ma plume dans un livre aussi remarquable que le vôtre, satisfaisant à votre volonté, je vous exhorte d’abord, et, pour le devoir de la chrétienté, je vous exhorte à invoquer Dieu, afin qu’il plie votre volonté à l’observance de sa loi, qu’il vous encourage et vous fortifie dans vos voies, de peur que la parole de vérité ne soit retirée de votre bouche. Vivez comme si vous deviez mourir tous les jours. Mourez de telle manière que vous viviez toujours sans jamais mourir. Ne vous laissez pas tromper par la fragile confiance dans une vie incertaine. Mathusalem (comme l’enseignent les saintes Écritures), quelle que soit la durée de sa vie, mourut néanmoins et connut sa fin. Et certainement, comme l’annonce le sage prédicateur, il y a un temps pour naître et un temps pour mourir ; & le jour de la mort est meilleur que le jour de la naissance (1). (Ecc. 3).
(1) Le Martyrologe de Foxe n'a pas ces lignes écrites pour John Bruges, mais il donne en revanche une belle prière de Jane Grey (t. VI, p. 423).
Alors, comme les adversaires travaillent de plus en plus aussi longtemps qu’ils le peuvent pour trouver de nouveaux tourments pour exécuter leur rage, c’est à nous d’apprendre à nous fortifier encore plus, et à préparer nos âmes et nos corps à la patience et à la fermeté.
(2) Cette notice et la suivante figurent déjà dans la première édition de Crespin, de 1554. Le texte n'a subi que de légères retouches de style. Voy. aussi l'Hist. ecclés. de Bèze (édit. de Toulouse, t. 1, p. 53).
NICOLAS NAIL, natif du Mans, compagnon cordonnier qui avait habité Lausanne, devait apporter à la ville de Paris une quantité d’exemplaires de l’Ecriture sainte, imprimés à Genève ; et il fut fait prisonnier le mardi 14 février 1553. Celui-ci, après avoir maintenu la connaissance pure de la doctrine de l’Évangile, fut assailli en prison par d’horribles tourments, afin de le forcer à nommer ceux à qui il avait vendu des livres ; Et bien que ces tourments de l’enfer se soient répétés au point de dissoudre ses membres, il est resté inébranlable sans mettre en danger aucun des fidèles.
[Nouveaux tourments]. Ensuite, condamné à être brûlé vif, avant de le conduire de la prison à la place Maubert, lieu de l’exécution, on lui mit un bâillon de bois dans la bouche, attaché derrière avec des cordes, et de telle sorte que sa bouche saignait avec une grande violence des deux côtés, et que le visage de la bouche était hideux et défiguré. C’est le premier dans la ville de Paris à qui cette nouvelle espèce de cruauté a été faite. Et bien que sa bouche fût ainsi recourbée, il ne cessait de donner des signes et des regards continuels vers le ciel, révélant l’espérance et la foi qu’il avait, de sorte que lorsqu’il arriva au lieu de l’hôpital appelé L’Hôpital Dieu, ils voulurent le forcer à prier alors qu’il passait devant l’idole d’une Notre-Dame qu’ils appellent ; Mais ce saint personnage, avec toute la force qui lui restait, détourna son corps des mains du bourreau qui le pressait, et montra le dos à l’idole. La populace, émue de rage par le mépris de l’idole, se mit à crier et voulut l’insulter, ne considérant pas qu’il était proche de la mort. Amené comme il l’a été sur le lieu de l’exécution, il a été traité très cruellement ; En effet, dès qu’il était attaché pour le guinder dans l’air, on graissait dessus le corps, puis on mettait dessus la poudre de soufre, de sorte que le feu s’était emparé du bois avec beaucoup de peine, que la paille enflammée s’était emparée de la peau du corps, et avait dû brûler au-dessus sans que la flamme pénètre vers l’intérieur. Dans ce tourment, le Seigneur redoubla de consolation et d’assistance ; car il lui a donné la grâce, au milieu de ce tourment, d’invoquer à haute voix son saint nom, qui a été entendu au milieu du feu ; et ce fut après que les cordes qui retenaient le bâillon eurent été brûlées, un espace suffisant pour que le martyr puisse expirer.
ANTOINE MAGNE, d'Auvergne (1).
(1) Bèze, 1. 1, p. 53. Livre des Martyrs, 1ère édit., p. 652.
Quelles que soient les divergences que les ennemis de la vérité peuvent avoir entre eux, nous voyons qu’en fin de compte ils sont d’accord sur une chose : persécuter Jésus-Christ dans ses membres.
Ce personnage d’Aurillac (1), dans les montagnes d’Auvergne, apporta à l’Église de Genève la nouvelle de l’emprisonnement du susdit martyr et d’autres détenus en même temps à Paris pour la parole du Seigneur, afin de les recommander en particulier à la prière des fidèles. Peu de temps après son retour en France pour quelques affaires, il fut appréhendé dans la ville de Bourges, ayant été trahi par certains prêtres, qui le livrèrent entre les mains de l’Officier, environ trois heures après son arrivée dans ladite ville de Bourges, le 19 mars 1553. Mais au bout de quelques jours, il fut enlevé par les hommes du roi à Bourges des mains et des prisons dudit fonctionnaire, puis emmené à Paris, où il fut condamné à mort après avoir fait une confession complète de sa foi, et endura de sévères outrages et tortures en prison. On lui coupa la langue, et on le brûla vif place Maubert, le 14 juin de l’année susvisée.
(1) La première édition de Crespin dit: Orléac. II y a un village de ce nom dans la Corrèze et un Orléat dans le Puy-de-Dôme.
GUILLAUME NEEL, de Normandie (2).
Pour la même raison que celle mentionnée ci-dessus, celui-ci a également été arrêté comme hérétique. Ses écrits témoignent de sa constance et de la pureté de sa foi.
(2) Cette notice ne figure pas dans l'édition princeps. Voy. Bèze. t. I, p. 53. Les frères Haag, dans la 1r édition de la France protestante, se demandent si « ce martyr ne descendait pas de la famille noble du même nom, dont plusieurs branches paraissent avoir professé la religion réformée.» Le gendre du célèbre Du Bosc, à l'époque de la Révocation, s'appelait Michel Neel, et fut père du pasteur Philippe Neel, mort à Arnheim. Jacques et Robert Neel, de Dieppe, se réfugièrent, à la même époque, à l'étranger. C'est à leur descendance que paraissent appartenir les Neel, de l'ile de Jersey, qui ont fourni, de nos jours, deux pasteurs à la France.
Parmi ceux qui ont grandement édifié les fidèles dispersés en terre de Normandie, tant par la doctrine que par l’exemple, Guillaume Neel ne doit pas être oublié ; ayant été de la secte augustinienne, après que le Seigneur lui eut accordé la grâce de connaître sa vérité, il ne cessa pas par tous les moyens possibles d’enseigner la doctrine de l’Évangile. Au mois de février, ayant quitté la ville de Rouen, où il était né, il vint à Évreux ; et comme il arrivait dans un village appelé Nonancourt, il entra dans la taverne pour prendre son rafraîchissement, et trouva plusieurs prêtres menant une vie dissolue, qu’il réprimanda et admonesta avec une grande modestie, comme il était connu de le faire dans les lieux où il passait. Voyant ces prêtres si débauchés, il commença à critiquer non seulement leurs vices mais aussi leur doctrine, à tel point qu’un nommé Legoux, doyen d’Illiers (1), s’y trouva et le fit emprisonner et conduire à Evreux, où, pendant sa détention dans la prison de l’évêque, il fut présenté pour être interrogé devant le pénitencier (2) d’Evreux, nommé Maître Simon Vigor. un homme qui avait lu les livres de ceux de l’époque, qui n’avaient écrit que sur la religion chrétienne ; Et bien que l’ambition et l’avarice l’aient complètement transporté, il se contente du nombre de ceux qui ne veulent pas porter le nom de brûler et de persécuter les fidèles (3). Neel, étant devant lui, confessa la vérité de tous les articles non seulement dont il était mis en doute, mais proposa aussi tous ceux que les papistes soutiennent faussement, en les réfutant par des textes de l’Écriture ; et il ne le fit pas seulement pendant un ou deux jours, mais presque tous les jours du Carême, pendant lequel ledit Pénitencier se consacra à discuter contre lui, et néanmoins ne put rien gagner, car Neel restait ferme et inébranlable dans la vérité. À plusieurs reprises, ce pénitencier le lui rappellerait et l’exhorterait doucement à se rétracter, l’assurant qu’il lui sauverait la vie.
(1) Illiers-l'Evêque (Eure).
(2) Prêtre chargé à l'origine, dans les églises cathédrales, d'entendre les confessions et d'imposer les pénitences. Dans la suite, le pénitencier fut chargé seulement d'absoudre les cas réservés.
(3) Bèze (1, 53) l'appelle a homme de quelque science, mais de très petite conscience.»
Quelquefois l’évêque d’Évreux, assistant à l’interrogatoire dudit Neel, quand la Pénitencerie voyait qu’il ne gagnait rien, lui disait ces paroles : « Mon ami, ne dites rien contre votre conscience. » Et après avoir répété ses interrogatoires tant de fois, Neel, pour éviter tous les palliatifs et les déguisements de la vérité que prétendait le pénitencier, demanda qu’on lui permît de mettre par écrit tout ce qu’il pensait de la doctrine qu’il soutenait, alléguant que souvent les réponses d’un prisonnier étaient déformées, ou même que le prisonnier rétractait parfois ce qu’il avait dit.
[Les réponses des prisonniers sont souvent dépravées]. Ce pénitencier était de cette nature, pourvu qu’il fût dans un certain jour ; à tel point que Neel, ayant reçu cette permission, utilisa le temps qui lui était accordé pour écrire ce qu’il pensait de la foi et de la religion chrétiennes, à la suite des principaux articles sur lesquels il avait été interrogé. Et quoique ce ne fût pas sans une grande prolixité, cependant le lecteur chrétien prendra tout cela en bonne part, sachant que pour les fidèles ainsi retenus par les ennemis, il ne reste que cette seule consolation, qui est de pouvoir parler de son Dieu, et d’écrire quelque chose qui est à sa louange et à sa gloire. C’est donc avec la même affection que nous pouvons recevoir ce que nous avons rassemblé ici à partir des écrits de Neel. En premier lieu, interrogé sur ce qu’il ressentait à propos du sacrement de l’autel (qu’ils appellent), il a écrit ce qui suit :
[Réponses de G. Neel]. « La véritable institution de la dernière Cène, c’est que Jésus-Christ a pris le pain, l’a rompu, et, après avoir rendu grâces, il a dit : 'Prenez, ceci est mon corps qui sera donné pour vous ; faites cela en ma mémoire. De même, à propos du calice, il a dit : « Prenez tous, ceci est mon sang qui sera versé pour beaucoup pour la rémission des péchés. » Il faut s’attendre à ces paroles, pour en savoir la vertu et la dignité ; car plus la chose est haute et précieuse, plus il faut s’efforcer de la conserver entièrement, de peur de la corrompre. Or, Jésus a institué et ordonné ce sacrement à son Église, pour lui rappeler qu’elle est rachetée de la mort et du péché par l’offrande qu’il a faite de son propre corps, comme le dit l’Apôtre dans son épître aux Hébreux, qu’il s’est offert lui-même une fois et qu’il ne mourra plus, dit saint Paul. (Heb. 6. 7. 8). Regardons donc de près ces paroles, pour nous rappeler qu’il a versé le sang de son corps, qu’il a offert à Dieu son Père pour la rémission des péchés de son Église, pour la sauver éternellement. Dans cette sainte Cène, Jésus-Christ se montre comme le maître, et l’Église lui doit toute obéissance ; Et tout comme le rôle du Maître est de commander, le rôle du serviteur est d’écouter et de faire ce que son Maître lui a commandé. Jésus-Christ, dans sa Cène, se montre l’époux de son Église, qu’il a prise pour épouse légitime. Or, le rôle d’une épouse loyale est de consentir et de faire la bonne volonté de son mari ; Si elle fait autrement, elle ne sera pas loyale, humble et obéissante, mais plutôt fausse, orgueilleuse et désobéissante. Item, Jésus-Christ, lors de sa dernière Cène, montre le rôle d’un père qui doit nourrir ses enfants, ce qu’il fait en donnant son propre corps et son propre sang signifiés par le pain et le vin, qui est une nourriture incorruptible et éternelle. On dit qu’il prit du pain et du vin, en disant : « Ceci est mon corps et mon sang ; mangez et buvez de tout. Il faut comprendre ici que Jésus-Christ veut enseigner à ses disciples à comprendre l’instruction qu’il leur donne, connaissant leur ignorance et la rudesse de leur esprit, les voyant plus charnels que spirituels, comme il les a souvent réprimandés. Et, à vrai dire, personne ne peut comprendre les choses spirituelles et célestes, parce que nous sommes par nature charnels ; mais il faut que Dieu seul, qui est tout spirituel, nous fasse comprendre les choses spirituelles. C’est ce qui ressort clairement de Nicodème, qui était un grand enseignant de la Loi, et pourtant il ne pouvait pas comprendre la chose dite par Jésus-Christ, qu’il faut naître de nouveau pour entrer dans le royaume des cieux. (Jean 3). C’est pourquoi, connaissant notre faiblesse, il propose dans sa Cène une chose visible et tangible à nos mains, pour nous aider à comprendre une chose invisible qui nourrit nos âmes, qui est son corps et son sang, que nous ne pouvons ni voir ni toucher, si ce n’est par la foi qui est avant tout requise.
J’ai dit que Jésus-Christ, lors de sa dernière Cène, se montre comme Maître, Époux et Père, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps. » Par conséquent, celui qui veut être reçu par Jésus comme serviteur obéissant, comme disciple, comme fils, doit prendre et manger son corps, et boire son sang comme il l’ordonne, et non pas comme les scribes et les pharisiens l’ont pensé, ne pensant à rien d’autre qu’avec les dents et la gorge, comme on mange de la chair et on boit du vin. Mais remarquons que Jésus, en présentant le pain, a montré que son corps était le vrai pain céleste, qui seul nourrit l’âme, comme le pain matériel nourrit le corps ; et en présentant le vin, il indiquait que son sang était la boisson de notre âme, altérée par la sécheresse du péché ; Son sang, dis-je, nous console et nous réjouit, en effaçant le péché, en réchauffant l’âme d’un zèle et d’une affection véritables, comme le vin prévient l’altération, réchauffe et fortifie le corps. Autrement, nous prendrions la Cène indignement si nous ne considérions pas ce que Jésus-Christ nous offre, c’est-à-dire son corps et son sang pour la nourriture spirituelle ; Car l’âme ne vit pas de pain et de vin matériels, dont le corps tire sa subsistance : D’autant plus qu’il est efficace. J’ai dit aussi qu’il faut obéir à Jésus-Christ, qui a dit : « Prends et mange », et non pas « Prends mon corps et offre-le en sacrifice pour la rémission des péchés, puis mange-le », car cela refléterait encore son ancienne loi, dans laquelle les sacrificateurs et les sacrificateurs prenaient les offrandes du bétail, dont : Après les avoir offerts en sacrifice, ils en mangèrent une certaine portion et brûlèrent les autres ; et tout cela était une figure de l’offrande que Jésus-Christ s’est faite lui-même dans son corps, par laquelle il a achevé le salut des bienheureux. Et parce qu’une fois faite, elle est éternelle, elle garde les élus non seulement dans ce monde, mais dans la vie éternelle : L’office des chrétiens est de prendre et de manger, et non d’offrir, puisque Jésus-Christ s’est offert lui-même. Pourquoi ne contrarierions-nous pas notre esprit avec la nourriture qu’il reçoit par la foi, et ne recommanderions-nous pas notre esprit et notre corps au Père, en vertu de la sainte oblation de son Fils bien-aimé, qu’il a reçue une fois pour la satisfaction de tous nos péchés ? Car, ayant reçu cette oblation, il nous a reçus ensemble comme justes et agréables, puisque Jésus-Christ, en nous donnant son corps et son sang pour notre nourriture, s’est donné lui-même à nous avec tout ce qui est à lui, à qui soient la gloire et l’honneur pour toujours.
[Touchant la réalité du corps]. On l’exhorta à dire s’il ne croyait pas que le corps de Jésus-Christ était réellement et véritablement dans le sacrement de l’autel, tel qu’il sortait du sein de la Vierge Marie, lorsqu’il prêchait, lorsqu’il mangeait et buvait lors de la dernière Cène, et comme il était sur la croix ; et s’il ne croyait pas qu’il était nécessaire de le manger dans le sacrement. Il me répondit qu’il ne pouvait pas comprendre que ces choses soient à la manière du sacrement de la sainte communion de Jésus-Christ ; « Car s’il en était ainsi, dit-il, nous ne serions pas rachetés, et les Écritures seraient fausses et notre foi vaine. Car Jésus-Christ, formé dans le sein de la Vierge, a été sujet à allaiter sa mère (1), et pendant qu’il prêchait, il a été sujet à la faim, à la soif, à la chaleur, au froid et à la malédiction de la croix, parce qu’il était mortel et qu’il n’était pas ressuscité. Or, étant tels, nous ne serions pas affamés de la mort de notre vivant, car pour être rachetés, il fallait qu’il meure et ressuscite de mort en vie. C’est donc une hérésie manifeste et détestable que de dire qu’il est nécessaire de considérer le corps de Jésus-Christ de cette manière. J’avoue qu’il a le même corps qui est sorti du sein de la Vierge, qu’il a élevé à la droite de Dieu le Père ; mais la différence dans les qualités du corps et de l’Eucharistie, c’est que nous ne le mangeons pas tel qu’il est sorti du sein de la Vierge Marie, mais tel qu’il est assis à la droite de Dieu le Père ; autrement, les sacrements de la dernière Cène et du baptême ne seraient pas des sacrements, en ce sens qu’ils ont leur vertu dans l’effusion du sang de Jésus-Christ, dans sa mort et dans sa résurrection, et donc dire le contraire est hérétique, à qui personne ne croirait ou n’adhérerait pour aucun tourment tant qu’il vivra dans le monde. »
(1) Allaiter sa mère, dans le sens de prendre le lait de sa mère, s'employait couramment dans la vieille langue française. Voy. I 'historique de ce mot dans Littré.
[Du Purgatoire]. Du purgatoire, lorsqu’on lui demanda s’il n’y croyait pas, il répondit qu’il confessait et maintenait, pour mourir, que le sang du Christ versé est le seul et parfait Purgatoire qui purifie les âmes des enfants de Dieu de tous les péchés, comme il apparaît aux Hébreux et dans la première lettre canonique de saint Jean, montrant à travers ces passages qu’après la mort d’un homme chrétien, il est purifié de tout et entre immédiatement dans le repos lorsque l’esprit a quitté son corps. Il est écrit : « Là où l’arbre tombe, il y reposera », c’est-à-dire que si un homme ne meurt pas dans la grâce de Dieu, il restera dans le lieu où il n’y a pas de grâce, qui est l’enfer. « Car, dit saint Paul, par la grâce de Dieu, vous êtes sauvés par la foi ; et cela ne vient pas de vous-mêmes, c’est un don de Dieu, non par les œuvres, afin que personne ne puisse se glorifier. (Heb. 1. 5. 6; 1 Jean 1; Eph. 2; Tite 3). Ailleurs : « Selon sa demi-miséricorde, il nous a sauvés. » Celui qui meurt après avoir obtenu la grâce et la miséricorde de Dieu, et qui est purifié de ses péchés, ne sera-t-il pas sauvé ? C’est certain. Jésus-Christ a dit : « Je suis la résurrection et la vie ; Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais. (Jean 11). Jésus-Christ prétend être la résurrection et la vie ; Puis il propose deux morts, l’une corporelle et l’autre éternelle. Lorsqu’il confesse être la résurrection, il ne parle pas de la résurrection générale, dans laquelle tous seront ressuscités, mais pas à la vie, c’est-à-dire aux réprouvés, parce qu’ils sont morts de la seconde mort, là où il n’y a pas de vie. Il s’ensuit que les paroles de Jésus-Christ sont dites pour celui qui meurt dans la foi, que Jésus ressuscite de cette mort corporelle à la vie éternelle, comme il le déclare immédiatement, en disant : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra », (Jean 5), démontrant que le corps mort, immédiatement l’esprit commence à vivre. S’il vit, c’est la vie éternelle, dans laquelle il n’y a pas de châtiment du purgatoire ou autre, comme il le montre plus tard, en disant : « Et celui qui vit et croit en moi ne mourra jamais de la seconde mort », qui est l’enfer. Dans le même Evangile, il est écrit : « Celui qui croit au Fils de Dieu a la vie éternelle et ne viendra pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » Voyez, à travers tant de passages, comment pour celui qui croit qu’il n’y a pas de Purgatoire après sa mort ; car si, de son vivant, la vie lui est déjà donnée éternellement, alors, en quittant ce monde, il reçoit la pleine possession du don que Jésus-Christ lui avait promis, vivant encore dans le monde ; Et quand il le faut, Jésus rend témoignage en disant : Mais il passe de la mort à la vie ; Et il est certain que la mort corporelle est un passage par lequel l’esprit entre dans la vie. Il est écrit dans le Canonique de saint Jean que « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie éternelle. (1 Jean 5). Il est dit dans l’Apocalypse : « Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur ». Ceux qui meurent dans le Seigneur sont ceux qui croient en Lui. Maintenant, il dit qu’ils sont bénis et que personne n’est vraiment heureux s’il n’est pas dans la vie éternelle. (Apoc. 14). Par conséquent, ceux qui meurent et vont dans un autre endroit ne sont pas heureux. Je ne veux pas dire que, bien que le sang de Jésus-Christ purifie nos âmes de tout péché, nous ne devrions pas souffrir dans ce monde ; et la raison en est qu’en Dieu il y a la justice et la miséricorde à considérer. Par sa justice, nous sommes tous damnés ; mais par sa miséricorde, qu’il montre à ceux à qui il veut faire miséricorde, il change les châtiments éternels, dus à leurs péchés, en châtiments corporels, comme on le voit.
[Les peines que souffrent les fidèles]. David, après avoir commis l’adultère, ne méritait-il pas d’être damné ? Car il est écrit que les adultères et les fornicateurs n’entreront jamais dans le royaume des cieux. Cependant, (1 Cor. 6). David n’est pas damné, mais sauvé par la miséricorde de Dieu, qui a changé ses douleurs éternelles en châtiments temporels, comme lorsque son enfant est mort, dont il portait une grande tristesse et une grande angoisse dans son cœur. De plus, pour avoir commis un autre délit, une grande multitude de personnes sont mortes de la peste ; et il en est de même pour tous les enfants de Dieu, qu’il châtie dans ce monde par divers tourments, comme il le juge à propos : il les met au tourment, comme dans une fournaise, pour être éprouvés et raffinés. Et cela est fait par notre bon Dieu et Père, à cause du grand amour qu’Il a pour nous. Car il dit : « Il châtie ceux qu’il aime, qui, sentant sa verge, se tournent vers lui avec un cœur contrit, demandant miséricorde. (Heb. 12). Le Prophète dit : « Les justes vivent selon leur foi. » (Hab. 2). Puisqu’Il est juste et qu’Il vit dans ce monde, lorsqu’Il quittera le monde, ne vivra-t-Il pas une vie plus parfaite ? Personne ne peut nier ce fait à moins d’être un adversaire de la vérité. Je dis donc, en terminant, que je me contente, pour mon purgatoire, du sang de Jésus-Christ, car il seul suffit. Qui n’en sera pas satisfait, s’il est laissé à lui-même ? Pour prouver leur point de vue, ils citeront saint Paul aux Philippiens, en disant : « Tout genou fléchira de ceux qui sont dans le ciel, sur la terre et sous la terre », et que l’enfer est le purgatoire. Saint Paul ne parle pas de ce purgatoire, mais veut démontrer l’excellence de la gloire et du triomphe que Jésus-Christ a obtenus par la mort de la croix : afin que toute créature, tant angélique qu’humaine et infernale, y compris les démons, soit obligée de confesser que Jésus-Christ, par sa victoire, est monté au ciel dans la gloire de Dieu le Père.
[De l'autorité de l'Église]. On lui a présenté cette vieille parole, qu’on ne croirait pas en l’Évangile si l’Église ne l’avait pas reçu comme l’Évangile. Il répondit : « L’Évangile est d’une telle vertu et d’une telle dignité qu’il n’a besoin d’aucune créature qui soit dans le ciel ou sur la terre, dans la mesure où il cache les trésors et les richesses de Dieu, c’est-à-dire les promesses de la rémission des péchés et du repos éternel par sa miséricorde. Si, par la foi vivante, nous recevons ce saint Évangile comme l’Évangile du salut et la parole de la vie éternelle, il ne se trouvera pas d’autre Évangile qui ait cette dignité et ce pouvoir de sauver les âmes, selon le témoignage des Apôtres, qui n’avaient ni autorité, ni dignité, ni puissance , avant que Jésus les appelle, car ils étaient de pauvres pêcheurs. qui n’avaient ni crédit ni vertu, comme les gens qui étaient ignorants ; mais après que le bon plaisir de Jésus-Christ eut été de les appeler et de les prendre pour ses apôtres, il les élit ensuite à une telle dignité et à une telle puissance par son Évangile, qu’il en fit ses ambassadeurs et ses légats pour porter son nom dans le monde entier, en disant : « Allez, prêchez l’Évangile à toute la création ; Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas sera condamné. 'Marc 16). Voici les Apôtres, qui sont constitués avec une telle puissance par l’Évangile, qu’ils sont ceux par lesquels Jésus-Christ a voulu établir son Église universelle ; ce sont ceux qui ont reçu l’ordre exprès de Jésus d’instruire tout le monde par cet Évangile, qui est la parole de Dieu son Père, en disant : « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie », etc. Or, il est certain que ce pouvoir de pardonner les péchés n’appartient pas du tout à la puissance de l’homme, mais à la puissance de Dieu, car il est écrit par le prophète Isaïe, parlant en la personne de Dieu : « Je suis celui qui efface les iniquités à cause de moi, et il n’y en a pas d’autre. » (jean 10; Ch. 43. 25). Dans saint Luc, il est écrit que les scribes et les pharisiens n’ont pas dit : Nous pardonnons les péchés et remettons les péchés, mais ils ont bien dit : Qui est celui qui pardonne les péchés, si ce n’est le Dieu unique ? Et quant à la vertu des miracles, les Apôtres confessent que ce n’est pas d’eux, mais de Jésus, par la parole qu’il leur a donnée à porter. Ainsi parlaient saint Pierre et saint Jean au boiteux qu’ils guérissaient. Dire : je ne croirais pas à l’Évangile si l’Église n’avait pas reçu l’Évangile, c’est montrer par ces paroles qu’elles ont plus de puissance que la parole de Dieu, comme si elles disaient : Nous qui sommes l’Église, si nous avions rejeté l’Évangile, ce ne serait pas l’Évangile ; contrairement à ce que les Apôtres ont confessé en disant : 'Ce n’est pas nous qui faisons ces choses, car nous sommes comme toi ; mais c’est par Jésus-Christ qui nous a donné sa parole, par laquelle nous vous montrons sa puissance, même si vous l’avez crucifié. C’est la confession des Apôtres qui étaient l’Église primitive, et une congrégation si sainte (après avoir reçu le Saint-Esprit) qu’on ne la trouvera jamais, qui, cependant, n’ont rien entrepris pour commander plus que l’Évangile de Jésus ne le leur a commandé, car les Apôtres étaient des ambassadeurs du Saint-Esprit qui les a fait parler. comme ils l’ont dit : « Cela a semblé bon à l’Esprit Saint et à nous. » Cette phrase : « Et pour nous », ils ne la sortent pas de la présomption, mais c’est une phrase de grande humilité, voulant dire : « Il a semblé bon à l’Esprit Saint et à nous qui nous conformons à sa volonté et parlons par lui. » (Actes 15). Il s’enfuit donc, bien qu’ils attribuent toute autorité à la parole de Dieu qu’ils ont reçue par Jésus-Christ, et qu’ils ne disent pas : « Nous qui sommes l’Église, si nous n’avions pas reçu l’Évangile, l’Évangile ne serait pas l’Évangile », dis-je, eux qui étaient l’Église la plus parfaite qui ait jamais été et qui sera, car ils n’ont ni prêché ni rien écrit qui ne soit la parole de vie et l’Évangile du salut, ce qu’on ne peut pas dire de ceux qui prétendent que l’Évangile ne serait pas l’Évangile s’ils ne l’avaient pas reçu.
[La vertu de la parole de Dieu]. Il n’y a pas de puissance dans l’Église de Jésus-Christ si ce n’est par sa parole, comme nous l’avons dit, que le pouvoir de lier et de délier, de pardonner et de retenir, n’a pas été donné aux apôtres ou à leurs successeurs, si ce n’est en vertu de cette parole de Dieu, qui est la clé qui ouvre et ferme le royaume des cieux à ceux qui le reçoivent ou le rejettent. Or, il est évident que l’Église de Jésus-Christ n’a pas d’autres moyens pour se défendre que cette parole de Dieu (2 Cor 10); car saint Paul le montre clairement aux Corinthiens en disant : « Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais spirituelles ; (Eph. 6) » et pourtant il exhorte à prendre l’épée du salut, qui est la parole de Dieu, dont les Hébreux ont donné la raison, c’est-à-dire que cette parole sainte est plus tranchante que n’importe quelle épée tranchante des deux côtés (Heb. 4); c’est le couteau que Dieu a donné à Jérémie, brûlant comme un charbon ardent, et Isaïe l’avait dans sa bouche, coupant des deux côtés (Isaïe 49) ; c’est cette bouche et cette sagesse que Jésus-Christ a données à ses apôtres pour vaincre leurs adversaires, qui ne pouvaient pas leur résister, comme il est évident dans les Actes de saint Étienne, et ce sera le cas pour tous les chrétiens qui prennent cette parole sainte pour confesser et soutenir fermement le nom de Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ. J’ai dit que l’Église de Jésus-Christ, à cause de sa doctrine et pour nourrir son âme, n’a que la parole de celui qui est son pasteur et son époux. (Actes 7). Qui n’a pas d’autres brebis que celles qui entendent sa voix, qui est son Évangile et la parole de Dieu son Père : « Mes brebis, dit-il, écoutez ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et je leur donne la vie éternelle. » Dans un autre passage, il est dit : « Quiconque est de Dieu entend les paroles de Dieu. Jean 10; Jean 8; Deut. 8) ». Dans le Deutéronome : « L’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Et c’est pour cette raison que saint Jacques nous exhorte à la recevoir, en disant : « Accueillons avec douceur la parole implantée, qui est capable de sauver nos âmes. » (Jac. 1). Et on ne dira pas qu’il y a une autre parole que la parole de Dieu, qui s’appelle la Parole de vie, l’Évangile du salut. De plus, personne ne sera pasteur de l’Église de Jésus-Christ si ce n’est ceux qui apportent fidèlement cette doctrine évangélique. Si quelqu’un vient nous annoncer une autre doctrine que celle-ci, ne la recevons pas ; Mais qu’un tel homme soit maudit, même s’il est un ange du ciel.
[La différence entre les vrais & faux Pasteurs]. >> La différence entre les bons et les mauvais pasteurs, et les deux Églises, à savoir de Jésus-Christ et de son adversaire l’Antéchrist, est connue par la parole de Dieu ; qui domine, gouverne, ordonne et dirige l’Église de Jésus-Christ par ses ministres fidèles, qui n’ont pas d’autre doctrine. < « C’est pourquoi, dit saint Paul, le fondement de l’Église de Jésus-Christ est la doctrine des prophètes et des apôtres ; qui est une Église sans rides ni taches, qui est simple comme une colombe, sage comme un serpent, humble et patiente comme une brebis parmi les loups. (Eph. 2). Voici le gouvernement de la vertu de la parole de Dieu. L’Église de l’Antéchrist et de ses ministres est pleine de mensonges, de tromperie, de ruse et de mensonge ; et donc Isaïe 49, qu’il n’est pas gouverné par la parole de Dieu, n’est rien d’autre qu’un abus de sa doctrine, car en dehors de la parole de Dieu, il n’y a pas de salut, il n’y aura que la perdition, il n’y aura que l’orgueil, la vanité et la cruauté, comme David le montre clairement, en disant : « L’Église des méchants m’a tué. » Nous avons des exemples de sa cruauté et de son inhumanité contre l’Église de Jésus-Christ.
[La Synagogue de l'Antichrist persécute l'Église de Jésus-Christ]. Dans l’Ancien Testament, Caïn a assassiné Abel, Pharaon a persécuté les enfants d’Israël, Jézabel a tué les saints prophètes, Manassé a rempli les rues de Jérusalem de leur sang. Dans le Nouveau Testament, les scribes et les pharisiens se soulèvent contre Jésus-Christ et ses apôtres, et mettent à mort ceux qui prêchent le salut éternel. Et c’est parce qu’ils ne sont pas gouvernés par la parole de Dieu, mais par la parole du mensonge, comme on peut le voir tout au long de l’Ancien et du Nouveau Testament ; notamment dans le prophète Jérémie chapitre 23. Pourquoi ne devrions-nous nous arrêter à rien d’autre qu’à cette seule parole de Dieu : car quiconque garde ce qu’elle commande, Dieu le recevra comme son serviteur obéissant. Dans cette doctrine, je persiste et je veux mourir, certain que Dieu m’accordera la grâce par la vertu de son saint nom, et pour l’honneur et l’amour de son cher Fils qu’il nous a donné comme Sauveur ; à qui soient la gloire et l’honneur éternellement. Amen. >>
[Des Jeûnes]. En ce qui concerne le jeûne et les viandes, il a été dit que le jeûne est bon et saint, et du commandement de Jésus-Christ ; non pas qu’il ait imposé un certain temps pour le jeûne, mais il a dit : « Quand tu jeûnes », etc. (Mat. 6). Ce jeûne a pour but de châtier et de réprimer la rébellion de notre chair, de la réduire en servitude, afin que l’esprit serve Dieu. Et elle ne consiste pas seulement à s’abstenir de manger et de boire, ni à la différence des viandes ; mais dans l’intégrité de la vie, la sobriété, la chasteté, l’amour et la charité envers le prochain ; comme le dit Isaïe : « Romps ton pain pour ceux qui ont faim, et fais entrer dans ta maison les sans-abri ; Quand tu verras celui qui est nu, couvre-le, et ne te cache pas de ta propre chair. Alors tu jeûneras d’une manière sainte, et ton jeûne sera agréable à Dieu. (Isaïe 58).
[Des viandes]. Quant au jeûne de l’abstinence, il est bon ; Mais que l’abstinence se fasse sans superstition et sans abus, et sans faire de distinction entre manger une sorte de viande et pas une autre, comme s’il y avait plus de sainteté dans l’une que dans l’autre; suivant ce que dit saint Paul : Le royaume des cieux ne consiste pas à manger et à boire ; car nous devons prendre la nourriture que Dieu nous donne, avec actions de grâces ; sachant que dans l’Évangile il est dit : « Ce qui entre dans la bouche ne souille pas l’âme ». Par conséquent, nous ne devons pas nous tromper ; mais nous devons croire qu’il nous a donné la nourriture pour nos corps ; et en le donnant, il n’a pas interdit l’un plus que l’autre ; mais comme le dit saint Paul : « Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange ne condamne pas celui qui mange ; Il est nécessaire que celui qui est fort prenne garde de ne pas scandaliser le faible en mangeant ; sachant qu’il vaudrait mieux n’avoir jamais mangé de viande que de perdre celui pour qui Jésus est mort. (Rom 14; Mat 15; Rom 14; 1 Cor. 8). Notre vie doit donc être si bien ordonnée qu’elle est toujours édifiante ; cela arrivera si nous gardons la règle de vie que notre bon Dieu et Sauveur nous a donnée dans son Ancien et son Nouveau Testament.
[Du Pape]. Interrogé sur le Pape et son autorité, il a répondu que Dieu est le seul maître, qui ne sait rien et ne peut pas faillir ; et par conséquent, il doit être suivi et non un autre. C’est Lui qui a créé tout ce qui est contenu dans le ciel et sur la terre ; ayant tout fait pour l’homme, à qui Il a donné Sa loi lorsqu’Il l’a placé dans le paradis terrestre, en lui disant : « Mange de tous les fruits, sauf du fruit de la vie ; car si tu en manges, tu mourras sûrement à l’heure même. (Genèse 4). Voici la première loi et le premier commandement que Dieu a donné à l’homme pour qu’il gouverne et dirige dans l’obéissance à son Dieu ; mais l’homme, voulant être plus grand que Dieu, ne l’a pas fait, et a voulu être comme lui, croyant à l’esprit d’ambition, qui lui a promis qu’il le ferait par gourmandise. La malédiction qui a suivi cette transgression d’Adam est telle qu’il a fallu que la deuxième personne de la Trinité, qui est le Fils bien-aimé du Père, prenne notre humanité et porte le châtiment de cette malédiction, sinon nous aurions tous été perdus ; C’est pourquoi, maintenant, par la malédiction de la croix qu’il a soufferte, il nous a mérité la bénédiction éternelle de Dieu ; et avant de monter au ciel, il nous a laissé sa sainte parole, qui est son Évangile ; et après ses apôtres, il a établi des évêques, des pasteurs et des enseignants pour nous guider selon la doctrine des prophètes et des apôtres, pour nous enseigner à la fois par la pure parole de Dieu et par une bonne vie et l’exemple de la sainte conduite ; car il faut qu’un évêque soit irréprochable, non cupide, lubrique ou escroc ; mais doté des vertus requises pour une telle fonction. On me dit que Jésus-Christ, parlant des scribes et des pharisiens, dit que nous devons faire tout ce qu’ils nous disent ; Je réponds : Il est prévu qu’ils s’assoient sur le siège de Moïse ; maintenant le siège de Moïse, c’est la Loi ; qu’ils devaient seulement annoncer, et aucune autre doctrine ; car quand le peuple s’était assemblé, il lisait la loi, et le peuple écoutait pour savoir ce qu’il devait faire. Et pourtant, les bons prophètes, pour montrer clairement qu’ils étaient de vrais serviteurs de Dieu, ne voulaient pas commander au peuple quoi que ce soit qui venait de leur propre esprit ; mais ils ont toujours dit : Écoutez la parole du Seigneur, c’est la voix du Seigneur, le Seigneur a parlé, le Seigneur parle ; ce qu’ont fait aussi les Apôtres de Jésus-Christ, qui n’ont rien ordonné de leur doctrine humaine, mais tout ce qu’ils ont dit était la doctrine du Saint-Esprit, comme l’atteste Jésus-Christ, en disant d’eux : « Ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit de Dieu mon Père qui parle à travers vous. » Que les successeurs des Apôtres, s’ils annoncent ou ordonnent quelque chose qui n’est pas la parole de Dieu et l’Évangile de Jésus-Christ, soient maudits. Et un tel homme sera un faux prophète et un antéchrist (même si c’était le Pape) qui n’a ou n’aura pas plus de pouvoir que les prophètes et les apôtres (Matthieu 10). Or, celui qui fuit ces saints personnages dans la doctrine et dans la vie est vraiment un pasteur de l’Église ; Sinon, il n’est qu’un destructeur, et comme un loup parmi les brebis. J’avoue que tous les pasteurs de Jésus-Christ, qui proclament sa parole, ont ce pouvoir de faire des ordonnances de justice, des prières et des aumônes, lorsqu’ils voient la colère de Dieu sur la terre, comme la guerre, la peste, la famine et d’autres verges de Dieu ; Mais ce n’est pas écrit ce qui est des lois perpétuelles, et ce n’est pas qu’il y ait eu de la superstition et de l’abus, et de même de l’idolâtrie.
[Traditions]. Des traditions humaines : il a dit que si une créature avait le pouvoir d’ordonner pour notre salut autre chose que ce que Dieu nous a commandé par ses prophètes et ses apôtres, ce serait les anges, qui se tiennent sur le trône de Dieu et sont les exécuteurs de sa volonté, qui sont saints et sans aucune tache. Mais, bien qu’ils soient si dignes et si puissants, ils n’ont jamais entrepris de commander quoi que ce soit par eux-mêmes, mais se sont contentés d’exécuter fidèlement les commandements de Dieu. (Heb. 1). Il est dit aussi d’eux dans l’épître aux Hébreux qu’ils font la volonté de Dieu et qu’ils sont envoyés pour garder ceux qui doivent hériter du royaume des cieux. Les créatures les plus excellentes après eux ont été les saints prophètes, qui, comme il est dit ici, n’ont rien inventé ni commandé ; Dieu leur dit ce qu’ils doivent faire et dire. Jésus-Christ est venu après eux, qui a dit : « Ma doctrine n’est pas la mienne ; mais de celui qui m’a envoyé. (Jean 7). Et au même endroit : « Je ne parle pas de moi ; mais celui qui m’a envoyé parle par moi. Je n’ai rien annoncé de moi-même, mais tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai manifesté. La parole que tu m’as donnée, je l’ai donnée aux hommes que tu m’as donnés (jean 17) ; ils l’ont reçu. Les Apôtres ont parlé de même. Si donc les anges en sont dignes, si les prophètes de Dieu, si Jésus-Christ, qui pouvait dire : « Je dis cela de moi-même », et qui l’ordonne pour mon plaisir et mon autorité, n’a cependant rien fait d’autre qu’annoncer la parole de Dieu le Père, qui est un exemple de toute sainteté ; et si les apôtres se sont ainsi gouvernés eux-mêmes dans l’obéissance à Dieu, pour n’annoncer que sa Parole ; Le Pape et tous ses prélats ont-ils plus de dignité et de pouvoir ? Au contraire, ils blasphèment diaboliquement le Nom de Dieu à travers leurs traditions ; de sorte que celui qui commet l’impudicité et l’adultère ne sera pas puni, mais estimé ; mais quiconque mange un peu de lard le vendredi, ou parle contre certains abus, sera mis à mort sur-le-champ ; mais Dieu, qui est patient et qui n’en a pas encore dit un mot, viendra un jour les prendre à partie.
[Contre l'objection de la multitude qui adhère au Pape]. Et alors ils diront en vain : Nous aurions été presque tous ceux qui auraient fait ces choses ; nous avons suivi nos anciens pères qui étaient du temps des Apôtres, les Rois et les grands du monde étaient les nôtres ; est-il possible qu’ils se soient tant égarés et que Dieu ait permis que tant de gens se perdent ? Si dans la grande multitude du peuple il y avait le salut, la parole de Dieu ne serait pas vraie, ce qui montre dans l’Ancien et le Nouveau Testament que la plus petite partie du peuple a été le peuple de Dieu, même le plus vilipendé du monde. Regardez au commencement, qu’est-ce qu’il y avait d’Abraham et de Lot, en comparaison des grandes villes, et de Sodome ? Regardez les enfants d’Israël, en comparaison avec le peuple de Pharaon et d’autres nations, comme le démontrent Moïse, les Livres des Rois et Daniel. Regardez les prophètes, en comparaison avec le grand peuple soumis à Jézabel, qui a mis à mort les bons. Venons-en au Nouveau Testament, et voyons Jésus-Christ et ses apôtres en présence d’une si grande multitude, de si grands rois, scribes et pharisiens ainsi que de tant d’autres personnes. Qu’est-il arrivé aux apôtres après la mort de Jésus-Christ, par rapport au peuple qui était adversaire de Dieu ? Laissons donc la grande multitude, puisqu’elle n’est pas le peuple de Dieu ; car il est écrit : « On appelle beaucoup, mais on en choisit peu. » Personne ne doit oublier ce que Jésus-Christ a dit : « N’aie pas peur, petit troupeau ; car il a plu à mon Père de vous donner le royaume des cieux. Au contraire, il a dit des grands : « Je te rends grâces, Père, de ce qu’il t’a plu de cacher ma connaissance aux sages et aux prudents ; et de le révéler à ces petits». (Matth. 20. Luc 12. Matth, 11). Qu’il en soit ainsi, que la plus petite partie du monde soit sauvée seule, comme nous le voyons par la similitude de la semence que Jésus-Christ donne, disant que le semeur, en semant sa semence, une partie tombe sur le bord du chemin et n’en a pas profité ; l’autre sur la pierre, et n’a rien gagné non plus ; l’autre parmi les épines, et n’a pas non plus fait de bien ; mais la quatrième partie qui tombe sur la bonne terre a porté beaucoup de fruits ; ce qui démontre clairement que la plus grande partie périt ; et il n’y en aura qu’un petit nombre qui sera sauvé. Voyez donc ce que c’est que de faire confiance à la grande multitude et d’être d’accord avec elle. C’est pourquoi nous nous retirons dans le petit troupeau de Jésus-Christ, qui est mort pour leur donner la vie. (Mat. 13).
[Des temples]. Il s’est interrogé sur les temples : il dit que Dieu est esprit, qui n’a ni chair ni os, et qui est invisible, dont aucune créature ne peut construire ou établir une demeure, parce qu’elle a besoin d’une demeure spirituelle ; car il dit par son prophète Isaïe : « Quelle maison me bâtirez-vous ? Le ciel n’est-il pas mon trône, et la terre mon marchepied ? (Isaïe 66). Si Dieu veut être logé, il doit lui-même construire et établir une maison ; c’est ce qu’il fait lorsqu’il purifie la conscience de l’homme par son Esprit Saint ; et après l’avoir purifié, il en fait son temple et sa demeure, comme l’atteste saint Paul, en disant : « Vous êtes le temple du Dieu vivant. Le temple de Dieu est saint, c’est toi ; quiconque détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. C’est le lieu où il se plaît, et dont il dit : Je marcherai au milieu d’eux, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.» (1 Cor. 3. 16, & 6. 19. & 2 Cor. 6. 16). On demande si Dieu n’est pas le pain de l’autel. J’ai déjà dit que Dieu est esprit, qui ne peut être autre chose qu’il n’était auparavant ; Je ne veux pas dire que c’est du pain. Gardons-nous de déguiser Sa Majesté, ce qui est incompréhensible ; Mais prions-le pour qu’il purifie nos cœurs et qu’il y habite. Quant au temple matériel, j’ai avoué qu’il était bien ordonné ; à laquelle tous les chrétiens doivent se rassembler dans la paix et l’unité pour prier Dieu. Le temple est une maison de prière, où ils se rassemblent pour entendre la parole de Dieu et recevoir les saints sacrements, à savoir la dernière Cène et le baptême ; être davantage incités à s’aimer les uns les autres par la prédication de la parole de Dieu, qui a cette vertu et cette efficacité, pour préparer les cœurs à s’aimer et à s’entraider, comme membres d’un seul corps, qui reçoivent la même nourriture.
[Confession]. En ce qui concerne la confession, il a été interrogé et a répondu qu’il n’y a que Dieu qui pardonne les péchés, comme Il en témoigne par Son Prophète, en disant : « Je suis celui qui efface les péchés pour Moi-même, et il n’y en a pas d’autre. C’est ce que confessaient les scribes et les pharisiens lorsqu’ils disaient : « Qui est celui qui pardonne les péchés, si ce n’est Dieu seul ? » Par conséquent, nous devons tous nous confesser à Lui seul, comme l’ont fait les saints prophètes ; et notamment David, qui fait une confession parfaite de ses péchés, demandant à Dieu grâce et miséricorde. Il est vrai que nous devons confesser nos péchés les uns aux autres, comme saint Jacques nous y exhorte ; sinon, Dieu ne nous pardonnera jamais. Ainsi, si nous nous sommes offensés les uns les autres, Jésus-Christ rend témoignage en disant : 'Si tu ne pardonnes pas les péchés de ceux qui t’ont offensé, ton Père céleste ne te pardonnera pas non plus.' Pardonnons, et Il nous fera pardonner. (Isaïe 43; Marc 2; Ps. 51; Jacq. 5; Mat. 6).
[Messe]. Interrogé sur la messe, il a répondu que l’Écriture Sainte contient pleinement les commandements que Dieu nous ordonne de garder si nous voulons être sauvés, et par lesquels les idolâtres sont condamnés. Dans l’Exode, nous trouvons les commandements d’aimer Dieu et notre prochain ; pas pour faire des idoles (Exode 20). De plus, Jésus-Christ nous commande d’aimer nos ennemis, de prier pour ceux qui nous persécutent et de leur faire du bien ; s’ils ont faim, de leur donner à manger ; s’ils ont soif, de leur donner à boire (Mat. 5) ; mais en ce qui concerne la messe, il n’en est pas fait mention dans toute l’Écriture sainte. Je n’en parlerai donc pas davantage, puisque l’Écriture sainte n’en parle pas ; au contraire, je prierai Dieu pour qu’Il vous aide à garder Ses saints commandements et ne nous permette pas de faire quoi que ce soit qui Lui déplaise. Ce faisant, nous vivrons de sa grâce, qu’il ne veut pas laisser comme un mystère d’abomination que Satan a malheureusement fabriqué chez l’homme de péché.
[Vœux]. Il a également été interrogé sur les vœux ; et il répondit que toute créature qui veut entreprendre une œuvre pour plaire à Dieu, sans égard à sa volonté, il est impossible que cette œuvre ne soit pas malheureuse, comme une œuvre idolâtre, qui est construite selon l’intention et l’affection de l’esprit humain, qui se détourne plus souvent de Dieu qu’il n’est aligné pour faire sa volonté. Le vœu que toute créature doit faire pour son salut est de prier Dieu de lui accorder la grâce de faire sa volonté, et de renoncer à la leur, qui est plus encline à faire du mal que du bien ; car le bien que nous voulons faire, nous ne le faisons pas ; Et le mal que nous ne voulons pas faire, nous le faisons. Le vrai remède pour renoncer à nous-mêmes et mettre de côté tous nos désirs, c’est de dire purement du cœur à Dieu : Que ta volonté soit faite : en protestant que nous ne voulons rien faire d’autre que cela ; sinon, celui qui veut faire sa propre volonté se moquera de Dieu en disant : Que ta volonté soit faite. Confions-nous donc à Lui et à nos affaires ; car Lui seul est la source de tout bien, et Il donne la volonté et la capacité de l’accomplir, selon Son bon plaisir ; acquiesçant à ce que Moïse dit dans le Deutéronome : « Tu ne feras pas ce qui te paraît bon et droit à tes yeux, mais tu ne feras que ce que le Seigneur te commande, et tu ne te détourneras ni à droite ni à gauche ».
[Pèlerinages]. Je me suis interrogé sur les pèlerinages : que le pèlerinage salutaire pour chaque chrétien est de marcher saintement dans ce monde, dans la patience, l’amour, la chasteté et la charité, sachant que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, et que nous ne sommes des pèlerins que le temps de notre vie ; que si nous l’avons dépensé et consommé dans l’injure, négligeant de faire l’œuvre de Dieu, errant ici et là parmi le pays qui est le sien, sans son commandement ; ce ne serait pas différent d’un homme qui serait un roi ou un prince, qui demanderait pourquoi quelqu’un devrait être un vagabond dans ses terres et ses territoires. Et parce que le temps est court, hâtons-nous d’aller au Seigneur notre Créateur, de qui nous tenons toute force et toute vertu, et retirons-nous vers Lui seul par son Fils Jésus-Christ, pour avoir la rémission de nos péchés et la vie éternelle ; le priant de nous recevoir au dernier jour.
[De la prêtrise]. Je lui ai demandé ce qu’il pensait du sacerdoce : il m’a répondu que tous les chrétiens sont prêtres. Car saint Paul dans l’Épître aux Romains dit : « Dieu, en donnant son Fils, nous a tout donné avec lui, et il est très évident qu’en l’ayant, nous avons tout ; car le Fils n’est jamais sans le Père et l’Esprit Saint, en ce que les trois sont un seul Dieu, une seule volonté, une seule essence et une seule puissance, un seul repos et une seule vie éternelle ; donc, en ayant tout, il n’a rien qui ne soit à nous ; celui qui est Dieu nous a faits éternels avec lui ; celui qui est Roi nous a oints rois avec lui, pour régner éternellement dans son royaume ; celui qui est prêtre nous a consacrés comme prêtres par son sang, pour faire des oblations et des sacrifices de nos corps, de nos esprits, de nos cœurs contrits à Dieu son Père et aux nôtres (Rom. 8); comme il est écrit aux Romains au sujet de l’oblation, et aux Hébreux et aux prêtres. C’est écrit dans l’Apocalypse, chapitres 1 et 20. Je ne parle pas du sacerdoce romain, mais du sacerdoce intérieur et spirituel, dont, par l’Esprit Saint, tout bon chrétien qui a une foi vivante est prêtre : non pas en fonction, c’est-à-dire en capacité d’administrer publiquement la sainte parole de Dieu, qui n’appartient qu’aux pasteurs que Jésus-Christ a établis à cet effet dans son Église ; mais dans la dignité. C’est parce que Jésus-Christ les a rendus dignes d’offrir leurs corps, leurs âmes et leurs cœurs contrits en oblations à Dieu le Père, qui est l’essence et la dignité des prêtres, qui doit nous donner un grand courage pour nous présenter devant Dieu, pour demander la rémission de nos péchés, et pour nous assurer que la vie éternelle nous sera donnée par Jésus-Christ notre Sauveur, qui a acquis pour nous tous les biens célestes, qu’il nous a donnés et qu’il a faits nôtres, pour vivre éternellement avec lui : auquel soit honneur & gloire à jamais. APRÈS que ledit Neel eut présenté les réponses ci-dessus pour la confession et la profession de sa foi, les ayant signées, les officiers dudit évêque d’Evreux ont procédé à la condamnation de ces articles et réponses. Cependant, Neel a été très mal traité dans les prisons dudit évêque, et c’est pourquoi il a demandé au lieutenant criminel de l’endroit (qui venait souvent le visiter et le consoler avec un avocat craignant Dieu) d’être emmené dans les prisons des tribunaux séculiers, comme ils les appellent. En entendant cela, les officiers de l’évêque, après avoir retenu Neel pendant deux mois, se hâtèrent de prononcer contre lui une sentence de condamnation et d’humiliation ; sentence contre laquelle Neel, sur le conseil de ses amis, fit appel comme une insulte. Les raisons pour lesquelles il a fait appel en cas d’abus de la sentence des officiers dudit évêque sont écrites comme suit.
Causes et moyens de recours de Guillaume Neel.
Ce fut le mercredi de Pâques 1553 que l’évêque d’Évreux me convoqua devant lui dans sa chambre, où il y avait un grand nombre de chanoines, pour savoir si je persisterais dans la confession de ma foi, que j’avais faite : à quoi je répondis que je persisterais ; et quand je me suis opposé aux informations faites à mon sujet par leur doyen, et à la déposition des témoins à ce sujet, comme je l’ai toujours fait ; ayant persisté dès le premier jour jusqu’à présent dans le rejet de ladite déposition. Après avoir dit ces paroles, l’évêque me renvoya dans ma prison ; Une heure plus tard, il me convoqua de nouveau, étant assis dans sa cour de l’église, où un grand nombre de personnes étaient rassemblées ; et, étant devant lui, il m’ordonna de m’agenouiller ; ce que j’ai fait, ne sachant pas ce qu’il voulait que je dise ; car une heure auparavant, je l’avais prié au nom de Dieu de me faire mettre à genoux. Je leur fis des remontrances pour qu’ils examinent soigneusement ma confession, qui n’était pas sans importance, et que la vie d’un homme était plus précieuse que celle d’un poulet ; néanmoins, sans aucun égard, l’évêque, assis à sa place, commença à dire combien j’étais obstiné et qu’il allait prononcer ma sentence. Mais avant qu’il ne commence à me le prononcer, je lui dis ces paroles devant tout le monde : « Monsieur, mieux vaut tard que jamais ; Je vous récuse en tant que mon juge, pour des motifs certains et suffisants de récusation ; que si vous allez plus loin, je proteste contre la nullité complète de tout ce que vous faites. Comme je disais ces paroles, le fonctionnaire dudit évêque commença à prononcer la sentence contre moi, et aussitôt je lui dis : « J’en appelle comme une injure, devant messieurs du Parlement ; » et malgré mon appel d’injure, ils ont continué jusqu’à la fin. Quand la phrase fut finie, je dis à l’évêque ces paroles : "Monsieur, rappelez-vous que je vous ai récusé en tant que juge pour une raison suffisante ; par conséquent, j’en appelle de nouveau comme une insulte. Et pour mes raisons, je déclare en plus de ce qu’il a tenté au-delà de son autorité, ce qui a été rapporté contre moi dans le procès de son doyen, que j’ai dit dudit évêque d’Évreux qu’il était un homme méchant pour avoir fait des prêtres ; pour cette accusation, je l’ai récusé comme mon juge, craignant qu’il ne rende contre moi une sentence vindicative, comme on l’a montré, et nous le voyons par l’expérience de sa sentence de dégradation. L’autre raison est que son doyen a dit à un certain témoin, comme il ressort du procès, ces paroles : Aidez-moi à débarrasser le monde de ce méchant homme, ce qui sera un acte de charité, dit le doyen, qui a si peu volé de mes biens, tant en vêtements qu’en argent. L’autre raison est que l’évêque et ses associés m’ont jugé sacramentaire, et qu’ils nient eux-mêmes le vrai sacrement.
[Argument pour réprouver la transsubstantiation]. Leur erreur est, comme il apparaît au procès, qu’ils ont dit qu’il est nécessaire de croire et de tout confesser, que le corps de Jésus-Christ était réellement et en fait dans leur Eucharistie, tel qu’il est sorti du sein de la vierge Marie, alors qu’il marchait, buvait et mangeait en étant mortel au monde. comme il était exposé sur la croix ; ce que j’ai nié et renié dans ce fort dans la dernière Cène que Jésus-Christ a faite et instituée pour la commémoration de sa mort et de sa résurrection. Et j’ai réprimandé leur erreur par cet argument : Si nous devions manger le corps de Jésus-Christ tel qu’il est sorti du sein de la vierge Marie, tel qu’il était dans le monde et lors de son dernier repas, alors qu’il était coincé sur la croix, nous ne les rachèterions pas encore ; notre foi serait fausse, et l’Écriture serait fausse, car nous croyons que le corps de Jésus-Christ est immortel, glorieux et exempt de tout vitupère (1), assis à la droite de Dieu le Père dans le royaume des cieux, comme nous le montre l’Écriture sainte.
(1) Malédiction
Ayant ainsi fait des remontrances sur mes motifs de récusation, je dis à mon avocat : « Monsieur, je vous supplie au nom de Jésus-Christ de défendre ma cause, ou plutôt la sienne ; car je n’ai pas dit une parole qui ne soit à la gloire de Dieu et à l’édification de l’Église. Je parle comme un homme à l’article de la mort, ne pensant qu’à ma conscience.
Avec quelle constance le Seigneur arma-t-il ce martyr dans la bataille finale.
Comme Neel est angoissé par sa détention, il a écrit quelques écrits, s’y consolant ; Et entre autres, il a laissé un certain avertissement pour discerner les faux prédicateurs qui déguisent la vérité en mensonges. Enfin, après qu’il eut également écrit et protesté pour griefs d’appel les raisons déduites ci-dessus, et que les témoins produits contre lui étaient ses adversaires ; d’autant plus qu’il les avait réprimandés pour leur ivrognerie et leur blasphème du Nom de Dieu le mardi gras (ainsi nommé parmi eux à cause des énormes excès qui y étaient commis), il fut tiré de prison pour être amené à Rouen. En sortant, il jeta son regard sur la populace (qui, étant là, poussée par une grande cruauté, cria après lui) et avec une grande compassion, il les exhorta et pria Dieu d’avoir pitié de leur ignorance. Voyant qu’il n’avait pas d’audience et que les sergents se hâtaient de partir, il se mit à chanter le psaume : « Après avoir attendu patiemment, etc. (1) » et ainsi, en cours de route, il s’est réjoui dans le Seigneur. Arrivé à Rouen, il est immédiatement présenté au tribunal du Parlement pour qu’il statue sur son appel.
(1). C'est le psaume XL, traduit par Théodore de Bèze, et faisant partie de son premier recueil publié en 1551 (deux ans avant le martyre de Guillaume Neel), à Genève, chez Jehan Crespin, sous ce titre: Trente-quatre psaumes de David, nouvellement mis en musique en français, riment le plus possible avec l’hébreu. par Th. de Bèze de Vézelay en Bourgogne. Voici la première strophe de ce psaume chanté par Neel: "Après avoir constamment attendu la volonté de l’Éternel. Il se tourna vers moi. À mon cri, il entendait si nécessaire. De la boue et de la saleté, et des sombres profondeurs, d’un abîme il m’a tiré : il a affermi mes pieds et m’a ramené sur le chemin sur un rocher solide. "
Parmi les autres conseillers de la Cour, il y en avait qui l’interrogeaient d’une manière humaine, indiquant qu’ils avaient une bonne affection pour l’Évangile ; ils firent donc des efforts pour le faire déclarer bon appelant, sous prétexte de quelques formalités qu’ils avancèrent eux-mêmes et soulignèrent, entre autres choses, parce que ceux de l’officialité d’Évreux procédaient à sa condamnation pendant la semaine qu’ils appellent sainte. Mais Neel, ne voulant pas être aidé par de telles raisons, mais désireux de manifester la doctrine qu’il soutenait, commença hardiment à soutenir la vérité de la doctrine du Seigneur, et surtout de l’Eucharistie, et par conséquent à condamner la messe ; il fut donc renvoyé à Évreux pour recevoir une sentence d’avilissement. Les officiers de l’évêque d’Évreux, voulant expédier cet homme qui les éclairait de trop près, ne tardèrent pas à prononcer sa sentence et à faire dresser un échafaud devant le grand temple, pour procéder à leur dégradation actuelle, qu’ils appellent. Sur cet échafaud montèrent l’évêque avec ses officiers et le susmentionné pénitencier ;
[Dégradation de Neel]. qui, s’étant vanté d’avoir convaincu Neel devant le peuple, se mit à dire, en montrant de la main le malade : « L’enfant, après avoir été traité avec douceur par sa mère, non seulement lui désobéit, mais cherche sa ruine, etc. » Et, après une long préambule, il fit son illation (1) : « Comme le fait ce malheureux homme ; qui, après avoir été un religieux augustin, persécute et renie Dieu et l’Église, sa mère, etc. Sur quoi Neel poussa un grand cri et dit : « Ce n’est pas vrai ; car je crois en Dieu, et je suis certain de la sainte Église en laquelle je crois. »
(1) Terme d'église, employé ici ironiquement: transport ou retour des reliques d'un saint.
Puis il se tut, et la Pénitencerie, pour le réfuter, reconnut qu’il était vrai qu’il croyait en une Église invisible ; et à partir de là, il saisit l’occasion pour crier contre cette Église que Neel soutenait, pour approuver celle du Pape. Entre autres bavardages, après avoir présenté un catalogue des anciens évêques de l’Église, il a conclu : « Voici sur quoi notre Église est fondée. » Enfin, s’adressant au malade, comme s’il eût été méprisé, il demanda : « Monsieur Guillaume, sur quoi est fondée votre Église, qui sont vos anciens évêques ? » Alors Neel s’écria : « Jésus-Christ, Jésus-Christ et ses apôtres », et il n’ajouta rien de plus.
[Sa condamnation, exécution & mort]. Peu de temps après ces mystères de dégradation, il fut condamné à être brûlé vif, et à être bâillonné dans la gueule pour l’empêcher de parler au peuple. Il endura avec une bonté admirable tous les tourments qu’on devait lui infliger, et ne parla que jusqu’à ce qu’au plus fort de la flamme ardente, le bâillon tombât de sa bouche, et qu’on l’entendît crier au Seigneur, de sorte que le bourreau l’accrocha à la tête et l’accabla de tout. Le peuple cria contre le bourreau, et bien qu’il eût récemment abhorré et exécré l’arrivée de cette sainte figure, ayant néanmoins vu sa grande constance dans une mort si cruelle, il croyait qu’il était un homme de bien et qu’il était mort en vrai martyr. Les femmes pleuraient et disaient qu’il avait gagné le pénitencier ; Tout le monde en parlait comme il le sentait. Bref, sa mort a porté un fruit inestimable pour le pays d’Evreux et ses environs.
Une conversion aussi rare, celle d’un bourreau qui devait exécuter le dernier châtiment de ce martyre, rend singulière et admirable la bonté du Seigneur dans la mort de la sienne, et nous témoigne qu’elle n’est jamais sans produire du fruit pour l’avancement de son Église.
(1) Cette notice figure dans l'édition princeps de 1554, page 652, et n'a subi, d'une édition à l'autre, que des changements de style de peu d'importance. Voy. Bèze, Hist. ecclés., t. 1, p. 53.
[Interrogatoires de Laloé]. SIMON Laloé, de Soissons, lunetier. parti à cette époque de Genève, où il résidait, pour voyager en France, et fut appréhendé dans la ville de Dijon le mardi 27 septembre 1553. D’abord, le vicomte (1), maire de Dijon, l’interroge sur trois points : le lieu de sa résidence, la foi qu’il a et celles de ses connaissances qu’il appelle ses complices. En ce qui concerne le premier, il lui dit qu’il s’était retiré dans la ville de Genève avec sa famille pour jouir des grâces que Dieu y avait accordées. En ce qui concerne le second, il a fait une confession complète de la foi qu’il avait, plus encore qu’on ne l’a interrogé à ce sujet. Le troisième point était ce que les adversaires voulaient surtout entendre ; mais il leur dit qu’il ne savait que répondre, ne sachant pas ce qu’étaient devenus ceux qui étaient avec lui, et d’ailleurs que ceux de sa connaissance étaient dans la ville de Genève. Les adversaires, à travers leurs questions, ne pouvaient rien obtenir d’autre de lui, après qu'il eut signé sa confession, procédèrent à sa condamnation.
Le mardi 21 novembre 1553, ayant reçu la sentence de mort, comme le bourreau (2) était venu à la prison pour le lier et le conduire au châtiment final, cet homme au visage joyeux le reçut et le caressa de cette parole (3) : « Mon ami, je n’ai vu aujourd’hui personne qui me soit plus agréable que toi (4), Et il lui parla longuement, si bien que le bourreau pleura pendant qu’il était monté sur la charrette avec lui, et avec grand regret se mit à procéder à l’exécution. Simon, avant de mourir, pria avec ferveur pour ses ennemis, et endura le martyre avec beaucoup de joie en ce vingt-et-unième jour de Novembre.
(1) Le vicomte, en Normandie, était un officier de robe qui rendait la justice au nom du roi. Nous ignorons si ce titre avait la même signification en Bourgogne, ou s'il faut l'entendre ici dans son acception nobiliaire. Le maire, ou Maieur (édit. de 1554). était souvent une sorte de seigneur, ayant sa charge à vie et exerçant plusieurs droits judiciaires assez étendus.
(2) « Qui est appelé Dion l'Exterminant. » (Edit. de 1554.)
(3) « Tout en l’embrassant, il a dit.» (Edit. de 1554.)
(4) " Mon ami n’a pas vu aujourd’hui un homme que j’aime plus que toi.» (Edit. de 1554.)
[Conversion de Jaques Sylvestre]. Quant à la mort du bourreau, nommé M. Jacques Sylvestre (1), il fut si confirmé qu’il résolut expressément d’abandonner sa misérable condition et de ne plus être l’exécuteur du sang innocent. Quelque temps plus tard, il se retire à Genève pour y vivre selon la réforme de l’Évangile (2). Ces paroles et d’autres signes de grand repentir ont été attestés (comme le reste de cette histoire) par des personnes fidèles et dignes de confiance qui étaient présentes non seulement à la mort du martyr susmentionné, mais qui ont aussi parlé depuis à M. Jaques, s’adressant à lui, le consolant et le retirant de la difficulté et de la méfiance qu’il avait de pouvoir obtenir la rémission de tant de fautes et d’offenses. et surtout, pour le sang innocent versé par sa main.
(1) Son prénom seul est donné dans la première édition.
(2) Ce détail est étranger aux plus anciennes éditions de Crespin. Il est probable qu'au moment où parut la première édition du Martyrologe, Sylvestre ne s'était pas encore réfugie à Genève.
ÉTIENNE LE ROI, & PIERRE DENOCHEAU.
L’exemple de ces deux derniers nous assure, lorsqu’il s’agit de soutenir la vérité du Seigneur, que la victoire dans la bataille est entièrement la nôtre, puisque le Seigneur que nous servons l’a déjà acquise. La confession contenue ici est un résumé du Credo, que tous deux ont scellé par leur mort.
De Beausse en France, Dieu appela à cette époque deux de ses serviteurs pour manifester l’Évangile de son Fils. Le premier, le roi Estienne, natif de Chauffours (3), bourgeois à deux lieues de Chartres, ayant passé quelques jours dans l’église française de Strasbourg, retourna dans son pays et s’installa à Saint-Georges (4), qui est une paroisse près dudit lieu de Chauffours, où il exerça l’office de notaire, ayant pris dans sa maison un nommé Pierre Denocheau, qui lui servait de greffier.
(3) Chaufours, arrondissement de Chartres (Eure-et-Loir).
(4) Saint-Georges-sur- Eure (Eure-et-Loir).
Ce Denocheau était mort une fois à Genève et avait beaucoup profité de la parole de Dieu, à tel point qu’il fit bon usage du talent que Dieu lui avait confié, en instruisant les ignorants et en réprimandant les blasphémateurs. Ils ne restèrent pas longtemps ensemble sans être soupçonnés et accusés d’être luthériens, ce qui est l’accusation portée par les ennemis de la vérité contre les enfants de Dieu. Au mois de décembre de l’année 1552, ils furent faits prisonniers par un prévôt des maréchaux (1) , et furent conduits à la ville de Chartres, à la prison de l’évêque. Là, arrêtés et interrogés sur leur foi, ils rendirent un témoignage abondant sans aucune variation ni faiblesse. Denocheau eut les moyens de laisser par écrit en prison sa confession, fondée sur la pure doctrine de l’Évangile, dont nous avons inséré ici ce que nous avons pu extraire, comme du milieu du feu.
(1) Les prévôts des maréchaux, dit Chéruel, étaient des juges d'épée établis par François Ier, pour faire le procès à tous les vagabonds et gens sans aveu et sans domicile.
[La difficulté de retirer les actes du greffe criminel]. Peu de gens ignorent la difficulté de récupérer les actes judiciaires et les aveux de ceux qui sont emprisonnés pour la vraie doctrine, d’autant plus que Satan a en effet suggéré cette ruse à l’esprit de ses sbires, pour brûler complètement les procès avec les individus. Ce que nous avons pu extraire de ces caractères est le suivant. Quand on me demanda quelle était ma croyance, je répondis que j’avais cette foi ferme : qu’il y a un Dieu dans le ciel, vivant, immortel et invisible, en trois personnes et indivisible, à savoir Dieu le Père, le commencement sans fin, l’auteur, le créateur et le gouverneur de tout, qui a fait le ciel et la terre, et tout ce qui est en eux, les créatures célestes et terrestres. qu’il dirige et tient sous sa sujétion, ayant toujours la main sur le pouls, rien n’étant fait sans sa volonté, mais par sa permission et son ordonnance. Il envoie la pluie, le beau temps, la stérilité, la fertilité, les vents, les tempêtes, la foudre, les tempêtes, la santé et la maladie ; et par sa providence, il gouverne, guide et nourrit le monde entier, faisant et disposant de tout à son gré. Il a les démons en sa puissance, qu’il conduit par sa sagesse, à tel point qu’ils ne peuvent bouger ou mourir, sauf avec sa permission, et il leur fait exécuter ses ordres, même si c’est contre leur volonté et leur intention. C’est pourquoi nous devons bien connaître, confesser et reconnaître ce grand Dieu, comme notre protecteur et notre gouverneur ; et le Fils, la sagesse, la bonté et la vérité, qui est notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ; et le Saint-Esprit, qui est la puissance de Dieu et sa vertu répandue sur toutes les créatures, néanmoins les trois résident tous en un. L’Ange a imposé le nom de Jésus, qui signifie Sauveur ; et le Christ, l’oint. Et il a été conçu par l’Esprit Saint, pour démontrer qu’il était envoyé par Dieu pour sauver les siens : prenant chair dans le sein d’une vierge nommée Marie, immaculée et vase de choix, de sa propre substance, pour être la postérité de David. Et tout cela a été fait par l’opération miraculeuse et la conception du Saint-Esprit. (Mat. 1; Luc 1 & 3). De même que le soleil entre par une lucarne sans la froisser, de même il est entré dans le sein virginal sans la compagnie de l’homme, pour réparer le tort fait à Dieu par notre père Adam. Après cela, Jésus-Christ a été condamné (ayant été déclaré innocent) par un juge nommé Ponce Pilate, crucifié par les Juifs, portant notre malédiction sur la foi, pour nous délivrer de la mort éternelle. Mort, ensevelis et déposé dans la tombe, pour nous montrer que c’était une vraie mort, qui était très nécessaire pour nous, et sans laquelle nous aurions tous péri éternellement. Il est descendu aux enfers, et de là a enfoncé les portes pour nous libérer des mains et de la tyrannie du diable, auxquelles nous avons tous été soumis à cause de la désobéissance commise par notre premier père. Le troisième jour, il est ressuscité, pour démontrer que nous avons une promesse de résurrection d’une vie à une autre, qui est la vie éternelle. Il est monté au ciel, démontrant qu’il avait mis fin à toutes les prophéties et révélations ; et qu’il n’était plus nécessaire pour lui de converser avec le monde, et que par son ascension, nous en tirons un grand bénéfice ; Car, de même qu’il est venu dans ce monde pour nous sauver, il est aussi monté au ciel pour nous y attirer et pour nous montrer que le chemin nous est ouvert par lui ; et qu’il est là devant la face de Dieu son Père, pour être notre Avocat et notre Intercesseur. (Rom. 8). Et pourtant, il n’est absent de nous qu’en présence corporelle, et il est et sera près de nous jusqu’à la fin. Il est assis à la droite de Dieu son Père, pour montrer qu’il a reçu la seigneurie du ciel et de la terre, pour tout gouverner. (Mat. 28). Et de là, il viendra juger les vivants et les morts, ce qui signifie qu’il apparaîtra du ciel lors de son ascension, pour tenir son jugement, ce qui sera un bien singulier pour nous ; car nous devons être certains qu’il apparaîtra pour notre salut. Par conséquent, nous devons attendre ce jour, et ne pas l’avoir dans une telle crainte et une telle horreur, parce que celui qui est notre Avocat et notre Intercesseur a pris notre cas en main, pour le défendre devant Dieu son Père au grand jour de son jugement. En lui, je mets ma confiance et mon espérance, reconnaissant que tout mon salut et mon soutien viennent de lui, en espérant participer aux grands biens qu’il nous a acquis par sa mort et sa passion. Et il nous fait recevoir par l’Esprit Saint ces bienfaits, croyant fermement à ce mystère, ne doutant pas que l’Esprit Saint habite en nous, pour nous faire sentir la vertu de notre Seigneur Jésus, et pour connaître ses grâces, qu’il nous éclaire pour reconnaître, et qu’il scelle et imprime dans nos cœurs. Et à travers ce sentiment, nous ne pensons à rien d’autre pour notre espérance de salut qu’en Jésus-Christ. De plus, je crois en l’Église catholique, qui est la communauté des fidèles, que Jésus-Christ a rachetée, comme il est dit dans Éphésiens 5:1 : « Jésus-Christ, ayant racheté son Église, l’a sanctifiée, afin qu’elle soit glorieuse et sans tache ni souillure. » Qui est un en Jésus-Christ, répandu dans le monde entier, car cela s’appelle catholique, ce qui signifie universel, et qui s’assemblera un jour avec Jésus-Christ, qui est l’unique chef de cette Église ; que, de même qu’il ne devrait y avoir qu’une seule Église dans ce monde, qui est d’un accord et d’une volonté communs en Jésus-Christ, il n’y a aussi qu’un seul chef. Je crois en la rémission des péchés, c’est-à-dire que Dieu, par sa bonté et sa grâce, pardonne et pardonne à ses fidèles au nom de son Fils Jésus-Christ, afin qu’ils ne soient pas condamnés devant sa face, nous accordant le pardon gratuitement par son Fils unique, notre avocat, qui intercède pour nous devant lui. Après avoir cru à la résurrection de la chair et à la vie éternelle, pour montrer que notre bonheur et notre joie ne résident pas sur cette terre, et apprenons à passer par ce monde comme par une terre étrangère, sans fixer notre cœur sur les biens et les délices de ce monde, en prenant courage en attendant la venue et la descente de notre Seigneur Jésus-Christ. Donc, puisque Dieu m’accorde ce bien et cette grâce de le connaître comme le vrai Dieu et le créateur immortel de toutes choses, et qu’il m’a mis au monde, créé à son image et à sa ressemblance ; Je veux toujours le garder en mémoire, mettre toute ma confiance en lui, craindre, aimer, servir et lui obéir au mieux de mes capacités, selon ses saints commandements, pour le chercher dans tous mes besoins et toutes mes affaires, sachant que de lui seul vient tout bien, et chercher en lui tout mon salut et mon aide, et pas ailleurs.
[l'invocation des saints a été abattue]. Demandez-vous si les saints qui sont dans le Paradis ont le pouvoir de nous aider et de nous assister dans nos besoins, notre langueur et nos affaires, et s’ils doivent être invoqués, priés et recherchés pour obtenir de l’aide, afin qu’ils puissent être nos avocats, nos médiateurs et nos intercesseurs auprès de Dieu, pour obtenir la rémission de nos péchés. Nous avons dit qu’ils devaient être honorés ; cela signifie leur apporter honneur et révérence en louant Dieu, en les suivant comme ils ont suivi Jésus-Christ. Cependant, il n’y a aucun témoignage dans toute l’Écriture Sainte qui mentionne de les invoquer en tant qu’avocats. Alors qu’ils étaient dans ce monde, prêchant la parole de Dieu, ils ne nous ont pas ordonné de les prier, mais seulement de nous approcher de Dieu par son Fils Jésus-Christ, notre seul avocat et médiateur, d’autant plus que Lui seul est digne de gloire et d’honneur, et qu’Il connaît nos pensées secrètes et scrute nos cœurs. C’est lui qui a dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis : tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera ; Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite. (Jean 16). Et saint Paul dit que nous avons notre Seigneur Jésus-Christ comme médiateur, de sorte qu’en ayant accès par lui, nous ne doutons pas que nous trouverons grâce. (1 Timothée 2). Et plusieurs autres passages de l’Écriture Sainte, par lesquels il nous est prouvé que nous n’avons que Jésus-Christ comme Avocat et Médiateur, et que quiconque met sa confiance en quelqu’un d’autre que lui seul, qui prie un autre comme Avocat, et n’a pas toute sa confiance en Dieu, se trompe. Car quand on prie quelqu’un, c’est d’autant plus qu’on en attend un bienfait : ainsi, cette personne se détourne du bon et droit chemin. D. « L’Église ordonne que l’on prie et on invoque les saints, afin qu’ils soient nos intercesseurs auprès de Dieu. » R. « Que celui qui veut le prie, ce n’est pas mon intention. »
[Du Pape]. Lorsqu’on lui demande s’il ne croit pas que le Pape représente et est le lieutenant de Dieu, placé à la place de saint Pierre : Il dit que ce serait de faux signes, parce qu’il n’accomplit pas les œuvres de Jésus-Christ ni de saint Pierre, et ne les suit en aucune manière. Q. S’il est le chef de l’Église romaine. R. Qu’il ne connaît personne dans l’Église romaine, et qu’il ne reconnaît que l’Église catholique, dont Jésus-Christ est la tête, ainsi que saint Paul, Éphésiens 1 déclare, que Jésus a été constitué chef de toute l’Église, et élevé au-dessus de toute principauté ; et dans Philippiens 2, où il a reçu un nom au-dessus de tous les noms. Dans Éphésiens 5 et Colossiens 3, Jésus-Christ est le chef des anges et de tous les fidèles. Et encore dans Éphésiens 2, le fondement de l’Église est la doctrine des apôtres et des prophètes. Et aux Éphésiens 5. Jésus-Christ, ayant racheté son Église, l’a sanctifiée, afin qu’elle soit glorieuse et sans tache. Et quiconque veut se retirer de la forme de l’Église dont Jésus-Christ est le chef, et veut adhérer et s’arrêter aux ordonnances des hommes qui créent l’Antéchrist, celui-là n’est pas de l’Église de Dieu, et renonce à la communauté des chrétiens et des fidèles. Quant au pouvoir de lier et de délier, c’est la parole de Dieu qui a la vertu d’attirer l’homme à la connaissance de son Évangile. Et celui qui se retire et y croit est délié, et là où il n’y croit pas, il reste lié.
[Purgatoire]. Il lui demanda s’il croyait qu’il y avait un troisième lieu où les âmes vont être purgatoires, appelé Purgatoire : il dit qu’il n’y a pas d’autre Purgatoire que celui qui est fait par le précieux sang de Jésus-Christ, par lequel les iniquités des pécheurs sont purifiées ; car l’Écriture nous trouve que nous ne pouvons être purifiés de nos taches que par aucune autre purgation que par le sang de Jésus-Christ, qui a pleinement satisfait tous les vrais croyants, et n’a rien fait à moitié. Or, ce serait faire les choses à moitié (qui sont pourtant en son pouvoir), les donner et les laisser aux hommes, nous soustraire à ce feu du purgatoire en leur faisant faire des œuvres de leurs mains. Ce serait tout autant dire que nous sommes sauvés par les hommes et non par Jésus-Christ. Dieu n’a rien fait à moitié : il nous pardonne à la fois l’offense et le châtiment. « À ce moment-là, j’ai pris mon courage à deux mains pour demander à l’Inquisiteur si le Purgatoire existait avant ou après l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. Ce à quoi il ne répondit rien. Et je lui dis que dans l’Évangile notre Seigneur a dit que le chemin qui mène à la damnation est large et spacieux, et le chemin étroit qui mène au salut. Et quiconque croira et sera baptisé sera sauvé ; et celui qui ne croit pas est déjà condamné. (Mat. 7; Marc 16). Dans lequel il semble qu’il n’y a que deux voies. Celui qui meurt fidèle sera sauvé ; et les infidèles seront damnés. Et Jésus-Christ, étant sur la croix, le voleur le supplia : « Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume, souviens-toi de moi. » Et le Seigneur lui répondit : « Tu seras avec moi aujourd’hui dans le paradis. »
[Paroles sacramentales]. Me renseignant sur les paroles sacramentelles prononcées pour le pain et le vin, afin de savoir si par celles-ci l’hostie consacrée par le prêtre ne devient pas le corps de Jésus-Christ, tel qu’il reposait dans le sein de la Vierge Marie : je répondis que je n’avais rien de tout cela, mais que je comprenais fermement que le pain et le vin de la Cène du Seigneur nous sont donnés en témoignage, gage et mémorial que le Seigneur nous a laissé en commémoration, afin que, chaque fois que nous faisons cela, nous ayons le souvenir de sa mort et de sa passion, qui est de nous assurer et de nous garder toujours fermes dans la foi. Et qu’il n’a pas compris ni dit que ce pain devait être rompu pour nous, ni ce vin versé pour nous, mais que c’était son propre corps et son propre sang, qui nous sont représentés par ce pain et ce vin en faisant la dernière Cène. Et qu’il ne faut pas s’arrêter aux éléments corruptibles ; mais pour en connaître la vérité, nous devons lever nos yeux et notre esprit vers le ciel, où Jésus-Christ est à la droite de Dieu son Père. Nous avons des preuves suffisantes, dans plusieurs passages de l’Écriture Sainte, que Jésus-Christ est monté au ciel avec son corps, d’où il ne descendra pas jusqu’à ce qu’il vienne tenir son jugement. Et nous ne devons pas douter que par la foi que nous avons dans les promesses de Jésus par son Esprit Saint, en prenant le pain et le vin qu’il nous laisse dans sa sainte Cène, il habite en nous et dans nos cœurs. Et citant ce que dit saint Augustin dans son livre des Rétractations : « Pourquoi prépares-tu ta bouche et ton ventre ? Crois, et tu l’as mangé », m’a soudain dit l’un des participants, que cela n’était compris que pour les malades qui ne peuvent pas participer aux sacrements. Mais je lui ai répondu que c’est seulement la foi que nous avons en Jésus-Christ, en croyant en lui et en ses promesses, qui nous permet de le recevoir en nous, et que la parole de saint Augustin n’est pas destinée aux malades, mais à ceux qui prennent ce pain et ce vin lors de la dernière Cène. Si un pape Grégoire a mal interprété ces paroles, ou si elles sont mal interprétées sous son prétexte ou sous le prétexte de ses paroles, s’ensuit-il que nous devrions croire et tenir cela différemment de ce qui est dit ci-dessus comme vrai ? Notre Seigneur Jésus-Christ a institué sa dernière Cène pour nous assurer que, par le partage de son corps, représenté par ce pain et ce vin, nos âmes sont nourries dans l’espérance de la vie éternelle. Et aussi par là, il nous a signifié et nous a fait comprendre que, de même que le pain matériel a la vertu de soutenir nos corps humains, de même son corps fait de même pour nos âmes, en les nourrissant et en les vivifiant spirituellement ; Et de même que le vin rend l’homme fort, le console et le réjouit, de même son sang est la force, la joie et le rafraîchissement spirituel de nos âmes. Il est toujours nécessaire, lorsque l’on prend ce pain et ce vin, de revenir au spirituel et non au corporel et corruptible, et de croire que Jésus-Christ est mort pour nous et a versé son sang pour nous délivrer de la mort éternelle et pour nous acquérir la vie. Et que ce signe était un témoignage qu’il a montré à ses disciples, c’était pour leur signifier qu’il allait donner son corps et son sang pour la rémission de beaucoup, afin qu’ils ne doutent pas, et celui des grands biens et bienfaits qu’il allait acquérir par sa mort et sa passion, Nous serions capables et dignes d’en ressentir le fruit et l’efficacité. Or, le moyen de recevoir Jésus-Christ en nous n’est pas seulement de croire qu’il est mort et ressuscité pour nous délivrer de la mort éternelle et acquérir la vie spirituelle, mais aussi qu’il habite en nous par son Esprit Saint et qu’il est uni à nous, comme nous avons la foi, dans une telle union que la tête avec les membres, afin de nous faire participer à toutes ses grâces, en vertu de cette conjonction. Dans une telle foi, nous devons manger son corps et boire son sang, comme l’os de ses os et la chair de sa chair. « C’est presque le contenu de mon procès. Il est vrai qu’ils m’ont interrogé et interrogé sur d’autres points ; Mais rien n’a été mis par écrit. Ils rendirent un jugement sur ce point ; Quelle tyrannie. Et ils sont néanmoins crus par le monde simple, que nous avons de mauvaises opinions contre Dieu et l’Église ; Mais il est clair du contraire ; Car ce sont eux mêmes qui maintiennent le monde dans l’erreur, qui pensent qu’ils sont sur le vrai chemin du salut, mais ils en sont en effet très loin.
[Estienne le Roi se réjouit dans les chants spirituels]. C’est bien l’aveu fait par Pierre Denocheau, devant ceux qui étaient chargés de l’examiner, alors qu’il était détenu dans les prisons de l’évêque de Chartres. Quant au roi Étienne, il fit aussi un aveu complet de la vérité ; Mais il n’a pas été consigné par écrit. Pendant son séjour en prison, il a composé des chants spirituels, qui contenaient la foi et l’espoir qu’il avait ; son état et sa condition, que le Seigneur avait si exaltés, l’ayant choisi pour rendre témoignage devant les hommes. Il s’est réjoui en prison en les chantant et en magnifiant la bonté du Seigneur.
Ces deux individus, après avoir vaillamment persévéré dans la vraie doctrine et avoir repoussé toutes les tentations et promesses de délivrance qui leur étaient faites, y compris les sollicitations faites par l’évêque lui-même pour les faire se rétracter, furent finalement condamnés à mort, ce qu’ils demandèrent au Parlement de Paris ; non pas pour échapper à la peine de mort, mais pour magnifier pleinement et devant les grands pour défendre la doctrine du Fils de Dieu. La Cour du Parlement les a renvoyés avec une ordonnance confirmative de la phrase précédente ; de sorte que peu de temps après, sans les garder plus longtemps, ils furent exécutés dans ladite ville de Chartres, en l’année prédite quinze cent cinquante-trois.
PIERRE SERRE, de Languedoc (1).
(1) Voy. Bèze, Hist. ecclés., t. 1, p. 54:
Remarquez, lecteur, dans les actes de ce personnage, une réponse aussi naïve et notable contre le Prestige pontifical qu’un apophtegme qu’on pourrait dire. Vous récolterez également des fruits du reste de votre histoire.
PIERRE Serre était originaire de Lefe, dans le pays de Coferans (2), tout près de Toulouse. D’abord prêtre, il se retire à Genève, où il apprend le métier de cordonnier. Depuis lors, il a été poussé par un désir charitable de sauver un de ses frères mariés de l’idolâtrie papiste, et pour ce faire, il s’est mis en route à l’hiver de l’an quinze cinquante-trois. Arrivé dans son pays natal, il en parle à son frère et aussi à sa femme, qui ne s’y intéresse pas et ne veut pas entendre parler de son départ. En conséquence, elle est allée immédiatement prévenir un voisin proche, qui a gardé si peu de secret que dès que le responsable du diocèse a été informé, craignant qu’il ne s’échappe, il l’a fait emprisonner sans autre information. Il n’était pas nécessaire de le faire ; car il leur déclara aussitôt sa résidence et la religion qu’il pratiquait. Or, ce fonctionnaire et ses collaborateurs (3) , craignant d’être retardés par quelques appels, décidèrent de le livrer à l’Inquisiteur de la Foi ordonné à Toulouse.
(2) Lezat (sur la Lèze), petit bourg du département de l'Ariège, situé dans le Couserans, pays de la Guyenne, qui forme aujourd'hui l'arrondissement de Saint-Girons. Il tirait son nom des anciens Consoranni. Il n’était pas nécessaire de le faire ; car il leur déclara promptement sa résidence et la religion qu’il pratiquait. Or, ce fonctionnaire et ses collaborateurs, craignant d’être retardés par quelques appels, décidèrent de le livrer à l’Inquisiteur de la Foi ordonné à Toulouse.
(3) Ceux qui ont un même intérêt dans une affaire.
[L'Inquisiteur de Toulouse]. Devant lequel Pierre fit aussi une confession complète de sa foi, au point de dire à l’Inquisiteur que s’il voulait sonder son cœur, il trouverait que ce qu’il soutenait n’était rien d’autre que la pure vérité de Dieu ; Ce qu’il lui prouva promptement, ce qui lui coûta (1) les passages et les chapitres, car il avait une si bonne et fraîche mémoire. Néanmoins, il fut condamné par l’Inquisiteur et le vicaire de l’évêque de Coferans à être dégradé et livré au tribunal séculier. Pour mener à bien cette dégradation, il fut emmené dans une petite ville près de Toulouse, nommée Muret (2), et de là livré au juge des appels civils (3) de la sénéchaussée de Toulouse, qui est aussi le juge des (4) causes d’hérésie. Ce juge demanda d’abord à Pierre dans quel métier il exerçait ; et ayant appris que, depuis quelque temps, il s’était mis à la cordonnerie, il lui demanda quel était son ancien métier : « Hélas ! monsieur (dit Pierre), je n’oserais le dis-le que pour Votre Grâce ; car j’ai exercé la profession la plus vile, la plus méchante et la plus malheureuse du monde.
(1) Citant.
(2) Chef-lieu d'arrondissement de la Haute-Garonne.
(3) Appels.
(4) Recours en justice.
[Méchant & malheureux métier]. Plusieurs des assistants crurent qu’il eût été un brigand, un voleur ou un faussaire, et le pressèrent donc de le dire hardiment ; et il semblait que le remords et le chagrin lui eussent fermé la bouche. Enfin, étant importuné, il dit en soupirant : « Hélas, misérable que je suis ! J’étais prêtre. Et immédiatement, il expliqua pourquoi il considérait cet état si malheureux et maudit. Alors le juge fut très en colère, et quelques jours plus tard le condamna à faire amende honorable et à demander pardon à Dieu, au Roi et à la justice, à avoir la langue coupée, et à être brûlé vif ensuite ; pour laquelle Pierre Serre a fait appel.
[Serre expose les raisons de son appel]. Pour cette raison, il fut conduit à la chambre criminelle du tribunal du Parlement de Toulouse, où il persista fermement dans ses aveux. Interrogé sur les griefs de son appel, il plaida sa cause et dit qu’il ne faisait pas appel de la mort, parce qu’il ne voulait pas épargner sa vie pour l’honneur de Dieu et le témoignage de sa vérité ; et il savait aussi que ceux à qui il s’adressait ne lui sauveraient pas la vie ; mais il en appelait de ce qu’il avait été condamné à demander pardon au roi, qu’il n’avait pas plus offensé que la justice ; car en ce qui concernait Dieu, il était lié et prêt à demander son pardon. Il en appelait aussi contre ce qui avait été dit, qu’il aurait la langue coupée ; car puisque le Seigneur le lui avait donné pour le louer, il lui semblait qu’il ne devait pas être privé des moyens de le faire au dernier moment de sa vie. Néanmoins, ladite condamnation a été confirmée par l’arrêt de la chambre pénale du Parlement. Cependant, en raison d’une mission donnée au Premier Président pour juger les affaires concernant la foi, dans une chambre du Parlement qu’il choisirait ; et comme l’année précédente il avait choisi la Grande Chambre, il soutenait qu’un tel jugement n’aurait pas pu être rendu par la Chambre criminelle.
Après le dîner, les deux chambres, la grande et la criminelle, furent assemblées, et Pierre fut de nouveau convoqué devant elles. étant arrivé, il fut longtemps réticent à répondre, disant qu’il n’avait plus qu’affaire à Dieu, puisque sa sentence avait été prononcée contre lui. Cependant, à la fin, il a répondu et a persisté dans sa confession de foi ; et il ne pouvait pas se laisser distraire par les grandes tentations dont il était alors assailli. Il fut donc ordonné que la sentence prendrait effet, à l’exception des amendes honorables et de la coupe de la langue, à condition qu’il ne dise rien contre leur religion. Alors qu’ils le conduisaient au lieu de l’exécution, en passant devant le collège de Saint-Martial, le juge lui montra une image de la Vierge Marie et lui dit de lui demander pardon. Pierre répondit qu’il n’y ferait rien, qu’il ne l’avait pas offensée, et que ce n’était pas la Vierge Marie, mais une idole de pierre. Cela dit, le juge lui a ordonné de tirer la langue, ce qu’il a fait sans délai, et a supporté paisiblement qu’on la coupe. De là, il fut attaché au poteau pour être brûlé vif ; où il leva les yeux vers le ciel et les y garda fixés jusqu’à la mort, de sorte qu’en raison de la chaleur et de l’intensité du feu, il ne bougeait pas plus que s’il avait été insensible. Cela laissa toute la foule très stupéfaite ; et un conseiller du Parlement a dit qu’il ne fallait plus faire de cette façon de mettre à mort les luthériens, car cela pourrait être plus nuisible que bénéfique à leur religion.
JEAN MOLLE (1), & UN TISSERAND de Péruse (2).
(1) Giovanni Mollio, natif de Montalcino, près de Sienne. Voy., sur ce martyr, l'Encycl. des sciences religieuses; Mac-Crie, Ref. in Italy, p. 95, 124, 261; Foxe, Acts and Monuments, t. IV, p. 463; Pantaleon, Martyrum Historia (Basileae, 1563), lib. IX. Cet article ne figure pas dans les éditions du Martyrologe publiées par Crespin.
(2) Ce n'est pas un tisserand, mais un nommé Tisserando, de Pérouse. Crespin et Foxe ont pris l'un et l'autre un nom d'homme pour un nom de profession.
Dans la fermeté de ces deux vaillants champions de Notre-Seigneur Jésus-Christ, assaillant le Fils de Perdition même dans sa propre forteresse, et faisant une merveilleuse épreuve de leurs propres juges, les fidèles doivent recevoir une consolation singulière, se souvenant que celui qui veut montrer sa vertu dans leur infirmité est plus fort que le Prince du monde, qu’il fait combattre et forcer dans des endroits où il semble être imprenable.
[Condition de J. Molle]. Jean Molle était originaire de Montalcin, une ville située sur le territoire de Sienne. Par le malheur presque ordinaire de l’époque, il était devenu cordelier, et dans sa jeunesse, il s’était adonné avec zèle à l’étude des sciences et des arts libéraux. À cette connaissance humaine, il ajouta l’étude de la théologie, et peu à peu, ayant reçu une faveur singulière de Dieu, il développa le goût de la doctrine pure par la lecture diligente des Saintes Écritures. Il a prêché l’Évangile en plusieurs endroits d’Italie avec une sincérité totale et un grand zèle, à tel point que les gens le recherchaient ardemment, et on a parlé de lui dans toute la région. Cela a attiré l’attention du pape, de ses cardinaux et des inquisiteurs, qui, voyant qu’une telle prédication sapait leur autorité, qui était de plus en plus dédaignée et moquée par tous, ont résolu de capturer cet homme de bien.
[Mal voulu des ennemis de vérité]. En conséquence, des lettres furent envoyées au gouverneur de Ravenne, où se trouvait alors Molle, et au légat du pape avec la mission expresse de saisir la personne de ce dernier et de le placer sous une garde forte et sûre, bien lié et garrotté à Rome.
[Emprisonnement]. Celui-ci fut promptement exécuté, et dès son arrivée à l’arrivée, il fut enfermé dans l’une des prisons les plus horribles, où il passa plusieurs mois pendant lesquels divers partisans de l’Antéchrist firent tous leurs efforts pour le faire tomber et le détourner de la pure doctrine du Fils de Dieu ;
[Assailli]. Mais c’était une perte de temps pour eux ; au contraire, le Seigneur a tellement fortifié son serviteur qu’il est resté ferme. Ils virent qu’il ne pouvait pas être ébranlé, alors ils conclurent qu’il n’était plus nécessaire de retarder l’offrande de sa vie. C’est ainsi que le cinquième jour de septembre de l’année 1553, il fut conduit avec plusieurs autres personnes emprisonnées pour des raisons religieuses, au temple qu’ils appellent Santa Maria di Minerva, afin que ceux qui ne voulaient pas se rétracter soient condamnés sur-le-champ et envoyés au feu. Six cardinaux et quelques évêques, en tant que juges de l’affaire, sont venus siéger en grande magnificence pour éblouir les yeux du peuple et effrayer les prisonniers qui étaient amenés, chacun tenant un cierge allumé dans ses mains. Tous les prisonniers, par misérable lâcheté et par crainte d’une brève mort physique, se rendirent ; sauf Jean Molle et un tisserand de Pérouse. Ayant évité de parler à Jean, il demanda la permission de dire ouvertement ce qu’il avait en tête ; qui lui a été accordé.
[Maintient constamment la vérité & condamne le mensonge]. Au commencement du discours, il répéta et confirma avec de fortes raisons, proposa avec beaucoup de véhémence et de ferveur d’esprit, tout ce qu’il avait précédemment enseigné et prêché en divers endroits sur les articles pour lesquels on l’accusait d’hérésie ; tels que le péché originel, la justification de la foi, les bonnes œuvres, la providence de Dieu, la prédestination, la grâce et les mérites, l’Église et le Christ sa tête, la révérence, l’invocation et l’adoration des saints, le purgatoire, les indulgences, le célibat et le mariage des prêtres, le libre arbitre, les sacrements, la confession auriculaire, la messe, etc. Puis il a réitéré ce qu’il tenait et croyait au sujet du Pape et de toute la papauté, affirmant que le Pape n’est pas le successeur de l’apôtre saint Pierre, ni le vicaire du Christ, ni le chef de l’Église chrétienne ; mais qu’il est vraiment l’Antéchrist et le Prince du règne maudit et exécrable de l’Antéchrist, ayant usurpé la domination tyrannique sur les Églises, autant de droits qu’un brigand a sur les innocents qu’il massacre.
[Fait terrible procès à ses Juges]. En conclusion, s’adressant aux Cardinaux et aux Évêques, à ses partis et à ses juges, pour le condamner : « Quant à vous, Cardinaux, et à vous les évêques, si je savais (a-t-il dit) que vous aviez obtenu à bon droit ce pouvoir que vous vous attribuez (ce qui est certainement une abomination devant Dieu et ses Anges) et que vous étiez parvenus à ce rang par un acte vertueux, et ce n’est pas par une ambition aveugle ou par toute autre mauvaise pratique de ce genre, je ne dirais pas un mot. Mais puisque je vois et sais bien que vous n’usez d’aucune mesure, que vous n’avez ni modestie, ni honnêteté, ni aucune vertu dans la recommandation, et que vous agissez contre toute raison ; Je suis obligé de vous traiter un peu plus durement, et ensuite de me lever avec justice contre votre Église qui n’est pas de Dieu, mais de Satan, bref, la vraie Babylone. Tout le monde peut voir assez bien ce qu’est votre doctrine, et sur quoi est fondé votre pouvoir faussement revendiqué ; à tel point qu’il n’est pas nécessaire de faire un discours plus long. Car certainement, si votre puissance était apostolique (comme vous le faites croire au monde, par des manières de faire qui sont tout à fait insupportables), votre doctrine et votre vie s’aligneraient sur celles des Apôtres. Mais puisque dans vos corps vils et dans votre vie abominable, il n’y a pas un seul membre qui ne soit infecté de souillure, de mensonge et d’iniquité ; que puis-je croire ou dire de votre Église, sinon qu’elle est une caverne de brigands ? Quelle est votre doctrine, sinon un rêve forgé par des séducteurs et des hypocrites ? Tout le monde voit votre vie ; On entend le mensonge et la tromperie de tes langues, on voit tes mains pleines de sang, et il est clair sur tes visages que tes ventres sont insatiables. Vous ne faites qu’attirer, amasser et accumuler à travers toutes sortes d’injustices et de cruauté. Qui êtes-vous, vous êtes complètement et sans cesse contaminés par le sang des chrétiens fidèles. Qui donc vous considérera comme de véritables successeurs des saints Apôtres, ou comme Vicaires de Jésus-Christ ? Au contraire, je dis que vous êtes membres de l’Antéchrist et enfants du Diable. Vous méprisez avec une impudence désespérée Jésus-Christ et sa parole. Vous ne croyez même pas qu’il y a un Dieu dans le ciel. Vous persécutez et mettez à mort les fidèles ministres de celle-ci. Vous anéantissez ses commandements. Vous privez les pauvres consciences de leur liberté. Vous vous appropriez tyranniquement le pouvoir sur la vie et la mort temporelles et éternelles.
[Convoquez ses juges devant le siège judiciaire du Christ]. Cependant j’en appelle à vos démarches, et je vous ajourne, tyrans cruels et meurtriers, jusqu’au dernier jour, devant le siège judiciaire de Jésus-Christ, que vous ne satisferez ni avec vos beaux titres, ni avec vos ornements pompeux et ambitieux, ni avec votre argent. Vous ne l’intimiderez ni avec vos menaces, ni avec vos moyens, ni avec vos armes. C’est là que vous devrez (malgré ce que vous pouvez penser) rendre compte de toute votre vie passée. En témoignage de ces choses, reprends cette bougie que tu m’as donnée. En disant cela, il la jeta à terre aussi loin qu’il le put, et avec un visage en colère, la bougie allumée qu’il tenait à la main. Les cardinaux et les évêques, entendant un tel langage, se mirent à trembler et à grincer des dents ; et, ne pouvant se contenir plus longtemps, ils se mirent tous à crier ensemble : « Enlevez, enlevez ce malheureux. »
[Est condamné à mort]. C’est ainsi que Jean Molle et le tisserand de Pérouse (qui fit un aveu franc et approuva tout ce que Molle avait dit) furent condamnés à être étranglés, puis brûlés ;
[Sa constance & action de grâces]. ce qui ne les étonna pas, mais Molle, levant les yeux au ciel, dit : « Ô Jésus-Christ mon Seigneur, Souverain Prêtre et Pasteur, il n’y a rien qui m’eût plus plu en ce monde que de verser mon sang pour ton saint nom. » Ils furent tous deux conduits sur une grande place appelée Campo de Fior, avec des visages joyeux, comme les apôtres, qui montraient un grand contentement sur leurs visages après avoir été condamnés par les scribes et les pharisiens.
[La mort de lui & du Tisserand]. Le tisserand fut pendu et étranglé le premier. Alors qu’il allait à la mort, il s’est recommandé à Dieu, le remerciant de l’avoir attiré à la lumière de sa Parole et l’a choisi pour être témoin de la vérité de son saint Évangile. Il fut immédiatement étranglé et le feu fut allumé, où les deux corps furent brûlés le cinquième jour de septembre 1553.
[Quelle opinion en eut le peuple]. Les personnes présentes ont parlé de diverses manières de ces deux martyrs. Certains avaient de la compassion pour eux, disant qu’il n’y avait aucune intention de mettre à mort ces excellents individus. D’autres les appelaient hérétiques obstinés et endurcis. D’autres disaient qu’il fallait se contenter de les bannir. Ainsi, il y avait diverses opinions sur Jésus-Christ au cours de son interaction visible entre les hommes ; certains le considéraient comme un prophète et un homme de Dieu, tandis que d’autres le considéraient comme un rebelle et un séducteur.
Cette persécution en terre de Hainaut dura jusqu’à l’année suivante, comme nous le verrons dans l’ordre des Martyrs ci-dessous.
(1) Le récit de Crespin est identique à celui de Hœmstede. Malo était natif de Mons
[Parole notable]. Celle-ci est tirée de la postérité des fidèles précédemment exécutés à Mons dans le Hainaut, en l’an 1549 (2). Il fut emprisonné à Mons pour avoir soutenu dans une certaine société que le pain de la messe n’était qu’une idole ; et il fut retenu en prison pendant plus d’un an dans un puits dans une grande misère. Finalement, en l’an 1554, il fut condamné à mort. Alors qu’on le conduisait au supplice, on l’entendit dire à haute voix cette remarque : « Quand nous étions soldats de l’Empereur, combien de fois avons-nous mis notre pauvre vie en danger pour lui ? Et maintenant, craindrait-on de le mettre en danger pour le Seigneur ? Nous ne pouvons pas le perdre pour un plus grand profit ; Mais nous ne la perdrons pas, car pour une vie passagère et éphémère, que nous lui laissons et en gage, nous aurons une vie éternelle et bénie pour toujours. Il a enduré la mort avec joie, louant et bénissant le Nom de Dieu jusqu’à son dernier souffle.
(2) Voy. Hist. des Martyrs, t. 1, p. 460-466.
GUILLAUME D'ALENÇON, & un TONDEUR de draps (3).
(3) Voy. Bèze, Hist. ecclés., t. 1, р. 54. France protestante (2º édit.), t. I, col. 131. La première édition de Crespin (1554) con- tient déjà cette notice telle qu'elle est ici. Le nom du martyr y est écrit Dalençon.
L’exemple proposé ici en la personne de Guillaume d’Alençon et du Tondeur est de nous donner du courage dans l’œuvre du Seigneur, et aussi de nous humilier et de nous apprendre à nous défier de nous-mêmes, pour mettre toute notre foi dans la force du Maître dont saint Paul dit : Je peux tout par celui qui me fortifie. Phil. 4:13.
Parmi ceux qui ont essayé d’aider les fidèles qui sont sous l’oppression de la tyrannie papale, en communiquant et en portant les livres de l’Écriture sainte, et qui ont épargné leur vie à cet effet, il ne faut pas oublier Guillaume d’Alençon, natif de Montauban. Car après avoir fait plusieurs voyages en divers lieux, il fut finalement emprisonné à Montpelier, après avoir été trahi et délivré par de faux frères. Il était donc prisonnier entre les mains de la justice. Après avoir été interrogé sur sa foi, voyant qu’il persisterait fermement dans la confession de l’Évangile, ils le condamnèrent à mort le samedi 7 janvier mil cinq cent cinquante-trois (1).
(1) La première édition dit 1554, et toutes les éditions suivantes ont ce même millésime, excepté celle de 1619 que nous reproduisons. On a voulu y vor un changement intentionnel dû au changement de la date du commencement de l'année (voy. la note dans l'édit. de Toulouse de l'Hist. ecclés., 1, 54). Mais la preuve que ce n'est là qu'une faute d'impression, c'est que, quelques lignes plus bas, l'édit. de 1619 revient au millésime de 1554. La date du 7 janvier est contredite par le récit de Félix Platter (voy. note ci-dessous) qui indique le 16 janvier.
Or, il y avait aussi un autre prisonnier détenu pour la cause de la vérité, qui était tondeur de draps de métier, qui, à cause de son infirmité, s’était détourné de la pure confession du Fils de Dieu, et avait été condamné à faire honorable amende honorable et à assister à la mort dudit d’Alençon. Le jour même fixé pour exécuter les sentences susdites, le Seigneur accorda la grâce à G. d’Alençon de fortifier tellement ledit individu par ses exhortations et par son exemple, que, ayant reçu un nouveau courage, il demanda aux juges soit d’être ramené en prison, soit d’être brûlé avec ledit d’Alençon, et qu’il n’aurait d’autre honorable réparation que par sa mort, confessant la même doctrine que ledit d’Alençon. C’est dans cette fermeté et cette constance que moururent ces deux martyrs de Jésus-Christ, ledit d’Alençon, le 7 janvier, et l’autre le mardi suivant, 10 du même mois, de l’année 1554. (1).
(1) Le récit, si beau dans sa brièveté, de Crespin a été à la fois confirmé et complété de nos jours par la publication des Mémoires de Félix Platter de Basle (Genève, 1866), qui, étudiant en médecine a Montpellier, fut témoin de ce martyre. Nous y apprenons que Guillaume d'Alençon avait été prêtre, et que, le 16 octobre 1553, il fut dégradé. "C'était" dit. Platter, « un prêtre converti qui avait apporté de Genève des livres, et séjournait depuis longtemps en prison. Revêtu de son costume ecclésiastique, il monta sur une estrade où l'évêque était assis. Après mille cérémonies et la lecture de nombreux passages en latin, ses ornements sacerdotaux lui furent enlevés et remplacés par des habits séculiers; on lui rasa la tonsure, on lui coupa deux doigts, puis il fut livré à la justice séculière qui l'appréhenda sur-le-champ et le ramena dans son cachot.
Le 16 de janvier 1554, il1 fut condamné à mort. et l'après-midi même il fut supplicié. Un homme le porta sur ses épaules hors de !a ville, à la place où était dressé un monceau de bois. A la suite marchaient deux prisonniers: un tondeur de drap, en chemise, avec une botte de paille liée derrière le dos, et un homme de condition fort bien accoutré. Dans leur égarement, tous deux reniaient la vraie foi. Pour d'Alençon, il ne cessait de chanter des psaumes. Arrivé devant le bûcher, il se déshabilla lui-même jusqu'à la chemise, rangea ses vêtements dans un coin avec autant d'ordre que s'il eût dû les remettre, et, se tournant vers les deux hommes qui voulaient abjurer, il leur adressa des paroles si sérieuses que sur le visage du tondeur de drap la sueur coulait en gouttes de la grosseur d'un pois. Ce que voyant, les chanoines qui faisaient cercle, montés sur des chevaux ou des mules, lui commandèrent de finir. Alors il s'élança d'un air allègre sur le bûcher et s'assit au milieu. Par un trou pratiqué dans l'escalier passait une corde; le bourreau la lui mit au cou, lui lia les bras au corps et alluma le bûcher après avoir jeté dessus les livres apportés de Genève. Le martyr restait paisible, les yeux tournés au ciel. Au moment où le feu atteignit les livres, le bourreau tira la corde et serra le cou du patient; la tête s'inclina sur la poitrine; des lors d'Alençon ne fit plus un seul mouvement et son corps fut réduit en cendres.
[À quelles épreuves Paul a-t-il été soumis depuis qu’il a acquis la connaissance de l’Évangile jusqu’au jour de sa mort]. Cet homme, chaudronnier de métier, ayant pris connaissance de certains des abus de la papauté et désireux de connaître Jésus-Christ, sous prétexte d’un voyage à l’une des foires de Lyon, se rendit à Genève, où, ayant appris ce qu’il ne savait pas auparavant, il retourna à Orléans et essaya de persuader sa femme de partir avec lui. Cependant, le nom de Genève était alors si odieux à cause de la religion et de la discipline de cette ville qu’il ne put rien obtenir. Plus tard, certaines personnes lui ont suggéré de déménager à Londres, en Angleterre, où cela lui conviendrait mieux, et sa femme a finalement accepté de le suivre, de sorte qu’ils sont partis à la fin de décembre 1550 avec deux jeunes enfants et la femme enceinte qui a donné naissance à Londres en mai à un fils nommé Isaac. Tant que vivait le bon roi Édouard, cette famille et d’autres qui s’y étaient réfugiés pour leur religion furent instruits et abondamment consolés. Mais la mort de ce prince étant survenue, il appartenait aux fidèles de se retirer rapidement. Paul s’enfuit en toute hâte avec sa femme et ses trois enfants à Dieppe, et de là à Rouen en Normandie, faisant semblant de se retirer à Genève. Sur ce, la femme tomba gravement malade, ce qui mit Paul dans une perplexité extrême. Il a dit à sa femme que si Dieu l’enlevait de ce monde, il serait forcé de faire des choses contre sa conscience ou de mourir ; que s’il mourait, leurs petits seraient en grand danger. Ils délibérèrent sur cette difficulté, qu’il emmènerait les enfants à Paris dans une maison, et qu’il reviendrait ensuite la trouver. Que si elle était morte, il pourrait se retirer tranquillement et subvenir aux besoins de sa foi et de ses enfants, dont la fille avait neuf ans, le fils aîné avait sept ans et Isaac, le plus jeune, avait trois ou quatre ans. Après les avoir amenés à Paris, Paul se retira dans une certaine auberge, et ayant confié ses enfants aux soins de l’aubergiste, qu’il jugeait discrète et convenable, il lui demanda de les garder jusqu’à son retour dans quelques jours. Tandis qu’il retournait auprès de sa femme, plus malade qu’auparavant, cet aubergiste pressa les trois petits enfants d’aller avec elle à la messe ; devant leur refus, elle s’adresse aux procureurs de la Trinité à Paris, des personnes qui ont la charge d’enfants qui n’ont ni père ni mère, ni tuteurs ni curateurs ; et les informa de ce refus. Ils lui dirent qu’au retour du père, elle devrait le leur faire savoir. À peine était-il arrivé à la maison que, sans lui laisser le temps de manger, ces procureurs vinrent lui demander si ces enfants étaient à lui et s’il leur avait appris à refuser d’aller à la messe. N’ayant cessé de répondre par l’affirmative et d’avoir fait une brève confession de sa foi, on le fit conduire au grand Châtelet, et quelques jours plus tard, après avoir été transporté, on prononça contre lui une condamnation à mort par le feu. Et pour savoir s’il connaissait quelqu’un à Paris de sa religion, on lui posa la question si violemment qu’il rendit son esprit à Dieu.
[Les traitements honteux et cruels infligés à Fès à trois enfants, à savoir Isaac Musnier, son fils à l’âge de cinq ans]. Son corps a été jeté dans la rivière. Les trois enfants furent enfermés dans l’enclos de ce lieu appelé la Trinité, où l’on n’entre ni ne sort sans la permission des porteurs. Là-bas, les deux plus âgés ont été fouettés tant de fois que finalement, en raison de l’immaturité de leur âge, ils sont allés à la messe, montrant très clairement que c’était sous la contrainte. Isaac, le plus jeune, s’est montré extraordinairement courageux et fortifié par une présence spéciale de l’Esprit de Dieu, refusant de consentir ou de promettre d’aller à la messe, qu’il soit menacé ou battu de verges, et répondant en anglais lorsqu’il était menacé de mort : « Fais de moi ce que tu voudras, je n’irai pas. » Ils n’ont rien pu obtenir, même s’ils ont utilisé son frère et sa sœur pour qu’il accepte d’y aller, ayant honte de l’y emmener malgré le fait qu’ils pouvaient facilement le faire. Ils firent un grand feu et attachèrent le petit garçon à un morceau de bois, laissant passer ses jambes sur les flammes, et lui dirent : « Promets-moi d’aller à la messe », ce à quoi il répondit plusieurs fois : « Je ne le ferai pas. » Ses pieds étaient si endommagés qu’il ne put se soutenir pendant un an et demi ; Pour cette raison, ils cessèrent de le tourmenter davantage pendant ce temps. Mais finalement, ces procureurs, y compris le curé de Saint-Eustache, ainsi que quelques autres, parmi lesquels il se souvenait de trois nommés Brun, Dahis et Pachevin, rassemblèrent ces trois enfants et demandèrent à Isaac s’il persisterait dans son refus d’aller à la messe. Ayant répondu : « Je n’irai pas », ils lui dirent : « Nous avons brûlé tes pieds, et c’est pourquoi nous te brûlerons tout entier. » « Fais (répondit-il) ta volonté à mon égard. » Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Il est trop jeune pour être brûlé ; mais il doit être puni d’une autre torture. Il est luthérien et anglais quoué (1) ; qu’une queue de chien lui soit attachée comme marque de son obstination. Dès qu’il a été dit, il a été exécuté ; car ils firent apporter un chien, qui avait une longue queue qu’on lui coupa, et qu’on appliqua ensuite sur le pauvre Isaac, à qui ils firent un trou entre le fond et l’os de la croupe avec un fer brûlant. Puis, avec des emplâtres et des médicaments, ils recousaient la plaie où la queue de ce chien était restée attachée ; et quand elle eut pris fermement, le bout de cette queue traînant par terre sur la robe de l’enfant, tous marchèrent sur lui, le poussant, et criant : « Anglais quoué, à la messe », où il était quelquefois forcé d’aller, à cause des douleurs étranges que lui causait ce tourment, et il traîna cette queue pendant une trentaine de mois. Son frère et sa sœur, plus âgés que lui, sont enfin recous (2). La pauvre mère, ayant à plusieurs reprises dérangé ces avocats pour qu’ils lui rendent Isaac, fit tant de choses qu’elle le tira de cette horrible grotte ; dont une bonne dame s’était fait enlever cette queue. Par la grâce de Dieu, il surmonta plusieurs nouveaux tourments et fut guéri, vivant encore en l’an 1595 lorsqu’il raconta cette histoire remarquable à celui qui l’avait écrite (3).
(1) Qui porte une queue. L'ignorance роpulaire se représentait les Anglais hérétiques avec une queue ou un pied fourchu, ou quelque autre difformité attestant leur parenté avec le démon.
(2) Enlevés, repris, de l'ancien verbe rescourre.
(3) Probablement Goulart.
Il prêchait l’Évangile à Vevay, une petite ville appartenant aux seigneurs de Berne, et il y avait plusieurs autres témoins de cette profonde cicatrice de la blessure, invoquant Notre-Seigneur pour Sa miséricorde envers Isaac, et détestant l’horrible fureur des sbires de l’Antéchrist, instigateurs de meurtres et de mensonges.
RICHARD LE FEVRE, de Rouan (1).
[1554]. Il y a beaucoup de choses pour glorifier magnifiquement le Nom de Dieu, en ce qu’il lui a plu cette année de faire naître dans la dernière lumière (2), Richard le Feure, compagnon orfèvre, natif de Rouen, qui (3) avait été prisonnier dans la ville de Lyon en l’an 1551, où il avait fermement maintenu la vérité de l’Évangile, au point d’être condamné à mort, dont, ayant fait appel, alors qu’il était emmené à Paris, il fut secouru (4) sur la route de Lyon, et arraché des mains de ceux qui le conduisaient.
(1) Richard Le Fèvre, quoique exécuté le 7 juillet 1554, figure déjà dans l'édition princeps de Crespin, publiée en cette même année. Cette notice, qui s'est développée dans les éditions suivantes, est la dernière de ce premier recueil, dans lequel elle occupe vingt-deux pages in-16.
(2) Ce mot, qui s'écrivait aussi luitte et luicte, est la forme ancienne de lutte.
(3) Crespin paraît avoir ignoré, dans sa première édition, ce qui concerne la première arrestation de Le Fèvre dont il ne parle pas. Tout ce qui suit est absent de l'édition princeps, qui ne contient que la pièce qui commence ainsi : « Comme ce bon Père, » (page 51 ), les deux oraisons qui suivent et deux courts paragraphes pour servir de lien et de conclusion à ces pièces.
(4) Enlevé.
. Et bien qu’il y ait plusieurs écrits et aveux dignes de mémoire faits pendant ce premier emprisonnement ; néanmoins, puisque la mort ratifie tous les écrits des Martyrs, et qu’elle est appelée à juste titre le sceau et la confirmation de ceux-ci, nous les avons inclus dans cette collection, n’ayant inclus pour tout acte de ladite emprisonnement, qu’une épître que Jean Calvin lui a écrite concernant certains points et difficultés que Richard lui avait proposés, d’être (comme il le demandait) relevé par lui dans la lutte contre les objections de ses ennemis visibles et invisibles. Or, pour conserver ladite épître, puisqu’elle contient une grande érudition, nous l’avons incluse ici pour en faire tous les participants fidèles, selon l’ordre mentionné ci-dessus et observé dans les écrits de ces excellents personnages.
Épître de M. Jean Calvin, envoyée de Genève à Richard le Feu, contenant une réponse aux arguments avancés par les adversaires sur les points de la religion chrétienne, avec des conseils singuliers et des consolations sur la manière dont les fidèles doivent se comporter devant les ennemis de la vérité. Cher frère, comme Dieu vous a appelés à témoigner de son Evangile, ne doutez pas qu’il vous fortifiera par la vertu de son Esprit, et comme il a commencé, il ne cessera pas de montrer en vous la victoire contre ses ennemis. Il est vrai que les triomphes de Jésus-Christ sont méprisés par le monde ; car pendant que nous sommes dans l’opprobre, les méchants se glorifient dans leur orgueil ; mais ils ne cessent pas d’être confondus par la puissance de cette vérité que Dieu a mise dans nos bouches, et nous sommes aussi soutenus dans nos cœurs pour glorifier contre Satan et tous ses partisans, en attendant le jour où la gloire de Dieu sera pleinement révélée à la confusion des méchants et des incroyants. Ce que vous avez ressenti et expérimenté de la bonté de Dieu jusqu’à aujourd’hui doit vous confirmer dans l’espérance certaine qu’Il ne vous fera pas défaut à l’avenir ; cependant, priez-le pour qu’il vous aide à sentir toujours mieux combien est précieuse la doctrine pour laquelle vous combattez ; afin qu’à cet égard, votre vie ne soit pas précieuse. Gardez toujours les yeux levés vers ce bon Seigneur Jésus, qui sera votre gardien, puisque vous n’êtes persécutés que pour Son Nom. Pensez à la gloire immortelle qu’il nous a acquise, afin de pouvoir supporter patiemment les afflictions dans lesquelles vous vous trouvez. Priez continuellement ce bon Dieu, afin qu’il vous accorde le résultat qu’il a promis à tous les siens, et que, comme il a voulu éprouver votre foi, qu’il vous rende capables de pratiquer la vertu de ses promesses. Et comme il est le Père de la lumière, qu’il vous éclaire tellement que toute la fumée que les méchants mettront devant vous n’éblouit pas vos yeux, et que toutes leurs ruses et leurs ruses n’obscurcissent pas votre intelligence, afin que vous puissiez toujours contempler le vrai Soleil de justice, qui est le vrai Fils de Dieu.
[Comment il faut répondre aux arguments. Ps. 116]. Quant à répondre aux arguments, vous faites bien de répondre en toute simplicité, en parlant selon la mesure de votre foi : comme il est écrit : « J’ai cru, c’est pourquoi je parlerai ». Il est vrai que toutes les subtilités qu’ils croient avoir ne sont que des absurdités ridicules ; mais contentez-vous de ce que Dieu vous a donné de sa connaissance, pour rendre un témoignage pur et sans prétention à sa vérité. Car ils ont beau s’en moquer, ce sera comme un coup de foudre pour leur confusion, quand ils n’auront rien d’autre que ce qui est fondé en Dieu et dans sa parole. De plus, vous savez qui est celui qui a promis de donner de la bouche et de la sagesse aux siens, à qui tous ses adversaires ne pourront résister ; demandez-Lui de vous guider selon ce qu’Il sait être bon. Ils ne manqueront pas de vous maintenir convaincus de l’hérésie, mais comme cela a été fait à tous les apôtres, prophètes et martyrs. Le greffier n’écrira que ce qui lui plaira, mais votre confession sera toujours enregistrée devant Dieu et ses anges, et il la rendra bénéfique aux fidèles comme il faut le désirer.
[De la justification de la foi]. Je vais aborder brièvement quelques points sur lesquels ils ont essayé de vous molester. Pour vous faire comprendre que nous ne sommes pas justifiés par la seule grâce de Dieu, ils ont prétendu que Zacharie et plusieurs autres sont appelés justes. Mais sur ce point, vous devriez considérer comment Dieu les a acceptés comme tels. Si c’est par sa bonté gratuite, en leur pardonnant tout ce qu’il y avait à reprocher en eux, et en ne leur imputant pas leurs fautes et leurs vices, c’est là que tout mérite est exclu, car, en disant que la foi en Christ seule nous justifie, nous comprenons d’abord que nous sommes tous maudits, et qu’il n’y a que le péché en nous. et que nous ne pouvons penser ou faire aucun bien si Dieu ne nous gouverne pas par son Saint-Esprit, en tant que membres du corps de son Fils. De plus, même si Dieu nous accorde la grâce de marcher dans sa crainte, nous sommes très loin d’accomplir notre devoir. Or, il est écrit que quiconque n’accomplit pas tout ce qui est commandé sera maudit, et c’est pourquoi nous n’avons d’autre refuge que dans le sang de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous purifie et nous purifie par le sacrifice de sa mort, qui est notre sanctification. (Deutéronome 27).
[Mérites]. Dieu reçoit comme agréables les bonnes œuvres que nous faisons par sa vertu, même si elles sont toujours entachées d’une certaine impureté. Ainsi, celui qui veut compter sur ses mérites sera comme quelqu’un suspendu dans les airs, se balançant à tous les vents. Bref, ceux qui pensent mériter quelque chose leur doivent Dieu, alors que nous devons nous en remettre entièrement à sa pure bonté. Nous sommes riches et abondants en mérites, étant en Jésus-Christ ; étant en dehors de Sa grâce, ne pensons pas que nous avons une goutte de bien.
[Salaire]. Si les ennemis vous réclament cette parole de salaire, ne vous inquiétez pas, car Dieu rend aux siens ce qui leur est dû, même s’ils sont indignes ; mais d’autant plus qu’il accepte les œuvres qu’il y a mises, après les avoir consacrées par le sang de son Fils Jésus-Christ, afin qu’elles en tirent leur valeur. Par conséquent, la récompense que Dieu promet à ses fidèles présuppose la rémission de leurs péchés et le privilège qu’ils ont d’être soutenus comme ses enfants.
[Justifier]. Et en effet, ce mot justifier signifie que Dieu nous considère comme justes pour nous aimer, ce que nous obtenons par la foi seule, car Jésus-Christ seul est la cause de notre salut. Il est vrai que saint Jacques le prend dans un autre sens lorsqu’il dit que les œuvres aident la foi à nous justifier, car il comprend cela comme signifiant que nous sommes approuvés par nos actions (Jac. 2) ; Il ne conteste pas sur quoi est fondé notre salut, ni en quoi nous devons mettre notre foi, mais seulement comment la vraie foi est conçue, afin que personne n’en abuse en se glorifiant dans le titre seul. S’ils reviennent vous déranger davantage sur ce point, j’espère que Dieu vous donnera ce dont vous avez besoin pour les vaincre.
[Sur l'intercession des Saints]. En ce qui concerne l’intercession de la Vierge Marie et des saints décédés, revenez toujours à ce principe que ce n’est pas à nous de nous faire des avocats au Paradis, mais à Dieu, qui a désigné Jésus-Christ comme unique pour tous. De plus, nos prières doivent être faites avec foi et, par conséquent, réglées par la Parole de Dieu, comme le dit saint Paul dans Romains 10. Or, c’est ainsi que dans toute la parole de Dieu, il n’y a pas une seule syllabe de ce qu’ils disent, c’est pourquoi toutes leurs prières sont profanes et déplaisent à Dieu. S’ils vous répondent : « Ce n’est pas interdit pour nous », la réponse est facile : Qu’il nous est interdit d’interférer dans tout ce que nous comprenons, ou même dans des choses bien moindres, mais surtout : que la prière est une chose très privilégiée et trop sacrée pour que nous puissions nous gouverner dans nos propres fantasmes. De plus, ils ne peuvent nier que leur recours aux saints provient d’une pure méfiance que Jésus-Christ seul ne leur suffit pas. Quant à ce qu’ils répondront : « La charité des saints n’est pas diminuée », la réponse est facile, cette charité est contrainte et limitée à ce que Dieu exige de chacun. Maintenant, Il veut que les vivants s’exercent à prier les uns pour les autres ; il n’y a aucune mention du défunt, et dans de si grandes affaires, nous ne devons rien imaginer de notre propre esprit, mais nous devons adhérer à ce qui nous est dit dans l’Écriture.
[Passage de Genèse 48. expliqué]. Quant à ce que prétendent les adversaires, qu’il est dit dans la Genèse que le nom d’Abraham et d’Isaac doit être invoqué après leur mort, il est vrai que le texte le dit ; Mais c’est une pure moquerie que de l’évoquer dans ce contexte. C’est ce qui est écrit dans le chapitre quarante-huitième de la Genèse, où il est dit que Jacob, bénissant Éphraïm et Manassé, les fils de Joseph, prie Dieu que les noms de ses pères Abraham et Isaac et les siens soient invoqués sur ces deux enfants, comme sur les têtes des lignées descendant de lui. Or, c’est comme s’il disait qu’il faut les compter parmi les douze lignées, et qu’il faut qu’elles soient deux têtes comme si elles étaient ses enfants au premier degré. De plus, puisqu’ils sont nés en Égypte, il les relie par sa prière à la lignée que Dieu avait bénie et sanctifiée, parce qu’à ce moment-là ils en étaient séparés selon leur apparence extérieure. Ainsi, cette façon de parler ne signifie rien d’autre que de porter le nom d’Abraham et d’être revendiquée de sa lignée, comme il est dit dans le quatrième chapitre d’Isaïe : le nom du mari est revendiqué pour la femme, parce que la femme est sous l’ombre et la direction de son mari.
[Passage de S. Ignace]. En ce qui concerne ce qui vous est allégué, saint Ignace, vous n’avez pas besoin de faire une grande réponse. Il y a une déclaration où il dit : « Que Jésus-Christ est pour lui de toute éternité. » Armez-vous donc de ce seul mot pour les ramener à la pure doctrine de l’Évangile. Parce que j’ai utilisé ce terme contre les papistes, ils en profitent pour dire que j’approuve et que j’apprécie ce livre. Maintenant, pour que vous ne soyez pas étonnés, je vous assure qu’il y a un tas de plaisanteries si lourdes que les moines d’aujourd’hui n’écriraient pas plus sottement. Mais comme vous n’avez aucune connaissance de la langue latine, et encore moins de la langue grecque, dans laquelle saint Ignace a écrit, si nous avons quelque chose de lui en vérité, vous n’avez pas besoin d’entrer dans cette dispute. Contentez-vous de leur répondre que vous ne pouvez pas échouer en suivant Jésus-Christ, qui est la Lumière du monde. Quant aux anciens médecins, ceux qui sont plus expérimentés pourront en dire assez pour les faire taire ; qu’il vous suffise d’avoir une foi vraie assurée dans la seule parole de Jésus-Christ, qui ne peut faillir ni mentir. Et même que c’est là qu’ils renvoient tous les anciens Docteurs, protestant qu’ils ne veulent pas être creux, sauf dans la mesure où ce qu’ils disent se trouvera conforme à ce qui nous est enseigné par Dieu, et qui est contenu dans Sa parole.
[Sur la transsubstantiation]. En ce qui concerne le sacrement de la dernière Cène, lorsqu’ils vous parlent de leur transsubstantiation, il y a une réponse appropriée : que toutes ces déclarations qu’ils produisent, même si elles doivent être comprises dans leur sens, ne peuvent pas être appliquées à la messe. Car s’il est dit : « Ceci est mon corps et mon sang », c’est aussi lorsqu’il ajoute : « Prenez, mangez et buvez tout ce calice. » Or, parmi eux, il n’y en a qu’un seul qui mange de tout, et même à Pâques, ils n’en donnent que la moitié au peuple ; mais il y a un mal encore plus grand, c’est qu’au lieu de dire à Jésus-Christ : « Prends », ils osent faire un sacrifice, qui doit être unique et perpétuel. Et donc, pour s’appuyer sur ces paroles, ils auraient besoin d’avoir l’usage de la Cène, qu’ils n’ont pas. De plus, vous devez toujours protester que vous ne niez pas que Jésus-Christ nous donne son corps, pourvu que nous le cherchions au ciel. Sur toutes les mauvaises chicanes qu’ils pourraient vous apporter, vous n’auriez qu’à leur déclarer ce que vous avez vu et oui, sachant bien que c’est Dieu de qui vous le tenez, car notre foi serait bien maigre si elle était fondée sur les hommes. Il n’y a donc rien de mieux que de méditer continuellement sur la doctrine ou l’essence de notre christianisme, afin que vous puissiez montrer en temps voulu que vous n’avez pas cru en vain. Et comme je l’ai dit dès le début, si les ennemis de la vérité combattent par ambition, montrez de votre côté qu’il suffit de rendre gloire à Dieu, contre leurs ruses et leurs sophismes. Contentez-vous d’avoir pour bouclier une simple confession de ce que Dieu a imprimé dans votre cœur.
[La simple confession de ce qui est au cœur est le bouclier des fideles]. Tant moins devez-vous vous tourmenter s’ils utilisent des calomnies éhontées contre moi ou contre les autres, puisqu’ils ont le droit de dire du mal sans raison. Portons patiemment tous les reproches et les viles choses qu’ils nous jetteront, car nous ne valons pas mieux que saint Paul, qui a dit que nous devons marcher à travers les blasphèmes et les vitupérations. Tant que nous faisons ce qui est bien, quand les gens disent du mal de nous, cela suffit à nous soulager. Mais même lorsqu’ils nous imposent de telles calomnies, nous avons beaucoup de raisons de remercier Dieu, lorsque nous avons notre conscience pure devant Lui et devant les hommes, et lorsque nous sommes exempts de tout mauvais soupçon.
[Conseil contre les médisances des ennemis]. Et d’un autre côté, peu importe combien nous sommes de pauvres pécheurs, si pleins de pauvreté que nous devons gémir continuellement à ce sujet : néanmoins, qu’il ne permette pas aux méchants de dire du mal de nous, si ce n’est en mentant, et même en se condamnant eux-mêmes de leur propre bouche, ayant trouvé en nous ce qu’ils ne devaient pas chercher loin, puisqu’il est en eux. Glorifions-nous donc de la grâce de Dieu, en toute humilité, quand nous voyons que ces pauvres misérables, comme ivrognes, se glorifient de leur honte. Si cela vous fait de la peine de les entendre dire du mal de moi, vous devriez être bien plus affligés de les entendre blasphémer contre notre Sauveur et Maître, à qui tout honneur appartient, alors qu’avec toute l’innocence qui sera en nous, nous sommes dignes d’être submergés dans toute confusion. Consolez-vous donc en notre Dieu bon, qui nous a accordé la grâce d’être tout unis à son Fils, et que tous les démons de l’enfer et tous les méchants du monde ne peuvent nous séparer de lui. Réjouissez-vous du fait que vous soutenez sa cause en toute conscience, en espérant qu’il vous donnera la force d’endurer tout ce qu’il veut que vous souffriez. Nous aurons de vous le souvenir dans nos prières comme nous le devons, en suppliant ce bon Dieu, puisqu’il lui a plu de vous employer à maintenir sa vérité, afin qu’il vous accorde tout ce qui est nécessaire pour un office aussi honorable, qu’il vous fortifie dans la vraie persévérance, qu’il vous donne la vraie sagesse spirituelle de ne chercher que l’avancement de son nom sans égard pour vous-même. et qu’il se montre tellement comme votre protecteur que vous le sentez dans votre consolation, et que les autres le perçoivent aussi comme édifié.
Tous les frères de loin vous saluent dans le Seigneur, se réjouissant de ce qu’il a béni si puissamment en vous, ayant aussi une compassion fraternelle pour votre captivité, et ils désirent qu’il plaise à ce bon Dieu d’étendre sur vous sa bonté et sa miséricorde. De Genève, ce dix-neuf janvier 1551,
Votre frère en Notre-Seigneur,
JEAN CALVIN (1).
(1) Calvini Opera, t. XIV, col. 18. Lettres françaises, t. 1, p. 316.
En ce qui concerne l’histoire du second emprisonnement dans la ville de Grenoble, l’interrogatoire des justiciers et leurs réponses, et toute la procédure qui a finalement été couronnée par la mort qu’il a endurée très fermement dans la ville de Lyon, il l’a longuement décrite à travers les écrits qui suivent.
Aux fidèles de l'Église de Dieu.
Chers frères et amis en notre Seigneur Jésus-Christ, ne vous étonnez pas si vous me voyez de nouveau en captivité, considérant que le Seigneur ne m’a pas encore ordonné le repos en ce monde, comme il me l’a fait sentir et plus abondamment depuis qu’il m’a délivré du péril de la mort et de la main des ennemis que vous connaissez bien. Et par expérience, je l’ai mieux compris dans les divers assauts que Satan a faits contre moi, qui ont été comme montrés et des préparatifs pour de nouvelles guerres. Ainsi, le Seigneur Jésus ne nous promet pas la paix dans ce monde, ou du moins à peine la vérité, autant que je l’aurais volontiers souhaité. Et en effet, il n’insistait pas pour employer tout mon pouvoir à chercher les moyens de la tranquillité ; mais (comme le dit David) quand je l’ai voulue, la guerre s’est présentée. D’ailleurs, j’ai été si ébranlé que je suis souvent tombé à terre, comme étourdi, ne sachant de quel côté me tourner ; si le Seigneur n’avait pas eu pitié de moi, j’aurais été immédiatement bouleversé. (Ps. 120). Maintenant, j’espère que ces considérations, ainsi que le bon jugement spirituel que le Seigneur Dieu vous a donné, ne vous permettront pas de tomber dans de vaines spéculations, ignorant la providence de Dieu et son conseil éternel, qui seul a tout guidé jusqu’à ce point, en espérant que le résultat sera à la gloire de son nom. pour l’édification de l’Église, et pour ma consolation, comme le commencement l’a déjà été, pour l’édification de beaucoup de ceux qui étaient présents à mon interrogatoire à Grenoble, tant ceux de la justice que les prisonniers de Porte-Troine (1), ainsi que les gens craignant Dieu et les autres frères, qui pourront rendre un témoignage suffisant sur mon examen et sur les diverses propositions contenues dans mon procès.
(1) La Porte-Troine a existé à Grenoble jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, ainsi que la prison civile qui y était annexée. Démolie á la même époque que la Porte-Troine, cette prison a été transférée à la conciergerie du palais de justice, et dès lors a porté le nom de prison de la Conciergerie.
[La prison de Grenoble]. Et combien ce serait long de réciter, à cause de la procédure trop longue, cependant, puisque vous le désirez, je vais en réciter quelque chose, considérant que vous ne demandez pas par curiosité, mais seulement pour l’édification de l’Église.
Vous en savez assez, chers frères, car nous sommes souvent exposés à voir et à entendre diffamer l’honneur de Dieu, et c’est pour cette raison que je me suis avancé pour défendre la vérité selon les moyens que Dieu m’a donnés, surtout depuis que j’étais sollicité pour accepter certaines superstitions qui avaient pour but de me détourner de la religion et de la foi chrétiennes. et de me conduire à leur impiété, parce qu’ils savent très bien que je suis resté à Genève. C’est donc là que j’ai sollicité le prévôt des maréchaux du Dauphiné, alors que je m’étais retiré chez moi. Environ dix ou onze heures après le début de la nuit, il est venu m’appréhender et me ligoter avec des cordes, me conduisant (parce qu’il faisait nuit) dans la chambre d’une des personnes dudit prévôt nommée la Branche, afin que le lendemain je sois enfermé dans une prison. Cela fait, je fus présenté devant le juge de ce prévôt des maréchaux, qui me fit immédiatement mettre dans les cachots inférieurs où je restai environ douze jours avec deux brigands qui devaient être exécutés le soir, et qui me causaient beaucoup de chagrin par leurs mauvaises paroles. Plusieurs honnêtes gens, connaissant mon affliction, pressèrent le capitaine de me permettre, après mon audience, de me permettre d’avoir la commodité et les bienfaits de l’air frais. Le capitaine, ayant appris ma misère, s’efforça d’en appeler au juge du prévôt, qui, ne voulant prendre aucune responsabilité pour m’interroger, me livra au bailli, parce que l’évêque refusait aussi de prendre aucune responsabilité à mon égard.
[Premier examen de Richard]. À l’occasion de quoi le premier jour de ma captivité fut conduit par la ville, et d’une prison à l’autre. Finalement, le bailli adjoint envoya un de ses avocats et assesseurs à la prison de Porte-troine pour m’interroger avec le greffier, où, en présence de plusieurs frères, je fus interrogé tant sur mon nom et mon nom que sur le lieu de ma naissance ; d’où je venais et où j’allais, et ce que j’attendais dans la ville, ainsi que la raison de ma captivité, mes livres et les discussions que j’avais eues chez moi. Ou bien ayant répondu assez amplement à cela, on m’a de nouveau interrogé pour savoir si je croyais en l’Église romaine. R. « Non, mais je crois en l’Église universelle et catholique. » D. « Qu’est-ce que cette Église catholique ? » R. « C’est l’assemblée des chrétiens. » D. « Qui est cette assemblée et à quoi ressemble-t-elle ? » R. « Ce sont ceux que Dieu a choisis pour être membres de son Fils Jésus-Christ, qui en est la tête. » D. « Où est-elle, et comment le sait-on ? « Elle est répandue dans le monde entier, dans divers lieux et pays, et est connue par le régime spirituel et le gouvernement de la parole de Dieu, et par les saints sacrements que Jésus-Christ a laissés et ordonnés, comme beaucoup de villes et de pays ont leur gouvernement. » Q. « Si je crois qu’à Genève, Lausanne, Berne et d’autres villes semblables, il y a une Église plus vraie et plus catholique que la sainte Église romaine. R. « Oui, d’autant plus qu’elles portent les marques et les signes. » Q. « Quelle est la différence entre l’Église romaine et celle des villes susmentionnées ? » R. « La différence, c’est que l’Église romaine est gouvernée par des traditions humaines, tandis que l’autre est gouvernée uniquement par la parole et l’ordonnance de Dieu. » « C’est là que j’ai été instruit pour la première fois dans cette doctrine. » R. « En Angleterre, dans la ville de Londres, et dès ma jeunesse, j’ai été instruit par les Saintes Écritures. » D. « Combien de temps suis-je resté à Genève ? » R. « Depuis une dizaine d’années. » D. « Est-ce que je crois que la Vierge Marie est l’avocate des pécheurs ? » R. « Je crois que les Saintes Écritures en témoignent, affirmant que Jésus-Christ est le seul médiateur et défenseur des pécheurs, et que la Vierge Marie, quant à elle, est bienheureuse et n’a aucun rôle d’avocate. D. « Les saints du paradis n’ont-ils pas le pouvoir de prier pour nous ? » R. « Non, mais je crois qu’étant heureux, ils sont satisfaits de jouir de la grâce que Dieu leur a donnée pour être membres de son Fils Jésus-Christ, dont ils jouissent maintenant en action de grâces, sans usurper cette fonction sainte et sacrée que Dieu n’a donnée qu’à son Fils bien-aimé Jésus-Christ. » D. « Je ne crois pas que ceux qui ont la religion de l’Église romaine soient chrétiens. » R. « Non, ce sont plutôt des infidèles. D. « Pourquoi ? » R. « Elle ne se gouverne pas elle-même selon la parole de Dieu, mais elle la combat entièrement. » D. « Si je crois que tous ceux qui se retirent de l’Église romaine sont chrétiens. » R. « Je ne peux répondre que de ma foi et de ce dont je suis responsable, me contentant de répondre pour moi-même, car chacun portera son propre fardeau, comme le dit saint Paul. (Galates 6). Alors ledit avocat, me sollicitant de nouveau et me tenant de près, me menaça en disant : Que si je ne réponds pas, il me fera répondre par la force. Ce à quoi j’ai dit que ce ne serait donc pas par justice, et quant à la question à laquelle j’avais répondu, comme je le crois encore, ceux qui ont la religion qui est préférée, et dans d’autres villes semblables, sont chrétiens, mais quant à tous ceux qui se retirent de l’Église romaine, il y en a plusieurs qui sont athées, Les libertins, ou les anabaptistes et autres, qui, bien qu’ils se soient retirés de cette Babylone, n’appartiennent donc pas à l’Église de Jésus-Christ, se laissant gouverner par elle. A quoi ledit avocat me répondit, à propos du récit de ceux qu’on appelait hérétiques, que je les connaissais bien. Et je lui répondis qu’en effet je les connaissais bien (Dieu merci) afin de m’en protéger, car je veux rester dans la vraie doctrine de l’Église de Jésus-Christ, dont l’Avocat dit : mais de l’Antéchrist. Quand on m’a demandé si je voulais rester dans une doctrine aussi réprouvée et damnable, j’ai répondu : « Que la doctrine que je défends n’est ni réprouvée ni condamnable, mais chrétienne et sainte. Et c’est pourquoi je désire, tant que Dieu m’accorde la grâce de l’invoquer, et jusqu’au dernier souffle de ma vie, y demeurer et persévérer. Là-dessus, ledit avocat a dit que j’étais très obstiné. Et voyant qu’il était tard, il me dit qu’il fallait réserver le reste pour l’après-dîner, en me lisant le contenu des questions et des réponses que le greffier avait notées mot pour mot. Ceux qui ensuite me firent signer, et demandèrent audit avocat de m’accorder le réconfort naturel de l’air, ce qu’il m’accorda, de sorte que beaucoup dans la prison furent joyeux, et le capitaine me laissa en compagnie de plusieurs frères, qui me procurèrent toute consolation.
[Cause de l'emprisonnement de Richard]. Une heure de l’après-midi, le Vi-Bailli me convoqua au bailliage, où je fus conduit par le capitaine et présenté devant ledit Vi-Bailli et plusieurs avocats, ainsi qu’un cordelier. Là, j’ai été interrogé de nouveau sur les déclarations faites dans mon logement, en particulier sur les allégations d’avoir reproché à l’hôte et à l’hôtesse que leur enfant n’avait pas reçu l’instruction contraire de prier Dieu à table. Ce que j’avais vu et entendu, c’était la raison pour laquelle ils m’avaient fait des remontrances sur ce que nous devions prier et comment, pour quoi ledit hôte et cette hôtesse m’accusaient en niant tout, contrairement à la vérité. Et pour cette raison je n’ai pas accepté lesdites remarques de la manière dont le Vi-Bailli me les a déclarées, mais je lui ai raconté comment et dans quel but je leur avais fait des remontrances ; c’est-à-dire que tous les chrétiens doivent prier dans une langue comprise et qui vient du cœur, comme cela nous a été clairement enseigné par la parole de Dieu, et cela afin que les autres puissent recevoir l’édification. Aussi, que la forme de prier dans une langue étrangère était apparue et avait été introduite par la superstition, qui règne encore aujourd’hui dans le monde dans une grande ignorance. Le Cordelier, entendant mes remarques, demanda la permission de parler.
[Harangue vraiment monastique]. Il m’a fait une longue remontrance au sujet de leur Benedicite, Ägimus libi gratias, Laus Deo, pax viuis, requies defunctis, et d’autres prières que je ne connais pas, et que Dieu entend toutes les langues et que l’Église romaine avait conservé la forme de l’ancienne Église des anciens docteurs qui avaient prié en latin, et qu’il s’ensuivrait autrement qu’il ne serait pas nécessaire de prier autrement qu’en français. ajoutant plusieurs autres choses qui prendraient beaucoup de temps à réciter. Bref, j’ai demandé à être entendu, et à ce que mes réponses soient écrites. Cela me l’ayant permis, je répondis : Je ne nie pas et je ne veux pas dire que prier en latin, en hébreu, en grec ou dans toute autre langue est mal, mais que dans une assemblée, la prière doit être faite dans une langue comprise de tous pour édifier, comme saint Paul l’a enseigné à l’Église de Corinthe. Sur quoi le Cordelier recommença à prêcher, et sous ce sujet il apporta je ne sais quelle subtilité et quelle philosophie concernant l’ordre des prières et des louanges de l’Église, en utilisant ce que les évangélistes récitent, de ceux qui, à l’entrée de notre Seigneur Jésus à Jérusalem, s’écrièrent : « Hosanna au Fils de David, distinguer les paroles et les interpréter, que ceux qui rendaient de telles louanges à Jésus-Christ ne comprenaient pas la langue, comme l’interprétait saint Jérôme. À quoi on a répondu que saint Jérôme aurait bien pu écrire que ceux qui rendaient de telles louanges à notre Seigneur Jésus à son entrée ne comprenaient pas le sens et la substance de ces louanges et prières, considérant que c’était comme une prophétie dont David a parlé dans le Psaume 118, mais en ce qui concerne le langage, les évangélistes interprétant l’accomplissement de cette prophétie en Jésus-Christ ne font aucune mention que ces personnes qui priaient ainsi ne le comprennent pas bien.
[Règle des prières Chrétiennes]. Mais par-dessus tout, saint Paul, parlant par l’Esprit de Dieu, a fourni des règles suffisantes et des instructions générales pour les prières de tous les chrétiens, disant qu’elles doivent être dans un langage compris pour l’édification, ce dont je me contente, sans vouloir disputer curieusement par des subtilités et des philosophies. Le Cordelier me dit que je n’étais pas suffisant pour interpréter les Saintes Écritures, puisque je n’entendais pas la langue latine, parce que, prêchant en latin, je lui demandais de ne pas me parler dans une autre langue que la mienne, et qu’il n’était pas nécessaire de me parler en latin.
[Deuxième examen]. Une fois de plus, il me sermonna, faisant des remontrances aux Conseils et aux Docteurs, avec des allégations qui satisfirent le Vicaire, qui, voulant poursuivre l’examen des déclarations faites par mes accusateurs, qui tendaient à diffamer la personne du Roi, et à la sédition, au mépris de la Vierge Marie et des Saints, et de désobéissance aux Princes et aux Rois, a été de nouveau interrogé sur tous les articles susmentionnés, et s’il a répondu, déclarant d’après ce que j’avais dit et dans quel but mes accusateurs m’avaient poussé à les accepter.
[Des Sacrements]. Ensuite, j’ai été interrogé par le Vibailli pour savoir si je croyais à la sainte hostie que le prêtre consacre. Réponse : « Que je ne crois pas à une telle hostie, ni aux consécrations. » Q : « Pourquoi est-ce que je ne veux pas croire au Saint Sacrement de l’autel que Jésus a ordonné ? » R : « Je crois aux saints sacrements que Jésus-Christ a institués, et que c’est mon salut que je désire maintenir jusqu’à la mort. » Q : « Si je ne croyais pas à la messe avant. » R : « Que je n’ai jamais été instruit à ce sujet, et que je n’ai jamais su qu’elle s’appelait Messe, ni à propos de telles consécrations, mais en ce qui concerne le Saint-Sacrement de la dernière Cène de notre Seigneur, je crois qu’en participant à la foi et à la charité, comme saint Paul le décrit dans 1 Corinthiens 11, nous sommes spirituellement nourris par le corps et le sang de notre Seigneur Jésus, qui est la vraie nourriture et la vraie boisson spirituelle de nos âmes. C’est le véritable autel où je repose, comme l’explique l’Apôtre dans Hébreux 13, et je ne connais pas d’autre sacrement ou autel que celui-ci. Q. « Si, dans le sacrement, Jésus-Christ n’a pas dit : Ceci est mon corps, ceci est mon sang, faites cela en mémoire de moi, alors pourquoi ne crois-je pas à la messe ? »
[De la Messe]. R. « Que je crois en ce que Jésus-Christ a dit et promis par son Évangile, comme je l’ai déjà confessé et que j’ai écrit ; mais que je n’ai jamais été instruit au sujet de la messe. » Le Cordelier m’a cité le chapitre 11 des Corinthiens, et appliquant ce qui est écrit dans le 6e de saint Jean, où il est dit : « Ma chair est vraiment nourriture », et ce qui suit, et que les anciens docteurs de l’Église ont décidé dans les conciles : Que la messe est un saint souvenir de la mort et de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ. Je lui répondis que je crois fermement que le sacrement de la dernière Cène est un saint souvenir et un acte de grâce de la mort et de la passion de notre Seigneur Jésus-Christ, comme le souligne saint Paul dans le chapitre onzième de la première lettre aux Corinthiens, et que la preuve et la dignité qu’il désire est d’avoir un vrai repentir pour ses fautes et ses péchés. d’avoir l’unité, la concorde et la charité fraternelle avec son prochain, d’avoir une foi ferme en la miséricorde de Dieu, en acceptant le mérite de la mort et de la passion de son Fils Jésus-Christ, pour la rémission des péchés, qui nous a été donnée à la mort, nous laissant comme témoins et sceaux ce saint sacrement de la dernière Cène, comme un gage et un anneau des promesses contenues dans son Évangile, qui est la nourriture parfaite de nos âmes. Je crois que c’est là la dignité qu’enseigne saint Paul, lui qui ne donne pas d’autres instructions, pas plus que Jésus-Christ, et ce qu’il commande à ses disciples et à toute l’Église en disant : « Prenez, mangez, faites ceci en mémoire de moi », ce n’est pas d’offrir ou de sacrifier, car il ne parle ni d’offrande ni de sacrifice, mais de participer en mémoire de sa passion. Les choses que j’avais écrites avec lesdites réponses, que l’huissier m’a fait signer. Et comme il était très tard, je fus renvoyé aux prisons de Porte-troine par le capitaine. Environ une semaine plus tard, le Vibailli me convoqua à son domicile, où il y avait quelques individus avec quelques Jacopins, et le Cordelier était présent. Je fus examiné de nouveau par le Vibailli, qui me demanda si je croyais au purgatoire. R. « Je crois que Jésus-Christ a fait l’expiation des péchés par son sang. » Q. « Si je ne crois pas qu’il y ait d’autres moyens, et si, après cette vie, il n’y a pas un endroit où l’on doit rester jusqu’à ce que la satisfaction soit obtenue ? »
[Troisième examen]. R. « Non, et je crois seulement en l’expiation suffisante et efficace que Jésus-Christ a faite par le sacrifice de son sang, qui est la purification et l’expiation de nos péchés. L’un des moines m’a raconté en latin la parabole qui se trouve au chapitre 18 de saint Matthieu, à propos de celui qui ne voulait pas pardonner la dette à son compagnon, mais le bailli lui a dit qu’ils ne me parlaient pas en latin, de sorte que je n’ai pas répondu. Or, le Cordelier m’a parlé de la parabole, ainsi que de plusieurs choses, en disant : « Que Jésus-Christ parlait parfois en paraboles, et pourtant il y a un certain sens, comme dans celui où il dit : « Tu ne partiras pas avant d’avoir payé le dernier sou », et ainsi on comprend qu’il y a un moyen de satisfaire. Ce à quoi je répondis : « Quant à moi, je me repose entièrement sur la satisfaction unique et suffisante du sacrifice de la mort de Jésus-Christ et des promesses de son Evangile, où il nous promet un repos complet et parfait, comme dans le chapitre 11 de saint Matthieu, où il nous appelle en disant : « Venez à moi, vous tous qui travaillez, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Le 10 de la Saint-Jean : « Je suis la porte ; Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. Jean 11 et 14. « Je suis le chemin, la vérité, la vie. » Toujours en ce qui concerne les morts, saint Jean dit dans l’Apocalypse, chapitre 14 : « Heureux les morts qui meurent en notre Seigneur, parce qu’ils se reposent de leurs travaux. » Et au voleur qui a été crucifié à côté de Jésus-Christ, il a été promis le royaume du paradis ce jour-là, sans aucun autre moyen. Et en ce qui concerne la parabole que tu apportes, elle ne signifie rien d’autre que que si nous ne pardonnons pas à notre prochain, Dieu ne nous pardonnera pas, car le début de la parabole parle de pardon et de réconciliation. Le Cordelier ne voulait pas me laisser parler, le député lui fit signe de me laisser répondre et dire ce que je voulais, et qu’il voulait m’entendre entièrement.
[Le Limbe]. Là, un Lacopin me répondit qu’il fuirait mes réponses, qu’il n’y aurait ni purgatoire ni limbes, ce qui est tout à fait contraire à la foi, et que même le Credo s’y oppose, comme dans l’article où il est dit Descendit ad inferna. . Et l’huissier m’a demandé si je ne croyais pas aux Limbes. Réponse : « Je ne sais pas ce que c’est, et que l’Écriture Sainte ne fait aucune mention des limbes, et que je n’y crois pas non plus. » Le Lacopin m’a demandé : « Où étaient les anciens pères avant la mort de Jésus-Christ ? » R. « Ils étaient et sont encore dans la vie éternelle, qu’ils ont toujours espérée en faveur de l’alliance promise à Adam, à Abraham et aux patriarches. » Le Lacopin m’a montré les anciens Pères et patriarches, dont saint Paul parle de la vie éternelle, Jésus-Christ étant le premier, qu’il a nommé en latin, puis expliqué en français, en disant : « Cela signifie Limbes », d’autant plus que je ne comprends pas le latin. Il a également fait référence au livre des Maccabées, où il est fait mention d’une offrande pour le défunt. Je lui répondis que dans tout l’Ancien Testament, il n’est pas fait mention des limbes, et que les passages qui parlent de l’enfer, du tombeau et de la mort, comme dans Job, et de Jacob pleurant son fils, et d’autres que le cordelier a apportés, ne parlent pas du tout des limbes, mais de la mort et du tombeau. et de l’enfer, qui s’appliquent à la fin de cette vie. Quant au Purgatoire et à l’offrande de Judas Macchabée, il ne mentionne pas le Purgatoire. Si Judas a conservé la forme des superstitions des païens, il ne faut pas l’imiter. De plus, l’Église a toujours considéré ces livres comme apocryphes. De plus, les prophètes, Jésus-Christ et les apôtres ne mentionnent ni les limbes ni le purgatoire, mais que le sang du Christ est la vraie purgation. Le bailli, m’interrogeant, me demanda si je croyais absolument qu’il n’y a ni limbes, ni purgatoire, ni moyen entre la vie éternelle et ce monde. R. « Non. »
[Du Pape]. Q. « Si je ne crois pas que le pape ait un quelconque pouvoir. » R. « Oui. » Q. « Si je ne crois pas que le pape a le pouvoir d’absoudre en tant que vicaire de Jésus-Christ. » R. « Non. » Q. « Comment est-ce que je comprends donc le pouvoir du pape ? » R. « Ce que l’apôtre saint Paul déclare dans la seconde épître aux Thessaloniciens ; à savoir, que parce que le monde n’a pas voulu recevoir l’amour de la vérité pour être sauvé, Dieu a donné une illusion efficace à Satan et à ses subalternes, afin que le monde soit nourri de mensonges et d’erreurs, et qu’il ait des pasteurs tels qu’il demande et qu’il mérite.
[Primauté papale]. Le Cordelier m’a montré comment Jésus-Christ a donné à saint Pierre le pouvoir de lier et de délier, et que le pape est le successeur de saint Pierre, vicaire de Jésus-Christ, et que l’Église a toujours été dirigée de cette manière, ayant un chef dans ce monde, comme elle l’a fait au ciel. Et si les pasteurs ne se gouvernent pas eux-mêmes selon la parole de Dieu, qu’ils prêchent, il ne s’ensuit pas qu’il ne faut pas recevoir la doctrine, telle que Jésus-Christ l’enseigne dans l’Évangile, Matthieu 23, et me l’a montré plus amplement. R. « Que lorsque le Pape et ses partisans prêcheront fidèlement la parole de Dieu, sans inventions humaines, et sans introduire de lois pour se plaire, même s’ils vivent dans le mal, je m’en tiendrai à la doctrine de Jésus-Christ et des pasteurs de l’Église ; et de telle sorte que Jésus-Christ dit dans Matthieu 23 : « Que les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse ; fais ce qu’ils te prescrivent, et n’agis pas selon leurs œuvres. Mais il y a une grande différence entre s’asseoir sur la chaire de Moïse, qui est la vérité de Dieu, et être assis sur la chaire du mensonge, et sur le siège de l’abomination et de toute iniquité, comme Daniel l’a prophétisé, et comme saint Paul a prédit qu’il devrait être assis dans le temple de Dieu. se faisant adorer comme Dieu. Et quant à ce que Jésus-Christ a ordonné à saint Pierre de lier et de délier, il a aussi limité sa charge et son office, en disant : « Prêchez l’Évangile ; comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. (Dan. 2; 2 Thess. 2). C’est ce que saint Pierre et ses compagnons ont bien compris, lorsqu’il a écrit lui-même aux pasteurs de l’Église, qu’ils ne devaient pas avancer d’autre doctrine dans l’Église que la parole pure et simple de Dieu, qui fait les liens à lier et les clefs du royaume des cieux. et de ne pas imposer à des consciences d’autres lois que la Loi de Dieu, qui ne veut rien ajouter ou diminuer de sa parole, et au contraire, le Pape impose des lois et des inventions à volonté. Ainsi, l’Église n’a pas d’autre doctrine que la parole de Dieu, comme cela est évident dans saint Jean 8:10 et 18, et dans la deuxième épître de saint Jean. De même, l’Église ne dépend pas de la vie mauvaise ou bonne des hommes ; mais (comme le dit saint Paul) elle est fondée sur le conseil de Dieu, et dans sa parole, elle est édifiée sur la doctrine des prophètes et des apôtres, dont Jésus-Christ est la pierre angulaire. Éphésiens 2. Il n’a pas non plus deux clés, l’une dans le ciel et l’autre sur la terre, mais une seule. Jésus-Christ seul lui suffit dans le ciel et sur la terre, comme le déclare saint Paul dans plusieurs passages de ses épîtres. À quoi le Cordelier me fit encore une remontrance sur l’interprétation de saint Paul, et que je ne la comprenais pas, et qu’il avait vu le pape prêcher à Rome ; et que j’en parlais par affection, et que les anciens docteurs avaient interprété les saintes Écritures et les saints conciles ; Et il a démontré davantage.
Mais l’huissier adjoint, voulant continuer, m’a dit que je ne devais pas être si obstiné, ce à quoi j’ai répondu que je ne pouvais pas répondre autrement. Il m’a demandé si j’avais été prisonnier à Lyon. R. « Oui. » D. « Comment ai-je été capturé et pourquoi ; sur le déroulement de mon procès, l’issue, la sentence prononcée et comment j’en suis sorti ; Qui sont ceux qui m’ont sauvé, pour quelle raison, et qui les a poussés à le faire ? J’ai été capturé pour être allé voir un prisonnier, et ce dont j’ai été accusé, c’est pour la foi, que je tiens de l’Évangile de Jésus-Christ. Or, ayant promis d’appeler les juges de Lyon, je fut, peu de temps après une dizaine de jours, emmené à Paris, où, par les routes et sur la Loire, je fus secouru par des gens masqués et inconnus, qui me conduisirent dans les bois, me donnèrent des indications pour mon voyage et pour tous mes besoins, me recommandant aux soins de Dieu. sans vouloir révéler leurs noms du tout. L’huissier adjoint m’a sollicité et, depuis, à plusieurs reprises, m’a exhorté à nommer et à déclarer de tels individus. Ce à quoi j’ai toujours répondu qu’ils ne voulaient pas me divulguer leurs noms. L’huissier adjoint, ne croyant à rien de tout cela, ni que ma sentence ne m’avait pas été prononcée, me demanda si je voulais me référer aux faits et procédures de mon procès à Lyon. J’ai répondu que j’étais prêt.
[Confession auriculaire]. De plus, on m’a examiné si je crois à la confession auriculaire, pour me confesser au prêtre. R. « Je ne fais pas d’autre confession, que celle que nous devrions normalement faire à Dieu, comme il nous l’enseigne par sa parole dans les Saintes Écritures ; et la réconciliation fraternelle que Jésus-Christ et ses apôtres nous recommandent avec tant d’assiduité. Le Cordelier m’a demandé si je n’avais pas vu ce que Jésus enseigne dans l’Évangile, sur la confession au prêtre, ordonnant au lépreux guéri : « Va, montre-toi au prêtre. » C’est ce qu’ont soutenu les anciens docteurs et les anciens conciles, et l’Église ordonne que l’on se confesse au prêtre. Or, après avoir entendu ses longues remontrances, je lui dis que l’Église de Notre-Seigneur Jésus n’a jamais maintenu cet ordre de confession auriculaire au prêtre ou au sacrificateur. Si l’Église romaine a un tel ordre, il ne s’ensuit pas qu’il soit bon, car l’Église de Jésus-Christ n’a pas été instruite à ce sujet. Et quant au lépreux que Notre-Seigneur a guéri, il n’est pas écrit qu’il lui a ordonné de confesser ses péchés à l’oreille du prêtre ; mais plutôt qu’il s’est montré, et cela pour rendre témoignage à ceux de l’ordre sacerdotal ; afin qu’ils sachent que le souverain sacrificateur était venu pour guérir les maladies ; David nous instruit suffisamment sur la façon dont nous devons confesser nos péchés à un seul Dieu, comme il apparaît dans les Psaumes 32, 51 et 106, où il déclare comment il a confessé son péché à Dieu, et qu’il a été absous, et que Dieu est satisfait de la contrition du pécheur, qui est plus agréable à Dieu que tous les sacrifices. L’évangéliste saint Jean, parlant aussi de la confession des péchés, dit que Dieu est lumière, n’ayant en lui aucune obscurité qui l’empêche de connaître nos péchés, et que si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous pardonner et nous purifier de toute iniquité : par le sang de son Fils Jésus-Christ, 1 Jean 1. De même, l’Apôtre aux Hébreux, dans le premier chapitre, et saint Pierre n’enseignent pas d’autre purification que le sang de Jésus-Christ, auquel j’adhère. Si ceux de l’Église romaine suivent l’exemple de Judas, qui s’est confessé à ses prêtres, scribes et pharisiens, qu’ils le suivent. Or, le Vi-Bailli, voyant qu’il était tard, me renvoya par le capitaine de Porte-troine, où je restai assez longtemps avec les frères, qui, pour me laisser reposer avec eux, prièrent le capitaine de me permettre de coucher avec l’un d’eux ; ce qui m’a été permis comme une faveur. Mais comme tout le monde dans la ville et dans les prisons voulait écouter la doctrine qui y était enseignée publiquement, cela est parvenu aux oreilles du Parlement, dont le tribunal a ordonné au Vi-Bailli que je sois séparé. Le Vi-Bailli me fit donc transporter à la maison de l’évêque. Sur l’ordre du Parlement et du Vi-Bailli, il me fit enfermer dans sa prison.
[Second interrogatoire]. Si bien que ledit évêque ne voulait en aucune manière de moi dans sa maison, si bien que, quelque temps plus tard, je fus de nouveau convoqué devant le bailli adjoint et son conseil, avec les susdits Cordeliers et Jacopins, et plusieurs autres de l’État et de l’ordre romains. Et là, devant le bailli adjoint, on me sollicita et on me demanda de revenir à la religion papale, me présentant en toute miséricorde ; mais je leur répondis que je n’attendais de miséricorde que de mon Dieu et de mon Seigneur Jésus-Christ, en faveur duquel j’ai toute espérance. Là-dessus, le Cordelier m’expliqua long argument la différence entre l’Église romaine et l’Église ordonnée à Genève ; comme je l’avais dit : qu’il n’est pas permis au pape d’imposer des lois aux consciences, sans la parole de Dieu ; me rappelant ce qui est écrit dans le dernier chapitre de saint Jean, où il est dit que plusieurs choses ne sont pas écrites, etc. Et aussi ce que Jésus-Christ dit dans l’Évangile, dans les chapitres 14, 15 et 16 de saint Jean, où Jésus-Christ exhorte ses disciples à attendre le Consolateur, l’Esprit Saint qui les conduira à toute vérité ; et ce que les docteurs de l’Église et des conciles ont décidé, en donnant les commandements à l’Église, qui a le pouvoir de lier et de délier. De plus, que même à Genève, il y a des lois qui ne sont pas contenues dans la parole de Dieu ; me rappelant par mes psaumes, et par l’ordre de la journée de prières, que le mercredi était plus saint dans la semaine, l’ayant trouvé par les psaumes dans l’avertissement (1).
(1) Le mercredi était en effet un jour demi- férié dans l'église de Genève. Le livre de Psaumes saisi sur Le Fèvre et auquel il est fait allusion, était sans doute les Psaumes d’Octante-trois de David mis en rimes françaises. À savoir quarante-neuf de Clément Marot et trente-quatre de Théodore de Bèze, 1553. On y lit dans un avis aux Lecteurs: .. Considérant que le jour du Mercredi est ordonné pour les prières solennelles, nous avons choisi entre les Psaumes ceux qui contiennent prières et requêtes à Dieu plus expresses pour chanter en ce jour, reservant ceux qui contiennent action de grâces et louanges du Seigneur Seigneur notre Dieu et de ses œuvres, au jour du Dimanche, selon que la table suivante vous pourra montrer... Le « Mercredi » est encore appelé plus loin le « jour des prières. » La table qui suit assigne à ce jour 37 Psaumes. Le mercredi continua longtemps à être plus spécialement consacré au culte de semaine. Les Ordonnances ecclésiastiques de 1561 (Calvini Opera, X, 93), tout en établissant un prêche tous les jours dans les trois paroisses de Genève, ajoutait: « Mais que les prières soient faites spécialement le jour du Mercredi. » L'Ordre du Collège de Genève (5 juin 1559) obligeait les élèves a assister «les Mercredis au service du matin. » Il résulte d'ailleurs des Ordonnances de la cité de Genève (confirmées et complétées en 1609) que, dès le commencement du dix-septième siècle, et probablement avant, le jeudi était devenu " jour de la prière, et avait hérité de cette qualité de « petit dimanche " qu'il a conservé dès lors à Genève, surtout en ce qui concerne l'école.
Sur quoi je prie le Bailli adjoint de m’accorder la permission et une audience de répondre, tant à la calomnie du Cordelier concernant l’église de Genève, qu’à la fausse déclaration qu’il a faite ; ou bien qu’ils me laissent en paix, parlant entre eux. L’huissier adjoint m’a indiqué que je devais pouvoir dire tout ce que je voulais.
[De l’ordre du jour prières à Genève]. Et après avoir regardé l’avertissement contenu dans les Psaumes, ce Cordelier tenu à la main lui montra que le mercredi n’est qu’un ordre civil sans obligation de conscience, et pour convenir en union fraternelle, et que les rois anciens ont toujours maintenu un certain ordre pour maintenir le peuple dans la connaissance et l’obéissance de Dieu, et le service qui lui est dû. Suivant cet exemple, les princes chrétiens ont établi un tel ordre ; non pas pour lier les consciences, mais plutôt pour les soulager, comme les Apôtres l’ont fait aussi selon ce que notre Seigneur Jésus leur a enseigné. De là, il apparaît dans Romains 15, où saint Paul dit qu’il n’oserait rien dire que le Christ n’ait pas fait par lui pour amener les païens à l’obéissance, par la parole et par l’action. De même, saint Jean, dans sa deuxième épître, parlant de la doctrine de Jésus-Christ, dit : « Si quelqu’un vient et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas. » Saint Paul aux Galates, dans le premier chapitre, avertit l’Église que si un ange venait annoncer une autre doctrine que l’Évangile qu’il leur a annoncé, qu’il soit excommunié. De même, Jésus-Christ, dans les chapitres 8, 10, 18 et 20 de saint Jean, rappelle qu’il est le bon berger et que ses brebis n’écoutent pas la voix des étrangers ; et celui qui est de Dieu entend la parole de Dieu, et qu’il est la seule porte de la vie éternelle. C’est que, comme son Père l’a envoyé, il envoie ses apôtres, qui n’ont jamais enseigné d’autre doctrine que celle dans laquelle le Consolateur, le Saint-Esprit, les a confirmés et instruits. Et saint Pierre rappelle aux pasteurs son temps, et ordonne que ceux qui administrent dans l’Église prononcent les paroles de Dieu, et par sa puissance, n’aient en aucune façon la seigneurie ou la domination sur le troupeau. Au contraire, les pasteurs du pape imposent des lois avec une grande domination et une grande seigneurie, ce qui montre suffisamment de quel genre d’Église il s’agit. (1 Pi. 4).
[Des Conciles]. Le Cordelier me répondit, et me fit remarquer que l’ancienne Église assemblait les Anciens et les Ministres de l’Église pour se consulter et décider de ses affaires, tandis qu’au contraire, l’Église de Genève n’avait ni consulté ni assemblé aucun Ancien pour décider s’il était nécessaire de réformer l’Église de cette manière ; et qu’il me le montrerait dans mon propre testament, qu’il avait ; afin que je puisse comprendre plus clairement la forme de l’Église. Je lui demandai de considérer la procédure des Apôtres, et qu’il ne pensait pas que dans la réforme de Genève, ils avaient procédé à la hâte et sans l’avis du magistrat, des anciens et des ministres de l’Église, et, en bon ordre, avec toute la diligence et le soin nécessaires aux Écritures, suivant l’exemple de l’Église (1) de Thessalonique et de Bérée. à laquelle les apôtres saint Paul et Silas ont été envoyés, comme il apparaît dans Actes 17, pour savoir s’il en était ainsi.
(1) L'édition de 1619 a omis, par inadvertance, les mots depuis: et par bon ordre
Mais si nous n’avons pas appelé les ministres et les partisans de la grande débauche romaine et de son épouse le pape, il n’échappe pas qu’elle n’a pas été menée en bon ordre. Et quant à ce qui a été la cause de l’assemblée du conseil des anciens de l’Église de Jérusalem, pour la confirmation de l’Église d’Antioche, Actes 15, il est bien clair que les Apôtres n’ont pas introduit dans l’Église d’autre loi ou doctrine que la parole de Dieu ; comme le souligne saint Pierre dans le même passage, en disant : « Pourquoi tentez-vous Dieu en mettant sur l’Église un joug que ni nous ni nos pères n’avons pu porter ? Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus. De plus, ils ont écrit à Antioche qu’il faut s’abstenir des idoles et des autres infamies , qui sont publiques dans la Babylone du pape. En entendant cela, le Cordelier ne m’aurait pas laissé parler, si je n’en avais pas eu la permission.
Il m’a montré comment j’avais été baptisé dans l’Église de ceux-là. « Il est vrai (dis-je) que j’ai été baptisé dans le papisme ; mais, grâce à Dieu, cela n’empêche pas Dieu de me garder parmi les siens : de même que l’iniquité des hommes et leur corruption n’empêchent pas la grâce de Dieu, qu’il déclare aux siens quand il lui plaît de se manifester à eux par la régénération et le renouvellement de la vie par son Esprit, rafraîchissant nos âmes par le sang de son Fils Jésus-Christ ; comme l’explique saint Paul dans le sixième chapitre de l’épître aux Romains en parlant du baptême. Mais l’un des autres qui étaient là, voulant me parler de la messe, qu’il m’avait déjà entendu critiquer, ne voulant pas me laisser finir du tout, a demandé au bailli adjoint de m’en parler, ce qui lui a été accordé.
[La Messe]. Il me dit que j’avais parlé du sacrifice de la messe avec tout le blasphème et le mépris, et que j’avais fait une longue remontrance sur les sacrifices anciens, discernant celui de la messe, avec les raisons. Après avoir tout déclaré, tout spécifié et tout discerné, il rapporta le psaume 110 de David, qu’il exposa sur le sacerdoce éternel et perpétuel de la messe, dans ce qui y est dit : « Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech », et demandant qu’on te retint de me réduire aux saintes Écritures, me demandant ce que je voulais dire à ce sujet. Je répondis que l’Apôtre aux Hébreux avait suffisamment répondu pour moi, et qu’il avait instruit toute l’Église du Christ de ne pas s’attarder sur ces sacrifices, montrant que ce qui a été allégué dans le Psaume 110 au verset 4, où il est dit : « Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech », ne s’applique à aucun sacrifice, mais à celui-là seul, le sacrifice unique, suffisant et parfait de Jésus-Christ, offert une seule fois, comme l’Apôtre le déclare pleinement aux Hébreux, 7. 8. 9. 10. Et pour mieux déclarer que ce verset du sacerdoce éternel du Psaume 110 ne doit être approprié qu’à la personne de Jésus-Christ, l’Apôtre cite ce qui est écrit dans le Psaume 49:6-7, où il est dit que Dieu ne prend aucun plaisir aux sacrifices ou aux offrandes pour le péché ; mais seulement dans l’obéissance volontaire au sacrifice de Jésus-Christ, qui est la volonté de Dieu. Ce que l’Apôtre explique dans Hébreux 10, en déclarant plus amplement que par l’unique offrande du corps de Jésus-Christ, il a consacré pour toujours ceux qui sont sanctifiés, en disant : « Que nous sommes sanctifiés par l’offrande faite une fois sur la croix du corps de Jésus-Christ, dont il dit qu’il est assis dans les cieux à la droite du Père, jusqu’à ce qu’il ait fait de ses ennemis son marchepied », montrant clairement où se trouve le corps de Jésus-Christ, et quel sacrifice de la messe il a commandé. Le Docteur répond qu’il ne le comprend pas de cette façon ; mais selon la manière dont il l’a expliqué précédemment, se référant audit psaume concernant ce sacrifice de la messe. J’ai ajouté que le sacrifice que Dieu exige de nous, c’est la contrition et le repentir des chrétiens, comme il est mentionné dans le Psaume 51, et le sacrifice de louange, que l’Apôtre aux Hébreux 13 appelle le fruit de nos lèvres. Ou bien, après plusieurs remontrances faites par eux pour m’inciter à rejoindre leur Église romaine, le bailli adjoint me dit si je voulais me présenter aux actes et procédures de mon procès à Lyon. J’ai répondu que j’étais prêt. Puis on me montra une partie des documents signés, avec une phrase écrite sur parchemin, contenant mon exécution, pour être traîné sur une route de terre battue jusqu’aux Terreaux de Lyon, et là attaché à un poteau pour être brûlé, après avoir été étranglé. Après cette lecture, le Bailli adjoint me demanda si le contenu était tel qu’il m’avait été signifié et prononcé à Lyon. J’ai répondu qu’en ce qui concerne les documents que j’ai signés, ils font partie de mon procès ; mais quant à la sentence, elle ne m’a pas été prononcée ; et pourtant je suis disposé à m’en référer au contenu, acceptant volontiers ladite sentence en appel, étant prêt à signer de mon sang mes articles de Lyon et de Grenoble, que je n’ai signés qu’à l’encre.
[Conclusion du procureur du Roi contre le Fèvre]. Ensuite, on m’a montré un autre document, où le procureur du roi présentait ses conclusions : que pour l’accusation qui m’était portée de ne pas vouloir déclarer ceux qui m’avaient secouru sur la rivière, j’affronterais la question jusqu’à la fin ; et pour le blasphème et l’outrage contre la personne du roi et l’Église romaine, ainsi que l’hérésie dont on m’accuse, on me conduirait chez les Cordeliers, et là on me couperait la langue et on brûlerait lentement mon corps. L’huissier adjoint, après m’avoir lu, m’a demandé ce que j’avais l’intention d’en dire. Je répondis : Que je n’ai pu en aucune manière connaître les noms desdits appelants, qui n’ont pas voulu déclarer ou dire qui ils étaient, ni qui les dirigeait, si ce n’est le zèle de la religion que j’ai, qu’ils avaient entendu parler de moi à Lyon, et que par conséquent je ne puis les nommer ; aussi que je n’ai en aucune manière dit du mal de la personne du roi, et que je ne suis pas hérétique, mais chrétien. Ce que j’ai écrit pour répondre aux conclusions du procureur du roi. L’huissier adjoint me renvoya à une autre époque, et devant lui, je fus confronté à deux témoins, séparément, qui déposèrent de leurs accusations contre moi, concernant les calomnies susmentionnées. Mais en leur présence, j’ai indiqué à l’huissier adjoint les raisons de leurs faux témoignages, à tel point que Dieu, qui est le Père des orphelins et le protecteur des étrangers, a si bien géré que les accusateurs et les témoins se sont révélés être des ennemis capitaux, tant par leur procédure apparente qu’en partie par leur propre aveu. Sur quoi le bailli adjoint me demanda une réponse concernant lesdites conclusions du procureur du Roi ; et une fois cela fait, si je voulais rester sous la sentence de Lyon avec l’appel. C’est ainsi qu’ils se sont réunis à plusieurs reprises pour discuter de l’affaire de mon exécution.
Puis l’assistant huissier m’a demandé devant lui et tout le juge, où j’ai été de nouveau sollicité, persuadé et conseillé de retourner dans leur église, mais j’ai répondu : Que je n’ai pas d’autre délibération que de rester dans l’Église de Jésus-Christ et de sa parole ; et que je n’ai pas d’autre religion que celle-ci, et que si la parole de Dieu me montre une autre meilleure que celle que je tiens, je suivrai ce que la parole de Dieu me montre. L’un des conseillers me fit une remontrance : que je ne devais pas me fier à ma sagesse et à mes opinions ; et même que les Églises d’Allemagne sont divisées, et que si je ne me soumettais pas aux conciles, il faudrait qu’il y ait chaque jour un nouveau christianisme. Je lui réponds que je ne veux pas et que je ne veux pas rester dans mon opinion, ni dans aucune sagesse humaine ; mais seulement dans celle de Jésus-Christ, que le monde considère comme une folie, comme le dit saint Paul. Et en ce qui concerne ce que vous dites des Églises d’Allemagne, celles qui détiennent l’Évangile sont unies sans aucune discorde quant au véritable fondement. Et d’avoir chaque jour un nouveau christianisme, si l’on n’adhère pas aux Conciles ; il est dit par David dans le Psaume 33 et à d’autres endroits de l’Écriture : Que le Seigneur répande le conseil du peuple ; c’est pourquoi nous devons rester dans le conseil de Dieu et dans sa parole, comme l’ont fait les apôtres. Maintenant, je préfère rester dans le petit christianisme que dans la grande papauté.
Après ces choses, le Vi-Bailli me renvoya à la maison de l’évêque, où, après avoir appris quelque temps que j’étais à Lyon, parce que je n’étais punissable que pour la religion et la foi contenues dans ma confession, j’ai voulu parler à M. le Vi-Bailli, et j’ai demandé plusieurs fois le courrier de l’évêque de parler audit Vi-Bailli ; et sur ce refus, j’écrivis plusieurs lettres à mes juges de Grenoble ; et entre autres, un selon ce qui suit.
A Monsieur le Vi-Bailli de Grisivaudan et à son Conseil, Richard le Fèvre son prisonnier, Salutations.
C’est ainsi, Monsieur, qu’on m’a interrogé plusieurs fois devant vous sur ma foi et ma religion fondées en Dieu et en notre Seigneur Jésus-Christ, et sur son Évangile ; où, en présence de votre conseil, et avec beaucoup de votre foi, j’ai, par la grâce du Seigneur tout-puissant, fait apparaître la certitude que ma confession de foi est fondée sur la vérité de la parole de Dieu, de l’Évangile de Jésus-Christ, de la doctrine des Apôtres et par conséquent de toute l’Église, selon le peu de connaissances qu’il a plu à Dieu de me donner, suffisantes cependant pour repousser et mépriser la sagesse du monde ; néanmoins, jusqu’à présent, je n’ai eu personne dans votre Cour qui ait voulu me défendre. et si loin qu’aucun de vous ne me défende, qu’il y a plutôt tous ensemble des juges et des parties, qui déclarent suffisamment que l’accomplissement de la prophétie de David en Jésus-Christ et ses membres s’accomplit sous vos yeux, comme il est écrit : « Pourquoi les nations se mettent-elles en colère, et pourquoi le peuple complote-t-il en vain contre Dieu et son Christ ? » (Ps. 2). Je vois que je dois endurer le châtiment cruel de la mort, mais en le traversant, j’espère aller à mon Dieu et à mon Seigneur Jésus-Christ mon Sauveur, Juge souverain, dans ce royaume éternel et très haute cour, où vous et moi comparaîtrons devant le grand tribunal de Sa majesté, pour rendre compte de ma cause. qui est aussi la sienne, à laquelle vous vous opposez et que vous contredites si fortement ; dont le Seigneur Dieu ne se référera pas aux grands conseils, ni à la grande multitude du monde, ni à la grande et belle apparition, mais seulement à sa parole unique et simple, comme le dit David dans les Psaumes 98 et 99 : « Il jugera le monde selon sa fidélité, et
[Le bassin, le pot et l'eau de Pilate]. "Tout œil le verra, et ceux qui l’ont affligé". À tel point que toutes les excuses que vous prétendez par ignorance ne vous seront d’aucun secours ; au contraire, il y a danger qu’ils vous servent comme le bassin, le pot et l’eau à Pilate, pour s’absoudre du sang de Jésus-Christ ; car, comme ce bon Sauveur Jésus dit de tous ses membres : « Celui qui vous méprise me méprise ; » et « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui croient en moi, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mat. 10). Je prie donc le Seigneur de vous éclairer pour bien vous conduire dans vos affaires ; vous remerciant de la bonté que vous m’avez témoignée, et vous suppliant au nom de Dieu, puisque je ne peux pas vous parler pour vous déclarer mon intention, que vous me fassiez bien connaître l’arrangement que vous avez pris à mon sujet, en vous recommandant à Dieu. Des prisons de la Courrerie (1) de Grenoble, maison de l’évêque, ce deuxième jour de janvier 1554.
Votre prisonnier,
RICHARD LE FEVRE.
(1) L'archiviste de Grenoble ne croit pas qu'il y ait jamais eu une prison de ce nom dans cette ville, et suggère que ce mot est peut-être une corruption du mot « Conciergerie.» Toutefois il est assez remarquable que les Chartreux ont eu une prison spéciale près de leur couvent, appelée Courrerie. Faudrait-il en conclure que Le Fèvre aurait été transféré à cette prison, voisine de la Grande-Chartreuse?
Renouvellement de Richard le Fèvre, de Grenoble à Lyon.
Or, quoi qu’il en soit, il ne m’était possible de parler qu’à M. le Vibailli ; Comme j’étais dans ma retraite, vers dix ou onze heures du soir, le prévôt des maréchaux est venu avec sa bande et le greffier des tribunaux, qui m’a informé verbalement que M. le Vibailli m’envoyait à Lyon. Le prévôt m’emmena soudain dans sa chambre, enfermé, attendant le clair de lune ; de sorte que, peu après trois heures du matin, je fus monté à cheval, enchaîné, ligoté et enfermé. Et nous sommes passés par Moran (1) avec toute la bande du prévôt, qui cette nuit-là m’a enchaîné à l’un de ses hommes. Et, quittant la route de Lyon, nous passâmes par Vienne, à cause de la crainte des embuscades que craignait le prévôt ; car le bruit était tel.
(1) Moirans (Isère).
Le prévôt m’amena aux prisons de Rouane (2), me recommanda au concierge, puis alla prévenir de mon arrivée le lieutenant de Lyon, nommé Tignac. Environ douze jours plus tard, ledit lieutenant vint s’interroger sur qui j’étais, qui m’avait apporté, mon nom et mes antécédents, ainsi que quelques points de religion. Ce à quoi j’ai répondu selon ce que le Seigneur m’a donné ; et je restai sans savoir que faire, attendant le jour heureux de ma pleine délivrance ; priant mon Dieu de me donner l’assistance qu’il jugera à propos, en toute patience ; et d’augmenter ma foi au point de vaincre tout ce monde, de pénétrer même au-dessus de tous les cieux dans ce bonheur béni et ce royaume éternel, avec ce bon Dieu et Père de miséricorde, et ce bon Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
(2) La prison dite de Roanne, à Lyon, était bâtie à peu près sur le même emplacement où fut construit, au commencement du treizième siècle, l'hôtel de Roanne. Cette construction prit son nom de deux chanoines de la Primatiale de Saint-Jean, Giraud et Guillaume de Roanne, puinés des comtes de Forez, qui la possédèrent successivement. L'hôtel de Roanne échut par voie d'héritage aux dauphins de Viennois, et Humbert II le céda à Philippe de Valois, qui l'incorpora au domaine de la couronne. Cet édifice servit successivement d'hôtel des monnaies et de siège de la sénéchaussée et justice royale. Au seizième siècle, la prison de la ville y était établie, tout à côté de la Cour du lieutenant du sénéchal. Elle existe encore, de nom tout au moins.
Le dernier procès tenu dans la ville de Lyon contre lui, au quartier général du lieutenant Tignac.
De même que (1) ce bon Père de miséricorde, Dieu de consolation, nous a montré son assistance dès le début dans la foi de l’Évangile de son Fils Jésus-Christ, de même nous espérons parfaitement qu’il ne nous abandonnera pas sans cesse et jusqu’à la fin de son secours. C’est pourquoi nous devons, en toute action de grâces, le louer et le magnifier, et en toute humilité de prière, nous recommander toutes nos affaires, en les lui confiant entièrement, et il les accomplira comme il l’a promis. Suite à cela, je le prie humblement de parfaire ce qu’il a commencé, espérant parfaitement que sa bonté l’accomplira en moi, comme il me soutient ordinairement par sa vertu jusqu’à aujourd’hui.
(1) La pièce suivante fut sans doute adressée à Calvin, comme semblent l'indiquer le très-cher frère» au commencement du deuxième paragraphe et les allusions qui suivent à une correspondance antérieure, dont l'existence est attestée, non seulement par la lettre de Calvin que l'on a lue plus haut, mais encore par une lettre autographe de Richard Le Fèvre au réformateur (3 mai 1554), qui se trouve à la Bibliothèque de Genève (vol. 109, f. 51), et dont voici un extrait: «Cher et parfait ami Monsieur Calvin..., cette lettre a pour but de vous informer que j’espère célébrer la Pentecôte dans le royaume des cieux et assister aux noces du Fils de Dieu..., à moins que je ne sois appelé plus tôt par ce bon Seigneur et Maître à qui je suis prêt à obéir à sa voix, lorsqu’il dira : Venez, vous qui êtes les bénis de mon Père ; héritez du royaume préparé pour vous dès la fondation du monde... » Une autre preuve, s'il en fallait, que la pièce qui suit et ses appendices étaient adressés à Calvin, c'est que, écrits le 6 juillet 1554, avant veille de la mort de Le Fèvre, elles figuraient dans le Livre des Martyrs. publié cette même année pour la première fois par Crespin, sous les yeux du réformateur. Voy. Calvini Opera, XIV, 18; XV, 129, 139. Lettres françaises, 1, 316.
Pour cela, je l’en remercie humblement, en me mettant entre ses mains pour parfaire ce qu’il a bien voulu commencer. Et pour cela, je vous demande de le pourvoir humblement, comme je lui demande aussi aujourd’hui de vous guider dans toutes les affaires, en augmentant les grâces de son Esprit Saint, afin que vous puissiez marcher devant lui de telle sorte que son saint Nom soit toujours glorifié et que son Église soit construite. Qu’il en soit ainsi.
J’ai été très heureux (cher frère) lorsque vous avez été informé de ma prochaine expédition, qui aura lieu (comme je le crois) samedi prochain, le 8 juillet (1), afin qu’au moment opportun vous ayez une meilleure occasion de prier ce bon Dieu pour moi. Aussi, le portier m’a informé que vous voudriez un double des derniers Articles que j’ai dû signer aujourd’hui (2).
(1) Le Fèvre annonce ici que son exécution est fixée au samedi 8 juillet. Quelques lignes plus bas se rencontre cette indication précise: «Aujourd’hui, jeudi matin, le 6 juillet. » Mais, d'autre part, cette lettre est datée du a vendredi, sixième de juillet, » et Crespin dit que l'exécution eut lieu « le samedi, septième de juillet. » Il est probable que c'est cette dernière indication qui est la vraie, et que la première est une erreur de date, bien excusable chez un prisonnier.
(2) Nous avons ici l'indication des moyens par lesquels passaient les correspondances des prisonniers. C'est grâce à des portiers gagnés par quelque gratification ou touchés par la piété de leurs prisonniers que nous ont été conservées tant de pièces qui jettent un jour si touchant sur les suprêmes préoccupations des martyrs du protestantisme.
[Interrogatoires faits à Richard à Lyon]. Sache (frère très cher) qu’aujourd’hui, jeudi matin, 6 juillet, j’ai été interrogé pour me rappeler les dernières réponses que j’avais précédemment données devant le lieutenant Tignac, dès le début de mon emprisonnement ici, venant de Grenoble. Ce à quoi j’ai répondu que je ne me souvenais tout simplement d’aucun d’entre eux en raison du long passage du temps. Ledit Tignac a réitéré certaines questions et réponses que je lui avais données à ce moment-là, qui concernaient la manière dont je m’étais évadé, ce que j’ai reconnu, sans révéler les faits précis, également concernant la connaissance des personnes qui m’étaient inconnues. De plus, on m’a interrogé avec insistance pour savoir si je restais ferme dans mes opinions. À quoi j’ai répondu que je n’avais pas d’opinion particulière personnelle, mais que je désirais rester dans la foi de Jésus-Christ avec toute l’Église chrétienne et, en tant que membre de celle-ci, respecter toutes les ordonnances que Jésus a établies pour elle. Puis ledit Tignac m’a conduit dans cette vaste étendue où règne le Pape. Je lui ai répondu que je ne comptais pas sur une telle multitude et un tel étalage, qui ne peut avoir de fermeté dans la foi, pas plus qu’un fondement posé sur une abondance de sable, mais que je suis content d’être soutenu et soutenu sur un seul rocher, qui est Jésus-Christ et son Évangile. Et à cela, ledit Tignac, en riant, regarda son compagnon et dit que c’était une belle comparaison, et me demanda quel rapport elle pouvait avoir par rapport à ce qu’il m’avait demandé. Je lui répondis que, puisque Jésus-Christ l’a ainsi appliquée à la différence entre l’opinion commune du monde et la foi de ses élus en un seul Dieu, et celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ, cela suffit pour ma défense contre lui. (Mat. 7). Tout en parlant, le susmentionné Tignac dit à son compagnon qu’il n’y avait dans cette affaire ni argument ni raison. De plus, il m’a demandé si je croyais que dans le sacrement de l’autel, après la consécration faite par le prêtre au pain, le vrai corps de Jésus-Christ n’est vraiment et substantiellement pas présent. R. « Pour ma part, je crois parfaitement qu’en participant au Saint Sacrement de la Cène, je participe et me nourris du corps et du sang de Jésus-Christ, qui est monté au ciel à la droite du Père, et que je n’ai rien à voir avec les consécrations de ce pays, ni dans tous les agissements qui s’y accomplissent, mais j’adhère à la règle générale que saint Paul a montrée à toute l’Église, après l’avoir reçue du Seigneur Jésus, comme il l’a instituée, et que les Apôtres ont maintenue, et par conséquent toute l’Église, avec laquelle je veux rester, et je ne reconnais aucune religion chrétienne dans ce pays soumise à la religion pontificale (1 Cor. 1). Item, il examina s’il ne m’avait pas été démontré par la parole de Dieu que mes articles étaient faux. Si je ne voulais pas me réduire, je répondais que je le ferais volontiers, et je le priais d’entendre le contenu du registre de ma réponse et de le signer. Il m’a dit qu’après l’audience, le greffier viendrait me lire tous mes écrits et mes délibérations, et me les ferait signer.
Environ quatre heures plus tard, Tignac revint avec plusieurs de ses conseillers, et ce médecin enfumant (1) de la Sorbonne, m’ayant convoqué devant eux, réitéra de nouveau l’affaire du sauvetage (2), puis récitant ma réponse à celle-ci, m’accusa de désobéissance à la justice, et pour l’incompréhension des pétitionnaires susmentionnés, me dit qu’il ne pouvait être plausible qu’une telle action m’eût été inconnue, mais je lui ai montré la raison qui démontrait le contraire.
(1) Foxe, en reproduisant en abrégé ce récit (IV, 424), a pris ce mot pour le nom du docteur de Sorbonne. Pantaléon dit de son côté: « Quem Fumosum appellant » (p. 296). Ce mot, employé à deux reprises par Le Fèvre, est évidemment un qualificatif destiné à marquer l'obscurité de la théologie du docteur.
(2) L'acte par lequel il avait été délivré lors de son premier procès.
[De la présence du corps du Seigneur]. Après m’avoir interrogé au sujet du sacrement, pour savoir si je croyais que dans le sacrement, sous l’apparence du pain, le vrai corps de Jésus-Christ y est présent. Je lui ai répondu : « Que, comme je l’ai toujours confessé, je crois qu’en participant au sacrement, Jésus-Christ nous le présente et donne son corps et son sang pour nous nourrir éternellement ; c’est ainsi que je communie et que je suis nourri par le corps et le sang de Jésus-Christ, qui est aux cieux à la droite du Père en sa présence corporelle, qui, par son Esprit Saint, me soutient et me nourrit spirituellement par son corps et son sang, qui nous ont été donnés pour nous nourrir éternellement dans son royaume céleste. Q. « Si je crois que le pain est transsubstantié. » « Comme l’ont cru les Apôtres et les Pasteurs de l’Église et m’appropriant les éléments, les retenant dans leur propre substance, ainsi je veux rester dans leur doctrine, comme la règle générale nous est montrée par saint Paul, qui l’a correctement reçue du Seigneur Jésus-Christ, comme il le proteste, laissant les éléments dans leur propre substance, comme il dit : « Le pain que nous rompons n’est-il pas la participation du corps du Christ ? » (2 Cor. 10).
[Transsubstantiation comment entendue par l'Enfumé]. Il a dit aussi de tous les autres apôtres concernant le sacrement qu’ils étaient unanimement d’accord dans la Parole et la prière, et dans la fraction du pain. (Actes 2). Là-dessus, le docteur de la Sorbonne, à qui l’on a demandé la parole, m’a dit que bien que les Apôtres n’aient pas utilisé le mot Transsubstantiation, cela ne signifie pas qu’il ne peut pas être compris de manière significative, et il m’a rappelé que si je devais me concentrer uniquement sur les mots, je tomberais dans beaucoup d’erreurs, comme ne pas croire que Jésus-Christ était vraiment Dieu et homme dans le sein de la Vierge, parce qu’il n’est pas correctement écrit de cette façon, et que ce mot Trinité ne se trouve pas dans toute l’Écriture, ainsi, en parlant du sacrement, bien qu’on n’y trouve pas ce mot de transsubstantiation, il est compris en vérité lorsque Jésus-Christ a dit : Ceci est mon corps. J’ai demandé à être écouté et j’ai répondu : Non seulement Jésus-Christ, ni ses apôtres, ni aucun docteur et pasteur de l’ancienne Église n’ont mentionné la transsubstantiation des éléments, mais ils ont montré le contraire, car ils voulaient enseigner aux fidèles à conserver la substance des éléments dans leur propre nom, comme il apparaît dans Actes 2 et 20. et 1 Corinthiens 10 et 11 de même, partout où il est fait mention de la dernière Cène. Et lorsque Jésus-Christ a distribué le sacrement aux disciples, il leur enseigne que le sacrement est un saint souvenir de sa mort et de sa passion, et un acte d’action de grâces, comme il le leur déclare plus tard, leur ordonnant de prendre et de manger en mémoire de cette passion. Et ce qu’il appelle le pain son Corps, c’est en les ramenant à sa Passion, comme l’Agneau pascal, qui n’était pas la Pâque ; mais il signifiait le passage et la délivrance d’Égypte, comme en parle saint Paul ; C’est ainsi qu’il appelle ce qui signifie la chose signifiée. (2 Corinthiens 5). Dans une telle communication, Jésus-Christ nous donne son corps et son sang pour nous nourrir éternellement avec lui par la foi en la puissance de son Esprit. Quant à la Trinité, les trois personnes sont suffisamment et clairement déclarées dans l’unité, comme le déclare saint Jean, et d’autres passages de l’Écriture montrent clairement la Trinité. La divinité et l’humanité de Jésus-Christ sont également clairement déclarées dans les Écritures, comme mentionné dans Isaïe, que la Vierge donnerait naissance à l’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous, et dans le premier chapitre de saint Matthieu et dans d’autres endroits où l’incarnation de Jésus-Christ est discutée. Cependant, il n’y a aucune mention de la Transsubstantiation dans toute l’Écriture. (1 Jean 5). Le Docteur, ne me permettant pas de terminer, me répond que ce que dit Jésus-Christ est suffisant pour la Transsubstantiation, quand il dit : « Ceci est mon corps », comme l’ont compris les Docteurs de l’Église, et qu’il n’y a pas non plus plusieurs articles de foi écrits, qu’il faut croire, et il m’a donné une longue exhortation dans laquelle je ne pouvais rien comprendre à cause de ses subtilités ; mais il n’a pas pu trouver dans toute l’Écriture, tant dans les Apôtres que dans les anciens Docteurs, que les éléments soient transsubstantiés. Il m’a dit que oui, vraiment, mais que je ne voulais pas entendre ce qu’il y a dans le chapitre 6 de saint Jean et plusieurs docteurs de l’Église. À la fin, je lui ai répondu que dans le même texte cité, Jésus-Christ déclare qu’une telle consommation est spirituelle et non charnelle, comme il le dit ensuite : « La chair ne sert à rien ; c’est l’Esprit qui donne la vie ; les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie », bien qu’il ne parlait que de la foi en Jésus-Christ. De plus, saint Augustin dit à propos du sacrement : « Crois et tu as mangé », déclarant que la foi nous permet de vivre du corps de Jésus-Christ par la puissance de son Esprit. Il m’a dit que je n’avais pris dans les paroles de saint Augustin que ce qui me plaisait, et non pas ce qui appartient entièrement à la foi de l’Église. Je lui ai répondu que je me contentais de rester simplement dans la doctrine des prophètes, de Jésus-Christ et de ses apôtres. Tignac me rappellera, n’étant ni médecin, ni formé en théologie, ni parmi les anciens docteurs, pourquoi je me mets tant en avant dans le désir d’entreprendre d’enseigner aux autres et de corriger ce que toute l’université de l’Église veut. R. Quant à moi, je ne suis pas vraiment docteur, ni formé en théologie pour enseigner et corriger, donc je n’entreprends pas ces choses, je ne veux pas non plus être séparé de l’union de l’Église universelle, mais en tant que membre de celle-ci et de Jésus-Christ, je veux y rester. Cependant, je ne peux pas avoir d’autre croyance que celle que Jésus-Christ a enseignée dans son Évangile, les Apôtres, et par conséquent toute l’Église. Ainsi, puisqu’il a plu au Seigneur Jésus-Christ de m’enseigner par son Évangile ce que tous les chrétiens doivent croire, il est tout à fait raisonnable que je le maintienne jusqu’à la fin.
[Confession]. Il m’a demandé si je croyais à la confession. R. « Oui. » D. « Comment, et à qui ? » R. « À Dieu et à ceux que j’ai offensés. » D. « La confession auriculaire n’est-elle pas l’institution de Jésus-Christ ? » R. « L’Évangile ne parle pas de se confesser secrètement à l’oreille d’un homme, mais nous devons confesser nos péchés à Dieu, et le sang de son Fils Jésus-Christ nous purifie de tout péché. comme il est dit dans saint Jean, et en plusieurs endroits dans les Psaumes. De plus, en ce qui concerne le prochain, il est question de se réconcilier afin d’éliminer toute discorde, et saint Jacques exhorte les fidèles à se confesser les uns aux autres, mais il n’est pas fait mention de la confession auriculaire. (1 Jean 1).
Le docteur enfumé de la Sorbonne m’a fait une remontrance sur la puissance que Jésus-Christ a donnée aux pasteurs de son Église : « À qui vous pardonnerez les péchés, ils seront pardonnés, et à qui vous les retiendrez, ils seront retenus », et ce que Jésus-Christ a démontré dans le chapitre 18 de saint Matthieu et en d’autres endroits, où il a mentionné la purification du lépreux, pour se présenter devant le prêtre, et a dit que puisqu’il y a absolution et rétention, la confession est également nécessaire. Je lui réponds qu’il y a bien confession, non oreillette ; mais en vertu de la prédication de l’Évangile, la foi produit les fruits de la pénitence et de la repentance. L’absolution est confiée aux pasteurs par la prédication, en ce sens que pour les obstinés et les endurcis, les péchés sont conservés, ainsi que l’excommunication, tandis qu’à l’inverse, pour les dociles et obéissants à la prédication de l’Évangile, les pasteurs accordent l’absolution complète en vertu de la prédication de l’Évangile. De plus, Jésus-Christ, en donnant un tel pouvoir à ses apôtres, les a chargés d’enseigner publiquement l’Évangile, en disant : « Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie ; allez, prêchez l’Évangile. (Jean 20). Ce docteur m’a parlé assez longuement, à la fois de saint Jacques et d’autres passages, affirmant que cette absolution devait être attribuée à un prêtre, citant plusieurs raisons pour éviter des désagréments : il voulait aussi me persuader de le croire par les conciles et la philosophie. Je lui ai répondu que, pour ma part, je ne fais rien d’autre que ce que j’ai répondu, que j’ai appris de ma jeunesse dans l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ et de ses Apôtres. Le docteur, s’adressant au lieutenant et à son conseil, lui dit : « Je me doutais bien que je n’arriverais à rien, car il est tout à fait obstiné, et c’est pour cela que j’ai tardé à vouloir lui parler. » Il prit congé et s’en alla. Le lieutenant me demanda de nouveau si je voulais rester et persister dans ces erreurs, et qu’il avait fait appel à un savant pour m’instruire et que je devais penser à moi. Je lui répondis que je pensais volontiers à moi, mais que, grâce à Dieu, je n’avais pas d’erreurs et que je ne voulais pas en avoir, mais seulement les articles de la foi chrétienne. Puis il m’a demandé comment je pouvais dire que ce que j’appelle la parole de Dieu est la parole de Dieu. Je lui répondis que, si notre désaccord consistait en cela, il serait bientôt résolu, mais que puisque c’est la parole de Dieu sans aucun doute, il ne devrait pas se soucier de savoir qui me le fait croire. D. « Là où on m’a enseigné pour la première fois. » R. « En Angleterre dès ma jeunesse. » À quoi il me rappela que dans ce pays il n’y avait pas longtemps qu’on avait abandonné la religion romaine, et me demanda comment j’avais appris. Je lui ai répondu : « Quoi qu’il en soit, l’Angleterre a longtemps eu une multitude de chrétiens qui détenaient l’Évangile, dont plusieurs ont été cruellement tourmentés à mort, comme vous nous tourmentez aujourd’hui pour cette même vérité. » Il a ordonné que je sois ramené.
Le vendredi suivant, je fus de nouveau présenté audit Tignac, avec tout son conseil assemblé, où l’on me demanda si je voulais rester dans mes fausses opinions, et qu’ils avaient réuni des gentilshommes pour tout apaiser et tout pacifier, si je cédais, et que aussi le docteur, saint personnage, avait été appelé pour me libérer. Que si je veux obstinément persister, les messieurs du Parlement leur ont donné le pouvoir de prononcer une sentence définitive, et sans appel. Je lui répondis : « Que je ne suis ni obstiné ni hérétique, mais chrétien ; si le Docteur m’a parlé, j’ai fait comprendre devant ce concile que mes articles de foi sont fondés sur la Parole de Dieu et sur l’Évangile de son Fils Jésus-Christ, selon l’Église à laquelle je suis uni. De plus, le docteur n’a pas démontré devant ce concile que la doctrine de ce pays a un fondement dans la vérité de Jésus-Christ et de ses apôtres, mais seulement en philosophie, en raisons humaines et en subtilités, désireux de dessiner et de reconstituer les paroles du Christ. Et bien que je sois condamné à mort comme hérétique par vous, vous n’êtes pas des juges compétents de l’affaire, mais vous et moi comparaîtrons devant le tribunal de la justice de Dieu, le grand et souverain Juge ; devant lequel il m’est très agréable d’aller le premier.
[Il entend parler de son premier emprisonnement]. D’ailleurs, depuis longtemps vous me sollicitez de toutes vos forces et me conseillez d’en appeler aux présidents de Paris, ce que je n’avais pas l’intention de faire, à l’occasion duquel vous m’avez apporté l’exemple de saint Paul faisant appel à César, pour m’induire et me faire accepter votre conseil, et même vous n’avez jamais voulu que je prononce une sentence ; au contraire, j’ai été conduit, et je ne sais pas pourquoi, ni comment on m’a empêché d’aller là où Dieu m’appelait. Or, à ce moment-là, vous n’aviez pas le privilège de rendre une décision définitive, et maintenant vous me dites que je dois passer entre vos mains. Le conseil m’écouta attentivement, et Tignac me répondit qu’il n’était pas là et qu’il ne le croyait pas, car il était alors lieutenant. Je lui répondis que, sûr de ces paroles, je m’en référais à tout le conseil lorsqu’il serait assemblé, et surtout qu’il y avait tout le monde qu’il y avait du nom de Tignac, qui était boiteux pour les apparences, chaussé de bottes de cuir noir, ce qui me donnait une vraie connaissance du peuple et qu’une telle chose ne peut être ignorée, ainsi que le préfet M. du Puis et plusieurs autres que je ne puis reconnaître. Plusieurs membres du conseil répondirent qu’il était peut-être vrai que le lieutenant s’y trouvait. Tignac interrompant la discussion m’a dit qu’il n’était pas nécessaire de s’attarder là-dessus, me demandant si je ne voulais pas changer de sujet. Je lui ai répondu que je ne savais rien d’autre, et il a ordonné qu’on me reprenne. C’est pourquoi j’attends la bonne volonté de notre Dieu, le priant de me soutenir en toute patience par sa vertu, me conduisant à cette vie éternelle qu’il a promise par Jésus-Christ son Fils ; à qui seul sont toute gloire, domination et honneur pour les siècles des siècles. Des prisons de Lyon à Rouen, ce vendredi 16 juillet 1554.
Voici la réponse et le dernier aveu que Richard le Fèvre soutint devant les juges de Lyon, la veille de sa mort ; dans laquelle, s’il y a répétition ou une manière inhabituelle de parler, il sera du devoir du lecteur de tout supporter, tout comme le nôtre l’a été de recueillir et de présenter fidèlement les écrits de ceux qui ont persévéré fermement dans la confession de la vraie doctrine.
Oraison que la Fèvre a prononcée pour le jour du dernier châtiment, sous la forme d’une confession de foi.
Dieu tout-puissant et tout-sage, qui, dès le commencement, a connu l’inconstance et la fragilité de l’homme, qui, par sa présomption, voulant s’élever en orgueil contre ton saint commandement, est tombé dans les filets du diable et de la mort éternelle, avec toute sa postérité, à laquelle il t’a plu, par ton infinie bonté, d’avoir compassion, en lui fournissant un remède bon et convenable, en supportant sa fragilité, et en lui promettant que la semence de la femme écraserait et détruirait la puissance du serpent, qui est le diable, qui a été l’instigateur du péché, par lequel la mort est entrée dans le monde (Gen. 3), c’est pourquoi tu as établi ton alliance par ta sainte promesse, et l’ont depuis présenté et aussi confirmé à Abraham, Isaac et Jacob, aux patriarches, aux prophètes et aux gouverneurs de votre Église d’Israël, en établissant une loi et une sainte ordonnance de justice et de sainteté de vie par vos saints commandements ; en faisant connaître à travers eux la perversité et la misère des hommes, afin qu’en espérant dans les promesses divines de rédemption par le Messie promis, qui est votre Fils bien-aimé, ils puissent obtenir le salut par ce moyen. Ce Fils (quand sera venu le temps que tu as ordonné d’accomplir ta sainte promesse, selon le bon plaisir de ta volonté), tu l’as envoyé dans le monde comme le vrai Rédempteur, pour ratifier et sceller la promesse de notre salut ; et il s’est fait homme, chair de notre chair, et os de nos os ; et cela en prenant notre nature dans le sein de la Vierge, de sa substance, par la vertu incompréhensible de l’Esprit Saint. (Luc 1). C’est ainsi qu’il a été soumis aux infirmités et aux passions de l’homme en toutes choses, sauf le péché, étant pur et innocent, saint, juste et parfait, afin de purifier, sanctifier et justifier tous ceux qui, par une foi et une espérance fermes, s’appuieront sur le seul salut acquis par ton Fils ; dans la foi duquel tous les croyants sont justifiés, que vous avez choisis pour être vos enfants adoptifs par votre Fils Jésus-Christ, pour être faits membres de son corps. Qui, pour satisfaire à votre justice et à votre équité pour le châtiment du péché, et pour nous racheter de la mort, s’est présenté, par une obéissance volontaire, pour souffrir la mort ignominieuse de la croix, dans un sacrifice et une oblation saints et solennels pour les péchés de tous ceux qui s’arrêteront et recevront par la foi ce saint et unique sacrifice, suffisant et perpétuel pour le temps que Jésus-Christ ton Fils t’a offert sur la croix, où il a porté le lourd fardeau des péchés de tous ceux qui, par une foi et une espérance fermes, se tourneront vers le seul salut qu’il nous a acquis, étant mort pour nos péchés et ressuscité dans la gloire pour notre justification ; de sorte que, par ce seul moyen, les croyants sont faits enfants de Dieu, membres du corps de Jésus-Christ, héritiers du royaume des cieux et participants de sa glorieuse immortalité, par la puissance de sa résurrection triomphante, par l’Évangile de grâce, qui est l’annonce bénie et joyeuse du bénéfice de la réconciliation et de la rédemption. C’est pourquoi, Dieu béni, Père de miséricorde et de toute consolation, comme il t’a plu par ta bonté de me recevoir dans la miséricorde, m’ayant assuré de cette heureuse grâce de l’élection éternelle par l’adoption de ton Fils Jésus-Christ, dans l’Évangile de grâce, par lequel tu m’as appelé à la connaissance de ta sainte et bonne volonté à mon égard, Tu m’as aussi établi en ce lieu pour être un témoin de ta sainte vérité, à travers la souffrance présente qui m’est ordonnée et préparée aujourd’hui. Ce que je reçois de bon cœur et ouvertement, étant certain de la rémission de mes péchés en vertu de la mort bénie de votre Fils Jésus-Christ, qui est ressuscité d’entre les morts et est monté à la gloire céleste ; en vertu de laquelle je ressusciterai le dernier jour de sa venue triomphante, pour jouir parfaitement de sa glorieuse immortalité avec lui éternellement ; Étant assuré que maintenant mon esprit sera reçu dans sa sainte protection et sauvegarde avec les bienheureux dans son royaume éternel, quittant ce monde présent par la mort corporelle, qui m’est actuellement ordonnée en ce jour par le supplice qui est maintenant préparé pour moi. C’est pourquoi, bon Dieu, Père très bienveillant, plein de miséricorde et de toute consolation, je te prie qu’il te plaise, au nom de ton Fils Jésus-Christ, d’étendre ta bonté et ta puissante vertu sur moi, ta pauvre créature ; et qu’en toute patience tu me fais passer au-delà de ce degré de la mort corporelle, en me tendant ta main puissante pour me retirer immédiatement victorieux de tous mes ennemis, me conduisant à cette vie heureuse que tu m’as promise en faveur de Jésus-Christ ton Fils notre Seigneur, en acceptant le mérite de sa mort et de sa passion en récompense de toutes mes fautes et de tous mes péchés, en vertu du saint et parfait sacrifice de ton Fils Jésus-Christ, suffisant, unique et perpétuel à jamais ; (Hébreux 10); et de cet Agneau Immaculé, de cette hostie vivante, de cette obéissance volontaire, et de ce sang précieux et sacré de votre Fils Jésus-Christ, qui a été versé pour la rémission de mes péchés. Et que c’est ainsi que je me présente à ta gloire, à ton honneur et à ta louange, me revêtant de la justice et de l’innocence de ton Fils Jésus-Christ, pour me présenter irréprochable devant ta face. Aussi, bon Dieu, qu’il vous plaise d’avoir pitié de votre Église, en rétablissant la dissipation et les ruines causées par la malice de Satan, que vous voulez détruire avec toutes ses œuvres dans son règne d’Antéchrist ; et que vous établissiez le règne béni de votre Fils Jésus-Christ, en édifiant l’Église que, bon Dieu, je vous recommande, comme vous en avez toujours pris soin. Aussi, Seigneur, je remets mon esprit entre tes mains, qu’il te plaise de le conduire à ton royaume béni. Pourtant, Seigneur, s’il te plaît, fortifie-moi dans la vraie foi, assiste-moi par ta vertu et ta puissance,
Une autre prière dudit Richard le Fèvre.
Seigneur Dieu, Père tout-puissant, je te rends grâce pour ce qui t’a plu en m’appelant à la connaissance de ton saint Évangile, et surtout pour l’honneur que tu m’as fait de participer aux tribulations de ton Fils Jésus-Christ. Je le sais clairement quand je considère que vous ne m’avez pas seulement donné la connaissance ; Au contraire, vous avez ajouté de la pratique pour faire de moi un homme parfait à la fin. Je sais bien que Jésus-Christ a enduré la mort et la passion pour moi, me donnant un exemple à suivre. J’ai bien lu les avertissements écrits par les apôtres et les évangélistes, que nous sommes bénis lorsque les hommes nous persécutent à cause de votre Fils Jésus-Christ ; mais quoi, Seigneur ? (Matthieu 5 ; 1 Pierre 3). J’avoue que jusqu’à ce que vous m’ayez fait pratiquer ce que je sais de vous, je n’étais pas très sûr de la connaissance de mon salut, comme je le suis maintenant. Je n’ignore pas la promesse que tu as faite, que lorsque nous nous tiendrons devant les grands hommes du monde, nous n’aurons pas de doute sur ce que nous pourrions leur répondre, et que cette bouche et cette sagesse nous seraient données par ton Saint-Esprit, que nos adversaires ne pourraient contredire (Luc 12); mais j’en ai maintenant fait l’expérience en moi-même, et je sais que tu es le vrai Dieu. Car, bien que je sois un insensé, tu as néanmoins rempli ma bouche de ton Esprit, de sorte que les sages de ce monde n’ont pas pu confondre ta simple vérité avec leurs mensonges. Je ne raconte pas ma victoire devant vous, mais la vôtre véritablement, qui a confondu et étonné mes adversaires. Votre gloire en cela est beaucoup plus grande, d’autant plus que je ne suis ni sage ni éloquent. C’est pourquoi, mon Dieu, je vous rends grâce pour tant de grâces que vous m’accordez, vous suppliant d’augmenter toujours ma foi, comme l’ont aussi demandé vos Apôtres, et de m’aider à progresser de foi en foi, c’est-à-dire par un accroissement de la foi ; car j’en ai grandement besoin pour surmonter les tentations de cette chair rebelle. (Luc 17). Ô mon Dieu, bien que je sois dans un grand tourment et une grande angoisse, cependant mon esprit ressent déjà les joies du ciel, qui me font oublier la douleur, ou du moins une partie de celle-ci. Les tyrans peuvent lier mes pieds et mes mains, et mettre cruellement à mort tous ces membres ; car, malgré eux, ils ressusciteront et seront glorifiés, et alors je rirai et me réjouirai, et ils pleureront et diront : 'Ce sont ceux dont nous nous sommes moqués, les considérant comme insensés et insensés ; voyez comme ils sont maintenant comptés parmi les enfants de Dieu. (Sagesse 5). Ainsi donc, mon Dieu, mon Père, s’il te plaît, arme-moi maintenant d’une grande foi pour résister à toutes les tentations ; que l’horreur de la mort m’effraie, mais puissé-je trouver du réconfort dans ce que Jésus-Christ, ton Fils, a goûté si amèrement, afin que la mort que j’endurerai me soit douce. Qu’est-ce que je dis ? Mort! Ha, mon Dieu, ce mot de Mort est trop dur ; Je parle mal, car il n’y a pas de mort pour le chrétien qui est uni à Jésus-Christ, qui est la vraie vie. C’est pourquoi je ne mourrai jamais ; car mon Rédempteur m’a promis que, puisque mon esprit a mangé sa chair et bu son sang, je ne mourrai jamais, je passerai seulement de la langueur à la vie, et de la maladie à la santé perpétuelle, de la douleur à la joie, de la douleur au bonheur, de toutes les malédictions aux bénédictions, de la famine et de la pauvreté à la richesse et à l’abondance, de l’ignominie des hommes à la gloire des anges, de la crainte des tyrans à l’assurance perpétuelle, de la compagnie des misérables pécheurs à celle des saints et des bienheureux. (Jean 6). Je crois, mon Dieu, puisque tu m’as fait pour ton martyr, qu’au dernier jour tu me feras combattre vaillamment contre ma pauvre chair, contre le diable et le monde, afin que, pour l’édification de l’Église, je sois comme un chevalier dans un champ clos, combattant et terrassant mes ennemis par ta vertu, et par l’épée aiguë des deux tranchants, qui est ta parole ; et d’obtenir la victoire par la victoire que Jésus-Christ a eue, par les mains duquel la couronne me sera remise. Ton Esprit Saint sera comme mon parrain, qui me consolera, me préparera et m’enseignera des armes spirituelles, pour faire de moi un homme très habile à combattre courageusement jusqu’à la dernière goutte de mon sang. (Hébreux 4). Et si, en attendant ce jour heureux, je suis tourmenté par des grêlons, des fers, des crosses, l’enfer, le froid, la saleté, l’obscurité, la faim, la soif, et d’autres choses semblables, cela ne devrait pas m’étonner, car les jambes liées dans les crosses ne font pas beaucoup mal quand la main touche déjà le ciel. Avant d’entrer sur le champ de bataille, les champions qui doivent se battre les uns contre les autres ne prennent pas leurs plaisirs dans un lit moelleux, mais prennent plutôt la peine de s’entraîner autant que d’arriver à la bataille finale ; Et pourtant, ils prétendent seulement avoir une couronne corruptible. N’ai-je pas alors une plus grande occasion de pratiquer avec ces petites croix avant d’arriver à mon grand jour ?
[Notez cette action de grâces]. À tout le moins, ô mon Dieu, si je suis mis à mort en sortant de cette prison, je ne serai pas exécuté comme meurtrier ou brigand ; mais pour la même cause pour laquelle tant de martyrs de ton Fils Jésus-Christ sont morts. Si j’ai commis un grand mal, pour lequel j’aurais bien mérité la mort (car même le plus petit péché dans le monde est digne de mort), vous l’avez caché et couvert, afin que ma mort soit réservée pour sceller de mon sang la doctrine de l’Évangile. Quelle est la valeur de tant languir ? Il vaudrait mieux mourir une fois. Le tourment n’est pas si long ni si grand pour être expédié en une heure, que de languir trois mois dans un lit. N’est-il pas préférable de mourir dans la joie pour mon Seigneur Jésus-Christ ? Ô Dieu éternel, quel grand honneur tu m’accordes, qu’il te plaît de me faire boire à la coupe de ton Fils bien-aimé Jésus-Christ, et de me préparer le même breuvage que lui-même a bu. Je n’ai plus affaire à la lumière du monde, puisque tu m’appelles, mon Dieu, pour me donner la lumière éternelle, à laquelle je veux maintenant être conduit par ton Fils Jésus, qui, dans l’unité de l’Esprit Saint, vit et règne éternellement avec toi.
Conclusion de la bataille de Richard le Tisserand.
Il y a là une belle matière pour considérer l’admirable providence de Dieu, non seulement en ce que, d’un mouvement universel, il gouverne les choses, mais encore en ce que, avec un soin particulier, il n’a pas voulu orner le premier combat de Richard l’Intrépide d’une mort victorieuse, ni qu’il était arrivé là où il semblait courir de toutes ses forces. Sauvé des mains de ceux qui l’emmenaient à Paris, il lui appartenait comme un délai, un répit et un loisir pour se préparer à une seconde bataille pour laquelle le Seigneur l’avait réservé, pour mieux le manifester, et pour rendre sa vocation exquise devant les hommes. L’anxiété de son esprit après cette délivrance, les longs circuits de ses voyages et la diversité de ses visages n’empêchèrent pas le Seigneur de perfectionner son œuvre en lui, et le dernier acte de sa vie fut pour la gloire de son saint nom, et pour la consolation de tous les fidèles. La prison des adversaires n’était pas seulement pour lui une leçon à toute patience, mais encore comme un palais royal, où il triomphait aussi magnifiquement qu’un homme de cette espèce ; Bref, il était tout à fait différent en prison qu’il ne l’était en liberté. Or, après qu’il eut été conduit et poursuivi d’un endroit à un autre, et que sa persévérance par tous ceux qui lui ressemblaient avait vaincu toute cruauté des juges ; enfin, après avoir reçu la sentence de mort, sa langue fut incisée et son corps brûlé vif le samedi 7 juillet 1554.
Après que Marie eut été en paix dans son royaume d’Angleterre, en grande hâte, ayant rétabli la papauté, les Églises qui avaient fleuri pendant le règne d’Édouard furent soudainement et misérablement dissipées. John à Lasco (1) Polonais, surintendant des Églises étrangères, étant à Londres, était très préoccupé suite à l’affection qu’il portait au troupeau du Christ, dans quel pays il pouvait trouver un endroit pour les rassembler et leur fournir un logement sûr. Finalement, d’un commun accord, il a été décidé que quelque chose serait tenté avec le roi du Danemark ; dont la charge entière fut confiée par les anciens à Jean à Lasco, Jean Utenhoue (2) et Martin Micron (3). Au moment de ce départ, la majeure partie de l’Église s’est jointe à la compagnie de ces trois personnes pour s’embarquer pour le Danemark. Le 17 septembre, ils s’embarquèrent dans le port de Grassienne (4) en Angleterre, et enfin, après plusieurs dangers dus aux tempêtes et aux tempêtes, ils débarquèrent à Hellesgnore (5), le port du Danemark, le 29 octobre. Apprenant que Jean à Lasco, le Roi était à Coldingue (6), il prit ce rôle accompagné des susdits Utenhoue et Micron.
(1) Jean de Lasco, ou Laski, né à Varsovie en 1499, d'une noble famille, fut attiré vers la Réforme par un voyage qu'il fit dans l'Europe occidentale, ou il entra en relations avec Zwingle et Érasme. Elevé à l'épiscopat, à son retour, il fut contraint, par sa conscience, à déposer les dignités ecclésiastiques, pour « servir, selon sa faiblesse, cette Eglise du Christ qu'il haïssait au temps de son ignorance et de son pharisaïsme. » 11 passa une dizaine d'années dans la Frise orientale, où il fit l'œuvre d'un réformateur. Il se rendit en 1550 à Londres, où il devint prédicateur et surintendant des Eglises étrangères établies dans cette ville. Il émigra avec son Eglise, lors de la persécution sous Marie, et rentra dans son pays natal, qu'il évangélisa jusqu'à sa mort. survenue en 1650. Voy. art. Lasco, dans l'Encycl. des sciences rel., Merle d'Aubigné, Hist. de la Réf. au temps de Calvin, t. VII, p. 554-644, et la Corresp. de Calvin, passim.
(2) Jean Utenhoue était un des membres de l'Eglise des étrangers à Londres. Il était natif de Gand. Par sa traduction du Nouveau Testament et des Psaumes, il travailla à répandre les doctrines évangéliques parmi ses compatriotes. Il a raconté lui-même les souffrances qu'il eut à endurer avec ses frères, dans la triste odyssée à laquelle les contraignirent l'intolérance catholique de Marie Tudor et l'intolérance luthérienne du roi de Danemark. Cet écrit de Jean Utenhoue, qui a dû servir de source à Crespin, est intitulé : Simplex et fidelis narratio de inslituta ac demum dissipata Belgarum aliorumque peregrinorum in Anglia ecclesia et potissimum de susceptis postea illius nomine itineribus, quaeque eis in illis evenerunt. In qua multa de Coenae Dominicae negotio, áliisque rebus lectu dignissimis tractantur. Per Joannem Utenhovium Gandavum. 1560. Le texte de cet écrit fut envoyé à Calvin par Utenhoue, qui désirait que Crespin en fût l'éditeur. Mais le réformateur jugea que le ton polémique de ce récit ne pourrait qu'élargir la brèche entre les Réformés et les Luthériens. Crespin refusa donc de l'éditer, et ce fut Oporinus de Bâle qui s'en chargea. L'esprit de paix qui q inspira ce refus se retrouve dans le« Bref récit » que Crespin inséra dans le Martyrologe, et où il passe légèrement sur les mauvais traitements que les exilés eurent à souffrir en Danemark. Voy., sur Utenhove, Burn, Hist. of the Foreign Prot. Refug. Londres, 1846, p. 186, et surtout l'ouvrage hollandais du D F. Pyper, Jan Utenhove, syn Leven en syne Werke. Leide, 1883. Ce dernier ouvrage contient la correspondance de Utenhoue, qui mourut en 1565. Voy. aussi les Opera Calvini, passim.
(3) Sur Martin Micron (Maarten Micron, c'est-à-dire le petit), ministre de l'Eglise des étrangers à Londres, voy. la note du t. 1. p. 561. Ce théologien hollandais avait été médecin avant de se vouer à la théologie. Chassé des Pays-Bas par la persécution en 1550, il s'associa à Londres aux travaux de Lasco, dont il traduisit plusieurs ouvrages en hollandais. Lors de l'avènement de Marie, il accompagna les exilés en Danemark, puis dans la Frise orientale, et de vint pasteur à Norden. Il mourut vers la fin du seizième siècle. Il prit une part active à la lutte contre l'ultraluthéranisme, à côté de son ami Lasco. Voy. sur lui la Corresp. de Calvin.
(4) Probablement Gravesend.
(5) Elseneur, en danois Helsingær.
(6) Kolding
Le 8 novembre, étant arrivés à Coldingue, ils n’obtinrent rien du roi ; car même son prédicateur, dans un sermon auquel ils assistaient, l’irritait et l’enflammait contre eux. Et non seulement ils se sont vu refuser un endroit où rester pour leurs églises, mais aussi un retour à leur peuple par Hellesgnore et Haffnie (1) ; à tel point qu’ils reçurent l’ordre de quitter le royaume par Holface (2). Beaucoup de troubles et de mésaventures leur arrivèrent alors à la cour du roi de Danemark, qu’il n’est pas nécessaire de raconter ici, puisque Jean de Lasco les a décrits fidèlement et soigneusement.
(1) Probablement Roskilde.
(2) Le Holstein, habité autrefois par les Holsati. On interdit aux réfugiés la voie de mer et on les obligea à s'en aller par la voie de terre.
C’est pourquoi, le 19 novembre, ils partirent de Coldingue et, sur l’ordre du roi, passant par Holface, se rendirent en Allemagne. C’est par cette route qu’ils se séparèrent, de sorte que le seigneur de Lasco et Jean Utenhoue descendirent en Frise ; Micron se rendit dans les villes maritimes de l’Est (1), pour recevoir les frères qui arrivaient du Danemark par la mer, pour les festoyer et les consoler. Car il avait souvent été signifié au nom du roi que sans délai tous seraient chassés du royaume. Micron arriva donc à Hambourg le 25 novembre, où, pour donner et recevoir la consolation dans un état si triste et si pitoyable de l’Église, il séjourna quelque temps avec les frères arrivés du Danemark. Et pour mieux s’informer sur le gouvernement des Églises et la doctrine qui y est prêchée, il assiste à des sermons et à des conférences publiques de théologie. De là, il se rendit à Lübeck et Wismar (2), et dans les environs, y retournant, jusqu’à ce qu’il entende par la rumeur commune qu’en raison du gel et du froid très rigoureux à cette époque, il n’était possible pour personne d’approcher le Danemark. Désireux de transmettre ces questions et d’autres à Jean a Lasco et à Jean Utenhoue, qu’il savait très soucieux des frères qui restaient au Danemark, il se rendit en Frise ; et le 28 décembre, il arriva à Emden (3). Peu de temps après, quelques frères venant de Vismare rapportèrent que les autres restés au Danemark étaient revenus, non sans grand danger pour leur vie, les uns à Lübeck, les autres à Vismare, tous néanmoins en bonne santé. Micron avait à peine appris cette nouvelle que, sur l’avis et avec le consentement des frères, il revint chez eux le 25 janvier à Vismare, d’où finalement, après plusieurs disputes sur la religion, notamment avec les ministres, l’ordre fut donné à tous le 22 février 1554 de partir. Ils se rendirent donc tous à Lübeck.
(1) Hambourg et Lubeck
(2) Wismar, en Mecklembourg.
(3) Ville du Hanovre, dans la Frise orientale.
Sous réserve de la connaissance de la vérité, apprenons de l’exemple de ce personnage à tenir cette vérité pour plus précieuse que toute vie plus longue que nous pourrions avoir dans ce monde mortel.
(1) L'édition princeps n'a qu'une notice de cinq lignes sur ce martyr.
La Cour du Parlement de Dole, dans le comté de Bourgogne, semblerait dégénérer des autres cours si, par des actes allemands et tout à fait semblables, elle ne se déclarait pas ennemie mortelle de ceux qui professent la vraie doctrine du Seigneur. Et sans chercher d’exemples de débuts plus élevés, à cette époque, il en a fourni la preuve en la personne de M. Paris Panier, qui non seulement faisait partie de leur corps, en tant qu’avocat dans ce Parlement et un juriste très doué, mais avait aussi tous ses parents et amis dans le même pays et le même comté de Bourgogne, étant d’un endroit appelé Cornière, à environ trois lieues de la ville de Salins. Il n’avait pas encore atteint l’âge de vingt-quatre ans quand, par la conspiration de quelques prêtres, Jean Sachet et Jean Paul, ainsi que d’un troisième membre de leur faction, il fut accusé d’avoir parlé contre le Dieu de leur messe nourrice.
Grâce à l’intelligence naturelle qu’il avait d’excellente, il s’était élevé non seulement au rang des hommes de lettres les plus éminents de son pays, mais aussi parmi les juristes renommés, grâce à ses connaissances et à son éloquence. Prisonnier, il résolut de ne pas céder à la vérité, même si beaucoup le pressaient de la compromettre un peu pour sauver sa vie et éviter la sévérité des édits de l’empereur Charles V, récemment publiés à l’égard des luthériens du comté de Bourgogne. Plusieurs furent emprisonnés à cette occasion, et quelques-uns s’absentèrent du pays pour éviter l’exécution desdits édits ; mais Paris Panier, demeurant ferme dans la confession de l’Évangile, au grand regret de ses juges, fut condamné à avoir la tête tranchée et ses livres à être brûlés devant lui. C’était un samedi, septième jour d’avril 1554 (1).
(1) Les Calvini Opera (XIV, 714, 720; XV, 135) nous permettent de compléter un peu ce trop court récit. Théodore de Bèze, dans une lettre à Bullinger (24 décembre 1553), lui fait part de l'arrestation de Paris Panier, trahi par des moines, au moment où il allait passer en Suisse. Sa mère et ses frères, soit par crainte, soit par fanatisme, n'osaient rien faire pour lui venir en aide. Abandonné de tous, il avait écrit à Genève pour demander qu'on intervint pour le délivrer. Bèze et, quelques jours après, Viret écrivirent à Bullinger pour le presser de mettre en mouvement le gouvernement bernois, afin d'arracher ce pieux jeune homme a aux griffes du lion. » Cette intervention fut, comme tant d'autres, inutile, et, quelques mois plus tard, Bèze faisait part en ces termes au même correspondant de la mort de Paris Panier: « Scripta jam epistola venit mihi in mentem officium illud ecclesiæ vestræ in nostrum illum Paridem, qui Dolæ vinctus erat Domini Jesu. Is capite multatus est su- periori mense, sed invicta constantia, ut audimus, non ipsos modo hostes, sed ipsam quoque mortem vicit. Laus Deo, qui utinam similem nobis animum largiatur, si visum illi erit ut nos quoque nostro sanguine ipsius doсtrinam obsignemus. » (Calv. Op., XV, 135.)
Оттно, оu OEST CATELINE, Flamen (2).
(2) Le nom de ce martyr était Joris ou Hoste van den Catelyne, comme l'écrit le martyrologiste hollandais Hœmstede. Crespin et Hœmstede se sont servis d'une petite brochure sur la mort de Catelyne, composée par Martin Micron (voy. plus haut, p. 59). Les deux auteurs ont écrit d'une manière indépendante. L'écrit de Micron est en hollandais, et M. Sepp ne pense pas qu'il ait jamais été traduit. Il est certain que Crespin connaissait le hollandais et pouvait puiser dans les documents écrits dans cette langue. Cette notice, moins le sommaire, figure dans la Troisième partie du Recueil des Martyrs, édit. de 1536, p. 61-72.
M. Martin Micron, dont il est question plus haut, ministre dans le comté d’Emde, a communiqué par écrit cette histoire mémorable, d’où l’on peut déduire que la vérité de l’Évangile, dans le cœur des fidèles, est une forteresse invincible ; et accomplit des actes aussi audacieux qu’on peut l’imaginer contre les témoins du mensonge .
[Église de Flamens à Londres]. Au cours du même mois d’avril de cette année, un homme nommé Ottho van Cateline, originaire de la ville de Gand, a enduré la mort dans cette ville pour la vérité de l’Évangile. Il était un bon travailleur dans la gravure et le démasquage de couteaux, d’armures et de choses similaires ; et il se retira jeune garçon dans le pays d’Angleterre, où le Maître qu’il servait l’appela Oest, ou George, et il resta dans ce pays aussi longtemps qu’il y eut une église de Flamands établie à Londres pendant la vie du bon roi Édouard VI, en l’an 1550. Ottho, bien qu’ignorant et même encore enclin aux superstitions papistes, assistait soigneusement aux assemblées pour entendre les sermons ; mais au début, il en profita très peu. Tout en continuant à écouter la parole du Seigneur, il en a tellement bénéficié qu’à partir de ce moment-là, il a servi l’Église à laquelle il appartenait. Quelque temps après qu’il y fut resté, décidant de faire un voyage à Gand, ses amis lui conseillèrent de se conduire sagement dans son voyage, en raison du grand danger de persécutions contre les fidèles. Ottho leur répondit qu’il espérait ne rien faire ni rien dire de téméraire ; mais si le nom de Dieu et de Jésus-Christ était blasphémé en sa présence, alors ils pouvaient être assurés qu’il ne cacherait rien et ne cacherait pas le talent qu’il avait reçu par la parole de l’Évangile.
En quittant l’Angleterre, alors qu’il s’embarquait pour venir en Flandre, une terrible tempête s’éleva, de sorte que tous ceux qui étaient avec lui n’attendaient rien d’autre qu’une mort imminente ; Mais il les consola merveilleusement et servit de ministre pendant la tempête. Après que le Seigneur les eut délivrés du péril et les eut amenés sains et saufs au port, Othon les exhorta tous à rendre grâces au Seigneur et à garder sa crainte devant leurs yeux, se souvenant d’une délivrance admirable. Il leur dit encore, comme s’il avait déjà le sentiment de ce qui allait lui arriver, qu’un jour Dieu voudrait peut-être éprouver par les tourments et le martyre la foi de ceux qui avaient échappé aux périls de la mer, et glorifier son nom, les amener devant le jugement des hommes. et ainsi les soustraire aux misères de ce monde. Peu de temps après, ce grand zèle, avec lequel il était vraiment affectueux pour la vérité divine, donna occasion aux ennemis de la vérité de le faire mettre à mort, car, enflammé de l’amour de Dieu, il n’hésitait pas à réprimander ouvertement et publiquement les idolâtries, écartant toute crainte de danger. Ce qui s’est passé est ainsi.
[Pistoris Lacopin]. Lorsqu’il arriva à Gand, ayant appris qu’un jacobin nommé Pistoris professait la vérité et annonçait au peuple la vraie doctrine, il y avait une grande foule à ses sermons ; Ému par un tel rapport, il décidait parfois d’aller l’entendre, de connaître la vérité. C’est pourquoi, le jeudi avant Pâques, il se rendit au temple de saint Michel et prit place en face de la chaire pour mieux entendre tout ce qui se disait ; mais il trouva, au lieu d’un trésor, des charbons ; et au lieu d’une nourriture bonne et saine, un poison mortel. Car alors ce prédicateur affirma en plusieurs paroles que lorsque le prêtre manipule le sacrement de l’autel (comme ils l’appellent), le pain se transforme, par la vertu et l’efficacité des paroles prononcées sur ce pain, en la véritable substance du corps de Jésus-Christ ; de sorte que le Christ y est physiquement honoré, adoré et mangé. Par de telles paroles et d’autres semblables, Ottho fut si ému et piqué, voyant le peuple ainsi trompé, que ceux qui étaient près de lui l’ont vu changer complètement d’attitude ; Et bien qu’il fût poussé d’un grand zèle, il désirait vivement exprimer ce qu’il ressentait à ce sujet, néanmoins il se retint et eut de la patience jusqu’à ce que le moine eût terminé son sermon.
[Ottho reprend un Caphard]. Et comme il allait descendre de la chaire, Ottho, ôtant son bonnet, lui dit d’une voix forte et claire : « Écoute un peu, mon ami, tout ton sermon est clairement contraire aux Saintes Écritures. Et si l’assemblée actuelle veut bien s’armer de patience, je prouverai clairement par les Saintes Ecritures que vous avez prêché une doctrine fausse et méchante au peuple d’ici.
[Zele ardant d'Ottho]. Mais comme le moine était très étonné et troublé, qu’il ne voulait pas écouter et lui conseillait seulement de partir, Ottho s’approcha et lui dit avec une grande ferveur ces paroles : « Ô faux prophète, qui persuade le peuple que le pain est le vrai corps du Christ, qui est monté au ciel après avoir enduré la mort et la passion pour nous ! » Cependant un grand tumulte s’éleva parmi le peuple, et les hommes et les femmes dirent à Ottho : « Hélas ! Mon ami, que veux-tu ? Ce à quoi il répondit avec une grande ferveur : « Ce sont tous de faux prophètes qui vous trompent ; ne les croyez pas du tout. Cela dit, il fut contraint par la foule qui le poussa avec les autres hors du temple ; et bien que beaucoup lui aient conseillé de descendre, il n’a pas voulu écouter ; mais il leur dit que ce qu’il avait dit publiquement devait être bien réfléchi ; puis il partit aussitôt. Et soudain le procureur général Jacques Hessel arrive, qui le fit conduire près de la porte appelée en flamand Bruksche Walpoorte, et le fit conduire au vieux château, appelé du Comte, vers dix heures du matin, le 11 avril 1554. Après le dîner, le procureur, accompagné de Pistoris et de son compagnon, et d’autres personnes qu’il avait convoquées, se rendit à la prison, où les Lacopin débattirent pendant au moins trois heures contre Ottho, sans rien obtenir de lui. Car Ottho voulait examiner toutes les déclarations qu’il avait faites sur la Cène du Seigneur, la véritable invocation, le purgatoire, la principauté et la primauté du pape, et des questions similaires selon l’Écriture Sainte, et pas autrement. Ceux-ci, au contraire, s’écartant du véritable dessein de s’échapper, alléguaient diverses subtilités, ou l’édit de l’empereur, ou les traditions des pères, ou les décrets de l’Église romaine, bref, tout ce qu’ils pouvaient rassembler pour soutenir leur cause même ruineuse. Finalement, il fut convenu entre eux qu’Ottho écrirait ce qu’il pensait des points qui avaient été trop débattus entre eux sans aucun fruit.
[Ottho donne ses raisons par écrit]. Pour ce faire, le procureur ordonna qu’on lui remît du papier, de l’encre et une plume. Dans cet écrit, pour faire court, Ottho a affirmé qu’il y avait une figure dans les paroles de Jésus-Christ : Ceci est mon corps, et qu’elles ne doivent pas être comprises comme si le pain était la substance de son corps naturel. Pour le prouver, il a apporté de nombreuses raisons et autorités de l’Écriture, auxquelles les adversaires ne pouvaient pas répondre. Incapables de les satisfaire, ils quittèrent la dispute de la dernière Cène et vinrent l’interroger sur ses sentiments concernant l’invocation des saints. Il répondit promptement qu’il n’invoquerait aucun autre saint en esprit et en vérité que celui qui est le Saint des Saints, car il appelle tous ceux qui travaillent à venir à la foi pour les soulager, et il nous exhorte à frapper, à chercher et à demander, avec la certitude de trouver et d’obtenir, voyant aussi que nous sommes certains que Dieu le Père, suprêmement bon, nous donnera tout ce que nous demandons au nom du Christ son Fils. Il a dit que nous lui faisions le plus grand tort en faisant nos demandes et nos prières à Dieu le Père au nom de quelqu’un d’autre que le Christ. C’est pourquoi il a conclu que ceux qui le font agissent avec impudence et méchanceté, qui, sans le témoignage de l’Écriture, veulent persuader le peuple que les saints ont le devoir de plaider pour nous auprès de Dieu le Père, considérant que ce droit d’être avocat doit être entièrement attribué au Christ seul, qui a été crucifié pour nous. (Mat. 11; Mat. 7; Jean 16). Car vers qui pouvons-nous nous tourner avec plus d’assurance d’être exaucés, et avec plus de certitude de notre salut qu’à celui qui est notre frère à tous et le Fils éternel du Dieu éternel, le seul qui veut et peut faire du bien pour le genre humain ?
Lorsqu’on lui demanda s’il croyait au purgatoire, il répondit qu’il ne connaissait que deux chemins, l’un menant au ciel, la demeure des bienheureux, et l’autre à la géhenne perpétuelle, le lieu des malheureux. (Luc 16 ; Jér. 13). Ces voies sont illustrées par les exemples trouvés dans les textes sacrés, concernant l’homme riche, qui était Lazare, et le larron à qui il a été dit : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis », et non pas : Vous irez au feu du Purgatoire aujourd’hui pour faire pénitence pour vos péchés. D. S’il reconnaissait le Pape de Rome comme le chef de l’Église sainte et apostolique ; il répondit qu’il recevrait le Christ notre Rédempteur comme le chef souverain et unique de l’Église, mais quant au Pape, il le considérait comme le prélat de l’Église de l’Antéchrist, et le détestait comme un fils de perdition, assis dans le lieu saint. (2 Thess. 2; Dan. 2). Plus tard, revenant sur le sujet de la Cène du Seigneur, qui avait été rompue, il niait la présence corporelle du Christ dans la Cène, appuyant son affirmation soit par le Christ lui-même, soit par plusieurs témoignages et autorités de saint Paul et des Saintes Écritures, qu’il citait si bien que ces défenseurs de l’autorité papale et de la transsubstantiation n’avaient rien à dire. Cependant, tant en gardant le silence qu’en s’éloignant de cette affaire qui avait été profondément engagée, ils confirmèrent dans l’esprit des auditeurs leur folie, jointe à une impiété et à une cruauté extrêmes.
[Édit de l'Empereur]. Voyant le président de la Flandre, Helwegh, qu’en sa présence et avec quelques conseillers, Ottho répondait avec tant de dextérité et de douceur à tout ce qu’on lui demandait, il allégua que, par l’édit très exprès de son prince, il lui était défendu de disputer des questions de foi avec un hérétique ; Cependant, il enverrait un moine, ou, s’il le préférait, un prêtre laïc, qui continuerait la discussion. À cela, Ottho répondit que c’était la même chose pour lui, car il était prêt à rendre compte de sa foi, non seulement à ceux-là, mais aux plus petits des gens du peuple. Quant au président et à ses adjoints, qui ont le pouvoir de sauver ou d’exécuter ceux qui n’auraient pas obéi aux édits de religion, cependant l’empereur n’a pas voulu qu’il leur fût permis de disputer des questions de religion, quelque délétères qu’ils pussent, puisque les Écritures nous ont été laissées pour la doctrine et l’édification, il pria le Dieu Très-Haut et Souverain qu’ils puissent exercer longtemps leur fonction et leur état pour la gloire du nom divin et pour le salut de leurs âmes, état qu’il tenait en grande vénération (comme il le disait) et qu’il jugeait devoir être honoré par tous les plaisirs et services.
[Emden, en Frise orientale.]. Peu de temps après, il écrivit à Christine, sa femme, qu’il avait laissée à Emden, pour la consoler, l’exhortant à placer tout le soin de sa vie sur le bon Dieu, qui est le père et le nourricier des veuves et des orphelins, comme il est nommé dans les Saintes Écritures, et il se consacra entièrement à instruire Samuel et Sarah. qui étaient les deux enfants qu’elle avait avec lui, et de les endoctriner correctement dans la foi pour laquelle il indiquait qu’il mourrait bientôt, et qu’ils avaient gardée sainte pendant cinq ans. À la fin, il l’a avertie de choisir rapidement un certain état et une certaine manière de vivre sous la direction de l’Esprit du Seigneur. Il écrivit aussi l’épître suivante à M. Martin Micron, attristé par la persécution qu’un autre de ses amis endurait à la même époque.
Ô frère, ne nous décourageons pas en portant la croix, mais embrassons-la franchement et de tout notre cœur, considérant comme une grande joie d’endurer la persécution pour le nom du Christ, comme les Apôtres se sont réjouis d’être jugés dignes de souffrir pour le même nom. Réjouissons-nous, dis-je, avec action de grâces, que notre Dieu veuille orner si abondamment son Église dispersée dans le monde entier de tels signes extérieurs, car c’est par ce moyen qu’il veut témoigner que nous en sommes vraiment membres. (Actes 2).
[Satan le plus tourmenté de tous]. Ce n’est pas que je veuille affirmer que ceux qui endurent le plus sont nécessairement du corps de l’Église, car alors il faudrait inclure Satan parmi les gens de bien, qui est toujours dans la douleur et le tourment, et qui tremble toujours quand il pense au jour du jugement, mais je parle de ceux qui perdurent pour la pure profession de la vérité. Car il est certain que beaucoup de papistes, d’anabaptistes et d’ariens n’ont pas craint la mort, même s’ils n’avaient pas la vraie foi, comme peut le prouver l’Écriture Sainte, mais de mon côté ma conscience témoigne, confirmée par l’autorité de l’Écriture Sainte, que la foi que Dieu a révélée à son Église par son Esprit Saint est vraie et apostolique. dont le fondement est le Christ.
Car on ne peut pas soutenir que nous falsifions les Écritures, puisque nous croyons et recevons tout ce qu’elles contiennent, ce que sont les sectes ci-dessus est une chose nommée, qui mérite d’être déplorée. (1 Corinthiens 11) Mais quoi? Il est nécessaire qu’il y ait des sectes, pour que les vrais fidèles soient connus. Et à partir de là, nous avons l’occasion de sonder les Écritures, afin que je fasse vraiment l’expérience, selon la doctrine de saint Paul, que toutes choses concourent au bien des fidèles, afin qu’avec affection ils louent Dieu pour tout ce qui arrive, en reconnaissant qu’il l’a ainsi décidé. (Romains 8). D’ailleurs, la croix me réjouit plus qu’elle ne me trouble, quand je pense combien elle est généralement nécessaire pour tous. Car Dieu veut que nous pensions plus aux choses célestes qu’aux choses terrestres et transitoires ; Il veut aussi que nous nous considérions comme des pèlerins dans ce monde, n’ayant pas de demeure permanente ici, afin que nous soyons toujours prêts à supporter la persécution, en renonçant aux commodités de la vie présente ; bref, à travers les persécutions, le Christ fait connaître notre foi à tous. Je vous exhorte donc, cher frère, à trouver du réconfort dans l’affliction de N., notre frère, et à vous préparer avec joie à porter la même croix. De plus, il semble que Dieu veuille aveugler et émousser l’intelligence de ceux qui sont dans ce pays, ce que je vous assure qu’il fera de plus en plus s’ils ne se tournent pas vers lui de tout leur cœur, car nous voyons que le jugement du Seigneur a déjà commencé dans sa maison. C’est pourquoi il me semble bon et utile que vous avertissiez quotidiennement notre Église sur la manière dont elle doit se comporter dans les persécutions, afin qu’au moment de l’épreuve, elle soit dotée de la connaissance et de la foi nécessaires. Que la grâce de notre Seigneur soit avec vous à perpétuité.
La mort heureuse d’Ottho Cateline.
Le samedi 27 avril de l’année susmentionnée, Ottho, âgé d’environ trente ans, fut condamné à mort et, dans l’après-midi, il se rendit à l’endroit où les fagots étaient préparés pour le brûler. Et comme il se préparait à faire une exhortation chrétienne au peuple avant de mourir, le procureur Hessel ne le permettait pas, mais criait souvent au bourreau : « Dépêchez-le, faites votre devoir. » Quand Ottho entendit cela, et vit qu’il ne lui était en aucun cas permis d’exprimer son cœur, tout enflammé d’amour divin, et que le Procurateur lui avait dit qu’il ferait ce qu’il voulait quand il serait dans les fagots, il fut touché d’une douleur extrême de ne pouvoir exhorter les gens à tenir compte de ceux surtout qui disent : Le Christ est ici ou là, comme s’il n’était pas assis à la droite de Dieu son Père. (Matthieu 24). Si, entre autres choses, il dit à Hessel, d’une voix pitoyable et lamentable : « Je vois que tu es dans la détresse à cause de l’effusion de ce sang innocent, mais j’ai prié le Seigneur mon Dieu de te pardonner. » Ce à quoi Hessel a répondu : « Amen, amen. » Alors Ottho, s’adressant au peuple, dit : « Mes frères et amis, j’ai beaucoup de choses à vous dire, mais je n’ai pas le droit de le faire, ce qui me rend le cœur très lourd. » Là-dessus, le bourreau, selon la coutume, s’agenouilla et demanda qu’on lui pardonne sa mort.
[La prière de Ottho]. Ottho l’embrassa. Il dit : Je te pardonne de bon cœur et je prie Dieu de te voir pardonner tes péchés. Et aussitôt lui-même, se jetant à genoux, il pria Dieu en ces termes : « Père céleste, qui, selon tes promesses, as fait offrir ton Fils unique en sacrifice pour nos péchés, je te prie, toi qui es parmi tes moindres serviteurs, de ne pas me refuser ta grâce et ta miséricorde. Et quant à vous, très chers frères, je vous supplie humblement de prier Dieu pour moi, afin qu’il puisse m’assister dans cette dernière heure de la mort, félon qu’il a promis à ses serviteurs. Là encore, le procureur général cria au bourreau : « Dépêche, dépêche. » Et aussitôt Ottho se présenta pour être lié au poteau, et, comme on l’attachait, il dit : « Méfiez-vous des faux prophètes qui disent : 'Voici, le Christ est ici et là, ne vous fiez pas à lui, car il est dans les cieux à la dextre de Dieu son Père.' Puis il s’écria : Ayant fait cela, il fut étranglé et seulement sifflé, puis son corps fut placé sur le gibet avec les autres, que le Seigneur, selon ses vraies promesses, ressuscitera au dernier jour avec tous les saints, pour le faire participer à sa gloire éternelle.
JEAN FILLEUL & JULIAN LEVEILLÉ (1).
(1) Bèze, t. I, p. 54 Crespin, 1556, p. 72-79.
Le procès de ces deux martyrs de Dieu montre les ruses dont se servent les prévôts des Maréchaux pour piéger les pauvres fidèles, mais, quoi que fassent la chair et la sagesse humaine, le sort de la vérité reste inexpugnable.
Un dimanche quinzième avril de l’année 1554, Gilles le Pers, prévôt des maréchaux de campagne et sénéchal de Bourbonnais, pour le maréchal de Saint-André, fit prisonniers Jean Filleul, menuisier, et Julian Leveillé, charpentier, natif de Sancerre près de Nevers, sur le chemin du Désir. Les ayant rencontrés, il leur dit d’abord : « Frères, je sais très bien où vous allez, n’ayez pas peur de vous déclarer, car nous voudrions vous couvrir de nos manteaux, vous cacher et vous défendre contre tous les malfaiteurs. » Ayant utilisé cette préface, il les attira par de belles paroles, prétendant avoir la connaissance de la vérité, les assurant qu’ils n’auraient ni mal ni dérangement, mais plutôt qu’il leur fournirait une protection pour leur voyage. Et pour mieux jouer son personnage, ledit Pers fit marcher ses archers devant lui en leur disant : « Allez, allez, chargez en avant, ce n’est pas là qu’il faut s’arrêter. » Après ces choses, il les interrogea en ces termes : « Où allez-vous, frères ? » Ils répondirent : « Nous allons à proximité du Désir. » Et le prévôt leur ayant demandé s’ils n’allaient pas plus loin, ils ont répondu qu’ils allaient effectivement plus loin. Alors Pers lui dit : « N’allez-vous pas à Genève et n’y emmenez-vous pas ce petit enfant et cette jeune fille ? » Tous deux ont répondu qu’ils l’étaient et qu’ils les emmenaient à Genève. Ledit Pers a en outre demandé si leurs épouses n’étaient pas là. Ils ont répondu qu’ils l’étaient. Ces choses déclarées, le prévôt, sifflant de sa pointe, appela ses archers pour les prendre et les conduire à Nevers. Lorsqu’ils y sont arrivés, il les a interrogés d’une manière très différente de celle qu’ils avaient eue auparavant, à savoir sur les articles qu’ils avaient avoués, puis sur ce qu’ils allaient faire à Genève. Ils lui dirent que c’était pour faire leur profit spirituel, qu’ils ne pouvaient obtenir dans le royaume de France, tant à cause des blasphèmes, des idolâtries et des fausses doctrines, qu’à cause des abus commis dans les sacrements de l’Église, qui n’existent pas dans la ville de Genève, d’autant plus que la doctrine pure et ancienne y est prêchée et proclamée. Puis, parce qu’ils avaient mentionné les sacrements, il les interrogea point par point sur leur usage et sur la doctrine qui, disaient-ils, était prêchée si purement à Genève. Et d’abord, s’ils n’ont pas cru que Jésus-Christ était tellement enfermé dans le pain de l’hostie que le pain n’est plus du pain, ni le vin, du vin, mais qu’il a vraiment fait le corps et le sang de Jésus-Christ, par les paroles prononcées par le prêtre. À cela, les prisonniers répondirent qu’ils croyaient que Jésus-Christ, comme il est écrit, est monté au ciel et siège à la droite de Dieu son Père jusqu’à ce qu’il vienne juger les morts et les vivants, comme il est écrit dans le Credo. Et qu’ainsi le pain et le vin restent toujours du pain et du vin.
[De I 'usage des Sacrements]. Interrogés de nouveau par ledit prévôt sur ce qu’ils croyaient concernant le sacrement : Ils répondirent qu’ils croyaient que le pain et le vin étaient des signes du vrai corps et du vrai sang de Jésus-Christ, et que, de même que le pain soutient et fortifie le cœur de l’homme, et que le vin apporte la joie, de même l’esprit est soutenu et soutenu par le corps précieux du Christ et se réjouit dans la gloire par son sang, d’autant plus que, par lui, nous sommes reçus par le Père. Lorsqu’on leur a demandé ce qu’ils croyaient de la communion, ils ont répondu que le pain et le vin seraient administrés en commémoration de la mort et de la passion de Jésus-Christ, et que ce faisant, ils ne recevaient pas seulement du pain et du vin, mais le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ, qui purifie et soutient l’esprit par la foi.
[De la Messe]. Ils leur demandèrent ce qu’ils voulaient dire de la messe : ils répondirent que c’était une pure superstition et une idolâtrie inventées par les hommes, et qu’il n’y avait là que de la condamnation. Et sur ce point, il leur a posé une question plus approfondie, les conduisant d’une question à l’autre : si saint Pierre n’était pas pape et le premier fondateur de la messe ? À quoi ils répondirent qu’il ne l’était pas, et que saint Pierre n’avait jamais pensé à la messe, mais qu’il avait seulement été appelé et choisi pour prêcher et évangéliser la parole de Dieu, et que s’il y avait un salut par la messe, cela signifierait que Jésus-Christ a souffert en vain. De plus, on leur a demandé si le prêtre avait le pouvoir de convertir le pain en corps du Christ. Ils répondirent que Dieu n’est pas soumis aux hommes ou à leurs paroles, mais que toutes choses lui sont soumises, et que c’est de l’idolâtrie d’attribuer la vertu et la puissance aux paroles prononcées selon les intentions des hommes. On leur a demandé si les choses susmentionnées étaient d’un quelconque avantage pour libérer les âmes du Purgatoire, et s’ils croyaient au Purgatoire. Ils répondirent que, loin de leur être bénéfique, cela les conduirait plutôt à la condamnation, comme des choses qui provoquent la colère de Dieu contre eux.
[Du Purgatoire]. Et en ce qui concerne le purgatoire, ils ont dit qu’il n’y en a pas, sauf le sang de Jésus-Christ. Le président leur dit : « C’est pourquoi vous voulez renier l’intercession et l’adoration des saints. Ils répondirent que l’attribution aux saints de l’honneur qui appartient à un seul Dieu est contraire à toute volonté et à la volonté des saints eux-mêmes, car tout honneur doit être dirigé vers Dieu, comme il est écrit. Et même s’ils pouvaient nous aider, ils n’usurperaient pas l’honneur qui appartient au Dieu unique, de qui vient tout pouvoir. Quant à l’intercession, nous ne reconnaissons (disaient-ils) qu’un seul qui peut le faire, qui est Jésus-Christ, qui, de sa propre volonté et de sa propre fonction, défend notre cause.
[De la Confession]. Ils se sont interrogés sur la confession, à qui il faut se confesser, et qui est celui qui pardonne, et s’ils ne croyaient pas qu’il faut se confesser au prêtre et s’il ne remet pas les péchés. Ils répondirent qu’il ne fallait pas se confesser au prêtre, qui est un pécheur comme les autres hommes, mais au Dieu vivant seul, qui est juste, et qui seul pardonne les péchés, comme il est écrit. (Ésaïe 43). Lorsqu’on leur demandait si les prêtres n’avaient pas le pouvoir de lier et de délier ? Ils répondirent qu’ils étaient chargés de prêcher l’Évangile, qui est la parole de Dieu et la vérité, par laquelle l’union et le délier se font sur la terre comme dans le ciel. Plus tard, on leur a demandé si les choses qu’ils avaient déposées étaient vraies. Ils répondirent qu’ils l’étaient, et que telle était leur foi, et ils apposèrent leurs signatures, protestant haut et fort qu’ils s’estimaient heureux de souffrir pour cette cause. Peu de temps après, ce prévôt les conduisit de Nevers à Saint-Pierre-le-Monstier (1), et les livra au lieutenant de police de l’endroit, avec les chefs d’accusation et les interrogatoires susvisés, où ils furent de nouveau interrogés plusieurs fois sur les mêmes articles, auxquels ils ont toujours persisté avec soin. Voyant cela, le lieutenant appela des avocats pour les consulter, non pas s’ils étaient dignes de mort, mais de la peine à laquelle ils devaient les condamner. Sur ce point, les uns exprimèrent une opinion tranchée et les autres une autre ; cependant, la majorité, à laquelle beaucoup étaient d’accord, les libéra en les bannissant de France, pour ne jamais revenir, leurs biens furent confisqués, et aucun d’eux ne fut confisqué.
(1) Saint-Pierre-le-Moûtier (Nièvre).
Ces avis ne devaient pas être accordés par le lieutenant criminel, nommé Jean Bergeron ; mais il les condamna à être brûlés vifs, faisant d’abord des excuses publiques avec le flambeau à la main, au cours d’une grand-messe ; cette sentence fut portée en appel à Paris, où ils furent examinés de plus près, et Dieu leur donna force et confiance invincible. Pour quelque faveur d’amis, quelles que soient les lettres qu’ils auraient pu obtenir, par lesquelles le roi ordonnait la réouverture du procès sans examiner l’affaire précédente ; Ils ne voulaient pas s’écarter de la vérité ; Au contraire, ils ont toujours persisté dans leurs aveux.
[La mort du Prévost le Pers]. Pendant le voyage de Paris, où ils furent emmenés, le susdit Prévost le Pers, qui les avait surpris et emprisonnés, mourut très pitoyablement, touché de rage et de frénésie, dont plusieurs étaient effrayés, tandis que d’autres se consolaient en voyant un juste jugement du Seigneur. Or, ayant été ramenés de Paris au monastère de Saint-Pierre, le quinzième janvier, dernier jour de leur vie, ils furent convoqués au concile pour savoir s’ils voulaient persister dans leurs premières opinions. Ils répondirent qu’ils le feraient, et qu’autrement ils seraient des enfants infidèles, s’ils le faisaient. Alors le Greffier prononça le décret rendu dans la cour du parlement de Paris, qui contenait qu’ils devaient brûler vifs tous, s’ils persistaient ; avec un retentum (1) (ce qu’ils disent) contenant que leurs langues aussi ont été coupées ; et où ils aimeraient dire : étrangler sans voir le feu, et sans leur ôter la langue.
(1) Article que les juges n'exprimaient pas pas dans un arrêt, mais qui ne laissait pas d'en faire partie et d'avoir son exécution.
Mais ceux-ci, méprisant l’offre, dirent : "Vous voulez que nous renoncions à notre Dieu pour un bien petit bien ; mais il n’en sera pas ainsi.
[Trois points contenus en la sentence]. Et après avoir achevé ces paroles, ils achevèrent de prononcer le décret, qui contenait trois points. La première était qu’ils avaient dit du mal du Saint-Sacrement ; mais plutôt, disaient-ils, en avoir parlé bien et saintement. La seconde était qu’ils avaient faussement renié le baptême. Mais, disaient-ils, de l’avoir vraiment avoué. La troisième était d’avoir blasphémé Dieu et les saints. Mais au contraire, disaient-ils, pour défendre son honneur. Et se regardant l’un l’autre, ils s’encourageaient les uns les autres, disant : Nous sommes prêts à délivrer, non seulement un membre ou deux, mais tout le corps, et à être brûlés et brûlés, soutenant la cause de notre Dieu ; ce tourment ne pouvait pas durer une minute d’une heure, pour être très heureux pour toujours.
Menacés par le lieutenant criminel, qui les ferait mourir de la mort la plus cruelle dont ils aient jamais entendu parler s’ils ne se rétractaient pas, ils répondirent qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, et que les tourments ne les étonnaient pas du tout, car c’est par eux qu’ils obtiendraient l’héritage qui leur avait été préparé ; « Même si tu nous condamnes à ce qu’on nous enlève un membre aujourd’hui, et l’autre demain. » Puis ils furent dépouillés et restèrent de midi à trois heures du soir, attachés ensemble avec des cordes. Pendant ce temps, on les entendait louer Dieu de les avoir rendus dignes de persévérer pour Son Nom. Et ils chantèrent, étant dans cet état et attendant une mort horrible, le psaume seizième : « Ne nous réprimande pas, Seigneur, dans ta colère, etc. », puis le cantique de Siméon : « Maintenant, qu’il en soit ainsi, Créateur, etc. » Et après cela, le lieutenant criminel, pour exécuter sa rage, appela un Jacopin désespéré dans la contradiction et la colère, l’ayant appelé de Nevers dans ce but. Ce Caphard, qui se trouvait avec ces deux fidèles et qui disputait contre eux, était si confus qu’il ne savait que dire, sinon qu’il leur disait en fin de journée : « Allez au diable. » Après ces paroles, le Lieutenant Criminel présenta à chacun d’eux une croix de bois qu’il leur mit dans les mains, et comme ils n’avaient pas les mains libres, ils la rejetèrent avec leurs dents, disant qu’ils porteraient une autre croix beaucoup plus noble et de plus grande valeur que celle-ci. Cela irrita grandement le lieutenant criminel et sa suite, et suivant le décret, il leur ordonna de donner leur langue au bourreau ; ce qu’ils ont fait.
Dans la personne de ces deux martyrs, le Seigneur a manifestement montré, même à la vue et à la connaissance de tous ceux qui étaient présents lors de leur exécution, qu’il n’attachait pas le pouvoir de parler au membre de la langue. Car après qu’ils les eurent coupés, Dieu leur donna le pouvoir de parler ; car ces paroles furent entendues de leur part lorsqu’ils arrivèrent au lieu de l’exécution, alors qu’ils étaient liés : 'Nous disons maintenant adieu au péché, à la chair, au monde et au diable ; ils ne nous retiendront jamais » et quelques autres paroles d’exhortation au peuple. Et tandis que l’exécuteur de justice les couvrait de soufre et de poudre, Filleul lui dit : « Sale, sale pour le bon effet de cette chair puante. » Après que le feu eut été allumé et les eut saisis au visage, ils furent immédiatement transpercés sans qu’aucun mouvement de leur corps ne soit perçu.
THOMAS CALBERGUE, de Tournay (1).
En la personne de Calbergue, nous avons un exemple de véritable constance contre les assauts et la malice invétérée des adversaires de la vérité. Ce qui est encore plus admirable, c’est que cet homme, étant de condition humble, a surmonté, par la grâce de Dieu, ce qui aurait pu l’effrayer et éblouir ses yeux.
(1) L'histoire de Thomas Calberge, de Tournay, ne se trouve pas dans les éditions faites du vivant de Crespin. et ne figure pas non plus dans les premières éditions de Hæmstede.
[Occasion de son emprisonnement]. Dans la ville de Tournay, Thomas Calbergue, tapissier de son métier, est emprisonné le 19 juin 1554. La raison de son emprisonnement était que, ayant écrit plusieurs chants spirituels tirés d’un livre imprimé à Genève, il avait prêté son extrait à un ami de la famille, qui l’avait également partagé avec un jeune compagnon de métier. Ce compagnon fut bientôt appréhendé par les autorités et trouvé en possession du livre, et il nomma la personne qui le lui avait prêté ; il est immédiatement convoqué au château et interrogé au sujet du livre. Il déclara que ce n’était pas le sien, mais qu’il l’avait reçu de Thomas Calbergue. Les juges n’ont pas tardé à appeler Thomas et l’ont interrogé pour savoir si le livre était de lui. Avant de répondre, il demanda à le voir ; et l’ayant vue, il avoua que c’était la sienne et qu’elle était écrite de sa propre main. On lui demanda comment il avait eu l’audace d’écrire des chansons aussi maudites et pleines d’erreurs. Il répondit qu’il ne comprenait rien d’autre que la pure vérité qu’il voulait maintenir. Sur ce, on l’interrogea sur sa foi, dont il fit une confession selon les dons et les grâces que Dieu lui avait accordés. Cela fait, il fut emmené à la prison du château ; et il y resta du 19e jour au 24 suivant, qui était le jour où les papistes célèbrent la naissance de saint Jean-Baptiste.
Ce jour-là, vers neuf heures du soir, il fut amené du château à la maison de ville ; et comme on le conduisait, il se mit à chanter le psaume : « Je ne cesserai jamais de magnifier le Seigneur, etc. » (Ps. 34)
[Sa constance et sa sentence]. Le lendemain, il fut amené devant le Conseil, où on lui promit de belles grâces qu’il serait gracié s’il souhaitait se rétracter. Il répondit qu’une telle grâce serait plus justement appelée la perdition du corps et de l’âme s’il renonçait à la vérité ; et que la vie éternelle valait plus pour lui qu’une petite extension de cette vie pauvre et misérable. Les seigneurs de la ville, voyant qu’ils n’avaient pas d’autre réponse et qu’il persisterait toujours dans la même confession de sa foi, prononcèrent contre lui une sentence de mort, à savoir être brûlé vif et réduit en cendres.
[Barabbas absous & Christ condamné]. Lorsque le peuple entendit cette sentence, il y eut un grand murmure dans la ville à cause d’un malfaiteur qui, ayant commis un crime énorme et détestable, fut néanmoins relâché quelques jours plus tard à la sollicitation de ses parents et grâce à l’argent ; de sorte que beaucoup disaient à haute voix dans les rues : « Qu’un homme méchant a été relâché, qui a commis une action aussi infâme ! Et cet homme ici, qui s’est toujours bien comporté et a vécu honorablement, devrait être condamné et mis à une mort si cruelle ! Le bruit était tel que les seigneurs de la ville furent contraints, pour apaiser le tumulte, de remettre en prison ledit malfaiteur, et de donner l’ordre aux archers et aux arbalétriers, et à ceux qu’ils appellent levain, de se tenir prêts pour l’exécution de Calbergue. C’est pourquoi, étant accompagné des bandes de la ville, alors qu’on le conduisait au supplice, il dit adieu à plusieurs de ses connaissances qui étaient là. Entre autres, voyant un voisin voisin pleurer de pitié de le voir dans un tel état, il lui dit : « Voisine, ne pleure pas ; mais réjouissez-vous, car j’ai de la joie à aller à mon Dieu » et pour montrer cette joie, il commença le Psaume : « Rendez louange et gloire à Dieu », etc. (Ps. 118); mais l’un de ces cordeliers, qui l’accompagnait selon l’usage, entendant que le peuple faisait grand bruit autour de lui, lui dit : « Thomas, chante dans ton cœur » ; mais il ne cessa de poursuivre le psaume. Le lieu de l’exécution était aménagé à l’extérieur de la porte, dans le lieu-dit le Prez aux Nonnains ; Parce que les marchands avaient demandé que l’exécution n’ait pas lieu à l’endroit habituel du marché, en raison du vent fort qui soufflait à ce moment-là.
[L'Exécution]. Arrivé donc en ce lieu, il vit dans la foule une grande masse de Caphars, de cordiers et d’augustins, que le sénéchal de Hainaut, capitaine du château de Tournai, grand ennemi et persécuteur de ceux qu’on accusait d’être luthériens, avait amenés pour tourmenter le malade et le détourner de son opinion. Or Thomas monta soudain sur l’échafaud, comme s’il voulait être immédiatement mis sur le bûcher pour prier Dieu : mais cette vermine de moines grimpait après lui l’un après l’autre, pour faire leur métier habituel, qui est de tourmenter les pauvres fidèles, surtout au dernier moment de la mort ; à tel point qu’ils n’ont rien gagné sur lui. Le sous-prieur de la ville, nommé Nicolas de Calonne, voulait aussi monter pour plaire au sénéchal, et parla à Thomas pendant un bon moment, mais il gagna autant que les autres. Voyant cela, le sénéchal, ému par la fureur qui lui était habituelle, surtout contre les fidèles, ordonna aux Caphars et sous-prieurs susmentionnés de descendre, et ordonna au bourreau de mettre soudainement le feu.
[Caphars confondus]. Trois de ces cordelier, ne se contentant pas d’un départ si rapide, s’écrièrent en descendant : « Thomas, crois qu’il y a un purgatoire où les âmes doivent donner satisfaction. » Thomas répondit : « Je crois que le sang de Jésus-Christ nous purifie et nous purifie de tous nos péchés, d’autant plus qu’il nous a rassasiés devant Dieu le Père. » Un autre lui cria : « Thomas, crois en la sainte Église romaine. » Il répondit : « Je crois en la sainte Église universelle, dont Jésus-Christ est la tête, et en aucune autre. » Et comme le feu brûlait déjà, le gardien des Cordeliers lui cria : « Retourne, Thomas, il est encore temps ; rappelez-vous les ouvriers qui ont été les derniers à venir à la vigne. Il répondit intelligiblement du milieu de la flamme : « Je crois que je suis de ces ouvriers », et il leva les yeux au ciel, et cria trois ou quatre fois : « Mon Dieu, mon Dieu », et il rendit l’esprit.
[Demande & réponse de même]. Après que cette exécution eut eu lieu, le sénéchal de Hainaut, s’approchant de la charrette de sa femme, qu’il avait expressément amenée à ce spectacle avec ses dames, dit devant la foule en jurant : « Voici un de ces beaux actes de justice qui se font depuis longtemps à Tournay, contre un méchant luthérien ; ma femme, si je savais que tu en étais un, je te ferais la même chose. Celle-ci, lui répondant de la même manière, lui dit : « Je crois, monsieur, que s’il avait chaud ici, il a beaucoup plus chaud là où il est maintenant. » Après ces paroles, il appela un des cordeliers et lui dit de faire une remontrance au peuple qui était venu à ce spectacle.
[Le mensonge ne peut rien contre la vérité]. Le Cordelier, qui y était tout préparé, exprima tout ce qu’il avait dans l’estomac contre ce saint personnage. Mais il n’en profita pas beaucoup, car les ignorants étaient horrifiés par son impudence et les fausses calomnies qu’il crachait contre celui que la plupart avaient connu pour sa vie et sa conversation complète. Beaucoup étaient poussés par ce moyen à s’enquérir de la vérité et à détester le caphardise. Les fidèles du pays furent grandement consolés par le fait que Thomas n’avait pas cédé du tout, mais avait combattu vertueusement jusqu’à la victoire contre les ennemis du Seigneur.
GHILEYN DE MUELERE, d'Audenarde en Flandres (1).
Ce caractère peut servir de beau miroir à tous les fidèles, pour leur montrer qu’ils portent en eux un ennemi très dangereux de la gloire de Dieu et un adversaire formel de leur salut, à savoir leur propre raison, qui rend toujours furieux si elle n’est pas arrangée et réformée par l’Esprit Saint. D’un autre côté, voyant le Seigneur agir de cette manière et donner la victoire en un instant à ses serviteurs, qui foulent aux pieds la chair, le monde, la mort et Satan, apprenons à nous assurer de la grâce et de la vertu de Celui en qui nous pouvons comprendre plus que nos pensées ne peuvent saisir, chaque fois qu’il lui plaît de nous fortifier, et lorsque nous nous soumettons humblement à sa providence et à sa sagesse.
(1) Cette notice ne se trouve pas dans les éditions du Martyrologe publiées par Crespin et a été ajoutée par Goulart, qui y a fait entrer beaucoup de détails omis par Hæmstede. Le vrai nom du martyr était Muldere.
AUDENARDE est une ville du comté de Flandre, située sur la rivière Lescauld, à cinq lieues de Gand et à sept lieues de Tournai, une bonne ville marchande et forte, renommée pour les belles tapisseries qui y sont faites. Bien qu’à ce moment-là il ait été plongé avec les autres dans la boue de l’ignorance et de la superstition, Dieu ne s’est pas abstenu, selon les temps qu’il a en main et qu’il sait appropriés, d’appeler ses élus à lui, de manifester en eux sa vérité avec une grande efficacité, en particulier à la personne dont nous parlons maintenant, à savoir Ghileyn de Muelere. Lui qui fait profession d’enseigner particulièrement à la jeunesse, et la position de maître d’école, étant devenu disciple de Jésus-Christ, a été diligent à utiliser son temps pour la lecture de la parole de Dieu, et l’a pratiquée pendant plusieurs années sans beaucoup de bruit. Mais comme un grand feu couvert ne peut pas toujours rester caché, ayant de temps en temps jeté quelques étincelles de ce qui était caché dans son cœur, il fut soupçonné d’hérésie et accusé devant le Grand Inquisiteur des Flandres, Pierre Titelman, grand hypocrite et ennemi irréconciliable de la vérité de l’Évangile.
[Pierre Titelman, grand Inquisiteur, & ses artifices pour surprendre l'innocent]. Ce lieutenant de l’Antichrist, apprenant cette nouvelle, partit immédiatement, et le dix-neuf avril de l’année mil cinq cent cinquante-quatre, accompagné de son commis nommé M. Nicolas, et d’une troisième personne qui n’en valait pas mieux, vint à Audenarde et prit un logement dans l’une des principales auberges. Beaucoup de ceux qui avaient un certain sens de la vraie religion étaient très étonnés, craignant qu’une telle visite ne conduise à une certaine dissipation et à une certaine persécution, comme cela arrivait habituellement. Tout le monde était donc sur ses gardes, pour ne pas tomber dans le piège du chasseur. Mais cette journée se passa sans bruit ; car ce bon inquisiteur, voulant dissiper tout soupçon et craignant d’effrayer les oiseaux, sortit le soir, et l’on crut qu’il allait à Gand, comme il le prétendait, bien que beaucoup de gens soupçonnassent toujours qu’il était venu là pour faire un mouvement, comme sa fin le montrait. Car son secrétaire, qui était resté caché dans la ville, vint le lendemain à la maison de Muelere et le fit prisonnier. Il a écrit lui-même en prison le récit de son emprisonnement, de ses disputes et de toutes les procédures qu’on avait engagées contre lui, d’où ce qui suit a été fidèlement extrait pour l’édification de l’Église. Par conséquent, ses paroles suivent.
[Emprisonnement de Ghileyn]. Le jeudi 20 avril, entre sept et huit heures du matin, ayant appris qu’on allait être fait prisonnier, je me décidai à sortir de chez moi, prévoyant l’approche d’un orage, sans penser qu’on viendrait me chercher. Mais au moment où j’allais sortir, voici arriva M. Nicolas, greffier de l’inquisiteur, avec le lieutenant du bailli et trois sergents.
Comme j’étais en bas, j’entendis l’un des sergents monter, ce qui me fit douter qu’il cherchait moi pour me livrer à l’Inquisiteur. Puis j’ai soudain couru à la boutique pour savoir qui c’était, et j’y ai trouvé ce dont j’ai parlé ; si bien que, croyant pouvoir m’échapper, je tombai dans la gueule du loup et dans les bras de mon ennemi. Ma femme était allée au marché, ce qu’elle n’avait pas fait depuis trois mois. Maintenant que je m’avais arrêté et fait prisonnier, nous étions tous stupéfaits de peur. Mes enfants pleuraient, et ma servante se tourmentait avec un grand bruit. Ils me conduisirent dans la chambre haute où j’étudiais, et fouillèrent partout. J’ai ouvert tout ce qui était verrouillé, mais ils n’ont rien trouvé de ce qu’ils cherchaient. Après m’avoir ramené en bas, ils ont vérifié et senti si je portais un livre. Je n’avais sur moi que l’affiche de l’Empereur, un Nouveau Testament avec une petite brochure, tous deux imprimés avec privilège, et je les avais mis dans ma poche pour les emporter ailleurs, s’ils n’étaient pas arrivés à ce moment-là. Mais Dieu en avait décidé autrement.
[Ses angoisses & assauts en soi-même], Finalement, deux des sergents m’ont emmené en prison, et voyant cela, mon cœur s’est alourdi de tristesse, et je me suis dit : le berger et le troupeau (en pensant à mes disciples) sont dispersés. Car, ayant pensé qu’on ne m’emmènerait à l’auberge que pour parler à l’Inquisiteur, des mains duquel je pourrais échapper, quand je me voyais plus serré, j’étais extrêmement anxieux ;à tel point que je tombai à terre sur la face, invoquant le Seigneur avec des larmes chaudes, afin qu’il lui plaise de me consoler et de me fortifier, sans égard à mes infirmités et à mes fautes passées, ce qu’il fit aussi. Je ne saurais assez décrire l’angoisse et les pensées diverses qui troublèrent mon esprit pendant l’espace de deux ou trois jours. Ce qui m’a le plus touché, c’est le souvenir de ma femme dérangée et de mes cinq petits enfants. Maintenant, le Père céleste, Père de toute consolation, m’a visité par sa grâce et a accompli sa promesse : « Prends courage, a-t-il dit, je ne t’abandonnerai pas ; car je t’enverrai le Consolateur. Il m’a tellement consolé par sa grande bonté que je crois fermement que j’ai été appelé par lui à persévérer pour son nom, qui est loué et béni. (2 Cor. 1. 3; Jean 14. 16. 18 et 16.7).
[Renouvellement d'assauts]. Le quatorzième jour du même mois, il fut conduit par le lieutenant du bailli à l’auberge où se trouvaient l’inquisiteur, son adjoint et son clerc, sans personne d’autre. Même après que le lieutenant l’eut remis entre leurs mains, il se retira rapidement. Tandis qu’on le conduisait, il se sentait (comme il l’a avoué depuis) durement pressé par deux pensées différentes, qui pesaient sur lui comme s’il était entre deux meules. D’un côté, il craignait de renoncer au Seigneur ; de l’autre, mettre sa vie, sa femme et ses enfants en danger par des aveux. Néanmoins, il s’est tourné dans toutes les directions pour trouver un moyen de plaire à Dieu et aux hommes, désirant une chose impossible, qui est de servir deux maîtres opposés en cette matière. Sa femme et ses enfants, qui avaient occupé son cœur, l’engageaient dans des discussions dangereuses, car il craignait constamment qu’il ne leur arrivât du mal. Dieu l’a laissé dans de telles pensées pendant près d’une heure avant qu’il ne soit interrogé par l’Inquisiteur. (Mat. 6. 2; Luc 16. 13). Or, se tenant devant ses ennemis, sans savoir quoi dire, l’Esprit de Dieu lui rappela ce beau passage, où le Seigneur dit à ses disciples : < Ils mettront la main sur toi et te persécuteront, te livrant aux assemblées, et devant les rois et les princes, à cause de mon nom ; mais ne vous inquiétez pas de ce que vous répondrez, car je vous donnerai une bouche et une sagesse auxquelles vos ennemis ne pourront résister. Car ce n’est pas vous qui parlez, c’est l’Esprit de mon Père qui parle en vous. > Par une telle promesse, ses sens, emportés par diverses appréhensions, furent ramenés à leur place, pour se laisser guider par la vraie raison. Cependant, il y avait encore de la résistance. (Matth. 10. 17. 18.19. Luc 21. 12). Car son dessein a toujours été de ne faire aucune confession de foi d’aucune sorte, avant d’avoir d’abord recherché la cause de son emprisonnement. Car il pensait qu’il n’y avait pas de témoignage ou d’informations suffisantes sur le fait pour lequel il était soupçonné, mais que ce n’était qu’une rumeur qui circulait dans les rues. De plus, il avait pleinement décidé de se maintenir par la loi et l’ordre de la justice, ou du moins de s’aider et de se délivrer par l’intermédiaire de ses amis. C’est ainsi qu’il pensait pouvoir s’échapper sans faire une confession de foi, ce qu’il craignait le plus. Le conseil de la chair l’avait poussé dans ces labyrinthes, d’où, revenant comme à la foi, il s’écriait dans la foi même : « Ô Seigneur Dieu, que ta volonté soit faite, même si ma chair te résiste pour sauver ma vie corruptible, ma femme et mes enfants. » Il reste maintenant à voir comment Dieu (admirable dans toutes ses œuvres, surtout chez ses élus) a agi puissamment dans ce cas.
[Autres combats de la chair & de l'esprit]. Debout tête nue devant l’Inquisiteur et son adjoint, et sommé de répondre promptement à ce qu’on lui demandait, il se trouva perplexe dès le début, cherchant une échappatoire. Il demanda donc d’abord à être interrogé en présence du magistrat de la ville, qu’il appela son juge. « Ce n’est pas opportun, » dit l’Inquisiteur, « vous êtes pris par moi qui suis le commissaire du Pape et du Roi. Alors répondez, sans vous soucier du reste. Ghileyn se sentit alors plus pressé qu’auparavant, demanda pourquoi il avait été emprisonné, et passa près d’une demi-heure à essayer de trouver une issue et de se libérer de la main des hommes, sans vouloir parler ouvertement.
[Ruse & méchanceté horrible de Titelman, qui abuse de la parole de Dieu pour avoir prise fur la vie de l'innocent]. L’Inquisiteur, voyant qu’il ne pouvait tirer de sa bouche aucune confession de foi, afin d’avoir plus tard une plus grande emprise sur lui, commença (à l’exemple de Caïphe concernant Jésus-Christ) à l’adjurer par le Dieu vivant de répondre. « Il est écrit, dit-il, dans le saint Évangile : Quiconque me confesse devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque aura honte de moi et de mes paroles devant cette génération adultère, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec ses saints Anges. (Matth. 10. 2. Marc 8. 38. Luc 9. 26. & 12.8. ; 1. Pierre 3. 5.). Saint Pierre nous exhorte à être prêts à répondre à quiconque nous demande raison de l’espérance qui est en nous. C’est pourquoi, je (dit l’Inquisiteur) je te demande à cette heure la raison de ta foi. Qu’en dites-vous, maître Ghileyn ?
[Assistance notable de l’Esprit de Dieu aux fidèles qui l’invoquent]. En entendant cette remarque, il fut merveilleusement ému, et comme rempli de l’Esprit de Dieu, ayant dans son cœur invoqué le Seigneur en ces termes : « Ô mon Dieu, il est temps maintenant, assiste-moi selon ta promesse », et sentant une force extraordinaire et entièrement nouvelle dans son âme, qui le déchargea instantanément du lourd fardeau qu’il portait jusque-là, il se tourna vers ses ennemis et leur dit avec beaucoup de courage : « Demandez à cette heure ce que vous voulez, je vous répondrai franchement ce que l’Esprit de Dieu me donne à dire, et je ne vous cacherai rien. »
Examen fait par l’inquisiteur Titelman et son associé.
[De l'Église; Du chef de l'Église.]. Demander. Qui tient... Ghileyn, à qui faites-vous référence pour l’Église S. ? R. « Tous les fidèles, où qu’ils soient dispersés dans le monde, sont édifiés sur le seul fondement qui est Jésus-Christ, et qui l’embrassent comme leur chef et leur unique époux. » Q. « Qui sont-ils ? » R. « Ceux qui croient en Dieu seul, l’Éternel, et le servir purement par Jésus-Christ, en esprit et selon sa parole. À cette Église, dont je me reconnais membre, je suis étroitement lié, croyant sans aucun doute tout ce que Dieu m’a enseigné dans sa Parole. Cette Église est un seul corps, une seule âme et un seul cœur. (1. Cor. 3. 11; 2. Pierre 2. 5; Eph. 1. 20. 21. 22. Eph. 5. 25. Col. 1. 18. Matth. 28. 18 ). Q. « Qui considérez-vous comme le chef de la sainte Église ? » R. « Jésus-Christ, que le Père a établi comme chef de tous les croyants et Seigneur de toutes les principautés du monde. Ce Jésus-Christ est le chef et l’époux de cette Église qu’il a épousée dans la foi et rachetée par son sang, la purifiant de ses taches et de ses souillures, afin qu’elle soit sainte devant lui. Q. « Qui considérez-vous comme le chef de l’Église dans ce monde ? » R. « Qui d’autre que le Christ seul, qui a tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, et qui gouverne, enseigne, console et maintient son Église jusqu’à la fin du monde ? Car, bien qu’il soit séparé d’elle dans son corps, il n’en est pas moins avec elle par son Esprit. Q. N’y a-t-il donc pas d’autre chef de l’Église sur la terre ? Saint Pierre n’a-t-il pas été établi comme chef de l’Église à la place du Christ ?
Il n’y a pas d’homme qui puisse le nier. Le Pape est le successeur de saint Pierre et est assis sur son siège. Il est donc le chef de l’Église, comme saint Pierre a reçu tout pouvoir du Christ. R. « Il y a toujours eu dans l’Église des ministres qui ont planté et arrosé, Dieu donnant l’accroissement. Tels sont les évêques, les pasteurs, les prédicateurs et les autres que Dieu a établis comme bergers de son troupeau, qu’ils doivent nourrir avec la parole de Dieu. (1. Cor. 3. 6. Eph. 4. 11. Actes 20. 28. 1. Pierre 5. 2. Matth. 10. 40. Luc 10. 16. Jean 21. 20) .Si le Pape est l’un de ces ministres, et s’il construit l’Église avec une doctrine pure et une sainteté de vie, je le considérerai comme un serviteur de Dieu, et je dirai qu’il doit être écouté comme Jésus-Christ lui-même, puisqu’il vient et parle au nom du Seigneur. Mais sans ces signes, je ne le connais pas. L’Inquisiteur, troublé par cette réponse, lui dit avec colère : « Nous le savons bien, sans l’avoir appris de vous. Mais ce que nous demandons, c’est si le Pape n’est pas le chef de l’Église dans ce monde, ayant le même pouvoir que saint Pierre de lier et de délier ? R. « En vérité, je reconnais le Pape comme le chef de l’Église, et je ne veux pas lui enlever cet honneur ou le jeter hors de son siège. C’est pourquoi je vous confesse que le Pape est le chef de l’Église.
[ De quelle Église le Pape est chef.] Mais savez-vous de quelle Église je parle ? Je veux dire l’Église romaine, c’est-à-dire l’Église diabolique. De cette Église, qui est un repaire et une caverne de brigands et la synagogue de Satan, le Pape est le chef, le Roi, le Prince et le Prélat souverain, et gouverne par son esprit d’erreur et de mensonge. Il n’a pas reçu cette pompe et cette domination du vrai Dieu, mais du dieu de ce monde, son père, c’est-à-dire le diable, par la suggestion et la puissance duquel il s’est intronisé, non pas sur le siège de saint Pierre, mais dans le temple de Dieu». ( Jer. 7. 11;Matth. 21. 13; Арос. 2. 9; 2. Thess. 2.4.).
[De la sainte Cène]. Titelman, plus irrité par cette réponse, à laquelle il ne s’attendait pas, que par la précédente, laisse le Pape derrière lui pour entrer dans la question des sacrements. Q. « Eh bien, que pensez-vous du sacrement de l’autel (comme ils appellent la Cène du Seigneur) et qu’en pensez-vous ? » R. < Je crois que la Cène du Seigneur est une institution sainte de Jésus-Christ, par laquelle les croyants (pour qui elle est instituée) sont confirmés, comme par un véritable sceau, de la grâce divine envers eux, et sont avertis de leur devoir envers Dieu. (Matthieu 26:26 ; 1 Corinthiens 11:13). De plus, je confesse que chaque fois que nous célébrons la sainte cène selon l’ordonnance de Jésus-Christ, nous participons à son corps et à son sang par la foi en la vertu du Saint-Esprit, pour la nourriture spirituelle de notre âme. C’est ce que nous représentent les éléments visibles, à savoir le pain et le vin, qui nourrissent, fortifient et rafraîchissent notre corps. De même que nous recevons le pain et le vin extérieurement de la main du ministre, nous recevons aussi le Christ intérieurement et dans nos âmes par le Saint-Esprit, le pain vivant qui est descendu du ciel, par lequel nos âmes sont nourries, fortifiées et soutenues pour la vie éternelle. (Jean 6. 48. 50.51; Rom. 4. 25; 1. Cor. 10. 16.). Troisièmement, j’apprends dans la Sainte Cène qu’étant purifié de tous mes péchés par la mort et le sacrifice de Jésus-Christ sur sa croix, j’ai part à son corps brisé et à son sang versé pour moi, c’est-à-dire à tous ses mérites et à tous ses bienfaits. En bref, je considère la dernière Cène comme un gage très précieux dans lequel sont cachés de nombreux grands trésors.»
[De la transsubstantiation]. D. « Ne croyez-vous pas que le pain que Jésus-Christ a donné à ses disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps, est changé en corps du Christ ? R. « Je crois que le Christ, en prenant, en bénissant, en rompant et en donnant ce pain, l’appelait son corps, par une certaine manière de parler convenable aux sacrements ; mais le pain est resté pain, et le vin est resté vin, sans changer de substance ; de sorte que le pain et le vin ne sont pas réellement le corps et le sang naturels de Jésus-Christ, mais seulement des signes visibles de ceux-ci, qui, pour assurer les fidèles, portent le nom des choses signifiées. Ghileyn ajouta à ce sujet : « Je vois bien que c’est fait de moi, puisque j’ai touché le dieu de la pâte, dont dépend toute la papauté. » Q. « Ne pensez-vous pas qu’après les paroles de consécration prononcées par le prêtre, le pain et le vin sont changés en corps et en sang du Christ ? Et que le prêtre met dans sa bouche et dans la bouche des autres de ses propres mains le corps du Christ ? R. « Ni le Christ ni ses apôtres n’ont jamais enseigné ce changement ; Il n’a pas non plus laissé aux prêtres pontificaux le pouvoir de changer le pain en son corps. Mais dites-moi un peu, comment comprenez-vous ce changement ? Est-ce dans le fond ou dans la forme ? en taille, en longueur, en épaisseur, ou en odeur, ou en saveur, ou en vue, etc. ? Vous ne pouvez pas le montrer de quelque manière que ce soit. Par conséquent, il n’y a pas de changement sur le fond ; au contraire, la réception du corps et du sang de Jésus-Christ dans la sainte cène doit être comprise spirituellement, comme il l’enseigne lui-même, en disant dans saint Jean : « La chair ne sert à rien ; les paroles que je vous dis sont esprit et vie. Il nous montre clairement dans ce passage comment nous devons recevoir sa chair et son sang pour le salut, c’est-à-dire par la foi, qui est le seul moyen par lequel on peut prendre cette nourriture et cette boisson : « Celui qui croit en moi, dit Jésus-Christ, a la vie éternelle ». (Jean 6. 40. 47). Quiconque donc croit en Christ, qui a brisé son corps et versé son sang pour nous, mange la chair et boit son sang, et participe à tous les biens acquis pour nous en vertu du sacrifice du corps de Jésus-Christ. Q. « Vous voulez donc dire que dans l’Eucharistie, nous prenons le corps et le sang du Christ par la foi, c’est-à-dire que nous participons à lui, à la vertu de sa mort, à la vie éternelle, qui est signifiée et scellée par les signes visibles, de sorte que le pain et le vin restent pain et vin sans aucun changement. » R. « Oui, messieurs, c’est mon intention, et vous me comprenez très bien. Mais moi, je vous dis en vérité, vous vous trompez beaucoup en ce que vous abusez des choses extérieures, en les prenant pour ce qui est invisible, dont elles ne sont que des signes visibles. D’où le fait que vous faites du pain de la dernière Cène une idole abominable, que vous honorez de toutes sortes de services et que vous adorez. C’est pourquoi je déteste votre transsubstantiation, car il en résulte beaucoup d’absurdités contre la nature des sacrements, contre l’institution de la dernière Cène et contre le sens de l’Écriture.
[De l'adoration du pain]. Q. « Que pensez-vous de l’hostie qui est adorée dans la sainte Église, comme Dieu et comme homme ? » R. « N’ai-je pas assez répondu à cela ? Que voulez-vous demander de plus ? Q. N’est-il pas bien fait d’adorer l’hostie, comme Dieu dans le ciel ? » R. « Jésus-Christ a donné du pain à manger, non pas pour s’agenouiller devant, ni pour adorer. Mais il a dit que les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité. Et pourtant, j’ai une telle adoration pour une idolâtrie détestable, qui est commise contre le premier et le second commandements de la loi de Dieu, pour un morceau de pain cuit qui (comme ils le font souvent) peut être mangé par les chiens, les chats et les rats, même s’il est consommé et rongé par les vers, en plus d’être gâté et anéanti par la vieillesse. N’avez-vous pas honte d’exposer Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, à une telle ignominie ? Comment se fait-il, je vous le demande, que la divinité de Jésus-Christ, qui est répandue dans tout, soit enfermée dans un morceau de pain ou dans une armoire ? Comment Dieu, qui est Esprit, peut-il être retiré de la bouche et avalé dans l’estomac ? N’est-ce pas une horreur horrible de penser qu’il est changé en excréments et vide dans un lieu qu’il ne faut pas nommer ? Car si vous tenez le pain pour votre Dieu, il s’ensuit qu’il est sujet à ces souillures. Et même s’il s’avérait (ce qui n’est pas le cas) que le pain ait été changé en corps du Christ, et que ce corps puisse être brisé par les dents, la divinité ne pourrait néanmoins pas souffrir un tel accident ou changement. De plus, le Christ ne parle nulle part de manger la divinité, mais de manger sa chair ; Et il n’appelle pas le pain sa divinité, mais son corps. Et en ce qui concerne son corps, que vous voulez enfermer dans un morceau de pain, je dis avec l’Écriture que le Christ a visiblement pris et transporté son corps devant les yeux des Apôtres au-dessus des nuées, à la droite de son Père ( Marc 16. 19; Luc 40. 50); Je dis ce corps qui a été crucifié, mort, enseveli, et le troisième jour est ressuscité d’entre les morts ; et que ce corps ne reviendra pas de là jusqu’à ce qu’il apparaisse visiblement du ciel, comme il est monté. Car le ciel doit la contenir jusqu’au jour de la restauration de toutes choses, ce qui n’arrivera pas avant le dernier jour. C’est pourquoi saint Paul nous exhorte à chercher les choses d’en haut, là où le Christ est assis à la droite de son Père. Donc, quant à son corps, le Christ ne se trouve plus ici-bas ; car il a quitté le monde et s’est rendu au Père (Actes 3. 21; Col. 3. 1). Ce que saint Augustin témoigne aussi en deux endroits à propos de saint Jean, où il est dit que le corps matériel du Christ est maintenant au ciel, et qu’il n’en reviendra pas avant le jugement (Jean 24:28 & 16:5 ; Matthieu 24:28). Et tout comme la foudre frappe soudainement et se montre partout, ainsi sera la venue de notre Seigneur Jésus-Christ. Je renonce donc à votre Dieu du passé, et je ne veux ni l’honorer ni le servir, et je dis hardiment que c’est le Dieu Maozin, dont parle Daniel, que l’Antéchrist et ses disciples doivent honorer avec de l’argent, de l’or et d’autres choses si précieuses ; de sorte que là où ce Dieu est adoré, là règne l’Antéchrist et sa synagogue. Or, n’est-il pas adoré ailleurs que dans l’Église romaine ? Il est donc clair que l’Église papale est la synagogue de l’Antéchrist. C’est lui qui est tout-puissant ; Car il brise et écrase tous ceux qui ne veulent pas l’adorer. Au contraire, il élève et honore ses esclaves, et partage avec eux les trésors et les royaumes du monde.
L’Inquisiteur serra les dents et trembla comme un lion en entendant ainsi manipuler son dieu de pâte. « Dans ce cas, dit-il, nous serions idolâtres. » R..«. Tu l’es vraiment, car tu adores un dieu fait de farine, dont nos pères n’ont jamais parlé. D. « Celui qui veut vivre éternellement doit manger la chair du Christ. Or, il ne parle pas d’autre viande qui soit sa chair que le pain de la dernière Cène. Il s’ensuit donc que ce pain est naturellement changé en corps de Jésus-Christ. R. « Il n’y a pas d’argument qui réfute plus efficacement votre transsubstantiation que celui-ci. Car si le pain est le vrai corps de Jésus-Christ, tous ceux qui le prennent dans leur bouche seront sauvés, le Christ disant : Celui qui mange ma chair a la vie éternelle, et celui qui mange ma chair et boit mon sang habite en moi, et moi en lui. (Jean 6. 54). Tous les infidèles et les impénitents peuvent prendre part au pain et au vin ; d’où il s’ensuivrait que les méchants et les idolâtres seraient sauvés. Mais il y a un inconvénient encore plus grand ; c’est que les chiens, les souris et les autres bêtes brutes mangent aussi le corps du Christ et sont sauvés s’ils mangent votre pain consacré ; Ce qui est horrible à penser. Judas lui-même a reçu le pain que le Christ a appelé son corps, ni plus ni moins que les autres apôtres. Donc, selon ce que vous dites, le traître Judas est demeuré en Christ, et le Christ en lui ; mais au contraire, on dit que Satan est entré en lui immédiatement. (Matthieu 26). J’en conclus donc que le pain n’est pas changé en corps naturel du Christ (autrement tous ceux qui le reçoivent, tant méchants que bons, seraient sauvés) ; au contraire, ce n’est qu’un signe du corps de Christ brisé pour nous ; pour nous, dis-je, qui la recevons par la foi.
[De la Messe]. Vous abusez beaucoup de vous-mêmes, disaient-ils, et le temps ne vous montrera-t-il pas tout le contraire ? Là-dessus, ils écartèrent la question de la dernière Cène et commencèrent à parler de leur idolâtrie. D. « Que croyez-vous de la messe ? » R. « Que c’est une idolâtrie abominable, par laquelle l’efficacité de la mort et du sacrifice de Jésus-Christ est complètement anéantie, et la Cène du Seigneur est renversée. Cette messe n’a pas été instituée par le Christ, et n’a rien de commun avec l’institution de la Sainte Cène, mais elle est fondée sur la transsubstantiation et d’autres supports de superstition.
[Du Baptême]. Q. « Le baptême est-il nécessaire au salut ? » R. « Je considère le baptême comme une institution sainte de Jésus-Christ, et je crois que dans le baptême, les fidèles reçoivent un sceau et un témoignage du pardon de leurs péchés par le sang du Christ. Je confesse aussi que le baptême est un signe de l’Alliance divine, par laquelle les enfants de Dieu, en tant que véritables successeurs d’Abraham, sont distingués du monde infidèle, tout comme la circoncision a distingué les Israélites des autres peuples. Mais je nie que l’eau du baptême soit nécessaire au salut, ou qu’elle donne le salut (Eph. 5. 26; Rom. 4. 11; Gen. 17. 11). Car ce serait faire du baptême une idole, et attribuer la grâce du Christ et la vie éternelle à l’élément corruptible ; Car l’eau ne confère pas le salut, ni n’efface nos péchés ; c’est le sang du Christ, dont l’eau est le signe. (1 Pierre 3:21 ; 1 Jean 1:7 ; Actes 4:12 et 10:43). Ainsi, le baptême n’est efficace que par le sang du Christ, en qui seul consiste notre salut, comme Celui qui a versé son sang pour effacer nos péchés, ce qui est représenté par l’eau.
[Du Baptême des petits enfants]. Cependant, ceux qui pèchent beaucoup sont ceux qui méprisent le signe extérieur, même s’il n’est pas nécessaire au salut. Q. « Vous dites donc que ceux qui ne baptisent pas leurs enfants font le mal ? » R. « Oui ; car puisque les enfants sont inclus dans l’alliance de Dieu, comme leurs pères et leurs mères, et puisque la promesse du salut leur appartient (Dieu ayant déclaré qu’il est le Dieu de nous et de nos enfants), il est raisonnable que le baptême, sceau de l’alliance, soit administré à ceux qui descendent des fidèles. Car qui a reçu le principal et le plus grand bien, pourquoi lui refuserait-on l’accessoire et le moindre ? (Genèse 17:17). Ayant appris par cette réponse qu’il n’était pas anabaptiste, ils le flattèrent, feignant d’être très satisfaits de ce qu’il était d’accord avec eux sur cette question. Mais lui, ne se souciant pas de leur flatterie, reprit la discussion et dit : « Comme je condamne ceux qui méprisent le baptême des enfants, je déteste aussi la méchanceté de vous, qui avez corrompu l’excellente institution du Seigneur par tant de superstitions tout à fait insupportables. Premièrement, vous transformez le baptême en idole, en ce sens que vous attachez le salut à l’eau, et non à la chose signifiée, qui est le Christ. Deuxièmement, vous faites beaucoup de mal aux enfants, en ce que, par des adjurations, vous voulez chasser le diable de leur corps. Troisièmement, vous ne déclarez pas au peuple le fruit et l’usage du baptême, mais vous marmonnez seulement quelques mots en latin, que ni le peuple ni la plupart de vos prêtres ne comprennent ; c’est contraire à la doctrine de saint Paul. (1 Corinthiens 14). Mais qui pourrait supporter vos cérémonies frivoles, telles que le sel, l’huile, les cierges et toutes les autres absurdités que vous avez introduites pour dénaturer le vrai baptême ? »
[Du Baptême extérieur, ou du figne visible, qui est l'eau]. R. Oui, d’autant plus que les enfants des fidèles sont sauvés comme leurs pères, par le seul mérite de Jésus-Christ, sans l’aide de signes extérieurs et visibles, de même que les enfants des Juifs qui sont morts avant de recevoir la circoncision ont été considérés comme sauvés. Car saint Pierre atteste que la promesse faite à leurs pères leur appartient, comme incluse dans l’alliance dans le Christ. C’est pourquoi saint Paul les appelle aussi saints ou purs ; et le Christ ordonne qu’ils soient introduits, les appelant héritiers du royaume des cieux. (Actes 2. 39; 1 Cor. 7; Mat. 19). Tout ce qui était en haut a été écrit par eux, ajoutant qu’il s’était trompé. Cependant, ils discutaient entre eux en latin au sujet des termes qu’il avait utilisés, et ainsi un diable disputait contre l’autre.
[De la Confession auriculaire]. Après le dîner, l’assistant de l’Inquisiteur quitta Audenarde pour se rendre à Gand ; à tel point que seul l’Inquisiteur resta avec son clerc, qui fit venir Ghileyn et l’interrogea comme s’il s’était enfui. D. Que pensez-vous de la confession auriculaire et de l’absolution de l’Église ? Ne croyez-vous pas qu’il faut se confesser au prêtre et qu’il a le pouvoir de pardonner les péchés ? Un. Je crois que nous sommes de pauvres pécheurs qui ont besoin que Dieu nous pardonne nos péchés. Pourtant, il est raisonnable que nous les confessions à Celui qui les connaît et qui a le pouvoir de nous pardonner. C’est pourquoi le Christ nous a aussi enseigné à confesser nos péchés à son Père et à lui demander pardon. David le reconnaît en disant : « J’ai péché contre toi, Seigneur, et j’ai commis l’iniquité devant toi. » (Ps. 130). Nous devons donc confesser nos péchés non pas au prêtre, mais à Dieu qui peut et veut les pardonner. Car il s’écrie par l’intermédiaire du Prophète : « C’est moi, c’est moi qui pardonne les péchés à cause de mon nom. » Il y a aussi une autre confession des péchés dont parle saint Jacques, qui se produit lorsqu’un frère (lorsqu’une dispute ou une offense surgit) se réconcilie avec l’autre. Car si quelqu’un a offensé son frère, il doit s’humilier et demander pardon ; l’offensé est tenu, selon la doctrine du Christ, de pardonner la faute. Voici les paroles de notre Seigneur : « Si quelqu’un a quelque chose contre son frère, qu’il aille et qu’il se réconcilie d’abord avec lui, puis qu’il offre son offrande à l’autel. » (Mat. 6. 12; Ps. 32. 5 & 51. 6; Jac. 5. 16; Mat. 5. 23). Et le sage dit : « Comment quelqu’un peut-il demander la grâce à son prochain s’il ne veut pas lui-même en faire aux autres ? »
[De la confession fraternelle & Chrétienne]. Cependant, je ne trouve pas mauvais que quelqu’un, pressé par les affaires et dans une certaine amertume d’esprit, demande conseil à un homme sage et discret qui sait l’instruire et le consoler si nécessaire par la parole de Dieu. Mais c’est tout autre chose que la confession faite à l’oreille du prêtre, car elle ne demande que conseil et consolation. Q. « Que pensez-vous de la confession auriculaire ? » R. « Quant à votre confession, dans laquelle vous demandez compte des péchés avec toutes leurs circonstances, je la rejette catégoriquement, car elle a été introduite sans témoignage de la parole de Dieu et sans aucun soulagement pour les mauvaises consciences. Vos œuvres maudites montrent combien cet aveu est pernicieux ; Car par une telle pratique, vous avez corrompu la chasteté des filles et des femmes mariées, et vous les avez dépouillées bien des fois. Par cette invention, l’Antéchrist a fait une brèche dans la conscience de tous les hommes et a connu les secrets des rois et et des princes, pour établir sa tyrannie et sa fausse doctrine par de tels moyens. En bref, cette confession a amené les hommes à se livrer à toutes sortes de pollutions et à s’autoriser pour tout mal, pensant qu’ils ont la rémission de tous leurs péchés par le moyen de la confession.
[De la satisfaction]. Q. « Que pensez-vous de la pénitence que le prêtre ordonne pour la satisfaction des péchés ? » R. « Je n’ai pas d’autre satisfaction que celle de Jésus-Christ, qui a pleinement satisfait Dieu le Père pour tous ceux qui croient en lui. C’est lui seul que je considère comme l’unique et éternelle satisfaction, lui qui a pris sur lui nos offenses et les a satisfaites dans sa chair. Par conséquent, il est notre paix, notre justification et notre réconciliation avec son Père. Si nous avons péché, nous avons devant Dieu un souverain sacrificateur fidèle et souverain, c’est-à-dire Jésus-Christ, le juste et bien-aimé, qui est l’expiation de nos péchés. (Rom. 3.24.25; 1.Jean 1. 2. 2; Cor. 5. 18. ; Col. 1. 20. ; Isaïe 53.5. Jean 1. 36. 1. Pierre 2 24; Rom. 8. 3. 1 Cor. 1. 30. Eph. 2. 14.). D. « Ne pouvons-nous pas satisfaire pour nos péchés et mériter le ciel par nos œuvres ? » R. « Je répète que le Christ est notre pleine satisfaction, qui s’est donné lui-même pour nous, effaçant les lettres obligatoires qui étaient contre nous. Mais comment pourrions-nous satisfaire pour les péchés, nous qui ne faisons que pécher, qui buvons l’iniquité comme de l’eau et dans la chair de laquelle seul le péché habite ? Et que pouvons-nous mériter par nos mérites, méchants et abominables devant Dieu, si ce n’est d’attirer sa colère ? Car par nature nous sommes enfants de la colère, la malédiction et la mort éternelle sont notre salaire ; tout ce que nous faisons déplaît à Dieu, et nos péchés doivent être acquittés par Jésus-Christ, en qui seul le Père prend plaisir. C’est pourquoi je rejette votre fausse doctrine concernant les œuvres par lesquelles vous prétendez mériter le ciel. (Col. 1. 20. 1. Jean 2. 1; Eph. 5. 25.; Col. 2. 14; job 15. 16; Rom. 7. 16; Eph. 2. 3; Rom. 8. 8; Matth. 3. 17. & 17. 5). Car qu’est-ce que toutes nos œuvres sont considérées en elles-mêmes, sinon le péché ? Toute notre justice (dit le Prophète) n’est rien d’autre qu’un vêtement souillé. Nous sommes pécheurs par nature, et nous ne pouvons rien faire d’autre que pécher. (Ésaïe 64:6). Nous sommes de pauvres esclaves du péché, vendus sous lui. S’il y a quelque chose de bon en nous, cela vient de Dieu et doit être attribué à Dieu seul, qui est la source de tout bien. En bref, nous restons toujours redevables à Dieu, car nous n’accomplissons pas la Loi et pourtant nous ne pouvons pas mériter le salut par elle. (Rom. 7. 14; Jac. 1. 17; 1. Cor. 4. 7; Luc 17. 10; Deut. 21. 13; Gal. 3. 13; Gal. 2. 21). Pourquoi la mort et la malédiction restent-elles sur nous, tandis que nous cherchons notre salut dans la Loi, c’est-à-dire dans nos œuvres ? Car si nous aurions pu satisfaire par nos œuvres, et mériter par elles la vie éternelle, quel besoin y avait-il que le Fils de Dieu, se faisant homme, satisfasse par sa mort et obtienne le salut ? Or, le Christ n’est pas mort en vain, car c’est par sa mort que nous sommes sauvés. Il est donc évident que nous sommes justifiés par les mérites du Christ sans nos œuvres. Par conséquent, saint Paul tire cette conclusion, que nous sommes justifiés par la grâce par la foi en Christ, et que tous sont sous une malédiction qui cherchent la justice dans les œuvres de la Loi. ( Isaïe 53. 4; 1. Pierre 2. 24; Gal. 3. 10; Gal. 3. 12; Deut. 21. 23). Tous nos mérites consistent donc dans le Christ seul, qui nous a délivrés de la malédiction, puisqu’il a été fait malédiction pour nous sur la croix, afin que s’accomplisse la promesse faite à Abraham, à savoir que tous seront bénis et sauvés dans sa postérité, qui est le Christ, tous ceux, dis-je, qui croiront au Christ. Ainsi justifiés, nous faisons des œuvres agréables à Dieu, ce qu’il fait lui-même en nous, mais nous ne méritons rien, cependant, parce que ce sont les œuvres de Dieu, qu’il récompense selon sa miséricorde. Pourtant, nous ne devons pas faire de bonnes œuvres avec l’intention de recevoir une récompense ou de gagner le ciel. Car nous ne sommes pas des mercenaires qui servent pour un salaire ; au contraire, nous sommes enfants de Dieu, qui servons par amour pour notre Père, qui nous promet gracieusement l’héritage de son Royaume, auquel nous aspirons, poussés par l’Esprit Saint, qui scelle sa vérité dans nos cœurs. (Ep. 2. 10; Philip. 2. 13; Rom. 8. 14; 2. Tim. 1. 7; Gal. 3. 26. & 4.6; Rom. 8. 4. 16 ; 1. Cor. 1. 22. & 55).
[Du Libre arbitre]. Q. « Ne croyez-vous pas que l’homme a le libre arbitre de faire le bien ou le mal à sa guise ? » J’avoue que le premier homme avait un arbitre franc et libre, par lequel il pouvait faire le bien ou le mal quand il le voulait. Mais il a perdu ce don de Dieu immédiatement après sa chute et est devenu esclave du péché, sans pouvoir de faire le bien. Et cette corruption n’est pas seulement arrivée sur lui, en tant qu’auteur du mal, mais aussi sur tous ses successeurs, c’est-à-dire sur toute l’humanité, de sorte que toute chair a corrompu ses voies et est encline au mal. (Ecc. 7.30; Ecc. 25. 14; Jean 8, 24; Rom. 6. 12; 2. Pierre 2. 19; Rom. 5. 12, 17 18. & 19; Gen. 6. 12; 1. Cor. 2. 14). Par cette révolte du premier homme, nous avons perdu tout pouvoir de faire le bien, tant dans l’intelligence et la raison que dans la volonté ; à tel point que nous ne pouvons pas comprendre, faire ou vouloir de nous-mêmes ce qui appartient à Dieu. Telle est notre nature corrompue, clairement décrite par le prophète David, en disant : « Ils se sont tous détournés et sont devenus inutiles. Il n’y a personne qui fasse le bien, pas même un seul. À ce propos, saint Paul dit que nous ne pouvons pas penser que quelque chose de bon vient de nous-mêmes, mais que toute notre suffisance vient de Dieu. Cela se rapporte aussi au témoignage du Christ : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Toute notre puissance réside donc dans le Christ qui, comme le dit saint Paul, crée en nous la volonté et l’action selon son bon plaisir. (Ps. 14. 3; Rom. 3. 12; 2. Cor. 3.5; Jean 14. 5; Philip. 2). Q. « Ne croyez-vous pas que les âmes, après cette vie, ayant été purifiées dans le purgatoire, y sont libérées par des messes, des anniversaires, des aumônes et d’autres bonnes œuvres semblables ? » R. « Je n’ai pas d’autre purgatoire ou purification que le sang du Christ, par lequel les âmes sont parfaitement purifiées de toutes leurs taches. L’aspersion du sang du bouc et du sang des veaux, ainsi que les cendres de la génisse rousse, ont été des images et des figures claires du sang du Christ, car de même que le peuple a été purifié des taches de la chair par de tels aspersions, de même nos âmes sont lavées du sang du Christ pour la rémission et la purification des péchés. C’est pourquoi saint Jean dit que le sang du Christ nous purifie de tout péché.
[Du Purgatoire]. Si c’est pour que tous nos péchés soient purifiés par le sang du Christ, à quoi sert votre faux purgatoire ? N’avez-vous pas honte d’anéantir la mort et le sacrifice du Christ et d’attribuer sa vertu à vos fables ? Ainsi, vous faites du Christ un demi-sauveur, dont le sang ne suffit pas sans votre purgatoire inventé. (1. Jean 1. 7; Apoc. 1. 5 ; Heb. 9. 7. 9. 12 13. 14. & 10. 4 ; 1 Jean 1). Or, il est clairement démontré aux Hébreux que le Christ a offert un sacrifice éternel et parfait, qui ne peut être anéanti, car il est et demeure toujours en effet pour la purgation et la rémission des péchés. Les prêtres de Lévi versaient souvent du sang pour la purification du peuple ; mais le Christ a une fois versé son sang pour les péchés du monde, de sorte qu’il n’y a plus d’autre purgation pour les péchés. Car par un seul sacrifice, ils sont rendus parfaits, purifiés et sanctifiés. Le Christ est entré une fois dans le Saint des Saints, non pas avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, par lequel il nous a acquis la délivrance éternelle. C’est pourquoi je conclus de ces témoignages clairs et évidents de l’Écriture sainte qu’il n’y a pas d’autre purgation nécessaire pour la purification des âmes que le sang du Christ, ni d’autre sacrifice par lequel elles puissent être secourues que le seul sacrifice du Christ, qui est suffisant pour tous les péchés du monde. (1 Jean 2. 2). Pourquoi votre doctrine du Purgatoire est-elle une doctrine diabolique inventée par votre Pape contre toute vérité des Écritures ? Pour réfuter ces passages, ils en citèrent quelques autres qui ne servent pas à confirmer leur purgatoire, en particulier celui du second livre des Maccabées, qu’il réfuta facilement. (2 Machab. 10. 43).
[Le Purgatoire est la cuisine du Pape]. Et, transporté en esprit, il leur dit : « Mais qu’est-ce que votre purgatoire, sinon une cuisine du pape où lui et tous ses cardinaux, évêques, prêtres et autres canailles de ce genre, depuis les plus grands jusqu’aux plus petits, festoyant aux dépens du sang des pauvres gens, sous prétexte de longues prières ? » Q. « Vous n’appréciez donc pas du tout le purgatoire ? » R. « Non. » Ils ont très peu réagi à ces paroles, d’autant plus qu’ils étaient assez empêchés d’écrire.
[De l'Enfer]. Du purgatoire, ils sont tombés en enfer, lui demandant s’il croyait aussi en l’enfer. Qu’il y avait un enfer. R. « De quel genre de question s’agit-il ? Je crois fermement qu’il y a un enfer, auquel les hommes condamnés après la mort du corps, à cause de leur incrédulité, sont éternellement tourmentés par le juste jugement de Dieu. Il y a des témoignages si clairs dans l’Écriture Sainte que je ne connais pas d’homme si méchant qui oserait le nier.
[Du Ciel]. Q. « Croyez-vous qu’il y a un ciel où Dieu règne avec ses anges ? » Quand il entendit cette demande si absurde, il pensa qu’eux-mêmes n’y croyaient pas, comme en témoignent leurs œuvres. Or, quand ils ne croient ni au ciel ni à l’enfer (ce qu’ils semblent nier par leurs propres œuvres), ils ne sont pas pires que certains de leurs papes et cardinaux, qui ont nié la résurrection des morts et la vie éternelle, ce qui montre clairement ce qu’ils ont cru du ciel et de l’enfer. Pour cette raison, ils ont inventé le Purgatoire, pour lequel ils ont anéanti à la fois le Ciel et l’Enfer.
[Les revenus Papistes sont fondez fur le Purgatoire]. Et il semble qu’ils se soucient aussi peu du purgatoire que du reste, sauf que toutes leurs superstitions et croyances sont soutenues par ce pilier. Car s’ils croyaient qu’il y avait un purgatoire où les âmes souffrent pour leurs péchés, ils ne commettraient jamais tant de méchanceté, ni ne l’endureraient comme ils le font. Pour revenir au fait, comme il le dit, je crois qu’il y a un enfer, donc je crois aussi qu’il y a la vie éternelle, dans laquelle les âmes des croyants, après la mort corporelle, sont reçues par le Christ leur tête.
[Du service & adoration des saints]. Q. « Ne pensez-vous pas que nous devons servir et adorer les saints, afin qu’ils soient nos avocats devant Dieu ? R. « Tout d’abord, en ce qui concerne le service des saints, je dis carrément qu’on leur fait un grand déshonneur lorsqu’on leur attribue un service dû à Dieu. Par conséquent, ceux qui font cela commettent l’idolâtrie contre le premier et le second commandements du Seigneur, qui sont la révérence ou le service, forgés à partir de leur compréhension envers les saints. Car il est écrit : « Tu ne feras pas tout ce qui te semblera bon, mais seulement ce que je t’ordonnerai. » Écoutez maintenant le commandement du Seigneur : « Tu serviras, dit-il, le Seigneur, ton Dieu seul. » Et même dans leur vie, ils n’ont pas demandé cet honneur et ce service. Car, lorsqu’ils voulurent faire un sacrifice aux apôtres, ils déchirèrent leurs vêtements. Deuxièmement, les services que vous accomplissez et que vous souhaitez rendre aux saints sont de la pure idolâtrie, tels que les messes, les pèlerinages, les cierges et autres bibelots semblables ; Ainsi, ces services n’en sont que plus abominables. (Deut. 10. 20; Matth. 4. 10; Actes 14. 14). Pour cette raison, je crois que nous ne devons pas honorer les saints selon votre conception. Cependant, si nous voulons leur donner honneur et révérence agréable, suivons leur doctrine et l’innocence de la vie. De même, je dis qu’il ne faut pas adorer les saints, car il est écrit : « Tu adoreras ton Dieu. » Pourtant, l’ange dit, quand Jean voulut l’adorer : « Garde-toi de faire cela, car je suis ton serviteur ; adorer Dieu. Mais il y a une grande différence entre prier et adorer. C’est pourquoi vous confesserez que nous devons prier les saints pour qu’ils soient nos avocats. (Deut. 10. 20; Арос. 19. 10. & 22.9).
[De l'intercession des Saints]. R. « Je crois que, tant que nous vivons dans cette lutte continuelle, nous sommes obligés de prier les uns pour les autres, parce que la charité fraternelle l’exige. Mais prier les saints qui sont en dehors de cette vie, nous n’avons ni commandement ni exemple. Le Christ nous a enseigné à prier son Père qui peut et veut tout donner. Et de nouveau, il a ordonné que nous priions et demandions en son nom. (Jean 14. 15). Enfin, je crois encore moins que les saints sont nos avocats devant Dieu, car cela signifierait vouloir prier pour son rôle de notre seul médiateur, le Christ. C’est pourquoi je tiens le Christ seul pour notre Avocat, à qui le Père (car il prend tout son plaisir en lui) accorde toujours une audience. C’est ce qu’atteste le saint Apôtre en disant : « Il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. 1 Tim. 2. 5). Les grands prêtres de l’Ancien Testament étaient aussi constitués médiateurs entre Dieu et le peuple (dans ce but, ils se présentaient dans le sanctuaire devant Dieu, pour prier pour les péchés), mais ce n’était pas que, par leur intercession, on pouvait être satisfait de Dieu, ou qu’ils étaient aptes à cela ; ils n’étaient donc qu’une figure du Christ, qui, au moment de son incarnation, devait être le véritable Médiateur du Nouveau Testament. C’est donc notre Seigneur Jésus-Christ qui est le seul Médiateur, qui, en tant que souverain prêtre, est entré par son sang dans le Saint des Saints, qui n’est pas fait de main d’homme, mais dans le ciel même, pour apparaître devant la face de Dieu pour nous. Il n’en est pas ainsi de Dieu comme des rois et des princes, comme vous dites, à qui il faut avoir accès par l’intermédiaire d’amis. Car, puisque tous les hommes sont pécheurs, il n’y a personne qui soit digne d’être médiateur si ce n’est le Christ seul, Dieu et homme, qui est notre paix et notre réconciliation avec le Père. Par conséquent, quiconque en désire un autre, celui-là se trompe et insulte grandement le Christ. (Heb. 9. 28).
[Des Images & de leur service]. Pour ne rien laisser derrière eux les chefs de leur idolâtrie, ils entrèrent dans la question des images et de leur service, lui demandant s’il n’approuvait pas les images de Dieu et des saints et leur service, et particulièrement de celles qui sont érigées dans les temples. R. « Je rejette tout cela comme une idolâtrie détestable contre le Dieu vivant et son commandement. »
[Les Images de Dieu]. Tout d’abord, je déteste toutes les images qui, d’une manière ou d’une autre, sont faites pour représenter Dieu et son essence et pour l’honorer sous la forme de l’homme et de la créature. Mais comment Dieu, qui est un esprit invisible, incompréhensible et vivant, peut-il être représenté par une ressemblance ? Notre vie, notre mouvement et notre être sont en Dieu, comme l’Écriture en témoigne. Les images, en revanche, ne vivent pas et ne bougent pas, et si elles ne sont pas entretenues par les hommes, elles passent et se transforment en néant. Dieu voit et entend tout. Les images ne voient ni n’entendent rien. L’image n’a pas de souffle, mais Dieu seul donne la vie et le souffle. (Actes 17.28; Baruch. 6). Pourquoi ne devrions-nous pas considérer que Dieu est comme l’or, l’argent et les pierres façonnées par l’artifice et l’invention des hommes ? Et en quoi considérez-vous cette ressemblance ? En forme? Par conséquent, Dieu, comme les hommes, a des membres corruptibles. En matière ? Dieu est donc or, argent et pierre. Dieu est Esprit et veut être servi en esprit, non par les images que les mains des hommes ont sculptées. Quiconque veut peindre ou contrefaire l’essence spirituelle de Dieu et ainsi le servir encourra le châtiment dont parle saint Paul. Ils n’avaient rien à répondre, sinon qu’ils citaient les chérubins que Dieu avait faits, mais cela leur était de peu d’utilité ; car les chérubins n’ont pas été faits pour ressembler à Dieu, mais pour être un signe de la présence invisible et incompréhensible de Dieu. (Rom. 1. 21. &c. Exode 25. 17. &c). De tels signes effraient aussi la nuée, la fumée, le feu et l’Arche d’Alliance elle-même, que les Chérubins couvrent de leurs ailes.
[Des Images des saints]. "En second lieu, a-t-il dit, les images qu’ils ont faites pour servir et honorer les saints sont interdites. Car, de même que Dieu ne veut pas être représenté ou servi par des images, il ne veut pas non plus que nous fassions des images des saints pour les servir par elles, car ce sont des dieux étrangers et de faux services rendus à Dieu. (Deut. 4. 16. & 5. 8.). Et nous ne lisons pas que dans l’Église israélite, pour les saints patriarches, les prophètes et les autres hommes et femmes craignant Dieu, qui étaient nombreux, aucune image du Christ ou des saints n’a été placée dans les temples et les oratoires des chrétiens. Néanmoins, je rejette entièrement toutes ces images sculptées, peintes et moulées, qui sont érigées dans les temples pontificaux et autres lieux d’honneur et de service. Puis ils recoururent à leur subterfuge vulgaire, que les images étaient les livres des fous. Mais Ghileyn a dit que l’Écriture n’attribuait pas aux images la fonction d’enseigner, mais nous dirigeait plutôt vers la parole de Dieu. Le Christ a dit : « Sondez les Écritures, car elles rendent témoignage de moi. » (jean 5. 39). Item : "Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les entendent. De même, saint Paul dit : « La foi vient en entendant ». Il ne dit pas : « Apprends des images. » Mais comment une image muette pourrait-elle enseigner la vérité ? Le Prophète dit : « Quel est l’avantage d’une image sculptée qui enseigne des mensonges ? Malheur à ceux qui disent au bois : « Ne te réveille pas », et à la pierre muette : « Réveillez-vous ! » Va-t-elle enseigner ? (Luc 10. 29 ; Rom. 10. 17; Habac. 2. 18. 19). Regardez, c’est une chose recouverte d’or ou d’argent, et il n’y a pas de souffle dedans. Qu’y a-t-il de plus clair ? Les images sont des mensonges. Comment? Ce qui est faux peut-il enseigner la vérité ? Comme le dit saint Jean : « Mes enfants, gardez-vous des idoles. » Et avec David : « Ceux qui font des idoles et qui se confient en elles seront comme eux. » (1. Jean 5; Ps. 115. 8).
[De la primauté du Pape]. D. « Ne voulez-vous pas croire que le Pape est le vicaire du Christ et le successeur de saint Pierre, qui est assis sur le trône de Dieu, comme le chef de tous les chefs spirituels et séculiers ? » R. « Je vous ai déjà répondu, et je vous demande si le Pape enseigne ce que saint Pierre et les autres apôtres ont enseigné ? » D. « Il enseigne la parole de Dieu, tel qu’il est exposé dans l’Écriture Sainte, même si vous ne le comprenez pas de cette façon. De plus, tu n’as pas lu toute la parole de Dieu. Car saint Thomas et plusieurs autres parmi les apôtres et les 72 disciples, et les docteurs de l’Église ont écrit des livres que vous n’avez pas lus. Deuxièmement, de nombreux conciles ont eu lieu, au cours desquels l’Esprit Saint a révélé plusieurs choses qui n’étaient pas si clairement et pleinement contenues dans l’Écriture Sainte. L’Église, qui ne peut se tromper, a reconnu de tels décrets et conciles comme des écritures saintes, et pourtant nous devons recevoir les deux. Car l’Esprit Saint a promis d’assister l’Église jusqu’à la fin du monde. R. « Ô Dieu ! Quels blasphèmes. Votre Pape est le véritable Antéchrist, qui s’est opposé à Dieu en actes et en paroles. Il est le chef de toute malice. Lisez ce que Daniel dit au sujet de la dernière bête et de l’abomination de la désolation. Aussi, le chapitre 13 de l’Apocalypse, et saint Paul, qui l’appelle le fils de perdition, un homme de péché, qui s’est assis dans le temple de Dieu. Car il a envahi et corrompu l’Église, il s’est établi comme Dieu sur elle, et il s’est élevé au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu. Intérieurement, il a infiltré la conscience des hommes avec ses traditions et ses fausses doctrines, sur lesquelles l’Esprit de Dieu (dont ils sont les temples) devrait régner. C’est le méchant, dont la venue a été accompagnée de signes de miracles mensongers, à la confusion de tous ceux qui n’obéissent pas à la vérité. (Dan. 11. 7. & 10; Apoc. 13. & 17; 2. Thess. 2).
[De l'intelligence des Écritures]. D. « Vous êtes dans une grande erreur. Pensez-vous comprendre l’Apocalypse de saint Jean et d’autres livres aussi difficiles ? Vous ne pouvez manquer de tomber dans l’hérésie lorsque vous lisez le texte simple de l’Écriture sans y ajouter l’exposé des Saints Pères. R. « J’adhère au texte de l’Écriture, qui s’accorde avec le sens de l’Esprit Saint, et je ne veux pas recevoir de docteurs ou de gloses qui contredisent son sens. Le Saint-Esprit établit les choses profondes de Dieu et n’est lié à personne ; au contraire, Il respire où Il veut et ouvre l’intelligence à qui Il veut. Il écrit que tout sera enseigné par Dieu. D. « Nous ne savions pas que tu étais tel. » R. « Vous m’interrogez, et je confesse la vérité, dont vous êtes convaincu dans vos cœurs. » D. « Nous ne comprenons pas l’Apocalypse ni le reste, comme vous l’expliquez ; car saint Augustin et beaucoup d’autres médecins le prennent différemment. (Jean 3. 8. & 6. 45; Isaïe 54. 13; Jer. 31. 33]. R. « Saint Augustin et les autres ont compris ce que Dieu leur a révélé et ce qui était nécessaire pour leur temps. En ces derniers jours, Dieu a clairement révélé de nombreux secrets contenus dans l’Apocalypse, que les fidèles comprennent mieux parce qu’ils en voient l’accomplissement jour après jour ; comme le dit aussi saint Jean : que tout ce qu’il avait vu devait arriver. Lisez-le, et vous verrez que tout ce qu’il a dit sur la prostituée de Babylone et ses sorcières s’applique entièrement à votre Pape et à son règne. D. « J’étais complètement étonné (dit le Greffier de l’Inquisiteur) de voir combien la prostituée de Babylone était loin de venir. » R. « Il reste encore assez de temps pour l’entendre. » C’est elle qui a séduit tout le monde, et qui a enchanté les rois et les princes du pays avec le vin de Fès. Elle a dit dans son cœur : Je siégerai comme reine et je ne serai pas veuve. Mais sachez que ces malheurs arriveront un jour. (Арос. 17. & 18). Cet hypocrite est la papauté, qui s’enivre du sang des saints, qui domine sur les rois de la terre, qui forniquent avec elle. C’est la Sodome spirituelle et l’Égypte, où se trouvent les enchanteurs des âmes. C’est la demeure des harpies, des démons et des esprits immondes. Quant à l’autre bête, c’est-à-dire les rois et les princes sur lesquels la prostituée s’est assise, et par lesquels elle est entretenue, saint Jean en parle plus secrètement. Mais vous, autres serviteurs de cette prostituée, vous buvez du sang innocent et vous combattez l’Agneau et ses saints. Mais l’Agneau finira par vous conquérir, vous et votre prostituée. Plût à Dieu que vous ouvriez les yeux ! Mais hélas ! J’ai bien peur que vous ne soyez de ceux qui s’opposent à la vérité par méchanceté délibérée, et qui résistent à l’Esprit Saint, car ce péché ne vous sera jamais pardonné. Car tu as confessé aujourd’hui que tu comprends bien la vérité ; mais vous cherchez plus l’honneur du Pape que celui de Dieu. Par conséquent, vous recevrez de votre maître la récompense que vous méritez. (Actes 7. 5I; Matth. 12. 31; Marc 3. 38; Luc 11. 10). En résumé, ce prisonnier a bien agi envers ces malheureux, que la parole de Dieu n'est pas liée, et il a lui-même écrit qu'il se sentait hors de la foi, et que l'Esprit de Dieu a mis dans sa bouche ce qu'il devait dire. Cet examen terminé, à la demande de l'Inquisiteur, il a signé ses réponses, avec cette protestation : « Messieurs, si vous pouvez me convaincre d’une erreur, je la détesterai ; sinon, je m’en tiendrai à cette même confession jusqu’à la fin. Là-dessus, le lieutenant du bailli arriva, tout ivre, qui, après avoir échangé quelques mots avec l’inquisiteur, ramena Ghileyn en prison.
Ses disputes contre divers adversaires de la vérité.
[Les quatre Curez d'Audenarde]. Quelque temps plus tard, les quatre prêtres d’Audenarde, docteurs en théologie et grands sophistes, vinrent lui rendre visite à plusieurs reprises pour le détourner de sa confession et le ramener au papisme. Ils l’attaquèrent avec force et fermeté, mais à leur grande confusion. Incapables d’obtenir quoi que ce soit de lui par leurs sophismes, ils l’abordèrent sous un autre angle et lui demandèrent s’il n’aimait pas sa femme et ses enfants. Celui-ci, répondant soudain : « Messieurs, vous savez bien que je les aime d’une grande affection, et que c’est ce qui me presse le plus. Je vous le dis en vérité : « Si le monde était tout d’or, et qu’il fût à moi, je le donnerais volontiers à ma femme et à mes enfants avec du pain sec et de l’eau, en prison et en défense. » « Si c’est le cas, répondirent-ils, vous les aimez, comme vous le dites, alors laissez vos fausses opinions. Tu n’as qu’à dire un mot pour t’assurer que tu te repentis, et tu seras avec ta femme et tes enfants comme auparavant. « Je le ferais volontiers, a-t-il dit, si ce n’était pas quelque chose contre Dieu et contre ma conscience. Par conséquent, ni pour ma femme, ni pour mes enfants, ni pour aucune créature au monde, je ne renoncerai à ma religion (que je sais être vraie) en échange de la grâce et de l’assistance de Dieu. Ils l’attaquèrent d’un autre côté, en disant : « N’hésite pas à changer d’avis, sans crainte de reproche ni de moquerie. Quant à cela, nous vous soutiendrons bien. « Non, non, dit-il, si je me trompais, je ne craindrais pas les moqueries du monde. Ma vie m’est plus chère. Ainsi, par la grâce et l’assistance de Dieu, il a vaincu les tentations de Satan et de ses disciples.
[Deux Cordeliers d'Audenarde]. Après cela, deux cordeliers du couvent d’Audenarde vinrent le voir pour le déstabiliser. L’un s’appelait Frère Martin, un grand sophiste ; mais quant à l’autre, il ne le connaissait pas. F. Martin lui demanda de réciter ce qu’il avait répondu à l’Inquisiteur et aux prêtres ; ce que Ghileyn fit point par point, puis leur demanda s’ils avaient une contre-réponse. « Nous ne venons pas ici, disaient-ils, pour discuter avec vous ; mais nous voyons que vous êtes dans l’erreur. « Prouvez-le donc, dit-il ; et comme il les pressait de le faire, ils ne savaient que dire que leur vieux refrain : « L’Église croit cela. » — Vous ne me séduirez pas par vos belles paroles, dit F. Martin. Le prisonnier lui posa quelques questions, mais il ne voulut pas répondre ; car il n’était pas homme à discuter, mais plutôt à boire avec ses compagnons. Lorsque ces moines voulurent se retirer, il leur demanda : « Est-ce en vertu de cinq paroles que le pain est changé en corps du Christ ? » « Vous voulez être trop sages », disaient-ils, « et cela doit être compris comme l’Église le veut. »
[De la Transsubstantiation]. Nous croyons qu’à partir du moment où le prêtre a prononcé les cinq paroles sacramentelles, ce pain devient le corps du Christ, à tel point que le Christ y est avec son corps et son âme, et même avec sa divinité même. Pour prouver leur point de vue, ils ont cité les paroles de la dernière Cène : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » « Continuez », a-t-il dit, vers le texte, où, en parlant du vin, le Christ dit : « Ceci est la coupe du Nouveau Testament. » Donc, si le pain, selon votre opinion, est changé en corps du Christ, il faut aussi que la coupe soit changée dans le Nouveau Testament ; ce qui serait trop lourd à considérer. De plus, selon cette interprétation, le Christ aurait plusieurs corps. Les moines sont restés sans voix sur ce point. (Matthieu 26:26).
[Similitude Sophistiquée]. Ayant repoussé de ce côté, ils tirèrent une similitude des profondeurs de leurs sophismes. « C’est juste, disaient-ils, comme un miroir brisé en plusieurs morceaux représente votre figure dans chaque morceau, même s’il n’est qu’un visage et un miroir ; Il en est de même pour le pain. Car, bien qu’il soit brisé en plusieurs morceaux, cependant dans chacun d’eux se trouve le corps du Christ, bien qu’il n’y ait qu’un seul pain et un seul Christ. « Votre similitude est un argument qui vacille (a-t-il dit) et qui joue contre vous-mêmes. Vous dites que le pain n’est plus du pain, mais le vrai corps du Christ. Mais le morceau de miroir dans lequel je me vois ne se change pas en mon visage, mais reste toujours un miroir ; d’où, selon vos propres paroles, il s’ensuit que le pain reste inchangé.
[De la puissance de Dieu]. Leur dernière fut à la Toute-puissance de Dieu, ce à quoi Ghileyn répondit : « Je sais très bien que toutes choses ont leur existence de Dieu. Mais à quoi cela sert-il pour votre transsubstantiation ? Vous attribuez vous-même cette puissance non seulement dans la chair, mais aussi (ô horrible blasphème !) à Dieu lui-même. Si le pain était le corps, l’âme et la divinité du Christ, vous mangeriez cette âme et cette divinité avec un grand plaisir. Mais le Christ ne parle que de manger sa chair. J’en conclus que le pain n’est pas le corps naturel du Christ, mais seulement un signe de celui-ci, même s’il est appelé Corps. Dans le même sens, l’anneau que le mari donne à sa femme s’appelle la foi du mariage ; non pas qu’il s’agisse de la foi ou du mariage, mais parce qu’il le représente, et le sceau confirmant la promesse qui s’accomplit alors. De même, Jésus-Christ, qui est vrai dans ses promesses, ne donne pas seulement le signe de son corps, qui est le pain, mais aussi son corps lui-même, à moins que nous ne le rejetions par notre incrédulité. Par conséquent, le pain et le vin sont des signes visibles et des mémoriaux de la mort que le Christ a soufferte pour nous. Car il dit : « Faites ceci en mémoire de moi. » Là-dessus, les moines s’en allèrent, le recommandant à Dieu et promettant de prier pour lui.
Troisième interrogatoire et dispute de l’Inquisiteur.
[De la Transsubstantiation]. L’Inquisiteur,
étant venu le trouver, lui demanda s’il ne voulait pas s’écarter de son erreur.
R. « Je ne veux pas renoncer à ma religion, à moins qu’il ne soit prouvé qu’elle
est mauvaise. » Ensuite, l’Inquisiteur présenta quelques raisons pour réfuter
les réponses de l’examen précédent. Mais il s’est particulièrement concentré sur
le point de la transsubstantiation, et a fait tous ses efforts pour le
maintenir. D. « Changerez-vous les paroles expresses de Jésus-Christ : Prenez,
mangez, ceci est mon corps ? » R. « Pas du tout, mais il faut les prendre dans
leur vrai sens, qui est conforme au reste de l’Écriture, sans s’en tenir
obstinément aux paroles prises littéralement. » Deuxièmement, je confesse que le
Christ ne sépare pas la promesse des signes visibles, mais qu’il accomplit
toujours intérieurement dans l’âme des croyants ce que représentent le pain et
le vin. Mais quant à votre transsubstantiation, je la rejette entièrement, car
elle répugne à la vérité de l’Écriture sainte, à la nature et à toute raison. Si
le pain que les Apôtres ont pris lors de la dernière Cène était le vrai corps
naturel du Christ, ils ont reçu moins que nous, à savoir un corps qui n’a pas
été crucifié et qui n’a pas pu leur être bénéfique. Car tout notre salut est
dans le Christ seul et en Lui crucifié, c’est-à-dire dans la mort et le
sacrifice du Christ, sans lesquels la chair du Christ ne donne pas la vie. Or,
les apôtres ont été sauvés tels que nous le sommes par le sacrifice de
Jésus-Christ. Il s’ensuit donc qu’ils ont reçu son corps spirituellement et par
la foi. Deuxièmement, le Christ a institué pour nous sa sainte communion, afin
qu’elle soit un mémorial de lui. Or, si le pain est le Christ lui-même, comment
peut-il être le mémorial de quelque chose qui est présent lui-même ?
Troisièmement, la Cène du Seigneur doit être administrée et sa mort proclamée
jusqu’à ce qu’il revienne. Selon tes paroles, ce sacrifice doit cesser, puisque
le Christ est sur la terre selon sa nature humaine. De plus, votre
transsubstantiation est contraire à plusieurs témoignages clairs de l’Écriture
Sainte. Car Jésus-Christ a dit : « Je quitte le monde et je vais au Père. » Et
aussi : « Si je n’y vais pas, le Consolateur ne viendra pas. » (Jean 14.
28. & 6. 5. 7. 28. & 12. 8). Et : « Tu ne m’auras pas toujours avec toi. » De
plus, cette transsubstantiation répugne à l’article de l’Ascension du Christ et
de son assise à la droite du Père. Bref, il produit de grands mensonges et de
grandes absurdités. Car il y aurait (s’il en était ainsi) beaucoup de descentes
et de venues du Christ. Si le pain est le Christ lui-même, le Christ sera rompu
un nombre infini de fois chaque jour, crucifié, mis à mort, ce qui est un
blasphème exécrable. Q. « N’y a-t-il pas deux manières de manger le corps du
Christ ; l’une spirituelle, l’autre corporelle et sacramentelle ? A. « Bien
qu’il y ait dans la Sainte Cène des signes extérieurs qui servent notre
infirmité, la nourriture et la boisson que le Christ donne sont reçues
spirituellement et par la foi : car la réception charnelle n’est d’aucune
utilité ; c’est l’Esprit qui donne la vie. On ne peut donc pas manger la chair
du Christ comme on mange une autre chair de vaches et de brebis, avec de bonnes
dents, mais spirituellement, par la foi, comme le Christ lui-même l’enseigne : «
Je suis, dit-il, le pain de vie qui est descendu du ciel ; Celui qui croit en
moi a la vie éternelle. (Jean 6:51). Personne ne peut donner le pain que le
Christ donne. Le ministre donne le pain et le vin, mais le Christ donne ce qui
est signifié par le pain, c’est-à-dire son corps. À cela, l’Inquisiteur répondit
: « Le Christ parle en ce lieu de manger spirituellement. Car les Juifs
pensaient qu’il était nécessaire de manger la chair du Christ, comme toute autre
chair, avec leurs dents, mais nous la donnons dans la bouche, et on l’avale très
doucement. « Vous êtes, dit Ghileyn, exactement comme les Capernaïtes ; Ils
l’ont compris charnellement, et vous aussi. Mais votre opinion est encore plus
lourde et plus blasphématoire. Car vous ne mangez pas seulement la chair du
Christ, dont les Juifs se contentaient ; mais en plus de cela, vous avalez le
Christ tout entier, avec ses os, ses nerfs, sa peau, etc. Et ce qui est plus
détestable, c’est que vous avez aussi l’âme, oui, la Divinité du Christ. Regarde
la méchanceté que tu commets. L’Inquisiteur, tout furieux à ce mot, le jugea
hérétique. Ayant appris que l’Inquisiteur lui imposait ce crime énorme, tout ému
dans son cœur, il dit à haute voix : « L’Esprit Saint rend témoignage en moi que
tu es toi-même un hérétique, un persécuteur de la vérité et un disciple de
l’Antéchrist. » « Je suis, dit l’inquisiteur, serviteur du pape et de
l’empereur. » « Tenez-vous donc fermement à votre Pape », a dit Ghileyn, « quant
à moi, je m’en tiens à mon Sauveur Jésus-Christ, crucifié, qui jugera avec
justice notre cause au jour du jugement, lorsque je vous ajournerai. »
L’Inquisiteur répondit : « Et j’y serai. » Ghileyn a dit : « Et vous serez
obligé d’être là, malgré ce que vous pouvez avoir. Alors vous verrez que nous
avons scellé la vraie doctrine de notre sang. L’Inquisiteur dit : « Nous
il en serait de même si nous y étions forcés. « Vous feriez très attention de ne
pas faire cela », a déclaré Ghileyn. En outre, vous aurez obtenu de l’Empereur
un Placart par lequel vous maintenez votre faux
doctrine. Ce sont les arguments avec lesquels vous n’êtes pas d’accord. Il n’y a
personne qui soit libre de débattre contre votre doctrine, que ce soit à
l’intérieur ou à l’extérieur de votre synagogue. Il n’y a pas de nouvelles ici
de l’ordonnance de saint Paul, permettant à la congrégation de juger. Si
quelqu’un veut ouvrir la bouche pour parler, quand il est déclaré hérétique.
Néanmoins, la vérité, qui est notre défense, ne peut être surmontée. (1
Corinthiens 14:29). Quand l’Inquisiteur commença à parler doucement, lui
demandant de laisser passer l’essentiel de leur Dieu de pâte, et que tout irait
bien. Il a dit cela pour le tester. Ghileyn, s’apercevant de sa tromperie, lui
dit : « Ô mon Dieu, mon Seigneur, fortifie-moi jusqu’à la mort, afin que je ne
renie aucune partie de ta vérité. » C’est ainsi que l’inquisiteur s’en alla,
donnant huit jours de répit pour délibérer s’il voulait se repentir. Plus tard,
les prêtres revinrent à lui et le tourmentèrent de nouveau ; à qui il refusa de
parler davantage.
[Les Curés reviennent vers lui]. Mais ils n’ont pas cessé, cependant, de dire qu’ils l’ont fait à cause de leur devoir, en tant que ses pasteurs. Il a dit qu’il ne reconnaissait pas de tels pasteurs. Car le Christ dit : « Mes brebis entendent ma voix, mais elles n’entendent pas la voix de l’étranger. » (Jean 10). Puis il demanda aux pasteurs de lui apporter une Bible bien corrigée ; et qu’il leur montrerait leurs erreurs. Là-dessus, ils dirent que tout irait bien s’il confessait seulement ce point, que tout ce que l’Église romaine, qui est gouvernée par le Saint-Esprit, ordonne, ordonne et tient pour bon, est bon. « Prouvez-moi, dit-il, que tout ce que l’Église romaine tient pour bon est en accord avec les Saintes Écritures. »Qu’est-ce que cela signifie, disent-ils, l’Église romaine pourrait approuver, ordonner, croire, enlever et ajouter tout ce qu’elle veut, et tout serait bon. « L’Église romaine, dit-il, n’a que la simple lettre de l’Écriture, qu’elle corrompt par ses fausses gloses et nie son vrai sens. » Deuxièmement, elle a corrompu toutes les ordonnances et le service de Dieu, et a rejeté le fondement de notre salut, à savoir Jésus-Christ, avec tous ses mérites. Au contraire, elle a introduit plusieurs inventions des hommes contraires à la parole de Dieu. « Je vais prouver tout cela, dit-il, et beaucoup d’autres choses, pourvu que vous me donniez une Bible. » Nous ferions bien de le faire, disent-ils, mais nous craignons que vous ne suciez le venin. « L’Écriture sainte, dit-il, est écrite pour la doctrine et l’instruction de tous les hommes, et le Christ commande que nous la cherchions ; vous, au contraire, vous défendez la Bible contre l’ordre de Dieu et de l’Empereur. Cependant, bien que vous me défendiez de lire l’Écriture sainte, j’ai une bonne assurance en mon Dieu et Seigneur, qui, par son Saint-Esprit, me suggère tout ce que je dois répondre. » (1. Tim. 3. 16; Jean 5. 39).
[Sa délivrance & heureuse fin]. Le lundi précédant le jour du sacrement, qu’on appelle, M. Pierre, l’un des prêtres, vint le trouver, avec lequel il s’entretint longtemps. Mais quand il vit que le prisonnier ne pouvait pas être distrait de ses aveux, il se moqua de lui, d’autant plus qu’il voulait être si certain de la vérité ; En entendant cela, il répondit, disant qu’il était un faux prophète et un séducteur ; et le serrait si fort qu’il ne savait plus quoi répondre. Il se retira alors et alla boire à l’auberge avec l’Inquisiteur. C’est tout ce qui est arrivé à Ghileyn de Muelere pendant son emprisonnement. Lorsque le moment de sa libération fut proche, il écrivit tout ce qui précède à quelques frères dans le Seigneur, de qui nous l’avons trouvé, et ajouta ce qui suit : « Chers frères, je vous envoie ici tout ce qui m’est arrivé pour le nom du Christ. Dieu fera ce qui m’arrivera à partir de maintenant. Je crois qu’ils me donneront la torture, car je ne les ai pas épargnés ; Ils n’épargneront pas non plus ma chair. Mais, chers frères, restez couverts pour ne pas tomber dans le danger de la mort ; cela m’importe peu ; car je suis maintenant livré, et je serai sacrifié quand il plaira au Seigneur. Priez donc pour moi, car j’en ai besoin. La prière des fidèles est d’une grande efficacité devant Dieu. Mais méfiez-vous des faux frères qui sont en grand nombre. Soyez diligents dans la lecture de la Parole du Seigneur. Par-dessus tout, marchez dans la crainte de Dieu pendant qu’il est temps. À Dieu soient la louange et la gloire pour toujours. Amen. (Jacques 5:16)". Ainsi constamment maintenu la vérité, en fidèle serviteur du Christ, l’Inquisiteur hâta son procès et le livra au bras séculier. Peu après, il fut conduit devant le bailli et les assesseurs d’Audenarde, qui prononcèrent la sentence de mort contre lui. Et il a été conduit comme une brebis innocente à l’abattoir. En chemin, il chanta un hymne et marcha joyeusement vers la petite maison qui avait été construite sur le marché, où, invoquant le nom du Seigneur, il fut étranglé et brûlé en l’an 1554.
FRANÇOIS GAMBA, de Lombardie (1).
Il faut retenir de cette histoire que la connaissance de l’Évangile du Seigneur ne peut être apprise dans aucune autre école que la sienne : autrement, les fidèles ne pourraient pas tenir ferme une seule minute face à tant d’assauts différents qui sont lancés contre lui, surtout lorsqu’il est proche de la mort. En cela, nous faisons l’expérience que la foi est le fondement du vrai service et de l’obéissance que nous devons à Dieu lorsqu’il nous appelle à souffrir pour sa vérité.
(1) Cette notice est absente des premières éditions de Crespin, mais elle se trouve dans celle de 1570, f° 291-293. Voy. Pantaleon, Martyrum historia, lib. X (Basíl., 1563), avec cette indication : Ex epist. cujusd. nobilis comensis. C'est sans doute à cet ouvrage que Crespin a emprunté cette notice. Voy. aussi Foxe, t. IV, p. 466; Mac Crie, Reform. in Italy, chap. V. Dans une lettre de Calvin à Sleidan (Opera, XV, 221), le réformateur dit en parlant de Gamba: «Nuper in oppido Venetæ ditionis, paulo ultra Vulturinam, admirabili constantia ad ultimum usque spiritum, pius vir mihi probe notus Christum confessus est. »
François Gamba, natif d’Ise (2), dans la région de la Bresse en Lombardie, ayant reçu la vraie connaissance de l’Évangile, est venu à Genève pour demander conseil sur certaines questions qu’il avait à discuter. Il était là au moment où l’Eucharistie était célébrée à la Pentecôte, et il a participé à l’assemblée des fidèles. Plus tard, alors qu’il revenait, alors qu’il traversait le lac de Côme, il fut appréhendé et fait prisonnier dans la ville de Côme ; où, après avoir constamment soutenu la vérité de l’Évangile, il fut condamné à être brûlé le 21 juillet 1154, comme on le voit.
(2) Iseo, bourg de la province de Brescia (Lombardie), sur le lac du même nom.
Copie d’une lettre envoyée par un gentilhomme de la ville de Côme, près de Milan, au frère dudit François Gamba, dans laquelle il raconte brièvement l’heureuse fin de son frère, qui a été brûlé pour la vérité de l’Évangile à Côme, le 21 juillet 1554.
Frère bien-aimé, combien Dieu pèse sur mon cœur quand je veux vous réciter la mort bénie de votre bon frère et la mienne. Je ne doute pas que votre cousin, qui était ici, ne vous ait déjà informé de tout ce qu’il a dit ici, mais comme il a été pressé de revenir, comme je le lui ai conseillé, je n’ai pas eu le loisir à ce moment-là de tout lui dire, comme je le voulais vraiment, et comme je l’ai promis à votre frère, de vous faire comprendre la vérité de la façon dont il s’est conduit jusqu’à la mort ; afin qu’après l’avoir connu, vous ayez l’occasion, non pas de vous affliger, mais plutôt de louer Dieu pour toujours de la grâce singulière et de l’admirable constance qu’il lui a données depuis sa prison jusqu’au dernier souffle de sa vie. Pourquoi, ayant trouvé cette bonne occasion de vous écrire, je n’ai pas voulu manquer de vous informer en peu de mots à ce sujet, à la fois pour vous donner lieu de vous réjouir en Notre-Seigneur, qui a montré tant de miséricorde envers votre frère, ayant daigné lui donner tant d’honneur, pour le choisir pour soutenir sa cause devant les hommes, même en abandonnant son corps pour être brûlé, afin de sceller la sainte doctrine du Fils de Dieu, qu’il n’avait pas honte de confesser hardiment devant tous ; et aussi pour tenir la promesse que je lui ai faite de vous faire savoir comment tout s’est passé. Je le ferai, pas aussi complètement que l’affaire le mérite ; mais j’aborderai brièvement les points principaux de ce que j’ai vu et entendu moi-même. Voici où en est.
Depuis que votre frère a été emprisonné, et pendant tout le temps qu’il y a été, il est incroyable de voir combien de personnes de cette ville, en fait de tous les milieux, en particulier les médecins et les messieurs, lui ont demandé avec insistance de ne pas entretenir obstinément de telles fantaisies et de telles imaginations, comme ils croyaient que votre frère en était arrivé là ; et en fait, ils le jugeaient totalement dépourvu de sens et d’intelligence.
[Les ignorants jugent les enfants de Dieu insensés]. C’est pourquoi ils le pressaient de s’occuper de ses affaires et de quitter toutes ces rêveries dans lesquelles ils pensaient qu’il était tombé ; mais le brave homme répondait toujours que ce qu’il avait avancé, et qu’il soutenait avec tant de fermeté, n’était pas des spéculations frivoles ou de vaines fantaisies qui sortent d’un esprit troublé ; que ce n’était pas une humeur fantaisiste qui le transportait, mais que c’était la pure vérité du Dieu vivant, la doctrine du salut et la sainte parole de notre Seigneur Jésus. Et sur chacun des points qu’il proposait, il citait les passages de l’Écriture sainte pour prouver ce qu’il disait, protestant avec une constance admirable qu’il préférait être mis à mort plutôt que de renoncer à Jésus-Christ, l’unique Sauveur et Rédempteur du monde, dont il soutenait la cause et la doctrine, et de trahir par sa déloyauté la cause que Dieu lui avait confiée pour la soutenir jusqu’à la fin. Enfin, après un long temps passé à discuter avec les docteurs de cette ville, avec les prêtres, les moines et tous les autres qui venaient le voir, pensant le détourner de son opinion, certains d’entre eux, émus de pitié, puisqu’ils le savaient bon et droit, tous d’accord allèrent vers lui ; et après lui avoir demandé de changer d’avis, ils lui promirent que s’il voulait faire ce qu’ils demandaient, ils avaient un grand désir de le faire citoyen de cette ville et de lui donner toutes les provisions qu’il voudrait ; Mais il n’a jamais accepté rien de tout cela et n’y a pas prêté attention du tout. Or, voyant qu’ils ne pouvaient rien lui arracher d’autre, ils lui firent dire qu’il serait mis à mort s’il ne changeait pas. À quoi il répondit avec une grande promptitude que c’était ce qu’il désirait le plus, et qu’il ne pouvait pas recevoir de meilleures nouvelles.
[Comment le Seigneur continue les jour des siens]. À ce sujet, voici des lettres qui viennent du Sénat de Milan, par lesquelles il est ordonné qu’il soit mis à mort et brûlé vif. Comme ils étaient sur le point d’exécuter cet ordre, voici arriver des lettres de recommandation de l’ambassadeur de l’empereur, qui est à Gênes, et de plusieurs gentilshommes de Milan, raison pour laquelle l’exécution a été différée de quelques jours ; Cependant, votre bon frère reste toujours inébranlable et ferme dans son saint dessein. Peu de temps après, voici la deuxième lettre, par laquelle il est ordonné d’être exécuté. C’est ainsi qu’il fut conduit hors du château où il était prisonnier, comme vous le savez, et présenté devant le podestat qui est à Côme, jugeant à la fois les affaires criminelles et civiles ; et là, ils lui prononcèrent cette sentence : S’il ne voulait pas reconnaître et changer d’opinion, il était condamné à mort. Puis, montrant qu’il était très joyeux et merveilleusement consolé, il remercia humblement le podestat de la si bonne nouvelle qu’il lui avait apportée. Malgré cela, le Podesta, à qui quelques messieurs l’avaient demandé, le garda en prison pour le reste de la semaine. Cependant, pendant ce temps, il disputa hardiment contre tout le monde, citant toujours plusieurs raisons de l’Écriture Sainte pour confirmer tout ce qu’il soutenait, de sorte que de jour en jour son courage augmentait, et sa constance était d’autant plus évidente qu’il lui était permis de vivre. Finalement, le Podestat l’envoya chercher et lui dit que le lendemain, ou dans les deux jours au plus, il devait mourir, suivant ce que le Sénat lui avait ordonné de faire. Mais il lui a donné la même réponse qu’auparavant, que c’était une très bonne nouvelle pour lui.
[Tentations de toutes parts]. Et après avoir prié de nouveau et averti longuement, s’il voulait parler de tout ce qu’il avait avancé, du moins de ce qu’il avait osé dire contre le sacrement de la messe, que ce qui lui avait été offert et promis s’accomplirait facilement, il ne se soucia pas de ces promesses, et il ne les regardait que comme un souffle de vent passager, et disait souvent qu’il n’était pas nécessaire de comparer ce qui lui était promis avec les biens inestimables qu’il était assuré de recevoir bientôt du Seigneur, à savoir la couronne de l’immortalité et de la vie éternelle. Et il n’a jamais changé de courage, quoi qu’on lui ait proposé ; on voyait plutôt sa constance croître d’heure en heure, comme je l’ai dit, en faisant des remarques si excellentes que tout le monde en était étonné. La justice, le voyant ainsi disposé et résolu qu’il n’y avait plus rien à faire, ordonna qu’on l’expédiât le lendemain. Maintenant, sachant que la fin approchait, il m’a envoyé chercher pour me parler. Entre autres choses, il m’a affectueusement demandé de vous écrire sur la façon dont il s’était débrouillé dans ses affaires et sur le résultat ; de vous demander aussi, pour l’honneur de Dieu et pour l’amitié que vous lui portez, de ne pas être bouleversés à cause de sa mort, puisqu’il la supporterait très volontiers pour l’amour de Jésus-Christ, et qu’il ressentait une joie et une consolation singulières dans son esprit, reconnaissant l’honneur et la grâce que Dieu lui avait donnés en daignant le choisir pour supporter les ignominies du monde et souffrir une cruelle la mort en soutenant la cause de son Fils Jésus, qui n’avait pas épargné sa propre vie pour le salut de tous les fidèles. En outre, il vous a recommandé ses sœurs et les vôtres, ses neveux et nièces, priant Dieu de vous garder tous dans la paix et l’amitié, vous accordant la grâce de consacrer toute votre vie à son service. Le lendemain matin, le bourreau (qui était Aléman) est allé le voir pour l’informer qu’il devait être exécuté ce jour-là, et pourtant il lui a pardonné. À cela, ton frère a répondu qu’il n’avait pas peur de faire hardiment ce qui lui était commandé, et que de son côté, non seulement il lui pardonnait de tout son cœur, mais il priait aussi Dieu pour lui, afin qu’il lui accorde la grâce de connaître son salut, et il ajouta que s’il avait eu de l’argent, Il le lui aurait donné. Après cela, il a été emmené devant le Podesta, qui lui a une fois de plus demandé de reconsidérer et de changer d’avis ; Mais il ne l’a pas fait, pas plus qu’auparavant. Et pour cela, le Podesta, après lui avoir demandé de ne pas trouver étrange ce qu’il faisait, lui déclara qu’il était contraint par ses seigneurs de l’envoyer à la mort. Puis il le remercia très humblement et lui dit qu’il avait le cœur très triste, d’autant plus qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient, et qu’il priait Dieu pour eux, afin qu’il ait pitié d’eux. Immédiatement après que la cloche de la justice eut sonné pour l’appeler, deux moines capucins arrivèrent pour le confesser, et dès leur première entrée, ils lui dirent qu’il ne devait être ni fâché ni attristé ; Mais il a simplement répondu qu’il ne voulait pas de leur compagnie et qu’ils devaient partir.
[La croix des Caphard]. Or, selon la coutume de ces bons frères, ils avaient dans leurs mains une croix qu’ils montrèrent en souvenir. Et il leur dit qu’il avait Jésus-Christ tout imprimé dans son cœur, et qu’il ressentait vivement l’efficacité et la vertu de sa mort et de sa passion dans son esprit. Ils lui répondirent que s’il ne regardait pas leur croix, il désespérerait lorsqu’il en viendrait à ressentir les tourments du feu. Il me répondit que son cœur était rempli de joie et de consolation, et qu’il jouissait déjà d’une félicité incompréhensible ; et en ce qui concerne les souffrances qu’il aurait à endurer dans son corps, il la traverserait rapidement, mais que son âme participerait bientôt à la béatitude céleste et serait reçue dans cette heureuse compagnie des anges, pour jouir à jamais des biens que Dieu a préparés pour ses enfants, et des grâces que les yeux des hommes n’ont jamais vues, ni leurs oreilles n’ont jamais entendu. Après avoir fait plusieurs de ces remarques pleines d’une singulière consolation, afin de lui ôter tout moyen de parler davantage, et qu’il n’était plus entendu de la compagnie, sa langue fut percée ; puis il fut conduit au lieu de l’exécution, où, agenouillé, il leva les yeux au ciel et pria Dieu d’un cœur si ardent que tout le monde en fut étonné, tant il priait avec grâce. Lorsqu’il se leva, il fit tout ce que le bourreau voulait, et fut immédiatement étranglé. Or, bien qu’il eût été condamné à être brûlé vif, ils lui firent cependant ce petit bien en l’expédiant sans le faire languir. D’ailleurs, ceux qui étaient là étaient tous très étonnés, même désemparés, et il n’y avait personne qui pût rien dire, sinon qu’ils avaient fait mourir un homme de bien, même un innocent et vrai martyr de Jésus-Christ, d’autant plus qu’ils avaient vu en lui une constance invincible, dans laquelle il avait persisté jusqu’à la fin. Cette bonne personne a exprimé plusieurs autres pensées louables qui méritent d’être connues de tous, tant pendant son emprisonnement que lorsqu’il était prêt à mourir, que je ne peux pas vous transmettre à cette heure, et je crains aussi d’être trop long.
Je n’ajouterai que ce qu’il a fait lorsqu’il était sur le point de rendre l’esprit : il a jeté les yeux sur moi de très loin, me voyant en dehors d’une foule de quatre mille personnes, et il m’a fait signe de sa main droite, qui n’était pas liée, de me rappeler de vous écrire tout ce que je lui avais promis de faire. Et peu de temps après, il fut étranglé et rendit son esprit à Dieu le 21 juillet 1554.
[Le nombre des fideles toujours petit]. Je ne puis rien vous dire d’autre pour le moment, sinon que je vous supplie de vous consoler en Notre-Seigneur, de le remercier patiemment, et de ne pas vous affliger, ni vos frères et sœurs non plus, mais plutôt de vous réjouir, sachant que votre bon frère et le mien sont allés à Dieu pour jouir du bonheur éternel avec notre Chef et Capitaine Jésus-Christ, et avec tous les autres saints martyrs. Puisse-t-Il se souvenir toujours de vous, car il y a eu très peu de vrais chrétiens dans le monde, et à notre époque, il n’y en a qu’un très petit nombre. Prenez courage, et reposez-vous entièrement en Dieu, que je prie d’augmenter de plus en plus en vous ses saintes grâces, de vous garder sous sa protection, et de vous gouverner par son Saint-Esprit. Je me recommande à vous et à toute votre bonne compagnie, vous suppliant de m’employer à tout ce que je pourrai jamais faire pour vous.
De Côme, ce 29e jour de juillet 1554.
DENIS LE VAYR (1), de la basse Normandie.
De l’état et de la condition des libraires, des porteurs et des conducteurs des Saintes Ecritures, le Seigneur a appelé beaucoup de gens à porter sa parole devant les hommes, et même à la sceller de leur sang pour un plus grand impact.
(1) Voy. Crespin (édit. de 1556), p. 59-61; Bèze, 1, 54; Pantaleon, 1, 10; Foxe, IV, 418; Floquet. Hist. du Parlement de Normandie, 11, 266; Lelièvre, La Réf. dans les îles de la Manche (Bull. hist., XXXIV, 9, 16-18); Fallue, Hist. polit. et relig. de l'Egl. métrop. et du dioc. de Rouen, III, 193.
DENIS le Vayr, natif de Fontenay (1), dans le diocèse de Bayeux, en Basse-Normandie, après avoir quitté son sacerdoce pontifical, vint résider à Genève, où il fonda une imprimerie, et de là commença à transporter des livres en France à plusieurs reprises. Plus tard, il s’installa dans les îles de Gerzé et de Guernezé, qui, comme appartenant à la couronne d’Angleterre, furent placées sous l’Évangile de la vie du roi chrétien Edouard VI (2).
(1) Il y a trois Fontenay dans le Calvados: un hameau de ce nom, qui fait partie de la commune de Géfosses, es, Fontenay-le Marmion et Fontenay-le-Pesnel.
(2) Jersey et Guernesey furent évangélisées par des protestants de Normandie. Dès 1548, un arrêt de la Cour royale de Jersey pourvoyait au « nourrissement et entretenement » des ministres Martin Langlois et Thomas Johanne. Voy. les art. de M. Lelièvre sur la Réf. dans les îles de la Manche (Bull., 1885, p. 4, 52, 97, 145)
C’est là que Denis continua la librairie, exerça quelque temps les fonctions de ministre dans un village de Guernezé, prêchant l’Evangile, mais parce qu’en l’an 1554, à l’instigation du prince des ténèbres, les abus et superstitions papistes, par l’ordre de Marie, reine d’Angleterre, s’établirent sur lesdites îles (3), le Vayr, accompagné d’autres, retourna en Normandie, décidant de se retirer à Genève. Arrivé dans un village appelé La Fueillie (4), conduisant un tonneau rempli de livres de l’Écriture, car il devait avoir une charrette, M. Guillaume Langlois, lieutenant du vicomte (5), et Jean Langlois, son frère, procureur du roi, étaient là et voulaient savoir ce que c’était que cette marchandise, et ils l’arrêtèrent, ainsi que l’homme qui la gardait. Entre-temps, le Vayr qui arrivait, bien qu’il ait entendu le bruit de cette arrestation, n’a pas fait semblant d’en demander immédiatement la raison.
(3) La réaction catholique fut surtout cruelle à Guernesey, d'où Le Vayr dut fuir. Une femme, Perrotine Massy, épouse d'un ministre, qui avait dû quitter l' Île, lui aussi, pour fuir la persécution, fut traduite devant la cour ecclésiastique, avec sa mère et sa sœur. Renvoyées comme hérétiques devant la Cour royale, elles furent condamnées au feu. Perrotine Massy se trouvait enceinte et accoucha sur le bûcher même. L'enfant, arraché vivant du milieu des flammes par un spectateur, fut porté au bailli qui le fit rejeter dans le bucher de sa mère (Foxe, VIII, 226; le Heylin, Survey of Jersey and Guernsey, London, 1658).
(4) La Feuillie, canton de Lessay, arrondissement de Coutances (Manche).
(5) Voy. la note de la page 25.
On lui a dit que c’étaient des livres d’hérésie. Il répondit que non, et que c’étaient les livres de l’Écriture Sainte, contenant toute la vérité, qui lui appartenaient, et non à l’homme qu’ils avaient arrêté. Immédiatement, l’homme fut relâché, et le Vayr fut fait prisonnier à Péries (1), où il fut étroitement détenu pendant deux mois et demi, période pendant laquelle il fut interrogé par les juges de l’endroit, qui l’accusèrent de crime de trahison, au motif qu’il était resté sur le territoire soumis à l’Angleterre. Ce à quoi il répondit qu’il ne s’y était pas retiré pour une quelconque trahison, mais pour y vivre selon Dieu et son saint Évangile. Et parce que les officiers de justice desdits Péries n’ont pas suffisamment hâté son procès, sur l’ordre du procureur général du roi à Rouen, le Vayr a été emmené à Bayeux, et pendant dix jours a été si étroitement enfermé dans la prison épiscopale qu’il était impossible à aucun de ses amis de lui rendre visite. De là, il fut emmené à Rouen, où il fut condamné à être brûlé vif et élevé trois fois au-dessus du feu (2).
(1) Périers, arrondissement de Coutances (Manche).
(2) « Il fut condamné, par arrêt du Parlement, à avoir la langue coupée dans la cour du palais, à être conduit au Marché aux Veaux et attaché à l'engin, d'où il devait être plongé jusqu'à trois fois dans les flammes. » Fallue, op. cit.
[Sentence d'être mis trois fois au feu]. Une fois ce jugement prononcé, il fut saisi de la question extraordinaire de déclarer ceux de son avis. Le Vayr leur dit que tous les chrétiens qui aimaient le saint Évangile étaient de son côté, dont la plus grande partie du royaume de France, et même de leur Parlement. De plus, qu’aucune torture ou tourment ne pouvait lui faire dire autre chose, ni causer d’ennuis à qui que ce soit. Que s’il arrivait qu’il meure dans la géhenne, il était assuré de ne pas mourir dans l’incendie. Cette assurance fut la raison pour laquelle ils ne le mirent pas en question, mais ordonnèrent qu’on le conduisît immédiatement au supplice.
En sortant de la conciergerie, il y avait beaucoup de monde, que le Vayr exhortait à suivre la parole de Dieu, et qu’un moine carmélite était dans la charrette. L’un des officiers cria au bourreau : « Coupez, coupez-lui la langue. » Ce qui a été immédiatement exécuté comme dit. Là-dessus, le moine lui présenta une petite croix de bois qu’il lui mit dans les mains étroitement liées ; mais ce saint personnage la refusa, et de toutes ses forces tournoya autant qu’il put en tournant le dos au moine, dont le moine cria au peuple : « Voici, mes amis, voyez le méchant qui refuse la croix. » Puis ils le conduisirent devant la grande église qu’ils appellent Notre-Dame (1), et ils voulurent faire comprendre au peuple qu’il faisait amende honorable à ses saints ; mais le martyr montra de ses mains et de ses yeux, et par tous les signes possibles, qu’il était nécessaire d’adorer un seul Dieu, en détournant son visage de leurs idoles. Immédiatement après, il fut mis au feu, dont, selon sa sentence, il devait être retiré trois fois, ce qui, cependant, ne fut pas exécuté, car dès que le feu fut allumé, la flamme s’éleva presque à la hauteur d’une lance au-dessus du martyr (2), à tel point que les deux bourreaux, malgré toute leur force, ne pouvait pas le relever. Cependant les sergents frappaient à grands coups de massue les gens du peuple qui étaient là pour aider les bourreaux ; Mais il n’y avait aucun homme qui voulait mettre la main dessus. Il expira dans ce martyre le 9 août 1554 (3).
(1) La cathédrale de Rouen.
(2) Bèze dit: « Avoir le feu lui-même était plus humain que les bourreaux ».
(3) « La Réforme continuait toujours de trouver des prosélytes dans les rangs du clergé. Un prêtre, de Fontenay-le-Pesnel, près Caen, après avoir été quelque temps en Angleterre, était venu à Rouen, où il fut trouvé saisi de grand nombre de livres réprouvés, qu'il colportait dans la ville. Par arrêt du Parlement, après avoir eu la langue coupée dans la cour du palais, il fut conduit au marché aux veaux, lieu destiné à procéder à de telles exécutions ; Là, il a été guindé à l’aide d’une machine, puis mis vivant dans le feu, d’où il a été retiré jusqu’à trois fois, et où, enfin, il a été ars et consumé en cendres. Floquet, Hist. du Parl. de Norm., t. 11, p. 266.
PIERRE DE LA VAV, de Languedoc (4).
Constance notable comme dans le précédent concernant la question que les ennemis présentent extraordinairement, pour excuser ceux qui partagent la même profession de l’Évangile.
(4) Voy. Bèze, t. 1, p. 54; Menard, Hist. de la ville de Nîmes, t. IV. p. 232; Bulletin, t. XXIX, p. 492. Calvin, dans une lettre à Bullinger, écrite en novembre 1553. parle de sept ou huit réformés incarcérés à Nîmes à ce moment. De la Vau était sans doute l'un d'eux (Calv. Op., XIV, 656). Cette notice figure dans l'édition de 1570.
De Pierre de la Vau, natif de Pontillac (1), à cinq lieues de Toulouse, la mort et la constance dans les tourments furent renommées parmi les fidèles la même année 1554 (2). Il était cordonnier de métier, mais par ailleurs fervent dans la parole de Dieu et bien instruit dans celle-ci. En effet, lorsqu’il fut emprisonné dans la ville de Nîmes, après avoir défendu la vérité de l’Évangile, on voulut le forcer à accuser les fidèles de son savoir ; Il préférait subir l’interrogatoire extraordinaire, aussi horrible que puissent être les mutilations et les fractures de membres, plutôt que de mettre quiconque en danger. Il fut finalement brûlé vif dans ladite ville de Nîmes, et sa mort devint la semence de l’Évangile dans plusieurs endroits du pays (3).
(1) Lisez Paulhac (Haute-Garonne).
(2) Les martyrs français enregistrés par Crespin pour cette année 1554 ne furent pas les seuls. Calvin, dans une lettre à Sleidan du mois de septembre 1554, en mentionne cinq ou six, qui, depuis trois mois, étaient montés sur le bûcher dans le sud-ouest : «А tribus mensibus in Aquitania quinque aut sex fuerunt exusti, in quorum morte Christus magnifice triumphavít (Opera, XV, 221).
(3) « Pierre Delavau, ne pouvant contenir le divin message, le prêchait en pleine rue avec un zèle apostolique. Il fut étranglé, puis brûlé sur la place de la Salamandre. Ses cendres jetées au vent n'abolirent pas sa mémoire, et son supplice enfanta de nouveaux témoins. De ce nombre fut le prieur des Dominicains, Dominique Deyron, renommé pour son savoir et son éloquence. Déjà gagné dans le secret de son cœur aux doctrines proscrites, il avait été délégué pour accompagner Delavau à la mort, et reconquérir l'âme du patient à la foi catholique. Mais Deyron ne put voir la sérénité du martyr sans se sentir vaincu par cet apostolat de l'abnégation et du sacrifice. Il ne fit entendre au condamné que les consolations du pur Evangile, dont il devint lui-même un des plus zélés propagateurs sur la terre étrangère. Jules Bonnet, Derniers récits du seizième siècle, 1876, p. 152.
La vie, les agressions et la mort de M. Rogers sont décrites ici en détail, parce qu’il fut le premier à être brûlé sous le règne cruel de Marie, reine d’Angleterre. Il resta inébranlable, comme un bon connétable qui a longtemps préparé ses armes et s’est entraîné avec elles contre Stephen Gardiner, chancelier du royaume.
(4) C'est l'édition latine de Foxe (Bas. 1559) qui a servi de source à Crespin pour cette notice qui. dans l'édition de 1556, p. 484, n'a que dix lignes. Voy. Foxe, Acts р. 404, n'a que dix ne and Monuments, t. VI, p. 591
Iran Rogers a d’abord vécu à Cambridge, où il a passé son temps à étudier. Des marchands l’en tirèrent et l’emmenèrent à Anvers (1), où il missifiait (2) et se comporta comme les autres prêtres. À cette époque, William Tyndale et Milo Couerdal (3), tous deux de grande renommée, surtout le premier en raison de son martyre, s’étaient retirés d’Angleterre dans le pays de Brabant. Rogers fit leur connaissance et, peu à peu, grâce à une influence heureuse, commença à voir la lumière de l’Évangile, jusqu’à ce que finalement, à mesure que son jugement grandissait, il rompit avec le sacerdoce papal et joignit ses efforts aux leurs pour traduire quelques livres Grecs (4).
(1)Après avoir fait ses études à l'université de Cambridge, il fut appelé à Anvers pour servir de chapelain à la colonie anglaise de cette ville.
(2) Disait la messe.
(3) Sur William Tyndale et son martyre, voy. t. I, p. 115 et 312. Miles Coverdale fut l'auteur d'une traduction de la Bible anglaise, complètement distincte de celle de Tyndale, et dont la première édition parut à Zurich en 1535.
(4) Ces « quelques livres e grecs » n'étaient autres que les livres apocryphes de l'Ancien Testament, que Rogers traduisit pour l'édition in-folio de la Bible, qu'il publia en 1537, sous le pseudonyme de Thomas Matthew, et qui fut, par une proclamation de Henri VIII, placée dans toutes les églises.
[Jean Rogers se marie]. Peu de temps après, les Saintes Écritures lui ayant enseigné qu’il n’y avait pas de vertu à lier les consciences à des vœux illicites, il abhorra le célibat papal et épousa une femme plus douce de caractère et plus sobre dans la vie que dans la richesse. Avec elle, il se rendit bientôt à Wittenberg pour apprendre la langue allemande, et il l’apprit si bien qu’il fut ordonné ministre de l’Évangile et occupa ce poste pendant plusieurs années avec une grande diligence, jusqu’à ce que le règne du roi Édouard soit établi et que la prédication de la parole de Dieu soit libérée. qui avait été longtemps réprimée par la tyrannie du pape. Lorsque Rogers se sentit particulièrement obligé envers son pays, il retourna en Angleterre et travailla à faire avancer l’Évangile autant qu’il le put ; et il ne fallut pas longtemps avant que son travail soit bien récompensé. Nicolas Rydlé (1), évêque de Londres, lui accorda une prébende et d’autres pensions et revenus, et il fut ordonné professeur de théologie.
(1) Sur Ridley et son martyre, voy. la notice du livre VI.
[Est ordonné professeur en Théologie]. Il resta dans cet état jusqu’à ce que tout soit changé en Angleterre, lorsque Marie fut élevée à la dignité royale, ce qui renversa complètement ce que son frère avait établi. Le Christ a été banni, le Pape a été introduit, l’Évangile a été chassé et la messe a été rétablie, rendant son peuple esclave de l’Antéchrist. Néanmoins, Rogers ne cessa pas de persévérer comme il avait commencé, et le temps ne put rien lui faire abandonner son poste, ni les dangers ne pouvaient le faire fléchir ;
[Se montre fidèle serviteur de Christ]. Et comme la Reine faisait tout trembler sous ses menaces, et que personne n’osait ouvrir la bouche pour dire un seul mot de l’Évangile, il prêcha dans le temple de saint Paul comme il en avait l’habitude, avertit et exhorta tout le monde à se montrer constant et ferme dans la doctrine qui leur avait été annoncée. et détestait les idolâtries et les superstitions de la papauté (2).
(2) Ce sermon fut prêché le dimanche 23 juillet 1553.
Ce sermon irrita les seigneurs, et la faction des papistes soufflait avec acharnement pour les exciter et allumer le feu contre ce fidèle ministre ; cependant, comme à cette époque il n’y avait pas d’édits publiés par lesquels il pouvait être puni, Rogers s’échappa cette fois ; néanmoins, il n’est pas resté longtemps sans être puni, car peu de temps après, un édit a été fait, ordonnant à tous les ministres de l’Évangile de se taire (3)
(3) Cet édit de Marie Tudor (voy. Foxe, t. VI, p. 390) porte la date du 18 août.
[Persévère courageusement]. Quel que fût l’édit, Rogers ne manqua pas d’agir comme il en avait l’habitude. Ajourné et accusé, il reçut l’ordre de prendre sa maison comme prison (4).
(4) II résulte des State papers de Lord Burghley (p. 170), que cette mesure fut prise le 16 août, par conséquent avant et non après la proclamation royale.
Dieu a voulu qu’on ne lui donne aucune garde, et qu’aucune force ne soit utilisée contre lui, et il a eu tout le temps de fuir, ainsi que plusieurs occasions de se convaincre de le faire, parce qu’il ne voyait aucun espoir que l’Évangile puisse être restauré en Angleterre. Il lui fut aussi facile de retourner en Allemagne, d’où était sa femme et dont il avait eu dix enfants, à tel point que, pour la consolation de ses proches, il préféra rester plutôt que de se mettre en sécurité, et préférait tout supporter plutôt que d’abandonner la cause de l’Évangile. qu’il s’était autrefois engagé à maintenir.
{Est emprisonné]. Sa maison était proche de celle de l’évêque de Londres (1), ce qui était un mal proche pour lui (2), parce que cet évêque, imprégné de cruauté, (comme on le verra ci-dessous) ne pouvait en aucune façon supporter la vertu et la bonne réputation d’un si bon voisin. Finalement, Rogers fut emmené à la prison publique et fut détenu pendant plusieurs mois (3), avec des meurtriers et des brigands, au cours desquels il eut plusieurs batailles contre les papistes, et résista à de grands assauts, en particulier contre le chancelier Gardiner, évêque de Winchester (4).
(1) Edmund Bonner.
(2) Ce membre de phrase est la traduction du proverbe grec πημα κακος γειτων, cité à cet endroit par l'édition latine de Foxe.
(3) Menses complures, dit Foxe (édit. lat., p. 267). Rogers fut enfermé à Newgate, le 27 janvier 1554, et y resta plus d'un an.
(4) Sur Etienne Gardiner, évêque de Winchester, voy. la note du t. 1, p. 324.
[A pour adversaire Étienne Gardiner Chancelier]. Et d’autant plus qu’on parlera souvent de cet évêque, pour ceux qui veulent connaître la source des troubles en Angleterre, et comment le venin et l’amertume de cet ennemi de Dieu se sont répandus, nous aborderons brièvement ce qui suit.
Pendant le temps que le jeune roi Édouard VI régnait, et que son oncle, Édouard Semer (5), protecteur du royaume, gouvernait les affaires, un mandat fut donné à cet évêque pour que, dans un certain sermon qu’il devait prononcer devant le roi et le peuple de Londres, il publie des articles contre l’autorité tyrannique et la fausse religion du pape. et qu’il devait tout prononcer clairement et en bon ordre.
(5) Edward Seymour.
C’est Évêque, au lieu de faire ce qu’on lui a commandé, dit plusieurs choses indirectement et d’une manière évasive, plus en faveur du Pape que contre. Le roi, avec ses gouverneurs offensés, lui assigne un jour pour entendre les raisonnements de cette affaire, déléguant pour ses juges Thomas Cranmer, archevêque de Cantorbéry, Nicholas Ridley, évêque de Londres, Taylor, évêque de Lincoln, le secrétaire Peter, et plusieurs légistes (1).
(1) Thomas Cranmer, archevêque de Canterbury; Nicolas Ridley, évêque de Londres; John Taylor, évêque de Lincoln. Foxe ajoute Thomas, évêque d'Ely; Sir James Hales (voy. supra, p. 1), etc. Il nomme aussi le secrétaire Peter (Acts and Mon., t. VI, p. 85).
[Laissez échapper un méchant, il vous ruinera]. Et bien que Gardiner n’eût rien pour donner de la couleur à son offense manifeste, si ce n’est un oubli feint, il maintint néanmoins tant l’apparence de la justice par des paroles et des subterfuges qu’il prolongea son procès de six ou sept semaines, ce qu’il n’obtint pas sans une ruse singulière et une subtilité très malicieuse, de sorte qu’il eut le loisir de perfectionner une écriture. qu’il voulait présenter publiquement à l’archevêque de Cantorbéry, au sujet de la présence du corps du Christ, de la transsubstantiation et du sacrifice de la messe. L’archevêque et les autres juges qui avaient le pouvoir de punir de mort sa rébellion contre la majesté du roi ne firent rien d’autre que de le dégrader et de le mettre en prison, sauvant ainsi sa vie.
[Cruautés de l'Évêque de Wincestre]. Ce fait s’est transformé en une grande tourmente chez les juges eux-mêmes, trois ans plus tard ; car Gardiner le garda pour eux jusqu’à l’époque du règne de Marie, lorsqu’il sortit comme un sanglier de son fourré et fut nommé chancelier ; et comme si l’épée eût été placée dans la main d’un fou, il exerça cruellement cette dignité jusqu’à la ruine de ceux qui lui avaient sauvé la vie. Ainsi retiré des prisons, il excita de grands troubles contre les professeurs (2) de l’Évangile, et plus la reine Marie l’avait élevé en rang, plus il allumait les feux de la persécution contre les fidèles. Non seulement il opprima avec une tyrannie cruelle les évêques qui soutenaient l’Évangile, qu’il avait tous mis à mort ; mais il tendit aussi des embuscades secrètes pour l’autre fille du roi Henri, nommée Élisabeth, qui a depuis joui du royaume d’Angleterre, souhaitant sa mort, et essayant par tous les moyens soit de la piéger dans quelque mariage étranger, soit de la poursuivre de toutes les manières possibles, ou bien de lui faire perdre la vie. Et il est possible que parfois il aurait fait ce qu’il avait entrepris, si la mort ne l’en avait empêché, comme nous le verrons plus loin.
(2) Ceux qui font profession.
[Rogers est interrogé par Gardiner]. Tout d’abord, ce chancelier Gardiner convoqua Jean Rogers et lui parla ainsi : « Vous êtes bien au courant de l’état des choses dans ce royaume maintenant. » R. « Je ne sais rien, car comment pourrais-je le savoir, vu que, comme vous le savez, j’ai été enfermé dans ma maison comme dans une prison pendant si longtemps, sans qu’aucun homme n’ait accès à moi, et sans communication avec qui que ce soit d’autre ? Et étant ainsi seul, je n’ai pu rien entendre de ces choses-là, sinon qu’il est arrivé quelquefois qu’à table on a parlé en bien des affaires communes : mais de toutes, et de ces remarques générales, je n’ai rien pu retenir de précis.
[Il entend le Cardinal Pole, qui apporta le pardon du Pape]. G. « Vous vous moquez quand vous ne dites rien de particulier. Cependant, vous avez bien entendu dire que M. le cardinal (1) est récemment revenu ici, et que tout le monde a reçu le pardon qu’il a apporté, auquel aucun membre de ce Parlement n’a fait d’objection, sauf un qui s’est publiquement opposé à l’absolution de monsieur le cardinal (2).
(1) Le cardinal Pole arriva, en novembre 1554, en Angleterre, en qualité de légat du Saint-Siège, pour absoudre le royaume de tout schisme et le réconcilier avec Rome.
(2) Ce membre du Parlement, qui fut seul à faire preuve d'indépendance, se nommait Sir Ralph Bagnal. Strype (Memorials, III, p. 204) dit: « Le 28 novembre 1554, le Parlement déclara, par un acte, le regret de ses membres pour leur apostasie, et pria le roi et la reine d'intercéder auprès du cardinal pour obtenir leur absolution; et ils se mirent tous à genoux et la reçurent. L'un d'eux pourtant, Sir Ralph Bagnal, refusa de con- sentir à cette soumission, et dit qu'il s'était lié par serment à l'opinion. contraire sous Henri VIII, qui était un digne prince. et qu'après avoir tenu son serment vingt-cinq ans, il ne pouvait y manquer. Beaucoup d'autres étaient du même avis, mais aucun autre n'eut le courage de le dire. »
C’est avec beaucoup de difficulté que nous parlons de notre époque d’une telle unité, qui est comme un miracle. Et tous ensemble (il parlait de ceux qui ont tenu le grand concile, qui n’étaient pas moins de cent soixante) ont reçu d’un seul cœur et d’un seul consentement le pardon qui leur a été offert, concernant ce schisme par lequel tous les Anglais ont rejeté le pape, chef de l’Église catholique. Qu’en dites-vous ? Ne voulez-vous pas vous rallier à nous maintenant dans l’unité de la foi et de l’Église catholique, selon l’état du royaume tel qu’il est maintenant ? Parlez, allez-vous le faire ou pas ? R. « Je ne suis pas du tout fâché de m’être séparé jusqu’à présent de la société de l’Église catholique, et je ne veux pas m’en séparer. » G. « Je ne dis pas cela ; mais je parle de la condition ou de l’état de l’Église catholique que nous avons maintenant, par lequel le Pape est reconnu comme le chef souverain de l’Église. R. Je ne reconnais pas d’autre chef de l’Église catholique que Jésus-Christ, et je n’en reconnaîtrai jamais un autre ; et quant au Pape, je ne vois pas qu’on ne puisse lui attribuer plus que l’autorité de la parole de Dieu attribuée aux autres évêques ; et avec le mot, la doctrine de l’Église ancienne et pure, je parle de l’Église qui a existé quatre cents ans après Jésus-Christ et les Apôtres. G. « Pourquoi alors avez-vous admis le roi Henri VIII comme chef suprême de l’Église (1) , si vous croyez maintenant que personne ne devrait être admis en dehors de Jésus-Christ ? »
(1) Allusion probable au fait que Rogers avait donné ce titre à Henri VIlI, dans la dédicace de la Bible anglaise.
[Du Chef de l'Église Catholique]. R. Quant à moi, je suis certain que je n’ai jamais pensé cela de lui, qu’il avait la prééminence et l’autorité en matière spirituelle, comme si l’on parlait de pardonner les péchés, ou de conférer la grâce de l’Esprit Saint, ou qu’il usurpait tout droit et toute surveillance sur la parole de Dieu. Là-dessus, le chancelier, l’évêque de Durham (2) et l’évêque de Worcester (3) secouèrent la tête et, se moquant de Rogers, lui dirent : « En vérité, si vous aviez dit cela du temps du roi, vous ne seriez pas ici aujourd’hui pour chanter cette chanson. » Mais, comme Rogers voulait contourner et montrer comment le roi Henri était considéré comme le chef souverain de l’Église, ces hommes vénérables firent un si grand bruit qu’il ne put en dire plus qu’il ne le voulait ; et même si une audience lui avait été accordée, elle n’aurait pas été d’une grande utilité, car il n’y avait pas d’homme si peu au courant des affaires qui ne comprenne pourquoi ce titre était donné au roi Henri. Cependant, le chancelier, s’adressant au noble seigneur Guillaume Hauart (1), qui se trouvait près de lui, commença à lui faire des remontrances sur la façon dont Jésus-Christ et le pape pouvaient à juste titre être appelés le chef souverain de l’Église. Et comme Rogers avait répondu le contraire, que cela ne pouvait pas être le cas, et qu’il n’était pas convenable qu’il y ait deux têtes dans le même corps, qui est l’Église, il aurait voulu démontrer et développer davantage en quoi cette affirmation était fausse. Le chancelier l’interrompit et lui ordonna de répondre simplement et catégoriquement, lui demandant s’il souhaitait protester ou non contre le fait d’être membre de cette Église, dont les autres à l’époque se reconnaissaient membres en Angleterre. R. « Je ne peux pas me mettre à l’esprit que vous croyez bien ce que vous dites ici du Pape et de sa primauté, vu que cela fait dix ans que vous, avec les autres évêques, et tous les autres avec vous, avez soutenu le contraire, tant par la voix que par le consentement, et même certains d’entre vous l’ont publié par écrit (2) ; et en plus de cela, il y avait le consentement du Parlement publié (3), et les ratifications de tous les ordres et états. Mais là-dessus, le chancelier l’interrompit de nouveau et lui dit : « Pourquoi me citez-vous ce Parlement, qui a été forcé par une grande force et une grande cruauté d’abolir à cette époque la primauté du siège pontifical ? » Rogers lui dit : « C’est ainsi que tu parles ? Que cela a été fait par la violence et la cruauté ?
(2) Rogers fait allusion à un sermon de l'évêque Tunstall prononcé devant Henri VIII, et dont Foxe a donné de copieux extraits (t. V. p. 80-86).
(3) Ce fut le Parlement de 1534 qui abolit l'autorité du pape sur l'Angleterre, et déclara que Henri était le chef suprême de l'Eglise. Gardiner avait, par un serment solennel, promis soumission à cet acte.
Ce fait même confirme encore mon opinion que vous ne procédez pas correctement et que vous n’agissez pas avec équité, en utilisant la violence et la cruauté pour persuader la conscience des hommes. S’il est vrai, comme vous le dites, que la cruauté de ceux qui étaient en ce temps-là avait assez de vigueur et de force pour émouvoir et ébranler les opinions de vos cœurs, comment pouvez-vous maintenant exiger que votre cruauté satisfasse nos consciences ? G. « Je ne parle pas de la cruauté de ceux-ci, je dis seulement que les sénateurs et les conseillers qui étaient alors au Parlement ont été grandement et longtemps tourmentés, et amenés à un point tel qu’ils ne pouvaient rien faire, mais finalement ils ne se sont pas opposés à ce parti, bien qu’ils l’aient fait à regret ; mais maintenant, dans ce Parlement, les choses se passent tout autrement, dans lequel le pouvoir du Pape est confirmé, ratifié et rétabli au-dessus, par la volonté et le consentement de tous.
[La vérité ne se doit mesurer par le nombre des voix]. Puis Milhord Paget (1) entremêla quelques mots, voulant exposer plus clairement l’intention du chancelier et le sens de sa proposition. R. « À quoi tendent ces choses ? Ou quel est leur but ? Est-ce à dire que dans cette assemblée, le plus petit nombre a approuvé ce qui était le mieux, que pour cette raison il y avait moins d’autorité dans ce Parlement, et qu’il fallait lui accorder moins de crédit ; et inversement, que nous devrions accorder plus de déférence à ce Parlement actuel parce qu’il y a eu plus de votes en sa faveur ? Et pour que tu saches, Seigneur, que ces questions ne doivent pas être mesurées par le nombre de ceux qui ont voté, qu’ils soient nombreux ou peu nombreux, nous devons évaluer les questions que nous présentons en fonction de leur vérité, de leur droiture et de leur importance.
(1) William, premier lord Paget, homme habile, mais sans principes, qui essaya de se maintenir dans la faveur de quatre gouvernements successifs. Il mourut en 1563.
Alors que Rogers poursuivait cette discussion, le chancelier l’a fait taire, suggérant qu’il n’était pas seul, mais qu’il y avait encore d’autres personnes à qui il devait parler. C’est pourquoi il lui ordonna de répondre en un mot, s’il voulait ou non appartenir à la même Église que tout le royaume. R. « Ce n’est ni ma volonté ni mon intention de le faire, à moins que vous ne me montriez par des témoignages clairs de l’Écriture que celle-ci est la véritable Église. Si vous m’accordez que je puisse obtenir des livres, de l’encre et du papier, je vous montrerai facilement le contraire ; Et en effet, que tout le monde pourra facilement reconnaître qu’il n’y a pas de fermeté dans votre Église. Alors, je donnerai volontiers la liberté à quiconque voudra le contredire de prendre la plume pour écrire ce qui lui semble bon.
G. « Ne pensez pas que nous vous permettrons jamais cela. Et ce qui est pire, nous ne vous présenterons pas à nouveau les mêmes conditions que nous vous proposons maintenant, si vous refusez cette fois de vous soumettre à l’Église catholique. Vous avez ici deux choses : la miséricorde et la justice ; l’un ou l’autre vous est offert par la Reine ; si vous refusez la miséricorde, vous sentirez la rigueur de la justice imposée par les lois. R. « Je n’ai jamais offensé la majesté de la Reine en paroles ou en actes, cependant, je ne rejetterais pas sa miséricorde. » De plus, si vous ne voulez pas m’accorder les choses que je vous ai dites, et si vous ne pouvez pas supporter qu’une inquisition soit faite dans votre doctrine qui a commencé, ou qu’on la compare avec les saintes Écritures, par un tel refus, vous déclarez suffisamment quelle peut être votre cause. Or, comme vous, qui êtes les prélats de ce royaume, vous m’avez incité, il y a plus de vingt-dix ans, à abandonner d’abord la fausse prééminence du siège romain, maintenant vous qui m’avez poussé à le faire, vous me refusez la liberté de défendre ma foi, et comme il se peut que vous soyez contraires à vous-mêmes, vous fuyez aussi toute connaissance et ne voulez que l’examen de votre doctrine. Bien sûr, je ne pouvais pas être persuadé de cette façon. G. « Si vous ne reconnaissez pas le Pape comme le chef de l’Église, la Reine n’aura jamais pitié de vous, alors ne vous y attendez pas. De plus, en ce qui concerne l’inquisition de la doctrine, et d’avoir une conférence avec vous, il m’est interdit de le faire par les paroles de l’Écriture, et je suis aussi averti par saint Paul d’éviter l’homme hérétique après une ou deux admonestations, puisque celui qui est tel est condamné par son propre jugement. Je nie d’abord être hérétique ; Lorsque vous m’en aurez convaincu, alors vous pourrez (comme bon vous semble) citer ce qui reste dans la phrase.
[Menaces de Gardiner]. Le chancelier revenait toujours à son point de vue, et trois ou quatre fois menaça Rogers que s’il ne retournait pas à leur église, il n’attendrait plus aucune faveur, et qu’il déclarerait s’il le voulait ou non. R. « Je ne veux pas et je ne peux pas le faire, jusqu’à ce que vous m’ayez rendu certain par les saintes Écritures que votre église est la véritable église, et que le Pape en est la tête. S’il y a quelqu’un qui peut me le montrer, je ne ferai rien par obstination. Sur ce point, l’évêque de Wigorne lui dit : « Quoi ? Ne croyez-vous pas au Symbole des Apôtres ? » Ou « Je crois en la sainte Église catholique, mais dans tout ce Credo, je ne trouve aucune mention du Pape de quelque manière que ce soit. »
[Que signifie Catholique]. Car ce mot catholique ne désigne pas seulement l’Église romaine, mais c’est un terme général qui englobe universellement la véritable Église faisant une confession constante ; c’est l’assemblée ou la communion de tous les chrétiens et de tous les fidèles répartis, qui font une confession vraie du Nom de Dieu d’un seul cœur et d’une seule bouche. Mais, je vous le demande, par quels moyens cette Église romaine pourrait-elle être, je ne dis pas la tête, mais seulement un membre de cette Église catholique et universelle, puisqu’elle s’est séparée d’elle sur tant de points de doctrine, et qu’elle est manifestement opposée à la parole de Dieu ? Et comment l’évêque de cette église peut-il se vanter d’être le chef de cette église, vu qu’il n’y a presque rien dans lequel il est uni aux membres de cette église ?
[Du service divin fait en langage étrange]. Le chancelier : « Maintenant, présentez-moi un point, ou même un seul point, sur lequel il y a discorde. Alors Rogers, pensant en lui-même et croyant qu’il devait produire au moins un point parmi plusieurs, lui dit : « Eh bien, je vais vous proposer un point au lieu de plusieurs, bien qu’il soit facile d’en produire plusieurs au lieu d’un. Tout ce que le Pape et tous ses disciples disent, prient ou chantent dans l’Église, ils ne le font qu’en latin ; ce qui contredit clairement la règle que donne saint Paul, 1 Corinthiens 14:2. Le chancelier répondit alors : « Je nie que cela répugne à l’Écriture canonique ; Avec quel argument fort le prouverez-vous ? Rogers a commencé à déduire son argument, en prenant le début du chapitre où il est dit : « Celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes, mais à Dieu », et ce qui suit. Selon l’Apôtre : Parler en langues, c’est parler dans une langue étrangère, comme le grec ou le latin ; et parler ainsi (selon saint Paul), ce n’est pas parler aux hommes. Or, puisqu’il est ainsi que vous dites toutes choses et tout en latin, ce qui est barbare et étranger pour eux, il est certain que vous ne parlez pas aux hommes, mais à Dieu. Ce que le chancelier n’a pas nié, confessant qu’il parlait à Dieu et non aux hommes. R. « Si tu parles à Dieu, c’est en vain que tu te prononces devant les hommes. » G. « Mon ami, il ne s’ensuit pas, car l’un parle une langue, l’autre une autre, et chacun fait bien. » Rogers répondit : « Qu’importe si je montre que de telles personnes ne parlent ni à Dieu ni aux hommes, mais qu’elles lancent de vaines paroles en l’air ? » Il commença à démontrer comment ces deux choses, qui semblent opposées, à savoir ne parler ni aux hommes ni à Dieu, et parler au vent, pouvaient cependant bien s’accorder ; mais immédiatement un grand bruit s’éleva, qui rendit Rogers incapable de parler aux hommes, même avec beaucoup de difficulté au vent. Puis le chancelier répéta cette déclaration et dit : « Parler à Dieu et non à Dieu sont deux choses qui sont naturellement répugnantes et impossibles ; » mais Rogers insista sur le fait qu’elles n’étaient en aucune façon répugnantes ou impossibles au sens où saint Paul avait parlé. Maintenant, il avait délibéré pour achever ce qu’il avait commencé ; mais un certain monsieur (1), assis sur le banc inférieur, vint dire : « Certes, je pourrai à cette heure témoigner bien et ouvertement contre lui, qu’il est loin de la vérité, et en fait, il a bientôt confessé que ceux qui emploient un langage étranger parlent à Dieu ; maintenant il dit le contraire, qu’ils ne parlent ni à Dieu ni aux hommes.
(1) Lord Howard.
Rogers se tournant alors vers le gentleman répondit : « L’affaire ne va pas comme vous la prenez ; seulement (dit-il) j’ai apporté un passage de saint Paul, que j’ai voulu concilier avec une autre phrase du même texte ; et j’y serais déjà allé si on m’avait donné une audience. Quant au monsieur, il lui dit qu’il n’y avait pas de gibier là-bas, et qu’il ne comprenait rien à cette affaire. Et le gentilhomme (1) de répondre : « Je comprends que ce que vous dites n’est pas naturellement possible, cela sent le sophisme, je ne sais quoi. Après cela, le chancelier recommença à parler, et dit à ce monsieur qui s’était ainsi avancé pour dire sa parole : que lorsqu’il était à Halle, une ville de Souabe, les habitants de cette ville, qui auparavant célébraient tous les services divins dans la langue commune du pays, faisaient maintenant les prières communes et d’autres choses relatives au service de Dieu, en partie dans leur langue commune, en partie en latin. L’évêque de Wigorne dit à ce sujet : « Nous faisons la même chose maintenant dans la ville de Wittenberg. » « Y a-t-il là une si grande merveille ? » dit Rogers, « puisque c’est une université où la plupart des gens savent parler latin ? » Puis il se mit à raconter les voies de cette Église, et de là il voulut revenir à l’autre partie de la dispute qu’ils avaient eue longtemps auparavant avec le chancelier, évêque de Winchester, mais il fut empêché par les cris et le grand bruit que faisaient ceux qui étaient présents, et il pensa en lui-même : « Oh, quelle misère ! Ces gens-là ne veulent pas m’entendre du tout, et ils ne me permettent pas d’écrire. Quel remède y a-t-il donc, si ce n’est de tout recommander au Seigneur ? Cependant, il était toujours disposé à essayer de poursuivre ce qu’il avait proposé, affirmant qu’il serait facile de concilier les passages de saint Paul qui avaient été cités ; et en plus de cela, il promit de prouver par des raisons tirées de l’Écriture les choses qu’il affirmait.
[Blasphème du Chancelier]. Alors le chancelier lui dit : « Tu ne pourras rien prouver par les Écritures, car l’Écriture est une chose morte ; elle a besoin d’un commentateur. R. « Au contraire, l’Écriture est une chose vivante, selon ce qui est dit dans le quatrième chapitre de l’épître aux Hébreux. Mais je vous en supplie, permettez-moi d’en venir au point où je m’étais destiné, et de revenir à notre sujet. L’évêque de Wigorne prit alors la parole et dit sa pièce (1) de cette manière : « Tous les hérétiques ont cette particularité qu’ils combattent avec les Écritures, et c’est d’elles que vient leur bouclier ; et pourtant il est nécessaire qu’un commentateur vivant y soit ajouté.
[Il faut convaincre les hérétiques par les Écritures]. R. « Il est bien certain que les hérétiques sont généralement aidés par les Écritures : mais ils ne peuvent être réfutés que par elles. » L’évêque répondit : « Mais ils n’ont jamais voulu confesser qu’ils ont été réfutés par les Écritures. » R. « Je crois que c’est vrai, cependant, ils ont effectivement été repoussés et vaincus par eux. » Les conciles libres et dûment assemblés n’ont jamais été combattus que par l’autorité de l’Écriture sainte, et ils n’ont jamais quitté leur place avant d’avoir été légitimement conquis. Et à ce sujet, il avait délibéré de déclarer par quels moyens les fidèles devaient maintenant s’engager avec les différents ecclésiastiques, à la manière des anciens ; Mais il a dû faire face à des oreilles sourdes. Tous se précipitèrent sur lui avec impétuosité ; L’un parlait d’une chose, l’autre d’une autre, et de tous côtés il s’élevait un grand bruit, et chacun posait sa propre question, si bien que si ce pauvre homme avait eu cent langues et bouches, et autant d’oreilles, il n’aurait pas pu entendre toutes leurs paroles, encore moins les satisfaire toutes. Là, vaincu par la malice du moment, laissant en partie la place à la fureur de ces bêtes, il fut forcé de fermer la bouche, voyant qu’il ne gagnerait rien à parler. Plus tard, ayant retrouvé une certaine occasion de parler, bien qu’il eût un vif désir de revenir à la première question qui avait été soulevée, Cependant, le chancelier usa alors principalement de son autorité et ordonna qu’il soit immédiatement retiré de là et ramené en prison, avançant cette raison, qu’il y en avait encore beaucoup d’autres qui devaient être entendus, à moins que celui-ci ne veuille être réformé, car il utilisait ce mot. Puis Rogers se leva, car jusqu’à cette heure-là, il avait été obligé de se tenir à genoux. Entre-temps, Lord Richard Sutvel, Chevalier de l’Ordre (1), appuyé contre une fenêtre, voulait aussi dire sa morceau, afin que personne ne le pense complètement muet, et parla ainsi : « Je sais que lorsqu’il s’agira du dernier point, vous ne pourrez ni ne voudrez, ni supporter le feu pour ces choses. » Rogers, levant les yeux au ciel, dit : « Certes, je n’oserais pas promettre de faire de grandes choses, et cela n’est pas opportun pour moi ; cependant, j’ai une bonne espérance dans le Seigneur et une volonté de perdre ma vie plutôt que d’abandonner une opinion bonne et sainte. »
(1) Sir Richard Southwell avait été membre du conseil privé sous Henri VIII et Edouard VI. I1 devint sous Marie un ardent persécuteur. Il était chevalier de l'ordre de la Jarretière.
Après cela, l’évêque d’Éli (2) commença à prononcer un long discours sur la volonté et l’engagement de la reine ; et après avoir rassemblé quelques mots pour souligner ce qu’il disait, il termina finalement ses propos de la manière suivante : « Que la Reine a jugé indignes de sa miséricorde ceux qui ne reconnaissaient pas le Pape comme le chef de l’Église. » R. « Bien qu’il se puisse que je ne l’aie jamais offensé, pas même d’un seul mot, Je ne voudrais pas mépriser sa miséricorde, et je la prie humblement et sincèrement pour que je puisse sentir sa faveur, pourvu que ma conscience reste intacte.
(2) Thomas Thirlby, évêque d'Ely. Il était attaché à l'Eglise romaine, mais il sut, par son honnêteté et sa modération, commander l'estime des deux partis. Cranmer avait pour lui une vive affection. Thirlby, obligé d'occuper un siège parmi ses juges, en fut fort affligé. Ayant refusé de reconnaître Elisabeth, il fut déposé, mais ne fut pas autrement inquiété, et mourut à Lambeth en 1570.
Il n’avait pas prononcé le mot, que plusieurs s’écrièrent tout à la fois, surtout Burno (1) le secrétaire : « En effet, tu seras un prêtre marié, et tu n’auras jamais enfreint la loi ? » Et Rogers répondit ainsi : « Qu’il n’avait violé aucune ordonnance de la reine en cela, ni aucune loi publique du royaume, puisqu’il s’était marié dans un endroit où le mariage légitime était permis et accordé par les lois. » Et quand on lui demanda où il s’était marié, il répondit : « En Saxe. » Et il ajouta que, si cela n’avait pas été permis dans le royaume d’Angleterre (2) lorsqu’il quitta l’Allemagne, il n’aurait pas quitté l’endroit où il devait venir en Angleterre avec sa femme et ses huit petits enfants.
(1) Ou plutôt Bourne. Voy. la note de la page 96.
(2) Rogers fait allusion à l'Acte de 1548, par lequel Edouard VI révoquait « les lois, canons, constitutions et ordonnances » qui prohibaient le mariage des ecclésiastiques. Un autre Acte vint, plus tard, confirmer celui-là et proclamer la légitimité de telles unions.
Cependant, le cri du peuple ne s’est pas arrêté pour autant. Puis il y en avait qui disaient qu’il était venu trop tôt ; d’autres qu’il était revenu à son grand malheur avec tant d’enfants, et chacun disait ce qu’il pensait être le mieux. L’un d’eux a parlé avec beaucoup d’audace, disant qu’aucun homme ne peut être appelé un bon chrétien s’il permet à un prêtre de se marier. Rogers répondit que la véritable sainte Église n’interdisait à aucun homme, pas même aux prêtres, de se marier. Là-dessus, un sergent l’emmena hors de la pièce, et l’évêque de Wigorne s’empressa de lui dire qu’il n’aurait pas besoin de savoir où se trouvait cette église catholique. Et Rogers soutenait au contraire que cette église n’était pas cachée et qu’il pouvait facilement la montrer si nécessaire. Voici, en bref, les objections qui ont été faites à Rogers ce jour-là, et aussi quelles ont été ses réponses. Il aurait voulu trouver quelque loisir pour écrire longuement tous les arguments de ses adversaires, et aussi pour expliquer ce qu’il aurait voulu répondre, et plus complètement qu’il ne lui avait été permis ; Mais, comme il voulait se mettre en route, on lui envoya des gens pour lui dire qu’il devait comparaître le lendemain devant les juges, afin de répondre plus amplement des affaires qui lui seraient proposées. Et comme il est contenu dans le résumé qu’il a lui-même écrit (1), il s’est confié lui-même aux prières de la véritable Église, et de tous les autres qui ont également été persécutés pour la même cause. Il fit aussi l’éloge de sa femme, qui y était étrangère, et de ses pauvres enfants. Cela a été fait le 17 (2) janvier de l’année 1555.
(1) Il existe deux copies de cette relation écrite par Rogers, l'une dans les Acts and Monuments (t. VI, p. 593), et l'autre, plus complète, dans les Lansdowne Manuscripts (389, fol. 190-202). Crespin suit le texte de Foxe, mais en le mettant à la troisième personne.
(2) C'est le 27 janvier qu'il faut lire, le premier interrogatoire ayant eu lieu le 22
Le deuxième jour tenu contre Jean Rogers, le 18 janvier (3) 1555.
(3) Lisez: 28 janvier (Voy. plus loin, p. 100).
Le lendemain, le chancelier Gardiner l’interrogea sur la question de savoir s’il renoncerait à ses erreurs, par lesquelles il avait malheureusement été induit en erreur auparavant, et s’il retournerait dans la société commune de l’Église, approuvée par le Parlement, et s’il consentirait avec les évêques et tout le royaume, et s’il jouirait de la miséricorde qui lui avait été offerte la veille. À cela, Rogers répondit qu’il n’avait pas bien considéré auparavant ce que signifiait cette miséricorde ; mais maintenant il comprenait bien que c’était le pardon et la réconciliation de l’Église antichrétienne des romanistes, qu’il protestait franchement qu’il n’accepterait pas ; et si on le lui permettait, il ferait un grand effort pour confirmer par des témoignages de l’Écriture sainte et par l’autorité suffisante des anciens docteurs, qui étaient immédiatement après les apôtres, les choses qu’il a avancées. Mais le chancelier dit que cela ne lui serait jamais permis ; et s’il n’était pas raisonnable pour lui de le faire, étant donné que Rogers était le seul qui, par autorité privée, a contredit le décret et l’ordonnance publique du Parlement, et qu’il ne semblait ni opportun ni raisonnable que ce qui avait été ratifié et établi par tant de voix soit défait par l’opinion d’un seul homme.
[La seule vérité de Dieu peut obliger la conscience]. Et Rogers dit : « Il est certain que si l’on considère l’autorité particulière de moi seul, qui n’est rien, j’avoue franchement ce que vous dites ; mais la vertu et la majesté de la vérité des Saintes Écritures sont telles qu’il n’y a pas de plus grande autorité parmi les hommes ; et les décisions des conciles n’ont pas non plus un poids tel que ma conscience puisse être obligée de les accepter, à moins que tout ne soit approuvé et ratifié par la vérité de Dieu, à laquelle toutes choses doivent nécessairement obéir et céder. Il voulait encore continuer ses remarques, mais le chancelier, quittant tout, se mit à proférer des calomnies, disant qu’il n’y avait chez Rogers que pure ignorance et arrogance exagérée.
[Calomnie de Gardiner solidement réfutée]. Quant à l’ignorance, Rogers répondit qu’il n’était pas aveugle au point de ne pas voir, ni assez impudent qu’il n’avouait pas aussi que cette ignorance était grande, et plus que le chancelier lui-même ne pouvait en dire ; cependant, il n’était pas si mal équipé des aides de la doctrine pure que, par la grâce de Jésus-Christ, il n’était pas suffisant pour prouver ce qu’il avait soutenu jusqu’alors, pourvu qu’on lui permette de prendre la plume. De plus, il n’était ni aussi stupide ni aussi ignorant que le chancelier le prétendait ; cependant, quelle que soit la connaissance qu’il avait, il l’attribuait entièrement à la grâce de Dieu. De plus, le monde savait bien où se trouvait la plus grande ambition, et ce serait un misérable orgueil si lui et les autres qui étaient prisonniers de ces bêtes inhumaines avaient encore en eux ne serait-ce qu’une goutte d’ambition.
Puis Gardiner commença à accuser Rogers, affirmant qu’il avait dit publiquement dans ses sermons que la reine et tout le royaume étaient obéissants à l’Antéchrist. R. « La Reine (à qui je souhaite une longue prospérité) serait bien bienveillante et humaine envers ses sujets, si elle n’était pas gênée par de mauvais conseils. » Gardiner nia immédiatement tout cela, affirmant que la reine avait toujours montré le chemin à tous les autres de son propre gré, et qu’elle n’avait jamais été poussée que de sa propre initiative. Rogers a répondu qu’il ne le croirait pas et ne pourrait jamais le croire. Sur quoi l’évêque de Camil, docteur d’Adrisia (1), confirma que tous les autres évêques en avaient témoigné auprès du chancelier.
(1) Ici comme ailleurs, le passage des noms propres par un intermédiaire latin les a complètement défigurés. Au lieu d'« évêque de Camil » (Camil dans les édit. précéd.), il faut lire l'évêque de Carlisle, et au lieu de <docteur d'Adrisia, » il faut lire docteur Aldrich. Robert Aldrich, évêque de Carlisle, fut toujours papiste convaincu, mais sa flexibilité lui permit de se maintenir en place sous Henri VIII, Edouard VI et Marie. Il ne survécut que quatre semaines à Rogers. " Je sais bien, dit Rogers, que vous le serez. Les gens qui étaient là commencèrent à souffrir, car ce jour-là il y avait plus d’auditeurs parmi le peuple que la veille ; et le lendemain, avec beaucoup de peine, il n’y avait qu’une millième partie de ceux qui étaient venus écouter, car ils ne laissaient entrer que ceux qui avaient de l’intelligence et qui avaient conspiré avec les évêques. Le secrétaire Burno et un autre officier de la Cour de la Reine (1) voulaient également témoigner pour l’évêque de Winchester ; et là-dessus, Rogers, pensant qu’ils n’étaient pas les derniers acteurs de cette farce, dit : « Eh bien, c’est la même chose, vous pouvez parler aussi. » Voyant donc que les choses étaient telles, et que lui seul ne gagnerait pas contre tant de témoins, et qu’on leur accorderait plus de crédit en cela qu’à lui, mais encore aux Apôtres et à Jésus-Christ lui-même, s’ils avaient été présents, il quitta tout.
(1) Sir Robert Rochester, maitre contrôleur, membre du conseil privé et chancelier du duché de Lancaster, fut l'un des serviteurs les plus dévoués de la reine Marie.
[Du sacrement de la Cène]. Puis ils en sont arrivés à ce point, où le chancelier, se levant de son siège dans un geste de dévotion, a enlevé son bonnet (2), ce que les autres évêques, ses compagnons, ont fait aussi, et il a demandé à Rogers ce qu’il pensait du sacrement du corps du Seigneur, à savoir s’il croyait que le même corps de Jésus-Christ, qui est né de la Vierge Marie, et qui était suspendue à la croix, était réellement contenue dans ce sacrement.
(2) Ainsi fit Henri VIII lorsqu'il interrogea Lambert. Voy. t. 1, p. 325.
Rogers répondit peu à cette question, car il s’était toujours retenu dans cette affaire, craignant de trop s’impliquer, au point que certains frères le soupçonnaient, comme s’il voulait à cet égard avoir une opinion opposée. Cependant, il répondit ainsi à ces vénérables prélats : « Quant à votre opinion, je crois que, comme presque toute votre doctrine, qui n’est que faute fondée sur la violence et la cruauté, ce que vous enseignez dans cette partie est semblable aux autres points. En effet, si, en disant que le Christ est réellement ou substantiellement présent dans le sacrement de la Cène du Seigneur, vous voulez dire qu’il y est physiquement, il est certain que Jésus-Christ est au ciel selon le corps, et de cette manière il ne peut pas être corporel à la fois dans le ciel et dans votre sacrement.
À partir de ce moment, Rogers saisit une nouvelle occasion et commença à se plaindre au chancelier de la cruauté qu’il exerçait injustement à son égard. D’abord, c’est que, sans aucune forme de droit ni de justice, il le gardait en prison ; qu’il l’y avait déjà retenu pendant un an et demi, sans lui permettre d’utiliser aucune partie de ses biens pour sa subsistance, ce qui lui causait un grand tort. « J’ai été contraint (dit-il) par ton décret et ton ordonnance, de m’enfermer pendant 9 mois dans ma maison sans la quitter, et je n’ai fréquenté personne pendant tout ce temps, ni ne suis sorti pour converser familièrement avec qui que ce soit, de sorte qu’il n’y aurait rien pour lequel on puisse m’accuser de ne pas avoir obéi à ta volonté ; et cependant votre inhumanité, ne vous contentant pas de cela, m’a fait tourmenter ici, dans la prison publique, où je suis déjà resté une année entière à grands frais, ayant cependant ma femme et dix enfants à la maison. Et voici, de tous mes biens et de tous mes salaires qui m’étaient dus par le droit commun, vous ne me permettez pas de recevoir un seul denier (1)
(1) Il résulte de ces paroles que Rogers était encore titulaire de ses bénéfices au moment de son arrestation, mais que, depuis plus d'un an, les revenus lui avaient été illégalement retenus. Comme prébendier de Saint-Paul, sa résidence devait être attenante à cette église.
[Gardiner nuit à son prince légitime]. Le chancelier répondit que le docteur Ridlé, qui avait accordé ces prébendes à Rogers, n’avait pas dûment tenu cette place et ce pouvoir, et que par conséquent ces revenus n’appartenaient pas de droit à Rogers, qui répondit : « Et alors ? Le roi Edouard, qui lui avait donné cette place, aurait-il été un usurpateur du royaume ? » car c’est à la demande du roi qu’il fut ordonné évêque de ce lieu. » G. « C’est ainsi. » Et quand il a utilisé plusieurs mots durs pour amplifier le tort que ce roi avait fait à la fois à lui et à Boner, évêque de Londres. Puis, comme s’il eût voulu se corriger, réprimant quelque peu l’impudence de sa bouche éhontée, il dit : « Il se peut que j’aie parlé trop excessivement contre ce roi, l’ayant appelé l’usurpateur du royaume, mais à cause de l’abondance de son cœur, la bouche ne peut pas parler autrement. » « Maintenant, quand il a dit cela, dit Rogers, je ne pense pas qu’il se soit vraiment repenti de ce qu’il avait dit. Je pourrais certainement tenir un long discours à ce sujet ; mais, me refoulant, je lui demandai pourquoi il m’avait fait prisonnière, et il me répondit : « C’est parce que vous avez prêché contre la reine. »
[Fausse accusation]. Je le nie, et si je pouvais bien démontrer par des raisons évidentes que c’est une calomnie, je me soumets à tous les châtiments qu’on voudra, s’il y a un homme qui puisse justement m’accuser de cela. Dans cette prédication, il y avait un grand nombre d’auditeurs, et je n’ai aucune difficulté à les appeler tous comme témoins de mon innocence. J’ai prêché une fois dans le temple de saint Paul ; mais personne ne peut dire que j’ai rien dit contre la reine. Et, en plus de cela, Rogers a allégué qu’après avoir été interrogé pour la même affaire, le chancelier lui-même l’avait laissé partir sans punition ni mal. G. « Vous n’avez cependant pas cessé de revenir à donner des leçons publiques contre la défense du Parlement. » R. « Laissez-moi mourir si quelqu’un peut le prouver ; cependant, je peux bien dire que vous m’avez traité tout à fait incivilement et contre toutes les lois, tant divines qu’humaines, puisque vous n’avez jamais voulu m’avertir à l’avance, pas même d’un seul mot, ni m’instruire quand j’échoue, ni conférer avec moi sur aucune de ces questions, jusqu’à ce que vous ayez l’épée dans vos mains pour me transpercer d’autant plus. d’autant plus que je ne me conforme pas à tes souhaits.
[Inhumanité plus que barbare de Gardiner & de ses adhérents.]. Voici les principaux articles qui ont été proposés ce jour-là, qui était le 28 janvier. Auparavant, M. Hooper et Cardmaker (1) avaient été soumis à la torture.
(1) Voy. plus loin les notices de ces deux martyrs.
Si le temps l’avait permis, Rogers aurait fait une lamentation beaucoup plus longue sur l’inhumanité de ses ennemis. Or, cette cruauté est assez évidente, en ce que ces bêtes à cornes ont enlevé aux pauvres prisonniers tout ce qu’ils possédaient ; De plus, agissant contrairement à leurs propres règlements, ils les ont emprisonnés sans raison, sans entendre leurs défenses, et les y ont retenus pendant longtemps. Il y a encore un point qui illustre mieux l’inhumanité de la chancelière. La femme de Rogers, étant enceinte, quitta Londres pour se rendre dans la ville de Richmond (1), où se trouvait le chancelier, à qui elle présenta une demande à plusieurs reprises, accompagnée de huit honorables matrones. De plus, il y avait un personnage notable et honorable, un docteur en droit nommé M. Gofmold (2), qui a également présenté une demande au chancelier pour Rogers. Cependant, il n’était pas du tout ému de tout cela, mais il faisait connaître ouvertement à tout le monde l’opinion qu’il fallait avoir sur la charité de ces Antéchrists.
(1) Richmond, près de Londres.
(2) John Gosnold ou Gosnal, légiste, dont le nom figura parmi les commissaires élus sous Edouard VI pour juger Gardiner.
[Compassion du Crocodile, qui pleure en dévorant sa proie]. Or, quatre heures sonnèrent, et le chancelier, voulant mettre fin au procès, lui dit : « Nous pourrions bien vous prononcer une sentence définitive tout de suite ; cependant, selon la pitié et la compassion que notre Église a toujours eu coutume de montrer envers les coupables (3), nous vous accordons encore cet avantage : que vous reveniez ici demain, et que vous considériez si vous voulez que votre vie soit épargnée (ce que vous obtiendrez lorsque vous reviendrez dans le sein de l’Église catholique) ou si vous voulez périr hors de l’Église. Et après que Rogers ait répondu qu’il ne s’était pas séparé de l’Église catholique, le chancelier lui a dit : « C’est comme si vous faisiez de notre Église catholique une Église de l’Antéchrist. »
(3) La a pitié et compassion >» de l'Eglise consistait à accorder aux personnes accusées d'hérésie trois occasions de se rétracter. Gardiner était impitoyable au fond, mais fort jaloux de suivre les formes consacrées.
[L'Église de l'Antichrist]. Et Rogers a dit : « C’est ainsi, et je ne pense pas autrement. » Le chancelier interrogea de nouveau Rogers sur la doctrine du sacrement, à laquelle il répondit que leur doctrine était corrompue et fausse. Il a dit cela avec une certaine véhémence, en étendant les bras, et cette attitude a déplu à quelqu’un qui était présent, qui a dit : « On dirait que celui-ci veut jouer des tours et jouer le bouffon ici. » Rogers ne répondit pas à cette folle plaisanterie. Sur ce, le chancelier continua, ordonnant à Rogers de revenir le lendemain à dix heures. Ce à quoi Rogers a répondu : « Je ne refuse pas d’apparaître là où vous le jugez le mieux. » Et aussitôt, il fut ramené en prison par des officiers et des archers de la garde, et M. Jean Hooper fut conduit en tête. Il y avait une si grande foule qui les accompagnait qu’ils pouvaient à peine passer dans les rues. C’est ce qui a été fait ce jour-là, qui était le 28 janvier.
Le troisième jour a eu lieu contre Jean Rogers le 29 dudit mois.
Le lendemain, qui était le vingt-neuvième jour de janvier, Rogers fut de nouveau conduit par les officiers et les sergents vers neuf heures au temple (1), où le conseil était assemblé. Le chancelier, après avoir déjà condamné Hooper, s’adressa à Rogers et commença ses remarques en soulignant la clémence qu’il avait montrée à son égard, et qu’au lieu de la veille, il aurait pu prononcer une condamnation à mort contre lui, mais il lui avait donné le temps et le loisir de réfléchir, ce qui était plus que la loi n’exigeait et que Rogers ne méritait pas ; mais maintenant l’heure était venue pour lui de déclarer son intention et ses sentiments envers l’Église catholique, sans aucune dissimulation, de dire s’il renonçait à ses premières erreurs et s’il ne voulait pas consentir aux opinions communes des autres.
(1) L'interrogatoire avait lieu dans l'église de St-Mary-over-the-Way, dite aussi St Mary-Overy.
Rogers répondit à cela qu’il se souvenait bien des arguments qui lui avaient été proposés la veille, et demanda qu’on lui permette de parler, afin qu’il puisse y répondre, et quand il aurait répondu à ses arguments, il répondrait alors aux questions qui lui étaient posées à ce moment-là. « Hier, devant vous, dit-il, je vous ai instamment prié de me permettre de maintenir par écrit ma personne et mes vues et opinions contre les objections de mes adversaires, et j’affirme que je ne le ferai que par les témoignages évidents des saintes Écritures et par l’autorité de l’Église la plus pure, afin qu’il ne vous semble pas qu’il y ait une incertitude dans la question elle-même. ni aucune prétention en moi ;
[L’autorité de la vérité dans la bouche de n’importe qui.]. mais si loin de m’avoir accordé ma demande, que vous me l’eussiez imputé comme un crime, que moi seul contre tant de gens, un homme soulevé en privé contre des personnes de l’autorité publique, j’oserais ainsi débattre, comme certainement (quoi que ce fût de moi) je ne pourrais pas discuter seul contre la prudence de tout le royaume, et je n’aurais pas non plus à faire une forte résistance. Et pourtant, il y a suffisamment d’exemples, par lesquels on pourrait bien le démontrer, que parfois l’autorité de tout un concile a acquiescé à l’opinion d’un seul (1), comme cela s’est produit aussi au concile de Nicée.
(1) L'exemple du concile de Nicée et de Paphnutius ne figure dans aucune des deux relations de Rogers que nous avons sous les yeux. Mais, par, contre deux autres martyrs, Hooper et Taylor, ont cité ce fait (Acts and Monuments, t. VI, p. 647, 688). Sur cet incident du concile de Nicée, voy. Gelasii. Hist. Conc. Niceni, lib. II, cap. 32; Socrate, Hist. eccl., 1, I1; Chastel, Hist. du Christian., t. II, p. 284.
[Paphnutius]. Ils s’étaient auparavant prononcés contre les mariages légitimes de prêtres ; néanmoins, après que Paphnutius seul fut en faveur, tous les autres furent d’un avis contraire, et quelle que soit l’autorité que les autres avaient, ils n’avaient pas honte d’être d’accord avec le bon conseil de l’un d’eux. J’ai aussi un autre exemple similaire. De plus, l’autorité de saint Augustin dans le troisième livre contre Maxence, chapitre 14, est pertinente à cet égard ; Il devait disputer contre cet hérétique, et lui et son parti adverse avaient également l’autorité de deux conciles, par lesquels chacun pouvait également défendre son camp. Il ne voulait pas l’affirmer pour sa défense, ni permettre à son adversaire de le faire de son côté, affirmant que l’un devait laisser toutes choses de côté et s’en tenir au jugement de la parole de Dieu, qui serait un bon juge également pour les deux, afin de résoudre leur différend.
[Panorme touchant les Conciles]. Je pourrais aussi citer le témoignage de Panorme (1), qui affirmait qu’il fallait l’attribuer davantage à la parole d’une seule personne, fût-ce un homme illettré, proposant néanmoins la parole de Dieu et la vérité, qu’à tout le reste du Concile, quelles que soient les connaissances, l’autorité et la magnificence qu’il puisse avoir. Je pense que cela suffit pour montrer que rien ne doit m’empêcher de me prononcer contre toutes les voix et opinions de tout le Parlement, pourvu que la Parole de Dieu se joigne à mon opinion. Et je vous demande si le roi Henri VIII, après avoir assemblé le Sénat et les États, avait entièrement résolu dans son esprit de condamner cette reine comme illégitime et bâtarde, ou de se constituer lui-même comme chef souverain de l’Église, et que vous, Monsieur le Chancelier, et vous, autres évêques, y aviez été présents pour le déterminer, et qu’il vous eût désigné l’un après l’autre pour exprimer votre opinion, n’auriez-vous pas répondu tout de suite ? « Sire, tout ce qui plaît à Votre Majesté, que cela soit considéré comme fait (2) »
(1) Panormitanus, Extrav. de Appel. Cet auteur se nommait Tudeschi, et était de Palerme, où il fut évêque: de là son surnom de Panormitanus. Il fut l'un des principaux canonistes du concile de Bâle.
(2) C'était là une supposition qui était de l'histoire. Les actes de 1533 et 1536 établissaient la succession au trône dans la descendance d'Anne Boleyn, et ainsi écartaient comme illégitime Marie, fille de Catherine d'Aragon. Cet argument ad hominem devait être peu du goût des juges de Rogers, dont plusieurs avaient approuvé la conduite de Henri VIII. Etienne Gardiner, en particulier, avait été l'un des agents les plus actifs de Henri VIII dans ses démarches auprès du pape Clément VII pour obtenir le divorce. Voy. Merle d'Aubigné, Hist. de la Réform. du seizième siècle, t. V, liv. XIX, chap. 1o et 11.
[Calomnies du Chancelier]. Ou (3), une partie de la société ne peut supporter que je parle davantage ; et là-dessus, le chancelier, à sa manière, me dit d’un ton moqueur : « Voyez-vous, monsieur le docteur ? Ce rustre est appelé ici à être instruit et admonesté, et il se fera le tuteur ou l’instructeur des autres. Et je lui répondis : « Je ne suis pas mécontent de me lever, et il ne m’appartient pas de m’asseoir ; Mais quoi? Puisqu’il s’agit de ma vie, ne me sera-t-il pas permis de parler pour mon innocence ?
(3) A partir d'ici, Crespin fait parler Rogers à la première personne, comme dans le document qu'il traduit.
Le chancelier a dit : « Ou se peut-il que nous permettions que vous bavardiez ici, et que vous soyez dans cette position forte ? » Et quand il se leva de son siège, levant les sourcils et me regardant, il pensa me jouer un mauvais tour, car il sentait que je les grattais là où ils ne me démangeaient pas. C’est donc à cela qu’il visait tout entier, que, par des paroles ou par l’étonnement et l’autorité, il me détournait du sujet que j’avais commencé. Il serait trop long de raconter tous les discours qui ont été prononcés. J’aborderai brièvement ces points principaux. En ce qui concerne l’Église romaine, j’ai simplement dit ce que je ressentais, à savoir que c’était une Église de l’Antéchrist, dans laquelle le chancelier, l’évêque de Winchester et les autres évêques occupaient la place principale dans le royaume d’Angleterre. Interrogé sur le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, j’ai répondu que j’avais suffisamment répondu la veille et que leur doctrine concernant le sacrement est corrompue et falsifiée.
[Articles de la condamnation de Rogers]. Nous sommes ensuite passés à la forme de la condamnation. Et quand il eut été lu, je fus dégradé par des exécrations et des malédictions (1), et livré à la puissance du bras séculier pour être mis à mort. Dans cette forme de condamnation, il y avait deux points principaux : le premier de l’Église romaine, que j’avais appelée l’Église de l’Antéchrist ; la seconde, c’est que j’avais renié le sacrement du corps et du sang du Seigneur. Ayant fait ces choses, ils nous conduisirent, M. Hooper et moi, à la prison la plus proche de la maison de l’évêque de Wincestre (2), où nous restâmes jusqu’à la nuit. De là, nous avons été emmenés dans une autre prison publique appelée Porteneuve (3) , avec des torches et un grand nombre d’hommes armés pour nous escorter.
(1) Malédictions, anathèmes.
(2) Nommée « the Clink. »
(3) Prison de Newgate.
Hooper est allé de l’avant, conduit par l’un des capitaines, et l’autre capitaine me conduisait. Nous ne devons procéder ainsi qu’après le prononcé de la sentence de condamnation, lorsque le chancelier, se tournant vers le peuple, a dit à haute voix que j’étais excommunié, aggravé et aggravé (1), de telle sorte que quiconque mangerait avec moi, ou même me donnerait quelque secours, serait excommunié de la même manière.
(1) Placé sous le coup d'une aggrave. L'aggrave est une seconde fulmination d'un monitoire avec menace des dernières censures de l'Eglise.
[Procédure d'un vrai hypocrite]. À cela, j’ai répondu : « Je suis ici devant la face vivante de Dieu, et je me tiens en présence de tous ceux qui sont dans cette assemblée, invoquant et attribuant à mon Dieu le témoignage que je ne me sens pas coupable d’avoir enseigné, jusqu’à présent, quoi que ce soit qui puisse être considéré comme une erreur, une hérésie ou une fausse doctrine. De plus, Révérend Monsieur, je sais avec certitude que le jour viendra où vous et moi comparaîtrons devant le siège judiciaire du Juge souverain et très juste, et je suis assuré qu’il approuvera ma conscience mieux que la vôtre.
[le fondement de cette assurance que Rogers a est la foi]. J’espère aussi que je serai vraiment trouvé membre de l’Église catholique du Fils de Dieu et que je serai reçu dans la vie éternelle. Et quant à votre Église, il n’était pas nécessaire que vous m’en excommuniiez, puisqu’il y a déjà vingt ans que je n’ai eu aucune communication avec elle, ce dont je rends sincèrement grâces à Dieu. Maintenant que vous êtes arrivé au terme de votre entreprise, je n’ai plus rien à vous demander, si ce n’est que vous permettiez à ma pauvre femme de venir me voir ici en prison, afin que, pour la dernière fois, je la console, elle et mes dix enfants, et que je leur donne quelques instructions avant de mourir. G. dit : « Ce n’est pas ta femme. »
[Gardiner condamne le mariage et approuve l’obscénité.]. R. « Si c’est vrai, c’était il y a dix-neuf ans. » G. « Quoi qu’il y a, elle ne viendra pas. » R. « Alors voilà, j’ai vraiment expérimenté la force et toute l’abondance de votre charité. Mais vous, qui avez une si grande horreur du mariage des prêtres, vous ne dédaignez pas tant leurs concubines ou leurs prostituées, tolérant même publiquement leur exécrable débauche ; car non seulement ici dans notre pays de Galles, mais aussi dans toute la France et l’Espagne, les lois du Pape et les vôtres permettent aux prêtres d’avoir une prostituée chacun. Le chancelier, me regardant de côté, est parti sur ce point, et depuis je ne l’ai jamais revu.
[Smithfild, lieu du supplice]. Quatre jours plus tard, qui était le 4 février, Rogers fut conduit à l’endroit où l’on exécute les criminels, appelé Smithfield (1). Il fut le premier à être brûlé sous ce règne de Marie ; car, bien que M. Hooper eût reçu sa sentence avant lui, il ne fut exécuté que cinq jours après Rogers dans la ville de Gloucester, dont nous devons donc parler.
(1) Le duc de Noailles, ambassadeur de France, écrivait à son gouvernement le 4 février: « Aujourd'hui a été accomplie la confirmation de l'alliance entre le pape et ce royaume, par le sacrifice public et solennel d'un prédicant docteur nommé Rogerus, qui a été brûlé vif comme luthérien; mais il est mort en persistant dans son opinion. La plus grande partie du peuple prenait un tel plaisir a sa conduite, qu'ils ne craignaient pas de lui faire plusieurs acclamations pour fortifier son courage. Même ses enfants étaient présents, le consolant d'une telle façon, qu'il semblait qu'on le conduisit à une noce. »
Comme il fut parmi les premiers qui prêchèrent purement l’Évangile en Angleterre, non seulement pendant la vie du bon roi Édouard, mais aussi pendant le règne de Marie ; C’est ainsi qu’il persévéra constamment, de sorte que ni les reproches, ni la pauvreté, ni la longue prison, ni l’horreur de la mort la plus cruelle dont il fut exécuté, ne le firent vaciller, et il nous a laissé un témoignage certain que les grâces et les dons que Dieu a une fois accordés aux siens sont sans repentir.
(2) Voy., sur l'évêque John Hooper, Foxe, t. VI, p. 636-676; Burnet, Hist. of Engl. Reformation, t. II et III; Middleton, Reformers, 111, 242; Fuller, Church Hist., IV, 66; Neal, Hist. of the Puritans, I, 51; Tulloch, English Puritanism, p. 8. Voy. aussi les Calvini Opera, passim. La notice sur Hooper figure déjà dans l'édition de Crespin de 1556 (p. 478), mais fort abrégée.
Si nous voulions reconsidérer les premières études de John Hooper d’un point de vue plus élevé, nous devrions les faire remonter à l’époque où il s’est consacré aux lettres humaines à l’Université d’Oxford ; mais il suffira de mentionner qu’à partir du moment heureux où Dieu lui a accordé par sa parole, il a commencé à être mal considéré par les théologiens d’Oxford, au grand danger de sa personne, étant si jeune, que, poussé par la poursuite d’un homme nommé Smyth (1), il s’est enfui d’Angleterre en Allemagne, où il a résidé pendant quelques années (2), jusqu’à ce que le défunt roi Édouard succède à son père Henri.
[La femme de Hooper était de Brabant]. Puis il retourna en Angleterre avec la femme qu’il avait épousée à Bâle, et commença à prêcher l’Évangile librement et purement, avec une grande assurance, à Londres. Il est vrai qu’il ne monta pas d’abord en chaire, parce que sa robe était différente de celle que portaient ordinairement les gens de l’Église, ou parce qu’il n’avait pas encore obtenu des évêques la permission de prêcher dans les temples, bien que le duc de Somerset, tout en gouvernant le royaume, l’en eût dispensé. Cependant, poursuivant le fil de ses sermons et abordant vigoureusement les mœurs de l’époque et la corruption de l’Église, son éloquence était d’autant plus évidente, qui captivait les gens d’admiration ;
[Éloquence de Hooper. Sa diligence & sincérité]. de telle sorte que c’était une merveille de la concurrence populaire, qui venait généralement l’écouter. Sa diligence était si grande qu’il ne se passait pas un seul jour sans qu’il ne prononce deux sermons, ou parfois trois, selon ce qui était approprié (3). Bref, le travail n’a jamais pu le briser, ni les honneurs ne peuvent le changer, ni les plaisirs ne peuvent le gâter, ni cette faveur populaire ne peut l’élever, vivant autrement dans une telle plénitude et une telle intégrité que même la calomnie et la méchanceté des hommes ne peuvent trouver rien qui puisse le piquer.
(3) « I1 prêche quatre ou au moins trois fois chaque jour, » écrivait sa femme à Bullinger, dans une lettre citée par Burnet, III.
[Sa disposition]. Pour le reste, il avait une constitution assez forte, une bonne santé, un esprit très vif, un grand courage en tout, surtout dans l’adversité, ferme dans ses opinions, modéré dans son alimentation, et plus encore dans son langage, faisant bon usage de son temps. Il a reçu tous les hommes avec bienveillance et les a aidés avec les moyens que Dieu lui a fournis, en le faisant avec humanité.
[Sa gravité modérée]. Il avait dans son visage et dans son langage commun une gravité honnête, un peu moins familière et privée que beaucoup ne l’auraient souhaité, de sorte que cette gravité offensait parfois une partie de la ville (1).
(1) Cette remarque et celle qui la suit sont de Foxe, qui avait connu personnellement Hooper, et montrent combien les deux martyrologistes étaient éloignés de vouloir idéaliser leurs modèles.
[Avertissement aux Ministres]. De quelle manière ceux que le Christ appelle au ministère de sa Parole devraient-ils avoir soin de régler non seulement leur vie, mais aussi leur apparence et leur attitude extérieure, de peur que, ne voulant pas être vus comme trop faciles, ils ne tombent dans le vice opposé, qui est d’avoir plus de gravité et de sévérité qu’il n’est convenable pour le service de l’Église et l’édification du peuple dont ils ont la charge. Cependant, on peut présumer qu’il a eu une occasion particulière qui l’a poussé à cela.
[Hooper, Evêque de Glocestre. & puis de Wigorne]. Ayant ainsi continué ses sermons devant le peuple, avec beaucoup d’avancement et de profit, il fut appelé à prêcher devant le roi, et fut fait évêque d’abord de Gloucester, puis ensuite de Wigorne (2). Mais le malheur vint s’opposer au bonheur et au bien-être de ce saint personnage, dans les cérémonies et la manière de recevoir les évêques, concernant leurs vêtements et leurs parures, et d’autres choses semblables plus ambitieuses qu’utiles qui persistent encore en Angleterre, telles que la tunique épiscopale et un beau bonnet porté sur les épaules, puis le bonnet carré, signifiant par son équerre les quatre parties du monde (3). Or, cet évêque, comme il avait toujours méprisé ces beaux mystères dans la personne d’autrui, comme servant plus de superstition que d’édification, ne pouvait s’empêcher de vouloir s’en servir.
(2) Hooper fut nommé au siège de Gloucester le 15 mai 1550, mais ne fut consacré que le 8 mars 1551. Il fut nommé in commendam au siège de Worcester en avril 1552.
(3) Foxe dit: " They used to wear such garments and apparel as the popish bishops were wont to do: first a chimere, and under that a white rochet: then, a mathematical cap with four angles, dividing the whole world into four parts. » La chimère était une longue robe écarlate, et le rochet un vêtement blanc qui couvrait les épaules.
Par ce moyen, il s’adressa au roi, le suppliant humblement de lui faire plaisir. Sa grâce modérée. Soit pour l’éloigner de l’État, soit pour lui permettre de le tenir sans être obligé d’observer de telles cérémonies ; ce que le bon roi lui accorda aussi généreusement qu’on le lui avait demandé (1) .
[Dispute entre les évêques d’Angleterre au sujet des cérémonies]. Les autres évêques, au contraire, officialisèrent leurs masques et leurs cérémonies, et soutenaient que la question de la foi n’était pas d’une si grande importance qu’on fût si consciencieux à ce sujet ; que le vice n’était pas dans les choses, mais dans leur abus, et que tant de lutte pour des choses indifférentes n’était ni convenable ni agaçant, et qu’il fallait plutôt réprimer l’audace et l’insolence de ce nouvel évêque. En fin de compte, elle a été menée de telle manière que, tandis que les deux parties essayaient de faire valoir leur point de vue, les Églises réformées ont beaucoup souffert, à la grande satisfaction de leurs adversaires. Et le résultat fut tel que les évêques gagnèrent leur cause, Hooper fut contraint (2) d’aller si loin qu’au moins il se montrerait une fois au peuple dans sa prédication, étant habillé et paré à la manière des autres évêques, et autrement ils auraient conspiré pour sa mort, malgré la volonté du roi, dont le duc de Suffolk informa Hooper. C’est pourquoi, acceptant une fois de jouer son rôle, il est venu avec cette parure. Le premier vêtement était une chasuble longue jusqu’aux talons, frangée de plis et rouge ; Au-dessous, il avait un surplis de fin lin, un bonnet carré, bien que la forme de la tête fût ronde. Tout le monde peut assez penser à quel point il a eu honte d’une telle nouveauté de circonstances, en supportant cela pour le respect qu’il avait pour l’utilité publique.
(3) Hooper ne céda qu'à la force sur cette question des vêtements ecclésiastiques. Le 6 octobre 1550 et le 13 janvier 1551, il dut comparaitre devant le conseil, et fut incarcéré pour avoir refusé de se soumettre à l'ordre de choses établi. Ce fut le 15 février qu'il adressa au conseil une lettre dans laquelle il se déclarait prêt à endosser le costume épiscopal. Voy. cette lettre dans Durell, Sanctae Ecclesiae Anglicanae Vindiciae. et dans Wordsworth, Eccl. Biog. Il fut consacré le 8 mars 1551. En se soumettant, par amour pour la paix et d'après le conseil de Bucer et de Pierre Martyr, Hooper conservait toutes ses répugnances pour le ritualisme anglican. Ce fut lui qui commença la grande controverse puritaine, et le puritanisme a pu inscrire son nom à la première page de son histoire. Voy. sur cette question des vêtements pontificaux et sur l'attitude de Hooper, la correspondance de Calvin, Opera, XIII, 644. 658; XIV, 26, 45. 75, 84, 94, 98, 110, 118, 129.
[Quel est le but du récit des différents ecclésiastiques ?]. Je ne citerai pas les noms des adversaires, car ils sont devenus amis depuis et ont eux-mêmes été exécutés avec le même martyre (1), et pour la même raison que lui. Il suffira que, par ce récit, le lecteur soit averti de la nécessité de la croix et de la persécution pour l’Église de Jésus-Christ. Car, de même que nous voyons dans les républiques qu’une guerre naît souvent d’une paix trop grande, de même trop de tranquillité et d’aisance parmi les ecclésiastiques causent souvent beaucoup de différends et de querelles significatives dans l’Église.
De plus, il est nécessaire, pour le bien et le bénéfice de l’Église de Jésus-Christ, que de tels exemples de figures saintes soient parfois mis en lumière. Car si le désaccord entre Paul et Barnabas, si le renoncement à saint Pierre, si l’adultère de David le meurtrier, comme l’Écriture l’atteste, est pour nous un grand avertissement et une grande consolation, alors les erreurs et les fautes que ces martyrs ont pu commettre serviront à la postérité pour montrer qu’il ne faut pas désespérer de la grâce et de la miséricorde de Dieu dans notre infirmité, puisque nous le voyons même chez les saints prophètes, apôtres et martyrs.
[Hooper veillant sur fa famille]. Ainsi, ce martyre, éprouvé par tant d’orages et de tempêtes, se retira dans ses églises et y résida pendant l’espace de deux ans et plus, sans aucun obstacle, n’oubliant rien de ce qui servait à l’instruction du peuple. Il n’était pas moins louable dans sa maison et dans l’éducation de sa famille, à tel point que, bien qu’il fût la plupart du temps occupé avec son troupeau, il réservait encore quelques heures à l’édification de ses enfants et à la réforme de ses serviteurs, de sorte qu’on ne pouvait guère dire s’il se montrait avec plus d’honneur comme un père dans sa maison que comme un vrai pasteur en public et dans la maison. l’Église, usant dans les deux lieux de la même religion, de la même discipline, de la même sainteté et de l’honnêteté.
[Charitable envers les pauvres]. Des gens de bien attestent que, pendant qu’ils étaient dans la maison, dans la pièce voisine de la chambre où il mangeait, ils virent une très grande table toute dressée avec des pauvres, et quand ils demandèrent aux domestiques ce que c’était, ils répondirent qu’ils avaient l’habitude d’amener et de recevoir un certain nombre de pauvres, qu’ils prenaient à la fois dans les maisons et dans la rue. et que l’évêque dîna après eux (1). Hooper l’a utilisé pendant une période de deux ans et un peu plus, tant que le roi Édouard a vécu, l’état de la religion est resté intact. Après la mort d’Édouard, Marie attaqua violemment la religion et les vrais serviteurs de Dieu ; parmi les premiers se trouvait Hooper, à qui elle adressa une sommation de comparaître un certain jour à la Tour de Londres (2), et cela pour deux raisons.
(1) Foxe raconte qu'il a été lui-même témoin de ce fait (VI, 644).
(2) Ce fut le 22 août 1553 que cette assignation fut envoyée. Hooper comparut le 29 du même mois et fut emprisonné le 1r septembre.
[Est ajourné à Londres] . D’abord, pour répondre à l’évêque Hetee (3), de qui l’évêché avait été donné à Hooper, parce que Hetee persistait encore dans son papisme. Deuxièmement, pour répondre aussi à Boner, évêque de Londres, dont il avait été l’un des accusateurs lorsque Boner avait été condamné et privé de l’évêché, à cause de la doctrine papiste, qu’il avait publiée devant le peuple à la croix de saint Paul.
(3) Le Dr Heath avait été déposé sous Edouard VI du siège de Worcester, à cause de son attachement au papisme et y fut réintégré sous Marie.
[Refuse de se sauver]. Hooper avait prévu tout ce qui allait arriver, quand, averti par ses amis de se sauver, pendant qu’il en avait encore les moyens, il dit franchement qu’il n’en serait pas ainsi, qu’il l’avait fait une fois, et qu’en cela il s’était montré inconséquent et coupable. Maintenant qu’il y était retombé, il était résolu à vivre et à mourir avec son troupeau.
[Comparait]. Hooper se présenta donc au jour fixé à Londres, qui était le premier jour de septembre 1553, avant de répondre à Hetee et Boner, et fut jugé devant la reine et son conseil au sujet de certains comptes et d’argent emprunté, raison pour laquelle il fut prétendu qu’il était obligé. Et quand il arriva au jugement, l’évêque de Winchester commença à le recevoir avec des paroles insultantes. Le résultat fut qu’il reçut l’ordre d’aller en prison, étant informé en chemin que ce n’était pas pour des raisons religieuses qu’il y était emmené, mais plutôt pour une certaine somme d’argent, dont il était redevable à la reine. On verra plus loin comment cette dette lui a été faussement imposée.
[Est déposé]. L’année suivante, le 19 mars, il fut de nouveau convoqué par l’ordre de l’évêque de Winchester et de certains autres commissaires nommés par la reine ; mais incapable de défendre sa cause à cause de l’insistance dudit évêque et des protestations de ceux qui présidaient au jugement, il fut renvoyé de son évêché. Et pour montrer comment et pourquoi cela s’est produit, j’ajouterai ici les lettres d’une personne qui était présente lorsque cela s’est produit.
(1) C'est 1554 qu'il faut lire.
Pourtant, j’entends dire que le bruit du procès de M. Jean Hooper, jugé et expédié par le chancelier Gardiner et d’autres adjoints en cette matière, est contraire à la vérité, et que, peut-être, il a été provoqué par quelqu’un qui prend plaisir à déguiser les choses. Moi, qui étais présent lorsque l’affaire se déroulait, j’ai cru de mon devoir de découvrir simplement et fidèlement ce que c’est, afin de faire comprendre à tous l’iniquité du jugement et de l’ordre donnés par les juges délégués par la Reine contre Hooper, qui cependant s’est comporté aussi humblement et modestement que possible, ne demandant rien d’autre à eux que d’être entendu dans ses justifications. À tel point que beaucoup de ceux qui avaient auparavant hésité entre les deux religions, ne sachant laquelle choisir, se sont sentis ce jour-là comme résolus, voyant d’une part la cruauté avec laquelle ces gens traitaient cet individu, et d’autre part, sa douceur et sa modestie à leur égard. Et bien que nous ne puissions pas citer ici toutes les paroles que chacun d’eux a utilisées, ce qui aurait été très difficile à rassembler dans un si grand désordre, cependant, en ce qui concerne l’ordre et le résumé des principaux sujets, puisqu’il n’y a pas d’autre témoignage que sa propre conscience, il ne fait aucun doute que nous devrions appeler à témoin tous ceux qui étaient présents à la procédure, sachant qu’ils diront comme nous, pourvu que, mettant de côté toute affection, ils soient disposés à témoigner selon ce qui est le cas.
[Procédures iniques contre Hooper]. Appelé à comparaître devant ces juges, on demanda d’abord à Hooper s’il était marié. Il a répondu que oui, et que rien ne pouvait briser ce mariage sauf la mort seule (2). Alors l’évêque de Durham dit : « Même s’il n’y avait rien d’autre, cela suffirait à vous rendre incapable de l’évêché que vous détenez. » « Cette raison, répondit Hooper, n’est ni valable ni suffisante, à moins que vous ne vouliez déroger aux lois et aux droits publiquement acceptés dans ce royaume. » À peine avait-il dit cela que les juges et ceux qui l’entouraient se mirent à crier, à l’insulter et à se moquer de lui. L’évêque de Cicestre (3) le traita d’hypocrite ; Bekenfal (4) et un certain Smith, serviteur de ceux du Conseil (5), l’appelèrent une bête. Bref, tous lui lançaient des injures et des reproches ;
(1) Les évêques de Winchester (Gardiner), de Durham (Tunstall), de Londres (Bonner), de Llandaff et de Chichester furent en effet les commissaires délégués pour le juger. Voy. les Harleian Mss. n° 421.
(2) Sa femme et ses enfants avaient réussi à s'enfuir en Allemagne. Voy. Coverdale, Letters of the Martyrs, p. 94-111, 126.
(3). D Day. Voy. sur lui t. 1, p. 325.
(4) Il faut lire Tunstall. Voy. sur lui t. 1, p. 313.
(5) "Smith, one of the clerks of the council," dit Foxe.
Et après avoir fait le pire qu’ils purent, le chancelier finit par dire : « S’il est bien facile à quelqu’un de vivre chastement, s’il le veut. » (Mat. 19. 12). Et il a cité ce passage de l’Évangile, où il est question de ceux qui se sont castrés eux-mêmes pour le royaume des cieux (1). À quoi Hooper répondit que, par ce passage, il ne prouvait pas qu’il était au pouvoir de chacun de vivre chastement, même s’il le voulait, mais seulement de ceux à qui il était donné ; et, prenant le texte un peu plus haut et l’adaptant à ce qui suivit, il se mit à le réciter ; mais les cris et les moqueries qui revenaient l’empêchèrent de parler et d’être entendu. Hooper a souligné que même selon les anciens décrets, le mariage n’était pas interdit aux prêtres, et quand il a cité le passage. Mais le chancelier cita d’autres canons tirés des Clémentines et des Extravagantes (2), pour prouver le contraire.
(1) a Castraverunt se propter regnum coеlorum.»
(2) Nom de constitutions des papes, postérieures aux Clémentines, et ainsi dénommées (quasi vagantes extra corpus juris) parce qu'elles furent conservées en dehors du corps du droit canonique.
[Du mariage des Ecclésiastiques]. Hooper insista, disant que ce qu’il avait allégué n’était pas dans ces livres. Le chancelier s’exclama : « Si vous n’avez pas d’autre livre, dit-il, vous devez d’abord lire celui-ci. » Puis, tout à coup, ils se mirent à crier et à faire un tel bruit que tout s’enroula en désordre sans savoir ce qu’ils voulaient dire. Une fois cela fait, le traîneau Morgan (3), après lui avoir dit tout le mal qu’il pouvait, commença à discuter en détail tout ce que Hooper avait fait dans le diocèse de Gloucester, punissant ceux qui avaient transgressé, disant que jamais un tyran ne s’était montré plus cruel que lui ne l’avait été dans ce pays.
(3) "Ce juge Morgan, " dit Foxe (en note de son récit), « devint fou peu de temps après et mourut sans recouvrer sa raison.»
[Le concile d'Ancyre]. Alors l’évêque de Chichester lui objecta que le concile d’Ancyre (affirmant qu’il était plus ancien que celui de Nicée), par lequel le mariage était interdit aux prêtres. Le chancelier et plusieurs autres personnes qui l’accompagnaient, criant contre Hooper, dirent qu’il n’avait jamais lu aucun concile. — Je l’ai lu, dit Hooper, et M. de Chichester lui-même, s’il veut dire la vérité, sait bien comment, dans ce grand concile de Nicée, il en a été autrement ordonné, sur le conseil d’un certain Paphnuce (1), qu’aucun prêtre marié n’aurait à se distraire et à se retirer de la compagnie de sa femme. Finalement, après plusieurs cris, l’évêque de Durham lui demanda s’il ne croyait pas que le corps de Jésus-Christ était dans le Sacrement.
(1) Voy. plus haut la note de la page 102
[De la présence du corps de Jésus-Christ]. Hooper dit qu’il ne croit pas que Jésus-Christ est là physiquement, comme ils le comprennent. L’évêque a sorti un livre, faisant semblant de vouloir y lire quelque chose pour confirmer son argument, et nous ne pouvons pas savoir de quel livre il s’agissait. Le chancelier demanda en quelle autorité il niait si obstinément la présence corporelle de Jésus-Christ dans le sacrement ; Il a répondu : « De l’autorité et du fondement de la parole de Dieu », et il a évoqué le passage de l’Écriture où il est dit qu’il devait résider haut dans les cieux jusqu’au jour de la restauration de toutes choses. L’autre continua en disant que ce n’était pas convenable et que rien ne l’empêchait de pouvoir être à la fois haut au ciel et dans le sacrement. Cela fait, les notaires et les copistes reçurent l’ordre d’écrire d’abord que Hooper était marié et qu’il ne pouvait pas être persuadé de quitter sa femme ; deuxièmement, comment il a nié la présence corporelle de Jésus-Christ dans le sacrement, etc. (2).
(2) Le registre de Canterbury constate que, le 20 mars 1554, les évêques de Winchester, Londres, Chichester et Durham, en vertu de la commission que la reine leur avait confiée, prononcèrent une sentence de déposition contre John Taylor, évêque de Lincoln, a ob nullitatem consecrationis ejus, et defectum tituli sui quem habuit a rege Edvardo sexto per literas patentes, cum hac clausula dum bene se gesserit; » contre John Hooper, évêque de Worcester et Gloucester, «propter conjugium et alia mala merita, et vitiosum titulum ut supra; » et contre John Harlowe, évêque d'Hereford, a propter conjugium et heresim ut supra.w
Jusqu’à présent, je me suis contenté de réciter le fait tel qu’il était, tel qu’il s’est présenté à la mémoire, sauf que j’ai passé sous silence beaucoup d’insultes et de fausses accusations de la part de certains.
Parce que, tant qu’Édouard était vivant et que ses lois étaient en vigueur, ils n’ont jamais pu me molester en matière de religion, ils ont depuis inventé un autre moyen ; Car ils m’accusaient d’avoir reçu de l’argent et me condamnaient à rester emprisonné aussi longtemps qu’ils avaient les moyens d’imposer à leurs églises et de faire tout ce qu’ils voulaient. C’est pourquoi, à partir de Richmond, et à mon arrivée à Londres, je fus mis en prison, bien qu’elle fût moins exiguë et avec plus de liberté que ce qui est habituellement accordé à tout le monde, raison pour laquelle j’ai dû payer au geôlier quinze écus (1), six jours après mon emprisonnement.
(1) Trois livres sterling.
[Babyngton Geôlier, espion des Évêques papistes]. Le geôlier, ayant reçu cet argent, n’est-il pas resté qu’il est allé chez le chancelier pour se plaindre de moi, si bien que, sur l’ordre du chancelier, le peu de liberté que j’avais a été transformé en une prison très étroite, où je suis resté trois mois dans une grande pauvreté et une grande extrémité. Finalement, par l’intermédiaire d’une jeune femme, j’obtins la liberté de venir aux repas, à la condition et avec la promesse solennelle que je ne parlerais à personne de mes amis, et qu’immédiatement après le repas je retournerais dans ma chambre. Pendant le dîner ou le souper, le geôlier et sa femme ne se sont concentrés qu’à s’enquérir avec moi et à me demander les raisons de mon emprisonnement, à voir ce que j’en dirais et à trouver tous les moyens par lesquels ils pourraient me mettre davantage dans la disgrâce et l’indignation du chancelier, de sorte que, trois ou quatre mois plus tard, nous avons eu quelques désaccords concernant la messe : S’étant plaint au chancelier, il en fit tellement qu’on me fit sortir de ma chambre, qui était dans la petite tour, pour être placé dans un cachot, au plus profond de la prison, où il n’y avait qu’un lit de paille avec une couverture nauséabonde ; C’était le repos qui avait été préparé pour moi, jusqu’à ce que des personnes aimables, ayant pitié de ma pauvreté, m’aient aidé avec un lit et des linges.
[L’infection de l’endroit où Hooper a été enfermé ]. Or, cet endroit était rhumatismal et nauséabond, à la fois dans son état naturel et dans la méchanceté qui y était engendrée, devenant encore plus infecté et puant en ce que d’un côté il était entouré par la saleté et les ordures de toute la prison, tandis que de l’autre côté la saleté et les fosses d’aisance de toute la ville étaient entassées. à tel point que, remarquablement pressé par cette puanteur et cette infection, je tombai dans diverses maladies, au point que je crus que j’allais mourir. Étant donc souvent très malade, et les portes de ma chambre fermées et barricadées par derrière par des serrures à double fer, des verrous et des cadenas, de peur que quelqu’un ne vînt me parler, on m’entendait souvent crier avec une telle extrémité et une telle détresse que la mort semblait me menacer et s’approcher très près ; Cependant, le geôlier n’en fut pas ému, et il ne permit à personne de faire preuve d’humanité et de s’approcher de moi. Les prisonniers, conscients de ma souffrance et de mon affliction, l’importunèrent pour qu’il ait pitié et compassion pour moi ;
[Cruauté & rapine du Geôlier]. mais lui, au contraire, a crié et menacé que personne ne s’approcherait de moi, disant qu’ils devaient me quitter, et qu’il serait bien heureux d’être débarrassé de moi. Quand il s’agissait de payer, j’étais parmi les plus élevés, et je devais payer trois écus par semaine, en plus des dépenses de mon domestique, et je devais couvrir d’autres frais pour les frais de prison, qui duraient aussi longtemps que l’évêché restait avec moi. Mais après qu’on me l’eut enlevé, j’ai commencé à payer un peu moins, comme l’aurait fait un gentilhomme médiocre, et pourtant j’ai été traité plus vilement que les prisonniers les plus notoires et les plus méprisables du monde.
[Dounton serviteur de Hooper]. En outre, il a retenu mon serviteur nommé Guillaume Dounton (1), à qui il a pris tous ses vêtements, pour voir s’il portait des lettres que j’aurais pu lui donner, et pourtant il n’a trouvé qu’une note concernant de l’argent que quelques bonnes personnes m’avaient donné pour Dieu pendant que j’étais en prison. D’ailleurs, il a porté ce billet au chancelier, pour me faire souffrir encore plus. Cela fait maintenant dix-huit mois que je languis ici en prison, abandonné et privé de la jouissance de tout ce qui était à moi, de mes amis, de mes connaissances, enfin de toute consolation. Pour aller droit au but, la reine s’apercevra qu’elle me doit plus de quatre-vingts livres sterling d’argent anglais, et pourtant, quand elle m’a envoyé en prison, elle ne m’a pas aidé d’un seul centime.
(1) William Downton.
[Femme cruelle]. et si aucun homme vivant ne me parle. D’ailleurs, ce qui me trouble le plus, c’est la sévérité et la dureté que me montrent ce cruel Geôlier et sa femme encore plus cruelle, au point que, si ce bon Dieu ne m’assiste pas, je n’attends plus que l’heure où je dois mourir en prison avant de connaître et de juger définitivement mon cas.
Voici le traitement qu’il reçut en prison, d’où il envoya une ample demande, datée du 27 août 1554, sous la forme d’un appel au Parlement d’Angleterre, à la fois en son nom et au nom de tous les vrais croyants qui s’opposaient alors aux impiétés de la messe et de l’Antéchrist romain. Et puisque cette demande servira d’avertissement sur les maux et les griefs infligés aux fidèles pendant leur emprisonnement, nous l’avons incluse ici, extraite de ses écrits.
(1) Cette pièce ne figure pas dans les éditions anglaises de Foxe, mais elle se trouve dans l'édition latine de 1559, sous ce titre: Joannis Hoperi Appellatio ad Parlamentum : ex carcere. I1 s'y trouve aussi une épitre adressée Episcopis, decanis, archidiaconis, et cæteri cleri ordinibus in synodo Londinensi congregatis. Ces lettres sont signées: « Joannes Hooperus, nuper Vigorniensis et Glocestrensis Episcopus. » Pour d'autres lettres de Hooper pendant sa captivité, voy. les Letters of the Martyrs, publiées par Coverdale.
Très honorés seigneurs, lorsque la parole sacrée de Dieu est entravée par la superstition ou l’impiété des méchants, ou lorsque ceux qui désirent son avancement sont affligés et opprimés, il a été d’usage d’en appeler à l’autorité souveraine et au magistrat supérieur, comme Paul en a appelé à César, afin qu’il puisse y défendre davantage sa cause devant des gens qui n’avaient aucune connaissance de Dieu (confiant dans l’équité et l’humanité de Dieu. les Gentils) que devant le peuple de sa propre nation, qui se vantait néanmoins d’avoir la pleine connaissance de la parole de Dieu. Par cet appel fait au siège judiciaire de César, non seulement sa vie fut prolongée, mais il eut aussi plus d’occasion de publier plus diligemment la doctrine du Christ, qu’il désirait voir promue saintement et diligemment dans toutes les régions du monde ;
[La cause de son appel]. Et non seulement par une voix vivante, lorsque, pendant deux années entières, il a été retenu, mais aussi par plusieurs épîtres très excellentes qu’il a écrites de prison, et qui, par une bonté singulière et une admirable providence de Dieu, ont été conservées jusqu’à cette heure pour notre instruction et notre consolation. C’est pourquoi j’en appelle au Parlement, afin que la controverse des questions qui sont débattues entre nous et les nouveaux enseignants soit résolue selon la vérité de la parole de Dieu et les témoignages des saints pères, et que cela soit fait publiquement et en présence des fidèles, afin que nous puissions enfin nous disculper devant votre tribunal le plus équitable de toute diffamation et de toute accusation d’hérésie, que nos adversaires nous ont injustement imposés. D’autant plus qu’en premier lieu nous n’attribuons au ciel que la présence corporelle du corps du Seigneur, selon les saintes Écritures. De plus, puisque nous ne reconnaissons aucun sacrifice propitiatoire par lequel la colère de Dieu est apaisée envers les pécheurs, et par le prix et la dignité desquels nous sommes reçus en grâce et en faveur de Dieu, sauf pour la seule mort de Jésus-Christ, et l’offrande qu’il n’a faite qu’une seule fois.
[Fondement de la foi]. Or, tous les livres de l’Écriture sainte, tous les patriarches et les bons prophètes, Jésus-Christ le Sauveur du monde, les évangélistes, les apôtres, les anciens canons et conciles, et presque tous les saints Pères, témoignent à notre foi qu’elle est sainte et salutaire. Et nous promettons hardiment de le démontrer devant votre sainte assemblée, avec des arguments clairs et des raisons très évidentes, sous peine de perdre la vie, pourvu que nous qui avons longtemps supporté les liens et les prisons avec beaucoup de peine, nous puissions obtenir quelque temps convenable pour nous rafraîchir la mémoire et le loisir de relire les livres des bons Pères. Nous demandons seulement cela, afin que nous soyons entendus paisiblement avec nos adversaires, devant votre sainte assemblée, et que toutes les affections soient mises de côté, et que la sainte Bible soit le juge entre nous et nos adversaires, à laquelle nous nous soumettons nous-mêmes et la très sainte cause que nous soutenons. Si, par l’autorité et la grâce de ce très saint Sénat, nous pouvons obtenir que les questions pour lesquelles il y a aujourd’hui une divergence entre nous soient examinées, débattues et résolues par l’autorité de la parole de Dieu et par les témoignages des Pères, il est entièrement assuré qu’alors la meilleure partie obtiendra la victoire par la bonté de Dieu. et la foi et la religion saintes et catholiques seront restaurées dans les Églises du Christ. Il n’est pas nécessaire d’utiliser de longs discours pour montrer quelle œuvre le sénat sacré serait agréable à Dieu, s’il rendait aux Églises d’Angleterre les choses divines et célestes, et enlevait les choses humaines et terrestres. Par conséquent, si le bon Sénat accepte nos humbles demandes et nous donne l’occasion de plaider publiquement notre cause, tous les fidèles comprendront facilement que les choses que ces nouveaux docteurs font aujourd’hui dans les Églises ne sont rien d’autre que des mensonges et de fausses inventions de l’Antéchrist romain, qui ont non seulement été introduits au-delà de la parole de Dieu. mais ils lui sont aussi directement contraires, comme l’est la messe du Pape.
[Contre la Messe]. Car nous savons que le Christ a dit : Prenez, mangez, etc. Prenez, buvez tout. Mais les prêtres romains prennent le pain et le vin séparément, tout seuls et sans personne pour leur tenir compagnie. Le Christ a ordonné les sacrements pour qu’ils soient des signes ou des sceaux sacrés de l’alliance qu’il a conclue par sa mort avec le genre humain, à laquelle le ministre de l’Église et tous les fidèles doivent participer de manière égale ; mais ces nouveaux maîtres ont enlevé au peuple cette communion que le Christ a ordonnée pour toute l’Église, et à sa place ils ont introduit l’adoration des sacrements. L’exécrable idole (c’est-à-dire ce nouveau dieu que ces nouveaux docteurs imaginent, forgé de pain et de vin) a été introduit pour la première fois dans les églises du Christ par la barbarie du pape, et par le même moyen, l’usage de la Cène du Seigneur a été chassé des Églises du Fils de Dieu, lorsque le Pape a proposé ses fantaisies et ses mensonges, pour les faire accepter par tous. Les écrits des bons Pères et des saints Chanoines condamnent les messes privées, et non seulement ils ne les permettent pas, mais ils recommandent aussi l’usage de la Sainte Cène du Seigneur dans les églises à tous, tant au ministre qu’au peuple ; Ils montrent également dans quel ordre il doit être pris. Il y a une ordonnance expresse dans les canons du concile de Nicée que, dans l’ordre premier, les prêtres, puis les diacres, et par conséquent tout le peuple, doivent communier à la sainte Cène du Seigneur. Mais le fils aîné de Satan, c’est-à-dire l’Antéchrist, a chassé des Églises l’usage sacré de la Cène par le feu et l’épée. Il est ordonné, par la parole de Jésus-Christ, que sa mort et sa passion soient annoncées à tout le peuple par la prédication de sa parole ; au contraire, la tyrannie du pape ordonne que cela se fasse par l’imposition de l’eau, ou par la conjuration du pain, ou par l’enchantement des cendres, des branches et des cierges. Si donc vous voulez obéir à la volonté de Dieu, noble assemblée, vous devez ostraciser toutes les traditions humaines pleines d’impiété, et mettre au-dessus de toutes les choses divines et saintes. Si tu refuses de le faire, tu seras sévèrement puni, car Dieu exigera de tes mains la perdition et la ruine du peuple, qui seront précédées de lectures et de fausses doctrines. Ce n’est pas assez, et cela n’excusera pas devant Dieu le souverain Sénat du Parlement, au sujet de ce que disent ces prétendus romanistes : qu’il doit être certain que les choses qui se font maintenant dans les Églises sont bonnes, saintes et divines. Car il n’y a pas d’autres choses qui soient saintes et bonnes, que celles que la parole de Dieu reconnaît comme saintes et bonnes. Et quant à toutes les autres choses, bien qu’elles paraissent hautes et excellentes aux hommes, elles n’en sont pas moins abominables aux yeux de Dieu, et seront finalement déracinées comme des plantes que le Père céleste n’a pas plantées. (Matthieu 15:13). Ou alors, Seigneurs Magnifiques, puisque c’est ainsi que tout l’ordre des Saintes Écritures nous avertit, que pour obtenir la vie éternelle, nous devons, par-dessus tout, fuir les conseils, les doctrines et les ordonnances de ceux qui essaient de nous détourner du vrai service de Dieu, je dis, abandonnez aux Églises de notre Seigneur Jésus-Christ leurs yeux et leurs lumières, par laquelle ils peuvent tester les doctrines, les religions et les services de tous les hommes, pour voir si tout cela vient de Dieu. Ô vous, mes frères, puisque toute notre foi et notre religion dépendent de la parole de Dieu seule, contentons-nous d’elle seule, négligeant hardiment tous les tourments et toutes les sortes de morts que les nouveaux enseignants nous infligeront, mourant glorieusement pour Christ. Il nous suffit aussi que, selon le témoignage que notre conscience rend en Jésus-Christ, nous ne soyons pas venus pour exercer le ministère sacré de l’Évangile à la recherche de notre gain personnel, ni pour poursuivre notre gloire, mais pour obéir à l’appel de Dieu, à la volonté et au commandement de notre bon roi Edouard VI. Et en ce que nous ne consentons pas à l’impiété et au faux culte des nouveaux enseignants, nous n’offensons pas les droits divins ou humains, mais nous offensons (si c’est vraiment une offense lorsque quelqu’un oppose la Parole de Dieu à l’Antéchrist pour le salut de nos âmes) contre les ordonnances tyranniques du Pape romain, à l’autorité feinte et contrefaite de laquelle, nous, Anglais, sommes strictement obligés par serment de résister. Cependant, nous n’avons pas l’intention de résister à la majesté de la Reine, ni en paroles ni en actes, ni même en pensée, si cela plaît à Dieu. Maintenant, cependant, les grands seigneurs et tous les États du royaume d’Angleterre, ordonnés par Dieu, tiennent notre foi obligée en Christ, que nous garderons toujours en sécurité et entière ; mais (que Dieu ne le permette pas) s’ils nous obligent à des services étrangers et infidèles, tels que les invocations des saints, l’adoration du pain et du vin, les mensonges et les fables du sacrifice propitiatoire dans les messes faussement concoctées, la purgation des péchés par l’eau conjurée, qu’ils appellent eau bénite, par des enchantements de pain, lampes, cierges et autres cierges, branches, brindilles et autres choses semblables, notre devoir est de rendre obéissance à Dieu plutôt qu’aux hommes, et de mépriser hardiment et en toute conscience tous ces décrets, dans la mesure où ils sont proposés, et nous y sommes obligés par le commandement de Dieu. (Actes 5:26). Et nous nous efforcerons, autant qu’il nous sera possible, de supporter paisiblement toutes les insultes et tous les outrages qui nous seront faits, et nous veillerons à ne pas offenser les autres. Or, Dieu est le Seigneur ; le Seigneur fait ce qu’il y a de bon à ses yeux ; la vengeance lui appartient, et il l’accomplira. Et quant à nous, quelles que soient les insultes, les injures, les violences et les extorsions que nos ennemis nous ont infligées, nous prierons notre bon Dieu et Père céleste en Jésus-Christ, qu’Il ne leur reproche pas les offenses et les péchés, mais qu’Il les conduise à une vie meilleure. Et nous recommanderons aussi à Dieu, par nos prières diligentes, la majesté de la Reine, des Princes et de tous les États de ce royaume d’Angleterre, afin que chacun puisse servir saintement et fidèlement son devoir dans ce monde, et après cette vie misérable, que nous puissions tous ensemble jouir de la vie bénie et éternelle. Qu’il en soit ainsi. De prison, ce 27 août. (1. Sam. 3. 18; Deut. 32. 43; Rom. 12, 19).
Votre très humble serviteur, IBAN HOOPER, récemment évêque de Wigorne et de Glocestre, anglais non seulement de naissance, mais aussi de droit, et de bonne volonté.
Ce qui suit, jusqu’à la fin, contient l’heureux dénouement du susmentionné Hooper.
[Audacieuse impiété de Gardiner]. APRÈS toutes ces batailles et ces dures assauts que ce serviteur de Dieu avait enduré, finalement, l’année suivante, qui était en 1555, le vingt-deux janvier, le geôlier reçut l’ordre d’amener Hooper devant les commissaires nommés par la reine (1), où présidait le chancelier, qui, tant en son nom que dans celui de ses compagnons, commença à exhorter Hooper à abandonner cette religion fausse et corrompue (comme il l’appelait), qui avait été en usage depuis le règne du feu roi Édouard, et qu’il devait retourner dans le sein de l’Église catholique, et qu’il reconnaîtrait, avec eux, le pape comme son chef, suivant ce qui avait été ordonné et déclaré publiquement.
(1) Les actes authentiques des interrogatoires de Hooper ont été publiés par Strype, Memorials under Mary, chap. XXII, р. 296 (édit. 1816).
[Réponse de Hooper]. Que s’il le faisait, il ne doutait pas que la même douceur et la même clémence de la reine, ainsi que la bénédiction du pape (qui les avait tous conservés et absous) le recevraient et lui pardonneraient de même. Hooper répondit, tout d’abord, qu’en ce qui concerne le Pape, puisque sa doctrine était directement contraire à la religion de Jésus-Christ, il ne le considérait pas digne d’être reçu parmi les membres du Christ, au point de le reconnaître comme le chef de l’Église, qui n’écoute que la voix de son mari Jésus-Christ. et rejette toutes les autres voix étrangères et inconnues. Quant à la reine, s’il avait jamais offensé Sa Majesté par imprudence ou autrement, il la suppliait humblement de lui pardonner, si cela pouvait se faire sans accabler sa conscience et sans offenser Dieu. On lui a carrément dit que la reine ne pardonnerait pas à un homme qui était un ennemi du pape.
[On le traite cruellement]. On lui a simplement dit que la reine ne pardonnerait pas à un homme qui était un ennemi du pape. Ainsi, il a été remis dans une cellule plus sombre que la première, où il est resté pendant six jours entiers, tandis que le Dr Martin (1) fouillait l’autre pièce pour voir s’il pouvait trouver des lettres ou des livres qu’ils pensaient avoir été composés par lui en prison. Après ces six jours, Hooper fut de nouveau amené devant le chancelier et d’autres fonctionnaires pour qu’ils décident de cette affaire. Après plusieurs altercations entre eux, Hooper reçut l’ordre de se retirer jusqu’à ce que Rogers, qui avait été amené de prison, soit examiné. Après que les juges eurent terminé leurs délibérations, deux Cheriffes (2) de Londres reçurent l’ordre de les prendre tous les deux et de les escorter soigneusement, vers quatre heures, jusqu’à la prison la plus proche de la résidence de l’évêque, avec l’ordre de les ramener le lendemain à neuf heures, pour voir si, laissant de côté leurs erreurs, ils s’aligneraient sur l’Église catholique.
(1) Le docteur Thomas Martin était l'un des commissaires de la reine pour les affaires de la religion. I1 prit une part active aux interrogatoires de plusieurs accusés, notamment de Cranmer, et publia un livre contre le mariage des prêtres, ce qui ne l'empêcha pas, pour conserver sa place à la Cour des Arches, de prononcer, sous Elisabeth, le serment contre le papisme.
(2) Les shérifs sont des magistrats placés à la tête de l'administration civile d'un comté et chargés de veiller au maintien de la paix publique.
[Hooper & Rogers s'encouragent l'un l'autre]. Hooper fut le premier à passer, à côté de son Cheriffe; Rogers est venu après l’autre. Comme ils revenaient du temple (1), Hooper, s’arrêtant un instant, attendit l’approche de Rogers, puis lui dit : « Viens donc, mon frère Rogers, serons-nous les premiers à tenir bon contre le feu ? » « Je l’espère certainement, » a déclaré Rogers, « s’il plaît au Seigneur de nous accorder cette grâce. » « Ne doutez pas, dit Hooper, que le Seigneur est à l’œuvre en nous, et qu’il nous donnera la force et la puissance pour y résister. » Puis, comme ils s’avançaient vers l’endroit, voici, une grande foule de gens accourut vers eux, avec une joie merveilleuse de ce qu’ils avaient persévéré si fermement dans la confession de la vérité, et la foule était si grande qu’ils ne pouvaient pas passer. Alors qu’ils marchaient, le Cheriffe dit à Hooper qu’il était étonné de voir avec quelle audace il avait répondu et avec si peu de patience au chancelier. Hooper dit qu’il ne s’était pas montré impatient, mais (peut-être) un peu véhément, et pour la folle querelle de son maître, dont il soutenait la cause, et que l’affaire le méritait et l’exigeait nécessairement, ce qui n’était pas d’une si petite conséquence qu’il n’y aurait pas de vie et de mort, non seulement présentes, mais aussi éternelles. En fin de compte, ils ont tous deux été placés en détention avec le Geôlier, avec l’instruction qu’ils soient séparés et séparés dans des cellules différentes pour cette nuit-là, afin qu’ils n’aient aucun moyen de se parler, ni que personne ne vienne à eux.
(1) L'église de Saint-Mary-Overy. Voy. p. 101, supra.
[Condamnation de Hooper]. Le lendemain, qui était le 19 janvier, vers neuf heures, ils furent ramenés par les shérifs devant les lords, qui, après plusieurs interrogatoires, voyant la persévérance de Hooper, et qu’il n’était pas possible d’obtenir quoi que ce soit de lui, ne savaient que faire que de recourir à ce seul et dernier remède de leur force et de leur violence accoutumées. D’abord, ils l’excommunièrent, puis ils le dégradèrent (1), et enfin ils le condamnèrent à mort. Ils firent la même chose à Rogers, comme on l’a vu dans son histoire (2).
(1) Voy. la sentence de dégradation, Foxe, t. VI, p. 651.
(2) Voy. p. 103, supra.
Lorsque cela fut fait, tous deux furent placés au pouvoir du bras séculier, et les deux Cheriffes les emmenèrent à la prison la plus proche de la résidence du chancelier, et les gardèrent jusqu’à la nuit. Quand la nuit vint, Hooper fut emmené à la prison de la ville, qui se trouve de l’autre côté de la rivière, appelée Newgate, et ils le firent d’abord passer par la résidence du chancelier, puis par le pont de Londres, avec une garde nombreuse et une compagnie d’hommes armés. Avant de passer dans les rues, l’ordre fut donné d’envoyer d’abord des sergents pour éteindre les bougies et les lumières des vendeurs et des vendeurs de fruits, craignant le tumulte du peuple s’il le conduisait en vue d’eux. Ainsi, ils préféraient le conduire la nuit, afin de l’escorter plus sûrement jusqu’à l’endroit qu’ils avaient prévu, et cela convenait très bien, de sorte que le Prince des Ténèbres (dont les affaires étaient conduites) pouvait également faire valoir son cas dans les ténèbres à travers ceux qui fuient la lumière. Mais tout cela n’empêcha pas plusieurs des bourgeois qui avaient été informés de l’événement de sortir de leurs maisons et de venir à la rencontre de Hooper, le saluant de sa fermeté et de sa constance, et tous remerciant Dieu et le priant de l’aider à persévérer jusqu’à la fin. Hooper, pour sa part, les a également instamment exhortés à prier Dieu pour lui. Ainsi, alors que Hooper était conduit à travers la place du marché, il fut placé sous la garde du geôlier, où il resta pendant six jours entiers.
[Combat de Hooper en prison]. Pendant ce temps, aucun de ses amis n’a eu l’audace d’aller le voir ; mais au lieu de cela, Boner, évêque de Londres, Chadsey, Harpsfield et quelques autres du même acabit venaient parfois le trouver, le plier et l’influencer à leur guise, par des avertissements, des séductions, des promesses et des flatteries, mêlés d’étonnements et de menaces. Bref, ils n’épargnaient aucune ruse pour l’assaillir, espérant changer ou distraire son opinion ; mais l’individu inébranlable est toujours resté concentré sur Dieu. Les ennemis, voyant qu’il ne pouvait être détourné d’aucune manière pour satisfaire les regrets du peuple pour Hooper, répandirent par l’intermédiaire de leurs serviteurs le bruit que Hooper s’était rétracté. Cela, reçu par plusieurs et entendu par certains à Londres, qui venaient tous les jours voir Hooper, il en fut informé et, poussé par la crédulité du peuple, trouva un moyen de se procurer du papier et de l’encre, et d’écrire ce qui suit.
(3) Le Dr William Chedsey, archidiacre de Middlesex et chapelain de l'évêque Bonner. Le D John Harpsfield, archidiacre de Londres et doyen de Norwich.
John Hooper à ses frères en Jésus-Christ, et aux prisonniers pour la même doctrine.
Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec ceux qui désirent la venue du Sauveur et Rédempteur, etc. Mes chers frères et sœurs en Jésus-Christ, participants des liens et de l’emprisonnement avec moi pour le Seigneur, à cause de son Évangile, je vous informe que je suis très satisfait de votre fermeté et de votre persévérance dans la persécution et l’affliction que vous endurez, et dans votre action de grâces au Seigneur, souhaitant vivement qu’il vous accorde la grâce de persévérer et de tenir bon jusqu’à la fin. Et de même que je suis très satisfait de votre constance pour votre grand bien et votre bienfait, je suis aussi très mécontent pour nos autres frères, qui n’ont encore goûté aucun des maux que nous endurons en partie dans cette prison, et en partie d’autres griefs plus grands, à savoir le feu par lequel nous devons passer.
[Il faut dire que Hooper était revenu sur sa parole]. Et pourtant, j’entends dire qu’il s’est élevé à mon sujet que Jean Hooper, après avoir enduré tant de tourments en prison, après tant de molestes et de labeurs pour l’amour du Christ, enfin après la condamnation par laquelle il a été condamné à mort, comme si, après avoir franchi la faute, il en était venu à renier et à renoncer à tout ce qu’il avait prêché auparavant dans ses sermons. Je suis en effet le premier auteur de cette rumeur : c’est Bonner, évêque de Londres et ses complices, qui venaient me voir presque tous les jours. Or, les frères devraient bien considérer ce que ledit évêque et ses partisans auraient jugé de moi, si j’avais refusé ou dédaigné de leur parler, et comme ils l’auraient dit immédiatement, ou que par ignorance je n’ai pas osé, ou que par gloire et orgueil je n’ai pas daigné entrer en conflit avec eux, si bien que, pour éviter tout soupçon, je me contente d’y avoir résisté, et je suis prêt à le faire jusqu’au bout, avec l’aide de mon Dieu. Par quoi je vous prie d’informer ceux qui le peuvent de ce que vous voyez en moi, et combien je suis loin d’être effrayé par quoi que ce soit, car je vous assure que je suis plus résolu et plus sûr de moi que jamais. C’est pourquoi je vous demande, selon les moyens et les occasions que chacun de vous possède, d’écrire aux frères qui sont encore infirmes, et de les informer de ne pas m’inquiéter davantage à ce sujet, mais d’avoir une opinion différente de moi. J’ai perdu mes biens, j’ai enduré des douleurs et des privations indicibles en prison, et maintenant, toujours dans l’infirmité de ce corps mortel, je suis aussi prêt à souffrir la mort que jamais. Ils auraient mieux fait de prier Dieu pour nous que de favoriser un tel bruit ou de le recevoir. Nous avons assez d’ennemis, qui ne cherchent qu’à notre ruine, sans que nos frères infirmes ne chargent davantage notre croix. Je prie Dieu, par Jésus-Christ, de vous garder tous dans une bonne prospérité, en vous exhortant affectueusement à prier tous les uns pour les autres, afin que ce qu’il a commencé en nous puisse finalement produire son plein et complet effet. Jusqu’à présent, j’ai constamment montré, tant par la parole que par l’écrit, la pure vérité du Seigneur, et je suis prêt, avec la grâce de Dieu, à la sceller et à la ratifier de mon sang. Écrit dans la prison de Newgate, ce deuxième jour de février.
Par votre frère en Christ,
JEAN HOOPER.
Le lendemain, le troisième jour dudit mois de février, le geôlier l’informa qu’il devait se rendre à Gloucester pour être exécuté, ce qui le réjouit beaucoup, de sorte que, levant les mains et les yeux au ciel, il rendit grâces à Dieu de ce qu’il lui plaisait de mourir parmi ceux dont il avait été pasteur. et à l’édification de laquelle il voulait avant tout exposer sa vie, s’assurant qu’il accomplirait en lui-même ce qu’il avait commencé à la gloire et à la louange de son nom. Et aussitôt il appela son serviteur pour qu’il prépare ses bottes et ses éperons, et son manteau, et le reste, afin que tout soit prêt quand il serait temps de monter à cheval. Le lendemain, vers quatre heures du matin, les shérifs et d’autres personnes de la ville sont venus, à qui il avait été ordonné de sortir Hooper de sa cachette et de l’emmener hors de la ville à un certain endroit de la banlieue, où ils trouveraient six hommes armés envoyés par la reine, qui l’emmèneraient à Gloucester. Il y avait aussi, avec ces six messieurs, M. Sand (1), un conseiller, M. Wik (2), et quelques autres, à qui la tâche avait été confiée d’aller à Gloucester et d’assister à l’exécution.
(1) Il s'agit de John Bruges, lord Chandos, dont il est parlé sous le premier de ces noms dans la notice sur Jane Grey, p. 11, supra.
(2) Foxe le nomme Master Wicks
[Hooper est mené à Glocestre]. Ceux qui en avaient la garde se retirèrent soudain dans une demeure qui se trouvait au-delà, appelée Saint-Ange (3), pour déjeuner ; et avec eux, Hooper mangea aussi copieusement qu’il l’avait fait auparavant. Comme le soleil commençait à se lever, ils se mirent en route, montèrent à cheval et partirent. Hooper est monté sans que personne ne l’aide. Cependant, ils enfoncèrent son chapeau sur son visage et l’attachèrent à la manière d’une capuche de moine, afin qu’il ne soit pas reconnu sur les routes. Cela fait, ils se dirigèrent vers Gloucester. Le jeudi suivant, ils arrivèrent vers midi à Cicestre (4), ville de son diocèse, à environ sept ou huit heures de Gloucester. Ils y dînèrent chez une femme qui avait jusque-là haï la vérité, et plus encore sur son évêque Hooper.
(3) « The Angel, » nom d'une auberge.
(4) Cirencester.
[Conversion notable d'une femme]. Cette femme, après avoir vu Hooper et la raison de sa venue, transformant soudain cette haine en amour et en larmes, vint le recevoir aussi humainement qu’elle le pouvait, et déplorer sa misère, avouant publiquement à tout le monde qu’elle avait souvent pensé du mal de lui, et disant que si Hooper se trouvait dans une situation où il devait soutenir efficacement sa doctrine et mourir pour elle, Il se garderait bien de le faire. Après le dîner, étant monté à cheval et approchant de Gloucester, un grand nombre de personnes vinrent à lui de l’extérieur de la ville, avec des larmes et des gémissements, si profondément affectueux pour leur pasteur que les soldats et les gentilshommes qui l’escortaient craignaient quelque violence populaire, et envoyèrent un de leurs hommes d’urgence se rendre à la ville pour demander de l’aide au nom de la reine. avertissant qu’autrement il y avait un danger que, dans une telle foule et une telle compétition de personnes, le prisonnier leur soit enlevé. Et en fait, les fonctionnaires de la justice et la police se sont empressés d’arriver, accompagnés d’un certain nombre de personnes armées. Les gens reçurent l’ordre de rester dans leurs maisons, et ainsi ils entrèrent dans Gloucester, et logèrent Hooper dans la maison d’un homme nommé Ingram, où il dîna et dormit cette nuit-là tout à fait paisiblement, jusqu’à environ une heure après minuit, comme il avait coutume de le faire en chemin (comme le disaient ceux qui le gardaient) ; Tout le reste de la nuit, il veilla et pria. Son gardien ne sortit pas de sa chambre, si bien que, lorsqu’il se leva, il leur demanda la permission de se retirer dans une autre pièce voisine pour prier. Ayant obtenu cela d’eux, il passait toute la journée en prières, à l’exception du temps qu’il prenait pour prendre son repas ou pour parler à ceux que sa garde permettait d’entrer et de lui parler.
[Antoine Kyngston]. Parmi ceux-ci se trouvait Antoine Kyngston (1), un chevalier, qui, ayant été un grand ami de Hooper dans le passé, a été contraint par des ordres et des lettres expresses de la reine d’agir comme les autres. Lorsqu’il entra dans la chambre, il le trouva en prière, et après avoir jeté les yeux sur lui, des larmes commencèrent à couler de lui. Hooper ne le reconnut que lorsqu’il lui dit : « Comment ne connaissez-vous pas Antoine Kyngston, votre ami ? » — Maintenant que vous en parlez, dit Hooper, je vous reconnais assez bien, monsieur Kyngston, et je suis très heureux de vous voir en bonne santé et louant Dieu. « Et moi, dit Kyngston, je suis attristé de votre malheur ; car je comprends que vous avez été amené ici pour être mis à mort ; mais (hélas !) considérez, je vous prie, combien la vie doit être chère, et inversement, combien la mort est dure. Par conséquent, puisque vous pouvez vivre, faites-le.
(1) Sir Anthony Kingston, knight.
[Excellente protestation de Hooper]. La vie pourra toujours vous servir et servir les autres. « J’avoue, monsieur Kyngston, dit Hooper, que je suis venu maintenant pour mourir, parce que je ne veux pas renoncer à la doctrine que j’ai prêchée, à la fois ici devant vous jusqu’à cette heure et ailleurs, en vous remerciant de vos conseils, même si ce n’est pas ce que je désirerais. Je sais vraiment que la mort est une chose très difficile et que la vie est douce. Mais considérez aussi que c’est la mort éternelle qui vient après, et la vie que nous attendons. Par conséquent, connaissant l’horreur de l’un et la douceur de l’autre, je ne crains pas beaucoup la mort présente, et je ne me soucie pas de vivre. Et par ce moyen, j’ai résolu d’attendre l’issue de toutes choses plutôt que de renoncer à la vraie doctrine, tout en vous demandant, ainsi qu’à tous les autres, de m’assister et de me recommander à Dieu dans vos prières et vos supplications.
[La conversion de Kyngston]. Kyngston lui dit : « Maintenant, puisque je vois que vous êtes fermement ancré dans cette délibération, je vous dis adieu, pour lequel je vous rends des grâces perpétuelles de m’avoir fait le bien de vous avoir vu et connu ; car tel a été le bon plaisir du Seigneur Dieu, que moi, qui ai été autrefois un enfant perdu, un fornicateur, un adultère et tout à fait méchant, je suis maintenant, par votre moyen et de solides remontrances, amené à un meilleur chemin, au point de vraiment détester ma vie d’avant. Hooper répondit : « Si Dieu, par sa grâce et sa miséricorde, vous a fait ce bien, que vous êtes devenu meilleur par mon moyen, je lui rends des actions de grâces immortelles ; sinon, je prie pour que vous le deveniez. Maintenant, après ces paroles, comme ils voulaient prendre congé l’un de l’autre, tous deux se mirent à pleurer, et Kyngston plus abondamment. Hooper l’assura que, dans toutes les prisons où il avait été, il ne lui était rien arrivé de si pénible qu’il eût pu lui arracher tant de larmes, ni ressentir tant de douleur dans son cœur.
[Un garçon aveugle vient à Hooper]. Le même jour, après le dîner, un jeune garçon aveugle, après de grandes prières, obtint enfin la permission de parler à Hooper. Il avait récemment été retenu prisonnier pour la vraie doctrine (1). Hooper, ayant éprouvé sa foi et compris la raison pour laquelle il avait été emprisonné, le regarda intensément et, en pleurant, lui dit : « Mon enfant, notre Seigneur t’a enlevé la vue de tes yeux physiques pour une raison secrète que personne ne connaît que lui seul ; mais il t’a donné lui-même des yeux qui n’en sont que plus excellents : c’est parce qu’il a doté ton âme de la lumière de la foi et de l’intelligence véritable. Que ce bon Dieu, par sa miséricorde et sa bonté, fasse en sorte que vous l’invoquiez continuellement, afin que vous ne perdiez jamais ces yeux, de peur que vous ne deveniez aveugles de corps et d’esprit.
(1) Il se nommait Thomas Drowry et fut lui-même brûlé le 5 mai 1556. 11 en est fait mention au livre Vil de l'Histoire des Martyrs, dans la notice intitulée: Plusieurs Martyrs exécutés en Angleterre.
[La réponse qu'il fit à un hypocrite]. Après cela, un autre arriva, que Hooper savait être un papiste, qui feignit d’être désolé d’une telle calamité, lui disant : « Monsieur, je suis désolé de vous voir dans un tel état. » Hooper lui a dit : « Quoi, désolé de me voir comme ça ? » L’autre répondit : « Désolé de vous voir dans cet état misérable ; car j’ai entendu dire que vous avez été amené ici pour être tué. Hooper lui dit : « Mets-toi plutôt en colère contre toi-même et contre ton infidélité ; car moi, je me considère comme bien loti, car je ne crains pas d’endurer la mort pour le Fils de Dieu.
La même nuit, les gardes, ayant fait ce qui leur avait été ordonné, envoyèrent chercher Jenkin et Bond, prévôts de Glocestre (1), pour prendre en charge le prisonnier et ainsi s’en soulager. Alors ceux-ci, ainsi que le maire de la ville et d’autres membres de la justice, vinrent à l’endroit où se trouvait Hooper, et, à la première approche, le saluèrent et lui donnèrent leurs mains l’une après l’autre, à qui ce saint évêque parla de cette manière :
(1) Foxe désigne Jenkins et Bond comme les sherifs de Gloucester.
[Les paroles aux Maire & conseillers de la ville].
« Monsieur le Maire, je vous remercie vivement, ainsi que tous ces bons seigneurs qui sont ici avec vous, d’avoir daigné me donner la main. Cela me donne quelque joie et l’assurance que votre bonne volonté et votre ancienne charité à mon égard n’ont pas encore diminué du tout. Cela me conduit aussi à croire que la semence et la doctrine de l’Évangile n’ont pas encore été étouffées en vous, que j’ai semées avec beaucoup de peine, lorsque j’étais encore pasteur parmi vous. Et parce que je ne veux pas contrevenir à cette doctrine maintenant, et (selon l’inconstance de beaucoup) regarder comme fausses les vraies choses que j’ai annoncées, j’ai été envoyé ici par ordre et par ordre de la Reine pour endurer l’opprobre de la mort au milieu de vous, afin que, tout comme je vous ai eu autrefois comme disciples de cette doctrine, Je peux maintenant vous avoir comme témoins de ma mort, et de la persévérance que Dieu m’accordera, pour confirmer, par l’argument final de mon sang, ce que je vous ai enseigné. Et parce que j’ai maintenant appris de mes conducteurs (que je remercie de la bonté et de l’humanité qu’ils m’ont montrées en chemin) que je suis placé sous votre garde et sous votre charge pour être brûlé demain, je vous supplie de m’accorder une chose selon votre bonté et votre humanité, c’est que vous prépariez le feu de manière à ce que je sois rapidement expédié.
[Hooper se prépare à la mort, priez pour être très bientôt brûlé]. Au reste, je me rendrai obéissant à ce qu’il vous plaît ; que si vous voyez que je m’y oppose en aucune manière, faites seulement un signe du doigt, et j’acquiescerai. J’aurais eu cette nécessité de mourir, si j’avais voulu recevoir les conditions de vie qui m’ont été proposées, comme vous le savez. Mais parce que ce n’était pas mon devoir, et encore moins opportun pour votre édification, je suis ici volontairement, prêt à endurer plutôt toutes oppressions qui échouent à votre salut et à votre édification. Et j’ai bon espoir que cette fidélité que je vous dois me délivrera demain de telle sorte que je mourrai fidèle serviteur de Dieu, et soumis au Roi. »
[Vertu est admirable aux plus barbares].
Cette harangue causa une grande douleur dans le cœur de presque tous, et beaucoup ne purent retenir leurs larmes. Les deux prévôts, cependant, se retirèrent un peu l’un de l’autre, et tinrent conseil pour transporter Hooper à la prison commune, qu’on dit être à la porte de Septentrion, ou du côté de Bise. Mais les cochers, officiers du roi, ne pouvaient supporter cela, suppliaient les Prévôts de ne pas procéder si rudement à leur Evêque, et lui faisaient des remontrances combien il s’était montré doux et bienveillant tout le long du chemin ; et quand ils ne lui donnent qu’un enfant pour le conduire, ils n’ont pas à craindre.
(1) Northgate.
Que s’ils avaient le moindre doute ou la moindre crainte, ils offraient de passer toute la nuit à le garder, plutôt que de le voir emmené dans cette prison. En fin de compte, il a été conclu qu’il y aurait suffisamment de personnes pour le garder dans la maison où il se trouvait. Hooper a demandé qu’on lui permette de se coucher tôt ce soir-là, d’autant plus qu’il avait plusieurs choses en tête auxquelles il aurait aimé réfléchir en privé. De cette façon, il se couchait à cinq heures, dormait et se reposait assez bien pendant le premier sommeil, comme c’était sa coutume, et le reste de la nuit était consacré aux prières. En se levant le matin, il demanda à être de nouveau seul et à être autorisé à rester seul jusqu’à l’heure de l’exécution. À huit heures, lord John Bridges, avec un grand nombre d’hommes armés, Anthony Kyngston, Edmond Bridges et d’autres adjoints de la reine, ordonna à Hooper de se préparer à la mort. Aussitôt les prévôts le firent entrer, et dès qu’il vit la troupe de gens armés d’épées, d’arcs et de hallebardes, il dit aux prévôts : « Je n’ai pas commis de crime de lèse-majesté contre la reine, et je ne me suis pas rebellé contre elle ; et il n’était pas nécessaire de faire une si grande démonstration de gens armés contre moi. Si seulement tu m’avais ordonné par des paroles de me jeter sur ce tas de bois, je t’aurais obéi» .
[Grande multitude pour le voir brûler]. Mais la multitude qui était assemblée là était d’environ sept mille hommes. Plusieurs d’entre eux étaient venus au marché, mais la plupart d’entre eux étaient là pour voir cette tragédie. Hooper, jetant les yeux sur l’assemblée, dit à ceux qui étaient près de lui : « Hélas ! Il se peut que cette compagnie soit ici dans l’espoir d’avoir des nouvelles de moi, comme d’habitude ; mais maintenant je suis privé de toute faculté de parler, bien que je croie que la cause de ma condamnation ne vous est pas cachée. Lorsque j’étais votre pasteur, je vous ai instruits dans la doctrine pure et salutaire de l’Évangile, et maintenant, parce que je ne veux pas aller contre ma conscience concernant la doctrine que je vous ai enseignée et publiée, je ne peux pas consentir ni souscrire aux traditions de l’église romaine, je suis ici traîné à la torture. Il était vêtu de la longue robe de son hôte, qu’il avait repassée, et avait un chapeau sur la tête, et s’appuyait sur une canne à cause d’une sciatique qu’il avait contractée pendant sa longue détention en prison. Après cela, il lui fut interdit de parler plus longtemps au peuple, ce à quoi il obéit, ne disant un mot ni à l’un ni aux autres ; Seulement, il jetait les yeux sur le peuple saisi de tristesse, maintenant il l’élevait vers le ciel. Et comme certains l’ont témoigné, on ne l’a jamais vu avoir un visage plus joyeux ou plus vermeil qu’il n’en avait tout le jour qui lui avait été fixé pour mettre fin à son angoisse. Lorsqu’il arriva au lieu destiné au martyre, il regarda d’abord, comme s’il souffrait, le poteau auquel il devait être attaché, ainsi que le bois et les matériaux qui y étaient rassemblés. Cet endroit était en face du temple et du collège des prêtres, où Hooper avait l’habitude de prêcher au peuple, et tout autour était couvert et rempli de gens qui étaient venus là pour regarder. Il y avait aussi les prêtres, qui de la tour voisine du temple regardaient, prenant plaisir à ce spectacle.
[La mort dernier ennemi à vaincre]. Cependant, ce martyr de Jésus-Christ se prépare à la bataille finale, pour vaincre la mort, son dernier ennemi, avec patience. Il s’agenouilla pour prier ; et quand six ou sept de ses amis les plus proches se sont également agenouillés sur le sol, pleurant et s’approchant le plus près possible de leur évêque, afin qu’ils puissent entendre les paroles de sa prière. Sa prière était comme une méditation sur le Credo, dans laquelle il resta près d’une demi-heure.
[Pardon envoyé de la Reine]. Tandis que Hooper priait Dieu, un jeune homme se présenta devant lui, qui (comme on l’a pensé depuis) fut envoyé par la reine, avec des lettres qu’il devait placer sur l’échafaud devant le poste, par lesquelles le pardon de sauver sa vie lui était proposé. Alors Hooper dit : « Si tu m’aimes et que tu aimes mon salut, ôte-moi ceci. » Et, répétant encore la même remarque, il s’écria en disant : « Si tu désires le salut de cette âme, prends-moi ceci. » Lord Jean Bridges, dont nous avons parlé plus haut, ayant la principale commission pour cette exécution, et voyant qu’il n’y avait aucun espoir de détourner Hooper de son opinion, ordonna que ce qui restait de l’exécution soit exécuté. Hooper lui dit : « Monseigneur, je vous prie, donnez-moi la permission d’achever la prière que je souhaite faire. » Il en donna l’ordre à son fils Edmond en disant : « Assure-toi qu’il ne fasse rien d’autre que d’achever sa prière ; s’il fait autre chose que cela, venez me le dire, car je ne veux pas qu’il nous retienne ici plus longtemps. Entre-temps, deux hommes forts ont percé la foule et ont réussi à se rapprocher de lui, et l’ont entendu prier de cette manière :
« Seigneur, je suis l’abîme de l’enfer, et tu es le ciel ! Je suis un retrait de toute souillure du péché (1) ; mais, mon Dieu, vous êtes la fontaine de tout bien. Rédempteur, plein de toute bonté, sois propice à moi, très admirable (2) pécheur, selon ta grande compassion et ta bonté. Toi qui es monté au-dessus de tous les cieux, attire-moi à toi qui fuis l’abîme de l’enfer, afin que je sois participant de ta gloire et de ta félicité ; d’entre vous, disons, qui êtes assis à la dextre de votre Père. et je suis parti dans la même gloire.
(1) Anglicè: "I am swill and a sink of sin".
(2) Dans le sens d'étonnant.
En effet, tu sais la vraie raison pour laquelle mes adversaires entraînent ton pauvre serviteur dans ce feu : ce n’est pas pour aucun crime que j’ai commis contre eux, mais parce que je ne consens pas à l’impiété de ceux qui souillent ton sang, et je ne veux pas, pour leur plaire, m’écarter de la vérité que tu m’as enseignée par ta bonté et ta miséricorde ; que j’ai proclamé jusqu’à présent, selon mon devoir et en l’appelant, autant qu’il m’a été possible, à la gloire de ton nom. Hélas! Seigneur, tu n’ignores pas combien de tourments sont préparés pour moi d’endurer cette mort douloureuse, moi qui suis ta pauvre créature ; si tu ne m’aides pas par ta puissance, je ne suis pas assez fort pour supporter ces affreux tourments, et ce sera nécessairement que je succomberai. C’est pourquoi, Seigneur, accorde un prompt secours à cette pauvre âme par votre bonté, de peur qu’au milieu de la dureté de ces flammes, je ne dépasse les limites de la patience chrétienne ; ou bien apaiser leur véhémence, car vous saurez que ce sera surtout utile pour votre gloire et pour la confirmation de votre doctrine.
Le maire de la ville, ayant appris que ces deux courtisans s’approchaient tout près de Hooper pour entendre les paroles de sa prière, les fit immédiatement sortir de là. Et après que Hooper eut terminé sa prière, il se prépara pour la bataille finale. D’abord, il enleva la longue robe qu’il avait empruntée à son hôte, qui lui fut rendue par l’ordre du prévôt ; puis on le dépouilla de ses autres vêtements, jusqu’à son pourpoint et sa culotte, espérant qu’au moins ils lui laisseraient le reste de ses vêtements, afin qu’il ne meure pas tout nu ; mais les prévôts (dont la cupidité ne pouvait être satisfaite) ordonnèrent que ce reste de vêtement lui soit également enlevé. Ce à quoi il s’est volontairement conformé. Voyant qu’il n’y avait plus sur son corps que sa chemise, il prit un morceau de son pantalon, avec lequel il noua les deux bords d’une petite bourse et l’attacha autour de ses jambes, dans laquelle poche il y avait un peu de poudre à canon, et il en avait autant sous les aisselles ; cette poudre lui avait été donnée d’avance par les sergents et les officiers de la reine, afin de hâter sa mort.
Maintenant, quand tout cela a été fait, il est devenu clair qu'il s’arrangea pour être attaché au poste, puis il supplia toute la foule de prier Dieu avec ferveur pour lui ; ce que tous firent diligemment avec une grande abondance de larmes, pendant tout le temps de la torture. Immédiatement, trois chaînes de fer y furent mises ; l’une fut appliquée sur son collier, l’autre à l’endroit du nombril, et sur les jambes la troisième. Et si dure que fût pour lui cette rigueur, comme les autres se seraient défiés de sa constance ou de son obéissance ; Cependant, afin de ne pas non plus mettre trop son fiancé sur l’infirmité humaine, il les laissa faire ce qui leur semblait bon sans répondre. C’est pourquoi les bourreaux, se contentant d’une chaîne, l’attachèrent par le milieu du corps au poteau. Mais pourtant cette chaîne était si courte qu’elle ne pouvait s’enrouler autour du corps, qui s’était enflé à cause de la longue emprisonnement ; Il resserrait lui-même la partie inférieure de son ventre avec ses propres mains jusqu’à ce que la chaîne puisse être amenée à sa bonne position. Ces bourreaux essayèrent de faire de même pour son cou ; mais ils se retirèrent, voyant que le pauvre malade résistait, trouvant étrange d’avoir un lien aussi serré de tant de chaînes. C’est ainsi que ce saint martyr de Notre-Seigneur Jésus, prêt à être offert en sacrifice, s’est levé debout, regardant toute la foule qui assistait à ce spectacle pitoyable de son évêque. Il était d’une taille assez grande, et de plus il y avait un tabouret sous ses pieds, de sorte qu’il pouvait facilement voir et être vu de tous. On pourrait facilement reconnaître alors combien l’innocence et la vertu sont fortes envers tous les hommes, pourvu toutefois qu’ils soient des hommes et non des bêtes.
Entre-temps, comme ce saint homme avait les yeux levés vers le ciel, priant avec foi, le bourreau qui devait le brûler s’avança et lui demanda pardon. À qui ce vrai pasteur a dit : « Pourquoi te pardonnerais-je, puisque tu ne m’as pas offensé, que je sache ? » Et le bourreau lui dit : « Hélas ! mon seigneur, j’ai reçu l’ordre d’allumer le feu. Et Hooper a répondu : « Il n’y a pas d’offense à cela. Je prie le Seigneur de te pardonner ; d’ailleurs, faites votre devoir. Puis ils jetèrent autour de lui des fagots de roseaux ou de cannes humides, que ce brave homme, saisissant deux à deux de ses propres mains, baisa d’abord, puis rangea sous ses deux aisselles, et quand il fut temps de signaler de la main où les autres devaient être entassés.
[Horrible spectacle d'un grand martyre de Hooper]. Lorsque le bois et les fagots eurent été ainsi préparés, l’ordre fut donné d’allumer le feu. Mais comme il n’y avait presque pas de ces fascines, pour porter seulement le fardeau de deux chevaux, c’était le bois sec qui prenait le feu le plus facilement : et il était presque entièrement consumé et brûlé avant que la flamme n’atteignît son point le plus élevé. Et finalement, le feu saisit les fagots qui le couvraient d’en haut, et ils commencèrent aussi à flamber, mais le vent, qui était fort ce jour-là, chassait constamment la flamme de la tête et des épaules, parties que le feu atteignait avec beaucoup de peine. Ils rapportèrent donc d’autres fagots (car la paille et les fagots de roseaux dépassaient déjà) qui, parce qu’ils étaient secs, brûlaient facilement ; mais ils n’atteignirent que les parties inférieures, à l’endroit où ils avaient été placés ; et le feu avait à peine touché les parties supérieures du corps, sauf qu’il semblait que la flamme avait brûlé en passant et brûlé légèrement une de ses oreilles avec la peau voisine. Cependant, ce saint martyr dans ce second incendie se comporta paisiblement comme il l’avait fait dans le premier ; et, s’accrochant fermement dans la foi, il resta ferme comme quelqu’un qui n’a pas ressenti de douleur, priant ainsi : « Ô Seigneur Jésus, Fils de David, aie pitié de moi et reçois mon âme. » Or, quand ce second feu fut ainsi consumé, il s’essuya les yeux avec ses mains, et, regardant le peuple, il dit d’une voix un peu basse : « Frères, pour l’amour de Dieu, mettez ici plus de feu. » Cependant, pendant ce temps, ses jambes et la graisse de ses jambes brûlaient, ainsi que les autres parties voisines, car comme on l’a dit, il y avait si peu de bâtons que le feu ne pouvait pas atteindre le haut du corps. De plus, il y avait un espace assez long entre ses pieds et le sol, ce qui lui causait une grande détresse. Il y eut un troisième feu ajouté, un peu plus dur et plus véhément que les deux premiers ; Mais il ne lui fut pas d’un grand secours de mourir plus tôt, soit qu’il fût mal vêtu, soit que le vent contraire empêchât ses forces. De nouveau, cet heureux martyr dans ce troisième feu invoqua d’une voix plus forte, en disant : « Ô Seigneur Jésus, aie pitié de moi. Ô Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Nous ne l’entendions plus parler, et bien que son visage fût devenu complètement noir à cause de la grande fumée, et que sa langue fût si enflée et raide qu’il ne pouvait pas prononcer un seul mot, néanmoins il remua ses lèvres autant qu’il le put, jusqu’à ce qu’elles soient également scellées par la chaleur du feu. et sa peau était plissée. Il ne lui restait plus qu’une chose, c’était qu’il se frappait continuellement la poitrine de sa frayeur, jusqu’à ce qu’un de ses bras tombât bas. Et jusqu’à ce que les connexions des nerfs soient coupées du feu, il continua à faire de même avec l’autre main, tandis que la graisse et le sang mêlés à l’eau coulaient du bout des doigts en un horrible scélérat. Enfin la flamme ayant repris de nouvelles forces, le priva de toute vertu, et sa main resta attachée à la chaîne contre sa poitrine. Et soudain, ce S. Evêque rendit l’esprit.
Il resta dans ce grand combat de mort et de tourment du feu pendant l’espace de trois quarts d’heure, ou plus, avec une telle patience et une telle constance, que, sans bouger son corps, il ne se tourna ni en avant ni en arrière. Et bien que son estomac fût brûlé, que ses jambes brûlaient et que ses entrailles tombassent au milieu des flammes ardentes, il abandonna néanmoins son esprit très paisiblement et sans s’inquiéter en aucune façon quelconque; et maintenant il jouit d’un repos très heureux en Notre-Seigneur Jésus, le grand pasteur et prince des Evêques.
La parole de Dieu nous instruit à nous rassembler en son nom, avec la promesse qu’il sera au milieu de nous, avec soutien, faveur et assistance. Quant aux moyens, lui seul fait ce qui est le plus utile pour le salut des siens et pour l’édification de son Église ; et ce qui convient le mieux à sa gloire.
(1) Crespin reproduit presque littéralement le récit d'Hæmstede. Voy. Troisième partie du recueil des Martyrs (1556), p. 377
A cette époque, une persécution s’éleva dans la ville de Mons dans le Hainaut ; ou plutôt celle mentionnée ci-dessus, après la mort de Jean Malo (2), a continué farouchement contre les fidèles, en raison de certains rassemblements que les fidèles tenaient dans cette ville pour entendre la parole de Dieu. Un jour qu’ils étaient dans la maison d’un orfèvre nommé Damien Witcoq, priant Dieu, une jeune fille, cousine de Witcoq, entra, qui, ayant montré une certaine apparence de piété, apprit la pure vérité ; mais environ deux ou trois jours plus tard, elle fut égarée par quelques-uns ; de sorte que, convoquée devant le magistrat de la ville, et interrogée sur ceux qu’elle y avait vus et sur ce qui avait été fait, elle déclara tout ce qu’elle savait ; En conséquence, beaucoup ont été recherchés et emprisonnés ; Et alors, plus que jamais, la fureur des ennemis s’enflamma contre les fidèles, avec une telle sévérité que, sans observer aucune forme de loi, la question fut immédiatement présentée aux prisonniers, pour les forcer à accuser les autres.
(2) Page 34, supra.
Puis, plus tard, lorsqu’ils ont été interrogés sur leur foi et leur religion, ils ont été condamnés à mort ; non pour une autre raison, mais pour avoir contrevenu aux édits et proclamations de l’empereur, et pour s’être trouvé dans des assemblées interdites, etc. Entre autres, le susmentionné Damian, orfèvre, homme honorable, a été condamné à être décapité ; qui, ayant entendu sa sentence, dit aux juges : « Je donne volontairement ma vie et mon sang pour le Seigneur Jésus. » Les ennemis, apprenant qu’il parlait aux gens qui étaient là, menacèrent de le ramener en justice pour ses actions et de le faire brûler dans l’après-midi. Malgré toutes ces menaces, ce saint homme persévérera toujours dans cette constance, et il est sorti de ce monde, glorifiant Dieu et fortifiant les fidèles par son exemple. Quelques autres furent exécutés après lui, dont on parlera peu après.
Dans cette histoire, il y a une grande variété de procédures et d’interrogatoires divers qui ont été présentés à ce personnage de temps en temps pendant son emprisonnement ; à travers lesquels on peut facilement reconnaître les grâces uniques que Dieu avait placées dans ce vase, pour être utilisé à des époques aussi diverses que toutes les autres dans notre mémoire.
(1) Sur Rowland Taylor, voy. Foxe, t. VI, p. 676-703; Harleian Mss, n° 421, art. 21. Cette notice figure déjà dans l'édition de Crespin de 1556, mais très abrégée.
Dans le même temps, et sous la persécution de Marie, reine d’Angleterre, Roland Taylor, docteur en droit, ministre de l’église de Haldey dans le duché de Suffolk (1), un homme d’une grande érudition et d’une grande piété, ayant été emprisonné, fut examiné plusieurs fois pour sa foi. Gardiner, susmentionné, chancelier d’Angleterre, le fit juger avec l’évêque de Durham et Burne, le premier secrétaire.
(1) Hadley reçut de bonne heure l'Evangile par la prédication de Thomas Bilney, dont le martyre est raconté plus haut, t. 1, p. 279.
[Harangue du Chancelier à Taylor]. Dans le premier examen, il l’aborda de la manière suivante : G. « Nous avons été d’avis que, parmi d’autres, vous devriez être appelés ici parmi les premiers, afin que vous puissiez jouir avec nous de la faveur et de la miséricorde de la Reine, qui vous sont maintenant présentées et offertes, à condition qu’en sortant de cette chute commune et mortelle (dans laquelle nous avons presque tous été enveloppés, et d’où nous sommes de nouveau tirés par un bienfait singulier de Dieu, ou plutôt par un miracle) vous voulez être restaurés avec nous, et revenir dans le droit chemin ; sinon, si vous refusez cette grâce et le pardon qui vous sont volontairement offerts, ils vous mettront maintenant à l’épreuve comme vous le méritez. T. « Monseigneur, s’élever de cette manière, c’est tomber d’une chute douloureuse et mortelle ; c’est tomber du Christ pour tomber sur l’Antéchrist ; ma raison est ici établie et je suis résolu sur ce point : que la forme de religion que le roi Édouard a introduite est conforme à la sainte parole de Dieu et aux institutions des ancêtres. Pourquoi ne pourrais-je jamais supporter d’en être détourné, tant qu’Il me donne de vivre ici-bas dans le monde, par la grâce du Seigneur Jésus. Bv. « De quelle ordonnance de la religion parlez-vous ? Car vous savez qu’il y avait plusieurs sortes de services divins à l’époque du roi Édouard. et parmi tant de religions différentes, il y en avait une sous le nom de Catéchisme, établie par l’archevêque de Cantorbéry.
[Catéchisme de Justus Jonas]. Est-ce de cela que vous parlez, auquel vous vous êtes rangé ? T. « Il est vrai qu’il a traduit un petit catéchisme composé par Justus Jonas (2) ; et bien qu’il n’en fût pas l’auteur, il lui parut bon de le proposer aux églises en son propre nom ; Et en effet, ce livre a été d’un grand bénéfice.
(2) Le Catéchisme de Justus Jonas fut en effet traduit du latin en anglais, et publié, en 1548, par les soins de l'évêque Cranmer. Il a été réimprimé à Oxford en 1829.
Puis, après qu’un autre livre (1) a été mis en lumière, sous le nom et l’autorité du roi Édouard, un prince digne de grands éloges, pour lequel nous rendons grâces immortelles à Dieu ; et cela n’a pas été fait sans le consentement et l’approbation des théologiens les plus savants ; et en plus de cela, le livre a été publié (2) par décret de tout le Parlement. Or, bien que ce livre ait été revu et réformé (ce qui n’a été fait qu’une seule fois), cette réforme unique a néanmoins été si pleine et si parfaite, et si bien et si bien liée à la pureté de la religion chrétienne, qu’elle peut facilement satisfaire la conscience de chaque chrétien et de chaque fidèle, sans laisser aucun scrupule. Et c’est de cette réforme que je veux parler. G. « Avez-vous jamais vu le livre que j’ai fait sur les sacrements (3) ? »
(1) Il s'agit des deux Service Books d'Edouard VI, publiés en 1548 et 1552.
(2) Homologué.
(3) Ce livre de Gardiner est celui qui porte le titre suivant: Confutatio cavillationum, quibus sacrosanctum Eucharistiæ sacramentum ab impiis Capharnaitis impeti solet. Ce livre fut publié en 1554, peut-être même en 1552. Cranmer se préparait à y répondre, mais la mort l'en empêcha. Pierre Martyr en publia une réfutation en 1559.
[Le livre de Gardiner.]. T. « Oui, je l’ai lu. » G. « Qu’en pensez-vous ? » Là-dessus, l’un des commissaires loua cette demande du chancelier pour sa flatterie impudente, en disant : « Monseigneur, cette demande qui vient d’être faite est plus opportune que toute autre chose. Car je peux dire ouvertement que ce livre a fermé la bouche de tous ces gens et les a rendus complètement muets. T. « Ce livre (semble-t-il) contient plusieurs choses loin de la vérité de Dieu. » G. « Que dois-je vous dire de plus ? Vous êtes un homme qui se mêle de tout. Tu es un imbécile et un babouin ignorant.»
[Les méchants ne peuvent pas supporter la vérité, surtout quand elle les censure]. T. « Je reconnais que je ne me place pas parmi les savants, car je ne suis pas si mal formé que je n’aie pas lu, plusieurs fois et jusqu’à la fin, les livres de l’Écriture Sainte ; aussi les œuvres de saint Augustin, de saint Jean Chrysostome, d’Eusèbe, d’Origène, de Grégoire de Nazianzene et d’autres, ainsi que les livres de droit canonique. Et ma profession était d’étudier le droit civil ; comme vous l’aviez professé vous-même, Monseigneur le Chancelier. G. Vous avez peut-être lu toutes ces choses, mais c’était avec un jugement corrompu. Quant à ma profession, c’est la théologie sacrée, dans laquelle j’ai mis en lumière plusieurs ouvrages.
[Gardiner a écrit sur la véritable obéissance]. T. « C’est vrai ; mais vous avez composé un livre entre autres, qui s’intitule De la vraie obéissance (1) ; à mon désir que tous vos autres livres correspondent à celui-ci. G. « Vous devriez plutôt parler de ce petit livre que j’ai écrit contre Bucer, sur le mariage des prêtres, mais quoi qu’il en soit, je sais bien que de tels livres ne sont guère agréables à ceux de votre secte, qui ont déjà des femmes depuis longtemps. » T. « J’avoue en vérité que je suis marié, et que Dieu m’a donné neuf enfants en saint mariage, pour lesquels je rends des actions de grâces immortelles et sincères, comme à celui qui est le donateur de tous les biens ; au contraire, en ce qui concerne votre doctrine, et ce que vous professez condamner le mariage, j’ose affirmer après le saint Apôtre que c’est une doctrine des démons, car elle est directement contraire non seulement aux lois et ordonnances divines, mais aussi à la nature commune, au droit civil, au droit canonique, aux conciles généraux, aux traditions et aux ordonnances des apôtres, et enfin à l’opinion des anciens docteurs orthodoxes. (2 Tim. 4).
[Objection de l'Evêque de Dunelme]. D. « Vous avez dit, il n’y a pas longtemps, que votre profession est le droit civil, à laquelle se rattachent les Instituts ; Je crois que vous n’ignorez pas que, parmi les lois de Justinien, celle-ci est, entre autres, de prêter le serment des prêtres ; par lequel tous ceux qui se destinent à devenir prêtres jurent qu’ils n’ont jamais été liés par le mariage ; et en ce lieu, il cite le Canon et l’Ordonnance des Apôtres. [Cod. de indicta viduitate. cap. Ambiguitales, & ff. de cond. & demonst. L. 22.]. T. « Je ne me souviens pas que dans toutes les lois de Justinien il y en ait une. Je sais bien que, dans une certaine partie, Justinien fait cette ordonnance : Si quelqu’un de droit de testament laisse quelque chose à sa femme, à condition qu’elle ne contracte pas un second mariage, et si, en outre, il prête serment d’elle pour une confirmation plus sûre de la foi de sa promesse ; Cette condition, et même le serment, ne doit pas l’empêcher de se marier si elle le souhaite, après le décès du testateur ; et de plus, je pense que le serment n’a guère plus d’efficacité pour lier leur foi à Dieu que les vœux papistes. Et dans le Digeste *, il y a une disposition presque semblable pour les filles et les femmes qui sont servantes et esclaves : que si quelqu’un a libéré sa servante à cette condition, qu’après l’émancipation elle ne peut pas se marier, à moins qu’elle ne soit pas empêchée par une telle obligation de se marier avec quelqu’un, etc. G. « Vous avez dit qu’il était permis par les lois divines aux prêtres de se marier ; Par quelle preuve pourrez-vous nous convaincre dans cette affaire ?
* L. adigere Aut. de iure patronatus.
Les paroles de saint Paul dans la première épître à Timothée et dans l’épître à Tite sont si claires que rien n’est plus clair ; dans lequel il parle ouvertement et expressément du mariage des prêtres, des diacres et des évêques. De plus, saint Jean Chrysostome, sur le passage de Tite (1), déclare aussi ouvertement que le saint Apôtre, en approuvant le droit de se marier, réduit au silence tous les hérétiques qui s’opposent et contredisent les mariages légitimes. Vous attribuez faussement à saint Jean Chrysostome ce qu’on ne trouve dans aucune de ses œuvres ; et cela est conforme à la manière commune et à l’exemple de votre peuple, qui n’a pas honte de parler faussement des saintes Écritures et des anciens docteurs de l’Église.
(1) Chrysostome, Hom. II, in Ep. ad Titum, cap. 1. Voy. Chamier, Panstratia Catholica, 't. III, ib. XVI, cap. 11, 18,
N’avez-vous pas dit aussi que le droit canonique approuvait le mariage des prêtres, ce qui est faux et contraire à toute vérité ? Il ressort des décrets que les quatre conciles généraux, à savoir Nicée, Constantinople, Éphèse et Chalcédoine, ont autant d’autorité que les quatre évangélistes. Donc, puisque ces mêmes décrets, qui sont considérés comme la partie principale de toutes les lois et ordonnances des papes, attestent que le concile de Nicée, à la persuasion de Paphnuce, a ratifié que les mariages des prêtres étaient légitimes ; pourquoi ne dirions-nous pas que le mariage des prêtres est établi par le droit canonique et l’autorité des papes comme une chose légitime ? »[Distinc. 15. cap. Sicut].
G. « Ce que vous avez forgé sur les Conseils Généraux provient du même mensonge ; comme il est démontré dans ces mêmes décrets comment les prêtres ont été contraints de répudier leurs femmes, même autant qu’il y en avait mariées. T. « S’il y a une mention de cela à l’endroit que vous alléguez, je veux perdre ma vie ; faites-vous porter le livre. » G. « Bien que de telles paroles n’y soient pas, on les trouve dans l’Histoire ecclésiastique, qu’Eusèbe a écrite et dont ces décrets ont été tirés. » T. « Il n’est pas crédible que le Pape ait voulu laisser passer ce lieu, et la sentence d’un Concile aussi remarquable, d’autant plus qu’il a donné une telle autorité et un tel poids pour défendre son intention. .»
[Gardiner censure Gratien]. G. "Gratien n’a fait que rassembler plusieurs chanoines de divers endroits ; et tu les prends aussi où bon te semble, et tu recueilles de tous côtés des choses que tu accommodes tant pour justifier ton erreur. « T. « Monseigneur, je suis étonné que vous ayez une telle opinion de cette personne, qui est comme un porte-drapeau de l’Église du Pape : Il ne devrait être qu’un cueilleur et un collectionneur. » G. « Mais c’est vous que j’appelle Collectionneur. Mais pour mettre fin à tout cela, dites-moi maintenant : envisagez-vous de revenir dans l’Église catholique, ou pas ? Et le chancelier, en disant cela, s’est levé. T. « Je n’ai pas délibéré, par la grâce et la bonté de mon Dieu, de jamais m’éloigner de l’Église du Christ. » Après cela, il leur demanda de lui accorder au moins qu’il était légal pour aucun de ses parents et amis de venir lui rendre visite en prison. G. « Votre procès sera terminé, et sentence prononcée contre vous, avant la fin de la semaine. Ainsi, ils l’ont ramené à la prison.
Déclaration de Roland Taylor, docteur en droit civil, concernant le motif de sa condamnation.
Dans mon accusation et ma condamnation, il y avait deux points principaux pour lesquels j’ai été jugé hérétique. D’abord, à cause de la défense du mariage des prêtres, qui est tout à fait illégitime et illicite, car c’est une erreur qui fait violence et qui répugne manifestement à l’Écriture divine. Saint Paul, dans ses épîtres à Timothée et à Tite, est loin d’interdire le mariage aux prêtres, aux diacres et aux évêques, puisqu’il appelle diabolique la doctrine de ceux qui la condamnent ; et il veut que tous les fidèles ministres de Jésus-Christ enseignent cette même chose, de peur que les fidèles et le peuple chrétien ne soient induits en erreur par de telles erreurs.
[Confirmation du mariage par autorité des Anciens]. Et tout comme ils n’ignorent pas l’intention de saint Paul, ils peuvent aussi savoir (à moins qu’ils ne comprennent rien du tout) que, par l’ordonnance de Dieu lui-même, la liberté de se marier n’est enlevée à personne, mais permise à tous ceux qui ne peuvent pas se contenir, même si cette ordonnance a été établie dans le paradis terrestre avant qu’il n’y ait aucune souillure et tache de péché. même parmi les plus nobles créatures de Dieu, qu’il était bon que l’homme ne soit pas seul et sans aide. Ils ont aussi appris de saint Cyprien (1) et de saint Augustin (2) qu’il n’y a pas de vœu d’une si grande force qui puisse avoir une valeur contre le mariage, qu’il s’agisse de contracter le mariage ou de vouloir l’abolir. Ils n’ignorent pas non plus l’opinion de saint Ambroise (3) à ce sujet, qui croit qu’il ne faut pas donner un commandement, mais seulement un conseil, pour garder la virginité. Ils comprennent et savent comment Jésus-Christ, le Fils de Dieu, lorsqu’il a été invité aux noces avec sa mère et ses apôtres, n’a eu aucune difficulté à y être, et non seulement il a sanctifié le mariage par sa présence, mais il l’a aussi honoré en accomplissant le premier miracle devant ses apôtres.
(1) Cyprien, lib. 1, Epist. 11.
(2) Augustin, De bono conjugali, ad Julianum.
(3) Ambroise, 23. Quest. 1, cap. Integritas.
[Contre la Transsubstantiation]. L’autre raison pour laquelle je suis condamné comme hérétique, c’est que je confesse que le sacrement du corps et du sang de Jésus-Christ est vraiment son corps et son sang, tandis que les natures du pain et du vin restent inchangées, et que je maintiens que la doctrine de la transsubstantiation, par laquelle les papistes enseignent qu’après les paroles le pain du sacrement se convertit soudainement en la substance du corps du Christ, et que Jésus-Christ lui-même, le Fils de Dieu, né de la Vierge Marie, n’est pas seulement adoré par nous dans la nature qu’il est, mais qu’il est aussi offert à Dieu son Père pour les vivants et les morts, est tout à fait frivole et plein d’erreurs et de mensonges. Priez pour moi, comme je suis aussi prêt à prier pour vous. Grâce à mon Dieu, depuis le temps où j’ai été condamné, la nécessité de mourir n’a pas troublé mon esprit. La volonté du Seigneur soit faite en toutes choses. Si je me détourne de la vérité que j’ai reçue, il y a un grand danger qu’une telle mort puisse m’arriver comme celle du juge Alifius (1).
(1) Voy. la note de la page 1.
[Alifius. Maire de Londres]. mais je rends grâces à mon Dieu de tout mon cœur, j’ai été privé de tous moyens, et pendant longtemps j’ai mis toute ma confiance dans le Rocher ferme, ne doutant nullement de sa miséricorde, afin qu’il puisse continuer et perfectionner en moi jusqu’à la fin ce qu’il a commencé une fois, et non pas seulement en moi, mais aussi dans d’autres. Gloire à lui, et action de grâces perpétuelle, par notre Seigneur Jésus-Christ, le seul Sauveur et Rédempteur. Amen.
Le testament du Dr Taylor, qu’il a fait un peu avant de mourir. À sa femme et à ses enfants.
Le Seigneur t’a donné à moi ; maintenant le Seigneur me prend du milieu de vous, et vous du milieu de moi. Il lui semblait bon de le faire : béni soit son nom. Je crois et je sais avec certitude que ceux qui meurent dans le Seigneur sont bénis. Il a compté tous les cheveux sur nos têtes, et même les petits oiseaux sont guidés par sa providence. Jusqu’à présent, j’ai toujours fait l’expérience de sa bonté, encore plus prêt à me faire du bien qu’un père ou une mère de ce monde. Par conséquent, que toute votre confiance soit placée en lui, ne vous fiant pas à vous-mêmes, mais à notre unique Sauveur, Jésus-Christ, le Fils bien-aimé de Dieu. Croyez en lui, espérez en lui, craignez-le, servez-le, rendez-lui obéissance, demandez-lui de l’aide, puisqu’il l’a promis. Ne pensez pas que je vais mourir, car je ne mourrai pas, mais je vivrai en Lui pour toujours. En fait, je pars maintenant avant vous, et vous finirez par venir après moi vers le repos éternel du ciel et vers un bonheur durable. Je vais de l’avant, dis-je ; après mes autres enfants qui m’ont précédé, Susanne, George, Helene, Rupert et Zachariah. Je vous ai recommandés et je vous recommande encore une fois au Seigneur.
[Admonitions de se garder du Papisme]. Quant à vous, mes amis, et à vous tous qui avez entendu ma prédication, je vous témoigne que je quitte ce monde avec une grande paix de conscience. Je désire que vous rendiez grâces à Dieu avec moi, que, selon la mesure ou la portion de mon talent, je ne vous aie rien enseigné d’autre que ce que j’ai fidèlement appris de la parole sacrée de Dieu et de l’Écriture canonique de la Bible. Je vous prie, par le Seigneur, de prendre garde de ne pas vous détourner de sa parole, de peur qu’il ne détourne son visage de vous et que vous ne périssiez éternellement. Prenez soin de la religion papiste, qui montre un semblant d’unité, et malgré toute cette unité, n’est en fait que la vanité des tromperies de l’Antéchrist, dans lesquelles il n’y a rien de vrai. Et puisque vous avez une fois été éclairés dans la connaissance spirituelle de Lui, prenez garde de ne pas pécher contre Son Esprit Saint, par lequel vous, Anglais, êtes appelés à la connaissance céleste. Que le Dieu de toute grâce et consolation inspire et multiplie en vous son bon Esprit, en toute sagesse spirituelle, mépris pour ce monde et désir des biens célestes, afin que, de plus en plus enflammés d’un zèle véritable, vous dédaigniez la souillure de l’Antéchrist et aspiriez de tout votre cœur à ce bonheur qui consiste dans la communion du Seigneur Jésus et de ses fidèles, à laquelle notre Seigneur et sanctificateur de tous, le Fils de Dieu, notre unique défenseur Jésus-Christ, notre vie, notre justice et notre rédemption, peuvent vous conduire. Amen. Priez, priez. Tout à vous, quittant cette vie présente avec une certaine espérance de jouir de la vie éternelle et bénie. Ce 5 février 1555.
[La fin que le Seigneur a donnée à Taylor]. Quelques jours après que ces choses eurent été faites, ce témoin du Fils de Dieu fut conduit par des officiers de la reine de Londres à Hadley (qui est une petite ville du Suffolk, où il avait été ministre de la parole de Dieu) pour y être brûlé. En chemin, des psaumes ont été chantés dans les lieux où il est passé, et ceux qui l’ont conduit ont fait le plus grand effort possible pour partir tôt le matin, craignant que le peuple ne se rassemble. Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit, Taylor, jetant les yeux sur la multitude qui était étalée d’un côté et de l’autre, leur parla brièvement, comme par la providence même de Dieu, il était présent au milieu d’eux, pour confirmer par sa mort et son sang la foi et la vérité de la doctrine dans laquelle il les avait instruits dans le Seigneur. Et comme il continuait à exhorter le peuple à une telle constance, le gouverneur de la province, qui assistait à cette exécution, interrompit son discours pour lui rappeler qu’il devait se souvenir de la promesse qu’il avait faite de ne pas dire un mot. Et il répondit : « Monsieur le gouverneur, j’ai fait ce que je voulais faire », et il se déshabilla immédiatement, et avec une grande assurance de cœur, il livra son corps aux bourreaux. Le peuple, poussé par le zèle, je l’exhortai à prendre courage, et je le suppliai de se réjouir et de se fortifier dans le Seigneur, l’appelant à plusieurs reprises : « Bon pasteur donnant sa vie pour ses brebis ». Il fut jeté dans le feu et mourut heureux dans le Seigneur, le 22 janvier 1555.
WAULDRUE CARLIER (1), Hannuyère.
De cet exemple et d’autres semblables, nous pouvons comprendre que les cruautés des adversaires non seulement font avancer le cours de la parole du Seigneur, mais aussi que leurs prisons servent d’école à beaucoup de gens qui, autrement, n’auraient été que peu et mal instruits dans la vraie religion lorsqu’ils y sont entrés.
(1) Wauldre Carlier. Hæmstede et Crespin se sont servis de la même source.
Cependant, tandis que les ennemis de l’Évangile tonnent si horriblement contre le troupeau du Seigneur avec des édits éclairants, il y avait une veuve dans la ville de Mons dans le Hainaut, nommée Wauldrue Carlier, qui a été emprisonnée pour les mêmes raisons et pour la même cause que Damien Witcoq mentionné ci-dessus. Le principal point de son accusation que les juges ont portée contre elle pour la condamner à mort était qu’elle avait hébergé des gens qui lisaient les Saintes Écritures dans sa maison, en violation du mandat de l’empereur. De plus, elle avait hébergé son fils dans sa maison sans l’accuser de lire les Saintes Écritures. La femme (qui n’avait qu’une faible éducation dans les principes fondamentaux de la religion) se voyant traitée de manière si inhumaine pour avoir accompli un acte saint qui convenait à tous les chrétiens, était d’autant plus confirmée dans la vérité de l’Évangile et était tout à fait prête à confesser Jésus-Christ, quoi qu’ils puissent lui faire. Un jour, se tenant devant les juges, elle loua Dieu pour la grâce qu’il lui avait donnée depuis qu’elle était prisonnière, disant qu’elle avait plus appris dans cette prison que dans toutes les écoles précédentes, et elle dit haut et fort : « Béni soit mon Seigneur, c’est pour lui que je suis traitée de cette façon. » Sa sentence fut prononcée, à savoir d’être enterrée vivante, ce qui est un châtiment cruel et étrange inventé séculièrement aux Pays-Bas par les édits de l’empereur Charles Quint, contre ceux qui persévéreront dans la vérité de l’Évangile (1)
(1) Voy. Hist. des Martyrs, t. I, p. 337. Dès 1535, un édit impérial, daté de Bruxelles, condamnait à la mort tous les hérétiques. Les obstinés des deux sexes devaient être brûlés. Pour ceux qui se rétractaient, la peine du feu était changée en la décapitation pour les hommes, tandis que les femmes étaient condamnées à être enterrées vives. L'édit de 1550 réaffirma ces pénalités draconiennes, et, quelques années après, Philippe II confirma solennellement ce même édit. Voy. Lothrop-Motley. Rise of the Dutch Republic, Introd. XII; liv. II, chap. 1.
[Les fruits de la prison à l’endroit où se trouve cette femme]. Ce jugement cruel ayant été rendu, elle demanda d’un cœur prompt et joyeux aux juges : « Est-ce là tout ce que vous me ferez ? Dieu donne à chacun par mesure la portion de la boisson que nous devons boire ; Il me donnera de la patience, puisqu’elle vous plaît tant. Je me réjouis pour le Seigneur, de ce que je ne souffre pas pour le vol ou le meurtre, mais pour Jésus-Christ. Après le dîner, à l’heure habituelle, elle fut conduite à l’exécution, gardant toujours une simplicité constante, qui étonnait tous ceux qui étaient là, surtout parce que, dans une mort si hideuse à voir, elle louait le nom du Seigneur, jusqu’à ce que la terre l’eût entièrement couverte.
(2) Cette courte notice se retrouve dans Hæmstede, sauf les dernières lignes, à partir de: « Il serait à désirer, » qui sont un appel de Crespin à la collaboration de ses lecteurs.
Quelques jours après la mort de cette veuve vertueuse, il y avait un homme nommé Jean Porceau, également de la ville de Mons dans le Hainaut, qui, faisant partie du petit troupeau instruit de la vérité du Seigneur, a supporté la mort très chrétiennement. Il serait souhaitable que nous ayons les actes et les confessions de ceux qui ont souffert le martyre en même temps dans la terre de Hainaut, et il est nécessaire qu’en cela les fidèles soient exhortés à faire leur devoir, comme nous le faisons, et en ce qui concerne celui-ci et plusieurs autres, nous ne rapportons que leur mort bénie, n’ayant plus été informés des procédures engagées à leur sujet.
LAURENT SAUNDERS, Anglais (1).
(1) The History and Marlyrdom of Laurence Saunders, burned for the Defence of the Gospel, at Coventry. Foxe, Acts and Monuments, t. VI, p. 612-636.
Saunders s’oppose aux ennemis de l’Évangile, ressent intérieurement une grande aide de l’Esprit Saint, console par des lettres ceux qui étaient dans la même lutte, et fortifie aussi sa femme par des lettres et verbalement, et en voyant son petit enfant, il se réjouit encore plus ; en bref, dans tout ce processus, nous voyons d’excellentes affections, à travers lesquelles il épanche son cœur devant Dieu pour la défense de sa cause.
[Saunders devient marchand]. Laurent Saunders, de bons parents, a d’abord été envoyé au collège d’Etone (2) pour être éduqué ; puis, plus tard, il fut envoyé à Cambridge pour aller plus loin, et il y resta au College du Roi pendant trois ans, au cours desquels il fit de grands progrès. Cependant, ce n’est pas à cause de sa mère et d’autres membres de sa famille qu’il n’a pas été complètement détourné de ses études, profitant d’une somme d’argent que son père lui avait laissée. Sur leur demande, il se tourne vers le commerce et tente de voir comment il peut s’adapter à ce mode de vie. Pour ce faire, s’étant retiré chez un marchand à Londres, comme dans une nouvelle école, il se lassa bientôt de cette situation et retourna à Cambridge pour poursuivre ses études. Il avait l’esprit vif, était de bonne nature et était capable de comprendre tout ce à quoi il s’appliquait. Il avait surtout une passion pour la théologie et s’est rendu compte que, pour y parvenir, il avait besoin d’apprendre les langues ; c’est pourquoi il s’y consacra tellement que, maîtrisant déjà le latin, il apprit le grec et l’hébreu. Muni de tels outils, il croyait qu’un chemin lui était ouvert pour explorer les fontaines et les sources de la connaissance de Dieu. Il en a tellement bénéficié qu’il était évident que ses efforts et ses luttes n’avaient pas été vains.
(2) Le collège d'Eton, fondé en 1440, près de Londres, est devenu l'école la plus aristocratique du royaume.
[La délibération de Saunders]. Le but qu’il poursuivait dans cette étude de théologie n’était pas de se montrer ou de démontrer la vivacité de son esprit, ni de se livrer à des disputes frivoles, mais de bénéficier à l’Église chrétienne. De plus, un autre moyen l’a beaucoup fait progresser dans la connaissance de la vraie théologie, à savoir qu’il s’exerçait intérieurement de diverses manières et qu’il avait sincèrement pratiqué les choses spirituelles dans sa vie.
Comme il se trouvait que Laurent Saunders en était arrivé à ce point, pour pouvoir obtenir les honneurs et les positions de l’Université, il a clairement indiqué qu’il ne désirait rien de plus que de voir le temps où, tel un marchand fortuné, il pourrait exposer ses marchandises pour le profit et le bien commun des autres. Il ne fut pas longtemps sans avoir, selon son désir, ce temps et cette occasion de s’engager ; car lorsque le bon roi Édouard, fils d’Henri, entra en possession du royaume, alors que les affaires de l’Église exigeaient des ministres savants et de bonne prudence, ce brave homme reçut la permission, entre autres choses, de prêcher publiquement, charge dans laquelle il se conduisit si vertueusement qu’il fut plus tard ordonné professeur de théologie, d’abord au collège de Fodrigal (1), puis au collège de Lycofeld (2), plus renommé.
(1) Fotheringay.
(2) Lichfieid.
[Saunders élu ministre]. Il fut également élu au ministère dans le diocèse de Lycofeld, où il s’acquitta assidûment de ses fonctions, jusqu’à ce qu’il soit appelé dans la ville de Londres.
[Le temps de Marie]. Or, comme Laurent songeait à venir à Londres, la tempête de la reine Marie éclata comme un tourbillon impétueux qui troubla toute l’Angleterre, et le temps vint où le Seigneur voulut discerner les vrais pasteurs des faux pasteurs et des masqués, et montrer que c’est accomplir le véritable office de prêtre dans le temple de Dieu. À cette époque, il y avait en Angleterre et en Irlande un grand nombre de prêtres et d’évêques qui faisaient de grandes intrigues et des efforts pour obtenir des bénéfices et des privilèges de l’Église, dont tout le bruit était de vivre dans l’oisiveté, chacun comme sur son propre tas de fumier. Les foires d’échanges et de ventes de bénéfices en témoignaient suffisamment.
[Vente de bénéfices sous Marie]. Presque tous se retirèrent dans le parti de la reine Marie, revenant à leur première religion. Il y en avait d’autres, pas du tout malveillants, qui, par crainte et par crainte de la persécution, abandonnaient leur troupeau et, comme ceux qui lâchaient leur bouclier, s’enfuyaient en se bannissant eux-mêmes. Certains restèrent dans leurs églises et furent assaillis par les machinations secrètes des méchants, parmi lesquels se trouvait Hugh Gudaker (1) , primat et métropolite en Irlande. Selon l’opinion populaire, certains prêtres ont conspiré contre lui à l’époque de la mort du roi Édouard et l’ont emprisonné.
(1) Goodacre, évêque d'Armagh
[Saunders s'oppose aux ennemis]. Lorsque le feu de la persécution de Marie commença à allumer les premières flammes, Lawrence Saunders aurait pu lui sauver la vie en s’enfuyant ; Cependant, il préférait affronter les dangers plutôt que d’abandonner son troupeau, dont il était responsable. Loin de perdre courage et d’abandonner ses devoirs pastoraux, il se plaça à l’avant-garde de la bataille, comme un mur, s’opposant aux adversaires pour la défense de la maison de Dieu, exhortant ouvertement et publiquement les habitants de la ville de Northampton à persévérer fidèlement et fermement dans la doctrine qui leur avait été enseignée. Et il ne cessa pas de continuer ce qu’il avait commencé, jusqu’à ce qu’enfin, par l’avis commun et l’édit de tous les états du royaume, la bouche des prédicateurs fut fermée, et un ordre fut donné à tous de se taire dans les églises ; Mais rien ne l’empêchait d’exercer sa fonction. Lorsqu’il eut suffisamment exploité l’une des églises, voyant que la force et la violence l’empêchaient de profiter davantage aux champs, il se rendit à Londres pour faire de même dans son autre église et paroisse, selon que son bureau l’exigeait. Ces deux paroisses étaient à environ trois jours de voyage l’une de l’autre. Comme Laurent se trouvait sur la route tout près de la ville, il y avait un membre du conseil de la Reine nommé Jean Mordant, chevalier (2), débarqua le quatorzième jour d’octobre, lui demandant où il allait.
(2) Sir John Mordaunt, élevé à la pairie sous le nom de baron Mordaunt of Turvey, était un des juges de paix du comté d'Essex, et fut l'un des commissaires royaux dans les poursuites contre les évangéliques. Il mourut en 1562.
[Le chevalier Mordant tâche à détourner Saunders]. S. « J’ai un certain bénéfice à Londres, où je me retire maintenant, pour servir de pasteur à mes brebis. » M. « Gardez-vous de faire ce que vous dites. » S. « Comment remplirai-je mon devoir qui m’a été confié, et comment puis-je mettre ma conscience tranquille ; si quelqu’un de mes gens tombait malade, qui aurait besoin de ma consolation et qui la désirerait, ou si l’une de mes brebis était égarée et entraînée dans un service impur ? M. — N’êtes-vous pas celui qui a prêché à Londres ces derniers jours ? Et quand il a nommé la rue, le lieu et le jour. S. « Je reconnais cette paroisse comme la mienne. » M. « Je me souviens que j’étais à votre sermon ce jour-là, et que je vous ai entendu prêcher, et maintenant pensez-vous encore à y prêcher ? » S. « S’il vous semble bon de vous y retrouver demain, vous entendrez qu’une fois de plus je confirmerai fermement par le moyen des Saintes Écritures, au même endroit, tout ce que j’ai enseigné auparavant, et toutes les déclarations qui m’ont été dites là aussi. » M. « Ne le faites pas. » S. « S’il arrive que, par quelque pouvoir ou autorité légitime, vous m’en empêchez, Je dois rendre l’obéissance. M. « Je ne vous l’interdis pas, mais je vous donne seulement des conseils. »
[La trahison de Mordant]. Entre-temps, tous deux entrèrent ensemble dans la ville. Mordant, avec une malice pernicieuse, alla directement trouver l’évêque de Londres pour l’informer que Saunders prêcherait le lendemain. Saunders se rendit à son logement habituel pour se préparer à ses fonctions. Et dès qu’il y fut arrivé, montrant un visage plus triste que d’habitude, quelqu’un lui demanda ce qui le troublait. Il répondit : « Je suis certainement en prison, jusqu’à ce que je sois mis en prison », signifiant, par cette façon de parler, que son esprit serait triste jusqu’à ce qu’il ait accompli son sermon, et qu’alors son esprit serait plus en paix, même s’il devait être mis en prison.
Le lendemain, qui était un dimanche, Saunders prononça un très beau sermon visant à réprimander et à confirmer ses ouailles.
[Le sermon de Saunders]. L’argument de son sermon était tiré du chapitre 11 de la deuxième lettre aux Corinthiens : « Je t’ai fiancé à un seul mari, pour te présenter comme une vierge pure au Christ, mais je crains que, comme le serpent a trompé Ève par sa ruse, tes esprits ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité qui est en Christ. » etc. Ayant commencé par ce sujet, il a d’abord proposé l’essence de la doctrine pure, par laquelle il a montré comment les fidèles sont unis à Jésus-Christ et justifiés librement dans le salut par la foi. Au contraire, il a démontré que la doctrine du Pape est semblable à la fraude et à la tromperie du serpent. Et pour que ce fait soit évident à tous, il a fait une antithèse entre ces deux doctrines, opposant la parole de Dieu à celle du serpent papiste, pour faire comprendre au peuple la différence entre les deux services et les deux sortes de religion. Et il comparait l’office papiste à du poison, parmi lequel on aurait mélangé du miel pour tromper plus facilement ceux qui en buvaient. C’est presque la totalité de cette prédication.
[Saunders accusé de trois crimes]. Il devait donner un autre sermon après le dîner au peuple ; mais un officier fut envoyé pour le convoquer devant Boner, évêque de Londres, et par ce moyen il fut empêché de prêcher. Laurent se présenta devant cet évêque et lui parla en présence de Mordant. Il a été accusé de trois crimes : trahison, sédition et hérésie. Boner lui promit de lui pardonner les deux premiers, mais en ce qui concerne l’hérésie, il avait décidé de porter plainte contre lui et tous ceux qui prêchaient de cette manière. Il fit remarquer que l’institution de l’Église chrétienne et fidèle, la plus parfaite et la plus approuvée, était celle qui se rapprochait le plus du patron de l’Église primitive, et que l’Église du Christ, qui venait de naître à cette époque, pouvait à peine supporter les lourds fardeaux des cérémonies et de la plus grande perfection qui devaient suivre par la suite. Et que c’était la raison pour laquelle Jésus-Christ et les apôtres après lui ont enduré la folie de l’Église naissante, qui était encore rude, pas encore raffinée. Saunders a répondu à cela selon le témoignage de saint Augustin :
[Cérémonies pourquoi introduites]. Que les cérémonies ont d’abord été introduites pour aider à la faiblesse et à l’imbécillité de l’impoli pour mieux connaître Dieu, et pourtant, que c’était un témoignage que dans l’Église primitive il y avait une plus grande perfection, à savoir que les fidèles n’étaient pas contraints ou pressés d’observer de telles cérémonies. Et qu’il n’y avait pas de meilleure raison de démontrer la superstition de l’Église papiste que celle-ci, à savoir que même dans cette grande masse de tant de cérémonies, la plupart contiennent un blasphème manifeste ou sont frivoles et inutiles.
[Transsubstantiation]. Après plusieurs discussions, Boner lui demanda son avis sur la Transsubstantiation, et qu’il devrait le lui donner par écrit. Saunders lui dit : « Je vois que tu as soif de mon sang, et tu boiras ce dont tu as soif, et je prie Notre-Seigneur que tu sois baptisé en nouveauté de vie. » L’évêque ayant obtenu ce qu’il désirait et ayant cet écrit de la main de Saunders (c’est-à-dire le couteau avec lequel il voulait se trancher la gorge), le remit immédiatement à des officiers pour qu’ils l’emmènent au chancelier. Mais comme il n’était pas à la maison à ce moment-là, Saunders a été forcé de l’attendre quatre heures dans une pièce jusqu’à ce qu’il revienne de la Cour. Pendant qu’il attendait, l’aumônier de l’évêque Boner passait son temps à jouer aux cartes avec quelques gentilshommes, et de même plusieurs partisans de cette belle famille jouaient au même jeu, et Saunders était debout contre un buffet, la tête découverte, et Mordant, qui à ce moment-là était de l’ordre du Parlement, se promenait.
[Conférence entre Gardiner & Saunders]. Le chancelier, en revenant de la cour, rencontra une foule nombreuse de plaideurs, à tel point qu’une demi-heure s’écoula avant qu’il n’entre. Finalement, il arriva dans la chambre où se trouvait Saunders, et de là dans une autre, où Mordant lui présenta une note contenant le cas de Saunders. Quand le chancelier eut lu cette note, il demanda : « Où est-il ? » C’est ainsi qu’on amena Saunders à lui, à l’endroit où ils avaient l’habitude de l’examiner. Avant toute chose, Saunders se jeta à terre en toute humilité devant la table où était assis le chancelier, qui lui dit : « Comment se fait-il que vous ayez osé prêcher publiquement contre l’édit de la reine ? » Saunders répondit que, réprimandé par le prophète Ézéchiel, il avait exhorté ses petites brebis à persévérer fermement dans la doctrine reçue, et que, suivant l’exemple des apôtres, il fallait obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, et que par-dessus tout, sa conscience le poussait fortement à le faire. (Ez. 3 & 33; Actes 5). G. « C’est vraiment une bonne conscience, mais cette conscience pourrait-elle faire de notre Roi un bâtard ? » S. « Nous ne déclarons ni ne prononçons le Roi Bâtard. Que si quelqu’un le voulait, c’était à ceux dont les écrits sont encore entre les mains, qui en témoignent au grand déshonneur de ceux qui les ont écrits. Il taxa secrètement le chancelier lui-même, qui avait auparavant composé et imprimé un livre intitulé « De l’obéissance », auquel il déclara expressément que Marie était une bâtarde, pour satisfaire le roi Henri VIII (1).
(1) Allusion au livre de Gardiner sur la Vraie obéissance. Voy. plus haut, p. 123.
[La vérité blesse les méchants, mais elle ne les guérit pas]. Saunders continua alors son discours : « Nous ne nous occupons de rien d’autre, si ce n’est de proclamer purement la Parole, et bien qu’il nous soit maintenant interdit de la confesser de notre bouche, nous ne devons pas douter que notre sang ne la prêchera par la suite. » Le chancelier, frappé au vif par ces paroles, dit : « Enlevez-moi cet homme frénétique, et conduisez-le en prison. »
[Saunders a envoyé un intérieur de consolation]. Je rends grâce à mon Dieu de m’avoir donné un lieu de repos pour prier pour toi et pour ta conversion. Or, celui qui fut plus tard couché à la même place que lui, raconta qu’il l’avait entendu dire que, pendant qu’on l’examinait, il éprouvait une consolation singulière, comme si une douce récréation était entrée en lui par tous les membres de son corps jusqu’au siège du cœur.
Il fut détenu dans cette prison pendant l’espace de 15 mois, période pendant laquelle il écrivit souvent à plusieurs de ses connaissances, telles que Cranmer, Ridley, Latimer, sa femme et d’autres (2), les avertissant de la calamité publique, des chocs qu’il avait subis contre ses adversaires, tels que Weston, dont il écrivait, entre autres choses, à un de ses amis,
(2) Voy. plusieurs de ces lettres dans Foxe, t. VI, p. 617, 618, 630, 632-636.
il récite ce qui suit : « Le Dr Weston (1) est venu nous voir en prison avec Maître Grimoald (2) , et s’est adressé directement à moi, disant qu’il était venu me visiter, me faisant de grandes promesses et de magnifiques espérances, mais voyant que je n’y faisais pas grand cas, il m’a dit : 'Vous autres, vous êtes tout à fait endormis dans le péché.'
(1) Hugh Weston était doyen de Westminster et recteur du Lincoln College d'Oxford. II prêta un concours actif à la réaction catholique sous le règne de Marie; mais il encourut la disgrâce du cardinal Pole, légat pontifical, en refusant de se laisser exproprier du doyenné de Westminster en faveur des ordres religieux, que le légat voulait y installer. Il finit pourtant par y consentir, et reçut, comme compensation, compensation, lei doyenné de Windsor. Mais il en fut, peu de temps après, dépouillé pour immoralité. Arrêté au moment où il quittait Londres pour aller en appeler à Rome, il fut enfermé å la Tour. Il en sortit à l'avènement d'Elisabeth, mais pour mourir peu après (1558).
(2) Sur Grimoald, Foxe dit que « c'était un homme ayant plus de talents que de constance. Il mourut à la même époque que Weston.
S. « Quant à moi, je n’oublierai pas ce que l’Église m’a enseigné depuis longtemps : veillez et priez. » V. « Quelle église y avait-il y a trente ans ? » S. « Quelle église y avait-il au temps du prophète Élie ? » V. « Jane Cantienne (3) était de votre église. » S. « Non, car notre peuple l’a chassée. » V. « Qui était alors de votre église il y a trente ans ? » S. « Ceux que l’Antéchrist romain et ses complices ont condamné et rejeté comme hérétiques. V. « Je crois que c’était bien John Wycliffe, Thorpe, Oldcastle (4), et leurs semblables. » S. « Ceux-là et beaucoup d’autres, dont les noms sont contenus dans les histoires. » V. « Jusqu’à présent, vous avez fait jouer au pape un rôle dans vos sermons, plein de malentendus, comme vous le vouliez ; Maintenant, il va jouer un rôle que vous ne voudrez pas.
(3) Sur Joan of Kent, voy. voy. I'Hist. des Martyrs, t. 1, p. 576. Son vrai nom était Jeanne Boucher.
(4) Ibid., t. 1, p. 104, 115, 202.
S. « Plus nous devons être attristés ; Cependant, cela nous soulage de constater qu’il en est toujours de même pour les hommes les plus savants et les plus bons de tous les vôtres, bien que beaucoup aient tourné la face à ces changements. V. « Qu’en dites-vous ? M’avez-vous jamais entendu, moi ou quelqu’un d’autre, prêcher contre le Pape ? S. Il y a beaucoup plus, je ne vous ai jamais entendu prêcher, et pourtant je ne suis pas d’avis que vous êtes plus sage que beaucoup d’autres. En plus de cela, il y a eu beaucoup d’autres discussions, en particulier sur le sacrement. Mais toi, mon ami, prie Dieu, prie Dieu.
(1) Cette lettre est un peu abrégée de l'original (Voy. Foxe, VI, 620).
Je vous salue de tout cœur, honorables Pères et Frères en notre Seigneur Jésus. Rendons grâce à Dieu, immortel et vivant, Père de toutes les miséricordes, de nous avoir fait idoines (2) dignes de participer à l’héritage des saints de la lumière, qui nous a sauvés de la puissance des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang. Ô qu’heureuse est la condition de notre appel ! Car d’une manière incompréhensible, notre vie est cachée avec Dieu dans le Christ, de sorte que lorsque le Christ apparaîtra notre vie, nous apparaîtrons aussi avec lui dans la gloire. Cependant, de même que nous voyons maintenant comme dans un miroir, obscurément, de même nous marchons par la foi, non par la vue ; cependant, bien que notre foi puisse sembler faible et insensée aux yeux des hommes, les élus de Dieu savent bien que la fin et le poids de notre foi sont d’une gloire si excellente et d’un bonheur si abondant que la prudence ou la vanité de la chair ne pouvaient le comprendre, même le moins du monde, à travers toutes ses opinions et ses imaginations. Il n’y a pas de biens que nous ne possédons par cette foi, même des biens que l’œil n’a jamais vus, que l’oreille n’a jamais entendus et qui ne sont jamais montés dans le cœur de l’homme. (Col. 3. 3; 1 Cor. 13. 12; 2 Cor. 5. 7).
(2) Propres à (lat. idoneus).
Jusqu’à présent, nous avons ressenti une grande joie dans ta présence corporelle, mais maintenant nous sommes beaucoup plus vivement soulagés par le réconfort que nous recevons de toi en esprit, à cause de ta persévérance dans le Seigneur, et du fait que ta foi brille devant les yeux de tous, offrant un spectacle gracieux à la fois aux anges et aux hommes. Ce que nous expérimentons en vous nous apporte une grande consolation ; vous pouvez très bien apprécier que les choses qui nous sont arrivées sont arrivées pour l’avancement de l’Évangile, de sorte que nos liens ont été rendus manifestes en Christ dans toute l’Europe, à tel point que beaucoup de frères dans le Seigneur ont acquis confiance et, à cause de mes liens, ont pris l’audace de prononcer la parole du Seigneur avec beaucoup plus d’abondance et sans crainte.
Quant à ce qui vous concerne en particulier, quelque chose que le Christ soit votre gain, dans la vie et dans la mort, et que vous ayez un grand désir d’être séparés de ce corps et d’être avec Jésus-Christ, il est beaucoup plus nécessaire pour vous, pour l’attente commune de l’Église, que vous restiez encore. Et que notre Dieu vous l’accorde par son Fils Jésus-Christ, afin qu’il y ait un plus grand bénéfice pour son Église et une plus grande joie pour tous ses fidèles, et que leur joie abonde en Jésus-Christ lorsque vous lui serez rendus. Amen, Amen.
[Il prédit le martyre de trois excellents Évêques]. Mais s’il a décidé dans son conseil que, par votre mort, son nom serait toujours plus glorifié et magnifié, que ce qui semble bon à ses yeux soit fait. De même que cela vous apporterait une grande joie, à vous et à nous, si, à travers notre vie, la majesté et la gloire de Dieu pouvaient être mieux connues des hommes, ce ne serait pas moins glorieux pour nous si nous pouvions l’obtenir même par notre mort. J’en rends grâce à Dieu en ton nom, de ce qu’il vous donne la force de persévérer pour le nom du Christ, et de ce que toute l’Église sera un jour enrichie par le témoignage de vous trois. Ô bon Dieu ! Pourrions-nous jamais assez vous remercier pour cette grande bonté et cette générosité ? Nous avons depuis longtemps reçu la parole de vérité, l’Évangile de notre salut, en lequel nous croyons, scellés par l’Esprit de promesse (qui est la garantie de notre héritage) dans la rédemption, cet Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ; et pourtant nous avons reçu l’esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba, Père. C’est pourquoi, selon cette mesure de don, par laquelle, avec l’Église du Christ et votre piété, nous avons reçu le même esprit de foi (comme il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, et nous avons parlé aussi, en croyant), ayant le même combat, nous ne sommes pas surpris de tout ce que nos adversaires nous font. (Ep. 1. 13. 24; Rom. 8. 15. 16; Ps. 116). Et parce que cette administration nous est imposée, selon ce que nous avons obtenu de miséricorde, nous ne mettons pas en évidence (1) et ne sommes pas avilis ; Au contraire, selon la mesure de notre talent, nous manifestons la vérité, sachant bien que, bien que nous transportions ce trésor dans des vases de terre, nous ne sommes ni écrasés ni brisés.
(1) Nous ne nous écartons pas de la route tracée.
Nous sommes affligés, mais nous ne sommes pas abandonnés ; Nous sommes terrassés, mais nous ne sommes pas détruits ; Nous souffrons toutes les persécutions, mais nous ne sommes pas abandonnés ; portant toujours la mort du Seigneur Jésus dans notre corps, afin que la vie de Jésus-Christ se manifeste aussi dans notre chair mortelle. (2 Corinthiens 4). Car c’est une parole fidèle : si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; Si nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui ; Si nous le renions, il nous reniera aussi. Et pourtant, souvenons-nous que notre homme extérieur est en train de périr, mais que l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car notre légère affliction, qui n’est que pour un moment, produit pour nous un poids de gloire bien plus grand et éternel. Nous témoignons que c’est dans la joie que nous puisons aux sources du salut, et nous espérons qu’avec une action de grâces continuelle, nous célébrerons le Seigneur des fontaines d’Israël, et que nous nous réjouirons éternellement au banquet de l’Agneau, dont nous sommes l’épouse par la foi, et c’est là que nous chanterons ce cantique nouveau et éternel : Alléluia, Amen ; de même, Seigneur Jésus, viens. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Amen. (1 Cor. 4; Isaïe 12. 3; Ps. 68)
(1) Foxe, édit. de 1563, p. 1043.
[Le combat de la chair contre l'esprit]. La grâce et la consolation en Jésus-Christ, qui nous console dans toute notre affliction, Amen. Mon Dieu, comme cette chair faible, rebelle et obstinée suit volontiers les choses que l’esprit embrasse, et comment cette nature grossière et lourde est avec beaucoup de peine poussée à marcher dans les voies du Seigneur. Si la vertu de la foi, comme un aiguillon de promesses divines, ne l’élançait pas contre sa volonté, il y aurait danger qu’elle échoue au milieu de la course. Mais béni soit notre bon Dieu, Père de miséricordes, en notre unique Sauveur, son Fils bien-aimé, dont le bon plaisir a été d’éclairer nos cœurs par la connaissance de sa gloire dans le visage très glorieux de Jésus-Christ. C’est pourquoi, soutenus par l’aide du Christ, nous n’échouerons pas lorsque nous serons fatigués, lorsque nous serons éprouvés par le feu des afflictions (qui nous est envoyé pour nous examiner), comme s’il nous arrivait quelque chose de nouveau, mais en participant aux souffrances du Christ, nous nous réjouissons, afin que nous puissions nous réjouir de la révélation de sa gloire. (1 Pi. 4. 8; Ps. 126). Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie ; En chemin, ils pleurent en jetant leurs graines, mais quand ils reviennent, ils reviendront en chantant, portant leurs gerbes. Alors Dieu essuiera toutes les larmes, et la parole qui est écrite s’accomplira : La mort est engloutie dans la victoire ! La mort, où est ton aiguillon ? Où est votre victoire ? Or, l’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la puissance du péché, c’est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. C’est pourquoi, suivant le conseil de saint Pierre, nous qui souffrons selon la volonté de Dieu, nous remettons nos âmes au Créateur fidèle, en faisant le bien. Car il est notre Créateur, et nous sommes l’œuvre de ses mains, et il ne nous abandonne pas une fois qu’il nous a formés, comme un charpentier qui, ayant achevé un navire ou un autre navire, le laisse là et l’abandonne à l’agitation des flots et des ondes; (1 Cor. 15. 54; Osée 13. 24; 1 Pi. 4. 19); mais notre bon Dieu ne se contente pas de soutenir ceux qu’il a créés et de prendre soin d’eux, comme nous vivons, nous mouvons et avons notre être en lui ; mais il nous réforme aussi dans le Christ, en nous purifiant pour lui comme son propre héritage, avec le sang de son Fils, qui nous aime avec tant d’affection et de bonté que, même si une femme oubliait son enfant, il ne nous oublierait jamais. (Ésaïe 49:15) Et pourtant, il nous avertit par son apôtre que nous devons placer tous nos soucis sur lui, promettant qu’il prendra soin de nous. Et bien qu’il nous envoie parfois des tempêtes et des tempêtes de tentations, comme s’il nous avait complètement oubliés, et comme s’il était en colère contre nous ; cependant, ne perdons pas l’espérance, mais disons avec Job : même s’il me tuait, j’espérerai en lui, à la suite de la foi inébranlable d’Abraham, qui croyait contre l’espérance dans l’espérance. Hélas! de quelles manières et de combien de manières nous sommes liés et obligés à notre bon Dieu, dont nous devons nous réjouir grandement ! Et pourtant, ayant de justes raisons de rendre grâces, chantons avec David : Bénis le Seigneur, ô mon âme, et tout ce qui est en moi, bénis son saint nom. Mon âme, bénis le Seigneur et n’oublie pas tous ses bienfaits. (Job 13:15 ; Psaume 103).
[Le testament de Saunders]. Ma femme et compagne bien-aimée, je n’ai aucune richesse à vous laisser, ni à vous enrichir après moi, selon la voie ordinaire de ce monde ; mais voici ce que je vous laisse dans ma volonté au Seigneur, afin qu’elle demeure pour toujours avec vous et nos enfants bien-aimés, c’est-à-dire le trésor de la joie et de la paix spirituelle que vous avez goûtées et reçues intérieurement, dont la conscience affamée est remplie en Jésus-Christ par un sentiment secret. Priez Dieu, priez Dieu. Pour le reste, je suis joyeux et joyeux dans le Seigneur, et j’espère que ce bien restera avec moi pour toujours malgré les portes de l’enfer et tous les démons. Et certainement, je me résigne complètement et je me recommande au Seigneur Jésus et j’ai la ferme foi qu’Il m’accordera la force et la vertu, selon mes besoins. Priez, priez, priez le Seigneur.
Votre époux et compagnon dans le Christ,
LAURENT SAUNDERS.
En plus de ces lettres, on en a trouvé plusieurs autres écrites à d’autres frères détenus dans les mêmes prisons, composées en rythme anglais assez proprement (1), par lesquelles il les encourageait à avoir une vraie crainte de Dieu, à obéir à ses saints commandements et à vivre saintement et honorablement. De plus, il y avait d’autres lettres écrites à plusieurs amis, ici et là, qui lui fournissaient leurs biens en prison.
(1) Voy. une de ces pièces de vers, qui est un sonnet, dans Foxe, VII, 623.
Entre autres choses, il y avait une jeune dame à qui il a failli écrire dans ce sens :
[Pourquoi on doit exercer charité]. Qu’il aurait reçu un grand réconfort et une grande consolation de sa générosité et de sa bonté, d’autant plus qu’à travers cela on pouvait bien reconnaître une bonté unique de Dieu envers les siens, plutôt qu’une bonté humaine. Et de même qu’il nous a tous unis par la foi en Jésus-Christ, son Fils unique, notre chef et notre époux, il nous unit aussi les uns aux autres par des services mutuels, que nous devons partager les uns avec les autres par charité, d’abord pour la gloire de Dieu et de son Fils notre Seigneur Jésus-Christ, puis pour que nous soyons nous-mêmes unis en toute conscience, et enfin de faire taire la bouche des adversaires. En cela, tous sauront, dit le Seigneur, que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés. (Jean 13). Ce dépôt de charité montre bien la providence singulière de Dieu envers tous ses fidèles, car, bien que ce soit lui seul qui donne à manger à toutes ses créatures, il dispense sa providence de telle sorte qu’en distribuant diverses choses à chacun, il a voulu que chacun ait besoin du service ou de l’assistance mutuelle de son compagnon. Et cela sert certainement beaucoup, non seulement à nous rendre honorables, mais aussi à maintenir une bienveillance mutuelle entre nous qui sommes membres de ce corps mystique. (Actes 17. 18). Que si nous sommes exclus de la compagnie les uns des autres, soit par manque de ressources, soit par éloignement des lieux, soit pour toute autre raison, nous ne sommes pas empêchés de nous occuper et de fournir notre aide par des prières (si nous ne pouvons pas faire plus), qui puisent les grâces célestes du Christ, leur chef spirituel, pour les répandre et les utiliser les uns les autres pour le bien de tout le corps.
[Saunders se réjouit de voir son enfant]. Pendant la période où Saunders était prisonnier, les évêques ont fait une défense stricte en menaçant que la porte de la prison ne soit pas ouverte à quiconque pourrait aller le voir. Sur ces interdictions, sa femme vint avec son fils nommé Samuel, dans l’intention d’entrer et de lui parler ; le geôlier n’osa pas la laisser entrer, mais prit le petit garçon des bras de sa mère et le porta à son père. Saunders, ayant son fils sous les yeux, fut très joyeux, et affirma qu’il avait plus de satisfaction de sa présence que si on lui avait apporté trois ou quatre talents d’argent. Et le montrant à ceux qui étaient présents, qui tous, comme d’une seule voix, louaient la beauté et le visage de l’enfant, ils disaient : « Si moi et mes semblables n’avions pas d’autre raison, n’est-ce pas assez pour nous faire supporter la mort avec joie, plutôt que de désirer la vie présente, et en la rachetant, déclarer ces petits enfants bâtards, et les mères adultères, et nous être débauchés ? » Il écrivit à sa femme qu’elle ne viendrait plus le voir en prison, pour éviter de se mettre en si grand danger, lui rappelant que même s’ils ne se présentaient pas aux dangers de leur plein gré, ils viendraient quand même d’eux-mêmes sans les chercher. Et il la supplia de continuer à méditer sur les Saintes Écritures (qu’il appelait la nourriture de l’âme) et à prier fréquemment, et que ces deux choses sont principalement ce qui nous rapproche de jour en jour et de plus en plus de la jouissance du royaume du Christ et de sa gloire. Par ce moyen, a-t-il dit, il arrivait parfois que tous deux participaient à la vraie communion, à l’immortalité bénie avec Jésus-Christ et ses saints, et que sans cela on ne peut s’attendre dans ce monde qu’à toutes sortes de misères et de malheurs. Et il ajoutait : « Que si, d’un commun accord, nous nous efforçons tous deux de nous unir dans le Christ Fils de Dieu, il arrivera que la société d’une telle bénédiction divine s’étendra aussi à notre petit Samuel. Et bien qu’en somme, à ce qu’il semble, la vie présente doive être offerte à l’un et à l’autre, et que notre petit Samuel reste privé de toute aide comme un pauvre orphelin, il ne doit cependant y avoir aucun doute qu’il fera un jour l’expérience de la bonté de Dieu, qui fera de lui un gardien et un gardien bienveillant. À ce bon Père et Seigneur, qui, comme il ne peut être trompé, ne peut pas non plus tromper, a fait cette promesse : « Je serai ton Dieu, et le Dieu de ta postérité après toi. » Et quand il est nécessaire de mourir pour la confession du Christ, ou d’endurer quelque chose de semblable, de telle sorte que vous ne puissiez pas pourvoir aux besoins de l’enfant, et qu’il soit laissé nu dans un désert, à tel point que Celui qui a eu compassion du petit enfant de la servante Agar jeté dans le désert, oubliera encore moins cela notre petit Samuel, ou le fils de toute autre personne qui craint le Seigneur et met sa confiance en Lui. (Genèse 17:7). Si notre foi est si faible (comme elle l’a souvent été) que nous ne pouvons pas le croire, prions le Seigneur en toute humilité, tant pour cela que pour quelque nécessité que ce soit. En bref, mon cher et bien-aimé compagnon, je vous prie et vous exhorte affectueusement à vous réjouir dans le Seigneur. Ô combien de raisons de nous réjouir en Lui, quand nous considérons ce royaume éternel, qui est promis en ce bon Dieu dans les lieux célestes, par la pure grâce de Dieu, à ceux qui, renonçant à eux-mêmes, finissent par en jouir ! Et en effet, c’est vraiment pour suivre Jésus-Christ, que chacun porte sa croix. Et si nous persévérons avec lui, nous régnerons aussi avec lui pour toujours. Qu’il en soit ainsi, et en bref.
[Gardiner suit son style d’apostasie]. Pour en revenir à l’histoire de Saunders, il est nécessaire de raconter comment les procédures ont été menées contre lui pour la deuxième fois, lorsqu’il a été appelé devant le siège judiciaire des inquisiteurs et des commissaires, et comment il a répondu. Le chancelier l’interrogea ainsi : « Vous ne pouvez ignorer, Saunders, que vous êtes depuis longtemps retenu à cause de vos hérésies exécrables et de la doctrine perverse que vous avez semée ; maintenant le temps et le jour sont venus, où, si tu le veux, tu peux obtenir miséricorde, en te rendant obéissant et en revenant une fois de plus sur le droit chemin avec nous ; Voici, le pardon vous est offert. Nous devons tous avouer avec vous que nous sommes presque tous tombés dans l’erreur commune avec les autres;
[Les calomnies]; mais nous sommes une fois de plus ravivés par la repentance et ramenés à l’Église catholique, dont nous étions partis. Saunders, en toute révérence, dit au chancelier et aux autres lords qui étaient assemblés là : « Vos révérences, magnifiques lords, je demande du temps pour réfléchir à la manière dont je devrais répondre à ce que vous m’ordonnez. » G. « Laissez de côté cette façade de paroles pompeuses et cette rhétorique ambitieuse, car en fait il vous est particulier et familier, que vous preniez beaucoup de plaisir à ces grandes manières de parler ; Dites-nous ce que vous voulez affirmer ou nier. » S. « Monsieur le Révérend, le temps ne nous permet pas de desserrer les rênes dans le déguisement et l’embellissement de nos paroles ; l’état dans lequel je me trouve en ce moment me tient bien éloigné de l’arrogance que vous m’attribuez. Je suis conscient de mes connaissances et de mon pouvoir limités ; cependant, j’ai besoin de bons conseils pour répondre prudemment à vos exigences élevées et importantes. Ainsi, je dois nécessairement tomber dans l’un de ces deux dangers : ou je perds ma conscience ou la vie présente de ce corps. Pour être franc, cette vie et cette liberté sont précieuses pour moi, pourvu que je puisse les considérer sans nuire à ma conscience. G. « Il est tout à fait approprié de parler de conscience ; vous n’en avez pas, mais plutôt plus d’orgueil et d’arrogance qu’il n’est nécessaire ; car vous êtes si satisfaits de vous-mêmes que vous vous retirez de la communion de l’Église.
[Saunders reproche à ses juges leur inconstance].S. « J’ai un témoin et un juge de ma conscience, c’est-à-dire le Seigneur souverain, qui seul sonde les cœurs. Et en ce qui concerne ce que vous soulevez, que je me suis retiré de cette Église, que vous considérez maintenant comme catholique, je réponds à ceci : je n’ai pas encore changé cette foi et cette Église, que vous nous avez enseignées quand je n’avais que quatorze ans ; c’est-à-dire que nous ne devons pas mettre notre foi dans le siège romain, ni dans ses abus, ni lui accorder aucun crédit. C’est de vous que nous avons tiré ces choses de vous-mêmes, comme de ceux qui ont été nos guides et nos maîtres. G. « Maintenant, dites-nous un peu : Qui sont les auteurs qui vous ont conduit à ces hérésies concernant le Saint-Sacrement de l’autel ? » S. « S’il était permis de commettre l’un des deux maux, je pense qu’il y aurait moins de raison de punir pour avoir coupé un bras ou un pied d’un corps, ou d’un autre membre. que si l’on coupait la tête du corps. Et vous, messieurs du révérend, et tout votre ordre et votre assemblée, avez publiquement voté et quelquefois consenti à ce que la primauté du siège romain soit retirée de cette république (comme un chef bâtard et vicieux) que vous essayez maintenant de ramener au sommet, ayant changé d’avis. L’évêque de Londres dit au chancelier : « Monsieur, s’il plaît à Votre Révérence, je produirai ici une confession écrite de sa main contre le Saint-Sacrement de l’autel. »
[Confession de Saunders]. Vous, Saunders, que répondrez-vous à cela ? S. « Il ne faut pas attendre que je m’accuse moi-même. Et vous-mêmes, vous n’avez rien contre moi, dont vous pouvez vous plaindre à juste titre (1). » G. « Continuerez-vous à endurcir votre esprit de la sorte ? N’accepterez-vous pas la liberté que nous voulons vous offrir ? S. « Je voudrais demander à Vos Révérences d’intercéder auprès de la majesté de la Reine, qu’il lui plairait de m’accorder la vie de telle sorte que je puisse encore garder ma conscience en sécurité avec ma vie. Et pour ma part, j’espère vivre sous son autorité de telle sorte qu’elle sache que je lui serai fidèle et obéissant ; autrement, j’ai résolu d’endurer toutes les souffrances extrêmes, avec l’aide de mon Dieu, plutôt que de blesser ma conscience.
[La façon des Donatistes]. » G. « Il est tout à fait approprié qu’il vous soit permis de vivre comme bon vous semble. Tels étaient les donatistes, qui, voulant suivre un mode de vie particulier, cherchaient à vivre tout autrement que les autres ; Et pourtant, ils ne méritaient pas d’être soutenus par la terre, tout comme elle ne vous soutiendra pas longtemps, comme vous en ferez l’expérience avant que sept jours ne se soient écoulés. » Ayant ainsi parlé, il fit faire sortir de là Saunders, qui leur dit : « Tout ce que le Seigneur nous envoie, que ce soit la vie ou la mort, qu’il soit fait. Et pour ma part, je veux vous dire que j’ai appris à mourir il y a longtemps. Cependant, je vous avertis de ne pas verser le sang innocent ; croyez-moi, qu’un jour il criera vers le Seigneur et cherchera vengeance contre vous. »
[Remontrance de Saunders au peuple]. Après que ces choses eurent été faites, qui se rapportaient à l’examen et à la connaissance de l’affaire, les officiers prirent Saunders et le tirèrent hors de la foule et le gardèrent jusqu’à ce que ses compagnons soient traités de la même manière, pour les conduire tous ensemble en prison. Saunders, donc, attendant quelque temps à l’extérieur, comme le peuple était rassemblé pour voir ce qui se passait, pressa avec une grande ferveur ceux qui étaient là de garder la doctrine qu’ils avaient reçue ; et il reprochait la légèreté et l’inconstance de ceux qui s’étaient soudainement détournés du Christ pour suivre l’Antéchrist. Il les avertit qu’en se levant tôt dans la repentance, ils retourneraient à Jésus-Christ avec une foi totale, malgré l’Antéchrist, le péché, la mort et Satan, et qu’ainsi ils auraient du repos en toute légèreté et bonheur dans la faveur et la bénédiction du Seigneur.
[Condamnation de Saunders]. Il eut plusieurs batailles et disputes similaires avec les évêques, qui finalement le déclarèrent excommunié, le dégradèrent et le livrèrent aux autorités séculières, comme c’est la coutume. Le maire de Londres l’arrêta et le mit en prison, qui se trouve dans les limites de la paroisse de Saunders. La rue s’appelle Bradstret, la Prison Counter (1). Cela lui apporta un grand soulagement, d’autant plus qu’il trouva dans cette prison Cardmaker (2), son ami et compagnon dans la même cause et la même affliction, et principalement pour cette raison, étant parmi ses ouailles, il avait saisi cette occasion de les exhorter à sortir de prison, comme s’il était monté en chaire, même pour ceux pour lesquels il était retenu prisonnier.
(1) Il fut conduit par le shérif de Londres (et non le maire) dans la prison nommée the Compter, dans Breadstreet.
(2) Voy. plus loin la notice sur ce martyr.
(1) Cette lettre fut d'abord publiée par Miles Coverdale, dans son Book of Letters of the Martyrs, en 1564, puis insérée par Foxe à la suite de sa notice sur Saunders.
La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ et la consolation de l’Esprit Saint vous préservent par la foi et une conscience pure, afin que vous soyez des vases de sa gloire sans fin. Amen.
[La miséricorde de Dieu est infinie]. Avec quelle action de grâces et de louanges pouvons-nous célébrer la bonté et la miséricorde de notre Dieu. et son infinie affection envers nous ? et moi, le premier, qui suis le plus ingrat de tous les hommes du monde ? C’est pourquoi je vous prie affectueusement de prier Dieu pour moi par mon Fils Jésus-Christ, afin qu’il lui plaise de me pardonner, tant pour mes autres griefs et mes crimes infinis, que pour cette grande ingratitude envers lui. Or, vouloir réciter en paroles, ou comprendre en pensées, cette miséricorde et cette bienveillance de Dieu dans son Fils Jésus-Christ, qui est une chose tout à fait infinie et indescriptible, serait autant que si j’entreprenais de réciter et de verser tout le grand océan dans une petite coupe, ou d’en comprendre les étoiles en un certain nombre. Ô ma femme bien-aimée, et vous mes amis ! Je vous supplie avec une bonne affection que vous vous réjouissiez avec moi, grâce à notre bon Dieu qu’il m’ait fait cet honneur, que je glorifie son Évangile, et, non seulement par ma vie, et ces lèvres, et ce cœur incirconcis, mais aussi par un si grand témoignage de ma mort et de mon sang.
[N'avoir horreur de la mort est don de l'Esprit de Dieu]. Et pour que je puisse dire ce que c’est, mon Seigneur Jésus m’a si complètement enlevé toute peur et tout sentiment de mort jusqu’à présent, que je n’en ai aucune horreur ; mais si cet époux bien-aimé, mon Seigneur Jésus-Christ, devait retirer de moi son Esprit, même un peu, hélas, me malheureux, je ne sais pas ce que je deviendrais. Et même s’il lui plaisait de le faire pour me mettre à l’épreuve, je conçois dans mon esprit une bonne espérance qu’il ne sera pas loin, ni longtemps absent de moi, mais selon le chant mystique de Salomon, étant derrière le mur, il regardera par les fenêtres, ou par quelque fissure du mur, d’entendre que je sais. C’est ce Joseph, si plein d’un grand amour, que, bien qu’il semble parler durement à ses frères et qu’il menace Benjamin, son frère bien-aimé, de le mettre en prison, il ne peut s’empêcher de pleurer avec nous, et quand il se précipite vers nous, il nous embrasse à deux bras. Que rien ne vous détourne de lui ; au contraire, laissant tout derrière eux, va vers lui avec Jacob, leur père, et ses enfants, qui ont quitté leurs terres et toutes leurs amitiés acquises. Joseph nous a obtenu que Pharaon lui-même nous fournisse des chariots et des chars pour nous aider selon nos besoins. (Genèse 45). Et nous faisons aussi l’expérience de la façon dont nos adversaires raccourcissent considérablement le chemin pour nous, afin que nous puissions arriver plus tôt à un repos heureux, et ils nous fournissent tout ce qui est nécessaire dans ce but précis. Béni soit le Seigneur.
[Le triomphe de ceux qui font à Christ]. Je vous en supplie donc, ne vous laissez pas effrayer par le bruit des sonnettes (1), ni par ces vains spectacles et ces fantômes qui viennent se présenter en chemin ; craignez plutôt le feu de la géhenne, craignez ce serpent ennemi, qui a l’aiguillon de la mort éternelle, à qui tous ceux qui sont sans foi, privés de la familiarité et de la communion du Fils de Dieu (qui seul a le commandement sur la mort) sont sujets et destinés à la mort.
(1) L'original ne parle pas de « sonnettes.» Cette phrase, rendue ici par une longue périphrase, y tient en une ligne : " Be not afraid of fray-bugs which lie in the way. " Ce mot bizarre: « fray-bug, » ou (1ère édit.) "fraybuggarde, " était la désignation populaire d'un monstre imaginaire, sorte de loup-garou.
De plus, nous et vous, mon bon ami, et vous aussi, mes frères bien-aimés en Jésus-Christ. que Dieu a tiré de la puissance des ténèbres, vous dépouillant du vieil homme et vous revêtant du nouveau, qui est notre Seigneur Jésus-Christ, la sagesse, la sanctification, la justice et la rédemption de lui, nous (dis-je) avons ce dont nous avons besoin pour triompher avec une grande assurance contre Satan l’horrible dragon, contre la mort, le péché, La géhenne et toutes sortes de maux. Notre serpent d’airain s’est émoussé et a anéanti l’aiguillon mortel du vieux serpent, et pourtant il ne nous reste plus rien maintenant, qui jouissons du regard gracieux de cette victoire, que de chanter un chant triomphant au Roi victorieux Jésus-Christ, rassemblant le butin et le serpent vaincu, et disant avec le saint Prophète : La mort, où est ton aiguillon ? Où est votre victoire ? Nous rendons grâce à notre Dieu, qui nous a accordé la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. Souvenez-vous toujours du Seigneur, réjouissez-vous dans l’espérance, soyez patients dans la tribulation ; priez sans cesse et implorez le Seigneur pour moi, qui suis maintenant destiné à l’abattoir, afin que je sois fait un sacrifice agréable à Dieu. C’est avec beaucoup de difficulté que j’ai l’occasion de vous écrire. Pour cette raison, pardonnez-moi, mais pour le moment je vous envoie des lettres plus brèves et plus restreintes que vous ne le souhaiteriez. Et quand je vous demande de les recevoir comme un devoir de recommandation envers vous, mon épouse, et envers tous les autres qui nous aiment dans le Seigneur, et surtout envers mes paroissiens, parmi lesquels Dieu m’a maintenant placé par sa divine providence ; bien que ce ne soit pas dans une telle condition que je puisse prêcher de la manière habituelle parmi eux, c’est-à-dire qu’il ne m’est pas permis de monter en chaire, car il a été tel que mes liens ne sont pas du tout sans fruit entre eux, puisque Dieu l’a voulu ainsi par sa miséricorde et sa bonté.
[Le ministère de Saunders]. Et bien que je sois indigne d’un tel ministère, il est néanmoins nécessaire de rendre gloire et honneur au Seigneur Jésus, le Pasteur suprême, dont la vérité leur a été révélée et sera encore glorifiée par sa mort, en vertu de laquelle ils sont nourris par moi.
Vous informerez madame G., honnête femme, de mes nouvelles, et vous me recommanderez à elle, et vous lui fournirez ces lettres ; Je sais bien qu’elle saluera les autres en mon nom. Mon ami, ne vous inquiétez pas, abandonnez toutes vos préoccupations au Seigneur, à qui je vous demande de me recommander dans vos prières et vos supplications larmoyantes, comme je vous recommande aussi à Lui, ainsi qu’à notre petit-fils Samuel, que j’ai décidé, étant venu au poste, de présenter en offrande au Seigneur, ni plus ni moins que moi-même. C’est pourquoi je souhaite sincèrement que vous soyez tous bien dans le Seigneur Jésus, fortifiés par une bonne espérance, qu’après je serai uni à vous dans une vie bénie et éternelle. Cet espoir est profondément enraciné dans mon cœur. Amen, Amen, Amen. Que notre Seigneur et le bon Dieu soient loués et bénis éternellement. Amen. Priez, priez.
Après que l’évêque de Londres l’eut dégradé de son sacerdoce, le quatrième jour de février, Saunders déclara qu’il remerciait Dieu d’avoir été séparé et chassé de cette Église, à laquelle il ne pouvait être uni qu’à sa ruine et à sa perdition. Le maire (1) de Londres le livra aux officiers de la reine pour l’emmener à Couentrie (2), lieu désigné pour son châtiment final. À cheval, la première étape (3) était une petite ville appelée Saint Aubin (4).
(1) Le shérif.
(2) Coventry.
(3) Première étape pour le repas.
(4) Saint-Alban.
[M. Grimoald]. Là, Saunders, rencontrant maître Grimoald (5), l’exhorta à faire preuve de plus de constance qu’il ne l’avait fait, lui demandant s’il voulait le suivre pour boire à ce calice. Grimoald (un homme d’autorité, soit dit en passant, et qui avait la grâce de bien parler) a dit qu’il répondrait bien pour la coupe qu’il tenait à la main, mais qu’il ne s’était rien promis de la coupe dont Saunders avait l’intention de parler. Et Saunders a répondu : « Mais quoi ? Mon Seigneur Jésus-Christ n’a eu aucune difficulté à boire pour moi d’une boisson beaucoup plus pénible. Et ne boirai-je pas après lui, puisqu’il m’ordonne de boire ? Le troisième jour suivant, ils arrivèrent à Coventry de nuit ; là, un certain cordonnier, citoyen de la ville, vint à lui, et, après l’avoir salué, lui dit : « Notre bon maître, que le Seigneur te console et te console. »
(5) Voy.[plus haut, p. 131.
Ce à quoi Saunders a répondu : « Frère et ami, je vous remercie beaucoup, et je prie pour que vous vous souveniez de moi et que vous me recommandiez à Dieu dans vos prières, et que vous le fassiez avec une si grande affection que je suis indigne de ce ministère que je dois accomplir. Cependant, j’ai bonne espérance en Dieu, mon Père très bon, dont la puissance peut m’armer contre toutes les adversités futures. Là-dessus, il fut mis en prison publique parmi les malfaiteurs, où il dormit très peu, de sorte qu’il passa presque toute la nuit en prières et en saintes supplications, ou en discours salutaires qui se rapportent à l’instruction des autres.
[Saunders se jette souvent en terre pour prier Dieu]. Le lendemain, qui était le 8 du mois de Février, on le conduisit sur la place pour être exécuté un peu en dehors de la ville, près d’un bosquet non loin de là, n’ayant sur la foi qu’une longue et très misérable robe, et sa chemise par-dessus ; De plus, il avait la tête et les pieds nus. Comme il s’en allait, il se jeta à terre et pria Dieu, et comme il approchait de l’endroit, un de ceux qui étaient chargés de le brûler lui parla, lui reprochant d’être un de ceux qui avaient corrompu le royaume du roi par de fausses doctrines et des hérésies, et le traita de perturbateur de la république. et qu’il devait être puni ; et cependant, réitérant ses opinions, s’il était réduit de bonne heure dans le droit chemin, il y aurait encore de l’espoir qu’on lui pardonnerait, et que la vie lui serait coupée par la grâce du Roi ; Sinon, il y voyait le feu préparé, dans lequel il serait rapidement jeté s’il ne se repentait pas. Saunders fit cette réponse : Nous qui sommes les ambassadeurs de la vérité divine, on nous en accuse à tort, comme si nous avions offensé la Reine ou troublé la République.
[Réfute un calomniateur]. Au contraire, cette accusation doit être lancée sur vous et sur vos pairs, qui jusqu’à présent ont toujours résisté obstinément à la parole éternelle de Dieu. Quant à moi, je n’ai pas d’hérésies, mais la vraie discipline de Dieu et le saint Évangile de son Fils. C’est ce que je maintiens, ce que je crois et ce que j’ai enseigné, et que je ne révoquerai jamais. Celui-ci, ayant entendu Saunders parler de cette manière, ordonna qu’on le jetât subitement dans le feu, et aussitôt Saunders se mit volontairement entre les mains des bourreaux pour être lié ;
[Embrasse la croix]. mais avant de le faire, il se prosterna sur le sol et pria Dieu. Puis, se levant, il baisa le poteau auquel il devait être attaché et dit : « Ô croix de mon bon Seigneur Jésus ! » Immédiatement après, il fut lié et, entouré de flammes et de feu, il rendit paisiblement son esprit au Seigneur.
ROBERT FERROR, Evêque Anglais(1).
Si nos afflictions commencent par une accusation pour des raisons temporelles, consolons-nous par l’exemple de ce saint évêque, et humilions-nous devant Dieu, afin de résister aux tentations, et que la colère de ceux qui poursuivent notre mort, à cause de la haine secrète qu’ils portent contre l’Évangile, soit vaincue par notre foi et notre patience.
(1) Robert Ferrar était né à Halifax, dans le Yorkshire, et avait fait ses études à Oxford. Le duc de Somerset, protecteur du royaume sous Edouard VI, l'employa à propager les doctrines réformées, le fit membre de la commission chargée de préparer la Liturgie, et le fit, en 1547, évêque de Saint- David, au pays de Galles. Voy., sur Ferrar, les Acts and Monuments de Foxe, t. VII, p. 3-28 (р. 423 de l'édit. de 1559); Burnet, Hist. of Reform., 11, 347.
Le premier évêque qui est apparu dans le catalogue de ceux qui ont enduré la mort après Jean Hooper, évêque de Gloucester, est Robert Ferrar, évêque de Saint-David, au Pays de Galles, qui a été appelé à cette dignité par le duc de Somerset, protecteur de l’Angleterre, du vivant du roi Édouard VI. Plusieurs injures et griefs lui furent infligés pendant le règne dudit roi, après la mort du Protecteur, à l’instigation (selon l’opinion la plus commune) d’un homme nommé Constantin, qui était en colère contre lui parce qu’il avait refusé une prébende à quelqu’un d’ignorant. Quoi qu’il en soit, que ce Constantin ait été provoqué pour telle ou telle autre, ce grief a été poursuivi contre ce bon évêque dans un jugement contradictoire.
[Ferror mis en peine à cause d'une prébende], Le nœud de son accusation était qu’il avait conservé pendant longtemps certaines prébendes de son église, jusqu’à ce qu’il ait trouvé des personnes appropriées à qui conférer ces bénéfices, en partie aussi parce qu’il était dit qu’il avait acheté des terres et des possessions à crédit, ce qui était contraire aux lois publiques. Car il était interdit aux ecclésiastiques, par les lois et les ordonnances du pays, de ne pas s’immiscer dans les affaires du monde. Et pourtant, Ferror avait toujours été loin d’une telle cupidité. Mais voici comment cela s’est passé : un gentilhomme qui était son voisin avait parfois besoin d’argent, et pour cette raison, il faisait de la publicité pour certaines terres. Ferror, voyant la nécessité de ce gentilhomme, fut poussé à faire quelque transaction avec lui, plutôt que de le voir forcé de vendre son héritage.
[Et pour avoir fait plaisir à fon prochain]. Et bien qu’il ne fût pas très riche, néanmoins, pour aider les besoins actuels de son prochain, il offrit de lui prêter autant d’argent qu’il en aurait besoin, à condition qu’il lui donnerait une partie de sa terre correspondant à la somme, comme gage ou assurance de son argent, et qu’il reprendrait sa terre lorsqu’il aurait remboursé la somme. Ainsi, il voulait s’assurer qu’à l’avenir il ne serait pas en danger de perdre la somme qu’il avait prêtée, et d’autre part, que le gentilhomme aurait les moyens de subvenir à ses besoins tout en préservant son héritage. Et il n’y a pas de doute que cet évêque, qui était un homme de bonne moralité, a fait cela pour le bien de son prochain plutôt que pour profiter de lui. Il arriva plus tard que le gentilhomme, ayant décidé de vendre sa propriété, s’adressa d’abord à Ferror, et voyant qu’il ne voulait pas l’acheter, il se tourna vers un autre gentilhomme qui avait longtemps voulu du mal à Ferror. L’évêque ayant tout entendu, et considérant quel malheur et quel inconvénient ce serait pour lui si un voisin hostile occupait ces terres qui étaient près de lui, négocia pour lui-même les fondements de cet héritage, de telle sorte que le gentilhomme vendeur aurait le droit de le racheter quand il le jugerait à propos. On l’accusa aussi de ne pas avoir versé au trésor du roi les revenus de la première année.
[L'inimitié de Northombeland contre Sommerset]. Cependant, le duc de Northumberland, qui souhaitait sa mort (peut-être parce que le duc de Somerset le favorisait), a essayé par tous les moyens de lui enlever son évêché, de le faire tomber entre les mains de quelqu’un qui était de sa faction. Cet évêque, donc, enveloppé dans de tels troubles et soumis à de telles épreuves, fut arraché à son église et détenu dans les prisons de Londres pendant près de deux années entières, vers la fin du règne du roi Édouard. Ce sont les auteurs de ce malheur qui jetèrent cet évêque dans la tempête, car pendant qu’il était détenu dans la prison nommée Fletien (1) , la persécution de la reine s’éleva, pendant laquelle Ferror y fut trouvé, comme parmi les premiers. Ils cherchèrent de toutes parts les autres évêques pour les emprisonner ; mais il fut présenté à ses adversaires pour le mettre à l’épreuve, et Dieu voulut qu’il fût pour eux un rocher invincible. Il faut dire ici comment Ferror fut traité durement par ses adversaires papistes, quel fut le procès contre lui, et quelle fut sa condamnation ; mais il a été très difficile de connaître la procédure dans tout cela (2), si ce n’est qu’après M. Jean Hooper, il a été sorti de prison pour être interrogé.
(1) Prison nommée " the Fleet, parce qu'elle était située dans Fleet-street, à Londres.
(2) Voy. ses divers interrogatoires dans Foxe, t. VII, p. 22-25.
[Condamnation & exécution de R. Ferror]. Et les juges, voyant qu’ils ne pouvaient le détourner de la vérité qu’il soutenait, prononcèrent une sentence contre lui comme ils l’avaient fait contre Hooper, de sorte que, le douzième jour après, il fut emmené dans le pays de Galles, dans la ville de Carmarthen (3), dont il était évêque, pour être brûlé avec un grand tourment, car il y avait très peu de feu autour de lui, mais principalement parce qu’au lieu de bois, ils n’avaient, dans cette région, que des mottes et du gazon, qu’ils tiraient d’un sol riche et humide (4). Le feu allumé avec une telle matière produisait donc plus de fumée que de flammes, et ce saint martyr de Jésus-Christ fut jeté d’une manière aussi cruelle qu’on n’en a jamais vue.
(3) Caermarthen.
(4) Il s'agit de la tourbe, qui était alors le combustible principal du pays de Galles.
[Marque d'un vrai Evêque]. C’était un homme d’une stature considérable, robuste de corps, de couleur noire, inébranlable et ferme dans ses actions et ses paroles, sérieux dans ses mœurs autant que tout autre qui existait. En plus de ses excellentes vertus, il avait ce trait singulier (et il aurait été difficile d’en trouver un autre qui l’eusse) qu’il avait si bien mémorisé les passages, les phrases et les chapitres de l’Ancien et du Nouveau Testament qu’il n’avait pas besoin d’un livre pour montrer le passage dont il était question. Ce fidèle martyr du Christ, évêque de saint David, fut brûlé dans la ville de Carmarthen en l’an de grâce 1555, le 26 février (1)
(1) Foxe indique le 30 mars ou samedi avant la Passion, comme date du supplice de Ferrar.
Y a-t-il un Mutius Scevola, si célèbre chez les anciens Romains, qui puisse être comparé en vertu et en constance à ce martyr ? À qui la main a été mise à l’épreuve sur la flamme ardente avant que le reste du corps ne soit mis au feu.
(2) Voy. Foxe, t. VI, p. 717-722.
[Le Chancelier envoie les procès à Boner]. C’est ainsi qu’il y eut cinq excellents prédicateurs brûlés au mois de février, parmi lesquels il y avait deux évêques. Au mois de mars suivant, huit autres personnes furent exécutées pour avoir témoigné de cette doctrine chrétienne. Le premier était Thomas Tomkins, citoyen de Londres, tisserand de métier. Or, les cinq dont il a été question jusqu’à présent ont été condamnés par Gardiner, évêque de Winchester, qui était alors le Lord Chancelier d’Angleterre. Depuis lors, fatigué de la peine qu’il avait à prendre, il envoya les procès des autres prisonniers à Edmund Bonner, évêque de Londres, pour les condamner, comme nous l’apprendrons plus loin, s’il plaît à Dieu.
[Qui était ce Boner]. Il a été parlé de Gardiner ci-dessus, dans l’histoire de Rogers ; or on pourrait parler de Boner, parce qu’il est souvent mentionné ci-après, à savoir qu’il était un homme remarquablement cruel et prompt à verser le sang, et il semblait que la nature ne l’avait mis au monde que dans ce but ; Mais puisque nous apprendrons plus loin que les martyrs qu’il a condamnés à mort ont fait leur devoir à cet égard, il vaut mieux le laisser là et en venir au récit de l’histoire. Tomkins, dont il est question ici, a été amené devant ce Boner. Parmi tous les martyrs qui ont été exécutés depuis en grand nombre, Tomkins a été le premier à résister à la fureur de cet évêque, qui, à partir de celui-ci, a ouvertement démontré la preuve de sa cruauté. Car bien que Tomkins fût un homme sans lettres, il avait néanmoins assez de connaissances pour ne pas être convaincu par l’évêque, et il était si ferme dans la vraie religion qu’il ne céderait jamais à l’erreur. Aussi, comme cet homme de métier ne pouvait être détourné de la profession qu’il exerçait, Boner employa une nouvelle ruse : ne pouvant le vaincre par des raisons et des arguments, il voulait lui faire éprouver une angoisse mortelle avant de le tuer, pour l’étonner complètement. Il fit apporter une torche ardente par ses serviteurs, et dit à Tomkins : « Méchant coquin, si tu penses qu’il y a un si grand plaisir à endurer le tourment du feu, je te montrerai dans cette flamme, et tu sentiras par expérience ce que c’est que d’être brûlé ; et après, si tu es sage, tu changeras d’avis. » Et quand il ordonna qu’on arrêtât sa main sur cette flamme ardente, il put par ce moyen étonner le pauvre homme par la véhémence de la douleur, et le détourner de la doctrine qu’il avait soutenue.
[Tomkins endure sa main être flamboyée]. Mais ce tisserand, brûlant intérieurement d’une plus grande flamme de zèle, supporta cette brûlure extérieure avec une telle fermeté que le tyran n’y gagna rien, si ce n’est qu’il devint beaucoup plus cruel ; car, non content d’avoir déjà brûlé sa main, il ne cessa jamais jusqu’à ce qu’il eût tout réduit en cendres ; cela s’est passé dans le quartier de Londres appelé Smithfield, le 5 mars 1555 (2).
(1) « In the time that his hand was in burning, the same Tomkins afterward reported to one James Hinse, that his spirit was so rapt, that he felt no pain » (Foxe, VI, 718).
(2) D'après Foxe, ce fut le 16 mars qu'eut lieu lieu l'exécution.
THOMAS HYGBY, & THOMAS CAUSSON (1).
Ces deux messieurs ont été brûlés le même jour pour la vérité et pour la confession qu’ils ont faite de la vraie doctrine de l’Évangile, confession qui est insérée ici.
(1) Ces noms sont écrits par Foxe: Thomas Higbed et Thomas Causton. Voy. Foxe, t. VI, p. 729-737.
Nous ne pouvons nommer que quelques régions ou diocèses dans tout le royaume d’Angleterre, si grands soient-ils, qui ont été exempts de cette persécution exercée sous la reine Marie, et parmi les autres, avec beaucoup de difficulté, il y en a peu qui ont produit autant de martyrs fidèles que la région d’Essex et la région voisine, à savoir Cantie (2).
(2) Kent.
[Accusés]. En ce mois de mars, il y en eut plusieurs qui souffrirent le martyre, dont nous parlerons plus tard ; mais il y avait deux hommes notables parmi les autres, l’un nommé Thomas Hygby et l’autre Thomas Causson : ce dernier était plus âgé, et tous deux étaient assez riches. Leur vertu et leur religion ne pouvaient pas rester cachées longtemps, et finalement, trahis et saisis, les gouverneurs de Gloucester les firent emprisonner.
[Emprisonnés]. Causson, qui s’est montré inébranlable dans la vraie religion. L’évêque de Londres fut chargé de les traduire en justice, et il y assista d’une main forte, parce qu’ils étaient de bonne réputation, qu’ils avaient la faveur de leur peuple et qu’ils craignaient qu’il n’y eût quelque tumulte.
[Interrogés]. Il y avait aussi Feknam, dont il est fait mention plus haut dans l’histoire de Jane Graye (3), qui a été appelé, à la fois parce qu’il était stylé et rude dans ses interrogations, et parce qu’il connaissait déjà Causson depuis un certain temps.
(3) Voy. la note de la page 4.
[Molestés]. Et comme il faisait tout ce qu’il pouvait pour persuader, Causson faisait tous ses efforts pour lui résister et vaincre sa ruse. Les autres essayaient aussi de faire tout ce qu’ils pouvaient avec des paroles douces, des menaces, des promesses et des étonnements, au point que les prisonniers demandaient du temps pour y réfléchir. Cela causa une certaine crainte parmi les fidèles, qui craignaient que leur fermeté ne faiblisse, ou que par faiblesse ils ne soient trompés par la fraude. Mais loin de diminuer leur constance et leur fermeté, le temps qui leur était accordé leur montra plutôt qu’ils étaient plus résolus après qu’auparavant, et ils firent une confession de leur foi de la manière qui suit.
[Leur confession de foi]. Nous croyons et confessons que nous renonçons à Satan et à ses œuvres et à toutes ses pompes, le monde et la chair avec toute sa vanité, ses flatteries et ses concupiscences perverses, étant régénérés par le baptême (1). De plus, nous sommes nécessairement obligés et contraints de garder avec toute notre affection la loi sacrée du Dieu tout-puissant, ainsi que ses saints commandements et ordonnances, et de marcher en eux tous les jours de notre vie. Nous croyons à tous les articles de la foi chrétienne, qui sont contenus dans le Credo. Que tout ce que l’usage du corps et de l’âme exige est contenu dans le Notre Père, et que toutes nos demandes doivent être adressées à Dieu seul, et non aux saints, ni aux anges eux-mêmes.
(1) L'original anglais ne mentionne pas la régénération par le baptème, mais dit simplement : « We believe and profess in baptism, to forsake the devil, etc.
[De l'Église]. Nous reconnaissons qu’il n’y a qu’une seule Église catholique, qui est la communion des saints, édifiée sur le fondement des Apôtres et des Prophètes, dont Jésus-Christ est la pierre angulaire, qui a donné sa propre vie pour elle, afin de la présenter glorieuse et sans tache devant lui. Bien que cette Église soit glorieuse, nous confessons que, de par sa nature, elle est faible et sujette au péché, et pour cette raison elle doit faire cette demande à Dieu : Pardonne-nous nos offenses, et cela au Nom de Jésus-Christ, qui est le seul nom sous le ciel donné aux hommes (selon le témoignage de saint Pierre dans les Actes) par lequel nous devons être sauvés. (Éphésiens 2:20 ; Actes 4:12).
[ Du Médiateur]. Et comme il est notre unique Sauveur, nous tenons pour résolu qu’il soit notre seul Médiateur, car l’Apôtre parle ainsi : Un seul Dieu, un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, l’homme. Par conséquent, puisqu’il n’y a pas d’autres personnes à qui s’appliquent ces noms, Dieu et homme, sauf à notre Seigneur Jésus, pour cette même raison, nous ne reconnaissons pas d’autre Médiateur que lui seul. (1 Tim. 2. 5).
[Des persécutions]. Nous croyons que cette Église est souvent exposée à la persécution et à l’oppression, comme le Seigneur Jésus lui-même l’a prédit en disant : « Comme ils m’ont persécuté, ils te persécuteront aussi, car le disciple n’est pas plus grand que son maître », et il nous est non seulement donné de croire en lui, mais aussi de persévérer pour lui. Et comme l’apôtre l’atteste aussi : « Tous ceux qui veulent vivre religieusement dans le Christ seront persécutés. » De plus, cette même Église propose la Parole de Dieu sans la corrompre, y ajouter ou diminuer quoi que ce soit. Elle administre les sacrements selon la sainte institution de son Seigneur, elle permet aussi à tous de lire les Saintes Écritures, auxquelles Jésus-Christ invite tous les hommes, quel que soit leur état ou leur condition : « Sondez les Écritures, car elles rendent témoignage de moi. » (Jean 15:12 ; 2 Timothée 3:12 ; Jean 5:36 ; Actes 21:17 ; Romains 10:17). Et dans le livre des Actes, après la prédication de saint Paul, la multitude conférait régulièrement avec les Écritures pour savoir si les choses dites par saint Paul étaient vraies ou non. Les prophètes nous exhortent à prier avec compréhension, sans quoi le peuple réagira-t-il Amen ? Et il n’y a rien de plus nécessaire que la foi, qui vient de l’écoute, et de l’écoute de la parole de Dieu.
[Contre les traditions]. « De plus, nous croyons et confessons que Dieu ne peut être servi ou honoré que selon l’ordonnance de sa parole, et non selon les décrets des hommes, ni selon les décrets que la raison humaine a forgés ; ce que le Seigneur lui-même rejette et rejette dans l’Évangile, alléguant le témoignage des prophètes, en disant : « Ils m’honorent en vain, m’enseignant des commandements et des traditions d’hommes. » Il ordonne expressément, par son prophète, de ne pas suivre les décrets et les traditions de nos pères, mais de nous arrêter à ses commandements. Et quand le Fils de Dieu nous ordonne de quitter le père et la mère, afin que nous puissions le suivre, il est facile de voir par là que nous devons à plus forte raison abandonner les ordonnances et les traditions humaines qui ne sont pas en accord avec sa parole.
[De la Cène]. En ce qui concerne l’institution de la Cène du Seigneur, nous avons la ferme résolution que rien ne doit être remué ou changé en aucune manière, étant certains que Jésus-Christ lui-même, qui est la sagesse du Père, l’a ordonnée pour son Église. Il est bien connu que, depuis longtemps, de grands abus et de grandes difformités ont été introduits dans cette Sainte Cène, principalement offerts au peuple sous une seule espèce, tandis que deux espèces ont été instituées.
[Les abus introduits en la Cène]. Deuxièmement, la communion de plusieurs mangeurs et buveurs a été transférée à une messe privée. Il a malheureusement été transformé en sacrifice, alors que le Fils de Dieu l’a laissé comme mémorial et gage sacré des choses qui ont été faites, et principalement en commémoration de ce sacrifice éternel qui a été offert une fois et achevé sur la croix. C’est en vain que l’on réitère ce qui a été parfaitement accompli une fois. On adore le pain de la dernière Cène, ce qui est directement contraire au commandement qui interdit l’adoration de toute image ou ressemblance. La Cène est administrée dans une langue étrangère et inconnue ; et les pauvres ne sont pas instruits dans le véritable usage de ce mystère, à savoir que Jésus-Christ est mort pour nos péchés et nos offenses et qu’il est ressuscité pour notre justification ; par laquelle nous obtenons aussi la paix avec Dieu ; et ce sacrement en est un signe et un sceau infaillible. En fin de compte, nous avons pris l’habitude de prendre ce sacrement et de l’enfermer dans une boîte, souvent pendant un temps si long qu’il a été mangé par des vers, ou si longtemps qu’il pourrit, et même les grossiers et les ignorants saisissent l’occasion de parler irrévérencieusement, ce qu’ils ne feraient pas si l’abus était corrigé. C’est pourquoi le fait que le peuple méprise tant ce sacrement doit être attribué en premier lieu à vous, et non à nous qui prions affectueusement le Seigneur pour que ce sacrement puisse un jour être restauré dans sa pureté originelle et dans son véritable usage. Quant aux paroles de Jésus-Christ, qu’il a utilisées dans l’administration de cette sainte communion, nous ne les rejetons pas ;
[Du sens des paroles de Jésus-Christ]; mais nous en examinons le vrai sens, en comparant les autres passages de l’Écriture avec celui-ci, qui permet de donner à soi-même la vraie interprétation, car aucune prophétie de l’Écriture n’appartient à une déclaration particulière, comme le dit saint Pierre ; c’est ainsi que, lorsque les saintes lettres nous guideront, nous arriverons facilement au sens mystique de l’Écriture. Or, c’est que dans toutes les saintes Écritures, on trouvera une telle façon de parler, surtout dans le Nouveau Testament, comme lorsque le Seigneur Jésus dit : « Cette coupe est le Testament en mon sang », et que saint Paul dit : « Le rocher, c’était le Christ ». Jésus-Christ a aussi dit : « Celui qui reçoit, même un enfant en mon nom, me reçoit », et d’autres formes infinies de langage. (2 Pi. 10; Luc 22. 20; 1 Cor. 10 .4; Marc 9. 17). Et comme ces manières de parler sont spirituelles, il y a aussi en elles une autre compréhension, différente de ce que les paroles montrent, si ce n’est que de notre plein gré nous voulons errer avec ces Capernaïtes qui, entendant Jésus-Christ parler de manger son corps, ont immédiatement conçu l’opinion qu’il voulait dire manger de sa chair. Le Seigneur Jésus, voulant corriger leur erreur, a enseigné que manger extérieurement de la chair, fait par la chair, n’est d’aucun bienfait. « La chair ne sert à rien ; C’est l’esprit qui donne la vie ; Mes paroles sont esprit et vie. Pour cette raison, quiconque veut s’approcher de ce banquet sacré doit préparer sa foi, non pas son palais, son esprit, pas ses dents, afin qu’il puisse manger et boire dignement, poussé par une faim et une soif spirituelles. (Jean 6. 63). Pourtant, saint Paul dit : « Que chacun s’examine lui-même et qu’il mange ainsi de ce pain », ce qui signifie que si notre conscience témoigne de notre foi, c’est que nous croyons purement au Fils de Dieu, selon la vraie raison de l’Écriture. Pour le confirmer, il existe une infinité et des témoignages invincibles concernant le changement de signes ou la transsubstantiation ; Ce que les hommes ont imaginé est une chose triviale et ridicule, puisque le pain ne perd pas sa nature, mais reste comme il était auparavant en substance. (1 Corinthiens 11:28). Nous avons chez saint Jean un témoignage évident du Seigneur Jésus-Christ, lorsqu’il dit : « Vous aurez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m’aurez pas toujours, car je quitte le monde et je m’en vais à mon Père ; et si je m’en vais, il ne viendra pas le Consolateur que je t’enverrai. C’est pourquoi, selon sa promesse, il est monté et a quitté la terre, comme l’ange l’a témoigné. (Jean 21. 8). Et saint Pierre, d’accord avec cela, dit : « Le ciel doit le contenir jusqu’au temps où il doit retourner. » Enfin, en ce qui concerne la puissance infinie de Jésus-Christ, voici ce que nous répondons, selon saint Augustin : Qu’il y a un regard pour sa divinité, et un autre pour son humanité ; la divinité est partout et se fait sentir par tous, et son humanité ne peut être qu’à un certain endroit, car en fait, selon cet égard, elle est à la droite de Dieu le Père. (Mat. 28. 6). On dit qu’il n’était pas à l’endroit où les femmes le cherchaient. Quand il était sur la terre, il n’était pas à Béthanie quand Lazare est mort, et il s’est réjoui de ne pas y être. (Jean 11. 15). C’est pourquoi, en nous appuyant sur l’autorité des Saintes Écritures, nous affirmons ouvertement qu’en vérité notre Seigneur Jésus-Christ est dans l’Eucharistie d’une manière sacramentelle et spirituelle, mais qu’il est au ciel selon sa présence corporelle. Vous avez maintenant la vraie confession de notre foi, que nous vous présentons sans obstination ni querelle, mais avec une conscience simple ; et par-dessus tout, être persuadé et donc enseigné par la sainte parole de Dieu. Et nous avons imploré le secours de notre bon Dieu avec un désir et une ardente affection, avant d’entreprendre cette affaire, qu’il nous gouvernerait tellement par la grâce de son Saint-Esprit, que nous ne ferions rien de contraire à sa parole salutaire et que cela ne serait pas conforme à sa sainte et bonne volonté. En cela, sa bonté n’a pas permis que nos prières soient vaines, mais a perfectionné sa vertu dans notre faiblesse et notre infirmité. De plus, nous ne pourrons jamais lui rendre grâce de bon cœur comme nous le devrions. À Lui soient éternellement louange et action de grâces par notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.
[Dans quel but le Seigneur couronne-t-il ses propres serviteurs ?]. Après que le temps qui leur avait été imparti pour délibérer était écoulé, on leur demanda s’ils avaient toujours le même but et la même volonté ; En réponse, ils rendirent témoignage de leur doctrine et de leur foi comme auparavant et repoussèrent leurs adversaires avec plus de constance qu’auparavant et fortifièrent encore plus leurs amis ; que Boner ne put supporter, il quitta la ville de Londres, les fit emmener à plusieurs reprises avec d’autres qui étaient également prisonniers pour la même cause, comme s’il les conduisait en triomphe. Finalement, après les avoir suffisamment tourmentés, une sentence de mort fut prononcée contre Thomas Causson, Thomas Hygby, William Hunter (1), Estienne Knyght (2), Guillaume Pygat, un tisserand (3), Jean Laurent, un ministre (4), qui tous ayant été condamnés à mort, furent emmenés à Essex (5) au mois de mars ; et le magistrat ordonna à tous les gentilshommes de la province d’être prêts à fournir de l’aide au besoin. Puis ils furent séparés, de sorte que les uns furent brûlés dans un lieu, les autres dans un autre. Causson fut brûlé de bonne heure le matin à Raili (6) le 25 mars (7), Guillaume Pygat à Braintrie (8), le 27 du même mois (9), Thomas Hygby à Horndon, le 25. Hunter (10) à Burnowood (11) le même jour, Jean Laurent, ministre, à Clocestre (12), le 28 du même mois (13).
(1) Voy. ci-dessous, p. 146.
(2) Voy. la notice suivante.
(3) William Pygot. Voy. Foxe, t. VI, p. 737.
(4) Voy. ci-dessous, p. 146.
(5) Essex est le nom d'un comté et non d'une ville. Les condamnés furent remis aux mains du shérif d'Essex.
(6) Raleigh
(7) Le 26 mars, d'après Foxe.
(8) Braintree.
(9) Le 28 mars, d'après Foxe.
(10) Le 26 mars, d'après Foxe.
(11) Brentwood.
(12) Colchester.
(13) Le 29 mars, d'après Foxe.
ESTIENNE KNYGHT, Anglais (14).
Par la prière que ce saint personnage a faite à Dieu avant de mourir, nous pouvons savoir avec quelle affection et quel esprit il a été conduit et guidé pour supporter la mort.
Ci-dessus a été touché par Estienne Knyght, qui était du métier de boucher, un homme d’une grande piété et d’un esprit véhément, qui, ayant reçu une sentence de condamnation, a été exécuté à Maulden (1). Le Seigneur a voulu que la prière qu’il avait faite avant d’endurer la mort soit recueillie et écrite pour l’enseignement et la certification de l’issue heureuse qu’il a eue, qui a été traduite de la manière suivante :
(1) Maldon.
« Ô Seigneur Jésus-Christ, pour l’amour duquel je donne cette vie de bon cœur et de bon cœur, préférant plutôt endurer ce tourment de la croix et perdre tous les biens et toutes les facultés que de consentir à ceux qui blasphèment ton saint nom et rejettent tes commandements, tu vois, Seigneur, que la vie de ce monde m’est présentée, quittant le vrai service de ton nom et me rendant esclave de ton adhésion ; mais j’ai choisi par ta grâce ces tourments du corps et la sortie de cette vie, estimant toutes choses comme des bailleurs, afin que tu sois mon gain dans la mort. Et certainement votre charité a imprimé dans mon cœur un tel amour pour vous, que toute mon âme soupire après vous, comme un cerf fatigué et déformé après les fontaines des eaux. (Ps. 42).
Ô Seigneur, assiste-moi par la grâce de ton Esprit Saint, par laquelle cette faiblesse de mon corps peut être équipée et fortifiée, qui sans elle est dépourvue de toute force. Tu sais, Seigneur, que je ne suis que poussière, inutile à tout ; c’est pourquoi, Seigneur, comme par ta miséricorde, que j’ai si souvent ressentie, tu m’as fait le bien de me placer parmi tes élus et maintenant tu m’en donnes témoignage par cette coupe que je dois boire ; aussi afin que ta main droite toute-puissante me fortifie contre cet élément du feu, qui, comme il semble, semble terrible et horrible, qui me soit rendu tolérable et supportable par ton ordonnance et ton commandement, afin que, étant ainsi armé de la vertu et de la force de ton Saint-Esprit, je sois reçu dans ton sein par la dureté de ce feu, et comme purifié dans la fournaise, je dépouille toute corruption pour être revêtu d’incorruptibilité avec vous. Ô Père miséricordieux, Que cet holocauste et ce sacrifice te soient un arôme agréable à cause du grand sacrifice de ton Fils unique, au nom duquel je t’offre tout ce sacrifice qui est le mien, selon qu’il sera ; pardonne-moi tous mes péchés, comme je pardonne à tous ceux qui m’ont offensé. Étends tes ailes sur moi, Seigneur très bienveillant, Esprit souverain ! accorde-moi la vie bénie et éternelle, tandis que je remets mon esprit entre tes mains. (1) Il endura constamment la mort à Maulden le 25e jour du mois de mars de l’année 1355 (2).
(1) Voy. le texte original de cette touchante prière dans Foxe, t. VI, p. 740.
(2) Le 28 mars, d'après Foxe
GUILLAUME HUNTER, Anglais (3).
Un spectacle et un exemple dignes d’être commémorés en la personne de G. Hunter ; La vertu inébranlable de ses parents dans sa mort est également digne d’admiration de tous les pères et de toutes les mères.
Parmi ceux mentionnés ci-dessus, William Hunter était très jeune, mais il descendait de parents nobles et craignant Dieu, qui, en plus de lui avoir enseigné à aimer et à honorer Dieu, l’ont également préparé à supporter la mort, surmontant les affections naturelles avec un véritable zèle pour l’honneur de Dieu. Quand ils virent leur fils qu’on amenait, ils n’employèrent jamais de paroles lamentables pour le dissuader de son dessein ; mais, suivant l’exemple de la femme vertueuse, mère des Macchabées, ils encourageaient leur fils et, comme s’ils se réjouissaient, l’exhortaient autant qu’ils le pouvaient à persévérer, de sorte qu’à l’heure où il devait supporter la mort, ils lui présentaient du vin à boire pour le fortifier et l’encourager. (2 Maccabées 7). Et en cet endroit, il aurait été difficile de dire de qui ils étaient le plus étonnés, que ce soit du père, de la mère ou du fils. Le fils, dans son tourment, récita le psaume 84 et mourut avec une grande constance. Le père et la mère, qui ont également subi le martyre à la mort de leur fils, ont surmonté leurs passions naturelles à cet égard. Le fils, exposant son corps à la mort, a vaincu la mort, a vaincu les tourments et toutes les cruautés des tyrans. Les tourments que le fils a enduré à l’extérieur dans son corps, ils les ont enduré à l’intérieur dans leurs âmes. Cette précieuse mort survint le 15 mars 1555 (1).
(1) D'après Foxe, c'est le 26 mars qu'eut lieu cette exécution à Brentwood.
JEAN LAURENT (2), RAULIN WHYGTH (3) & GUILLAUME DIGEL (4), Anglais.
Jean Laurent était pasteur de Lexdouie (5), qui, ayant été comme écrasé par les ennuis, le poids des chaînes et la longue détention en prison, avait acquis une telle douleur aux pieds qu’il fallait le porter où on le voulait ; mais néanmoins il était fort en courage, et puissant en paroles saintes et bonnes, et il se montra un vaillant champion de Jésus-Christ lors de la dernière bataille à laquelle il fut appelé. Par conséquent, luttant pour la vraie doctrine, il fut finalement brûlé à Glocestre (6) le 28 du même mois de mars (7). En plus de ceux mentionnés ci-dessus, il y en a eu deux autres qui ont également été brûlés ce mois-là : à savoir RAULIN WHYGT à Gardiffle (8) le 27 et GUILLAUME DIGEL à Damburie (9) le jour même où Jean Laurent a été exécuté.
(2) Sur John Laurence, voy. Foxe, t. VI, P. 740.
(3) Sur Rawlins White, voy. Foxe, t. VII, p. 28.
(4) Sur William Dighel, voy. Foxe, t. VII, p. 583. Ce nom figure seulement dans la première édition de Foxe, où quatre lignes lui sont consacrées.
(5) Lexden, village des environs de Colchester (Essex).
(6) Ce n'est pas à Gloucester, mais à Colchester, que Laurence fut brûlé.
(7) Foxe indique le 29 mars.
(8) Cardiff (pays de Galles).
(9) Banbury (Oxfordshire).
Le second jour du mois d’Avril suivant, John Alcock, ayant été retenu pendant quelque temps dans la prison appelée la nouvelle porte (2), pour le témoignage de Jésus-Christ, mourut de maladie, et par ce moyen eut le martyre du feu qui avait été amené sur lui. Il a été jeté inhumainement dans le fumier dans les champs près de la ville de Londres, où les ennemis ont accompli ce qui est dit par le prophète : « Ils ont donné les cadavres de tes serviteurs pour nourriture aux oiseaux du ciel, et la chair de tes doux aux bêtes de la terre. » (Ps. 79. 2).
(1) John Alcock, de Hadley. Voy. Foxe, t. VI, p. 681
(2) Newgate
La piété et la doctrine de cet individu nous sont rendues évidentes à la fois par sa vie et ses paroles ordinaires, ainsi que par l’exécution cruelle qui a été effectuée, et elle est grandement soutenue par deux excellentes lettres que nous avons incluses ici pour les idées uniques qu’elles contiennent.
La même cruauté fut infligée à George Marché, le 24 avril de l’année 1555, que Laurent Saunders (dont l’histoire est décrite ci-dessus) avait ordonné ministre dans l’église de Langthon (4), qui est une petite ville dans la juridiction et la seigneurie de Lancastre, avec une certaine pension qu’il fournissait annuellement pour sa subsistance et son entretien. Et de même qu’il l’avait eu comme compagnon et collaborateur dans la prédication du Saint Évangile tout au long de sa vie, il l’a aussi eu dans sa mort, bien qu’ils ne soient pas morts tous les deux le même jour. Saunders fut brûlé à Coventry, comme mentionné ci-dessus (5), et Marché fut incendié peu après à Worcester(6). De plus, pour une histoire plus détaillée, nous pouvons insérer ici deux de ses lettres écrites avant la mort de Saunders.
(3) George Marsh. Voy. Foxe, t. VII, p. 39-68 (p. 1122 de l'édit. de 1563).
(4) Laughton, dans le Leicestershire. Marsh fut curate dans cette paroisse, dont Saunders était recteur.
(5) Page 139.
(6) Chester.
George Marché aux saints et aux fidèles qui sont à Langthon, ses frères en Jésus-Christ (2).
Que la grâce et la paix vous soient multipliées dans la connaissance du Seigneur Jésus-Christ. Frères et compagnons d’armes dans le Christ, vous qui habitez à Langthon, il m’a semblé bon de vous exhorter à persévérer comme Barnabé, un homme rempli de l’Esprit Saint et de la foi, a un jour exhorté les habitants d’Antioche, afin que vous restiez fermes dans la profession de l’Évangile que vous avez reçue de votre pasteur, M. Laurent Saunders, et de plusieurs autres fidèles serviteurs de Jésus-Christ, qui se sont montrés désireux et disposés non seulement à perdre tous leurs biens, leurs amis et leur patrie à cause de vous, mais aussi à tout supporter, même jusqu’à l’effusion de leur sang, la nécessité l’exigeant. C’est pourquoi vous déterminez vous-mêmes qui vous préféreriez recevoir comme enseignants et comme ministres, soit ceux qui s’efforcent de vous assaisonner du sel de leur prédication, si dure soit-elle, soit ceux qui, n’ayant rien de salé, ne présentent que des choses infectes, & puant, les traditions fades des hommes et les rêveries de l’Antéchrist. Mes frères, recevez en toute douceur d’esprit la parole une fois placée en vous, qui peut sauver vos âmes, afin que vous soyez comparés à ce sage constructeur, dont parle notre Seigneur Jésus dans l’Évangile, qui a bâti sa maison sur le roc, et la pluie est tombée, et les inondations sont venues, et les vents ont soufflé et battu contre cette maison, Et il n’est pas tombé, car il a été fondé sur le roc. (Matthieu 7) C’est parce que, lorsque Satan, armé de toutes sortes de sollicitations rusées et véhémentes, et le monde, armé de la puissance de grands rois et de grands princes, et de conseils pleins de fraudes et de tromperies, viennent contre nous, nous ne devons pas perdre courage pour cela, mais, avec un cœur ferme et joyeux, nous devons persister et nous accrocher fermement à la vérité que nous avons reçue, qui est la doctrine de l’Évangile. (1 Timothée 3). Nous n’avons accès au royaume béni des cieux qu’à travers de nombreuses tribulations. Si nous devons persévérer pour le royaume des cieux ou pour la justice, nous avons le Christ, les apôtres et les martyrs, dont l’exemple est un bon soutien pour nous. Car ils sont tous passés avant nous par cette porte basse et très étroite, qui conduit à la vie. (Mat. 7). Et si nous ne portons pas la croix du Christ, en renonçant à tout, même à nous-mêmes, et si nous ne le suivons pas de cette manière, nous ne pouvons pas être ses disciples. Si nous refusons de persévérer avec le Christ et ses saints, ce sera un signe que nous ne régnerons pas avec eux. Au contraire, si, avec une patience constante et ferme, nous supportons toutes les épreuves pour l’amour du Christ, c’est un témoignage qu’il nous donne et qu’il nous juge dignes de son royaume. Et, comme le dit saint Paul : « Il est juste aux yeux de Dieu de rendre par l’affliction ceux qui vous affligent et vous oppriment, et de vous accorder le repos, à vous qui êtes affligés, avec nous, le jour où le Seigneur Jésus a été révélé du ciel avec ses anges puissants dans un feu ardent, infligeant la vengeance à ceux qui ne connaissent pas Dieu et n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ ( ; ils subiront le châtiment de la destruction éternelle Thess. 2), loin de la présence du Seigneur et de la gloire de sa puissance, lorsqu’il viendra pour être glorifié dans ses saints et pour être émerveillé parmi tous ceux qui ont cru.» Nous devons le proposer sans cesse sous nos yeux, et le graver dans nos cœurs, afin que, dans ce temps d’adversité et d’oppression, nous puissions rester fermes et constants ; car plus nous avons été abondamment nourris par la prédication de l’Évangile, plus encore que d’autres, plus Dieu nous punira sévèrement si nous rejetons sa connaissance ; Le royaume nous sera enlevé et donné à une autre nation qui produira des fruits dignes. C’est pourquoi, frères bien-aimés en notre Seigneur, faites attention à vos affaires et considérez bien en vous-mêmes quel grand et horrible danger c’est de tomber entre les mains du Dieu vivant ; prenez garde de ne pas recevoir la parole de Dieu en vain, agissez avec foi et démontrez votre foi par des œuvres bonnes et saintes, qui en sont des témoignages vivants. En toutes choses, montrez-vous exemplaires dans les bonnes œuvres, parmi lesquelles l’obéissance prompte et volontaire à vos magistrats tient la première place, car ils sont en effet ordonnés par Dieu, quels qu’ils soient, bons ou mauvais (1 Tim. 2; Rom. 14);sauf qu’ils ordonnent des choses qui répugnent ouvertement à la religion pure, car dans ce cas, la règle de l’Apôtre doit être perpétuellement observée : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes » (Actes 3 ; Éphésiens 6). Et en cela, il ne reste qu’une seule défense pour l’homme fidèle et chrétien, à savoir l’épée spirituelle, qui est la parole de Dieu et la prière fervente faite dans l’humilité et l’humilité d’esprit, étant prêt à tout supporter plutôt que d’attirer la moindre tache de rébellion. « Quiconque résiste à l’autorité résiste à l’ordonnance de Dieu. » (Job 37; Rom. 13); et ceux qui lui résistent recevront la condamnation sur eux-mêmes. Et tout comme nous honorons les pères et les mères en toute soumission, ainsi ceux qui prennent leur place et prennent soin de nous et de nos affaires. Nous ne devons pas oublier le soin de nos familles, dont nous avons la responsabilité de garder un œil dessus, de sorte qu’il leur manque non seulement les choses nécessaires au corps, mais surtout celles qui se rapportent à la nourriture intérieure de l’âme. Et pour un troisième devoir, occupons-nous aussi des affaires de nos frères et de nos voisins, comme si c’était pour nous-mêmes. Bref, comme nous voulons que les autres nous traitent, montrons-nous aux autres : sans rien faire aux autres que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse à nous-mêmes. Car c’est là le résumé des choses que la Loi et les Prophètes nous enseignent. (Matthieu 7 ; 1 Timothée 2). Enfin, la charité et la fraternité chrétiennes incluent aussi nos ennemis selon la règle et l’ordonnance de l’Évangile du Seigneur, qui nous commande de faire du bien à ceux qui nous haïssent, de prier pour ceux qui nous persécutent et nous offensent. (Matthieu 5 ; 2 Pierre 1). Si nous faisons cela, cela aura pour résultat de rendre certain et ferme l’espoir de notre appel. C’est pourquoi je vous recommande à notre Dieu bon et à la parole de sa grâce, qui a le pouvoir de bâtir et de vous donner un héritage parmi tous les sanctifiés ; vous exhortant affectueusement, mes frères, à nous aider de vos prières et à prier sincèrement pour M. Saunders, pour moi, pour vos pasteurs et pour tous ceux qui sont emprisonnés, afin que nous puissions être délivrés des mains des infidèles, des hommes pervers et orgueilleux, et que cette affliction qui est la nôtre puisse se tourner vers la gloire de Dieu et l’avancement de l’Évangile. Saluez en mon nom les frères fidèles dans le Christ. Et puisque je n’ai pas eu le loisir ou l’occasion d’écrire en particulier, je vous en supplie, que ces lettres soient lues par tous, ou qu’elles soient entendues en commun. Que la grâce de notre Seigneur soit avec vous, Amen. Ce 28e jour de juin. Sauvez-vous de cette génération perverse. Priez, priez, priez, vous n’avez jamais eu de plus grand besoin.
(1) Manchester (Lancashire).
(2) Cette lettre, comme la précédente, a été fort abrégée par Crespin.
Je vous remercie vivement de la sainte affection que vous avez pour moi ; et pour ma part, je me souviens aussi de vous, non seulement dans mes lettres, mais aussi dans mes prières et mes supplications que je fais assidûment pour vous, vous souhaitant une telle consolation que, ayant vraiment goûté aux richesses célestes, vous puissiez combattre perpétuellement dans la foi et la charité, que vous persévériez fermement dans l’espérance et que vous soyez patients dans les tribulations et les afflictions jusqu’à la fin, et jusqu’à la venue du Christ. J’ai voulu vous exhorter maintenant par des lettres, et à prier affectueusement dans le Christ, afin que, comme vous avez reçu Jésus-Christ, vous puissiez aussi marcher, étant enracinés en lui et édifiés sur lui, et que vous ne soyez pas du tout étonnés par vos adversaires, quelque grand que soit leur nombre ou leur puissance ; et nous pouvons être très peu nombreux et méprisables. Il est certain que cette guerre que vous menez n’est pas la vôtre, mais celle du Seigneur ; qui, de même qu’il a souvent assisté Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, David et les Maccabées, et tant d’autres qui ont dû supporter le fardeau de leurs ennemis, de même sa promesse ne manquera jamais, comme il a dit à Josué : « Comme j’étais avec Moïse, moi aussi je serai avec toi ; Je ne te quitterai pas, je ne t’abandonnerai pas ; sois fort et courageux, n’aie pas peur, car le Seigneur, ton Dieu, est avec toi dans tout ce que tu fais. Si Dieu est avec nous, qui peut être contre nous ? Personne n’est vaincu dans cette bataille spirituelle, sauf celui qui s’enfuit et quitte le camp de son chef, ou qui, par lâcheté, baisse son bouclier, ou qui, par peur, se rend aux ennemis. (Josué 1. Rom. 8). Eh bien, mes frères, soyez forts en Christ ; et, dans la puissance de sa puissance, revêtez-vous de l’armure de Dieu, afin que vous puissiez résister aux ruses du diable. Si nous voulons savoir de quel genre d’armes nous devons être équipés de la tête aux pieds pour entreprendre un tel combat, saint Paul, qui a été un bon champion et bien entraîné dans ce domaine, les a décrits, lui que le Seigneur a miraculeusement délivré tant de fois des embuscades de ses ennemis, au milieu de tant de dangers, sur mer et sur terre, même au milieu des flots, quand il n’y avait aucun espoir de salut, il a tendu la main pour le délivrer, et il est resté toujours sain et sauf contre toutes les tempêtes du mal, jusqu’à ce qu’ayant achevé une longue série de difficultés et de travaux, il confesse : « J’ai terminé ma course ; Je suis maintenant versé en offrande de boisson ; Je désire être séparé du corps et être avec le Christ. (Eph. 6; Actes 21; 2 Tim. 4; Rom. 15; Phil. 2). Ces choses sont écrites pour notre doctrine et notre consolation, et pour nous avertir qu’il n’y a pas de grande violence que nous ayons à craindre, pourvu que nous obéissions à Dieu et à sa parole ; et il n’y a pas de danger dont il ne nous délivre pas, même de la mort elle-même. Puisqu’il en est ainsi, courons à la bataille qui nous est proposée, en fixant nos yeux sur le chef de la foi et le plus parfait Jésus, qui, à cause de la joie qui lui était réservée, a enduré la croix, méprisant la honte. C’est ce que nous devons faire aussi, en suivant son exemple. Dès qu’il a été baptisé et qu’il a été déclaré publiquement Fils de Dieu, Satan était immédiatement là pour le troubler. (Hébreux 12). Plus chacun s’efforcera de bien vivre, plus il sera assailli avec acharnement par le même ennemi, auquel nous devrons résister en suivant l’exemple du Fils de Dieu, principalement par les saintes Écritures et la parole sacrée de Dieu, qui est notre armure céleste et l’épée de l’Esprit. Et ce qu’il nous a montré devrait être un exemple de sobriété et de tempérance perpétuelles, non seulement pendant quarante jours comme les singes papistes, mais pour toute notre vie aussi longtemps que nous aurons à lutter contre Satan dans ce désert du monde. Il ne peut rien faire que le Seigneur ne lui permette, pas même contre les pourceaux ; encore moins contre nous, qui valons beaucoup plus qu’un grand nombre de porcs aux yeux du Seigneur, pourvu que nous adhérions fermement à Jésus-Christ, notre chef.
(1) Tempérance.
(2) "As the papists do fondly fancy of their own brains."
Il ne pourra rien faire à moins que le Seigneur ne le lui permette, pas même contre les pourceaux ; encore moins contre nous, qui valons beaucoup plus qu’un grand nombre de porcs aux yeux du Seigneur, pourvu que nous adhérions avec une foi ferme à Jésus-Christ, notre tête. Et pour être mieux équipés de fermeté, considérons la vie des mondains, qui, pour un plaisir très bref, et pour satisfaire leur appétit et leur désir, se mettent en danger ; Je ne veux pas dire être emprisonné ici, mais être conduit à la potence éternelle. Autant il y a une différence entre la vertu et les vices, entre Dieu et le diable, autant devrions-nous être audacieux dans cette guerre spirituelle. Et parce qu’il a plu à Dieu d’ordonner que M. Jean Bradfort (3) et moi, qui venons du même pays que vous, soyons placés à l’avant-garde de cette bataille, où se trouve le principal danger de toute cette guerre, mes bons frères et amis, je vous demande de prier le Seigneur pour nous, et pour tous nos compagnons d’armes, combattant dans ce fort très dangereux, afin que, étant tous doués de sa grâce et de sa bonté, nous puissions chacun nous maintenir dans nos garnisons où nous sommes stationnés ; et que, par ce moyen, nous puissions élever devant nos yeux un exemple de constance et de patience comme un étendard, afin que vous puissiez suivre ; et qu’à votre place aussi, vous encouragez les faibles par votre exemple à tenir bon dans vos pas, à mener cette guerre à une heureuse conclusion. (2. Tim. 2; 2. Cor. 2, 1. Jean 2. Col. 3).
(3) Voy. plus loin la notice sur ce martyr.
Qu’il en soit ainsi. Comprenez bien ce que je dis : le temps est court ; Il reste que ceux qui utilisent ce monde, l’utilisent comme s’ils ne l’utilisaient pas, car la forme de ce monde est en train de disparaître. N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde ; mais cherchez les choses qui sont en haut, où Christ est à la droite de Dieu. Soyez miséricordieux, bons et doux les uns envers les autres, en vous édifiant les uns les autres selon le talent qu’ils ont reçu. Méfiez-vous de la supercherie de doctrines étranges et diverses. Dépouillez-vous du vieil homme, qui se corrompt selon les désirs trompeurs. Que toute saleté et tout bavardage soient loin de ta conduite. Ne buvez pas avec du vin, dans lequel il y a dissipation ; soyez plutôt remplis de l’Esprit, chantant, faisant de la mélodie et résonnant dans vos cœurs vers le Seigneur, rendant grâce et louange à Dieu. (Eph. 4. Eph. 5. 1. Pierre 4). Passez le reste de votre temps à méditer sur la volonté de Dieu, et aimez-vous les uns les autres comme le seul but de votre vie, avec l’amour de votre prochain. Repentez-vous de votre vie passée, prenez mieux soin de vous pour l’avenir et soyez sages. Adhérez-en toutes choses à Celui seul qui est mort pour nos offenses et nos péchés, et qui est ressuscité pour notre justification. À Lui soient honneur et actions de grâces avec le Père et le Saint-Esprit, Amen. De Lancastre, le 30 août 1554. Salue dans le Christ tous ceux qui nous aiment dans la foi, et fais-les participer à ces lettres, selon ta prudence. Et enfin, priez pour moi et pour tous ceux qui sont emprisonnés pour l’Évangile, afin que le Seigneur, qui nous a autrefois tirés de la papauté pour nous amener à la vraie religion chrétienne, et qui maintenant éprouve notre foi et notre patience à travers les afflictions, puisse, selon sa miséricorde et par le bras de sa puissance, nous délivrer de ces angoisses et de ces tourments.
[Guillaume Flower]. La détention et l’emprisonnement de George Marché furent longs, tout comme sa persévérance, se montrant un véritable champion de l’Évangile, accompagné de deux autres fidèles serviteurs de Dieu. Il a été brûlé à Westcestre, qui est une ville du comté de Lancastre, le 24 avril de l’année 1555. Le même jour, un homme nommé William Flower, également connu sous le nom de Branche (1), fut brûlé à Westminster, un endroit près de Londres, pour avoir giflé un prêtre alors qu’il disait la messe, au début du règne de Marie, alors que les choses étaient encore troublées et instables.
(1) William Flower, surnommé Branch brûlé à Westminster. Voy. Foxe, t. VII, p. 68-76.
GUILLAUME DE DONGNON, Limosin (2).
Les interrogatoires et les actes judiciaires de ce martyr fournissent des preuves suffisantes que la vérité de l’Évangile ne dépend pas de la prudence ou de l’instruction que l’homme peut avoir, mais de l’esprit du Seigneur, qui forme les plus grossiers et les plus ignorants lorsqu’il veut se servir d’eux comme de ses hérauts devant les hommes.
(2) L'édit. de 1619 met ici, par erreur, "Anglais," au lieu de a Limosin, » que nous rétablissons d'après les éditions antérieures. Voy. Hist. ecclés., t. 1, p. 55; France prot. (2º édit.), t. V, col. 454. Le Limousin avait déjà donné un martyr à la Réforme française, dans la personne de Pierre Navihères, un des cinq étudiants brûlés à Lyon, sur la place des Terreaux, le. 16 mai 1553. Bèze appelle ce martyr du Dangnon. L'orthographe actuelle de ce nom est du Dognon; non; on appelle encore vulgairement dognons des dolmens. Il n'existe rien sur le procès de ce martyr dans les archives de la Haute-Vienne. Ce serait, nous écrit M. le pasteur Charruaud, dans les archives de la Gironde que l'on aurait quelque chance de trouver ce dossier. Les procédures contre les Réformés du Limousin ont été inévitablement déposées au greffe de la Chambre mi-partie de Nérac, dont relevait le Limousin, et ces pièces, si elles existent encore, ont dû être transportées à Bordeaux. M. Leymarie, dans son Histoire du Limousin (t. II, p. 436), l'ouvrage le plus sérieux sur cette province, dit, en reproduisant le récit de Crespin: «<Guillaume de Dongnon était un de ces martyrs qui honorent toutes les croyances et qui gardent leur foi au milieu des tourments. » Mais il commet une erreur manifeste en plaçant son supplice sous l'épiscopat de Sébastien de l'Aubespine, dont Bèze loue la modération relative ("mais n’étant pas l’évêque de la cité criminelle" .Hist. ecclés., t. 11, p. 263). Ce fut sous l'épiscopat de l'évêque italien César de Bourguognibus (des Bourguignons) que fut brûlé notre martyr. Ce dernier fut nommé au siège de Limoges en 1547, et mourut en 1559 dans I'Italie, qu'il n'avait pas quittée. Sébastien de l'Aubespine, abbé de Saint-Martial, lui succéda en 1559, et mourut en 1582. Le vicaire général qui administrait le diocèse pour de Bourguognibus qui, comme tant d'autres évêques, ne résidait pas, se nommait Christophe Marsupino; il fut accusé de plusieurs attentats contre les mœurs, condamné par contumace et brûlé en effigie devant la grande porte de la cathédrale.
Poursuivant le discours de cette année, qui a été abondamment arrosé du sang précieux des témoins de l’Evangile, nous devons quitter l’Angleterre et venir en France, où nous sommes maintenant appelés par le martyre de M. Guillaume de Dongnon, natif de La Jonchère (1), village du Bas-Limousin, situé à environ 4 lieues de la ville de Limoges. Il servira d’exemple pour magnifier davantage les grâces que le Seigneur accorde quotidiennement à ses petits, dans l’infirmité desquels il veut manifester sa grande louange.
(1) La Jonchère, village du département de la Haute-Vienne, arrondissement de Limoges.
Car bien que Dongnon n’ait pas été aussi bien instruit dans tous les points de la religion chrétienne que beaucoup d’autres que nous avons vus auparavant, il a néanmoins, selon la mesure de la foi, soutenu la lutte contre ses adversaires. L’horreur des tourments, ni les tentations de ce monde, ni la mort cruelle, ne l’ont détourné de l’œuvre à laquelle le Seigneur l’avait appelé, à l’honneur duquel il a employé et utilisé le petit talent qu’il avait reçu de lui, restant ferme sur ce seul vrai fondement, qui est Jésus-Christ. Nous avons inséré ici presque mot pour mot la déclaration qui lui fut faite au siège des adversaires, par laquelle on peut aussi connaître la manière et la manière de procéder des Limosin contre les enfants de Dieu ; comment ils l’ont interrogé différemment, à la fois dans la Géhenne et à l’extérieur. Et comme ce personnage n’avait ni les moyens ni la capacité de mettre par écrit ses propres réponses, Dieu a voulu, par des actes et des écrits judiciaires, manifester sa constance.
Le huitième jour d’avril 1555. M. Guillaume de Dongnon a été traduit en justice ; et le lendemain, le 9 du même mois, il fut retenu prisonnier dans le village de La Jonchère, qui est dans le Bas-Limousin. Le 17, il fut conduit à Limoges par M. Pierre Benoît, licencié en droit, assesseur de l’Officier de Limoges, et interrogé comme suit : D. « Où habitiez-vous avant de devenir prêtre, et aussi depuis que vous l’êtes ? » A. « Jeune garçon, j’ai été envoyé à l’école de Saint-Léonard avec mon oncle, M. Guillaume Bourdeys. Et puis à Toulouse, où j’ai servi M. Jacques Massyot, un conseiller actuel à Bordeaux, chez qui j’ai séjourné pendant un certain temps, lui apportant ses livres lorsqu’il allait à l’école publique. D. « N’avez-vous pas étudié ailleurs qu’à ledit Toulouse et à Saint-Léonard ? » R. « Non. » D. « Le dimanche des Rameaux dernier, avez-vous fait comme vicaire ce que vous deviez faire dans l’église de Jonchère, à savoir la procession, la bénédiction, la grand-messe, et celles que vous deviez célébrer ? À qui vous êtes-vous confessé ? R. : « Le dimanche des Rameaux (hélas !) J’ai rempli l’office comme nous avons coutume de le faire parmi vous, et je l’ai avoué à sir Noël Royauld ; mais c’était pour éviter le scandale, sachant cependant que nous ne devons nous confesser qu’à un seul Dieu, et qu’un laïc a autant de pouvoir pour pardonner les péchés qu’un prêtre. D. « Avez-vous jamais célébré la messe sans vous confesser ? » R. « Oui ; même quand je n’ai pas pu trouver de prêtre ; mais je vous dis que je ne me serais pas confessé en cela depuis Noël, ni célébré la messe de la même manière, sans la crainte servile qui me tenait alors du scandale que pouvaient prendre les aveugles conduits par des guides aveugles. Car je dis que la confession de l’oreille, de même que la messe, ne sert à rien, et que les laïcs ont autant de pouvoir pour pardonner les péchés que ceux qu’on appelle prêtres, et que tous les fidèles et les élus de Dieu sont frères dans un seul chef, Jésus-Christ. De plus, avant Noël, j’avais des doutes sur le fait que la messe fût bonne ou non ; mais en ce moment, je sais qu’il ne vaut rien. Q. « Quel peuple appelez-vous fidèles ? » R. « Ceux qui sont chrétiens et qui gardent les commandements de Dieu. » Q. « Le dimanche des Rameaux, ne prononcez-vous pas les paroles de Sainte-Cène écrites dans le canon de la messe, concernant le précieux corps de notre Seigneur Jésus-Christ ? Et ne croyez-vous pas qu’après la consécration du pain, du vin et de l’eau, il y a le corps de Lui ? R. « Ce jour-là, j’ai dit la messe, comme je l’ai dit ci-dessus, et j’ai pris l’hostie, et j’ai mis du vin et de l’eau dans le calice, en prononçant les paroles de Sainte-Cène, parce qu’il y avait des prêtres derrière moi ; mais mon intention n’était pas de consacrer, et je ne crois pas du tout que dans cette consécration le corps de notre Seigneur Jésus-Christ ait été inclus, même si ce n’est qu’un abus, et je n’avais plus l’intention de dire la messe, mais d’aller à la campagne pour gagner ma vie par le travail de mes mains.
[Des demandes confuses démontrent la confusion de l’esprit des adversaires]. Q. « Ne devons-nous pas aller à l’église pour prier Dieu, et le remercier pour les bonnes choses et les grâces qu’il nous donne quotidiennement, ainsi que la glorieuse Vierge Marie, saint Pierre et saint Paul, les saints du paradis, afin qu’ils soient nos avocats, pour obtenir pour nous la grâce et le pardon de notre Seigneur Jésus-Christ ; pour honorer le Saint Crucifix et d’autres images des saints ? R. « Dieu est partout, et donc nous devons le prier en tous lieux. De plus, je ne crois pas que l’hostie placée sous la garde soit Dieu. De plus, nous n’avons pas d’autre défenseur auprès de Dieu que Jésus-Christ, son Fils, qui a souffert la mort et la passion pour nous racheter. Nous ne devons pas prier les saints, mais seulement Jésus-Christ. Les images qui sont dans l’Église ne sont que des idoles, qu’il faut briser et détruire. Q. « Avez-vous brisé et brisé les images de l’église de La Jonchère ? R. « Il est vrai que le lundi qui suivit le dimanche des Rameaux, j’ai pris une petite image en bois de ladite église, et pendant que je la portais chez moi pour la brûler, quelqu’un me l’a prise. Et j’avais décidé de détruire les images de ladite église de La Jonchère et d’ailleurs, au moindre scandale que j’aurais pu causer. Q. « Où avez-vous appris cette doctrine et cette science malheureuses ? Et dans quel passage allez-vous le montrer ? R. « Je ne suis pas un grand érudit au point de pouvoir réciter les passages par cœur ; mais si vous me permettez d’aller chercher mon Nouveau Testament et un petit livre intitulé Dominicæ precationes (1), je vous le montrerai.
(1) M. A.-L. Herminjard a bien voulu mettre sa grande érudition à notre disposition pour l'éclaircissement que réclame le titre de l'ouvrage indiqué ici par Dongnon, comme ayant servi à l'amener à l'Evangile La question qui suit, et où il est fait mention de livres «venus de Genève, » semble indiquer que le pauvre prêtre avait avoué que les deux livres "susdits » lui étaient venus de Genève. Ne s'agirait-il pas de la Forme des Prières et Chants ecclésiastiques, publiée par Calvin (Genève, 1542), et dont il existe une traduction latine postérieure (Formula ecclesiasticarum præcationum)? Cette traduction n'aurait-elle pas été publiée à part, pour les pays étrangers, sous le titre de Dominicæ præcationes? Ce n'est là qu'une hypothèse, mais assez plausible. Un ouvrage, dont le titre se rapproche davantage de celui qui nous occupe, figure sur l'Index du concile de Trente, et a dû avoir plusieurs éditions. Il est intitulé: Dominica precatio digesta in septem parteis, iuxta septem dies, per Des. Eras.[mum], Rot.(erodamum]. « Chacune des demandes, » dit M. Herminjard, a est accompagnée d'une petite gravure sur bois, dont l'inspiration protestante se trahit par le fait que les sacrificateurs sont coiffés en évêques, et le tentateur habillé en moine portant un chapelet. Cet opuscule occupe les pages 225-270 du recueil intitulé : Præcationes Biblica sanctorum Patrum, Patriarcharum, Prophetarum, Judicum, Regum, Virorum et Mulierum illustrium Veteris et Noui Testamenti. Ovæ his accessere, sequens pagina commonstrabil. Lvgdvni, sub scuto Coloniensi, 1545. Et à la fin: Lvgduni, excvdebant loannes et Franciscvs Frellonii, fratres, 1545. La forme extérieure (lettres en rouge, calendrier, etc.) devait donner le change et faire passer le petit volume comme livre catholique; mais le fond est protestant.» Il est probable que c'est ce même opuscule d'Erasme que l'Index du concile de Trente mentionne sous le titre suivant, qui ne diffère que par une simple lettre du titre reproduit par Crespin: Dominica præcationis explanatio. Lugduni, apud Gryphium et alios.
Q. « N’avez-vous pas d’autres livres que ceux qui sont venus de Genève ? » R. « Il est vrai que j’en avais qui étaient en français ; mais craignant d’être pris par le brusloi, je n’ai actuellement que les deux susmentionnés. Q. « Connaissez-vous quelqu’un dans ce pays qui connaisse votre secte et votre doctrine ? » R. « Non. »
1) Par une faute d'impression, l'édition de 1619, contrairement à toutes les autres, a ici: «venus de Dieu, » au lieu de a venus de Genève.
[Touchant l'invocation des Saints]. D. Orfus, tu dois prier Dieu, la glorieuse Vierge Marie, les saints et les bienheureux du Paradis, et t’agenouiller pour demander pardon à Dieu, afin qu’il lui plaise de te rétablir dans la foi et l’unité de l’Église ; aussi que vous disiez le Salve Regina à la Vierge, en la priant comme votre avocate devant notre Seigneur Jésus-Christ. R. « C’est avec joie que je prierai Jésus-Christ, afin qu’il lui plaise d’obtenir pour moi la grâce et le pardon de la part de Dieu son Père ; mais quant à la Vierge Marie et aux saints du Paradis, je ne les prierai pas du tout ; car ils n’ont pas le pouvoir de m’aider, et encore moins que je veuille dire le Salve Regina et pour ce faire me mettre à genoux.
[Purgatoire]. Q. « Ne pensez-vous pas qu’il y a un purgatoire où les âmes vont faire pénitence pour leurs péchés, et que par les supplications des bonnes gens, par les messes, les veillées, les prières, les jeûnes et les aumônes, ils sont soulagés de leurs tourments et envoyés à la gloire de Dieu dans le paradis ? » R. « Je réponds qu’il n’y a pas d’autre purgatoire que le sang de Jésus-Christ seul, par laquelle nous sommes rachetés, puisqu’il a souffert la mort et la passion pour nous, et que les messes, les veillées et d’autres choses ne sont d’aucune utilité pour les âmes des défunts.
[Les fêtes], . Q. « Ne pensez-vous pas que nous devrions observer les fêtes d’obligation, comme le dimanche, les fêtes de Pâques, de Noël et de Notre-Dame, et d’autres fêtes commandées, et y cesser tout travail servile, comme labourer et faire d’autres tâches ? » R. « Je sais que le dimanche doit être observé pour certaines raisons, mais en ce qui concerne les autres fêtes, Je ne crois rien. Q. « Ne pensez-vous pas que les autres fêtes ordonnées de notre sainte mère l’Église doivent être observées, même si elles ne sont pas écrites dans l’Ancien et le Nouveau Testament ? » R. « Je ne crois pas du tout aux constitutions et aux ordonnances forgées et faites par les papes ou leurs adhérents. » Q. « Voulez-vous persister dans vos mauvaises opinions ? » R. « Je crois et je veux soutenir ce que j’ai professé, et je veux vivre et mourir dans la foi chrétienne et suivre les commandements de Dieu. » Les serviteurs dirent : « Eh bien, puisque nous perdons du temps avec vous et que vous vous déclarez un hérétique obstiné et obstiné, nous ordonnerons que vous soyez privé et dégradé de la tonsure cléricale et des ordres sacrés, puis livré et laissé au bras séculier et à la juridiction temporelle. » Cela fait, la sentence fut exécutée, qui lui fut prononcée peu de temps après, sous la forme et de la manière qui suit.
Entre le Procureur du Révérend Père en Dieu Monsieur l’Évêque de Limoges, demandeur et accusateur du crime d’hérésie, et M. Guillaume de Dongnon, natif de Jonchère, prêtre et vicaire dudit lieu, accusé et détenu prisonnier : Considérant les accusations et informations, les interrogations faites par Nous concernant la foi catholique, les hérésies et erreurs qu’elle contient, ses réponses et ses confessions, faites personnellement devant nous, et réitérées à plusieurs reprises, même signées par lui, par lesquelles il apparaît que, d’un cœur endurci et obstiné, il a toujours cru, soutenu et défendu plusieurs propositions erronées, hérétiques et scandaleuses contre la doctrine évangélique, la détermination de la Sainte Mère l’Église et la foi catholique, même contre le saint sacrement de l’Eucharistie, contre la vénération des saints, la confession auriculaire, le purgatoire, le jeûne et les prières, et d’autres sacrements et institutions de l’Église, plusieurs avertissements et exhortations lui ont été faits, tant par nous que par plusieurs personnes honorables qui nous assistent, pour le ramener à la vraie foi et à l’union de la sainte Mère l’Église, qu’il a refusé d’écouter, mais a résisté, répugné et est resté dans les hérésies et les erreurs susmentionnées par une grande obstination. Tout cela ayant été vu et considéré avec soin par le concile, que nous avons eu avec plusieurs prédicateurs de la parole de Dieu, que nous avons aussi appelé, le nom de Dieu invoqué le premier, par cette sentence définitive, nous avons déclaré et déclarons ledit de Dongnon comme un véritable hérétique, pernicieux et obstiné, Nous avons ordonné et ordonné qu’il soit privé et dégradé de la tonsure cléricale et des ordres sacrés, et comme tel abandonné au bras séculier et à la juridiction temporelle ; Nous l’avons condamné et condamné à une amende de cent livres tournois, applicable aux travaux nécessaires et raisonnables, et aux dépens du procès et des officiers, l’impôt de ceux qui nous étaient réservés. Ainsi signé, Alphonse Versellis, vicaire ; P. Benedictus, assesseur du Lord Officiel ; M. de Muret, I. Beaubrueil, F. Bechameil, G. Poylène, Essenault, M. Baliste.
[Pour enlever ce que nous laissons volontairement]. De cette sentence, ledit de Dongnon convoqua les gens du roi au tribunal présidial de Limoges, afin de présenter les torts et les griefs qui lui avaient été faits, déclarant qu’il n’était pas prêtre, et que c’était simplement un abus de leurs ordres qu’il avait pris, et qu’en conséquence il les avait quittés de son propre chef, et il n’était pas nécessaire qu’un évêque les lui enlève ; mais malgré ses appels, il fut dégradé le 19 dudit mois de mai, et livré à la juridiction temporelle. Et le vingtième jour dudit mois, les juges temporels s’assemblèrent pour l’interroger et pour faire des remontrances aux autres : mais sans s’étonner le moins du monde, il persista comme il l’avait fait dans ses premières dépositions. Voyant cela, lesdits juges ordonnèrent qu’on amenât un homme bien informé pour l’exhorter, afin de le faire revenir et de lui rendre la foi, s’il était possible ; et on envoya chercher M. Pierre de Mons, curé de la paroisse, à qui l’on chargea de l’avertir et de faire tous ses efforts pour le ramener. Ils ordonnèrent également que toutes les églises de la ville actuelle et des environs soient convoquées pour se consacrer à la prière, demandant à Dieu d’inspirer audit de Dongnon sa sainte grâce et sa miséricorde, afin qu’il puisse abandonner les erreurs fausses et condamnées contre la vraie et sainte foi catholique. De plus, comme ledit de Dongnon avait demandé un Nouveau Testament pour étudier et réfléchir sur sa situation, un tel Testament lui fut fourni. Et le lendemain, 21 dudit mois, les juges s’assemblèrent dans la chambre royale, et M. Pierre de Mons, ayant fait tout son possible à l’égard de M. Guillaume de Dongnon, rapporta qu’il était obstiné dans ses opinions condamnées, et qu’il lui aurait été impossible de le lui rendre, bien qu’il eût présenté de nombreux passages de l’Écriture sainte ; et les juges, indignés, rendirent le lendemain la sentence suivante contre lui, dont le contenu suit mot à mot.
« Vu le procès criminel que nous avons mené, demandé au Procureur du Roi, contre Guillaume de Dongnon, des audiences, des interrogatoires et des réponses réitérées, une autre procédure exécutée par le fonctionnaire de Limoges ou son assesseur, sentence prononcée par lui contre ledit de Dongnon, le quatre du présent mois, par laquelle il l’a déclaré hérétique ; conclusions dudit Procureur du Roi, etc. Tous considérés par le conseil, pour la réparation des cas scandaleux et des crimes, Le procès criminel que nous avons mené, demandé par le procureur du roi, contre Guillaume de Dongnon, des audiences, des interrogatoires et des réponses réitérées, un autre procès accompli par le fonctionnaire de Limoges ou son assesseur, une sentence prononcée par lui contre ledit de Dongnon, le quatre du présent mois, par laquelle il l’a déclaré hérétique ; conclusions dudit Procureur du Roi, etc. L’ensemble considéré par le conseil, pour la réparation des cas et crimes scandaleux et pernicieux contenus dans ledit procès et procédure, a condamné ledit Guillaume de Dongnon à être traîné sur une argile des prisons royales du siège actuel à la grande place publique, et à être brûlé vif. Nous déclarons et déclarons que les biens de ce susdite sont acquis et confisqués au Roi, et nous ordonnons qu’avant l’exécution du présent jugement, il soit soumis à la torture et interrogé pour déclarer et informer sur les auteurs, alliés, complices, et autres personnes de sa secte et de son erreur, et pour répondre à certains interrogatoires auxquels nous lui ferons répondre, de sorte que le souvenir du châtiment reste comme un exemple et inspire la peur aux méchants de commettre de tels crimes et de telles erreurs. Signé, I. Beaune, F. Lamy, P. Martin, De la borne, De grand chaut, Barmy, P. Gué, I. Cibot, Carneys Pradier. "
De cette sentence, ledit de Dongnon en appela devant Dieu et le Roi, disant qu’il soutenait la foi chrétienne et la parole de Dieu, mais on lui dit que, malgré son appel, la sentence serait exécutée.
[La question donnée à G. de Dongnon]. Et en effet, tout à l’heure, il a été placé sur le banc de la torture en présence de ceux qui précèdent, et interrogé sur l’endroit où il a appris cette doctrine qu’il défend. R. « Je l’ai appris (a-t-il dit) dans l’Ancien et le Nouveau Testament et dans l’Évangile de Dieu. » Q. « Ne connaissez-vous personne de votre secte ? » R. « Non ; même avant Noël, j’errais dans la foi comme les autres ; mais depuis lors, Dieu m’a inspiré à croire ce que je crois. Q. « N’êtes-vous pas allé dans un endroit secret pour apprendre cette doctrine ? Et n’y a-t-il personne qui vous ait suivi ? R. « Je ne suis allé dans aucun endroit secret pour l’apprendre, et je n’ai ni entendu prêcher, ni lire, ni réprouvé, ni réprouvé, et je crois que ce que j’ai établi est la vraie foi. » Q. « Qui vous a conduit à respecter ces paroles et à aller à Genève ? » R. « Personne ne m’en a parlé, loin de m’avoir poussé à le faire ; mais c’était de mon propre chef, et je voulais y aller pour voir s’ils avaient une autre foi que celle que j’ai déposée ici, et comment ils vivent. Après avoir eu les mains et les pieds attachés audit banc, et une pierre sur le dos d’un âne sur le dos, et s’être fait tirer une roue du pied de la roue, ils lui demandèrent qui étaient ses complices, et qu’il devait prier la Vierge Marie et les Saints de l’aider contre Dieu, et quels livres il avait dans sa maison lorsqu’il a été emmené. Le pauvre malade s’exclama : « Miséricorde, ô Jésus, je n’ai ni complices ni livres, sauf le Nouveau Testament et le livre de la Dominicae Precationes, et je ne sais pas s’ils ont été pris. Il y avait aussi un livre de saint Augustin sur saint Jean.
En lui donnant un autre tour de roue, ils lui demandèrent l’endroit où ils prêchaient et où il avait appris cette doctrine pour la première fois. Il répondit : « Je vous ai déjà dit que personne ne me l’a enseigné ; il est vrai qu’un médecin de passage à Saint-Léonard m’a dit que si je voulais aller à Genève, il me nourrirait, mais il n’avait pas de pouvoir quand il était en route. Et pour cela, il a été relâché, et la pierre a été offerte, et de nouveau interrogée. Q. « Ne voulez-vous pas revenir à la foi catholique et déclarer qui vous a enseigné cette doctrine ? » R. « Je persiste dans ce que j’ai dit. » Q. « Pourquoi ne croyez-vous pas ces savants qui ont signalé vos erreurs ? » R. « Je ne sais pas s’ils sont savants, mais ce ne sont pas de bonnes personnes, de m’attirer et de me condamner ainsi à tort ; cependant, j’accepterai la mort volontiers, et ne me demande rien d’autre, car tu perdras ton temps.
Or, constatant la constance dudit Dongnon, les juges convoquèrent deux Cordeliers pour le confesser, pensant que cela serait bénéfique, mais le malade répondit qu’il ne voulait pas de ces gens déguisés, ne voulant se confesser qu’à Dieu seul, et qu’ils devaient étudier le Nouveau Testament et se soumettre comme lui à la loi et à la vérité de Dieu ; bref, qu’ils le laisseraient tranquille. Mais ceux-ci, non satisfaits, l’exhortèrent de nouveau à se confesser à un prêtre en l’honneur de la passion de Jésus-Christ, ce à quoi il répondit qu’il ne le ferait pas, et qu’il n’y a ni pape, ni évêque, ni prêtre qui ait le pouvoir de l’absoudre.
Ensuite, ayant été tiré des prisons du roi, il fut lié entre les mains du bourreau et placé sur un bloc, avec une bride qui tenait un esteuf dans sa bouche, ce qui le rendit complètement défiguré, de sorte qu’il ne pouvait pas parler.
(1) L'esteuf ou éteuf était une petite balle pour jouer à la paume. Comme la suite l'indique, cette balle était remplie de poudre à canon qui, lorsque la flamme l'atteignit, fit explosion et acheva le patient.
Arrivé sur la place publique, appelée Des bancs (1), il fut débridé ; il y avait le lieutenant criminel qui lui a dit que s’il voulait se rétracter, il lui accorderait la miséricorde, ce à quoi il n’a rien répondu mais, insistant constamment, a invoqué le Seigneur. Furieux, ce lieutenant dit au bourreau : « Bride, bride » ; et aussitôt on l’attacha au poteau et on le lia avec une chaîne de fer autour du corps, et il y avait au poteau un trou par lequel passait une petite corde qui avait été placée pour l’étrangler ; mais comme le bourreau s’approchait de lui, ce lieutenant, mû de rage et de rancune, voyant la constance et la patience de ce martyr, cria à haute voix au bourreau : : « Enlevé, enlevé, expédié, je veux qu’il soit brûlé vif. » Et le bourreau ayant mis le feu au bois, l’œuf qu’il avait dans la bouche plein de poudre à canon, sentant la flamme du feu, éclata et étouffa ledit Dongnon, qui, la tête baissée reniflant la fumée, expira. Il endura cette mort avec tant de constance et d’amertume, que, bien qu’il ne pût parler, il démontra par des gestes et des visages extérieurs que tout ce qu’il avait était dans le ciel, y ayant toujours les yeux attirés et fixés.
(1) La place des Bancs, où fut supplicié du Dongnon, existe encore à Limoges et porte le même nom. C'est le marché aux légumes. Elle comprenait anciennement le pilori, la boucherie (ou bancs charniers et la place du marché. La place tire son nom des bancs que les revendeuses (vulgo: regrattières) et les bouchers y installaient. La place des Bancs était le lieu des exécutions. Au temps de la Ligue, deux gentilshommes huguenots y furent décapités. « Au mois d'octobre 1579...., » disent les Annales de Limoges - (manuscrit de 1638) - « furent pris dans le faubourg Manigne quelques-uns d’entre eux, qui, attaqués et convaincus de complot contre la ville, furent punis et eurent la tête tranchée place des Bancs, le 12 du dict." D'un autre côté, le premier registre consulaire de la ville de Limoges, t. II, p. 441, donne les détails de cette conspiration qui coûta la tête à Innocent de Prinçay, sieur dudit lieu en Berry, et Bigot, sieur du Bouschet, dans la Basse-Marche, décapités sur la place des Bancs, près du Pilori. Ils furent, comme du Dongnon, mis à la question. La question en usage à Limoges était celle des brodequins.
(2) Cette courte notice ne figure pas dans l'édition de 1570, la dernière publiée par Crespin. Par une singulière inadvertance, elle figure deux fois dans toutes les dernières éditions du Martyrologe : d'abord ici même, dans le Ve livre, puis, dans le VI, sous le titre de « Deux libraires à Autun, » à la suite de la notice sur les Cinq de Chambéry. Il est étrange que cette inadvertance ait échappé aux continuateurs de Crespin et ait été conservée dans cinq ou six éditions successives. Cette notice se trouve identiquement reproduite dans l'Hist. ecclés. de Bèze, t. I, p. 55.
La même année, à Autun, cité épiscopale du Parlement de Dijon, dans la paroisse de La Crotee, pendant les fêtes de Pâques, le Ciboire tomba du grand autel, répandant les hosties partout sur le sol, soit parce que la corde à laquelle il était suspendu était pourrie, soit (comme certains le prétendaient) parce que des enfants, vouloir avoir les hosties, l’avait fait tomber. L’incident fut largement connu, et il y eut une rumeur soudaine selon laquelle des luthériens étrangers avaient fait cela, et il fut décidé de fouiller les maisons pour voir s’il n’y avait pas d’étrangers présents. C’est la raison pour laquelle deux individus trouvés dans la maison d’un pauvre tisserand, avec quelques ballots de livres religieux, qu’ils prétendaient avoir apportés et qu’ils avaient l’intention d’emporter en France, furent bientôt emmenés en prison, où, après avoir été torturés à propos de l’affaire précédente, ils montrèrent qu’ils n’en savaient pas grand-chose. Cependant, après avoir fait une confession pleine et entière de leur foi, ils furent condamnés à être brûlés, ce qui fut fait avec une constance remarquable qui édifia beaucoup de gens. Quant à leurs livres, au lieu d’être dans les ballots, on bourrait de vieux registres et de vieux papiers, et les livres étaient partagés entre quelques-uns des fonctionnaires, dont un nommé Guillaud, docteur de la Sorbonne et chanoine théologal d’Autun, un homme de lettres qui avait un certain sens de la religion, de sorte qu’il en fit plusieurs meilleurs hommes que lui.
JEAN CARDMAKER & JEAN WAREN (1)
(1) John Cardmaker dit Taylor et John Warne. Voy. Foxe, t. VII, p. 77-86. Cardmaker était chanoine résident de Wells, et avait été vicaire de Saint-Bridget à Londres.
Dans l’exemple de Cardmaker, nous pouvons voir combien le soutien du Seigneur est grand et excellent lorsque les fidèles sont dans le doute, ou lorsqu’ils sont troublés par les tentations, et que sans sa direction, toute la connaissance que nous avons acquise ne sera que poussière ou paille qui sera emportée à la merci de nos ennemis.
[Barle, Evêque de Baden]. Il a été mentionné ci-dessus à propos de John Cardmaker, à l’endroit où il a été fait mention de l’emprisonnement de Saunders (1). Celui-ci, titulaire d’une prébende de l’église de Wellen (2), du temps du roi Édouard, s’était fidèlement employé à publier la parole de l’Évangile. Mais dans la dissipation et la ruine de l’Église, il fut pris avec Barle, évêque du diocèse de Bade (3), et après cela il fut fait prisonnier à Londres. Les parlements n’avaient pas encore aboli les ordonnances et les statuts que le roi Édouard avait fait publier auparavant, et le droit judiciaire (qu’ils appellent l’Office) (4) n’était pas encore retourné entre les mains des évêques. Or, dès que le pouvoir et l’autorité ont été accordés aux évêques pour maintenir leur autorité, ils ont fait sortir, parmi beaucoup d’autres, ces deux-là de prison, pour être interrogés et interrogés sur leur doctrine. Le chancelier, revenant à son ancienne chanson, leur offrit la miséricorde de la reine, pourvu qu’ils changent de foi et de religion, et qu’ils se montrent dociles et obéissants à leur princesse.
(1)Voy. plus haut, la notice sur Saunders.
(2) Wells.
(3) Barlow, évêque de Bath and Wells.
(4) After the bishops had gotten power and authority, ex officio, to exercise their tyranny. »
Ils répondirent si vivement que l’évêque et ses complices les laissèrent partir sains et saufs, les jugeant suffisamment catholiques. Et s’ils l’ont fait par faiblesse, ou plutôt si cela a été fait par la dissimulation astucieuse et minutieuse du chancelier, on ne peut pas dire comment cela s’est produit, si ce n’est que ce dernier semble plus plausible, de sorte que ce renard pourrait avoir quelque argument et prétexte pour une rétractation feinte, qu’il pourrait proposer à d’autres d’imiter. ou pour affronter ceux avec qui il devait avoir affaire. Cela arrivait parce que chaque fois qu’il avait une raison de lutter contre les autres, il évoquait les noms de Cardmaker et de Barle, les louant comme des hommes d’une grande gravité, d’une grande prudence et d’une grande doctrine. Si bien qu’en ce qui concerne leur réponse, quelle qu’elle soit, Barle reçut l’ordre de retourner en prison, d’où il s’échappa par je ne sais quels moyens, et de là se rendit en Allemagne, où il était comme relégué.
(5) « De Anglim rebus pauca et minus suavia hæc habeo. Finito Parliamento, convocari curavit Vintoniensis omnes Londini vinctos propter verbum Domini numero 80, et cum iis pollicitationibus, præmiis et minis egit, utt palinodiam canerent. Omnes per sisterunt constantissime, exceptis his duobus: Berloo, Bathoniensi quondam episcopo et Cardinakero, ejusdem ecclesie. ut puto, archidiacono. Hi enim illi cesserunt. » (Lettre de Thomas Sampson, réfugié anglais, à Calvin, datée: Strasbourg, 23 février 1555. Calvini Opera, XV, 448). a Vintoniensis » signifie Etienne Gardiner, évêque de Winchester. Strype (Eccl. Mem., ilI, 1, P. 241) dit au sujet de Barlow: Il fut forcé par Gardiner et d'autres papistes, non seulement d'abjurer, mais de composer un livre de rétractation, ce qu'il fit pour sauver sa vie.»
Mais Cardmaker a été placé dans une autre prison, où peu de temps après John Saunders a été enfermé, comme nous l’avons vu ci-dessus. Cela ne s’est pas fait sans une providence singulière de Dieu. En fait, Cardmaker, ayant la familiarité de Saunders, a gagné plus de force dans la défense de l’Évangile. Quant à Boner, évêque de Londres, promettant tout à Cardmaker, il répandit partout qu’il le libérerait bientôt de prison, après avoir souscrit à la Transsubstantiation et à d’autres articles. Le cartier, restant ferme dans ses bonnes intentions, et ne cédant pas aux belles promesses ou aux menaces qui pouvaient lui être faites, montra combien les vantardises de l’évêque étaient vaines, et combien le peuple y avait cru aussi trop légèrement.
Or, après que Saunders eut été séparé de lui, qu’il eut été conduit à la mort (comme mentionné ci-dessus), et que Cardmaker eut été laissé seul en prison, il fit face à de nombreux assauts de la part des papistes, qui avaient longtemps un grand espoir de l’attirer à leurs cordelle (1). Plusieurs y travaillaient, et souvent venaient par groupes, faisant tout ce qu’ils pouvaient pour l’en dissuader : ils discutaient, ils le menaçaient, ils l’effrayaient, ils le suppliaient, ils le flattaient. Se voyant assailli de tant de façons, et incapable de se libérer de leurs embûches, il leur demanda de mettre par écrit leurs arguments, et qu’il y répondrait aussi par écrit.
(1) Petite corde. Mot employé ici dans le sens où s'emploie vulgairement aujourd'hui le mot correspondant: ficelle.
[Cette superbe légine est un théologien inepte]. Un médecin légiste, entre autres, a demandé que cette charge lui soit donnée, pour écrire. Ce docteur s’appelait Martin, et fut nommé par le chancelier, ayant été formé à son école pour tromper et induire en erreur, homme d’assez bonne intelligence parmi les papistes, s’il avait voulu utiliser les talents qu’il avait pour défendre la vérité et la justice, plutôt que pour se livrer à de viles flatteries, ou s’il s’était modestement enfermé dans les limites auxquelles sa profession l’avait restreint. et n’avait pas dépassé les limites que sa vocation lui permettait. De même qu’en cela il se montra plus un partisan impudent qu’un Théologien prudent, il acquit aussi par sa foi plus de déshonneur que de profit pour les autres, et excita beaucoup plus de disputes futiles dans l’Église que d’édification nécessaire. Cela fut suffisamment démontré par un petit livre, qu’il composa en langue vernaculaire en 1554, par lequel il suscita de grandes tragédies contre le mariage des prêtres.
[Mort de Cardmaker]. Ce bon docteur entra donc dans la bataille contre Cardmaker, pour soutenir la Transsubstantiation et d’autres articles. Cardmaker écrivit aussi contre lui et réprima habilement l’orgueilleuse audace de ce docteur, lui rappelant que, s’il avait été vraiment sage, il serait resté dans ses limites. De cette façon, Cardmaker, après avoir été poursuivi pendant longtemps et à plusieurs reprises, n’en resta pas moins inébranlable jusqu’au supplice d’une mort cruelle, qu’il endura peu de temps après, au marché de Smithfield dans la ville de Londres, et il l’endura aussi paisiblement qu’il avait toujours défendu sa cause.
[Déclaration plus particulière de la mort de Cardmaker]. Jean Waren, un revendeur (3) résidant dans la ville de Londres, a été condamné à être brûlé avec Cardmaker. Quand tous deux furent arrivés sur le lieu de l’exécution, Cardmaker fut appelé à part par les Eschevins (4) de la ville, à qui il parla si longtemps que Waren eut le temps de terminer sa prière, de se déshabiller et d’être attaché au poteau. En fin de compte, tout ce qui était nécessaire pour le brûler était déjà préparé, et il y resta un certain temps en attendant que le feu soit allumé dans le bois qui l’entourait. Tandis que Cardmaker s’adressait aux échevins, les gens étaient dans une grande inquiétude et une grande crainte ; car ils avaient déjà entendu des murmures sur la rétractation de Cardmaker, et, amenés à quelque soupçon, ils ne s’attendaient à rien d’autre qu’à ce qu’il fût forcé de se rétracter devant les cendres de Waren. mais, après que ces paroles furent achevées, Cardmaker, sortant des Échevin, se rendit à l’endroit où son compagnon était déjà attaché, et étant encore vêtu des vêtements qu’il avait alors, il s’agenouilla aussitôt et pria longtemps en silence sans être entendu des autres. Et cela augmenta encore la méfiance du peuple, d’autant plus que, d’abord, il était encore habillé et priait en silence, et de plus, il ne montrait aucun signe qu’il voulait faire une exhortation. Bref, Cardmaker était dans un état douteux et très dangereux.
(3) Upholsterer, marchand de meubles et de tapis.
(4) Les shérifs.
[Ses tentations]. Il avait toujours la liberté de se rétracter. S’il refusait la condition qui lui était offerte au nom de la reine, il voyait la mort présente devant ses yeux, et l’affaire ne pouvait être différée. Il n’eut pas le loisir de délibérer longtemps. Des deux côtés, ils attendaient sa réponse et ses actions. Il voyait le danger de tous côtés, le danger pour le corps, le danger pour l’âme d’un autre. Sa conscience le tourmentait d’un côté, et de l’autre, son esprit était misérablement agité par la crainte de la mort. Mais de même qu’il voyait le danger des deux côtes, il prévoyait aussi la récompense , la vie et la victoire ; un monde facile, mais temporel ; l’autre au ciel, immortelle, mais dangereuse ; D’ailleurs, ce choix lui était laissé, qu’il aurait aimé choisir parmi les deux. Les Eschevin lui avaient permis (on peut facilement le conjecturer) de choisir ce qui lui semblait le mieux. Il avait grand besoin de l’aide immédiate de Dieu, qui n’a pas abandonné ce pauvre homme dans sa nécessité. Car, après que Cardmaker eut achevé sa prière, il se leva et se déshabilla jusqu’à sa chemise de son plein gré, et ayant fait cela, il courut vers son compagnon Waren à l’endroit où il était attaché pour être brûlé, et, étendant ses bras et ses mains, il baisa le poteau et donna sa main à Waren. l’encourageant à prendre courage ; puis, ensuite, il s’est présenté de son plein gré et sans résistance pour être attaché.
[Joie du peuple Chrétien]. Le peuple, voyant cela, contre toute attente, fut aussi joyeux qu’il avait été troublé auparavant, et se mit à crier fort, aussi fort qu’il n’en avait jamais entendu ensemble ; et tous s’écrièrent d’une seule voix et d’un commun accord : « Béni soit Dieu. Fabricant de cartes, que le Seigneur te fortifie, que le Seigneur Jésus reçoive ton esprit. Et le peuple ne cessa pas de continuer cette acclamation jusqu’à ce que le feu soit allumé et que tous deux aient rendu leurs esprits au Seigneur comme un sacrifice d’un doux parfum. C’était le dernier jour de mai de l’année 1555. Or, Waren, qui était citoyen de la ville de Londres, avait fait une confession complète de sa foi la veille de son emmené, après avoir brièvement expliqué le Credo des Apôtres, et avec cela il déclara ouvertement son opinion sur la doctrine des sacrements, se disculpant suffisamment contre la condamnation de ses adversaires (1).
(1) Cette famille donna trois martyrs à la réformation anglaise. Mary Warne, femme de John Warne, souffrit le martyre au mois de juillet suivant, et sa fille, Joan Lashford, fut brûlée le 27 janvier 1556.
(2) Voy. Foxe, t. VII, p. 90-97, où toutes les pièces de cet étrange procès sont reproduites.
Ce récit, qui peut paraître ridicule à première vue, nous est présenté pour mettre en évidence la cruauté, ou plutôt la brutalité, que les adversaires infligent aux morts ; en cela, nous noterons qu’il existe différents types de persécutions que Satan incite dans le cœur de ses disciples, les mettant dans un état de malaise et de rage continuelle.
[Les Espagnols caressés en Angleterre]. Les Espagnols étaient en vogue en Angleterre à cette époque, en raison du mariage de la reine Marie avec Philippe, roi d’Espagne. Il y avait dans la ville de Londres un homme nommé William Toulee (1), un de ceux qui n’ont d’autres moyens de vivre que de servir dans les cours des princes ou dans les familles des grands. Ayant rencontré un Espagnol, il a pris son argent de force. C’était un crime détestable et énorme, et il était considéré comme encore plus grave parce qu’il avait été commis contre quelqu’un du pays auquel la reine avait une grande faveur et toute la cour avec elle.
(1) Foxe le nomme John Tooley.
Après que la justice eut été informée du fait, Toulee, reconnu coupable de vol, fut condamné à la pendaison ; il fut donc emmené à Charing Cross (2) pour être exécuté. Avant de mourir, il dit beaucoup de choses au peuple, comme s’il s’agissait d’une remontrance, et fit une prière que les Anglais avaient l’habitude de dire dans les églises à l’époque du roi Édouard : « Que le Seigneur les délivre des erreurs détestables de la papauté et de la cruelle tyrannie de l’Antéchrist Romain (3). »
(2) Charing-Cross, rue de Londres.
(3) C'est la litanie dite de Henri VIII: " From the tyranny of the Bishop of Rome, and all his detestable enormities, good Lord, deliver us. "
Toulee, à l’occasion d’une telle prière, tomba après sa mort dans cette tyrannie écrasante partout. Dès que la rumeur se fut répandue et qu’elle fut parvenue aux oreilles des prêtres et des évêques selon leur coutume, ils firent grand bruit, se mirent en colère et tinrent conseil de ne pas subir un tel outrage contre le siège romain. Ayant assemblé leur synagogue comme pour mettre quelque chose de nécessaire et de grande importance à l’ordre du jour, la question de Toulee a été proposée, des conseils ont été pris et une décision a été prise ; finalement, après de longues enquêtes, bien que les opinions fussent diverses, ils se décidèrent sur l’opinion de ceux qui croyaient que la sainteté du très saint Père de Rome, ainsi outragée, devait être vengée par le feu.
[Le Cardinal Polus persécute les morts]. Nous voulons dire que le cardinal Pol (4) était l’auteur de cette opinion, car de même que le chancelier Gardiner et l’évêque Boner déchaînaient leur rage contre les vivants, de même les fulminations de Pol n’étaient guère dirigées contre les morts, et lui seul était disposé à assumer cette charge particulière, et on ne peut pas dire pour quelle raison il a fait cela. sauf qu’il ne voulait pas être aussi cruel envers les vivants (il avait connu la vérité avant de devenir cardinal) que ces deux-là, et peut-être pensait-il par ce moyen maintenir sa réputation et laisser entendre qu’il favorisait le parti papiste.
(4) Le cardinal Pole, légat pontifical. Voy. p. 93.
[Les suppôts de l'Antéchrist en veulent aux morts & aux vivants]. Puis, après avoir été pendu et étranglé, et enterré selon la coutume, sur ordre des évêques, il fut sorti de la fosse dans laquelle il avait été placé. Et sans rien omettre de leur style, ils le firent citer comme hérétique et le condamner à être brûlé. Des avis de citation étaient apposés sur les portes de la cathédrale Saint-Paul de Londres. Et comme il n’a pas comparu lorsqu’il a été ainsi cité, la suspension a été prononcée de la manière habituelle, et comme une seule suspension n’était pas suffisante, l’excommunication a également été ajoutée. Après que la forme et la solennité eurent été ainsi conservées, un procureur fut nommé qui devait répondre, à la place du défunt, aux articles récités publiquement dans le jugement. Il fut condamné comme hérétique et livré au bras séculier, à savoir les juges pénaux de la ville de Londres. Ils prirent ce pendu excommunié, convaincu et condamné comme hérétique, et le firent placer sur un tas de bois pour le brûler, afin que le souvenir de cet acte dure à jamais, et que l’odeur d’un sacrifice si agréable puisse atteindre les narines du pape, leur seigneur. Ces actions ont été menées à Londres le 4 juin de cette année 1555.
(1) Voy. les notes du t. 1, p. 575, sur Bucer, Fagius et Martyr.
(2)) Voy. sur le procès fait aux cendres de Bucer. de Fagius et de la femme de •Pierre Martyr, Foxe, t. VII1, p. 268-297.
[Bucer & Fagius déterrés]. Le même coup de foudre du cardinal Pol pénétra jusqu’aux os d’autres personnages notables de bienheureuse mémoire, à savoir MARTIN BUCER et PAUL FAGIUS, professeurs de lettres sacrées à l’université de Cambridge, où ils étaient morts presque en même temps, l’un après l’autre. Ils furent exhumés avec la même solennité que la fois précédente, condamnés, et ce qui fut trouvé de leurs os fut brûlé et réduit en cendres environ deux ans après leur mort.
[La femme de Pierre Martyr déterrée]. Et pour que ce cardinal ne manque pas de rendre hommage à sa fidélité au Siège romain (en tant que légat suprême de celui-ci), il accomplit un acte similaire à l’autre université d’Angleterre, qui est Oxford, sauf que, en raison de l’absence d’un défunt célèbre, il eut la femme de Pierre Martyr (qui s’était échappé d’Angleterre, ayant été professeur de théologie à cette université), femme de bonne et sainte réputation, et ce qui a été retrouvé de son corps a été jeté en disgrâce sur un tas de fumier près de trois ans après sa mort.
Cet exemple s’adresse particulièrement à ceux qui ont eu le privilège d’être instruits dès leur jeunesse dans la pure doctrine de Dieu, car Haux était tellement dans la fleur de l’âge qu’il n’a pas beaucoup considéré sa vie par rapport à cette doctrine, et il est si mort qu’il a montré que dans cette doctrine il espérait trouver la vie. Il y a des choses similaires à considérer.
(3) The History and Martyrdom of the worthy servant of Christ, Thomas Haukes, Gentleman. Foxe, t. VII, p. 97-118.
Parmi plusieurs excellents individus qui moururent au mois de juin, il y avait un jeune homme nommé Thomas Haux, qui rendit illustre cette persécution. Il était originaire du comté d’Essex, descendait d’une famille honnête de noble lignée, et avait été élevé à la Cour, nourri dans le plaisir et l’abondance de son enfance. Il était beau, de belle taille et orné de grâces extérieures ; mais il possédait une vertu qui surpassait tout cela, à savoir la dévotion et l’affection pour la vraie religion, de sorte qu’il n’y a guère de jeune homme qui se soit soutenu plus sagement dans sa cause, plus honorablement dans sa vie, ou plus fermement dans la mort. Ayant commencé à suivre la cour, il servit le comte d’Oxford pendant un certain temps, étant agréable à tous les membres de cette famille, tant que le roi Édouard vécut et que la vertu prévaudra ; mais après la mort du roi, la religion ayant été renversée, la crainte de Dieu non seulement s’est refroidie mais a également été exposée à des dangers, Haux a changé de lieu, abandonnant la cour, et s’est retiré chez soi, afin de jouir librement de sa conscience et de se consacrer au service de Dieu.
[Thomas abandonne la Cour]. Alors qu’il se reposait dans sa maison, un fils lui naquit, pour lequel il avait déjà différé le baptême de trois semaines, car il ne voulait pas permettre que son enfant soit baptisé à la manière des papistes. Les adversaires, incapables de supporter cela, firent tellement qu’il fut d’abord amené au comte d’Oxford et accusé de mépriser les sacrements de l’Église, en particulier le baptême. Ce comte renvoya toute l’affaire et l’homme avec des lettres et un messager à l’évêque Bonner. L’évêque garda Haux avec sa famille pendant un certain temps, avec laquelle il eut de nombreuses discussions et le testa de diverses manières ; mais voyant qu’il n’y avait plus d’espoir de le détourner de son opinion, n’admettant aucune condition qui serait au détriment de sa conscience, il le fit mettre dans la prison de Westminster.
Mais, avant de passer dans l’histoire, notons les procès et les procédures que ce Boner a intentés contre Haux, qui ont été écrits par lui lui-même, et traduits par la suite comme suit :
[Lettres du Comte d'Oxford à Boner]. « Le 24 juin de l’année 199, le comte d’Oxford me confia à l’un de ses serviteurs pour me conduire chez Bonner, évêque de Londres, avec des lettres qu’il lui écrivit, en cette substance : « Révérend Père dans le Christ, je vous envoie un certain Thomas Haux, qui a gardé son propre enfant dans le comté d’Essex pendant trois semaines sans le faire baptiser. Interrogé à ce sujet, il a répondu qu’il ne baptiserait pas son fils de la manière qui est maintenant acceptée dans l’Église. Et pourtant, nous avons convenu de vous l’envoyer afin que vous puissiez le traiter selon votre sagesse.»
Après avoir reçu ces lettres, l’évêque me les a données, et quand il les a lues ; Après en avoir lu le contenu, je me suis dit qu’il ne serait pas dans mon intérêt que le jugement de l’affaire soit confié à cet évêque. Là-dessus, il me demanda ce qui m’avait poussé à garder mon fils si longtemps dans ma maison sans le faire baptiser. R. « Parce qu’il nous est commandé de ne rien recevoir qui aille à l’encontre de la sainte ordonnance de la parole de Dieu. » Q. « Mais quoi ? Le baptême a été institué par la parole et l’ordonnance du Seigneur. R. « Je ne méprise pas l’institution du baptême, puisque c’est la question dont je discute principalement et que j’exige de vous par-dessus tout. » Q. « Que reprochez-vous donc ? » R. « Toutes les choses qui ont été ajoutées par les hommes, en dehors de l’ordonnance divine. » Q. « Qui sont-ils ? »
[Les choses reprouvées au Baptême]. R. « L’huile, le chrême, le sel, la salive, le cierge, l’exorcisme ou la conjuration de l’eau, et d’autres choses semblables. » D. « Rejetterez-vous les choses que tous et vos prédécesseurs ont, par leur autorité et avec un si grand consentement, approuvées jusqu’à cette heure dans l’Église, et qui nous ont été données comme de main en main ? » R. « Je ne sais pas ce que mes pères ont fait, ni ce que tout le monde a commandé, mais c’est à nous d’acquiescer à tout ce que Jésus-Christ a ordonné et ordonné. D. « L’Église catholique l’a enseigné ainsi. » R. « L’Église catholique est la congrégation des fidèles dispersés dans le monde entier, dont la tête est Jésus-Christ. » D. « N’avez-vous pas lu comment Jésus-Christ promet à saint Jean de donner son Esprit réconfortant à ses fidèles, pour les enseigner et les conduire en toute vérité ? R. « Je confesse cela, afin qu’il enseigne toute la vérité conformément à la parole de Dieu, et non aux ordonnances et aux traditions des hommes. » D. « Je vois bien que vous êtes de ceux qui ne peuvent rien souffrir ou n’admettre dans l’Église que les Écritures. Et il y en a certainement beaucoup dans votre pays, qui forment cette faction. Ne connaissez-vous pas Knygth et Piggot (1) qui sont de votre pays ? »
(1) Voy. plus haut, p. 145.
[Knygth & Piggot]. R. « Je connais bien Knygth, mais je ne connais pas l’autre. » D. « J’aurais pensé que vous aviez acquis la connaissance et la familiarité avec une telle sorte de gens, qui sont de votre mode de vie, et cela est aussi suffisamment déclaré par l’opinion que vous avez des Écritures. Dites-moi quels prédicateurs vous avez là-bas dans l’Essex. R. « Je n’en connais aucun. »
[Baget]. D. « Entre autres choses, ne connaissez-vous pas un homme qui s’appelle Baget ? » R. « Je le connais bien. » D. Le reconnaissez-vous si vous l’avez vu ? R. « Oui, comme je le pense. » Entre-temps, BAGET (2) entra et Boner lui dit : « Baget, connais-tu ce brave homme ? » Baget a répondu : « Je le connais. » « Et quand nous nous sommes serrés la main. Là-dessus, Boner lui demanda : « Qu’en dis-tu, Baget ? Ce rustre a un enfant qu’il garde dans sa maison, sans le faire baptiser, et persiste dans son opinion qu’il n’administrera pas le baptême à son fils, selon la manière dont le baptême est administré aujourd’hui. Dites-moi votre opinion à ce sujet ? Baget, à la manière de la Cour, répondit : « Monsieur le Révérend, je n’ai rien à dire là-dessus. » Boner, agacé, lui dit : « Alors tu ne veux rien dire ? Je trouverai un moyen de vous faire déclarer si cette manière et cette cérémonie du sacrement du baptême, qui est dans l’Église, sont louables ou non. Baget insista : « Monsieur, je vous en supplie, N’usez pas de rigueur contre moi ; Il est vieux, qu’il réponde de sa foi. Boner appela un officier et lui dit : « Fais venir le portier chez moi, je te donnerai des souliers de bois et je te garderai en prison, et tu n’auras que du pain à manger et de l’eau à boire ; Je vois bien que je vous ai trop épargné jusqu’à présent. »
(2) Nous ne savons rien de plus que ce qu'il y a ici sur ce Baget.
Peu de temps après, l’Evêque se retira dans les jardins, où il s’assit, et ordonna qu’on lui envoyât Baget, à qui j’étais aussi appelé, et l’Evêque se mit à dire ainsi : « Que dites-vous du baptême, que l’Église a maintenant ? Parlez ouvertement : pensez-vous qu’il devrait être utilisé dans l’Église, ou pas ? Réponds-moi à cela, Baget. BAGET. — Je le crois, monsieur le Révérend. Bo. « Vraiment, vous méritez d’être insulté et insulté. Insensé que tu es, pourquoi n’as-tu pas parlé ainsi dès le commencement ? car vous avez blessé la conscience de ce pauvre ignorant par votre réponse insensée. Et s’adressant à Haux, il dit : « Vous voyez que cet homme est revenu à la raison. » H. « Ma foi n’est pas basée sur cet homme ici-bas, né sur vous, monsieur, né sur un homme qui est dans le monde, mais elle est fondée sur un certain Jésus-Christ, auteur et confédérateur de notre foi. » Bo. « Je sais que vous êtes rebelle et que vous avez le cœur obstiné, c’est pourquoi nous devons en trouver un autre pour vous faire céder. » signifie « Je suis déjà résolu et prêt à endurer tout ce qui sera ordonné contre moi ».
[Un principal du collège d'Eurypil (1)].
(1) Collège de Broadgates, d'après Foxe.
Entre-temps, ils allèrent dîner. Quant à moi, j’étais assis à la table du maître de l’auberge, et après qu’ils eurent fini de dîner, les prêtres et les autres serviteurs de l’évêque se mirent à faire des remarques de part et d’autre. Entre autres, il y avait un chef du collège d’Oxford, un proche parent de l’évêque, qui disait qu’il était plus curieux que nécessaire, et qui avait cette opinion : « Vous autres, vous ne pouvez porter que ce beau livre divin », c’est ainsi qu’il se référait au Nouveau Testament. H. « Ne pensez-vous pas que ce livre suffit pour le salut ? » Il répondit: « Je crois qu’il est suffisant pour le salut, mais pas pour l’instruction. » H. « Je désire que ce salut vienne à moi, et quant à cette instruction, gardez-la pour vous. » Pendant que nous discutions, l’évêque est arrivé. Bo. — Mais quoi ? Ne vous ai-je pas défendu de parler à qui que ce soit ? H. « Je vous ai aussi demandé de mon côté qu’aucun de vos médecins ou serviteurs ne me provoque à répondre. » De là, nous avons été de nouveau conduits dans le jardin, où l’évêque a commencé à parler de cette manière : « Qu’en dites-vous ? Ne permettrez-vous pas que votre fils soit reçu au baptême, selon la forme du livre qui était en usage à l’époque du roi Edouard VI ? H. « Certainement, je le désire vivement et de toute mon affection. » B. « Je le pensais ; Mais regardez, vous avez maintenant la même forme de fait. La forme et la substance de la vérité sont : Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ce que je ne nie pas, c’est suffisant en cas de besoin. Maintenant, pour qu’il n’ait pas l’air que nous ne voulons rien faire pour vous, vous pouvez rester dans ma maison, si cela vous semble bon, et cependant votre enfant sera baptisé sans votre consentement. H. Si j’avais voulu accepter cette condition, il n’aurait pas été nécessaire que je sois amené ici, car cette même condition m’a été offerte pour la première fois chez le comte d’Oxford. B. « Vous êtes plus audacieux que ne le permet votre âge, et il se peut bien qu’une opinion de réputation vous conduise, de sorte que vous puissiez obtenir des éloges. Ne pensez-vous pas qu’il est au pouvoir de la reine et de moi d’ordonner que cela se fasse, même si vous le contredites ? H. « Je ne veux pas discuter maintenant de ce que peut valoir l’autorité de la Reine ou la vôtre ; mais en ce qui concerne ma conscience, j’espère qu’elle restera ferme et immuable. B. « Vous êtes un jeune homme remarquablement obstiné. Je dois m’approcher de vous par un autre moyen. H. « Vous et moi sommes entre les mains de Dieu ; par sa bonté et sa grâce, je supporterai patiemment tout ce qu’il lui plaira. B. « Quelle que soit l’opinion que vous puissiez avoir à ce sujet dans votre cœur, je ne veux pas que vous prononciez un seul mot devant moi. » De cette façon, la conversation a été interrompue et tout le monde s’est retiré. Cependant l’évêque, m’ayant convoqué dans sa chapelle, me dit : « Haux, je vois que vous êtes un beau jeune homme, à qui Dieu a accordé ses grâces ; J’ai une telle affection pour vous que je voudrais vous plaire de toutes les manières. Vous savez que je suis votre pasteur, et j’aurai à rendre compte du salut de votre âme devant le Souverain Juge, si vous n’êtes pas correctement instruits comme vous devriez l’être. »H. « Ce récit que tu auras à faire ne signifie pas que je reste impuni quand je fais quelque faute. C’est pourquoi je suis résolu à persévérer jusqu’à la mort dans ce que j’ai dit, avec l’aide de mon Dieu, et il n’y a aucune créature qui puisse me détourner de mon but. B. « Haux, ne dis pas cela et ne le mets pas dans ton imagination. (Matthieu 25:28). Ne savez-vous pas que Jésus-Christ a envoyé deux hommes dans sa vigne, et que l’un d’eux a dit qu’il y irait, et qu’il n’y est pas allé ? H. « Le dernier y est allé. » B. « Faites de même, et je veux vous traiter amicalement. Que veux-tu dire? Il est écrit : Je suis le pain de vie, et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui, et aura la vie éternelle. Ne croyez-vous pas que ces choses sont vraies ? H. « Oui, en effet, car nous devons nécessairement ajouter la foi aux paroles de l’Écriture. » (Jean 6). « Je ne crains donc pas que vous ne soyez pur et entier dans la foi du Sacrement. » H. « Monsieur, je vous demande de ne rien apporter d’autre à la table, ni d’autres questions que celles dont on m’accuse. » B. « Allons maintenant aux vêpres. » Voyant que je tournais le dos et que je sortais de la chapelle, il me dit : « Quoi, pourquoi ne vêles-tu pas aller aux vêpres avec nous ? » H. « Parce qu’il n’est pas opportun pour l’édification et le salut que j’aille entendre ce que je ne comprends pas. » B. « Mais quoi ? Vous pouvez toujours prier en secret par vous-même. Quels livres avez-vous ? H. « Le Nouveau Testament, les Proverbes de Salomon et le Psautier. » B. « Mais vous pouvez prendre des prières dans le Psautier. » H. « Je n’ai aucun désir de prier en ce lieu, ni en aucun autre lieu semblable. » Alors, l’un des prêtres dit : « Laissez-le aller, il ne sera pas avec nous. » H. « C’est précisément pour cette raison que je me considère plus heureux quand je suis loin de vous. » Et pourtant, je suis descendu de cette chapelle et je suis allé à l’extérieur, qui était entre la chapelle et le hall. Peu après qu’ils eurent fini leurs vêpres, l’évêque m’emmena dans une chambre secrète avec trois prêtres et recommença à m’interroger en disant : « Ne vous rappelez-vous pas la dernière conversation que j’ai eue avec vous au sujet du sacrement, lorsque vous m’avez demandé de ne pas pousser votre conscience au-delà des choses dont on vous accuse ? » H. « J’espère que vous ne me jugerez pas et que vous ne prendrez pas parti contre moi. » B. « C’est vrai, mais vous répondrez du sacrement de l’autel, du baptême, du mariage et de la pénitence. Tout d’abord, en ce qui concerne le sacrement de l’autel, il semble que vous ne soyez pas assez purs et entiers.
[De la Cène appelée des Papistes Sacrement de l'Autel]. H. « Comment appelle-t-on le sacrement de l’autel ? Je ne connais pas un tel sacrement. B. « Eh bien, nous ferons en sorte que vous le sachiez et que vous y croyiez avant de partir d’ici. H. « Vous ne pourrez jamais le faire, si ce n’est par la grâce de Dieu. B. « Mais les paquets y parviendront. H. « Je ne me soucie pas de vos fagots ; vous ne ferez que ce qui semble bon à la bonté divine. B. « Ne croyez-vous pas que dans ce très saint sacrement de l’autel, le pain ne reste plus pain après les paroles de consécration, mais qu’il n’y reste que le vrai corps et le vrai sang de Jésus-Christ ? » En disant cela, il ôta sa casquette. H. « Je crois tout ce que Jésus-Christ a exprimé par sa sainte parole. » B. « Mais Jésus-Christ, nous enseignant par sa parole, n’a-t-il pas dit : 'Prenez, mangez, ceci est mon corps ? » N. « Je confesse que ces paroles sont du Christ ; cependant, il ne fuit pas le fait que ton sacrement de l’autel doit être ainsi, et en effet Jésus-Christ ne l’a jamais montré de loin aux gens au-dessus de leurs têtes, et n’a rien enseigné de tout ce que vous avez en usage. B. « Cependant, l’Église catholique a enseigné ainsi. » H. « Les Apôtres, qui étaient les docteurs de la première Église, ne l’ont pas enseigné de cette façon. B. « Quelle raison avez-vous de montrer qu’ils ne l’ont pas enseigné de cette façon ? » H. « Lisez les chapitres 2 et 20 des Actes des Apôtres. Saint Pierre et saint Paul n’ont jamais instruit les Églises de cette manière. » B. « Cet homme rustre ne reçoit dans l’Église que ce qui n’est contenu que dans l’Écriture, et ce que Jésus-Christ a laissé clairement. » H. « Je n’ajouterai pas la foi à celui qui voudrait m’enseigner d’une autre manière que celle que le Christ lui-même m’a enseignée. » B. « C’est pourquoi vous devez faire la Cène avec un agneau, si vous ne voulez rien recevoir que l’institution de Jésus-Christ. » H. « Ce n’est pas nécessaire, car lorsque la Cène a été introduite, lorsque les cérémonies de l’ancienne loi ont été abolies. B. « Pour l’homme que vous êtes, ne savez-vous pas d’où la Cène a eu son origine première, ni d’où est venue son institution ? » H. « Je voudrais que vous me rendiez plus savant que je ne le suis. » B. « Et nous désirerions volontiers remédier à votre ignorance, pourvu que vous deveniez dociles, plus pur par la parole de Dieu, tu ne me feras jamais ajouter la foi, même si tu fais tous tes efforts. Boner, là-dessus, souriant aux serviteurs de ses prêtres, dit : « Jésus, Jésus, quel ignorant et obstiné avons-nous ici ! » Ces choses se faisaient dans sa chambre secrète. Or, il me parla de nouveau en ces termes : « Descends après moi, et demande à boire, car aujourd’hui c’est le jour du jeûne, c’est-à-dire la veille de la fête de saint Jean-Baptiste, mais je pense que tu ne fais attention ni au jeûne ni à la prière. » J’approuve le jeûne et la prière, car les deux sont institués par la parole de Dieu. Sur ce, nous avons terminé le sujet de cette journée.
[Fullam est un petit lieu près de Londres]. Le lendemain, qui était un dimanche, Boner se prépara à se rendre à Londres, car c’était le jour solennel où Feknam devait être installé comme doyen de la grande Église (1). Je restai cependant dans la maison de Boner à Fulham (2) , où, les domestiques m’ayant demandé d’aller à la messe, je dis que je n’y irais pas, et je leur donnai la même excuse que j’avais donnée plus tôt à l’évêque, qui arrivait en retard de Londres. Le lundi suivant, il ordonna de venir le plus tôt possible chez lui, accompagné de Harpsfild (3) , archidiacre de Londres, à qui Boner dit : « Voici l’homme dont je vous ai parlé, qui ne veut pas que son fils soit baptisé, et qui ne peut supporter aucune cérémonie. » HAR. « Et comment ! Mon ami? Jésus-Christ lui-même n’a-t-il pas usé de cérémonies lorsque, ayant fait de la boue avec la poussière de la terre et de la salive, il l’a mise sur les yeux de l’aveugle ? H. « Je sais et je confesse qu’il en est ainsi, mais nous ne lisons pas qu’il l’a fait au baptême. Si nous voulons utiliser des cérémonies à l’exemple de Jésus-Christ, je dis que cela doit être fait dans le même but que lui, et non autrement. HAR. « Et que se passera-t-il si l’enfant meurt sans baptême ? Ne serez-vous pas la cause d’un grand mal pour lui ? "
(1) Voy. note de la page 4.
(2) Fulham, à 1o kil. de Saint-Paul, fait partie aujourd'hui du district métropolitain de Londres.
(3) Voy. note de la page 114.
H. « Quand il sera là, qu’est-ce que ce sera alors ? » HAR. « Seriez-vous, vous et votre fils, en danger évident d’être damnés, car ne savez-vous pas bien que votre fils est engendré dans le péché originel ? » H. « C’est vrai. » HAR. « Comment le péché originel est-il effacé ? » H. « Par la foi en Jésus-Christ. » HAR. « Et comment le pauvre enfant peut-il avoir cette foi dont vous parlez ? » H. « Pour effacer son péché originel, il ne s’agit pas seulement d’eau, mais la foi des parents lui sert pour cela. » HAR. « Par quel argument le prouverez-vous ? » H. « Je le tiens de l’Apôtre, quand il dit : 'L’homme incroyant est sanctifié par la femme fidèle, et vice versa, car autrement (dit-il) vos enfants seraient impurs, mais maintenant ils sont saints (1 Corinthiens 7).
[Il taxait Crammer, Ridlé & Latimer]. HAR. « Je sais bien qu’il y en a qui ne partagent pas votre opinion, même vos plus grands piliers et médecins d’Oxford. H. « Si vous ou eux pouvez me convaincre par l’Écriture, je suis prêt à me soumettre à la vérité. » "Dédis-toi, dédis-toi. Ne dites-vous pas que le Christ a dit : « Si vous n’êtes pas baptisé dans l’eau, vous ne pouvez pas être sauvé ? » H. « Savoir-mon (1), monsieur, si le vrai christianisme consiste dans les cérémonies extérieures ? » B. « Oui, en partie ; mais qu’en dites-vous ? H. « Je réponds selon les paroles de saint Pierre, que le baptême nous sauve, non pas en enlevant la souillure de la chair, mais en gage d’une bonne conscience par la résurrection de Jésus-Christ. » (2 Pierre 3:21)
(1) Mon, dans savoir-mon, est une locution adverbiale, qui sert à interroger.
[De la Messe]. B. « C’est assez de ce sujet ; dites-moi ce que vous pensez de la messe. H. « Je vous dis que c’est une chose abominable et pernicieuse que de prendre au piège les pauvres consciences pour lesquelles Jésus-Christ est mort. » B. « Comment ? N’y a-t-il rien de bon ou de sain dans la messe ? Que deviendront l’Évangile et l’épître qui y sont chantés ? H. « L’Évangile est bon, l’épître est bonne, pourvu que tout soit fait dans le but et l’usage pour lesquels elle a été instituée dès le commencement. » B. « D’abord, que dites-vous de la préface qui est au début de la messe ? où se confesse le prêtre, que nous appelons Consiteor ?
[Le Consiteor]. N. « Je dis que c’est un blasphème hérétique, et contraire à Jésus-Christ, d’invoquer une créature de ce monde, ou de se confier en quelqu’un d’autre que Dieu seul. » B. « Nous ne parlons pas de confiance, mais nous disons que l’invocation qui s’y fait est bonne et sainte. Lorsque vous venez à la Cour, vous faites bien de ne pas être immédiatement amené en présence de la majesté du Roi ou de la Reine, mais plutôt que votre entrée se fasse par l’intermédiaire des grands seigneurs et princes familiers de Sa Majesté. H. « En vérité, c’est tout à fait contraire à ce que vous venez de dire, qu’il ne faut pas mettre son espoir ou sa confiance en aucune créature du monde. Et saint Paul dit : « Comment est-il possible qu’ils invoquent Celui à qui ils n’ont jamais cru ? » B. « Ne serais-je pas un homme bon si je demande à cet homme (montrant Harpsfield) de prier Dieu pour moi ? » H. « Oui, ce sera bien fait, car la prière de l’homme juste est très efficace envers Dieu, quand elle est faite dans ce monde, et pendant que nous sommes vivants. » B. « Vous m’accordez donc que la prière des justes est valable envers Dieu. » H. « En effet, dans cette vie ; Mais après la mort, non. Car, comme il est écrit dans les Psaumes : « Nul ne peut racheter son frère, ni donner à Dieu une rançon pour lui. Car la rançon de leurs âmes coûte cher, et il faut les laisser tranquilles pour toujours. Et Ézéchiel dit : « Même si Noé, Daniel et Job étaient au milieu d’elle, ils ne délivreraient que leurs âmes par leur justice. » (Psaumes 49:8, Ézéchiel 14:14). « Combien de Noé, de Daniel et de Job habitent parmi eux, et les justes vivront dans leur justice. » Puis Boner, s’adressant à Harpsfild : « Vous voyez (il a dit) que cet homme n’a besoin ni de notre doctrine, ni des prières des saints. Maintenant, je ne te retiendrai plus longtemps, et la raison pour laquelle je t’ai appelé ici n’était que pour voir s’il pourrait être ramené par ton moyen. Puis, se tournant vers moi : « Maintenant, le moment est venu de parler efficacement, car nous ne voulons plus souffrir d’ennuis pour vous, et je crois que s’ils vous avaient fait ce qui vous est dû, nous serions désespérés à propos d’un grand hérétique. » HAR. « Ne lisez-vous pas d’autres livres que le Nouveau Testament, les Proverbes de Salomon et le Psautier ? » H. « Si vous voulez m’en donner d’autres qui sont de l’Écriture Sainte, et tels que je veux qu’ils soient, je les lirai. » HAR. « Quels sont ces livres ? » H. « Les livres de l’archevêque de Cantorbéry, les sermons de Latimer, les œuvres de Hooper, les sermons de Bradfort, et autres semblables, conformes aux Saintes Écritures. » Ils me quittèrent donc, car Harpsfild était pourchassé et éperonné, et prêt à monter à Cheval pour aller à Oxford. Et je retournai vers le portier, qui était mon garde.
[Histoire d'un petit vieillard]. Le lendemain, un petit vieillard vint trouver Boner, qui avait été un peu auparavant privé de son évêché, parce qu’il s’était marié. Il apporta à Boner, selon sa préférence, des pommes et une flasque de vin. L’Évêque le prit par la main et le conduisit au jardin, où, m’ayant appelé, il lui dit : en ma présence : « C’est un homme avec un fils, qu’il ne permettra pas de faire baptiser. » H. « Mais il le veut, pourvu que ce soit selon l’institution que le Christ a laissée. » B. « Tu es un grand insensé, tu ne sais pas ce que tu demandes » (ce qu’il dira comme un grand insensé). Le vieillard qui était là dit : « Beau fils, tu dois obéir aux constitutions de l’Église et imiter tes pères. » Il ne le fera jamais, comment ? il ne veut rien entendre ou recevoir d’autre chose que l’Écriture, qu’il ne comprend pas.
(1) John Bird, né à Coventry, fut le trente- deuxième et dernier provincial des Carmes anglais. Il fut évêque de Bangor en 1539 et de Chester en 1541. 1l fut déposé sous Marie comme prêtre marié; mais il ne tarda pas à rentrer en grâce, ayant renvoyé sa femme et changé de vues. II devint alors suffragant de Boner, évêque de Londres et recteur de Dunmow, où il mourut octogénaire en 1556.
[De l'eau bénite]. S’il rejette toutes les cérémonies qui ont lieu dans l’Église, que nous dira-t-il sur l’eau bénite ? » H. « J’en dirai autant que je l’ai fait pour les autres références et leurs auteurs. » B. « Cependant, l’Écriture l’approuve, car il est écrit dans les livres des Rois qu’Élisée jeta du sel dans les eaux. » H. « C’est vrai, car les enfants des prophètes se plaignirent à Élisée et lui dirent : « Nous vous prions, il est bon de vivre dans cette ville, mais les eaux sont mauvaises », ce à quoi il dit : « Apportez-moi un nouveau vase et mettez-y du sel. » Ce qu’ils ont fait, et immédiatement après, les eaux (dans lesquelles le prophète a jeté le sel) ont été rendues saines jusqu’à aujourd’hui, selon la parole qu’Élisée avait dite. De même, lorsque nos fontaines deviendront mauvaises et corrompues, si, par l’exemple d’Élisée, vous les rendez bonnes, alors j’estimerai vos cérémonies.
[Le pain bénit]. B. « Que direz-vous du pain bénit ? Car vous savez bien ce qui est écrit dans l’Évangile, que le Christ a nourri cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons. H. « Si vous voulez dire que ce pain a été béni, alors vous devez aussi donner du poisson béni au peuple. B. « Regardez, je vous prie, que ce coquin ici présent est subtil. » H. « Jésus-Christ n’a jamais accompli ce miracle, ni tant d’autres qu’il a faits, pour les imiter, mais seulement pour montrer qu’il était de sa doctrine, et pour amener le peuple à croire en lui. Il est vrai que Jésus lui-même est l’auteur et le témoin que tous les fidèles accompliront de tels signes et miracles, en disant : « Et en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, et s’ils boivent quelque chose de mortel, cela ne leur fera pas de mal. (Marc 16) » B. « Et vous, quelles langues nouvelles parlez-vous ? Dites-le-moi.» H. « Je dirai ceci : après avoir jadis craché des blasphèmes et des choses viles contre Dieu, maintenant ayant senti que c’était l’Évangile, j’ai changé de langage et j’ai commencé à parler tout à fait différemment, c’est-à-dire des choses saintes et honnêtes, et selon Dieu. » B. « Et comment chassez-vous les démons des corps ? » H. « Le Seigneur, étant en ce monde, chassez les démons par la puissance de sa parole, qu’il nous a laissée, afin que, par la même puissance, quiconque croit en lui chasse également les démons des corps. B. « Avez-vous jamais bu du poison ou quelque chose de semblable ? »
[Que c'est d'hérésie]. H. « J’ai trop bu du poison des superstitions et des cérémonies de l’Église romaine, pour lesquelles vous combattez si farouchement. » B. « Maintenant, vous vous révélez comme un véritable hérétique. » H. « Si je suis hérétique, je vous demande de me dire ce que c’est que l’hérésie. » B. « L’hérésie est tout ce qui est contraire à la doctrine de Dieu. » H. « Si je m’oublie moi-même au point de montrer ou de dire quoi que ce soit de contraire à la doctrine de Dieu. la doctrine de Dieu, je ne refuse pas d’être condamné à juste titre comme un hérétique.» B. « Je dis que vous êtes hérétique, et vous ferai brûler, si vous persistez dans vos opinions, et continuez comme vous avez commencé. »
[Notable demande]. « Je voudrais que vous me montriez, s’il vous plaît, où il se fait que Jésus-Christ ou l’un de ses apôtres aient jamais été la cause de la mise à mort de quelqu’un pour l’amour de la religion. » B. « N’ont-ils pas au moins excommunié et banni de la compagnie de l’Église ? » H. « Je comprends bien, mais il y a une très grande différence entre excommunier et brûler. » B. « N’avez-vous jamais lu dans les Actes l’homme et la femme que saint Pierre a fait mourir ? H. « Je me souviens bien de ce que l’Histoire apostolique raconte d’Ananias et de Saphira, qui ont menti à l’Esprit Saint ; Mais cela n’a rien à voir avec notre discussion sur la foi. Si tu veux que nous croyions que tu es de Dieu, alors fais preuve de miséricorde, car c’est avant tout ce que le Seigneur demande aux siens. (Actes 5:5)
[Boner montre ici sa Chrétienté]. B. « Nous vous rendons la même miséricorde que celle dont nous avons fait l’expérience en vous, car mon épiscopat m’a été si complètement enlevé que je n’ai rien laissé. Puis, se tournant vers ceux qui étaient là, il leur dit qu’il avait beaucoup pitié de moi et qu’il était tout affligé de mon malheur ; cependant, il ne doutait pas qu’un jour je parviendrais à guérir. Et aussitôt il s’en alla dîner, et je retournai à mon portier.
[Courte harangue du vieillard, homme propre à dormir, non pas å disputer]. Après le dîner, je fus de nouveau appelé dans la salle, où l’évêque demanda à ce vieillard qui venait de lui apporter des cadeaux de me recevoir comme hôte et de me conduire dans sa chambre, de se donner un peu de peine pour moi, et de le faire jusqu’à ce que je sorte de mon obstination. Nous obéîmes tous deux à l’évêque, et nous entrâmes dans la chambre, où, à notre arrivée, mon hôte commença à me parler en ces termes : « Vous êtes un jeune homme, et encore d’un âge mûr ; Je vous exhorte à ne pas aller au-delà de ce que la vie et la sécurité de votre personne vous ordonnent. Ne refusez pas d’apprendre des plus grands, et si vous me croyez, temporisez pour un moment. 'Je ne temporiserai que ce que la parole de Dieu m’ordonne." J’attendais qu’il me réponde, mais le vieil homme, assis sur une chaise et surpris par le sommeil, devint complètement muet. Et voyant qu’il s’endormait ainsi, je le quittai et retournai à mon porteur. C’est la dernière fois que je l’ai vi (1).
(1) Foxe ajoute : " Je suppose qu'il dort encore. "
[Haux attaqua Feknam]. Le lendemain, Feknam arriva, en présence duquel l’évêque m’ordonna de venir à la chapelle. Là-bas, Feknam m’a dit à sa manière : « C’est donc toi qui méprises toutes les cérémonies de l’Église. »
[Considérez ici comme en un miroir la rêverie des grands de ce monde]. Je comprends que vous ne vouliez pas permettre que votre fils soit baptisé, si ce n’est dans la langue vulgaire et sans cérémonie. H. « Je ne trouve rien, mais je ne trouverai rien de ce qui nous est ordonné par les Écritures. » F. « Les cérémonies doivent être reçues par l’autorité des Écritures. N'avez-vous pas lu les Actes, que Saint Paul a autrefois porté des vêtements, par lesquels on guérissait les malades?» H. « je me souviens bien qu'il est dit aux Actes, que Dieu a accompli des miracles inhabituels par les mains de Paul, de sorte que même les linges ou les surceints (2) de son corps qui avaient touché sa peau ont été apportés aux malades, et leurs maladies les ont quittés, et les mauvais esprits sont sortis (Actes 19.12).
(2) La traduction suivie par Calvin dans son Commentaire porte : des couvre-chefs et devantiers. » La Bible de Lyon (Barthélemy Honorati), 1581, porte : des mouchoirs, ou couvre-chefs, et demi-ceincts. » Surceint doit signifier: vêtement de corps.
N’est-ce pas ce que vous voulez dire ? Oui, qu’en pensez-vous ? Ce passage n’a rien à voir avec les cérémonies, car le texte se lit comme suit : « Dieu a accompli des vertus qui n’ont pas été coutumières par les mains de Paul », etc. D’après cela, il est clair que les malades qui ont recouvré la santé ont été guéris par la seule vertu de Dieu, et non par ce que vous appelez des cérémonies. Que dites-vous de la femme qui était malade et qui avait un écoulement de sang, qui a touché le bord de la robe de Jésus-Christ ? Assurez-moi si, par cette cérémonie, elle n’a pas obtenu ce qu’elle demandait ? " H. "Pas du tout, car Jésus-Christ a regardé autour de sa foi et lui a demandé qui était celui qui l’avait touché. Et Pierre lui répondit : « Il y a une grande foule autour de toi, et tu demandes qui t’a touché ? » (Luc 8. 44. 48). Et le Seigneur répondit : « À quelqu’un m’a touché, car j’ai su que la vertu venait de moi. » Et puis la femme, etc. Maintenant, j’aimerais que vous me disiez lequel des deux aurait pu guérir cette femme : la vertu du Seigneur ou le toucher de la robe ? F. « Les deux ensemble. » HAUX. « Il s’ensuit de cette raison que vous faites de Jésus-Christ un menteur, car il dit alors : 'Allez en paix, votre foi vous a sauvé.'
[Feknam menteur, confus. Retour à la question du Sacrement]. B. « Laissons tout cela, et venons-en maintenant au sacrement ; Ce n’est qu’un fouillis dont vous vous amusez, ce qui n’a rien d’important. F. « Vous dites la vérité, monsieur. Alors, mon ami, comment comprenez-vous ce passage où il est dit : « Jésus-Christ a pris le pain, l’a rompu et a dit : « Mangez, ceci est mon corps ? » Je vous demande si ce qui s’y exprime en paroles n’y est pas réellement et en fait ? H. « Et je ne le pense pas. Diriez-vous que nous devrions simplement comprendre toutes les paroles de Jésus-Christ, telles qu’elles sont proposées ? Jésus-Christ s’appelait lui-même La Porte, La Vigne, Le Chemin, etc.
[Ce sophiste ridicule se sauve dans les marais.]. Feknam, ému et pressé sur cette question, l’interrompit et dit : « Il n’y a pas longtemps, j’ai rencontré quelqu’un qui avait le même point de vue, utilisant les mêmes arguments que celui-ci. Ô pauvres gens, ces passages que vous citez, et dont vous vous armez, ne sont rien pour vous, mais plutôt vous coupent la gorge. Mais je comprends bien, vous avez vos auteurs, messieurs les docteurs d’Oxford. Je comprends Latimer, Cranmer et Ridley ; Pauvres gens, voulez-vous donner du crédit à de tels imbéciles ? L’un d’eux a écrit un livre dans lequel il dit que la présence réelle du corps du Christ est proprement dans le sacrement. H. « Je ne sais pas ce qu’ils ont pu faire auparavant, mais maintenant je sais bien ce qu’ils pensent et disent. Je prie le Seigneur que, par sa miséricorde, il leur accorde la grâce de leur donner une force et une constance telles qu’ils puissent persévérer et tenir ferme jusqu’à la fin.
[Feknam accuse Ridlé]. F. « Ridlé, prêchant publiquement dans le temple de saint Paul, a été très affirmé que le diable croyait mieux que vous, et que sa foi était meilleure que la vôtre. Car il croyait (dit-il) que Jésus-Christ avait le pouvoir de transformer les pierres en pain ; mais vous ne croyez pas que le corps du Christ est dans le sacrement. H." Ma foi n’est pas fondée sur les hommes, car bien que tout le monde change d’opinion, néanmoins, par la grâce de Dieu, j’espère tenir ferme et ne pas être ébranlé en aucun cas que je sache être vrai. » B. « Que diriez-vous si l’un d’entre eux changeait d’avis et rejetait complètement ce qu’il a entendu et enseigné auparavant ? » Lorsque cela se produira, j’en parlerai comme bon me semble.
[Boner blâme Crammer]. « J’oserais dire que Crammer ne serait pas très enclin à se défendre, s’il espérait ainsi recouvrer ses anciens domaines et dignités. » Sur ce, Boner et Feknam sont partis, et je suis retourné à mon poste.
[Nouvel assaut]. Le lendemain, Boner, se rendant dans son jardin accompagné de Chadfé (1), lui dit que je ne supporterais pas que mon fils soit baptisé, sauf dans le langage vulgaire, et sans cérémonie. Ce à quoi Chadfé a répondu : « Qu’entendez-vous par l’Église ? » Je dis que l’Église de Rome est une synagogue de cardinaux, de prêtres, de moines, à l’abus desquels je ne croirai jamais, comme je l’ai fait dans le passé.
(1) Voy. note de la page 114.
[Cette prière était courant en Angleterre (2)].
(2) Voy. note de la page 159.
CH. « Et que dites-vous du Pape ? » N. « Ô Seigneur Dieu, s’il vous plaît, délivre-nous de sa tyrannie. » CH. « Je pourrais tout aussi bien dire : Délivre-moi des mains d’Henri VIII et de ses détestables erreurs. » HA. « Où étiez-vous quand il vivait, pour lui dire cela ? » CH. « Je n’étais pas loin. » HAV. « Où étiez-vous pendant la vie de son fils, le roi Édouard, pour lui dire tout ce que vous me dites ? » CH. « J’étais en prison. » Bo. "Voyez comment il joue avec nous, et comment il essaie de nous surprendre ; il méprise et rejette toutes nos prières, et ne veut rien faire dans l’Église que dans le langage vulgaire. » CH. « Jésus-Christ n’a jamais parlé notre langue de l’Angleterre. »
[Des langues]. H. «Non, mais il utilisait un langage familier et vulgaire parmi ses compatriotes, et si vous vouliez suivre cet exemple, nous serions bientôt d’accord. Et l’apôtre saint Paul, parlant des langues, les considère toutes inutiles si elles ne sont pas comprises ; utilisant l’analogie de la trompette et du clairon : « Si la trompette, dit-il, ne sonne pas un certain son pour encourager les soldats à la guerre, aucun d’eux ne sera encouragé à marcher. (1 Corinthiens 14:8). CH. « Si vous voulez interpréter les paroles de saint Paul à votre manière, vous vous éloignerez beaucoup du but et de son intention, car saint Paul, dans ce passage, parle de prophétie, comme si nous voulions prophétiser dans une langue étrangère et inconnue. » H. « Au contraire, il ne parle que des langues, pour montrer qu’elles ne sont d’aucun bénéfice à ceux qui ne les comprennent pas. CH. « Je vous dis que saint Paul parle universellement de la prophétie. H. « Il fait une distinction très claire entre les langues et la Prophétie. Si (dit-il) quelqu’un parle dans une langue étrangère, il doit au moins y avoir un interprète qui lui fasse comprendre ce que cela signifie. Pour quelle raison nous brisez-vous les oreilles avec tant de bavardage ? Voulez-vous jouer au docteur ici, pour nous aider à apprendre ce que nous faisons mieux que vous ?
[La langue Latine]. Il y a en effet beaucoup plus à dire, c’est que, dès le début, il a été jugé bon et accepté par un consentement très ancien et commun de tous dans l’Église catholique que la langue latine serait désormais la langue commune et utilisée dans toutes les Églises de la chrétienté, de sorte que tous prieraient en latin. espérant que, par les moyens universels de cette langue et par la communauté de ceux qui l’utiliseraient, on pourrait facilement éliminer toutes les fêtes et les diversités d’opinions. H. « Cela a été introduit par je ne sais quelle superstition de clercs et de prélats, qui conduisaient les pauvres empereurs et monarques où ils voulaient par crainte de leur autorité, et non par la parole de Dieu, comme ils s’efforcent encore de le faire. » CH.« Vous méritez qu’on vous dise du mal, d’autant plus que, ignorant complètement les bonnes lettres, vous n’en êtes pas moins arrogant au point de parler contre l’autorité des Conseils faits par les hommes les plus sages du monde. »
[Conciles généraux]. H. « Je ne suis pas le seul à parler ainsi, car la parole de Dieu lui-même et de saint Paul nous enseignent que quiconque prêche un autre Évangile que celui qui a été prêché, qu’un tel homme soit maudit parmi nous, et chassé de toute communion. » CH. « En effet, quelqu’un voudra peut-être apporter un autre Évangile, Mais nous ne le faisons pas. Н. "On m’a en effet annoncé un autre Évangile qui est très contraire à celui de Christ, depuis mon arrivée ici. Cн. « Dites-nous quel Évangile ? H. C’est invoquer la Vierge Marie et les autres saints ; c’est de mettre mon espérance dans la messe, dans le pain bénit, dans l’eau bénite, dans les images, etc.
[Que c'est d'Idole]. B. « Vous parlez comme un imbécile, et vous ne savez pas quelle est la différence entre une image et une idole. Je vous dis que toute idole est une image, mais que toute image n’est pas une idole.
[Les Images]. H. « Nous reconnaissons facilement la différence entre l’Idole et l’Image, si nous en venons à les comparer ensemble, car vos images n’ont-elles pas de pieds ? Et pourtant, ils ne marchent pas ; N’ont-ils pas de bouche ? Ils ne parlent pas, ce qui est la vraie marque et la propriété d’une idole. CH. « Saint Paul dit : À Dieu ne plaise qu’il se glorifie lui-même, si ce n’est dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. » H. Est-ce ainsi que vous comprenez la glorification dont parle saint Paul dans ce passage ? (Galates 6:14). Il n’a rien dit en réponse à cela. Et alors Boner dit : Y a-t-il quelque chose dans ce monde qui soit plus salutaire pour nous lorsque nous voyageons et voyageons à travers le pays, pour nous rappeler le souvenir des choses saintes, que la vue et la contemplation de la croix ? » H." Monsieur le Révérend, trouvez-vous un de ces exemples dans toute l’Écriture Sainte ? Avez-vous jamais lu ou entendu dire que Jésus-Christ ou les apôtres, dans les prières et les prières publiques, ont porté la croix ? ou avez-vous jamais chanté : Nous te saluons, ô fête ? »
[Hélène]. CH. Cela a été introduit par une certaine femme nommée Hélène (1). H. « C’est ainsi, c’est la même Hélène qui envoya une fois au monastère où j’ai servi un morceau de croix ; Mais après le démantèlement des couvents et des monastères dans ce royaume, ils sont venus visiter ce morceau de la croix, et ils ont découvert que c’était un morceau de bois, ayant un couvercle au-dessus, d’une lame subtile de cuivre. Va, misérable, n’as-tu pas honte de mépriser des choses sacrées comme celle-ci et de les exposer à la moquerie avec de tels mensonges ? Ceux-ci, très fâchés de ce que je leur avais dit, se retirèrent, se soulevèrent autant que possible contre moi.
(1) Mère de Constantin.
[Chadfé aussi bon Chrétien que savant Théologien]. Et Chadfé, en s’en allant, a dit que j’étais indigne de vivre plus longtemps. Là-dessus, je fus remis à ma garde.
Le lendemain, qui était le jour de la Saint-Pierre, étant appelé à me rendre à la chapelle de l’évêque pour entendre le sermon que le docteur Chadfé devait donner selon la coutume du lieu, j’y allai. Quand je suis arrivé à la porte de la chapelle, je me suis arrêté là. L’évêque demanda au portier si j’étais venu, et en entendant cela, je répondis : « Je suis ici, monsieur. B. Qu’est-ce que tu fais là-bas ? Pourquoi n’entrez-vous pas ? Chadfé, portant le surplis et l’étole sur ses épaules, se rendit aux fonts baptismaux, et, prenant le Goupillon, le donna à Boner pour qu’il l’asperge d’eau bénite. Après une telle bénédiction, le Docteur, s’aspergeant d’eau, de peur que, sans être lavé et pur, il n’entreprenne une chose si grande et si élevée, il prit son texte du chapitre 16 de saint Matthieu, où il est écrit : « Qui dit-on que le Fils de l’homme est ? » Pierre répondit : « Les uns disent qu’il est Élie, les autres Jean-Baptiste, d’autres l’un des prophètes, etc. » Puis, étant arrivé au lieu où il était, il dit : « Ceux à qui tu pardonnes les péchés seront pardonnés, et ceux à qui tu ne pardonnes pas ne seront pas pardonnés. » Cette autorité, disait-il, n’est donnée qu’aux prélats de l’Église, parmi lesquels se trouve M. le révérend qui y siège, et à ceux qu’il veut nommer à sa place. Or, cette Église a souvent souffert dès le début plusieurs adversaires et ennemis, mais que les hérétiques crient hardiment aussi longtemps qu’ils le veulent, ils ne réussiront jamais contre elle ; au contraire, elle persévérera toujours de mieux en mieux.
[Argument du prêche de Chadfé]. Après avoir achevé ce discours, il tomba sur le sacrement de l’autel, qu’il plaça au-dessus des neuf cieux, et après plusieurs longues remarques, il revint à ce qui est dit dans l’Évangile : Ceux dont tu remettras les péchés, etc. Il a laissé le pouvoir et l’autorité de lier et de délier aux seuls évêques et prêtres, disant qu’il était nécessaire que tous ceux qui voulaient appartenir à l’Église et être appelés chrétiens viennent à eux pour la rémission de leurs péchés. Il l’a prouvé par ce qui est écrit dans saint Jean, chapitre 11, où il est dit que Jésus-Christ, s’approchant de Lazare, qui était dans le tombeau enveloppé de draps et de linceul, s’adressa à ceux qui étaient en autorité, c’est-à-dire à ses disciples, et leur dit : « Allez, et déliez-le. » C’était presque le point principal de son sermon, racontant toutes les paroles que le Christ avait dites à ses apôtres, aux prélats et aux évêques, et à leurs partisans parmi les prêtres, concluant que la surveillance de toute l’Église leur appartenait. Finalement, une fois que ce sermon a été prononcé, tout le monde s’est retiré pour dîner, et après le dîner, j’ai reçu l’ordre de retourner à la chapelle pour parler à l’évêque, où il y avait des gens de la reine et d’autres que je ne connaissais pas. C’était presque le point principal de son sermon, racontant toutes les paroles que le Christ avait dites à ses apôtres, aux prélats et aux évêques, et à leurs partisans parmi les prêtres, concluant que la surveillance de toute l’Église leur appartenait. Finalement, une fois que ce sermon a été prononcé, tout le monde s’est retiré pour dîner, et après le dîner, j’ai reçu l’ordre de retourner à la chapelle pour parler à l’évêque, où il y avait des gens de la reine et d’autres que je ne connaissais pas. Quand Boner m’a appelé à la foi, il m’a dit : « Comment t’es-tu retrouvé dans le sermon ? Car je l’ai expressément ordonné pour votre édification. H. « Je suis désolé que vous ayez perdu tant de temps à cause de moi, car je n’ai pu en tirer ni plaisir ni profit. B. « Messieurs, mes amis, je vous demande de ne pas vous fâcher de discuter un peu avec lui et d’obtenir quelque chose de lui. » Là-dessus, certains me dirent : « Que voulez-vous dire, mon ami, en vous embrouillant ainsi dans ces questions et ces ennuis ? » H. « Quels ennuis ? » Ils répondirent : « Que vous ne voulez pas obéir aux ordonnances et à la volonté de la Reine. » H. « J’ai déjà suffisamment expliqué la raison aux juges, à qui appartient la connaissance. »
[Disputes papistes]. Les serviteurs de Boner dirent : « Monsieur vous a ordonné de répondre à ces messieurs et de leur rendre compte de ce qu’ils vous demanderont. » « Si l’évêque lui-même veut m’en parler, je ne refuserai pas de lui répondre, mais quant à utiliser des répétitions, je ne vois pas que ce soit nécessaire. » Et alors tous se mirent à crier contre moi, les uns disant : au feu ; d’autres : Qu’il soit expédié et pendu ; qu’on le mette dans des chaînes si lourdes qu’il ne puisse pas bouger. Dans ce tumulte, je gardai le silence, et, voyant qu’ils ne cessaient de crier, je m’éclipsai d’eux et retournai à ma garde. Le lendemain matin, Boner, fâché contre moi et me reprochant d’avoir beaucoup fait pour moi, me dit que puisqu’il voyait qu’il n’y avait plus d’espoir en moi et que mon état empirait de jour en jour, il ne tarderait plus et m’enverrait à la prison de Newgate. H. Je suis résolu. Quoi que vous jugiez à propos d’ordonner ou de faire contre moi, je dois le supporter. Et alors Boner, tirant un petit morceau de papier de sa poitrine, me dit : « Tu verras ce que j’ai écrit ici. »
[Sur la présence corporelle de Jésus-Christ dans le sacrement]. Maintenant, le résumé de l’écriture contenait : Pour savoir si je croyais ce que l’Église catholique nous a enseigné, que la présence de Jésus-Christ était dans le sacrement après les paroles de la consécration, ou non. Pour savoir si le pain que nous rompons n’est pas la communion du corps du Christ, et si le calice que nous buvons n’est pas le sang du même Christ. Cependant, Boner, ayant ordonné aux autres de se retirer, m’appela à l’écart, et essaya de me persuader, par tous les moyens et par la flatterie, de ne pas me jeter dans une telle prison et dans un danger aussi évident que celui qui s’offrait à moi. Je lui ai répondu, comme toujours, que ce ne serait rien contre ma conscience. Et ainsi, les choses étant en suspens, je fus renvoyé à ma garde, soupçonnant bien que le lendemain je ne manquerais pas d’être envoyé en prison de très bonne heure le matin, ce que j’aurais sans doute été sans l’intervention de l’archidiacre de Cantorbéry (1), que l’évêque demanda à me parler, pour voir s’il pouvait me distraire de mon opinion.
(1) Harpsfield.
Celle-ci, ayant commencé par les cérémonies et les sacrements, après plusieurs discours, termina en disant que le sacrement de l’autel était le vrai corps de la Vierge Marie, et attaché à l’arbre de la croix. Je lui ai dit : « Jésus-Christ était vivant et mort sur la croix, lequel des deux dites-vous qu’il y a dans le sacrement ? » L’AR. « Je dis qu’il est vivant dans le Sacrement, et qu’il n’est pas mort. » H. « Par quel argument allez-vous prouver cela ? » L’AR. « Il faut le croire ainsi. N’est-il pas dit dans saint Jean que celui qui ne croit pas sera condamné ? Saint Jean dit : Celui qui ne croit pas au Fils de Dieu sera condamné ; mais il ne parle pas de la foi due au sacrement, et d’ailleurs il n’y a jamais pensé. Et puis il m’est venu à l’esprit de dire qu’il n’y avait aucune raison de perdre du temps à faire une déclaration plus longue, puisque je n’avais ni la foi, ni la connaissance, ni aucune doctrine quelle qu’elle soit.
[Pourquoi le Crucifix est mis au milieu du temple]. Et par ce moyen, il s’excusa de parler plus longtemps. Mais pour avoir l’occasion de parler davantage, je lui ai dit que je serais heureux de lui expliquer pourquoi le Crucifix placé au milieu de leurs temples créait une séparation entre la nef, qui est le corps de l’Église, et l’autre partie de celle-ci, qu’ils appelaient le chœur. Il m’a demandé si je pouvais lui donner une raison. J’ai répondu que, si nécessaire, je pouvais dire quelque chose à ce sujet. Car (je l’ai dit) l’un de vos docteurs enseigne que la nef de l’église, c’est-à-dire toute la zone depuis le Crucifix jusqu’à l’extrémité du temple, signifie l’église militante, et que le chœur, qui est entouré de chaires tout autour, signifie l’église triomphante, dans laquelle il n’est pas permis d’entrer sans avoir d’abord porté la croix du Christ.
[Lettres de Boner au Geôlier]. Le lendemain, qui était le premier jour de juillet, Boner m’appela et m’ordonna de me préparer immédiatement à aller directement à la prison de Newgate, avec des lettres au geôlier qu’il donna à Harpsfield, qui contenaient en substance ce qui suit : Je vous charge et vous ordonne de recevoir l’homme que je vous envoie, et que vous le gardiez sous haute garde afin que personne n’ait les moyens de lui parler. et que vous ne le relâchiez à personne, si ce n’est au Parlement, ni au Prévôt et au Lieutenant criminel. Quatorze jours plus tard, l’évêque envoya deux de ses serviteurs à la prison pour savoir dans quel état j’étais et comment j’allais. Je leur ai dit que je faisais comme prisonnier. Et ils m’ont dit que l’évêque voulait savoir si je n’avais pas changé d’avis.
[Constance de Haux]. Je lui répondis que je n’étais pas homme à deux mots, et que j’espérais ne jamais en être un. Ils me répétèrent que l’évêque, leur maître, me témoignait de la bonne volonté et ne me souhaitait que du bien. Et je leur dis de me recommander humblement à sa bonne grâce, et que, de mon côté, ils le remercieraient du bien et de l’honnêteté qu’il désirait pour moi. De plus, je leur demandai de me faire la faveur de m’aider à intercéder auprès de lui, afin que mes amis puissent avoir accès et une ouverture vers moi, ce qu’ils m’avaient promis, bien que je n’en aie pas entendu parler depuis. Depuis l’époque de mon emprisonnement, et que ces deux adjoints m’avaient été envoyés, l’évêque n’a plus fait de poursuite jusqu’au dernier jour de septembre.
Le lendemain, le premier octobre, je suis sorti de cette prison et j’ai été emmené à la maison de l’évêque de Londres, qui était le jour où le chancelier évêque de Winchester devait prêcher à la cathédrale Saint-Paul, avec un large public et un rassemblement de personnes. Cependant, l’évêque de Londres, s’adressant à ma garde, lui dit : « Je crois que votre homme ne voudra pas assister au sermon d’aujourd’hui. Je lui répondis que je le suppliais instamment de me permettre d’être là et de l’entendre ; que s’il y avait quelque chose de bon, je le prendrais et laisserais le mauvais. Ayant obtenu cela, j’y allai, l’entendis et je reviens. Puis, après le dîner, m’ayant fait appeler, il me demanda si je persistais toujours dans le même état. À quoi je répondis que je n’étais pas changeant, et que je ne le serais pas, si cela plaisait à Dieu. Et il m’a dit que je ne le trouverais pas modifiable non plus.
[Le docteur Smyth ou Fabri avait renoncé à la vérité]. Et soudain, il s’est jeté dans sa chambre pour écrire je ne sais quoi. Sa chambre était pleine de monde, entre autres quelqu’un m’a dit que le Dr Smyth, appelé Fabri (1), était là, dont la renonciation est assez bien connue et publiée partout. S’approchant de moi, il me dit qu’il serait heureux de me parler. Je lui demandai s’il était le Dr Fabri, dont nous avions entendu parler du renoncement. Il a répondu qu’il ne s’agissait pas d’une renonciation, mais d’une simple déclaration. H. « Il est bien clair que, pour votre honneur, vous couvririez un tel méfait, ou le pallieriez de votre mieux ; mais avant de parler ensemble, je voudrais savoir si vous avez l’intention de persister dans votre renoncement. L’ayant quitté, je me retirai de l’autre côté de la chambre.
(1) Richard Smith (en lat. Smitheus, Fabri ou Faber), né en 1500, fut professeur à Oxford et registrar de l'Université. Sous Edouard VI, il abjura le catholicisme avec éclat à la Croix de Saint-Paul de Londres. Mais, forcé de se démettre de sa chaire d'Oxford, il passa sur le continent et enseigna la théologie catholique à Louvain. Revenu en Angleterre sous le règne de Marie, il devint l'un de ses chapelains et fut comblé d'honneurs. Il témoigna contre Cranmer et prêcha devant le bucher de Latimer et de Ridley. Sous Elisabeth, il fut sur le point de revenir au protestantisme, mais il prit le sage parti de ne pas ajouter cette nouvelle раlinodie aux précédentes, et se rendit à Douai, en Flandres, où il reçut un canonicat et une chaire de professeur. Il mourut en 1563. On a de lui seize traités de controverse.
[Récit de quelques assauts particuliers]. Il y avait dans ce groupe un certain Milo Hogard (1), tailleur (je crois) de la reine, qui m’a dit : « Pour quelle raison pensez-vous que les petits enfants doivent être baptisés ? » < « Il est écrit : « Enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28). Ce sont les paroles de l’Écriture, qui s’appliquent à tous pour le baptême, et qui n’en détournent personne. « Que devrions-nous faire alors ? (il a dit) Devrions-nous aller enseigner aux enfants ? Je lui dis : « Ces paroles ne te conviennent pas bien, à toi qui ne prends pas plaisir à enseigner aux autres. (2) » Celui-ci, très en colère, se leva immédiatement sur la pointe des pieds et fit le tour de la pièce, tout furieux de colère. Puis un autre est entré, qui était le prêtre de l’église de Rondine et Horne (3), dans le comté d’Essex, qui m’a dit : « C’est dommage que vous soyez si obstiné. »
(1) Miles Huggard. Ce personnage avait des prétentions au bel esprit et se croyait un controversiste habile. il publia, en 1556, un livre contre les protestants anglais (the Displaying of the Protestants), où il les accuse, entre autres choses, d'avoir amené la famine et d'autres maux sur l'Angleterre. Ce mercier (hosier), qui se piquait de littérature et de théologie, s'attira de vives répliques, en prose et en vers, en latin et en anglais, de la part de plusieurs protestants, tels que Bale, Humphrey, Crowley et d'autres (Voy. Strype, Memorials under Mary, chap. XXXIV).
(2) Dans l'original (Foxe, VII, 111), Haukes renvoie ironiquement Huggard à sa mercerie, ce qui explique explique mieux la colère de ce personnage que cette parole peu claire que lui prête Crespin.
(3) Romford et Hornchurch.
[Ces petits sophistes du pape font des chapitres comme le mérite leur superbe ignorance]. Je lui ai répondu : « N’êtes-vous pas le curé de l’église de Horne ? Pensant que c’était lui, je lui demandai s’il n’avait pas récemment choisi un vicaire pour sa paroisse, après l’avoir remplacé à sa place, dont nous avions entendu parler (4). Il m’a avoué qu’il l’avait fait par nécessité et par difficulté de l’époque. « Je comprends bien, dis-je, comme le maître, comme le serviteur ; l’un est un homme aussi bon que l’autre » (car on m’a dit qui était ce vicaire). Ce prêtre me quitte aussitôt en disant que j’étais devenu fou comme beaucoup d’autres. Voici un autre qui me demanda quel livre j’avais dans les mains ; J’ai répondu que c’était le Nouveau Testament. Puis il m’a demandé s’il pouvait l’examiner. Je le lui ai donné, et après l’avoir regardé, il m’a dit que le livre était corrompu, même au tout premier mot de son commencement. Car elle commence (dit-il) par la généalogie de Jésus-Christ, et cependant Isaïe dit : 'Qui pourra raconter sa génération ?' « Je serais très heureux, dis-je, d’entendre de votre bouche ce que signifie Isaïe dans ce passage. » « Peut-être, dit-il, ne vous offenserez-vous pas si le disciple enseigne au maître. » (Isaïe 53).
[Cavillation]. Cependant, si vous voulez m’écouter, je vais vous révéler la signification du Prophète. Personne (a-t-il dit) ne peut créer une génération entre le Père et le Fils, mais je doute fort qu’avant de vous dire cela, vous le compreniez. « S’il se fait (dis-je) que le Prophète ne renie pas la génération du Christ. » « Pourquoi donc le Christ est-il appelé le Christ ? » (il dit) Parce que (dis-je) il est le Messie. Pourquoi l’appelle-t-on Messie ? (dit-il). Parce qu’il a été annoncé et attendu par les prophètes. Pourquoi (dit-il) le livre s’appelle-t-il un livre ? « Ces remarques, dis-je, sont plus pour faire du bruit que pour servir à l’édification. Puis il m’a dit : « Prends garde de te détourner de l’Église, car si tu le fais, tu deviendras hérétique. » « C’est ainsi (dis-je) que vous nous tenez pour hérétiques lorsque nous ne voulons pas acquiescer à vos traditions et nous aligner sur votre Église, ainsi vous nous considérez comme de faux prophètes, parce que, quittant Jésus-Christ, vous vous retirez vers l’Antéchrist. » Ayant dit cela, il s’en alla. En voici un autre, bien décidé, comme il disait, à me parler, car il m’avait connu un peu impatient. À quoi je répondis qu’avant de lui parler ou de parler à quelqu’un d’autre, je voulais savoir sous quel titre et quelle autorité il voulait me parler, car autrement je ne voyais aucun moyen de me libérer de ces gens, qui s’approchaient de moi l’un après l’autre.
Entre-temps, Boner sortit de sa chambre et entra dans son vestibule, portant à la main un certain papier sur lequel était écrit ce qui suit : « Moi, Thomas Haux, je proteste auprès d’Edmond Boner, mon juge ordinaire, en tant qu’Evêque de Londres, que la messe est une chose détestable et méchante, et pleine de superstition.
[Principaux chefs d’accusation contre Haux]. Que dans le sacrement du corps de Jésus-Christ, qui s’appelle le sacrement de l’autel, Jésus-Christ n’est pas là du tout, mais au ciel. J’ai cru cela et je le crois toujours, » j’ai dit à Boner : « S’il vous plaît, arrêtez-vous là, monsieur. Premièrement, vous n’avez pas besoin de ce que j’ai cru dans le passé ; maintenant, quant à ce que je crois, je suis bien résolu à le maintenir. Boner, prenant la plume, dit qu’il était disposé pour moi à l’écrire différemment, et il le lut comme suit : Moi, Thomas Haux, j’ai conféré et communiqué avec mon juge ordinaire, avec d’autres hommes bons et saints, et néanmoins je persévère et souhaite toujours persévérer dans mon opinion. « Comment voulez-vous que je confesse que vous êtes saints, puisque par vos propres écrits, j’avouerai que mon opinion est différente de la vôtre ? » Du moins, vous ne nierez pas comment vous nous l’avez communiqué. Pour le reste, je suis disposé, pour votre bien, à l’ignorer et à le laisser aller. Et puis l’un des médecins qui étaient là a dit : « Monseigneur, si vous lui obéissez en barrant et en annulant ce qu’il rejette, il vous laissera peu de choses à mettre par écrit. » Immédiatement après, Boner, appelant ses médecins, leur dit qu’il entendrait les opinions de chacun d’entre eux qui se trouvaient dans la salle et qu’il les ferait signer.
[ Les médecins soussignés]. De sorte qu’enfin il y en a eu cinq qui ont signé, et Boner a menacé de pendre tous ceux qui ne voulaient pas signer, et m’a dit : « Assure-toi que tu ne resteras pas comme ça. » H. « Je ne suis pas effrayé par tes dures menaces, ni par toutes tes imprécations, car je sais que les verges du Seigneur te consumeront, et que les vers et les teignes te mangeront, comme ils mangent les vêtements. B. « Tais-toi, j’espère te récompenser de ce que tu dis. » H. « Je sais bien qu’il est en ton pouvoir de ruiner un homme par ton influence, quand tu le voudras. » B. Si vous savez que je vous ai fait du tort, appelez-moi à la justice et faites-moi comparaître. H. Salomon nous enseigne à ne pas discuter avec le Juge. (Ecc. 7. 17 ; Prov. 26. 2. 45.). Ces mots étant ainsi maniés d’un côté et de l’autre, il se remit à lire son papier ; et l’ayant lu, voyant qu’on ne pouvait me persuader de le signer, il essaya par tous les moyens de le mettre entre mes mains, m’ordonnant de ne le prendre qu’un instant, puis de le lui rendre comme de main à main. Je lui demandai alors ce que signifiait ce mystère, et que je ne le prendrais ni de la main, ni du cœur, ni de l’esprit, pas même une seule fois. Puis il plia rapidement le papier et le mit dans sa poche, et, dans un accès de colère et de colère, il demanda que son cheval aille à Essex, pour voir et examiner mes autres frères. Je suis retourné à la prison d’où je venais de sortir. Vous avez ici tout le conflit que j’ai eu avec Boner et ses partisans, détaillé en entier et écrit de ma propre main, demandant affectueusement à tous les fidèles, mes bons frères et sœurs, de prier notre Dieu pour qu’il lui plaise de me confirmer et de m’assurer dans la vérité jusqu’à la fin. Qu’il en soit ainsi.
[Haux en condamné mort]. Tels furent les assauts de Thomas Haux et les batailles qu’il endura contre les adversaires les plus cruels de l’Évangile ; Il nous reste maintenant à décrire le dernier acte de sa vie, dont les circonstances sont dignes d’intérêt, surtout la promesse qu’il fit de donner un signe à ses compagnons lorsqu’il serait dans le feu. Après être donc resté quelques mois en prison, il fut finalement condamné à mort en juin avec quelques autres, dont nous parlerons également plus loin, par la grâce de Dieu, et fut ramené chez lui dans l’Essex, et exécuté dans la ville de Cockshall (1).
(1) Coggeshall.
[M. Rych]. La fin de ce jeune homme mérite d’être racontée pour une raison singulière. Après la publication de sa sentence, Lord Rych (2) fut désigné pour l’emmener dans l’Essex avec cinq autres compagnons.
(2) Lord Rich. Voy. la note, t. I, p. 509.
Ce gentilhomme, ayant des hommes d’armes pour sa garde et quelques gentilshommes pour le garder fort, se hâta d’exécuter sa commission. Haux, à toutes les occasions qu’il put en chemin, encourageait ses compagnons, trouvant parfois des occasions de converser avec eux de manière informelle. De ses paroles et de sa fermeté, ils trouvèrent une grande consolation et un grand soutien ; Néanmoins, effrayés par l’appréhension de l’horreur de la mort et du tourment du feu qui les attendait, ils le supplièrent d’autant plus, puisqu’il devait les conduire, qu’au milieu des flammes, s’il était possible, il leur donnerait quelque signe par lequel ils seraient mieux assurés s’il y avait un grand tourment dans ce genre de châtiment. de sorte qu’on ne pouvait pas y conserver la mémoire et la fermeté.
[Signe pour encourager ses compagnons]. Ce que ce brave jeune homme promit de faire autant qu’il le pourrait pour eux, et voici le signe qu’ils avaient entre eux : si la force et la violence de la flamme étaient intolérables, il resterait paisible sans bouger ; mais si c’était tolérable et pouvait être facilement supporté, il lèverait ses mains bien au-dessus de sa tête avant de renoncer à son esprit.
[La foi des Chrétiens est invincible]. Après qu’ils eurent ainsi conclu entre eux et fortifié leurs cœurs par des exhortations mutuelles, l’heure du martyre étant proche, les bourreaux prirent Haux et l’attachèrent étroitement au poteau avec une grande chaîne de fer autour de son corps. Il y avait là une grande foule, à la fois des gentilshommes et des gens du peuple, à qui Haux parla longuement, surtout à Sir Rych, se plaignant de l’effusion du sang innocent des fidèles serviteurs de Dieu. Enfin, après qu’il eut prié Dieu avec une vive affection, le bois fut mis au feu ; Et après être resté là pendant un certain temps, ayant déjà retiré sa bouche de la violence du feu, sa peau toute brûlée et ses doigts brûlés, tandis que tout le monde attendait qu’il renonce à son esprit, se souvenant de la promesse qu’il avait faite, il leva les mains ensemble. Le peuple, voyant cela, ne sachant pas la raison de cette levée des mains, poussa des cris d’applaudissements. Et Haux, se baissant dans le feu, rendit son esprit à Cockshall le 10 juin 1555.
(1) Voy. Foxe, t. VII, p. 118-123.
(2) William Bamford, alias Butler (Foxe, t. VII, p. 139).
(3) John Simson (Foxe, t. VII, p. 87-90).
Nous pouvons voir, à partir du récit de la mort de ces six martyrs d’Essex, combien est vrai ce que le Saint-Esprit, par la bouche de Salomon, nous a prédit : Les méchants fuient quand personne ne les poursuit ; Mais les justes sont aussi audacieux qu’un lion. (Prov. 28).
Dans l’histoire ci-dessus racontée de Haux, nous avons vu comment Boner, par ses poursuites et ses actions, aurait tourmenté plusieurs membres fidèles du pays d’Essex, parmi lesquels la mort de six est présentée pour être récitée en ce lieu. Le premier est Thomas Wats, qui fut exécuté à Chelmisford (4), la veille de la mort de Haux, c’est-à-dire le neuvième (5) de cette année 1555. Le onzième jour dudit mois, Nicholas Chamberlayn, un homme craignant Dieu et très inébranlable, fut exécuté à Glocestre (6) avec la même cruauté et la même manière de martyre. Le lendemain, qui était le 12 dudit mois de juin, Guillaume Butler et Thomas Ofmunde furent aussi martyrisés de la même manière : Thomas avant le dîner, à la place de Manentrie, et Guillaume après le dîner, à la place de Haruig (7). En plus de ceux-ci, il y en avait encore d’autres, à savoir John Symson et John Erdley, qui, comme ils étaient du même pays, tous deux diacres, ont également été exécutés de la même manière. La raison de leur emprisonnement était qu’ils avaient refusé de donner à un prêtre, qui était prêt à chanter la messe, un missel et les ornements à célébrer (8).
(4) Chelmsford.
(5) Les mots « de Juin » sont omis dans toutes les éditions que nous avons sous les yeux. D'après Foxe, ce martyre aurait eu lieu le 10 juin.
(6) D'après Foxe, ce martyre eut lieu à Colchester le 14 juin.
(7) Ce fut le 15 juin, d'après Foxe, que William Bamford, alias Butler, fut martyrisé à Harwich, et Thomas Osmond à Manningtree
(8) John Simson et John Ardeley sont désignés par Foxe comme de simples laboureurs, et non comme des diacres. C'est aussi la désignation que leur donne Burnet (Hist. de la Réf. en Angl., trad. de Rosemond, Amst., 1687, t. II, p. 740). Les chefs d'accusation extraits des registres de l'évêché de Londres portent sur des hérésies doctrinales, et non sur le fait que mentionne Crespin.
Au moyen de quoi, accusés d’hérésie et condamnés à mort, ils furent tous deux brûlés le onzième jour dudit mois : l’un, à savoir Erdley, au lieu de Raile (1), et Symson à Rochefort (2).
(1) Rayleigh.
(2) Rochford.
Parmi ceux qui furent pris avec Symson, traduits devant la justice, et finalement condamnés, il y en avait un qui était plus simple et moins savant que les autres, qui ne pouvait guère bien répondre aux questions qu’on lui posait. Symson, prenant le parti de son compagnon, parlait à haute voix pour se faire entendre de tous ceux qui étaient autour. À tel point qu’ayant une voix plus robuste et hautaine qu' aucun autre, comme ceux qui claquent habituellement contre les tempes, il submergeait de sa voix ceux qui étaient à proximité, et tout le monde s’approchait pour entendre ce qu’il voulait dire. Boner, étonné par le rassemblement soudain et l’acclamation du peuple, demanda soudain ce que c’était ; On lui dit qu’ils commençaient à faire grand bruit, tendant à une conspiration contre lui.
[Les méchants s’enfuient, sans que personne d’autre que leur conscience furieuse ne les poursuive. C’est donc suffisant]. Effrayé et comme désespéré, il s’enfuit immédiatement en pleine déroute, accompagné de ses médecins et de ses prêtres, qui l’escortèrent. Par peur et étonnement, et par la hâte qu’ils avaient à fuir, ne pouvant trouver l’entrée de la porte, ils se pressaient et se frappaient les uns les autres, comme si les ennemis étaient à la porte. Et il donna à ceux qui assistaient à ce spectacle le soin de rire et pousser des hululements joyeux, comme nous n’en avons jamais entendu de pareils gens. C’était presque le même exemple d’horreur que celui qui était déjà venu aux théologiens d’Oxford, lorsque l’incendie s’est déclaré dans leur temple (3), et il n’y a pas eu de différence, si ce n’est que celui qui était poursuivi à ce moment-là, après avoir jeté le paquet qu’il portait, s’est échappé ; mais ceux-ci, laissés dans ce tumulte, furent bientôt après ramenés au supplice du feu, qu’ils endurèrent avec une grande constance pour l’édification des fidèles qui étaient présents.
(3) Voy. t. 1, p. 579.
JEAN BRADFORD, ministre Anglais (1)
La vie de Bradford, décrite avec les procédures qui ont eu lieu contre lui en public devant les juges, ainsi que les disputes particulières qu’il a eues avec les théologiens, ne sera pas superflue ; au contraire, il fournira des instructions sur la façon dont les fidèles doivent se comporter lorsque, ayant fait et procuré du bien, leurs adversaires les accusent faussement ; et au lieu d’apaiser la multitude, ils le poursuivent à mort comme séditieux et rebelle.
(1) The History of the worthy Martyr and Servant of God, Master John Bradford. Voy. Foxe, t. VII, p. 143-285. Cette notice de Foxe, qui a plus de 140 pages, renferme un grand nombre de lettres de Bradford, qui furent communiquées au martyrologiste anglais par son ami Grindal (Voy. Strype, Life of Grindal, I, 2). Les ouvrages de Bradford, édités par Townsend. ont été republiés par la Parker Society (Camb., 1848). Voy. Burnet, Hist. of Ref., 11, 379, 488 (trad. fr. de 1687, t. II, p. 742); Strype, Eccl. Mem., III, 1. Voy. aussi sa vie par Stevens, Lond., 1832.
[Haryngthon., trésorier à Boulogne]. BRADFORD, natif de la ville de Manchester, ville de grande renommée dans le diocèse de Lancaster, fut destiné par ses parents dès son plus jeune âge aux lettres. Parmi ses éloges, on nota qu’il avait une grande promptitude et une grande dextérité dans l’écriture ; ce qui lui a aussi beaucoup servi dans les affaires nécessaires de sa vie. À cette époque, John Haryngthon (2), un chevalier de l’ordre, était trésorier du roi Henri VIII, responsable de la rémunération des soldats. Il avait John Bradford à son service et l’aimait tendrement, l’honorant plus que tous ses autres serviteurs. Bradford fut également utile à son maître. Cependant, sous son service, il a appris à connaître et à acquérir de l’expérience dans de nombreux domaines. D’un autre côté, lord Haryngthon trouvait Bradford si fidèle qu’il l’estimait comme un trésor précieux et l’avait comme son assistant dans presque toutes ses affaires.
(2) Sir John Harrington, trésorier des camps et des bâtiments royaux à Boulogne, qui était alors aux Anglais
Il avait déjà passé une bonne partie de son temps dans ce mode de vie, et il aurait pu facilement amasser des richesses s’il avait appliqué son esprit à acquérir des propriétés ; mais la providence de Dieu l’avait destiné à un autre but. Finalement, ennuyé par ce mode de vie, et ayant diligemment et fidèlement recueilli ses comptes sur les affaires de son maître, il demanda paisiblement congé et se retira de son service ; il l’a fait afin que, étant soulagé d’autres affaires, il puisse se consacrer entièrement au service de Jésus-Christ. Or, un instinct secret de l’appel de Dieu le poussait à cela, et ne laissait jamais son esprit en repos, où qu’il aille, jusqu’à ce qu’enfin il eût possédé tout son esprit, étant de son propre droit, de sorte que, bien qu’après avoir pris congé de son maître, il se soit appliqué à l’étude des lois, néanmoins son esprit ne pouvait pas rester longtemps parmi les légalistes.
[Exemple digne d'être noté]. C’est pourquoi, ayant aussi quitté ce mode d’étude, dans lequel il n’avait cependant pas perdu son temps, du temple des lois civiles (car c’est ainsi qu’on appelait le collège où il résidait) (1), il se rendit à Cambridge, au temple des lois divines, pour étudier les questions qui se rapportaient de plus près au ministère de l’Église du Seigneur. Ce qu’on dira plus loin démontrera bien l’ardeur avec laquelle il fut poussé à cette étude, à savoir que, dès la première année, il fut fait docteur à la Faculté de théologie (2) ; et tout le monde le tenait en si faveur et en tant d’admiration qu’il fut immédiatement nommé directeur (3) du collège de Pembroke.
(1) Le Temple, à Londres.
(2) Il fut fait maître des arts, et non docteur en théologie.
(3) Il devint fellow, et non principal du collège de Pembroke.
Maintenant, il profitait tellement de jour en jour que tout le monde avait les yeux fixés sur lui, et surtout il commençait à être tenu en estime par Martin Bucer, la perle des théologiens de l’époque, qui, se promettant de grandes choses grâce à la bonne nature de Bradford, le pressait de toutes ses forces d’utiliser le talent que Dieu lui avait donné pour le bénéfice et l’instruction commune de l’Église de Jésus-Christ. En réponse, Bradford invoqua sa propre faiblesse et s’excusa de ne pas avoir suffisamment de connaissances.
[Notable réponse de Bucer]. Bucer répondit : « Même si vous ne pouvez pas apprécier les sucreries ou le pain blanc, vous pouvez au moins présenter du pain à manger pour vous rafraîchir. » Ainsi, les exhortations que Bucer lui donnait souvent l’encourageaient ; et comme il y était très attentif, il était approprié que Nicholas Ridley, lorsqu’il était évêque de Londres, le convoque de Cambridge pour l’élever aux rangs et aux offices ecclésiastiques. Il le fit d’abord diacre et lui donna immédiatement la permission de prêcher ; de plus, il lui fournissait une allocation suffisante, qui était le revenu d’une prébende de l’église cathédrale de Saint-Paul ; et là, tant que les bons et fidèles docteurs avaient peu de loisir et de commodité sous le roi Édouard, Bradford travaillait diligemment pour remplir son devoir d’enseigner purement et fidèlement dans l’Église de Dieu.
[ Tumulte à Londres raison de Burne]. Après la mort de ce bon roi, bien que la religion commença à décliner, Bradford continua néanmoins à poursuivre fidèlement la bonne œuvre qu’il avait commencée. Alors une cause a été trouvée, mais très injuste, d’autant plus qu’il n’y avait pas de lois publiques par lesquelles la liberté d’expression avait été supprimée, et encore moins emprisonnée pour cela. Le treizième jour d’août, il y avait un homme nommé Burne (1), de la faction du pape, qui fut plus tard nommé évêque de la ville de Bath, qui, dans un sermon qu’il donna à la croix de saint Paul, cracha beaucoup de choses viles d’une manière arrogante et éhontée, à la fois contre le roi Édouard et contre la pure doctrine de l’Évangile ; Et il agissait avec tant d’orgueil qu’il était à peine nécessaire que les auditeurs le jettent à bas de la chaire, car ils montraient des signes clairs qu’ils avaient un grand désir de le faire.
(1) Le D Gilbert Bourne fut fait évêque de Bath and Wells l'année suivante. Le congé d'élire est daté du 3 mars 1554. Voy., sur le sermon qu'il prononça à la Croix de Saint-Paul le 13 août 1553, et sur le tumulte qui s'ensuivit, Foxe, t. VI, p. 391; t. VII, p. 144.
Ils étaient tous si fâchés contre lui que ni la vénération du lieu, ni l’autorité de l’évêque de Londres, qui était présent, ni l’ordre légitime du prévôt de la ville ne purent calmer le tumulte et le bruit du peuple. Burne, étant grandement gêné à cause de ce grand trouble, et surtout parce qu’un poignard lui avait été lancé du milieu de la mêlée, avec lequel il fut frappé, n’osa pas continuer plus longtemps pour achever son sermon séditieux ; et le peuple ne peut pas supporter de parler plus longtemps. Il demanda donc à Bradford, qui était derrière lui, de venir prendre sa place et de parler au peuple. L’issue de ce conseil fut bonne pour lui. Et en effet, après que Bradford eut été présenté au peuple, tout le bruit fut facilement calmé. Et dès que les gens l’eurent regardé, ils lui souhaitèrent une grande prospérité, et s’écrièrent : « Bradford, Bradford, que Dieu te conserve longtemps la vie, Bradford. »
[Acclamation populaire à Bradford]. Que Dieu vous préserve longtemps la vie, Bradford. Alors, après tout, il l’écouta attentivement, alors qu’il parlait de la véritable obéissance chrétienne. Une fois le sermon terminé, chacun rentra paisiblement chez lui, à l’exception de quelques-uns ; Car quand un si grand peuple est offensé et en colère, il est difficile de faire en sorte que toutes choses soient si soudainement et si facilement apaisées.
Parmi ceux qui résistèrent à ce tumulte, il y avait un gentilhomme accompagné de deux serviteurs, qui monta les marches de la chaire et se jeta à la chaire pour s’approcher de Burne, avec l’intention de lui faire du mal. Bradford, reconnaissant ce gentleman et prévoyant ce qu’il comptait faire, s’avança et s’opposa à lui de toutes ses forces ; et en même temps, il avertit secrètement Burne, par l’intermédiaire de son serviteur, de se méfier de ce danger imminent. Burne s’enfuit immédiatement chez le gouverneur de la ville et échappa de justesse à la mort de nouveau. Cependant, ne se sentant pas encore suffisamment en sécurité, il demanda à Bradford de lui tenir compagnie jusqu’à ce qu’il puisse trouver un endroit où se cacher et éviter tous les efforts et la violence. Bradford le fit volontiers, et, se plaçant en avant, le couvrit par derrière de sa longue robe ; bref, il ne l’abandonna que lorsqu’il fut entre les mains du maire de la ville, et deux autres de justice, par lesquelles il fut conduit sain et sauf au collège de Saint-Paul, qui était tout près. C’est ainsi que cet arrogant Burne, qui avait ainsi déversé ses outrages contre le bon roi Édouard, fut sauvé cette fois de la mort, qu’il avait pourtant méritée à juste titre à cause de ses insolences. C’était par l’intermédiaire de Bradford : ceux qui avaient l’intention de se venger de lui ne l’avaient pas caché ; parmi lesquels il y en avait un qui prononça ce mot avant tout le monde : « Bradford, Bradford, sauvez-vous la vie de celui qui n’épargnera pas la vôtre ? Sans ton amour, j’aurais transpercé cette bête avec mon épée.
De plus, le même jour après le dîner, Bradford prononça un sermon devant le peuple de Londres au milieu de la plus grande place de la ville (1), au cours duquel il reprocha vivement à tout le peuple cet acte séditieux, en attendant à Londres de voir quelle serait l’issue de cette tragédie. Voilà, en bref, comment Bradford s’est conduit dans cet acte ; et à partir de là, on peut bien comprendre quelle récompense il méritait de la part de juges équitables pour une œuvre aussi sainte. Écoutons maintenant quelle récompense il a reçue.
(1) Ce ne fut pas sur une place, mais dans une église, Bow Church, Cheapside, que Bradford prêcha cet après-midi du 13 août.
[L'agneau est accusé d'avoir troublé l'eau].
Trois jours après (2) que ces choses eurent été faites, le Sénat (3) et les évêques convoquèrent Bradford devant eux, et là il fut obligé de répondre de cette faction et de l’hérésie qui lui avait été imposée, et il fut accusé de telle manière que la brebis fut une fois accusée par le loup d’avoir troublé la fontaine (qui, cependant, elle en avait été très loin), non pas qu’elle ait offensé, mais parce que le loup avait soif ; non pas qu’elle eût dérangé la fontaine, mais parce qu’elle ne devait pas résister. Voici l’autre qui est perturbé. Il en fut de Bradford, qui seul avait éteint la flamme de la sédition : néanmoins, il fut conduit en prison (4) où il resta deux ans, pendant lesquels les papistes l’attaquèrent à plusieurs reprises, et aussi d’autres personnes d’autres sectes ont commis plusieurs délits contre lui.
(2) Le 16 août.
(3) Le conseil.
(4) Il fut d'abord enfermé à la Tour de Londres, puis au King's Bench, Southwark, prison placée alors sous les ordres de Sir William Fitz-Williams, qui était favorable aux évangéliques, et laissa à Bradford une assez grande liberté, y compris celle de faire. deux fois par jour, le culte aux prisonniers.
Cependant, il ne manqua pas de fortifier plusieurs infirmes et de réconforter beaucoup d’affligés ; De plus, il a écrit quelques livres en fonction du loisir et du temps qu’il pouvait récupérer. Entre autres choses, il envoya plusieurs lettres aux habitants de Londres, à l’Université et à la ville de Cambridge, ainsi qu’aux habitants de Walden et de Manchester ; en outre, il écrivit des lettres à deux frères, ainsi qu’à leurs épouses et à leurs familles, à travers lesquelles il montrait clairement l’affection chrétienne qu’il nourrissait dans son cœur. Finalement, après de longs travaux et des ennuis, il fut sorti de la prison de Coventry et conduit secrètement à celle de Newgate. Le lendemain matin, de bonne heure, il fut emmené au marché de Smithfield avec un autre jeune homme nommé JEAN LIEFE (1), qui n’avait que dix-huit ans, où tous deux furent brûlés le premier jour de juillet quinze cinquante-cinq.
(1) Voy. la notice qui suit celle de Bradford.
Après que nous eûmes fini de parler à Robert Ferror, évêque de Saint-David, dont le martyre a été décrit ci-dessus (2), John Bradford fut convoqué et présenté au jugement. Et d’abord il s’agenouilla de la manière habituelle.
(2) Voy. plus haut, p. 139
Le chancelier, avant de lui poser la moindre question, lui jeta un regard de dédain et le regarda pendant quelque temps sans dire un mot, afin de tester sa détermination, ou plutôt de l’intimider, ou de saper son autorité. Bradford, d’autre part, restant confiant, semblait fixer son regard directement sur le chancelier, le regardant d’un regard fixe, jusqu’à ce qu’il lève une fois les yeux au ciel, implorant l’aide du Seigneur, et puis, après avoir fixé si intensément son regard sur le chancelier, il fut finalement obligé de détourner le regard, ou même d’engager une conversation et de dire à Bradford qu’il était depuis longtemps retenu prisonnier à cause de sa présomption séditieuse et de sa fausse doctrine, comme quelqu’un qui avait si hardiment prêché sans autorité devant tout le peuple à la croix de Saint-Paul, le treizième jour d’août de l’année 1553. « Maintenant, dit-il, le temps est venu que la grâce vous soit accordée, si vous le désirez. » La Reine vous présente la miséricorde de son plein gré, si, d’un commun accord avec nous, vous revenez au droit chemin et à la vérité. Bradford, se soumettant à la révérence qu’il devait, répondit : « Mon lord chancelier, et vous aussi, très honorés lords, il est très certain que, par votre ordre, j’ai été retenu prisonnier pendant longtemps sans raison (ce que je prétends dire avec humilité et sans désir qu’aucun de vous ne soit offensé). En fait, je n’ai aucun souvenir d’avoir dit ou fait quoi que ce soit ici ou ailleurs qui puisse être justement blâmer, soit de sédition, soit d’impiété, soit d’arrogance, vu que, par ma nature et mon inclination, j’ai toujours aimé la paix et que je l’ai recherchée toute ma vie, en fait dans cette même procédure où j’ai prêté assistance à Burne. qui prêchait et qui était en grand danger de perdre la vie, et, en plus de cela, j’ai fait une exhortation publique tendant à la paix.
[Bradford, qui avait réprimé la sédition, est accusé d’en être l’auteur]. Le chancelier ne put supporter qu’il continuât, et dit comme s’il s’étonnait : « Oh ! le mensonge évident et trop manifeste ! Ce fait même démontre clairement que vous avez attisé la sédition et les troubles. Et vous, Sir de Londres, pourrez témoigner. TRIQUE. « Ce que vous dites est très vrai, révérend monsieur ; car moi-même, qui étais présent dans toute cette affaire, j’ai vu de mes propres yeux comment celui-ci, par audace et présomption séditieuse, a usurpé l’autorité de gouverner et de diriger le peuple. Ce fait démontre suffisamment qu’il est l’auteur de la sédition et des troubles qui ont été attisés. BR. « Très nobles lords, quelle que soit la situation de ce que l’évêque de Londres prétend avoir vu de ses propres yeux, l’affaire n’a pas été menée autrement que ce que vous avez déjà entendu de ma part, comme le juste Juge le révélera un jour au monde entier, devant le trône duquel nous devons tous comparaître. Cependant, parce que je ne peux pas obtenir cela de vous, pour ajouter de la foi à mes paroles, je porterai paisiblement tout ce que Dieu vous permet de tenter et de faire contre moi. CH. Je sais que tu as la langue pleine d’orgueilleuse vantardise ; Les paroles qui sortent de votre bouche ne sont que de purs mensonges. D’ailleurs, je n’ai pas encore oublié combien vous étiez obstiné lorsque vous avez plaidé votre cause devant nous dans la tour, que vous y avez été appelé pour répondre de la sédition, et que vous avez reçu l’ordre d’aller de là en prison pour votre religion. Je le sais, et je garde encore dans ma mémoire, l’attitude que vous aviez et la fierté qui était dans vos paroles, et depuis ce moment-là, vous avez été détenu à juste titre en prison, et, semble-t-il, vous pourriez bien avoir été l’auteur de grands maux et d’autres encore plus grands que je ne peux en raconter à l’heure actuelle. »
[Protestation devant le Seigneur]. BR. « Je répète maintenant ce que j’ai protesté ci-dessus. Tout comme je me tiens ici devant vous en présence de Dieu, devant le siège duquel (comme je l’ai dit) nous devons tous apparaître de temps en temps, et ce jour-là la vérité sera révélée, même si elle est cachée comme dans un lieu sombre, ou plutôt qu’elle est rejetée par les hommes. Et je ne doute pas que Burne, que j’ai beaucoup aidé à cette époque, n’avoue maintenant que si je ne l’avais pas aidé, sa vie était en grand danger ; et je me suis même mis plus en danger. Bo. « Tu mens en disant cela, car je t’ai vu et j’ai remarqué que tu t’es montré plus arrogant et plus hautain que tu n’aurais dû l’être. BR. « Je ne me suis rien attribué dans cette affaire, et je n’ai rien fait qu’à la demande d’autrui, et principalement à la demande de Burne lui-même. » S’il était ici, il ne le nierait pas, et je le fais bien. Car il m’a lui-même poussé par ses prières à lui donner du secours et à remédier au scandale du peuple. De plus, il priait sincèrement pour que je ne l’abandonne pas avant qu’il ne soit hors de danger pour sa vie. Quant à mon attitude et aux paroles que j’ai prononcées devant vous dans la tour, s’il y a eu une faute à cet égard, ou si j’ai manqué à ce qui était mon devoir, ou si j’ai agi différemment de ce que j’aurais dû, je vous supplie sincèrement de me montrer en quoi j’ai offensé, et je réparerai volontiers la faute. CH. « Pour que nous ne soyons pas obligés de perdre toujours du temps après vous, il reste une chose, si vous voulez revenir sur le droit chemin selon notre exemple et vous soumettre à l’Église, la Reine vous présente la grâce et la miséricorde de sa bonne volonté. Qu’en dites-vous ? BR. « Je ne refuse pas la miséricorde de la Reine, pourvu qu’elle soit jointe à la miséricorde de Dieu ; mais quel avantage la grâce, combinée à la colère de Dieu, apporterait-elle ?
[Bradford ne se sent pas offensé par la reine.].Cependant, grâce à mon Dieu, je ne me sens pas coupable d’avoir commis une offense jusqu’à présent, pour laquelle je dois implorer si fortement la miséricorde de la Reine, vu qu’à ce moment-là je n’ai rien fait qui ne s’aligne pas avec les lois et les statuts de Dieu ainsi qu’avec les édits et ordonnances publics de ce royaume, et qui a beaucoup servi au bien, à la paix et à la tranquillité publique. » Сн. « Eh bien, si vous persistez à proférer des paroles aussi fausses et si vaines, si vous prenez tant de plaisir à votre orgueilleux bavardage, sachez avec certitude que la volonté de la Reine est de purger bientôt ce royaume d’hommes tels que vous. » BR. « Dieu, devant la face duquel je me tiens maintenant aussi bien que devant vous, sait quelle gloire je poursuis en ce lieu où je me suis poursuivi moi-même auparavant. » Je désire vivement la bonté et la miséricorde de Dieu, et je voudrais même obtenir la faveur de la Reine, afin qu’elle me permette de vivre sain et sauf avec les autres sujets de son royaume, pourvu que ma conscience reste aussi saine et en sûreté.
[Notable consolation]. Car autrement la miséricorde du Seigneur m’est certainement bien meilleure et beaucoup plus chère que ma propre vie ; de plus, je sais entre les mains de qui j’ai confié ma vie, c’est-à-dire à celui qui peut suffisamment la garantir et l’entretenir, et sans sa permission personne ne peut me l’enlever. Il y a douze heures dans une journée, et tant qu’elles durent, personne n’aura le pouvoir de me l’enlever. Que la bonne volonté du Seigneur soit faite, car la vie combinée à la fureur et à l’indignation de Dieu est pire que la mort ; Au contraire, la mort combinée à sa faveur est la vie même. CH. « Prenez garde de vous assurer que, de même que jusqu’à présent vous avez séduit le peuple avec une doctrine fausse et corrompue, vous en rapporterez les conséquences comme vous l’avez mérité à juste titre. » BR. « Je ne me sens en aucune manière coupable d’aucune séduction et n’ai jamais proposé d’autre doctrine que celle que je suis maintenant prêt à sceller de mon propre sang, par la grâce de mon Dieu. Et quant à ce que vous appelez ma doctrine, corrompue et diabolique, ce serait une chose très difficile à supporter pour moi si vous pouviez démontrer, en fait, ce que vous dites de votre bouche.
[Serment solennel de ne consentir au Pape]. L’évêque de Dunelme (1) : « Dites-nous maintenant quelle est votre opinion sur l’administration de la communion, que vous voyez maintenant en pratique ? BR. Avant de répondre à votre question, je dois d’abord vous poser une autre question ainsi qu’aux autres seigneurs qui sont ici présents. C’est déjà la sixième fois que je suis obligé par serment, et même par des paroles expresses, que je ne consens jamais à la restauration de la juridiction du Pape ici, ni à son retour. Par conséquent, je vous prie de bien vouloir me le dire de bonne foi et de me dire clairement si vous demandez cela avec l’autorité du Pape ou non. S’il en est ainsi, je ne peux pas vous répondre à ce sujet sans me parjurer manifestement. BVR., secrétaire (2). Est-il vrai que vous avez juré six fois contre le Pape ? Je vous le demande, quelles sont les accusations que vous avez eues dans la République pour faire cela ? BR. Le premier serment qui m’a été donné a été à Cambridge, quand ils ont voulu me faire médecin (3). La seconde, c’était lorsque j’ai été appelé dans la communauté de Pembroke Hall (4). La troisième fut l’envoi d’ambassadeurs au nom du roi et l’obligation pour toute l’université de jurer publiquement d’observer tous les édits du roi. La quatrième, c’est quand j’ai été amené à recevoir les ordres du ministre sacré. La cinquième, c’était tout de suite après, quand je fus élu chanoine de Saint-Paul. Le sixième et dernier eut lieu peu de temps avant la mort du roi, lorsque nous fîmes tous indifféremment ce même serment. CH. « Eh bien, qu’entendez-vous par tout cela ? »
(1) Cuthbert Tunstall. Voy. t. 1, p. 313.
(2) Sir John Bourne. Voy. la note de la page 96. .
(3) Maître des arts.
(4) Fellow du Pembroke-Hall, collège de l'Université.
[Serments Hérodiens]. « Eh bien, qu’entendez-vous par tout cela ? De tels serments hérodiens n’engagent en aucune façon la conscience. Mais il est certain que de tels serments n’ont pas été hérodiens et ne doivent pas être considérés comme tels. Mon affirmation est confirmée par le livre que vous venez de composer : De l’obéissance véritable (1). ROCHESTER, qui était l’un des assistants et tout près de la table, dit : « Honorables lords, je n’ai jamais entendu jusqu’à présent la raison pour laquelle ce Bradford a été fait prisonnier ; Je vois maintenant, quelle qu’en soit la raison, que vous avez agi prudemment dans cette affaire lorsque vous l’avez fait emprisonner. S’il avait été en liberté, il aurait pu faire beaucoup de mal à ce moment-là. Par conséquent, pour quelque raison que ce soit, il a été retenu comme prisonnier jusqu’à présent, je sais maintenant qu’il est tel que, même en dehors de cette raison, il mérite bien d’être étroitement gardé par vous. BURNE secrétaire: De plus, d’après le rapport du comte de Derbe (2), nous avons appris récemment dans l’assemblée publique qu’aujourd’hui en prison, il a causé beaucoup plus de tort à la religion par les lettres qu’il a écrites qu’il ne le faisait auparavant lorsqu’il prêchait publiquement en liberté (3). Dans ces lettres, il déteste vivement les faux prédicateurs et les maîtres de la doctrine corrompue (car c’est ainsi qu’il se réfère à la doctrine qui ne correspond pas à la vérité) et exhorte vivement tous ses complices à persévérer constamment et à rester fermes dans la vraie doctrine qu’ils ont reçue de lui et des autres.
(1) Voy. plus haut, p. 123.
(2) Le comte de Derby, Edward Stanley, treizième comte de ce nom.
(3) On possède un grand nombre de fort belles lettres de Bradford écrites durant sa captivité. Voy. Foxe, VII, 196-285.
[Lettres de Bradford pour encourager les fidèles]. Il y en avait aussi plusieurs autres du conseil de la Reine qui l’attestaient : « Qu’en dites-vous, brave homme ? Répondre; Niez-vous que vous n’avez pas écrit de telles lettres ? « Loin d’avoir fait ou dit quoi que ce soit par sédition, je ne sens pas dans mon cœur qu’une mauvaise pensée de sédition soit jamais descendue là-bas, ce dont je rends grâces à Dieu. » BVR. Mais vous ne pouvez pas nier que vous avez écrit des lettres. Pourquoi vous taisez ? répondre. » B. « Ce que j’ai écrit est écrit. SOUTHWEL (1). a C’est une merveille de l’arrogance de cet homme, dont il a fait preuve même lorsqu’il était adolescent ; et il se comporte toujours avec tant d’audace, osant bien jouer avec les conseillers de la Reine et d’autres personnes de l’État. » Alors ils se regardèrent avec colère, avec un regard dédaigneux, Bradford les regarda aussi, et leur parla alors qu’il s’enfuyait : « Très honorables seigneurs, Dieu qui est et sera le seul Juge de nous tous, il est bon qu’en me tenant devant Sa sainte Majesté, je me présente aussi humblement ici devant vos révérences, comme il est raisonnable, en prenant soin autant qu’il est possible pour moi de ne vous offenser ni en paroles ni en actes, autant que je puisse le savoir.
(1) Sir Richard Southwell. Voy. p. 97.
Que si vous le prenez différemment, je fais bien que le temps viendra où Dieu le révèle. Cependant, j’ai bon espoir que j’endurerai paisiblement et volontairement tout ce que vous jugerez bon de dire et de faire. CH. Ce sont de belles paroles de révérence ; Cependant, de même qu’en toutes autres matières, vous n’avez fait que mentir, de même vous ne mentez qu’à cet égard. BR. Je désire que Dieu, qui fonde les cœurs, et qui seul est l’auteur de la vérité, arrache maintenant de votre présence la langue de cette bouche qui vous parle, et qu’il montre en moi un exemple dont tous les autres peuvent être avertis, si j’ai délibéré de rester ici devant vous, ou de prendre plaisir à quelque chose sur lequel vous pourriez m’interroger. CH. Pourquoi ne répondez-vous pas ? N’avez-vous pas écrit des lettres comme celles-ci qui vous ont mis en avant ? BR. « Je connais la même réponse que j’ai donnée précédemment ; ce que j’ai écrit est déjà écrit. Je me tiens ici devant vous, soumis à votre connaissance ; Vous pouvez faire mon essai sur ces lettres si vous le souhaitez. Si vous pouvez le faire, ou s’il y a quoi que ce soit dans ces lettres pour lequel je puisse être accusé et blâmé à juste titre, je mentirais si je le niais. » CH. « Il n’y aurait jamais de fin avec cet homme. Maintenant, dis-nous brièvement, veux-tu que nous te montrions miséricorde, ou pas ? BR. « Je prie le Seigneur qu’il m’accorde sa miséricorde. Si, avec cette miséricorde de Dieu, vous souhaitez aussi vous joindre à la vôtre, je ne le refuserai pas. Ensuite, tout le monde a été empêché d’exprimer son opinion ; l’un en parlait d’une manière, l’autre d’une autre, et tous discutaient de son arrogance, à savoir qu’il rejetait ainsi avec orgueil la miséricorde que la reine lui présentait si libéralement. Bradford leur parla donc en ces termes : « Si vous me permettez de jouir autant des droits et des libertés des autres citoyens, que je puisse aussi conserver la liberté de ma conscience, j’aurai lieu de vous remercier sincèrement de votre bonté. Et si je me conduis d’une manière qui ne convient pas à un citoyen bon et pacifique, vous avez des lois par lesquelles vous pouvez me punir. Cependant, je ne vous demande rien d’autre que cette grâce commune de m’être accordée, de vivre avec les autres citoyens, jusqu’à ce qu’il soit trouvé en moi quelque chose digne d’être puni de mort par les lois. Mais si je ne peux pas l’obtenir de vous (comme je n’ai pas pu l’obtenir jusqu’à présent), que la volonté du Seigneur soit faite. Amen. Là-dessus, le chancelier fit une longue digression et commença à cracher de grands outrages contre le roi Édouard avec une bouche impudente, disant que beaucoup avaient été séduits par son erreur. Puis, après avoir mis fin à ces méfaits, il adressa de nouveau ses remarques à Bradford, essayant de le prendre au dépourvu, et lui dit : « Et toi, brave homme, que veux-tu dire ? » BR. « Tout comme la voie et la doctrine de la religion que notre bon roi Édouard a suivie, et qu’il nous a recommandée par son autorité, ne m’a jamais déplu tant qu’il a vécu, de sorte que maintenant, depuis sa mort, cela me semble beaucoup mieux, et je me sens plus confirmé en lui de jour en jour ; et si mon bon Dieu le permet, je suis prêt à sceller cela de mon propre sang, comme je l’atteste maintenant par des paroles.
[Les livres des cérémonies de l'Église du temps du Roi Edouard]. Or, à l’époque du roi Édouard, il y avait plusieurs livres appartenant aux observations et aux cérémonies de l’Église, qui, bien qu’ils pussent tous bien servir à la réforme de la religion, semblaient bons à ceux qui avaient les affaires en main de réformer l’état de l’Église peu à peu et comme par intervalles ; Ils ont été modifiés une ou deux fois, ou plutôt les livres ont été corrigés (1).
(1) Ces liturgies et formulaires, publiés sous Edouard VI, ont été rassemblés et forment un volume de la collection des pères de la Réformation anglaise publiée par la Parker Society.
Tonstal, évêque de Durham, reprochait aux évangéliques cette diversité, les accusant de légèreté et d’inconstance. Il posa ensuite à Bradford cette question : Quelle forme de religion comprenait-il de tous ceux qui avaient été sous le roi Édouard ? Bradford répondit : « Monsieur l’Évêque, j’ai commencé à prêcher l’année de la mort du roi. » Burne, le protonotaire, prit alors des tablettes sur lesquelles il écrivit quelque chose. Finalement, après qu’ils eurent gardé un certain silence, le chancelier revint une fois de plus à la doctrine et à la religion du roi Édouard, et s’efforça de montrer qu’elle était hérétique, principalement parce qu’elle sentait sa rébellion et sa haute trahison. De plus, il n’a rien apporté des Écritures, et par cela (a-t-il dit) on pouvait facilement juger de ce que tout le monde devrait penser d’une telle doctrine. BR. « Oh, si seulement c’était, Révérend Monsieur, que vous pouviez entrer une fois pour toutes dans le sanctuaire et le cabinet de Dieu, et y regarder la fin et l’issue de votre doctrine, que vous chérissez tant maintenant ! » CH. « Qu’entendez-vous par là ? Il me semble que, si nous voulons écouter un peu, nous pourrions même maintenant sentir un soupçon de rébellion dans ses paroles. BR. « Je ne pense à rien de moins qu’à ce que vous dites ; je regarde plutôt un but tout à fait contraire à celui que les hommes ont coutume de mettre devant leurs yeux charnels : c’est le but de ceux qui, étant entrés dans le sanctuaire de Dieu, contemplent les choses célestes et non celles du monde. Car les choses qui sont si facilement éblouissent les yeux des hommes et les égarent.
Maintenant, sur ce, le chancelier proposa de nouveau les conditions de la vie et du pardon à Bradford, à quoi il répondit de la même manière qu’il l’avait fait auparavant, assurant qu’il désirait vivement que la miséricorde lui soit accordée, pourvu qu’elle soit jointe à la miséricorde de Dieu, et pas autrement. Dès que le chancelier l’eut entendu parler de cette façon, il fit signe à quelques-uns de ses gens qui étaient dehors d’entrer ; car dans cette assemblée, il n’y avait personne en dehors de ceux qui avaient été nommés, et de l’évêque de Wigorne. Après que quelqu’un fut entré, le secrétaire Burne dit : « Je suis d’avis que nous devrions faire amener ici le geôlier, à qui nous avons donné celui-ci en détention. » Un domestique alla alors chercher le geôlier à la prison de Marchal (1); et quand il arriva, le chancelier lui ordonna expressément de le surveiller de si près que personne n’entrerait pour venir lui parler.
(1) Foxe parle de l' « under-marshal » et non de la prison de Marchal.
[Bradford baillé au Geôlier]. De plus, il veillait à ce qu’aucune lettre ne soit envoyée par son prisonnier à qui que ce soit dans le monde. Et bien qu’il ne relâchait pas sa vigilance sur le Geôlier, il fallait néanmoins que ce rappel lui fût fait, qu’il y avait à ce moment-là plus de raisons pour lui de garder ce prisonnier avec plus de soin qu’auparavant. Le geôlier s’en alla alors avec Bradford, ayant cette commission du chancelier, comme on l’a dit. Et Bradford, sortant du concile, s’en alla joyeux et joyeux sans changer d’expression, comme quelqu’un qui était prêt à endurer toutes les choses extrêmes pour le témoignage de la doctrine de l’Évangile, même si cela aurait signifié verser son sang au point de perdre la vie.
(2) St Mary-Overy.
Après que Rogers eut été condamné, dont les actes et le martyre sont décrits (3) ci-dessus, le premier à être traduit en justice fut John Bradford, qui fut amené devant eux par Gardiner et les évêques qui étaient avec lui. Puis Gardiner répéta brièvement ce qui avait été fait dans la première procédure, à savoir qu’il avait assez fièrement refusé la miséricorde de la reine, qui lui avait été offerte, et qu’il était resté obstiné, incapable de supporter d’être détourné des opinions et des erreurs du roi Édouard ; Cependant, il y avait encore de l’espoir que sa vie serait sauvée, à condition qu’il revienne à son bon sens.
(3) Page 90.
[Captieuse harangue du Chancelier]. Puis il l’exhorta à se regarder diligemment pendant qu’il en aurait le loisir. Il était possible qu’ensuite cette occasion lui fût enlevée, et qu’il se repentît trop tard. Tout était encore intact ; Au moins, il y avait encore un remède, puisqu’il était dans les limites de son pouvoir, n’étant pas encore livré au bras séculier. Il devrait proposer sous ses yeux les exemples de Cardmaker et de Barle (1), dont il a dit tout ce qu’il a pu en louanges, afin que, par ce moyen, il enflamme le courage de Bradford de les imiter.
(1) Voy. p. 157.
Bradford, après cette longue harangue du chancelier, voulait aussi parler au nom de la foi. Tout d’abord, il demanda à ceux qui étaient nommés juges de considérer diligemment non seulement l’endroit où ils étaient assis, mais aussi qui ils représentaient en termes de majesté et d’autorité ; c’est-à-dire le Juge souverain et éternel, qui, selon le témoignage de David, est assis parmi les dieux et les juges pour juger. (Ps. 81. 1). Par conséquent, s’ils veulent être considérés comme ministres et véritables officiers de Dieu, et s’ils veulent aussi que leur siège soit considéré comme un trône ou un siège judiciaire de Dieu, ils doivent regarder diligemment à eux-mêmes, afin de ne pas s’écarter même un peu du patron et de l’exemple de celui dont ils portent la figure et l’image ;
[L'office des Juges]. au contraire, ils doivent s’adapter le plus possible à sa nature, puisqu’ils tiennent sa place, comme on dit ; Qu’ils ne tendent pas d’embuscades de tromperie contre le sang innocent. qu’ils n’attrapent personne par des questions ou des interrogatoires captieux, par lesquels ils prennent au piège et à la fraude ces gens, qui pourtant sont libres selon la loi.
[Ferme argument devant des juges équitables]. Quant à lui, il reconnaît volontiers la place où il est, et il veut s’en remettre à tout ce qu’exige la place qu’ils occupent ; et que maintenant il se tient devant eux, soit coupable, soit innocent. S’il est coupable, il demande à être jugé, selon les lois et les ordonnances. S’il est innocent, il devrait à tout le moins être autorisé à jouir du privilège commun d’un citoyen innocent, ce dont il n’a pas pu jouir jusqu’à ce jour. G. « Ce que vous avez dit du Psaume au début de votre discours, à savoir : Dieu est présent dans l’assemblée des Juges, etc., est tout à fait vrai ; mais tout ce que vous dites, et tout ce que vous avez dit, ce n’est que pure hypocrisie et prétexte de vaine gloire. Là-dessus, il fit de longues remarques, essayant de persuader qu’il n’était pas comme il le prétendait en ce qui concerne l’effusion de sang innocent. Au contraire, rejetant la faute sur Bradford, il le qualifia d’orgueilleux et d’arrogant, d’autant plus que dans la croix de saint Paul, il s’était fait le maître et le chef du peuple, principalement d’une manière de doctrine et de religion, qu’il maintenait d’une manière si obstinée ; cela ne pouvait se faire sans troubler grandement l’Église et la religion, selon la façon dont les choses se passaient à cette époque. Et il dit que c’était la raison pour laquelle il avait été mis en prison, où il n’avait pas cessé de causer autant de troubles qu’auparavant, depuis qu’il avait excité le cœur du peuple par des lettres écrites à s’endurcir à la même faction de doctrine, que le comte de Darbe avait rapporté au sénat.
[Le Comte de Darbe]. De plus, il lui rappela combien il s’était montré obstiné à maintenir sa doctrine dans la première assemblée, alors qu’ils discutaient entre eux sur la religion. En cela aussi, il voulait maintenant essayer d’établir quelle réponse il lui donnerait. Bradford, ayant rendu hommage au chancelier et à l’assemblée, répondit : d’abord, quant à être accusé d’être hypocrite et arrogant, il s’en remettait au jugement de Dieu, qui mettait parfois en lumière les cœurs et les pensées de l’un et de l’autre ; Et pourtant, il se contentait du témoignage de sa conscience. Mais quant à ce qu’il avait fait sur la croix de saint Paul, loin de se sentir coupable de ce crime, il ne doutait pas que Dieu n’en manifestât la vérité à son grand soulagement.
[Il se purge du crime à lui imposé]. Et s’il a jamais fait quelque chose dans sa vie qui puisse servir le public, c’est principalement ce jour-là qu’il a servi ; Cependant, pour cette raison même, pour laquelle il méritait plutôt une récompense ou une réputation non ingrate, il avait été jeté en prison, où il était déjà détenu depuis longtemps. Et quant à ce qu’on lui avait rapporté au sujet des lettres qu’il avait écrites en prison, il ne voulait rien répondre d’autre à ce sujet, si ce n’est ce qu’il avait déjà dit la veille ; à laquelle il tint bon malgré leurs contradictions. G. « Mais ce jour-là, il semblait que vous vouliez obstinément défendre la doctrine du roi Édouard, cherchant par ce moyen une occasion de nous prendre au piège. » BR. « Depuis longtemps, je vous ai déjà répondu à ce sujet, que j’ai juré six fois contre l’autorité du Pape. Et là-dessus, je voudrais savoir de vous, comme je le désirais alors, si c’est au nom du Pape que vous m’avez fait cette demande ? S’il en avait été ainsi, je n’aurais pas pu vous répondre sans me parjurer. Cependant, je vous déclare que mon esprit est beaucoup plus fortifié dans cette voie de doctrine que nous avons suivie sous le roi Édouard, que lorsque j’ai été fait prisonnier pour la première fois ; et je suis prêt à rendre témoignage à ce que je dis, non seulement par la confession de la bouche, mais aussi par l’effusion de mon sang, si la nécessité et la volonté de mon bon Dieu l’exigent. G. « Cela me rappelle vraiment qu’à cette époque vous avez prononcé beaucoup de paroles qui n’étaient d’aucune utilité dans le contexte, comme si l’agitation faite contre le Pape avait été d’une si grande importance. Mais quoi? Il est certain qu’il y en a plusieurs autres en plus de vous et avant vous qui ont fait une autre fermentation, même si le raisonnement n’était pas le même en tout et à tous égards.
[La multitude n'excuse pas]. Car ce que vous coudez votre conscience de serment n’est que pure hypocrisie. Le Seigneur sait quelle est ma conscience ; qui, comme il doit quelquefois être jugé, est maintenant mon témoin si j’ai fait en cela quelque chose par hypocrisie ou par dissimulation. C’est pourquoi je réponds maintenant à ce que j’ai déjà protesté, à savoir que, de peur de me parjurer, je n’ose rien répondre concernant les questions dont vous vous enquérez, alors qu’il semblerait que ma réponse devrait servir à établir l’autorité du Pape dans ce royaume. G. Et pourquoi avez-vous dit au début de votre discours que nous sommes des dieux, et que maintenant nous tenons la place de Dieu, si vous refusez de nous répondre quand nous vous interrogeons ? BR. Si l’on séparait de cela ce que j’ai dit et ce que j’ai cité dans le Psaume, tous devraient considérer cette autorité ou ce siège que vous occupez comme une autorité et un siège de Dieu, puisque vous le voulez ainsi.
[L’homme méchant pense que chacun a perdu connaissance comme lui]. C’est pourquoi, étant venu au témoignage de cette Écriture du Psaume, je voudrais vous avertir de la manière dont vous devez utiliser cette autorité que vous avez reçue de Dieu ; et vous ne devez pas vous détourner de la justice de Celui dont vous vous vantez d’être un lieutenant. Et pour ce qui me concerne, qu’il soit le juge si je veux me couvrir de quelque hypocrisie en proposant ce levain. G. « S’il n’y avait rien d’autre que cela, c’est parce que nous reconnaissons facilement votre hypocrisie. Car si tu n’avais pas eu le scrupule de répondre pour une autre raison que pour le levain, tu n’aurais jamais parlé de cette manière devant nous ; Au contraire, vous auriez immédiatement répondu à la question. Maintenant, nous pouvons facilement percevoir que ce n’est qu’une couverture pour donner de la couleur à votre silence, car autrement vous n’osez pas répondre à la question ; Et pourtant, vous persuadez les gens que ce que vous avez fait était en toute conscience.» BR. « Les paroles que j’ai employées alors n’avaient pas pour but d’atteindre ce but, c’est-à-dire qu’elles devaient servir de réponses opposées à vos objections, puisqu’à ce moment-là vous ne m’obéissiez pas du tout. Si vous aviez bien réfléchi et réfléchi à ce que je disais alors, il n’aurait pas été nécessaire de mentionner le serment. Or, voyant que vous ne faisiez pas beaucoup attention aux choses dites, mais que vous pensiez à d’autres, et que vous ne cherchiez qu’une occasion de me faire tomber dans le parjure, si j’avais répondu à ce que vous m’avez proposé au nom du Pape, je le sais. Je ne cherche aucun subterfuge dans cette affaire, et je n’essaie pas de tromper le peuple avec de faux prétextes.
[L’audace sainte et la protestation chrétienne de Bradford]. Car si vous, très honorables seigneurs, qui êtes assis ici pour juger, protestez franchement devant moi que vous ne demanderez rien qui me fasse violer de quelque manière que ce soit ma foi et le serment que j’ai fait contre le Pape, je répondrai si ouvertement et si clairement aux questions que vous me poserez que vous aurez l’occasion de dire que personne d’autre ne vous a répondu plus clairement. Je ne crains que ma conscience quand viendra l’heure où je dois mourir ; sinon, je n’aurais pas tardé aussi longtemps. Le chancelier, s’adressant à ceux qui étaient là, a dit : « Vous voyez quelle est l’arrogance de cet homme, qui s’attribue plus de sagesse et de conscience que tous les autres seigneurs et gouverneurs du royaume, et plus que tous les autres hommes, de quelque état qu’ils soient, et pourtant, à vrai dire, Il n’a pas de conscience du tout. BR. « Que ceux qui font semblant ici-bas jugent dans la vérité et la justice. Cela fait plus d’un an et demi que je suis détenu comme prisonnier ; que le chancelier déclare quelle cause il avait pour me faire prisonnier. Il n’y a pas longtemps, il a dit (comme l’atteste aussi M. de Londres) que j’ai fait un sermon au peuple à la croix de Saint-Paul, sans aucun mandat ni ordonnance. Ici, maintenant, dans cette assemblée, est présent l’évêque de Bade (1), qui m’a pressé de le faire ; m’y poussant même par la passion de Notre-Seigneur. À sa demande, je montai en chaire, et il ne fallut pas longtemps avant que je sois frappé par le même poignard qui avait été lancé sur Burne, car le coup passa près de mon côté. Après que j’eus apaisé l’agitation, il me supplia de nouveau de ne pas l’abandonner. Je lui ai promis que toute la journée je travaillerais pour m’assurer qu’il ne serait pas blessé. Une fois le sermon terminé, comme il n’y avait aucune assurance, je me mis en route avec lui ; et, au péril de ma vie, je l’ai conduit sain et sauf dans une maison voisine, où il pouvait être en sécurité. Après le dîner, comme j’avais encore à prêcher, quelqu’un m’a averti de faire attention à ne pas réprimander le peuple à ce sujet ; que si je le faisais, je ne descendrais pas vivant de la chaire. Néanmoins, je ne me suis pas arrêté à cet avertissement ; mais, préférant le bien public au mien, je fus sévèrement blâmé ce tumulte qui s’était produit, et l’appelai sédition plus de vingt fois. Et pour tout cela, voici la belle récompense que j’apporte maintenant ; Premièrement, que vous m’avez fait prisonnier et que vous m’avez déjà retenu si longtemps que vous avez fini par me faire mourir. Que tous les hommes du monde jugent maintenant où se trouve la conscience. Avec beaucoup de difficulté, il a été autorisé à terminer cette déclaration jusqu’à la fin. G. « Bien que ces paroles soient prononcées avec arrogance, ne pouvez-vous pas persuader que ce qui s’est fait récemment à la Croix de saint Paul est digne de condamnation ? » BR. « Et je maintiens, au contraire, que cet acte était légitime et bon ; comme vous l’avez confessé vous-mêmes lorsque j’étais dans la tour avant vous. En fait, vous avez dit à l’époque que l’acte était juste, mais que la volonté était perverse. À cela, j’ai répondu : Autant vous approuvez l’acte, autant vous désapprouvez l’intention ; dans l’un, je suis absous par vous ; dans l’autre, j’ai dû m’en remettre au jugement de Dieu, qui connaît les volontés et les manifestera un jour. Or, le chancelier, avec dédain, nia qu’il eût jamais parlé ainsi ; et il dit qu’il ne manquait pas d’intelligence au point de confondre les faits et les volontés des hommes ; Mais il était nécessaire que l’on ne mesurât pas les actes et les actes des hommes par les événements, mais par l’intention qui les sous-tendait. De plus, on disait que Bradford avait été emprisonné parce qu’il refusait de consentir à la reine et ne lui obéissait pas en matière de religion. BR. « Vous savez, Monsieur le Chancelier, qu’au début, rien n’a été fait ou commencé entre nous en ce qui concerne la religion ; vous avez plutôt dit qu’à un autre moment, un moment propice viendrait pour en discuter. De plus, même si j’étais emprisonné à cause de la religion, considérant que les ordonnances et les lois publiques de l’époque, ainsi que les droits du royaume étaient en faveur de moi et de ma religion, avec quelle conscience pourrait-on justifier que j’aie été retenu en prison pour une telle cause ? Sur ce, un gentilhomme de Wodstoken, nommé Chambreland (1), se leva devant l’auditoire et rapporta au chancelier que Bradford avait été autrefois un serviteur de M. Haryngthon.
(1) « Master Chamberlain, of Woodstock. "
À quoi le chancelier répondit : En effet, et s’il a escroqué son maître d’environ trois cents écus (1) ; et après avoir rendu ce beau service, il entra dans le parti de l’Évangile ; Et de voleur et de pillard, il s’est fait prédicateur, et pourtant il veut nous mettre devant sa conscience. »
(1) Sir John Harington, trésorier de l'armée à Calais, avait eu Bradford à son service, comme on l'a vu. Il résulte de ce passage et d'un autre, dans les lettres de Bradford, que ce personnage s'était rendu coupable de malversations. Peut-être Bradford, qui n'était pas alors un chrétien, у avait-il participé, au moins comme instrument. Dans les Notes and Queries, le Rév. E. C. Harington, descendant collatéral de Sir John, soutient, en s'appuyant sur Strype et sur Sampson, l'ami de Bradford, que celui-ci fut le seul coupable, mais qu'il répara ensuite sa faute.
BR. « Soutenu par la bonté de ma cause, et ne sentant rien dans ma conscience qui me reproche cela, je défie hardiment tous les hommes du monde. S’il y a quelqu’un qui puisse m’accuser d’avoir volé mon maître, ou d’avoir commis une fraude de quelque manière que ce soit, qu’il intente une action contre moi. Et c’est pourquoi, Monsieur le Chancelier, puisque vous êtes le plus haut en justice de ce royaume, et que vous êtes nommé à un plus grand degré de dignité et de fonction que les autres, je vous appelle ici, afin que, dans la sûreté de mes droits, si je suis reconnu coupable, je sois puni (2).»
(2) La réponse de Bradford, dans l'original anglais, est à la fois moins longue et moins catégorique.
Le chancelier et le chambellan, laissant cette remarque, dirent qu’ils l’avaient entendue dire. Le chancelier ajouta : « Il y a encore une autre chose que cela, que nous proposerons contre vous. » Et sur cette remarque, Boner, évêque de Londres, s’avança et dit : « Et quoi ? Il a écrit des lettres merveilleuses à Pandelton (3), qui connaît sa propre main aussi bien que la sienne, et vous, Monsieur le Chancelier, avez vu ces lettres vous-même. car je n’ai pas écrit ni envoyé de lettres à Pandelton depuis que je suis enfermé en prison.
(3) Le Dr Pendleton, apostat qui abjura deux ou trois fois.
Bo. « Mais vous avez dicté les lettres, et un autre les a écrites sous vous. » BR. « Je n’ai pas dicté ni écrit de lettres à Pandelton ; et je ne veux dire que ce que vous avez avancé. Puis un certain secrétaire du Conseil apporta au chancelier les lettres que Bradford avait écrites aux habitants de Lancastre. . — C’est vrai, dit le chancelier, car nous avons son écrit, qui en témoigne.
[Rogers, Taylor & Bradford ont été prisonniers ensemble]. Le 4 de Février, alors que Jean Rogers était exécuté, Boner vint à la prison de Countree (1), environ une heure après le dîner, pour dégrader le Dr Taylor, dont il a été question ci-dessus (2). Il s’adressa ensuite à Bradford, qui était également détenu dans la même prison, et lui dit : « Parce que j’ai entendu dire que vous désirez qu’on vous amène des hommes érudits pour discuter, j’ai amené ici M. l’archidiacre Harspfild (3). » Jusqu’à cette heure, je n’ai pas voulu conférer autrement, et je ne désire pas le faire pour le moment ; cependant, si quelqu’un vient ici pour discuter, je ne refuserai pas de lui parler. Boner, se mettant en colère, dit au Geôlier : « Quoi ? Ne m’avez-vous pas dit que cet homme désirait avoir un homme érudit à qui il pût révéler son cœur ?
(1) The Compter.
(2) Voy. p 121.
(3) Voy. p. 114.
Le geôlier répondit : « Seigneur, voici ce que j’ai dit, que si quelqu’un venait à lui pour conférer, il le recevrait avec joie ; Mais il ne m’a pas dit qu’il avait de l’affection, ou qu’il cherchait à conférer avec quelqu’un d’autre. Maintenant, Bradford, je sais que vous êtes en faveur de beaucoup ; Considérez la question telle qu’elle se présente, et ne soyez pas assez stupide pour refuser la bonté et la miséricorde que vos amis vous offrent.
[Tout le monde désire jouir du bien suprême]. Harpsfield commença à s’adresser à Bradford avec un but assez élevé, qui visait à ce point : que tous les hommes, de quelque pays ou religion qu’ils puissent être, Turcs, Juifs, Anabaptistes, Libertins, et aussi Chrétiens, étaient poussés par le désir d’atteindre la jouissance du bien souverain et de la félicité ; et qu’il n’y avait pas de nation qui, par sa religion, n’espérait atteindre le bien et le bonheur suprêmes ; Mais tous n’ont pas les mêmes moyens pour y parvenir. Les païens pensent qu’ils jouissent du ciel à travers Jupiter, Junon et d’autres dieux forgés de leur imagination ; les Turcs par leur Coran et Mahomet ; et ainsi de suite en conséquence. Toute la question et la difficulté est donc que, après toutes les autres déviations, nous devrions chercher le seul chemin qui mène directement au ciel, sans nous égarer. B. « Si nous nous efforçons d’aller au ciel, nous devons veiller à ne pas inventer de nouvelles voies pour y arriver, en plus de celles que Jésus-Christ, qui est le chemin, nous a proposées dans sa parole et dans son Église. »
[Le vrai chemin du salut. Jean 14. 6]. Le chemin, c’est Jésus-Christ, le Fils de Dieu, comme il l’atteste lui-même, en disant : Je suis le chemin, etc. Ce que vous dites est vrai. Et en fait, il est notre Père, et l’Église, son épouse, est notre mère. De même que, dans notre vieille nature, nous avons tous Adam pour père et Ève pour mère, de même, dans la génération spirituelle, Jésus-Christ est notre Père et l’Église est notre mère. Et tout comme Ève a été faite du côté d’Adam, de même l’Église a été faite du côté du Christ, dont le sang a été versé pour purifier nos péchés. Mais dites-moi : l’Église a-t-elle toujours existé, ou non ? BR. « Il l’a été depuis la création du monde, et il en sera toujours. HA. Vous avez bien parlé ; mais cette Église est-elle visible ou non ? »
[Comment l'Église est visible]. « J’avoue qu’elle est visible, bien qu’aussi vive que le Christ lui-même était visible parmi les hommes, sans l’ostentation ni la pompe extérieure du monde, et ne montrant aucune apparence de gloire mondaine. À tel point que, si nous voulons contempler l’Église visible, nos yeux doivent être comme ceux à travers lesquels Jésus-Christ a été vraiment vu lorsqu’il vivait dans le monde. Car, de même qu’Ève était de la même substance qu’Adam, de même l’Église a une substance en commun avec le Christ, et comme le dit saint Paul dans Éphésiens 5 : Elle est chair de sa chair, et os de ses os ; donc, de même qu’il a été reconnu comme Christ par ceux qui l’ont regardé, selon les yeux de ceux qui l’ont mesuré par sa parole, et non par l’œil charnel ; de cette façon, je dirais que son Église est visible sur la terre. »
[Le Sophiste se couvre comme il peut]. HA. « Je ne suis pas venu ici pour discuter, mais pour conférer et suivre ce que j’ai commencé. Je vous le demande donc : cette Église n’est-elle pas composée d’une multitude ou d’une assemblée d’hommes ? BR. Je ne vais pas vous le nier, pour autant que je sache, il y a une surprise cachée. HA. « Cette Église n’a-t-elle pas l’administration de la Parole par la foi ? » BR. « Vous empruntez de longs chemins pour finalement arriver à un point. Si, par ministère de la Parole, vous entendez la profession de l’Évangile, je conviens que l’Église a cette administration par la foi ; sinon, ce ministère de la Parole est souvent entravé par les persécutions. HA. « Je comprends les choses de cette façon ; mais dites-moi si l’Église n’a pas aussi l’administration des sacrements ?
[Le Baptême des Hérétiques].
» BR. « Je l’avoue ; cependant, pour ne pas vous interrompre (car je sais à quel but tendent ces questions), je pense que vous ne nierez pas que si, au milieu de l’Église des hérétiques, le sacrement du baptême était administré, comme nous le lisons au temps de saint Cyprien, un tel baptême des hérétiques serait néanmoins encore le baptême. en effet, de sorte qu’il ne faut pas le répéter, même si cela a été fait par des hérétiques. Bradford anticipait ces remarques pour le bien de ceux qui étaient présents, afin qu’ils puissent comprendre que, bien que l’Église papiste ait usurpé l’administration du baptême, pour cette raison elle ne devait pas être considérée comme la véritable Église. » HA. « Vous vous écartez de votre propos, veillez à ne pas être infecté par une seule hérésie. » BR. « Vous dites ; il resterait à le prouver par la raison. HA. Ici, cependant, il reste vrai que l’Église a l’administration de la Parole et des sacrements. Qu’est-ce que ce sera ? Ne direz-vous pas aussi qu’elle a le pouvoir de juridiction ? BR. « Quelle juridiction est exercée en temps de persécution et d’affliction ? » HA. « Il y a la succession continue des évêques, ce qui est une marque certaine pour prouver l’Église. » BR. « Vous ne trouverez pas dans toutes les Écritures que cette succession d’évêques soit fixée comme une certaine marque de l’Église. Tout d’abord, ils témoignent que l’Antéchrist sera assis dans l’Église de Jésus-Christ. De plus, saint Pierre nous enseigne que, tout comme cela se faisait dans l’église ancienne avant la naissance du Seigneur Jésus, nous devons nous attendre à la même chose dans la nouvelle église après le temps du Christ, à savoir que, comme dans les temps passés, les faux prophètes et ceux qui détenaient le gouvernement principal étaient opposés aux vrais prophètes de Dieu. nous devrions aussi nous attendre à quelque chose de différent parmi les évêques de cette époque et ceux qui détiennent l’autorité principale dans l’Église.
[De la succession personnelle]. HA. « Vous digressez toujours ; Je ne cesserai pas de poursuivre ce que j’avais commencé concernant la succession des évêques. Tout d’abord, n’êtes-vous pas d’accord pour dire que les Apôtres étaient évêques ? BR. « Non, à moins que vous ne fournissiez une nouvelle définition de l’évêque, car ils n’avaient pas de siège spécifique pour administrer leur charge. » HA. Il est tout à fait vrai que le rôle des Apôtres était différent de celui des Évêques, car le rôle des Apôtres était universel et s’étendait dans toutes les régions du monde, même si le Seigneur lui-même a également ordonné des Évêques dans l’Église, comme l’atteste saint Paul : Il a donné les uns pour être pasteurs, les autres prophètes. etc. (Ep. 4.11). Ainsi, on peut facilement savoir par les Écritures que cette succession d’évêques, dont j’ai parlé, est tenue comme une marque essentielle de l’Église. » BR. « Je confesse vraiment que la dispensation de la parole de Dieu, et les ministres eux-mêmes, constituent en effet une marque de l’Église ; néanmoins, si l’on ne s’en ramène qu’aux évêques et à leur succession, cela ne fait qu’obscurcir la question et la déguiser avec une subtilité captivante. Et pour mieux comprendre cela : quelle différence pensez-vous qu’il y a entre les évêques et les ministres, que vous appelez prêtres ?
[La différence entre Ministres et Évêques]. HA. « Je sens qu’il n’y a pas de différence. » BR. « Cela me suffit ; continuez maintenant si cela vous semble bon, et voyons ce que vous avez gagné dans cette succession de vos évêques ; qui ne doit et ne peut être comprise autrement que par ceux qui administrent la parole du Seigneur purement et fidèlement, et non par ceux qui dominent sur le troupeau. HA. « Vous vous éloignez de la vérité. Pourriez-vous produire dans toute votre Église une telle succession d’évêques et de prélats, en plus de l’administration de la parole et des sacrements ? Pour cette raison, il faut nécessairement dire que vous êtes en dehors de l’Église, et par conséquent séparés du salut. Il est possible que vous produisiez dans ces dernières années dans votre Église une magnifique apparence de succession de quelques hommes nouvellement élevés ; mais il est certain que vous ne pourrez pas continuer cet ordre, ni suivre, ni vous joindre à travers des siècles continus, comme en montant par degrés, aux premiers jours de l’Église. BR. « Je pense que vous me permettrez de suivre l’Écriture comme un véritable guide et une véritable conduite, et de le démontrer en m’accommodant des exemples du bien. Tout d’abord, saint Étienne, le premier des martyrs, a été blâmé et accusé par les principaux gouverneurs et prélats de l’Église de son temps, et condamné par eux presque pour la même raison pour laquelle nous sommes également accusés et opprimés.
[Pourquoi S. Étienne fut persécuté]. Et saint Étienne, comment se disculpe-t-il contre les accusations faussement portées contre lui ? Ce n’est pas en montant du bas vers le haut, mais plutôt en descendant des âges supérieurs et précédents à ceux qui viennent après ; et cela de telle sorte que son ordre ne continue pas d’âge en âge ; mais en commençant par Abraham, et en rassemblant les âges précédents, il déduit la chose jusqu’à l’époque d’Isaïe et jusqu’à la captivité du peuple. Puis, comme s’il faisait un grand saut, laissant bien des siècles derrière lui, il revient à son époque et parle des principaux gouverneurs qui existaient alors, qu’il appelle à juste titre une génération perverse. Maintenant, je peux aussi vous prouver ce qu’est ma foi par un ordre semblable ; ce que vous ne pourriez pas faire. Harpsfield, voyant qu’il ne pouvait rien gagner de lui, et que sa cause pouvait être suspecte à cause de telles remarques, se leva pour partir. Alors le geôlier et d’autres personnes qui étaient présentes dirent à Bradford qu’il était devenu soumis à Monsieur le grand archidiacre, qui répétait souvent la phrase que Bradford était en dehors de l’église. Mais Bradford répondit qu’il ne s’était pas séparé de l’Église du Christ, et qu’il pouvait fournir une raison claire pour sa doctrine et sa religion, à travers des âges continus.
[Prière de Bradford]. Et après avoir dit ces paroles, il pria Dieu en ces termes : « Ô Dieu et Père tout-puissant, notre Créateur, sois favorable et gracieux envers nous tous, et envers tout ton peuple, par le sang de notre Seigneur Jésus ton Fils, et délivre-nous des faux docteurs et des guides aveugles, par qui (hélas !) il est à craindre que ce royaume d’Angleterre n’en souffre de grands inconvénients. Bon Dieu et Père de toute miséricorde, accorde-nous la grâce par l’amour de Jésus-Christ ton Fils, pour nous préserver dans sa vérité avec ta sainte Église. Qu’il en soit ainsi. L’archidiacre, ayant promis de revenir le lendemain, se retira pour ce jour-là.
[La succession des évêques]. Le 16 février, Archédia retourna à la prison, comme il l’avait promis. Après les salutations, répétant les paroles qui avaient été dites auparavant et au début, il est venu montrer la succession continue des évêques : d’abord en Angleterre pendant 800 ans ; en France et à Lyon depuis 1200 ans ; en Espagne, dans la ville de Séville, depuis 800 ans ; à Milan et en Italie, depuis 1200 ans. Et, pour mieux souligner son point de vue, il a essayé de faire la même chose pour l’Église orientale. Ayant terminé son discours, il exhorta Bradford à reconnaître cette Église, à la reconnaître et à lui obéir. Bradford, répondant à ce long discours, dit qu’il n’avait pas la mémoire assez solide pour répondre point par point à ce long récit qui avait été fait, et cependant il aborderait les principaux articles de la question en général, voyant que ce long discours de Harpsfield était plus fait pour persuader que pour prouver. Il dit donc : « Je crois que si les pharisiens avaient demandé à Jésus-Christ ou aux apôtres (lorsqu’ils étaient ici sur la terre) une succession de l’Église qui aurait consenti à sa doctrine, il aurait fait la même chose que moi maintenant, c’est-à-dire qu’il aurait produit la vérité même et la parole de Dieu reçue, non pas par les pharisiens et les principaux sacrificateurs qui le persécutaient, mais par les prophètes et les hommes simples et craignant Dieu, qui étaient alors considérés comme hérétiques par le groupe qui se glorifiait du titre, de l’autorité, de la succession et de la place de l’Église. (1 Pierre 1). Et c’est ce que pense saint Pierre lui-même, quand il dit : « Telle était la condition de l’Église avant la naissance du Christ, elle le sera aussi après. Or, il est vrai que les principaux gouverneurs de l’Église ont persécuté les fidèles avant la venue du Christ, il faut donc dire qu’ils la persécuteront après le Christ.
[Comment les Évêques Papistes gardent l'Ecritures]. HA. « Je pourrais (si nécessaire) esquisser la succession des prêtres souverains à Jérusalem jusqu’à Aaron lui-même. N’ont-ils pas la Loi de Moïse ? BR. « Oui, et ils l’ont observée tout comme vous observez aujourd’hui la Bible et les livres de l’Écriture Sainte, dont vous ignorez le sens ou la corrompez délibérément. Mais pour faire court, je sais que la mort s’approche de moi tous les jours, et je l’attends de vous d’heure en heure. C’est pourquoi, puisque j’ai si peu de temps à vivre dans ce monde, j’ai l’intention de passer ce peu de temps avec mon bon Dieu, et de prier pour qu’il lui plaise de m’accorder une entente paisible.
[Bradford veut racheter le temps qui lui est court]. Vous me pardonnerez donc si je prends congé à cette heure, en vous remerciant de l’humanité et de l’affection que vous m’avez témoignées. Sur ce, il se leva comme pour s’en aller ; mais l’archidiacre, voulant insister davantage, lui fit remarquer en plusieurs mots l’état dangereux de ses affaires. BR. « J’ai cette confiance que ma mort ne déplaira pas à Dieu, et que tous les fidèles recevront la consolation. » HA. « Mais que se passe-t-il si vous êtes déçu dans votre opinion ? » BR. « Qu’importe si vous dites que ce soleil ne brille pas, qui illumine de ses rayons en ce moment ? » HAR. C’est pourquoi je suis étonné de vous voir si sûr de vous dans votre esprit, n’étant pas de l’Église catholique. BR. « Bien que je puisse être banni de votre Église, je suis néanmoins certain d’être dans l’Église du Christ, dont je suis un enfant obéissant, et j’espère qu’il ne me montrera pas moins d’humanité qu’il n’en a montré autrefois à l’aveugle que les pharisiens ont chassé de la synagogue. » (Jean 9:34). HA. Quoi qu’il en soit, vous en fournissez assez pour montrer que vous ne laissez aucune préférence pour le Christ dans le sacrement, et que vous êtes en désaccord avec nous en tout et en tout. » BR. Je dis que je confesse la vraie présence du corps du Christ, qu’il est présent à la foi de ceux qui le prennent fidèlement et sainement. » L’un de ceux qui étaient présents lui demanda : « Entendez-vous parler de la présence de ce corps qui est mort pour nous ? » BR. Je parle du vrai corps de Jésus-Christ, qui est Dieu et homme, qui nourrit l’âme des fidèles maintenant, réellement et réellement. » НA. « Que signifie donc le fait que vous niez la puissance de Dieu, en retirant la vérité du miracle du sacrement ? » BR. Je n’exclus pas du tout la puissance de Dieu, mais vous l’excluez.
[De la réсерtion & présence de Christ]. Car je crois que Jésus-Christ, selon sa puissance infinie, donne et accomplit ce qu’il nous a promis ; et lorsque nous venons à sa sainte table, ce n’est pas pour cette raison qu’un petit morceau de pain nous y est présenté, mais c’est dans ce but que nos âmes soient remplies et rafraîchies de Christ par la foi, que les incroyants n’ont pas, et ils ne peuvent pas prendre part au corps de Christ, puisque le corps du Christ n’est pas une carcasse morte et sans âme, et que ceux qui participent à son corps participent aussi à son esprit.
[De la Messe]. HA. « Vous considérez la messe comme abominable, et pourtant on dit que saint Ambroise l’a chantée. » Pour le prouver, il a cité un passage du susmentionné saint Ambroise, tiré de quelques lieux communs recueillis auprès d’un auteur de peu de foi. BR. À l’époque de saint Ambroise, on ne savait pas du tout qu’il s’agissait de la messe, telle qu’elle a été façonnée depuis ; car c’est en ce qui concerne son canon que saint Grégoire et Scholastique en ont forgé la plus grande partie.
[Grégoire & Scholastique songeurs du canon de la Messe]. HA. J’avoue que saint Grégoire composa la plus grande partie du canon de la messe. Pour le reste, ce scolastique, dont vous parlez, était le même que saint Ambroise (1). ne le pense pas, même si je ne vais pas débattre obstinément en cela. Saint Grégoire confesse que les Apôtres eux-mêmes ont chanté la messe ; mais c’était sans le Canon, se contentant seulement de la prière du dimanche. » НА. « Vous dites la vérité, car ce Canon n’est pas ici la partie principale de la messe, mais le Sacrifice, l’Exaltation, la Transsubstantiation et l’Adoration. Et ces paroles : « Faites ceci » montrent suffisamment le sacrifice de l’Église, qu’il est impossible de contredire. BR. « Vous confondez tout, en ne faisant aucune distinction entre le sacrifice de l’Église et le sacrifice pour l’Église.
(1) Il est probable que Scholastique était contemporain de Grégoire, et par conséquent bien postérieur à Ambroise. Voy. Bellarmin, De Missa, I1, 19; Clarkson, On Liturgies, Lond., 1689, р. 83.
[Sacrifice de l'Église & sacrifice pour l'Église]. BR. « Vous confondez tout, en ne faisant aucune distinction entre le sacrifice de l’Église et le sacrifice pour l’Église. Car le sacrifice de l’Église n’est pas propitiatoire, mais plutôt un acte d’action de grâces ; à tel point que « faites ceci » ne concerne rien de moins que le sacrifice ; mais il se réfère à l’ensemble de l’action de prendre, de manger, etc. « Jésus-Christ n’a donné cette Cène qu’à ses douze apôtres, auxquels il n’a admis ni sa mère ni aucun des soixante-dix disciples. Maintenant, les Apôtres nous représentent les prêtres. Là-dessus, Harpsfield apporta un passage de Basil ; mais Bradford déclara suffisamment que ce n’était pas un passage présumé. Puis il lui dit : « Ce n’est pas le moment de discuter avec vous de la signification ambiguë des Docteurs. J’ai été longtemps retenu en prison, et longtemps privé de tous les livres et de tous les moyens nécessaires à mes études ; D’ailleurs, la mort, qui n’est pas loin de moi, me force à te supplier de me quitter, afin que je puisse me préparer à ce jour très heureux de la souffrance qui approche. HA. Certes, je vous donnerais volontiers un peu de plaisir, autant pour votre corps que pour votre effort. Car je vous assure que vous courez un grand danger, tous les deux. « BR. » Je vous remercie de votre volonté. L’état où je suis (quoi qu’on en juge) ne m’a jamais semblé plus heureux, car la mort sera la vie pour moi. Alors Perseval Cresuel, à son tour, exhorta Bradford à prier Harpsfild de faire une demande pour lui. BR. Je ne voudrais pas qu’on me donne la peine d’obtenir une prolongation pour moi du temps. » Ce fut la fin de leur conversation, et c’est ainsi qu’ils prirent congé l’un de l’autre.
L’archevêque d’York et l’évêque de Chester sont venus le 23 février à Bradford et lui ont montré un signe de douceur et d’humanité, principalement l’archevêque. D’abord, ils l’ont couvert, puis ils l’ont assis à côté d’eux pour conférer. Mais quoi qu’ils aient fait et prétendu que l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, Bradford est resté debout, et pourtant eux aussi se sont levés. L’archevêque commença son discours en déclarant qu’ils étaient venus là de leur propre gré pour un devoir d’amitié qu’il avait depuis longtemps envers Bradford, s’étonnant qu’il se pouvait qu’il fût certain de son salut dans la religion qui avait été condamnée depuis longtemps par l’Église. (1 Sam. 15. 22). Bradford le remercia de cette bonne volonté et lui dit que ce dont il était certain, tant en ce qui concerne son salut que sa religion, c’était par la parole de Dieu. Le A. C’est bien dit ; mais comment connaissez-vous cette parole de Dieu, si ce n’est que l’Église vous la montre ?
[Comment l'Église nous montre la parole de Dieu]. ." Je ne nie pas que l’Église serve beaucoup à faire connaître les Saintes Écritures, comme la Samaritaine a beaucoup aidé les citoyens de sa ville en leur annonçant le Christ ; mais quand ils virent Jésus-Christ lui-même devant leurs yeux, après l’avoir entendu parler, ils eurent une telle certitude qu’ils crurent en lui, non à cause des paroles de la femme, mais par sa parole indubitable, y ajoutant une foi pleine. L’archevêque lui dit que cette parole n’avait pas encore été écrite au temps des apôtres. Bradford a répondu que cela est vrai, si l’on comprend le Nouveau Testament et non l’Ancien, comme l’atteste saint Pierre dans le premier chapitre de la deuxième épître, où il dit : « Nous avons la parole des prophètes plus certaine. » Ce n’est pas qu’elle fût différente, mais autant que les Apôtres, lorsqu’ils conversaient avec les hommes et entourés d’infirmités, ne pouvaient pas être estimés au point que l’autorité de la parole puisse être considérée comme aussi ferme et irrévocable que celle des prophètes. Et pourtant, les deux dérivent du même auteur de la vérité, qui est le Saint-Esprit. Le A. Les paroles de saint Pierre doivent être comprises dans ce sens de la parole écrite, car vous savez qu’Irénée et les autres docteurs ont toujours cité plus souvent l’autorité de l’Église dans leurs écrits contre les hérétiques que les saintes Écritures.
[Irénée avait des choses à voir avec des gens qui ignoraient les Écritures]. BR. « Ce n’est pas surprenant, car Irénée a dû traiter avec des gens qui nient les Écritures, et pourtant tiennent les Apôtres en grande estime, c’est pourquoi il était nécessaire pour eux de renforcer leur cause par l’autorité des Églises qui avaient été établies par les Apôtres. » L’Ev. « C’est comme vous le dites. Car les hérétiques rejetaient alors toutes les Écritures, à l’exception d’une petite partie de saint Luc l’évangéliste. BR. « Et quel besoin y a-t-il d’invoquer l’autorité de l’Église contre moi, puisque je suis si loin de renier les Écritures que j’en appelle même à elles comme au juge qui peut juger de toutes choses avec compétence ? » R. « Il ne convient pas que vous présumiez de vous-même au point de juger de la Église; mais dites-moi, qu’a été votre Église jusqu’à cette heure ? Ou où a-t-on pu le voir ? Car l’Église qui est du Christ est catholique et universelle, et elle s’est toujours manifestée devant les hommes. BR. « Monsieur, je vous en supplie, ne me prenez pas pour un homme qui se fait juge de l’Église ; Je connais seulement la distinction entre ceux qui appartiennent à la vraie Église et ceux qui n’en ont que le titre. Or, je n’ai jamais nié que l’Église soit catholique et visible, même si j’avoue qu’elle apparaît parfois plus, parfois moins. L’EV. « Dites-nous, cette Église dont vous embrassez si volontiers la doctrine, où s’est-elle manifestée au cours des quatre cents dernières années ? » BR. « Je répondrai, si vous le voulez bien, de me répondre aussi une chose que je vais vous demander : où était l’Église quand Élie a dit qu’il était resté seul ? » (1 Rois 19:10) .
[Il ne faut toujours regarder l'Église des yeux corporels]. L’EV. « Ce n’est pas approprié. » BR. « Qui aurait maintenant de tels yeux avec lesquels cette Église aurait pu être regardée alors, vous ne diriez pas que ma réponse est nulle. Si cette Église n’est pas évidente aux yeux, ce n’est pas l’obscurité de l’Église qui en est la cause, mais ce sont les yeux qui sont éblouis et ne peuvent pas la voir. L’Ev. « Vous vous êtes beaucoup trompé en faisant une telle comparaison de l’ancienne et de la nouvelle Église. Nous entendons le Christ parler ainsi : Je bâtirai mon Église, et non pas : Je la bâtis. « Je ne pense pas que vous puissiez trouver un argument en faveur de cela, comme s’il n’y avait pas eu d’Église avant la venue du Christ ; vous diriez plutôt qu’il n’y a pas d’édifice de l’Église, si Dieu seul n’y met la main ; sinon, Paul plante et Apollos arrose, mais c’est Dieu seul qui donne l’accroissement. (2 Cor. 3. 6). R. « Celui-ci fait comme tous les autres de ce genre ont coutume de le faire, c’est-à-dire se constituer juges et censeurs de l’Église. » BR. « Messieurs, je vous révèle simplement mon opinion, et je désire qu’on m’apporte une raison suffisante. S’il vous semble bon de vous rappeler toute la procédure et la manière dont j’ai condamné, je sais avec certitude que cela ne peut se faire que si vous êtes ému.
[Pourquoi Bradford est condamné]. Car vous n’ignorez pas la source des choses qui ont été portées contre moi, à savoir que je nie la transsubstantiation, et que le corps sacré du Seigneur a été communiqué aux infidèles. C’est pourquoi je suis excommunié ; non pas par l’Église, mais par certains qui se considèrent comme ses piliers. Ev. « Ce n’est pas le cas ; mais j’ai entendu dire qu’il y a une autre raison pour laquelle vous avez été emprisonnés, c’est que vous avez exhorté le peuple à prendre les armes d’une main, et le frassoil (1) de l’autre. BR. « Messieurs, je vous demande de me croire en ceci, qu’un tel mot n’est jamais sorti de ma bouche, ni même n’est entré dans mon esprit dans le sens que vous dites. » L’archevêque lui dit encore qu’il avait agi trop hardiment et obstinément devant le conseil de la reine, en soutenant trop cette manière de religion, et qu’il avait néanmoins été emprisonné.
(1) Frassoil (édit. de 1597: frassouil). pic ou pioche.
BR. Vous avez été vous-mêmes témoins, Monseigneur l’archevêque, lorsque j’ai été accusé de cela par Monseigneur le Chancelier, comme je me suis ouvertement disculpé à ce moment-là. Mais considérons le cas où il en est tel que vous le proposez, à savoir que j’avais défendu la cause de la religion avec trop d’obstination ; Les lois et les ordonnances publiques du royaume défendirent alors ma cause ; c’est pourquoi il a été injuste de me constituer prisonnier ; mais il est certain que la sentence de condamnation prononcée par le chancelier ne contenait que ces deux points, à savoir que je niais la transsubstantiation, et que les infidèles étaient rendus participants du corps du Christ. L’EV. Avez-vous lu Chrysostome ?"
[Sentence de Chrysostome]. BR. « Il y a longtemps qu’on ne m’a pas offert toute la commodité des livres ; et pourtant je n’ai pas oublié ce que dit Chrysostome à ce sujet, que la table est pleine de mystères, et que l’Agneau est immolé pour nous ; et qu’un séraphin avec des pinces y applique le feu spirituel du ciel sur nos lèvres. Chrysostome utilise souvent de telles expressions hyperboliques. R. « Votre hérésie est presque désespérée ; mais retournons à cette Église dont tu as été retranché. BR. « Oui, tout comme l’aveugle qui a été éclairé et qui a été chassé par les pharisiens ; et tout comme vous avez bien fait quand vous vous êtes retirés de l’Église romaine, je crois que ce que vous faites maintenant, c’est-à-dire y retourner, est une impiété, car il ne se peut pas que vous approuviez cette Église comme la véritable Église du Christ. E. « Ha, Bradford, vous étiez tout petit quand ces choses ont commencé à être faites. J’étais moi-même très jeune ; mais sachez qu’il faut considérer comme hérétique, et par conséquent banni et étranger de l’Église, celui qui, s’étant égaré derrière des doctrines étrangères, maintient obstinément quelque erreur contraire à la bonne doctrine, comme la transsubstantiation.
[S. Cyprian]. On ne peut pas dire de saint Cyprien qu’il était hérétique, bien qu’il eût des opinions tout à fait contraires à l’Église, à savoir qu’il faut rebaptiser ceux qui avaient été baptisés par des hérétiques ; & la raison en est que la question n’avait pas encore été tranchée par le décret et l’ordonnance de l’Église ; mais s’il avait continué dans cette opinion, il aurait été digne d’être réprimandé comme hérétique. BR. « Si quelqu’un a une opinion sainte et complète sur les articles de foi et les points principaux de la foi et de la religion chrétiennes, et qu’il est en bon accord avec l’Église, le jugerez-vous digne de l’enfer s’il n’est pas d’accord en tout et à tous égards avec les ordonnances et les statuts, ainsi qu’avec la détermination de l’Église que vous mentionnez ? » Alors l’évêque de Chichester voulut montrer comment Luther avait jadis tonné contre Zwingli pour cette raison même, et il lisait un certain passage d’un livre de Luther. Bradford répondit : « De même que vous ne vous souciez pas beaucoup de ce que Luther a fait à cet égard, je n’y pense pas beaucoup non plus ; car ma foi n’est pas basée sur Luther, Zwingli ou Œcolampade, mais je ne doute pas qu’ils aient été des personnes bonnes et saintes et qu’ils ne soient maintenant au ciel avec Dieu. Le A. « Quoi qu’il en soit, vous êtes maintenant exclus de la communion de l’Église. » BR. « Ce n’est pas possible ; Car cette communion consiste dans la foi et la vérité. « C’est encore ainsi que vous rendez invisible votre Église, dont la communion consiste dans la foi. » BR. « Je l’ai dit en vérité ; car en ce qui concerne la communion de l’Église, il n’est pas nécessaire que nous la rendions visible, puisqu’elle consiste dans la vraie foi, et non dans l’apparence extérieure des cérémonies et des observances, comme il est clair d’après ce que dit saint Paul, qui n’exige que la foi. C’est ce qu’atteste également Irénée, écrivant à Victor au sujet de la fête et de l’observance de Pâques, et de la différence des temps, disant que nous ne devons pas briser la concorde et l’unité de la foi pour tout cela. » « Ce même passage m’a souvent fait penser que nous ne devions pas être séparés du siège romain. » Or, pendant ce temps, l’archevêque d’York faisait remarquer qu’il y avait beaucoup de choses qui retenaient saint Augustin même dans le sein de l’Église, à savoir le consentement du peuple et des nations, l’autorité confirmée par les miracles, nourrie par l’espérance, augmentée par la charité et fortifiée par l’antiquité.
[De la vraie & fausse Église]. De plus, il y avait aussi le nom de catholique. Il dit donc : « Vous voyez bien comment saint Augustin loue et prend notre Église ; vous, de votre côté, vous ornez votre Église de la même manière, si vous le pouvez. BR. « Ces paroles de saint Augustin sont autant pour moi que pour vous au moins, et s’il vous semble qu’elles sont d’un si grand poids ou d’une si grande importance, qui a empêché qu’elles ne soient alléguées contre le Fils de Dieu lui-même et contre ses apôtres ? Car en ce temps-là, la loi, les observances et les cérémonies étaient reçues du consentement commun du peuple ; de plus, ils ont été confirmés par de nombreux miracles, et on pourrait aussi discuter de l’antiquité et de la lignée continue des prêtres, d’Aaron à cette époque. R. « Il est possible que votre opinion soit que personne dans l’Église ne doit être estimé, sauf ceux qui souffrent de persécution. » BR. « Écoutez ce que dit saint Paul : 'Tous ceux qui veulent vivre religieusement dans le Christ souffriront la persécution.' (2 Timothée 3) Or, bien que parfois l’Église se soit relâchée et ait eu le temps de respirer, elle est le plus souvent enveloppée par les persécutions, surtout en ces derniers temps et dans l’extrême vieillesse de ce monde ; le visage de l’Église est terriblement défiguré par l’angoisse et l’oppression. A. « Mais que répondez-vous à saint Augustin ? Et quelle concordance des peuples et des nations montrez-vous dans votre Église ? » BR. « Aussi fidèles au monde que nous soyons de vrais amis de la vérité de Dieu, nous sommes tous du même avis dans cette unité de foi et de doctrine. » A. « Saint Augustin parle de la succession continue depuis le début de saint Pierre. » BR. « La voix du Christ est reconnue par ses brebis ; mais ils ne la jugent pas, mais ils la discernent de celle des hommes. » A. « En quelles choses ? »
[Les marques de la fausse Église]. BR. « Voici les choses que vous célébrez dans la langue étrangère, ainsi que dans la distribution de la Cène du Seigneur et dans d’autres actes semblables. » L’E. Ce service célébré en latin a été introduit dans l’Église afin qu’il puisse être célébré dans le chœur par le clergé qui connaît la langue latine, et que les laïcs, qui sont positionnés derrière le clergé et occupent la nef du temple, puissent prier séparément, chacun selon sa propre langue. Et on peut facilement le reconnaître par la distinction que l’on voit maintenant dans les temples, à savoir la distinction entre le chœur supérieur et la nef inférieure, séparation qui signifie que les laïcs ayant les treillis ou les barres devant eux ne peuvent pas aller au-delà des autres.
[La nef des temples séparée du chœur]. BR. « Mais dans les temps anciens, à l’époque de Chrysostome, le peuple répondait généralement : Amen, et cela ne se faisait pas seulement dans les églises des Grecs, mais aussi chez les Latins à l’époque de saint Jérôme, d’où il semble que le peuple n’était pas si séparé du clergé qu’il n’écoutait pas les prières faites par les clercs. » L’arrêté royal. Certes, nous ne faisons que perdre du temps, Bradford, et nous ne gagnons rien à vous enseigner, car vous ne cherchez que des excuses pour rejeter les arguments qui vous sont présentés, et pourtant votre église ne peut pas être démontrée par des preuves. BR. Cela peut se faire facilement, à condition d’ouvrir les yeux pour le contempler. L’arrêté royal. « Quels signes aura-t-il par lesquels nous pourrons le percevoir ? » vous dit Chrysostome, affirmant qu’il n’est connu que par les Écritures. Et il répète ce mot plusieurs fois. L’A. a Ceci est écrit dans Chrysostome, dans son œuvre imparfaite (1) ; cependant, la succession des évêques est le moyen le plus sûr de connaître l’Église.
(1) Chrys., In opere imperfecto; Hom. 49, t. VI, p. 946. Paris, 1836. Les censeurs romains ont fait disparaître ce passage, dans lequel ils veulent voir une interpolation arienne.
[Nicolas de Lyra et Hilaire de l'Église]. Maître Nicolas de Lyra a dit avec raison que l’Église ne repose pas sur les hommes pour le pouvoir séculier, mais sur les hommes qui ont une connaissance vraie et une pure confession de foi et de vérité (2). De plus, saint Hilaire, écrivant à Auxence, témoigne de la même manière que l’Église est plus souvent cachée dans des grottes qu’elle n’est proéminente.
(2) « Ecclesia non consistit in hominibus ratione potestatis secularis aut ecclesiastice, sed in hominibus in quibus est notitia vera, et confessio fidei et veritatis.
Ils ont passé trois bonnes heures à discuter de cela ; enfin, un domestique entra, qui informa ces prélats que l’évêque de Durham les attendait dans la maison de M. York. Ils laissèrent immédiatement les livres qu’ils tenaient et exprimèrent leur regret de voir Bradford dans un tel malheur, et ils l’exhortèrent à lire un certain livre, qui (comme ils disaient) avait profité au docteur Cromel (1). Après avoir gracieusement fait leurs adieux à Bradford, ils partirent, et Bradford fut ramené dans sa prison.
(1) Le Dr Edward Crome. Voy. t. 1, p. 504.
[Alphonse de Castro est celui qui a écrit un grand livre contre les hérésies de notre temps, plein d’hérésies et de fausses opinions]. Le 25 février, vers huit heures du matin, deux moines espagnols vinrent à la prison de Countree pour voir le confesseur du roi Philippe, fils de Charles V, empereur, et un autre nommé Alphonse. Bradford leur fut amené pour conférer, et le confesseur du roi commença à parler à Bradford en latin et lui demanda s’il avait jamais vu un Alphonse qui avait écrit contre les hérésies (2). Bradford répondit qu’il ne l’avait jamais vu et qu’il n’avait jamais entendu parler de lui. Le confesseur lui dit : « Voici la personne que tu as sous les yeux, qui est venue exprès, poussée par la charité et l’affection, et à la persuasion du comte de Darbé (3), pour parler des choses de religion. » Bradford répondit qu’il n’avait jamais souhaité qu’on lui amenât quelqu’un pour lui parler ou entendre ses conseils, mais parce qu’ils étaient venus là par charité (comme ils disaient) et pour lui faire plaisir, il ne pouvait rien faire d’autre que de les remercier. Alphonse, voulant engager la conversation avec lui, l’avertit avant de prier Dieu, afin qu’il obtienne une bonne intelligence pour obéir et donner de bons conseils, sans se laisser influencer par son propre sens et sa propre volonté. Bradford pria Dieu de lui accorder son Saint-Esprit, guidé par la direction duquel toutes leurs volontés et toutes leurs actions pourraient être dirigées comme il sied à de vrais enfants de Dieu. AL. dit alors : « Vous devez prier Dieu du plus profond de votre cœur et pas seulement avec votre langue. BR. Ne jugez pas, afin de ne pas être jugé. Vous avez entendu que j’ai prié avec ma langue et mes paroles ; or, la charité exige que vous laissiez tout jugement à Dieu. (Matthieu 7:1).
(2) Alphonsi a Castro Zamorensis adversus omnes hæreses libri XIV. Paris, 1534; Anvers, 1568. L'édition de 1534 contient (lib. 1, cap. 4) un passage, qui a été supprimé dans les autres, relatif à l'ignorance de quelques pontifes romains. De Castro accompagna Philippe 11 en Angleterre, en qualité de confesseur. A un moment où l'époux de Marie voulait conquérir la confiance des Anglais, de Castro prêcha même devant lui un sermon contre l'emploi du bûcher contre les hérétiques (Voy. Foxe, t. VI, p. 704; Burnet, t. I1, part. 2, p. 511, édit. de 1857; p. 723 de la trad. d'Amst., 1687). De Castro allait être élevé au siège archiépiscopal de Compostelle, lorsqu'il mourut à Bruxelles, le 3 février 1558.
(3) Le comte de Derby.
BR. Ne jugez pas, afin de ne pas être jugé. Vous avez entendu que j’ai prié avec la langue et les paroles ; or, la charité exige que vous laissiez tout jugement à Dieu. AL. Vous devez maintenant établir si fermement votre esprit qu’il n’est pas donné d’un côté ou de l’autre, mais le maintenir justement en équilibre, sans pencher d’un côté ou de l’autre. Par conséquent, priez Dieu et laissez-vous gouverner par sa main, et permettez-lui d’incliner votre intelligence comme il l’entend, sinon tout ce que nous pouvons dire et faire ici ne sera d’aucun avantage. BR. « Si vous parlez de la religion chrétienne, mon opinion est d’une certaine conviction, et tous les chrétiens et les fidèles doivent en être assurés. » Pour cette raison, il rendit grâces à Dieu pour la persuasion qu’il avait concernant la doctrine pour laquelle il était condamné. De plus, il priait Dieu qu’il lui plaise d’augmenter de jour en jour cette fermeté d’esprit, et pour augmenter cette assurance, qu’il était si loin d’être incertain sur la connaissance de cette doctrine qu’il était prêt à être mis en lumière. Pour cette raison, leur venue lui fut agréable.
[Alphonse contrefait l'Inquisiteur]. AL. Nous ne savons pas pourquoi vous auriez dû être condamné. BR. « Il y a à peine moins de deux ans que je suis prisonnier ici. Maintenant, s’il était nécessaire de vous donner une raison pour cela, je ne le pourrais pas. Voyons d’abord ce que vous pensez de la Transsubstantiation. Ne croyez-vous pas que Jésus-Christ était présent dans son propre corps sous les figures et les espèces du pain et du vin ? BR. Non, pas du tout. Je crois que Jésus Chrétien est présent et présent à la foi de ceux qui reçoivent dûment la Cène du Seigneur, tout aussi présent aux yeux de la foi que le pain et le vin sont vraiment et vraiment présents aux yeux et aux sens de ceux qui regardent. Je ne nierai pas que le corps du Christ de sa nature est limité dans un certain lieu. Et là-dessus, il parla longuement des deux natures en Christ, dont L’un est présent en tout, l’autre est conservé et limité dans un certain lieu. Après avoir soulevé de nombreuses questions à ce sujet, il oublia sa proposition initiale ; mais Bradford, l’ayant remise en mouvement, dit : « Comment ces choses peuvent-elles être réconciliées ? »
[Ce sophiste espagnol se confond d’une étrange manière]. C’est comme si l’on disait : pour cette raison que vous êtes ici, il est aussi nécessaire que vous soyez à Rome. Et certainement votre façon d’argumenter n’est rien d’autre que celle-ci : pour cette raison que le corps du Fils de Dieu est dans le ciel, il est aussi nécessairement enfermé dans le sacrement sous les figures et les espèces du pain et du vin. AL. « Et alors ? Ne voulez-vous rien croire à moins qu’il ne soit expressément ou particulièrement contenu dans les Saintes Écritures ? BR. « Je veux croire tout ce que vous produisez ou enseignez par une démonstration suffisante et probable des Saintes Écritures. » Alphonse, se tournant vers son compagnon, lui dit : « Celui-ci est tout à fait obstiné. Puis il dit à Bradford : « Quoi ? Le Seigneur n’est-il pas tout-puissant pour faire cela ? BR. « Il est vraiment tout-puissant ; mais il ne s’agit pas ici de la puissance de Dieu, mais de sa volonté. AL. « N’avons-nous pas les paroles claires de Lui : Ceci est mon corps ? »
[Il se montre stupide & abruti]. BR. « Ce sont ses paroles, mais elles doivent être attribuées et rapportées à la foi de ceux qui participent à de tels mystères. AL. « La foi ? Je vous en prie, comment cela se fait-il ? BR. « De même que je n’ai ni langue ni mots suffisants pour bien exprimer ces mystères, de même vous n’avez pas d’oreilles pour entendre et comprendre ce que je dis ;
[La foi ne peut être expliquée]. Car il est certain que la foi ne peut pas s’expliquer par la force et l’habileté des mots. (1 Corinthiens 2:6). AL. « Cependant, je peux bien expliquer par des paroles tout ce qu’il y a dans ma foi. » BR. « Les choses que vous croyez par votre foi ne sont pas très grandes si vous ne comprenez pas plus que ce que les sens charnels peuvent saisir. Car, de même que la méditation de l’esprit est plus capable que le langage, elle conçoit aussi plus de choses que le langage ou les mots ne peuvent exprimer. « Jésus-Christ lui-même rend témoignage que c’est son corps. » BR. « Saint Augustin le déclare en disant : De même que la circoncision est l’alliance du Seigneur, de même le sacrement de la foi est la foi. Et pour expliquer cela plus familièrement : de même que l’eau du sacrement du baptême est la régénération, de même le sacrement du corps est le corps du Seigneur. AL. « L’ablution du baptême est faite le sacrement de la grâce divine et de l’Esprit enfermé dans l’eau, par lequel ceux qui sont baptisés sont purifiés. » BR. Laissons ces mots : Enfermer et circonscrire. La grâce divine est signifiée dans le lavage du baptême. BR. « Je confesse que le corps du Seigneur Jésus est de la même manière le Sacrement. « Ne faites-vous pas une distinction entre les sacrements qui restent et les sacrements qui passent ? »
[Des ordres]. Il s’agit par exemple du sacrement de l’Ordre (qui, étant rejeté par vous, est néanmoins approuvé par saint Augustin) est compté parmi les sacrements qui restent, bien que la cérémonie de celui-ci passe.
[L'eau au Baptême]. On peut dire la même chose du baptême : lorsque l’eau a lavé le corps, elle a rempli son rôle et cesse d’être un sacrement. BR. « J’avoue qu’il en est de même dans la Cène du Seigneur ; Dès qu’il cesse d’être en usage, il cesse aussi d’être un sacrement.
[Le Sophiste Espagnol est pris au filet]. Alphonse était très en colère, à tel point qu’après plusieurs remarques, il reprocha à Bradford sa grossièreté, et qu’il ne pouvait pas trouver dans toute l’Écriture que le baptême et la dernière Cène étaient liés par une quelconque similitude. Là-dessus, un prêtre présentant un Nouveau Testament, Bradford, montra le passage du douzième chapitre de la première lettre aux Corinthiens, où il est dit : « Nous sommes tous baptisés pour former un seul corps et nous sommes tous abreuvés d’un seul Esprit. » Alors les magnifiques plaisanteries de ces Espagnols s’atténuèrent, et ils se regardèrent l’un l’autre, se réfugiant dans cette chicane que saint Paul ne parlait pas là du Sacrement. Bradford leur dit que ce passage était assez clair dans la foi et que les docteurs l’interprétaient de cette façon, en particulier Chrysostome. Alphonse, qui tenait le livre à la main, le feuilletait comme pour y trouver un remède. Finalement, ces Espagnols sont arrivés au passage du chapitre II de la première lettre aux Corinthiens, où il est dit : Ne voyez-vous pas, dit-il, que l’Apôtre l’appelle pain ici, même après la consécration ? Comme il le dit aussi au chapitre 10 de la même épître : Le pain que nous rompons, etc. Ne comprenez-vous pas que les choses qui sont transmuées conservent parfois les noms de celles qui étaient auparavant ? La verge de Moïse nous sert d’exemple à cet égard. La Bible a été apportée, et la place n’a été laissée que pour le triomphe, comme s’ils avaient gagné leur cause.
[Argument tourné contre le Sophiste qui en abuse]. Bradford a de nouveau rejeté cet argument de la manière suivante : « Dans la verge de Moïse, il est dit qu’il s’est converti ; de plus, la chose est apparue telle qu’elle était aux yeux corporels, mais ni l’une ni l’autre de ces deux choses ne peut être montrée dans ce sacrement. En fait, comme dans celui-ci il n’y a pas d’apparence de corps, il n’est pas non plus fait mention de conversion. Le moine était troublé et pensa s’échapper, reprochant à Bradford d’être trop dévoué à son propre raisonnement. Bradford a dit qu’il pourrait (si nécessaire) produire d’anciens médecins comme témoins de son opinion.
[L'Église du Seigneur]. AL. « Mais l’Église est contre toi. » BR. « L’Église du Christ est pour moi, l’épouse de Jésus-Christ, la colonne de la Vérité. » AL. « Confessez-vous qu’elle est visible ou non ? » BR. « Elle est vraiment visible à ceux à qui Dieu donne des yeux et les lunettes de sa parole pour qu’ils la voient. » AL. « Je veux montrer ouvertement que toute cette Église a combattu contre vous, depuis sa première naissance jusqu’à notre époque, il y a quinze cents ans. Après cela, ce confesseur du roi d’Espagne demanda à Bradford quel était l’autre point de sa condamnation. Bradford répondit qu’il s’agissait des infidèles, c’est-à-dire qu’ils ne participent pas au corps de Jésus-Christ, comme saint Augustin, parlant de Judas, dit qu’il a pris le pain du Seigneur et non le pain qui est le Seigneur. Alphonse lui dit que ce n’était pas le cas à saint Augustin. Bradford a soutenu le contraire. Sur ces mots, ils se séparèrent. Après tout cela, l’un des prêtres qui étaient présents là supplia Bradford de ne pas rester obstiné, et Bradford le supplia également de ne pas se flatter légèrement dans son esprit et de ne pas se laisser emporter. Ensuite, il y a eu une question entre eux à propos de quelque chose qu’ils ont dit avoir trouvé dans les Saintes Écritures, et Bradford a dit qu’ils ne l’avaient pas fait. Le prêtre était sûr qu’il pourrait le trouver en cinq endroits ; Finalement, lorsque le livre a été produit, et qu’il n’a pas pu le trouver une seule fois, il est parti comme les autres.
[Weston vient à Bradford]. Le même jour, vers cinq heures de l’après-midi, Weston (1) vint voir Bradford et, l’ayant salué, envoya ceux qui étaient là, et ils restèrent tous deux seuls pour conférer ensemble. Weston remercia Bradford de la lettre qu’il lui avait écrite, dans laquelle il apportait quelques raisons contre la transsubstantiation.
(1) Voy. la note de la page 131, supra.
[Le concile de Latran 3]. La première raison est dérivée du temps ; il est bien connu que les Églises ne savaient pas qu’il s’agissait d’une transsubstantiation avant le concile de Latran, qui s’est tenu sous le pape Innocent III. La seconde a été tirée des circonstances et de l’analogie des sacrements, ainsi que des témoignages des anciens docteurs. Troisièmement, lorsque le Christ eut pris le pain dans sa main, il bénit lui-même ce qu’il avait pris, le rompit et le distribua, et c’est ainsi que l’on reçoit que le pain a été appelé du nom du corps. Quatrièmement, à partir de l’état du calice, on devrait ressentir la même chose pour le pain. Car si, après la consécration, le vin de la coupe est resté le fruit de la vigne, il faut nécessairement en conclure que le pain reste pain. Cinquièmement, dans les Saintes Écritures, le pain est appelé le corps du Christ, de même le corps mystique du Christ est appelé pain. Par conséquent, puisque personne n’a voulu dire qu’il y a un changement de substance, il n’est pas raisonnable non plus de le dire sur l’autre point. Sixièmement, puisque le Seigneur lui-même a appelé le calice le Nouveau Testament lors de la même Cène, il est clairement évident que, par une figure similaire, le pain a été appelé Corps sans transsubstantiation. Enfin, cette doctrine de la transsubstantiation n’a jamais été entendue dans aucune de toutes les églises bien établies et solidement érigées, comme celle de Corinthe, d’Éphèse, de Colosses, de Thessalonique, et s’il y en a d’autres qui ont été instituées et formées par les Apôtres, et que même l’Église romaine n’a que c’était au temps du pape Gélase. Et donc nous pourrions conclure que tout ce genre de doctrine est nouveau.
[Transsubstantiation]. Weston, pour le soutenir, a dit : « Bien qu’il n’y ait pas longtemps que l’Église ait reçu cette parole de transsubstantiation, la vérité a duré depuis la première institution du Christ. » De plus, il argumente de saint Augustin de cette manière : « S’il n’y a pas d’homme si méchant qui, en faisant son testament, veuille tromper son héritier par des figures ou des paroles déguisées, certainement il serait beaucoup moins approprié pour le dernier Testament de Jésus-Christ. De plus, il a également argumenté sur saint Cyprien, qui dit que la nature du pain est convertie en chair, et bien que le pape Gélase expose cette nature comme une qualité, il appelle toujours le pain son corps.
[Saint Cyprien ne favorise en aucune façon l’erreur de la Transsubstantiation, quoi qu’en prétende Weston]. Il a rapporté ce que saint Cyprien a dit dans l’épître écrite à ceux qui se battaient pour l’eau. Il proposa aussi la fraction du pain fait en présence des deux disciples qui se rendaient à Emmaüs, et il avança plusieurs choses tirées, comme il le disait, de l’interprétation de saint Augustin. Bradford répondit qu’il se souciait peu de l’origine du mot et que c’était avant tout la vérité de la question qu’il fallait considérer. Weston, entrant dans d’autres discussions, l’interrogea sur son emprisonnement, sa condamnation et d’autres choses semblables, et lui dit qu’il avait appris de l’évêque de Bade qu’il l’avait dénoncé à la reine et à son conseil. Cette conversation dura environ une heure entière, à tel point que Bradford, comme s’il eût été las de s’asseoir, se leva. Weston aussi, se préparant à partir, appela le geôlier et, en sa présence, dit à Bradford d’avoir bon courage. Néanmoins, le geôlier lui dit qu’il avait entendu dire qu’il devait mourir le lendemain.
[Bradford est visité de plusieurs avant sa mort]. Le 26 mars, le docteur Pandelton, le docteur Colier, qui avait été prévôt de l’église de Manchester, et un autre nommé Estienne Bech (1), vinrent voir Bradford. Pandelton, qui connaissait la vérité, demanda à Bradford les raisons de sa condamnation, et ils discutèrent de deux points. Premièrement, si les infidèles participent au corps du Christ aussi bien que les fidèles. Pandelton a proposé une distinction pour clarifier l’argument, qui est que les infidèles participent effectivement à la même chose, mais pas de la même manière.
(1) Le Dr Pendleton, voy. p. 186. Collier, marguiller de Manchester. On ignore qui était Stephen Beech.
[Solution au dire de S. Cyprian]. Et en ce qui concerne la transsubstantiation, Pandelton a cité le passage de saint Cyprien, où il dit : « Le pain est changé dans la nature. » Bradford répondit : « De même que la distinction précédente n’a pas diminué l’affirmation de saint Augustin, de même ce passage de saint Cyprien n’est pas pertinent, puisque ce mot « nature » ne signifie pas la substance, mais la qualité de la chose. De même que lorsque nous parlons de la nature des herbes, nous ne désignons pas la substance de celle-ci, mais les forces et les propriétés. Ils parlèrent aussi de l’archevêque de Cantorbéry, du livre de Pierre Martyr (2), des lettres écrites à Pandelton, qui furent même présentées à Bradford après sa condamnation. Aussi de ce passage de l’Écriture : « Dis-le à l’Église, etc. », qu’il faille entendre dans ce passage l’Église universelle ou l’Église particulière.
(2) Probablement la Tractatio de Sacram. Eucharistia, Lond., 1349, ouvrage dédié à Cranmer.
Après ces paroles, Bradford prit congé de Pandelton en lui disant : « Monsieur le docteur, je répète ce que j’ai dit récemment au docteur Weston lorsqu’il était ici : en ce qui concerne la religion et la doctrine, je suis aujourd’hui tel que j’étais auparavant lorsque j’ai été emprisonné pour la première fois ; en fait, depuis ce temps, je n’ai rien eu de ferme ou de solide qui puisse distraire mon esprit.
[La raison pour laquelle la mort de Bradford est si retardée]. BRADFORD, frère bien-aimé en notre Seigneur Jésus-Christ, je pensais vous avoir envoyé le dernier adieu par mes lettres, que j’avais données à Augustin, notre bon frère, pour vous les remettre, lorsque le bruit commun était que vous alliez être mis à mort ; maintenant qu’ils ont prolongé votre mort, je comprends que ce n’est rien d’autre que ce qui est arrivé à saint Pierre et à saint Paul. Bien qu’ils aient été les premiers à être emprisonnés, le Seigneur n’a pas voulu qu’ils soient parmi les premiers à être mis à mort, et c’était pour que, plus ils restaient longtemps dans leur ministère, plus ils auraient aussi plus de loisir pour accomplir les choses que le Seigneur avait décidé de faire à travers eux. Béni soit le Seigneur, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, à cause de votre confession faite trois fois, que j’ai lue séparément avec une grande joie d’esprit, et pour eux aussi j’ai rendu grâces à Dieu. Je l’ai remercié de vous avoir agrandi de ses grâces en grande abondance. Béni soit notre bon Dieu, qui vous a donné cette constance de maintenir le serment que vous avez fait contre le Pape ; serment, selon le Prophète, a été fait dans le jugement, la justice et la vérité, et ne peut donc pas être révoqué sans parjure.
[Le serment contre le Pape]. Que le diable soit méprisé, qu’il rugisse, qu’il se déchaîne, qu’il exerce toutes les cruautés autant qu’il le peut. À tel point qu’il ne vous apportera rien de nouveau en ce lieu. C’est ainsi que les faux prêtres ont crié dans les temps anciens et toujours contre les vrais prophètes et serviteurs de Dieu, en disant : « Le temple du Seigneur, le temple du Seigneur, le temple du Seigneur. » De plus, la loi ne périra pas du prêtre, ni le conseil de la bouche des sages, et cependant ceux qui étaient uniquement réputés sages et sacrificateurs n’avaient ni la loi de Dieu ni aucune sagesse. (Jérémie 4.7)
[Les bruits qu'on disait de Bradford]. Maintenant, c’est une merveille de ce qui est dit ici à votre sujet. Certains disent que vous devriez être relégué quelque part, et par ce moyen vous pouvez sauver votre vie, et que vous avez refusé cette condition, disant que vous ne vouliez pas être envoyé dans un endroit où vous ne seriez pas libre de vivre en toute conscience. On dit que Burne, évêque de Bade, a obtenu cette grâce pour vous, à qui vous aviez autrefois sauvé la vie. D’autres (parmi lesquels se trouve mon hôtesse) répandent ce bruit que vous êtes élevé en grand honneur, et que monseigneur le chancelier vous favorise beaucoup, ce que je n’ai jamais cru, et je l’ai aussi ouvertement nié devant elle, et j’ai osé compter sur votre force et votre constance.
Nous ne faisons encore que ce que le Seigneur a décidé de faire avec vous. Cependant, il est nécessaire de bien considérer comment la sagesse divine se moque de l’orgueilleuse prudence de ce monde et dissipe les conseils des hommes rusés. Lorsque l’état de la religion commença à changer et que cette persécution fut mise en place, personne ne douta que la première impétuosité des adversaires ne s’élèverait contre Cranmer, Latimer et Ridley avant tous les autres. Mais la ruse prudente et la belle prudence de ce monde, nous laissant pour un temps, préférèrent commencer par les autres, surtout ceux qu’ils croyaient faibles, croyant que leur faiblesse servirait beaucoup à opprimer notre cause. Mais Dieu, par sa puissance, a renouvelé et réduit à néant toute la subtilité et la malice de ces pernicieux. Car notre bon Dieu et Seigneur a instillé une telle magnanimité et une telle constance dans le cœur de ceux qu’ils considéraient comme les plus faibles, que tous les anges se réjouissent dans le ciel d’avoir assisté à une bataille si glorieuse. Frère bien-aimé, souvenez-vous de moi et de tous vos frères dans vos prières et supplications au Seigneur, comme nous nous souvenons de vous aussi dans les nôtres. Votre frère en notre Seigneur Jésus,
NICOLAS RIDLEY.
Il lui écrivit aussi d’autres lettres peu de temps avant sa mort, mais parce que le moment était venu d’endurer la dernière bataille, il lui dit qu’il était très heureux, et heureux fut le jour de sa naissance, puisqu’il avait été appelé à cette vocation, il avait été trouvé vigilant, et pourtant cela lui serait dit par le Seigneur : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, parce que tu as été fidèle en peu de choses, je te ferai chef de beaucoup, tu entreras dans la joie et le bonheur du Seigneur. »
Il lui indiqua aussi qu’il avait été dit qu’il devait être exécuté dans son propre pays, mais ses juges changèrent d’avis, et ainsi il fut brûlé à Londres, et non dans son propre pays. Ridley ajoutait dans les mêmes lettres qu’il attendait la mort de jour en jour, et que, bien qu’il n’y eût personne d’aussi faible que lui dans toute la compagnie, depuis qu’il avait appris la mort endurée par John Rogers avec un tel courage chrétien, son esprit avait été libéré de toute peur et de toute crainte. En fin de compte, il lui souhaita un long et doux bonheur, et le recommanda au Seigneur. Jusqu’à présent, la vie de Bradford a été décrite, ainsi que toutes les disputes qu’il a subies à la fois en public et en privé, et comme nous pouvons le voir, il a affronté de nombreux assauts, l’un après l’autre, avec une telle modestie, une telle patience et une telle fermeté d’esprit, que le récit vaut la peine d’être lu et que la lecture ne sera pas sans grand bénéfice. Il reste maintenant à conclure l’histoire, à entendre la dernière lutte et l’issue de sa vie.
[Mort heureuse de Jean Bradford]. Resté ferme et constant au milieu de tant d’angoisses, d’oppressions et d’assauts qu’il affronta contre les théologiens, tant anglais qu’espagnols, finalement, lorsque le moment fixé pour son exécution fut venu, il fut secrètement tiré de la prison de Coventry (1), et fut conduit, dans l’obscurité de la nuit, à la prison de Portenoue (2). Le lendemain matin, les sergents l’emmenèrent de là et l’emmenèrent à Smithfield, près de Londres, où il fut placé sur un tas de bois, sur lequel, comme sur un lit d’honneur, il mourut et expira heureux.
(1) C'est la prison du Compter qu'il faut lire, et non Coventry.
(2) Newgate, prison des condamnés.
(3) Voy. une prière de Bradford dans les Additions au XIIe livre.
La fidélité de notre Dieu brille dans cet exemple, faisant servir toutes les afflictions au salut des siens, et de même que le vigneron soutient le bois tendre de la vigne, de même il a fortifié la faiblesse de ce jeune homme sur la fermeté de Bradford, compagnon du même martyre. Il y a des exemples ci-dessus similaires à celui-ci.
(1) Voy. Foxe, t. VII, p. 192. Son vrai nom était Leaf. C'était un pauvre apprenti sans culture, et qui néanmoins tint tète, dans les interrogatoires qu'il dut subir, a l'évêque de Londres. On lui lut, dans la prison, deux déclarations, dont l'une était une abjuration, et l'autre une confirmation de ses déclarations précédentes. Il prit cette dernière, et, ne sachant pas signer, il se piqua la main avec une épingle et fit couler une goutte de son sang, en guise de signa- ture, sur cette pièce.
[Liesse consolée & renforcé par Bradford]. Ils ont également mis dans le même feu Jean Liesse, un jeune homme de seulement dix-huit ans, que Bradford a consolé et encouragé, lui donnant le courage de mourir fermement pour la vérité du Seigneur. Le jeune homme, fortifié par les paroles de Bradford, se présenta joyeusement à la mort et remercia Dieu de ce qu’il lui avait plu de mourir avec une telle personne. C’est ainsi que Bradford et Liesse, après avoir exhorté le peuple à la constance et au repentir, furent brûlés (2).
(2) Sur le bûcher, Bradford, étendant les mains vers la foule, s'écria: «O Angleterre, Angleterre, repens-toi de tes péchés. Prends garde à l'idolâtrie, prends garde aux ante- christs, prends garde qu'ils ne te séduisent." Se tournant vers Leaf, il lui dit: « Sois courageux, mon frère, car nous souperons joyeusement ce soir avec le Seigneur » (Foxe, VII, 194)
[Guillaume Ming mort en prison]. Le lendemain, à leur mort, qui était le 11 juillet, GUILLAUME MING (3), ministre de la parole de Dieu, mourut en prison dans la ville de Madston. Et s’il n’était pas mort en prison, il est certain qu’il n’aurait pas échappé aux mains des ennemis.
(3) William Minge. Voy. Foxe, t. VII, p. 286.