J’ai déjà considéré la réfutation professée par le Dr Fisk de l’argument calviniste, fondée sur la prescience divine, ainsi que trois subterfuges du Dr Adam Clarke. L’un de ces subterfuges est que la prescience divine consiste en partie dans des conjectures. Une autre est que la prescience divine consiste simplement dans le pouvoir de la prescience. Et la troisième, c’est qu’il n’y a rien de tel que la prescience divine ; ou que « Dieu est éternel maintenant ». Je soupçonne le Dr Fisk d'avoir envisagé le dernier de ces subterfuges, en dernier recours, dans la phrase qui clôt ses remarques sur le deuxième argument calviniste qu'il examine. La phrase est la suivante : [p. 8.] « De même qu’il est en tous les points de la grande immensité, de même il l’est à chaque instant de la longue éternité. » Dire que « Dieu est à chaque instant de la longue éternité » confond la distinction entre la durée passée, présente et future, et implique que « Dieu est un éternel maintenant ». Mais ce subterfuge a été pleinement exposé dans mon dernier numéro. La Divinité ne doit donc pas être traitée dans cette discussion comme une non-entité, mais comme une réalité solide . Le Dr Fisk nie que la prescience divine soit fondée sur les décrets divins. Au contraire, il soutient que les décrets de Dieu sont fondés sur sa prescience. Le docteur lui-même admet qu’il y a des événements futurs que Dieu a décrétés. Et c’est la même chose que d’admettre qu’il y a des événements futurs qui n’auraient jamais eu lieu, si Dieu ne les avait pas décrétés.
Et pourtant, selon le Dr Fisk, la prescience de Dieu, même des événements qui dépendent de ses décrets, ne prouve pas ces décrets. Il soutient que Dieu connaissait à l’avance ces événements avant de les décréter. C’est-à-dire qu’Il connaissait d’avance les événements qui ne pouvaient pas avoir lieu sans ses décrets, avant que ces décrets ne soient formés. Il savait d’avance qu’elles auraient lieu, avant de connaître la raison pour laquelle elles auraient lieu, et même avant qu’il y eût une telle raison. Dire que sa prescience de ces événements ne prouve pas qu’ils aient été décrétés, implique qu’il aurait pu les connaître d’avance, s’ils n’avaient jamais été décrétés, bien qu’ils n’aient pu avoir lieu sans décrétée. Telle est l’absurdité palpable du mode de raisonnement du Dr Fisk sur ce sujet.
Peut-être, cependant, le Docteur, pour éviter cela absurde, serait prêt à admettre que la prescience de Dieu des événements qui dépendent de ses décrets, dépend elle-même d’eux, et qu’il ne peut pas savoir d’avance ce que les événements accompliront ses décrets, sans savoir d’abord qu’il y a de tels décrets à accomplir. Mais cet aveu gâterait tous ses raisonnements sur le sujet. Après avoir fait cet aveu, il ne pouvait même pas prétendre que la prescience fondée sur des décrets « fait dépendre un attribut essentiel de la Divinité de l’exercice de ses attributs ». Ou qu’elle implique que « les décrets de Dieu doivent être passés et son plan conçu indépendamment de sa connaissance ».
D’ailleurs, il n’y a que les décrets divins qui puissent rendre certains de toute éternité les événements futurs. Par conséquent, cette certitude qui est l’objet de la prescience divine implique nécessairement les décrets divins comme son fondement. Et, par conséquent, si la prescience de Dieu prouve qu’il a décrété certains événements, elle prouve également qu’il a décrété tous les événements. Mais le Dr Fisk ne peut pas, sur son propre terrain, prouver, à partir de la prescience divine, que Dieu a décrété quoi que ce soit. Il ne peut pas non plus soutenir de manière cohérente que Dieu a décrété des événements dans l’univers. Car il est tout à fait absurde de parler de l’ordre de Dieu, que les événements doivent avoir lieu, alors qu’il savait d’avance qu’ils se produiraient indépendamment de ce décret.
Après que le Docteur eut complètement renversé les décrets divins par sa représentation de la prescience divine, il n’était pas étrange qu’il entreprît d’effacer les décrets divins du plan divin. Il poursuit, [p. 7.]
2. Mais la prédestination est argumentée à partir de la nécessité d’un plan divin. — « On ne peut concevoir," dit-on, "que Dieu laisse les choses au hasard et n’ait pas de plan. Mais aucun changement de son plan ne peut avoir lieu, à condition que ses créatures agissent de telle ou telle manière." Mais il est facile de répondre à cet argument, du moins pour le moment. Car elle suppose ce qui doit être prouvé, et ce qui n’a jamais été prouvé, à ma connaissance, c’est-à-dire que nier la prédestination calvinienne, c’est nier que Dieu ait un plan parfait. Nous reconnaissons et maintenons que Dieu a un plan, dont une partie est de gouverner ses sujets responsables sans contrôler leur volonté, par un décret fixe — pour punir les incorrigibles, et sauver ceux qui se repentent et croient. Un tel plan implique-t-il la nécessité d’un changement, « à condition que ses créatures agissent de telle ou telle manière ?" S’il était vraiment nécessaire que Dieu décrète un événement pour le connaître d’avance , cette inférence pourrait être juste. Mais comme cela se voit faux, il s’ensuit qu’un Dieu parfait, dont l’œil examine d’un coup d’œil l’immensité et l’éternité, et qui nécessairement connaît toutes les possibilités et toutes les éventualités, tout ce qui est, ou sera, peut parfaitement arranger son plan, et écarter la possibilité d’une déception, bien qu’il ne le fasse pas, par un décret de prédestination, fixer l’huile sur les volitions et les actes de ses sujets. Même dans les gouvernements humains, où les dirigeants ne peuvent avoir aucune connaissance des individus qui transgressent, ni de la nature et de l’étendue des transgressions, les principes et le plan de gouvernement ne subissent aucun changement pour s’accommoder des actes contingents des sujets. Comme il est absurde alors de supposer que le Souverain Très-Sage de l’Univers sera soumis à la déception, à moins qu’il ne prédestine les transgressions des pécheurs et l’obéissance de ses saints ! La vérité est, à mon avis, que cette idée nuit à la sagesse de Dieu ; car la perfection de son plan, tel qu’ils le soutiennent, est fondée sur l’imperfection de ses attributs. Mais notre vision du plan divin s’accorde bien avec l’idée que nous nous faisons de sa nature infinie.
Ici, le docteur F. entreprend d’abord d’énoncer l’argument, puis tente de le réfuter. L’exposé qu’il donne de l’argument est contenu dans les termes suivants : « On ne peut concevoir que Dieu veuille laisser les choses au hasard, et n’ont pas de plan. Mais aucune modification de son plan ne peut avoir lieu à condition que ses créatures agissent de telle ou telle manière.
Mais le docteur n’a ni réfuté cet argument, ni équitablement l’a déclaré. En premier lieu, il n’a pas réfuté l’argument alors même qu’il l’a lui-même énoncé. Ce qu’il appelle « l’argument » consiste en deux propositions claires, sans aucune inférence. La première est : « Que Dieu ne laisserait pas les choses au hasard et n’aurait pas de plan. » Or, cette proposition, il est admis, est énoncée par le Dr Fisk sans preuve. C’est trop évident pour exiger des preuves. Le Dr Fisk lui-même ne le nie pas. La seconde proposition contenue dans ce que le Dr Fisk appelle « l’argument » est la suivante : « Qu’aucune modification de son plan ne peut avoir lieu à la condition que ses créatures agissent de telle ou telle manière ? Cette proposition est également assumée, d’après la déclaration du docteur. Et c’est une vérité si évidente, que le docteur F. n’ose pas la mettre en doute. Or, ces deux vérités évidentes sont les seules propositions supposées dans l’argumentation dans la mesure où le Docteur l’énonce. Si quelque chose d’autre est « supposé », il est supposé dans l’inférence que le docteur se sent obligé de tirer des deux vérités évidentes qu’il énonce comme la substance de l’argument. Comme le docteur F. n’a pas dit quelle conclusion il a tirée de ces deux vérités, je ne puis que conjecturer quelle était cette inférence. Mais j’en conclus que c’est sans doute ceci, que Dieu a ordonné d’avance tout ce qui arrivera. Que ce fût là ou non l’inférence précise que le docteur tirait de ces vérités ; il a l’air de le penser C’est à lui qu’il incombe de la réfuter. Il dit : « Elle suppose ce qui doit être prouvé, et ce qui n’a jamais été prouvé, à ma connaissance, c’est-à-dire que nier la prédestination calvinienne, c’est nier que Dieu ait un plan parfait. Nous reconnaissons et maintenons que Dieu a un plan, dont une partie est de gouverner ses sujets responsables, sans contrôler leur volonté, par un décret fixe — pour punir les incorrigibles, et sauver ceux qui se repentent et croient. Un tel plan implique-t-il la nécessité d’un changement, « à condition que ses créatures agissent de telle ou telle manière » ? Le Dr, fait la réponse suivante. « S’il était vraiment nécessaire que Dieu décrète un événement pour le connaître d’avance, cette inférence pourrait être juste. » Mais c’est ce que l’on voit comme étant strictement vraie, nonobstant l’affirmation contraire du Docteur. — Car aucun événement ne peut être connu d’avance de toute éternité, à moins qu’il ne soit toujours certaine. Rien de l’Être divin n’existait de toute éternité pour le rendre certain. Et il n’y avait rien dans l’Être divin qui pût le rendre certain, si ce n’est le décret divin. Il ne semble donc pas que l’inférence ci-dessus soit injuste. Et le docteur F. n’a pas encore réfuté l’argument qu’il prétend énoncer.
Mais, en second lieu, l’argument n’est pas juste. Le Docteur a l’air de penser que La perfection du plan divin consiste uniquement dans son immuabilité. Mais un doctorat parfait implique quelque chose de plus. 1er. Elle doit proposer la meilleure fin possible. 2° Il doit comporter les meilleurs moyens possibles. 3° Elle doit exclure du système tout ce qui est inutile et nuisible. 4° Il doit être immuable. Or, la Bonté infinie doit chercher la meilleure fin. La sagesse infinie doit choisir les meilleurs moyens pour l’accomplir, et exclure du système tout événement qui est soit préjudiciable, soit inutile. Et la Puissance infinie ne peut manquer d’exécuter le plan que la Sagesse infinie a conçu et que la Bonté infinie cherche à accomplir. La conclusion est irrésistible : Que Dieu entend assurer le plus grand bien ; et que le plan qu’il a adopté et qu’il met à exécution comprend tous les événements qui sont nécessaires au plus grand bien et exclut tous les autres événements. Par conséquent, l’affirmation du docteur selon laquelle la perfection du plan de Dieu, comme le soutiennent les calvinistes, est fondée sur l’imperfection de ses attributs, est tout à fait gratuite et sans fondement.
Si le docteur F. pouvait prouver que le plan de Dieu pouvait être immuable sans fixer le caractère et la conduite de ses créatures, il ne pourrait pas prouver ainsi la perfection absolue d’un tel plan. Le docteur lui-même dit que « même dans les gouvernements humains, où les dirigeants ne peuvent avoir aucune connaissance des individus qui transgressent, ou de la nature et de l’étendue des transgressions, les principes et le plan de gouvernement ne subissent aucun changement pour s’accommoder des actes contingents des sujets. » Or, le Dr F. ne prétendra certainement pas qu’aucun gouvernement humain soit parfait, malgré l’immutabilité qu’il ose leur attribuer. Dans le plan divin, l’immutabilité seule ne suffit donc pas pour le rendre parfait. Le docteur admet que le plan divin ne serait peut-être pas immuable, d’après ses principes, « s’il était nécessaire que Dieu le fasse. décréter un événement, afin de le connaître d’avance. Nous avons vu que c’était nécessaire. Et c’est pourquoi le docteur F. s’est efforcé de l’établir, il ne l’a pas prouvé. Mais s’il l’avait prouvé, cela n’aurait pas affecté l’argumentation, fondée sur la nécessité d’un plan absolument parfait d’opération divine.
L’argument fondé sur « la nécessité d’un plan divin » peut être présenté sous un autre jour. La connaissance et la sagesse essentielles de Dieu doivent placer devant lui tous les événements possibles. Son infinie bonté ne peut être indifférente à aucun de ces événements. Il doit avoir le choix de les respecter tous. Respectant tous les événements possibles, il doit choisir, soit qu’ils existent, soit qu’ils n’existent pas. Les événements qu’il choisit doivent exister, ce choix doit être sécurisé. Et tous ceux qu’il choisit ne doivent pas exister, ce choix même doit l’empêcher. Par conséquent, tous les événements qui existent ont été choisis de toute éternité.
Le Docteur dit que c’est le plan de Dieu « de punir les incorrigibles, et de sauver ceux qui se repentent et croient. » Supposons maintenant qu’un pécheur se repente et croie aujourd’hui. D’après le docteur F., c’est l’intention actuelle de Dieu de le sauver. Mais je suppose que le docteur, comme le reste de mes frères méthodistes, croit qu’un tel homme peut encore tomber en disgrâce et mourir en incorrigible pécheur ; et que de tels cas se sont effectivement produits. Si c’est l’intention divine de sauver tous ceux qui se repentent et croient, de tels cas de chute de la grâce pourraient-ils se produire, sans changer les intentions divines envers ces personnes particulières ?
Comme le docteur F. professe croire à la prescience divine, je voudrais lui poser encore quelques questions à ce sujet, s’il ne veut pas le considérer comme incivil. Le Docteur croit-il que Dieu savait d’avance que les anges déchus pécheraient et seraient à jamais misérables, avant qu’il ne les amène à l’existence ? Dieu savait-il d’avance que leur existence serait une malédiction éternelle pour eux-mêmes et pour des millions de personnes de la race humaine ? Et a-t-il, en pleine vue de ces terribles conséquences, choisi de donner l’existence à ces esprits ? A-t-il su d’avance de toute éternité qu’il eût été bon pour Judas et pour tous ceux qui meurent dans leurs péchés, s’ils n’étaient jamais nés ? Connaît-il tout cela à l’avance, et choisit-il quand même de faire naître de tels individus ? Le docteur peut-il aimer un tel Dieu ? S’il en est ainsi, pourquoi ne peut-il pas aimer un Dieu qui a préordonné tout ce qui arrive.