Je suis maintenant prêt à examiner les objections de M. Fisk contre l’élection inconditionnelle.
Objection : « 1. La doctrine de l’élection inconditionnelle d’une partie implique nécessairement la réprobation inconditionnelle des autres."
Réponse. Si la réprobation inconditionnelle signifie, que Dieu a décrété le caractère aussi bien que la destination de l’impénitent final ; Il est admis librement que cette doctrine est implicite dans la doctrine de l’élection inconditionnelle. Si Dieu fait miséricorde à qui il veut, il s'ensuit indubitablement qu'il endurcit qui il veut.
Objection : » 2. Cette doctrine de l’élection, tout en professant la justification de la grâce gratuite et de la miséricorde de Dieu, les détruit complètement. Pour les réprouvés, il n’y a certainement pas de la grâce ou la miséricorde étendue. Leur existence même, liée comme elle l’est nécessairement à la damnation éternelle, est une malédiction infinie. Les bénédictions temporelles dont ils jouissent, les offres hypocrites qu’on leur fait et les privilèges de l’Évangile dont on se moque d’eux, si tant est qu’on puisse les appeler grâce, doivent être appelés grâce damnante. Car tout cela ne fait que les engraisser pour l’abattoir, et les rendre aptes à souffrir, dans une mesure plus aggravée, les douleurs et les tourments inévitables qui les attendent. D’où le sentiment de Calvin, que « Dieu appelle les réprouvés, afin qu’ils soient plus sourds — allume une lumière pour qu’ils soient plus aveugles — leur apporte sa doctrine, afin qu’ils soient plus ignorants — et leur applique le remède, afin qu’ils ne soient pas guéris », est un aveu honnête des principes légitimes de ce système. Il est donc certain que personne ne prétendra que, selon cette doctrine, il y a une grâce pour les réprouvés. Et peut-être qu’un moment d’attention montrera qu’il n’y a pas grand-chose pour les élus. Il est dit que Dieu, par sa simple souveraineté, sans rien dans la créature pour l’y pousser, élit les pécheurs pour la vie éternelle. Mais s’il n’y a rien dans la créature qui puisse l’y pousser, comment peut-on l’appeler miséricorde ou compassion ? Il ne décida pas de les élire, parce qu’ils étaient malheureux, mais parce qu’il lui plaisait de les élire. Si la misère avait été la cause excitante, comme tous étaient également misérables, il les aurait tous élus. Un tel degré d’élection est-il fondé sur l’amour de l’objet qui souffre ? Non : c’est le résultat de l’égoïsme le plus absolu et le plus omnipotent qu’on puisse concevoir. C’est l’exhibition d’un personnage qui s’amuse le plus souverainement et le plus arbitrairement, avec son Tout-Puissant, à créer, à damner et à sauver.
Réponse. Cette objection est fondée sur l’hypothèse que les décrets de Dieu détruisent le libre arbitre moral et la culpabilité des pécheurs, et font de Dieu un être arbitraire, dont le suprême respect pour sa propre gloire détruit toute compassion pour les misères de ses créatures. J’ai déjà montré que cette supposition n’est pas vraie. Les décrets de Dieu ne détruisent pas, mais sécurisent le libre arbitre moral de ses créatures. Son respect suprême pour sa propre gloire n’implique pas non plus qu’il n’ait aucun égard pour leurs misères. Au contraire, il considère leurs misères exactement selon leur nature et leur importance. Ses tendres miséricordes sont sur toutes ses créatures, bien qu’il ait un respect suprême pour sa propre gloire et le bien de l’univers, dans tous ses desseins et sa conduite ? Aucun calviniste conséquent ne dira que les misères des créatures n’émeuvent pas la compassion divine, mais seulement que leur bien n’est pas la fin suprême du gouvernement divin.
La grâce est l’exercice de l’amour envers le coupable, et la miséricorde est l’exercice de l’amour envers les misérables. Si la doctrine de l’élection détruit la grâce gratuite et la miséricorde de Dieu, elle doit le faire de deux manières : ou bien elle détruit la culpabilité et la misère des créatures, ou bien elle détruit l’exercice de l’amour divin envers les coupables et les misérables. Mais il ne fait ni l’un ni l’autre. Nonobstant le décret d’élection inconditionnelle, l’humanité est dans une condition coupable et périssante. Et ce décret éternel est l’exercice de l’amour éternel envers les créatures coupables et périssantes. Elle est donc à la fois une grâce gratuite et distinctive, et une miséricorde souveraine et distinctive.
Une expiation est prévue pour toute l’humanité, et tous sont naturellement capables de se conformer aux conditions de l’acceptation divine. En elle-même, Dieu désire sincèrement le salut des réprouvés, et il exprime ce désir sincère en leur offrant le pardon et la vie éternelle, à des conditions auxquelles ils sont naturellement capables de se conformer. Ces offres sont sincères, parce qu’elles expriment ce que Dieu désire sincèrement. La grâce salvatrice et la miséricorde sont donc sincèrement offertes aux réprouvés ; et rien n’entrave leur salut, si ce n’est leur propre refus d’accepter la grâce et la miséricorde offertes.
Le Dr F. donne la représentation suivante de l’élection inconditionnelle : « Il n’a pas décidé de les élire parce qu’ils étaient malheureux, mais parce qu’il lui a plu de les élire. Si la misère avait été la cause excitante, alors, comme tous étaient également misérables, il les aurait élus tous.» Cette représentation n’est pas tout à fait exacte. Il serait plus juste de dire : « Dieu ne les a pas élus parce qu’ils étaient misérables, mais parce qu’il a vu que c’était le plus sage et le meilleur. Si la misère avait été la [SEULE] cause excitante, alors comme tous étaient également misérables, Il les aurait tous élus ! Cette représentation aurait été juste, mais ne convenait pas à l’objectif du Dr F. S’il avait représenté la chose telle qu’elle est, il n’y aurait pas eu de convenance à la question suivante : « Un tel décret d’élection est-il fondé sur l’amour de l’objet qui souffre ? » Dans ce cas, il aurait pu se contenter de demander : « Un tel décret d’élection est-il fondé [entièrement] sur l’amour de l’objet qui souffre ? » Elle était fondée non seulement sur l’amour de l’objet souffrant, mais aussi sur un respect suprême pour sa propre gloire et les intérêts les plus élevés et les meilleurs de l’univers. « Dieu est amour. » Il considère tous les objets et tous les intérêts de l’univers, exactement selon leur nature et leur importance, à la fois individuellement et collectivement. C’est là l’amour désintéressé, impartial, universel, et c’est le fondement des desseins de Dieu, en général, et du décret de l’élection inconditionnelle en particulier. Et pourtant, le Dr Fr se risque à dire d’élection inconditionnelle, « C’est le résultat de l’égoïsme le plus absolu et le plus omnipotent qu’on puisse concevoir.« ! ! ! « C’est l’exhibition d’un personnage qui s’amuse le plus souverainement et le plus arbitrairement, avec son Pouvoir tout-puissant, de créer, de damner et de sauver.« ! ! ! ! ! ! Je suis heureux que le Dr F. ne veuille pas que l’égoïsme règne. À la réflexion, le docteur F. ne se réjouira-t-il pas de ce que l’égoïsme n’est pas « tout-puissant » et qu’il ne pourra jamais détruire ou faire échouer les desseins d’une bienveillance impartiale, universelle et infinie ?
Objection : « 3. La doctrine à laquelle nous nous opposons rend Dieu partial et respectueux des personnes ; contrairement aux déclarations expresses et répétées de l’Écriture, car elle représente Dieu comme résolu à sauver les uns, et à damner les autres, sans se référer à leurs caractères, tous étant précisément dans le même état. Nier cela, c’est reconnaître que le décret d’élection et de réprobation avait égard au caractère, c’est-à-dire renoncer à la doctrine.
Réponse. Comment peut-on dire, avec vérité, que l’élection n’a aucun rapport avec le caractère, alors qu’elle fixe le caractère des élus comme nécessaire à leur salut ? Et comment peut-on dire, avec vérité, que la réprobation n’a aucun rapport avec le caractère, quand elle fixe le caractère des réprouvés, comme nécessaire à leur damnation ?
Le Dr F. lui-même soutient que Dieu a inconditionnellement élu certaines nations et communautés, à la différence d’autres, pour les moyens de salut. Si le Dr F. veut bien montrer comment Dieu a pu faire cela, sans être partial et accepteur de personnes, il pourra sans doute concilier l’impartialité de Dieu avec la doctrine de l’élection inconditionnelle et personnelle à la vie éternelle.
La vérité est que la partialité ne consiste pas seulement à faire une différence ; mais en faisant une différence sans aucune raison valable. Dieu a la plus haute et la meilleure des raisons pour faire des élus différer des réprouvés, tant dans le temps que dans l’éternité. Ces raisons sont sa propre gloire ; et le plus grand bien de l’univers. Il ne fait pas cette différence entre les élus et les réprouvés, parce qu’il a une considération partielle pour les élus, et aucune considération pour les réprouvés ; mais parce que sa propre gloire et le plus grand bien de l’univers l’exigent. Ce n’est donc pas la partialité qui le porte à faire cette différence entre ses créatures, mais un respect pur et impartial de sa propre gloire et des intérêts les plus élevés et les meilleurs de l’univers.
Objection : « 4. Cette doctrine est répréhensible, parce que, contrairement aux passages explicites et répétés de l’Écriture, elle limite nécessairement l’expiation. Pour ne rien dire maintenant de l’inutilité absolue de faire une expiation pour les réprouvés, à moins que ce ne soit dans le but d’aggraver leur inévitable damnation, nous demanderions quel est le but de l’expiation ? Laissons ces mêmes calvinistes répondre. Ils nous disent que son but était d’ouvrir la voie par laquelle il pourrait être possible aux pécheurs d’être sauvés. Mais l’expiation a-t-elle permis aux réprouvés d’être sauvés ? S’il en est ainsi, alors peut-être seront-ils sauvés, et donc l’idée de l’élection inconditionnelle et de la réprobation est fausse. Mais si l’expiation n’a permis qu’aux élus d’être sauvés, alors elle a été fait seulement pour les élus. Que les partisans de ce système choisissent, quelle corne de ce dilemme ils voudront ; l’un ou l’autre détruira leur doctrine. Car, de même qu’il est absurde de parler de la grâce rédemptrice et des dispositions de l’Évangile, suffisantes pour sauver ceux qui sont éternellement et efficacement exclus de ces bénédictions, de même il est vain de parler d’une rédemption pour tous, qui comprend des dispositions suffisantes seulement pour sauver les élus. Même la fiction d’une capacité naturelle chez tous les hommes à servir Dieu et à aller au Ciel n’aidera pas à surmonter cette difficulté. En effet, si l'on admet, dans l'argumentation, que les réprouvés ont la capacité de servir Dieu et de gagner le ciel, sans la grâce et en dépit du décret de Dieu, il est clair que cette capacité, qualifiée de naturelle, n'est pas le fruit de l'expiation. Il est tout aussi peu pertinent de soutenir que l'expiation peut être dite universelle, parce qu'elle contient suffisamment d'éléments pour sauver le monde entier, s'il voulait ou pouvait l'accepter, et que seule leur dépravation excessive les empêche de recevoir l'expiation. Car c’est la même chose que de dire qu’un médecin a un remède efficace pour guérir son malade, seulement il est si malade qu’il ne peut pas le prendre. Cette faiblesse excessive est celle pour laquelle le médecin doit prescrire, et à laquelle le médicament doit être appliqué. Et si on n’en arrive pas là, ce n’est pas un remède pour ce cas. Ainsi, l’expiation, si elle n’est pas un remède à l’extrême dépravation de l’homme, n’est pas une provision pour lui. S’il ne donne pas un pouvoir de grâce à tous les pécheurs pour embrasser le salut, il n’a rien accompli pour les réprouvés dépravés. Puisque donc, selon le calvinisme, l’expiation ne fournit aux réprouvés ni la capacité naturelle ni morale de servir Dieu, et qu’elle ne lui permet pas d’être sauvé, il s’ensuit que l’expiation n’est faite que pour les élus. Mais comme cela est contraire à la parole de Dieu, la doctrine qui conduit à cette conclusion doit être fausse.
Réponse. L’expiation ne paie pas littéralement une dette, ni ôtez littéralement la culpabilité et la méchante dévastation des pécheurs. S’il payait littéralement leur dette, ou enlevait la méchante dévastation, il détruirait leur besoin de miséricorde pardonnée, et ferait de la grâce de pardon de l’Évangile une simple farce. L’expiation n’avait pas pour but de détruire notre besoin de pardon, mais d’en poser les fondements. Elle n’avait pas pour but de rendre impossible l’exercice de la grâce pardonnante de Dieu ; mais seulement pour la rendre possible, et conforme à sa justice envers lui-même et envers son royaume. L’expiation du Christ n’oblige pas Dieu en justice à avoir pitié d’une seule âme. Elle consistait à montrer le respect de Dieu pour sa loi, et sa haine du péché, aussi pleinement qu’ils auraient pu être manifestés dans le châtiment mérité des pécheurs eux-mêmes ; afin que la justice et la miséricorde se rencontrent, dans le salut des croyants. L’expiation pouvait donc être ne suffit pas aux élus, sans être suffisant à toute l’humanité. Elle ne pourrait pas poser le fondement de la miséricorde à une seule âme, sans poser un fondement qui permettrait à Dieu, en même temps que sa justice, d’avoir pitié de qui il veut. L’expiation universelle n’est donc pas seulement compatible avec une élection particulière, mais elle lui est absolument nécessaire. Car si l’expiation avait été n’était pas suffisant pour tous, cela n’aurait pas pu suffire à un seul ; et, dans ce cas, pas une seule âme n’aurait pu être élue à la vie éternelle,
" Mais, dit le docteur F., l’expiation a-t-elle permis aux réprouvés d’être sauvés ? S’il en est ainsi, alors peut-être seront-ils sauvés, et l’idée « d’élection et de réprobation inconditionnelles est fausse ».
Cet argument est fondé sur l’hypothèse qu’une possibilité naturelle de salut est incompatible avec une certitude antérieure de damnation. S'il prouve quelque chose, c'est donc qu'il en prouve trop. S’il réfute l’élection inconditionnelle, il réfute la prescience divine. On pourrait donc se demander : « L’expiation a-t-elle permis à ceux qui étaient sauvés d’avance ? peut-être seront-ils sauvés, et c’est pourquoi l’idée de la prescience divine est fausse. L’argument est tout aussi concluant dans un cas que dans l’autre. La vérité est qu’elle n’est pas concluante dans les deux cas. Une possibilité naturelle, qu’un événement ait lieu, est parfaitement compatible avec le fait qu’il soit connu d’avance, décrété et infailliblement certain qu’il ne devrait pas avoir lieu. C’était connu d’avance, décrété et infailliblement certain, que le Christ mourrait ; Et pourtant, il lui était naturellement possible de se délivrer de la mort. On le savait d’avance, décréta et infailliblement certain que Paul et sa compagnie survivraient au naufrage et arriveraient sains et saufs à terre. Et pourtant, il était naturellement possible qu’ils s’enfoncent dans l’abîme et mettent fin à leurs jours. De même, l’expiation rend naturellement possible pour les réprouvés d’être sauvés, bien qu’il soit infailliblement certain qu’ils rejetteront l’expiation prévue et seront perdus.
Le docteur appelle la capacité naturelle des pécheurs à faire leur devoir, une « fiction », et dit qu’elle ne sert à rien, dans la mesure où elle n’est pas le fruit de l’expiation. Mais, parce que la capacité naturelle des pécheurs à se conformer aux conditions du salut n’est pas le fruit de l’expiation, s’ensuit-il par là qu’aucune expiation n’est faite pour qu’ils rendent leur salut possible s’ils se conforment à ces conditions ?
Mais le Dr F. dit : « L’expiation, si elle n’est pas un remède à l’extrême dépravation de l’homme, n’est pas une provision pour lui. »
C’est ce qu’affirme l’universaliste. Et si vous admettez ses prémisses, sa conclusion est irrésistible, que toutes les espèces seront sauvées. Car si l’expiation est faite pour tous les hommes, et n’est pas seulement un fondement pour le pardon, mais un remède à leur dépravation, ils seront certainement sauvés.
Mais dans la phrase suivante, le Dr F. a sans doute l’intention d’expliquer ce qu’il entend par « un remède à leur extrême dépravation » : « Si elle ne donne pas un pouvoir gracieux à tous les pécheurs d’embrasser le salut, il n’a rien accompli pour les réprouvés dépravés." Par ce « pouvoir gracieux », le docteur entend un principe autodéterminé dans la volonté, que tous les agents moraux doivent posséder, selon sa théorie, qu’ils soient saints ou pécheurs, anges ou démons. S’il est possédé par un ordre d’êtres pour lesquels aucune expiation n’a été faite, pourquoi l’appelle-t-on « puissance gracieuse » et « fruit de l’expiation » ? J’ai déjà montré que ce principe d’autodétermination est une "fiction ;" mais s’il était une réalité, il ne serait pas un remède à l’extrême dépravation des pécheurs. Si les pécheurs possédaient un principe d’autodétermination, cela ne leur servirait à rien ; Tant qu’ils conservaient leurs cœurs dépravés, ils en feraient toujours un mauvais usage.
La vérité est qu’il y a deux obstacles sur le chemin du salut du pécheur, qui exigent deux remèdes distincts. L’une consiste dans son désert infernal, et l’autre dans la dépravation régnante de son cœur. La première ne peut être résolue que par l’expiation du Christ, et la seconde, seulement par l’influence renouvelante et sanctifiante du Saint-Esprit. L’expiation pose un fondement pour le pardon, et le Saint-Esprit renouvelle et sanctifie le cœur. L’expiation s’étend à toute l’humanité ; mais l’influence rénovatrice et sanctifiante du Saint-Esprit, seulement pour les élus.
Objection : « 5. Si le temps me le permettait, je pourrais remarquer ici, à quelques longues, plusieurs objections à cette doctrine — De sorte qu’il enlève tout motif de repentance, en donnant au pécheur un juste motif de dire — « Si je dois être sauvé, je le serai, je ferai ce que je peux ; et si je dois être damné, je dois l'être, je ferai ce que je peux. » — Elle conduit à l’idée de damnation infantile — Elle affaiblit le zèle et paralyse les efforts de dévouement et de bienveillance — Il détruit la fin du châtiment, dont le but originel était d’empêcher le péché — mais qui, d’après cette doctrine, n’a été conçue que pour la gloire de Dieu ; et le péché a été ordonné, dans le but de donner à Dieu l’occasion de se glorifier lui-même, en le punissant. Ceux-ci et d’autres pourraient être étudiés avec effet — Mais, les ayant tous passés, je me hâte de conclure mes arguments, en n’insistant plus qu’une seule objection contre le système auquel je m’oppose.
Réponse. Si le temps le permettait, je pourrais facilement montrer que la doctrine de l’élection ne donne pas au pécheur plus de raison que la prescience divine de dire : « Si je dois être sauvé, je le serai, je ferai ce que je pourrai ; et si je dois être damné, je le serai, je ferai ce que je pourrai ; et il n'a pas plus de raison de dire cela, que de dire: « Si je dois vivre, je vivrai, quand même je mourrais de faim ; et si je dois me suicider, je le ferai certainement, bien que je ne commette jamais l’acte fatal." Si le temps me le permettait, je pourrais facilement montrer que la doctrine de l’élection ne conduit pas plus à la damnation infantile que la prescience divine — Que la doctrine de l’élection éveille « le zèle » et encourage « les efforts de dévouement et de bienveillance » — Qu’elle confirme « la fin du châtiment, dont le dessein originel était [non-seulement] d’empêcher le péché », mais de promouvoir la gloire de Dieu ; et que le péché n’a pas été ordonné seulement dans le but de donner à Dieu l’occasion de glorifier sa justice dans son châtiment, mais aussi de glorifier sa grâce dans le plan de la rédemption par Christ. « Ces remarques et d’autres pourraient être faites avec effet. » Mais en les passant toutes, je m’empresse de considérer celle du Dr F. dernière objection au système calviniste.
Objection : « 6. Nous nous méfions de cette doctrine, parce que ses défenseurs eux-mêmes semblent s’efforcer de dissimuler et de cacher beaucoup de ses traits, et changent constamment leur manière d’énoncer et la défense de leur système. Un peu d’attention à l’histoire de la controverse entre les prédestinariens et leurs adversaires montrera la vérité et la force de cette objection. L’accusation selon laquelle le calvinisme dissimule et garde à l’abri des regards, certaines de ses caractéristiques les plus offensantes, ne ment pas tellement contre ses partisans de l’ancienne école, comme ceux de la moderne. À l’exception de quelques conséquences logiques, que nous pensons imputables au système, et qu’ils n’étaient pas disposés à admettre, ces premiers défenseurs de l’élection inconditionnelle se sont prononcés avec hardiesse et sans crainte, avec leur doctrine.
Réponse. Cette objection a beaucoup de poids. Mais elle ne réfute pas la doctrine de l’élection inconditionnelle. Cela prouve seulement que les calvinistes modernes sont malhonnêtes.
Les doctrines calvinistes ont, ces derniers temps, été grossièrement déformées, déformées et dissimulées par un groupe d’hommes, qui se disent calvinistes, mais qui sont, en réalité, plus proches des arminiens que de toute autre chose. Les remarques suivantes du Dr F. sont, à quelques légères exceptions près, justes.
« En parfait accord avec ce qui précède, c’est l’explication commune qui est donnée à la doctrine de l’élection et de la réprobation. La réprobation est tenue à l’abri des regards ; et pourtant, elle est aussi sincèrement crue par les calvinistes modernes que l’était par Jean Calvin lui-même. Elle s’enseigne aussi ; mais elle est enseignée secrètement. Et pourtant, quand nous citons le calvinisme à l’ancienne mode dans sa simplicité primitive, on nous dit que ce sont de vieux auteurs – nous ne croyons pas avec eux — « Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous n’aurions pas participé avec eux à leurs erreurs, et cependant ils sont témoins d’eux-mêmes, qu’ils sont les enfants de ceux qui ont enseigné ces erreurs. Ils recommandent leurs écrits, ils garnissent leurs sépulcres, ils enseignent leurs catéchismes à la génération montante — ils disent même dans leurs articles de foi d’église — « Nous croyons aux doctrines de la grâce, telles qu’elles sont soutenues et enseignées par les pères et les réformateurs, dans l’Église. » — et particulièrement ils s’attachent à cette racine et à ce fondement de tout le système : « Dieu a de toute éternité ordonné d’avance tout ce qui arrive, »
u Puisque j’ai fait allusion aux articles de l’Église, ce sera à l’appui de cette objection que de dire que les credo écrits des Églises participent de ce même caractère ambigu. Elles sont exprimées soit dans des textes de l’Écriture, soit en termes douteux et obscurs, de sorte qu’on peut leur donner des interprétations différentes, selon la foi de l’abonné. Et l’on a connu des cas où des articles de foi ont été modifiés, encore et encore, pour accommoder des candidats scrupuleux. Et pourtant, leurs candidats aux ordres sacrés et aux postes de professeurs, dans leurs institutions théologiques, sont tenus de souscrire à un credo calviniste rigide. De cette façon, on s’attend sans doute à ce que la doctrine soit maintenue et perpétuée, bien que, sous d’autres rapports, l’opinion publique doive être prise en compte. Comment l’honnête Jean Calvin, s’il pouvait être présenté parmi nous, avec les mêmes sentiments qu’il avait, lorsqu’il était sur la terre, froncerait-il les sourcils des églises qui portent son nom. Non seulement il les qualifierait de « stupides et puérils », mais il les accuserait sans doute, à sa manière hardie et brutale, d’hypocrisie et de lâcheté, sinon de duplicité pure et simple, pour avoir ainsi évité, adouci et dissimulé les traits les plus répugnants de leur système. Comment les blâmerait-il pour avoir changé de terrain et changé leur système, alors qu’ils prétendent néanmoins construire sur le même fondement de la prédestination ?
J’espère sincèrement que cette réprimande sera ressentie par tous ceux qu’elle pourra concerner.