NUMÉRO XII.

La doctrine selon laquelle Dieu a ordonné d’avance tout ce qui arrive, inclut les doctrines selon lesquelles Dieu a déterminé le caractère et le salut des élus. Dans les numéros précédents, j’ai montré que les objections que le Dr Fisk allègue contre la doctrine de la prédestination sont sans fondement ; que la doctrine est appuyée par les arguments mêmes qu’il entreprend de réfuter ; et qu’elle est pleinement démontrée par d’autres arguments, que le Dr passe sous silence. La doctrine selon laquelle Dieu a ordonné d’avance tout ce qui arrive, par conséquent, repose sur un fondement solide et inébranlable ; Et tant que cette doctrine subsistera, la doctrine de l’élection inconditionnelle subsistera également. Il me semble donc que je pourrais écarter le reste du sermon du Dr., dans lequel il essaie de montrer que l’élection est conditionnelle ; ou que Dieu a simplement décrété le salut des croyants, sans décréter qu’ils devaient devenir croyants. Mais, bien que cela soit permis dans le cadre d’un litige, il serait difficilement justifiable dans le cadre d’un examen. Je n’ai pas à me plaindre de n’avoir pas traité le docteur F. avec toute l’attention qu’il mérite. « Passons donc à la proposition suivante. »

« 11. Nous en venons à examiner la prédestination dans sa relation particulière avec l’élection. »

Dr. F. observe à juste titre que,

"Plusieurs sortes d’élections sont mentionnées dans les Écritures. Il y a une élection d’individus, pour accomplir certains devoirs désignés par Dieu. — Il y a élection de communautés et de nations entières à la jouissance de certains privilèges particuliers. Il y a une troisième élection, une élection pour la vie éternelle, et c’est celle-ci qui a donné lieu à la grande controverse dans l’Église."

Le Dr Fisk poursuit en énonçant la doctrine de l’élection telle qu’elle est soutenue par les calvinistes :

« Ceux qui prétendent à la prédestination, comme nous l’avons objecté, soutiennent que — « Par le décret de Dieu, pour la manifestation de sa gloire, certains hommes et anges sont prédestinés à la vie éternelle, et d’autres prédestinés à la mort éternelle. Ceux de l’humanité qui sont prédestinés à la vie, Dieu, avant la fondation du monde, les a choisis en Christ pour la gloire éternelle, sans aucune prévision de la foi ni des bonnes œuvres."

La dernière clause de cette déclaration, « sans aucune prévoyance de la foi ou des bonnes œuvres, » est elliptique. Le terme antécédent ou antérieur doit être compris. Le sens est que les élus ont été choisis en Christ, sans aucune prévoyance préalable ou antérieure de la foi ou des bonnes œuvres, c’est-à-dire que Dieu n’a pas prévu que leur foi et leurs bonnes œuvres existeraient, avant qu’Il ait décrété qu’ils devrait exister. Dieu a prévu d’avance la foi et les bonnes œuvres des élus, mais non pas antérieurementni dans l’ordre des temps, ni dans l’ordre de la nature, à son dessein éternel qu’il a proposé en Jésus-Christ notre Seigneur, concernant leur foi salvatrice et leurs bonnes œuvres. Je fais cette remarque, afin de préserver la déclaration ci-dessus contre l’incompréhension des arminiens.

Le Dr F. donne ensuite une déclaration d’élection conditionnelle telle qu’elle est soutenue par les arminiens. :

D’autres, et c’est aussi notre doctrine, soutiennent que « Dieu a décrété dès le commencement, pour élire ou choisir en Christ, tous ceux qui croiraient au salut, et ce décret procède de sa propre bonté, et n’est bâti sur aucune bonté de la créature : et que Dieu a décrété dès le commencement de réprouver tous ceux qui persévéreraient finalement et obstinément dans l’incrédulité. » C’est ainsi que l’on voit, d’après l’exposé des deux doctrines, que notre élection est une élection de caractère, et dans la mesure où elle se rapporte aux individus, elle ne se rapporte à eux que dans la mesure où l’on prévoit qu’ils possèdent ce caractère ; tandis que l’autre se rapporte à des individus, sans aucune référence au caractère.

Sur ce dernier extrait, je ferai les remarques suivantes :

1. L’élection conditionnelle que le Dr F. et d’autres arminiens soutiennent, implique que Dieu n’a pas décrété la conversion et la sanctification des élus. Le docteur dit : « Notre élection est une élection de caractère, et dans la mesure où elle se rapporte aux individus, elle ne se rapporte à eux que dans la mesure où il est prévu qu’ils possèdent ce caractère. » Le caractère dont il est question ici est le caractère des croyants persévérants. « Dieu a décrété dès le commencement d’élire ou de choisir en Christ tous ceux qui croiraient au salut. » Le sens du docteur est évidemment que Dieu n’a pas décrété qu’ils devaient croire en Christ, mais qu’il a décrété de les sauver parce qu’il avait prévu qu’ils croiraient en lui et persévéreraient dans leur foi et leur obéissance jusqu’à la mort. Qu’il soit donc bien entendu que l’élection conditionnelle que réclament les arminiens implique que Dieu n’a pas décrété la régénération et la sanctification des élus ; mais ils ont laissé leur régénération et leur sanctification entièrement à eux-mêmes. Dire que Dieu a décrété la régénération et la sanctification des élus, ainsi que leur salut, c’est affirmer de la manière la plus explicite et la plus complète la doctrine calviniste de l’élection inconditionnelle.

2. La théorie arminienne, telle qu’elle a été énoncée ci-dessus, implique que Dieu n’a pas décrété l’impénitence et l’incrédulité de ceux qui sont perdus. Donc,

3. La notion arminienne d’une élection conditionnelle implique que les élus ont quelque chose qu’ils n’ont pas reçu ; et qu’ils se sont rendus différents des réprouvés. À ce propos, je voudrais poser quelques questions simples au Dr F.

1. La régénération est-elle nécessaire au salut ? 2. Est-ce l’effet de l’influence divine ? 3. Dieu régénère-t-il intentionnellement les élus 4. Le Quand Dieu a-t-il formé ses intentions ; dans le temps, ou dans l’éternité ?

Mais avant d’aller plus loin dans la discussion de ce sujet, il est nécessaire de corriger quelques erreurs dans lesquelles le Dr est tombé dans son explication de la doctrine calviniste de l’élection inconditionnelle. Il dit qu’il « se rapporte directement aux individus, sans aucune référence au caractère ». Il n’en est rien. L’élection pour laquelle les calvinistes se disputent se rapporte directement aux individus, en ce qui concerne leur caractère, ainsi que leur condition finale. Il fixe et sécurise leurs la sainteté, ainsi que leur salut. Le Dr F. dit :

« C’est un acte absolu de souveraineté. »

C’est exact. Mais qu’on se souvienne que la souveraineté de Dieu n’est rien d’autre que la sienne, sagement dirigée et sans retenue bonté. Encore,

« Dieu ne les élit pour aucune autre raison ou condition que parce qu’il les choisit. »

Il aurait été plus juste de dire : « Dieu les élit à la sainteté et au bonheur pour la seule raison que parce que ce sera pour sa propre gloire et pour le plus grand bien ? »

Encore une fois, le Dr F. dit :

"Il ne tient aucun compte de l’agencement et de la responsabilité de l’homme, en cela décret d’élection, mais il précède et est entièrement indépendant de toute connaissance du caractère des élus."

Ce n’est pas tout à fait exact. Le décret divin ASSURE l’agencement et la responsabilité de l’homme. La dernière partie de la dernière phrase citée véhicule également une idée fausse. L’élection doit être d’un double point de vue. Dieu a décrété le caractère des élus, et Il a décrété leur salut. Dans l’ordre de la nature, il a d’abord décrété leur caractère, et savait ainsi d’avance ce que serait leur caractère, puis il a décrété leur salut. Le décret qu’il avait pris sur leur caractère précédait en effet la connaissance qu’il avait eue de leur caractère ; mais son décret pour les sauver présuppose qu'Il a décrété et savait d’avance quel serait leur caractère. Le Dr F. répète :

« L’élection calviniste, pour être cohérente avec elle-même, exige que, de même que la fin est arbitrairement fixée, les moyens le soient aussi. »

Mais ni la fin n’est fixée « ARBITRAIREMENT », ni les moyens. Arbitrairement signifie sans raison. Mais le salut des élus et les moyens de leur salut ont été fixés pour les raisons les plus élevées et les meilleures, et de la manière la plus sage et la meilleure.

Je suis maintenant prêt à examiner les arguments du Dr F. en sa faveur d’élection conditionnelle.

Notre premier argument, en faveur de l’élection conditionnelle à la vie éternelle, est tiré de la position déjà établie, que les décrets de Dieu sont fondés sur sa prescience. Et surtout, que le décret d’élection au salut, selon les Écritures, est fondé sur la prescience divine. « élus selon la prescience de Dieu le Père, par l'Esprit sanctifiant, pour obéir à Jésus-Christ, et pour obtenir l'aspersion de son sang." "ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils." Ces Écritures nous paraissent décisives, que le décret d’élection repose sur la prescience, et que cette élection est faite, non pas selon l’acte arbitraire de Dieu, mais sur la base de la sanctification et de l’obéissance. Par conséquent, la doctrine selon laquelle les hommes sont prédestinés à la vie éternelle, « sans aucune prévoyance de la foi ou des bonnes œuvres », doit être fausse.

Cet argument est construit sur un faux principe, qui a déjà été réfutée, à savoir que les décrets divins sont fondés sur la prescience divine. Mais ce principe, quoique faux et absurde, est mal appliqué dans l’argument qui nous occupe. Le principe affirme que Dieu décrète qu’une chose doit arriver parce qu’il sait d’avance qu’elle arrivera. Le Dr F. a été obligé de prendre ce terrain, afin de se débarrasser de l’argument dérivé de la prescience divine, en faveur des décrets divins. Aucune autre interprétation du principe ne répondrait alors à son but. Mais maintenant, le but du docteur exige une interprétation très différente du principe qu’il prétend avoir établi. Il ne représente pas maintenant les décrets de Dieu comme fondés sur sa prescience dans un tel sens. comme pour détruire l’argument tiré de la prescience, en faveur de la prédestination. Dans l’argument que nous examinons maintenant, il ne veut pas dire que Dieu décrète qu’une chose arrivera, parce qu’il sait d’avance qu’elle arrivera. Le Dr F. ne veut pas dire que Dieu décrète que les élus seront sauvés, parce qu’il sait d’avance qu’ils seront sauvés. Car cela ne ferait pas dépendre le décret du salut de la condition de la conversion et de la sanctification. Elle ne ferait que décréter qu’une chose aura lieu, en fonction de la condition dans laquelle elle aura lieu ; ce qui serait un non-sens parfait. Par conséquent, le principe sur lequel M. F. prétend fonder cet argument, doit signifier en cet endroit qu’il en est autrement. Cela signifie que Dieu a décrété une chose, parce qu’il en connaissait d’avance d’autres. Le docteur veut dire que Dieu a décrété de sauver les élus, parce qu’il savait d’avance qu’ils seraient convertis et sanctifiés.

Mais même l’application que le Dr. F. fait de ce principe ne répondra pas à son but. On peut admettre que Dieu a décrété le salut des élus, simplement considéré, parce qu’il connaissait d’avance leur conversion et leur sanctification. Mais le Dr F. ne gagnerait rien à cet aveu. Parce que la question reviendrait toujours : Comment Dieu a-t-il connu d’avance leur conversion et leur sanctification ? La réponse est, parce qu’IL les a décrétés. Cette prescience même de la conversion et de la sanctification est fondée sur le décret divin. Le salut est suspendu à la condition de la conversion et de la sanctification ; et Dieu a décrété à la fois la fin et les moyens. La fin dépend des moyens ; et le fait que Dieu décrète la fin, dépend de ce qu’il décrète les moyens. Si le décret qui fixe la fin dépend de la prescience des moyens, cette prescience même dépend du décret divin comme de son fondement. De sorte qu’il ne s’agit, en fait, que de suspendre un décret un autre décret. Si c’était là ce que Dr. F. entendait par élection conditionnelle , je n’aurais aucune objection à cela. Mais le Dr F. ne voulait pas dire cela, et son cœur ne le pensait pas non plus.

Les textes que Dr. F. a cités, cependant, n’admettent guère l’interprétation qu’il leur en a donnée. « élus selon la prescience de Dieu le Père, par l'Esprit sanctifiant, pour obéir à Jésus-Christ, et pour obtenir l'aspersion de son sang. » Le Dr F. comprend ce passage comme un enseignement, que les saints sont élus à cause de la « foi et des bonnes œuvres » prévues. Mais le langage du passage rend cette construction absurde. Le passage enseigne qu’ils sont élus « pour obéir ». Or, comment peuvent-ils être élus à l’obéissance, à condition de cette obéissance même ? « ceux qu'il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l'image de son Fils." Comment pourraient-ils être prédestinés à être conformes à l’image du Christ, à condition de cette conformité même ? Dans ces passages, l’apôtre ne parle pas d’une élection au salut simplement considérée, mais d’une élection à la sainteté, comme condition du salut. Le premier argument du Dr F., en faveur de ce qu’il appelle une élection conditionnelle, est donc ou bien, une élection qui n’inclut pas la conversion et la sanctification, est sophistique et malsaine dans tous les points de vue qu’on peut en avoir. Je vais maintenant passer au deuxième argument du Dr F. :

« 2. Le caractère répréhensible de l’obéissance, ou le démérite de la désobéissance, ne peut exister qu’en relation avec les volitions inutiles d’un agent moral libre. Les Écritures enseignent abondamment que pour être sauvé, l’homme doit croire et obéir ; C’est pourquoi ils commandent et exhortent les hommes à croire et à obéir, et leur promettent la récompense de la vie éternelle s’ils font cela, et les blâment s’ils le négligent. Mais, d’après la doctrine du libre arbitre déjà expliquée, l’obéissance ou la désobéissance de l’homme, si elle a un rapport juste avec les récompenses et les châtiments, doit reposer, dans son caractère responsable, sur le principe autodéterminé de la volonté. Et si cette vision de la volonté est correcte, il y a une impossibilité totale d’une élection inconditionnelle. Par l’acte même de Dieu, en donnant cette principe d’autodétermination pour l’homme, rend impossible, dans la nature des choses, que le Tout-Puissant lui-même élise un agent moral, inconditionnellement. L’argument se présente ainsi. — Les Écritures font de l’homme un agent moral responsable ; mais il ne peut pas l’être, si sa volonté est contrôlée par des influences étrangères et inévitables — elle n’est donc pas ainsi contrôlée : c’est-à-dire que l’homme a en lui-même un principe autodéterminé, dans l’exercice duquel il devient responsable. Cela étant établi, nous argumentons à nouveau — La doctrine de l’élection inconditionnelle implique nécessairement une grâce irrésistible, qui pousse et contrôle absolument la volonté. Mais ce serait contrecarrer l’œuvre de Dieu elle-même et détruire la responsabilité de l’homme ; Par conséquent, il n’y a pas de grâce irrésistible, et bien sûr, pas d’élection inconditionnelle. Et puisqu’il y a une élection à la vie éternelle, dont il est question dans les Écritures, il s’ensuit d’une manière concluante, si le raisonnement précédent est solide, que cette élection est conditionnelle. C’est pourquoi nous pouvons mettre en avant, dans un seul argument accablant, toutes les nombreuses et diverses conditions bibliques du salut, comme autant de preuves scripturaires d’une élection conditionnelle.

Cet argument est fondé sur une fausse hypothèse, dont j’ai déjà montré qu’elle n’était pas conforme aux Écritures, absurde et ridicule. C’est qu’un principe d’autodétermination est nécessaire à l’action morale.

« La récompense de l’obéissance, ou le démérite de la désobéissance, ne peut exister qu’en relation avec les volitions inutiles d’un agent moral libre. »

« Volitions inutiles. » Si nos volitions sont « inutiles », alors elles surgissent par hasard, à toutes fins utiles. Pour ne pas être inutiles, elles ne doivent pas naître de la nécessité de notre nature. Elles ne doivent provenir d’aucune cause, qu’elle soit externe ou interne, volontaire ou involontaire. Selon le principe Supposons dans cet argument, que nos volitions ne peuvent pas être d’une nature morale, à moins qu’elles ne surgissent tout à fait par hasard. Et cette théorie est incompatible avec toutes les promesses, prédictions et doctrines de la Bible.