LATIN-ERANCAIS ό

CONTENANT,

OUTRE UN GRAND NOMBRE D’EXEMPLES EXTRAITS DES OUVRAGES ÉLÉMENTAIRES,

DES NOTICES

biographiques, historiques, géographiques et mythologiques;

DES DÉTAILS

concernant les mœurs, les lois, les usages, les cérémonies religieuses, les fêles, les jeux et les spectacles;—les monnaies, les poids et les mesures; !,organisation civile, judiciaire et militaire ;

les armes défensives et offensives, etc., etc., des peuples de l’antiquité ;

A L’USAGE DES ÉLÈVES SES CLASSES ÉLÉMENTAIRES ET DES CLASSES BE GlfflMM,

PAR M.-A.PEIGNÉ,

auteur du DOCTR1NA MORALIS et de plusieurs autres ouvrages

D’instruction.

PARIS


ISIDORE PESRON, LIBRAIRE-ÉDITEUR,

Rue des Mathurins, 18, près du Musée Cluny.

Août 1848.

 

PRÉFACE.

C’est pour les commençants, c’est pour leur rendre plus facile, plus at-trayante et plus productive une étude trop souvent pénible, monotone et stérile, que j’ai exécuté et que je publie cet ouvrage.

Je puis le dire en toute vérité, mon dictionnaire se distingue essentielle-ment de tous ceux qui ont paru jusqu’ici. Ces derniers, en effet, même les plus récents, ne présentent aux élèves, abstraction faite des exemples, qu’une aride nomenclature : évidemment, il n’y a là d’aliment que pour la mémoire. Pour moi, j’ai pensé, avec Bossuet et Rollin, qu’il faut autre chose encore : j’ai pensé qu’il faut joindre à V étude des mots la connaissance des choses. C’est pour cela que, sans reculer devant les difficultés de l’exécution, j’ai ajouté des détails, toujours intéressants, toujours instructifs, à tous les mots qui m’ont paru exiger des développements.—Ainsi, chaque nom propre de personnage ou de lieu est accompagné d’une notice qui donne, sur ce per-sonnage ou sur ce lieu, tous les renseignements, toutes les indications né-cessaires. J’ai procédé de même pour les mots relatifs aux usages civils et militaires, aux mœurs, aux cérémonies, etc., etc. : il n’est pas jusqu’aux mots français qui ne soient très souvent l’objet d’un éclaircissement. Le mot terrier, par exemple, en latin lucanar, est suivi de cette explication : Trou où se retirent certains animaux, tels que les renards, etc.

C’est ainsi que je n’ai laissé échapper aucune occasion de donner aux élèves des notions sur les lois et sur les faits innombrables du monde phy-sique, comme aussi sur tout ce qui se rattache plus ou moins directement à la géographie et à l’histoire. Et telle a été ma sollicitude afin de ne rien lais-ser d’incertain ou d’obscur dans l’esprit des élèves, que j’ai consacré un article aux personnages et aux lieux qui se trouvaient mentionnés dans une notice, bien qu’il n’en fût point parlé dans nos auteurs : de plus, j’ai près־ que toujours accolé le nom moderne au nom ancien. A côté de l’énonciation d’un poids, d’une mesure, d’une monnaie, je fais connaître, en quantités décimales, la valeur correspondante de cette monnaie, de cette mesure et de ce poids. —Quant aux dates, j’ai constamment pris la naissance de J.-C. 1pourpoint de départ : de cette façon, si un fait s’est passé 406 ans avant cette ère, l’élève n’a qu’à ajouter 406 à 1848, tout de suite, il saura que ce fait a eu lieu il y a 2,264 ans. Enfin, quant aux développements d’une cer-ן faine étendue et relatifs aux funérailles , aux mariages, aux purifications. à l’esclavage, aux tribunaux , etc., etc., j’ai divisé ces détails selon les di-vers pays. Ainsi, je dis d’abord ce qui se pratiquait en érrèce, puis en Italie, etc.; ou bien à Athènes, à Lacédémone, à Rome, etc. Par ce moyen, j’ai rendu toute confusion impossible.

Il est inutile, je pense, d’insister ici sur les avantages, sur l’importance des notices biographiques, historiques, mythologiques, etc. Dorénavant, la a curiosité et l’intérêt de l’élève seront immédiatement satisfaits. Il pourra se rendre compte sur-le-champ de tous les noms d’hommes et de lieux qu’il rencontrera dans les auteurs. Tout en cherchant la signification de tel ou : tel mot, il s’initiera à la connaissance et à l’appréciation des faits. De la sorte j aussi, il verra disparaître une foule de difficultés d’interprétation ; sa mémoire ' s’enrichira constamment; enfin, il pourra faire simultanément l’analyse des j mots, au point de vue grammatical et au point de vue de la biographie, de l’histoire, de la géographie, des coutumes civiles, religieuses, militaires, des mœurs, etc., etc.

Or, rien de tout cela ne se trouve dans les dictionnaires latins-français qui ont été publiés jusqu’à ce jour.

Voici encore d’autres différences qui assurent à mon travail une physio-nomie particulière.

J’ai emprunté mes exemples seulement à six ouvrages élémentaires : à VEpitome historiœ sacrœ, au Doctrina moralis, à VEpitome historiœ grœcœ, à V Appendix, au De Viris et aux Fables de Phèdre. Toutefois, je dois faire remarquer qu’un grand nombre de ces exemples se retrouvent dans le Selectœ e veteri Testamento historiœ, dans Cornélius Nepos, Justin et Quinte-Curce, enfin, dans Tite-Live.

Si le même exemple se trouve parfois répété, c’est parcequ’il renferme 1 une difficulté réelle, et que l’élève ne s’attache pas toujours au mot principal d’une phrase, pour en chercher l’explication dans le dictionnaire.

Pour certaines expressions que l’on rencontre fréquemment dans les auteurs, telles que uxorem ducere, j’en donne, une fois pour toutes, la si-gnification, avec l’indication passïm entre parenthèses.

Dans le but de faciliter les recherches, j’ai rangé par ordre alphabétique les auteurs auxquels j’ai emprunté des exemples pour le même mot. Lorsque plusieurs exemples qui se suivent sont extraits du même auteur, je les ai toujours présentés dans l’ordre des chapitres.—Cette indication a surtout pour' objet de prémunir les élèves contre toute erreur, contre toute fausse inter-prétation; car il arrive fréquemment qu’un mot, qu’un membre de phrase même, se rencontre plusieurs fois dans un auteur avec des significations complètement différentes. Pour le Doctrina, j’indique la partie et le chapitre (4, 18); — pour Phèdre, le livre et la fable' (2, 17); — pour les quatre! autres ouvrages, le chapitre.

Jamais, pour faire connaître la signification d’un mot, je ne renvoie à un autre mot synonyme. N’est-il pas plus simple, en effet, et plus prompt d’in-

J J'ui adopte, pour Phèdre, !’excellente édition publiée par ?1. Quicherat. cliquer au mot suscitamen, par exemple, sa signification, que de renvoyer au mot incitamentum? Pour l’élève, c’est de l’ennui et du temps perdu.

Il m’eùt été facile de joindre à chaque mot un exemple et même plusieurs. A quoi bon? Les exemples auxquels j’ai donné la préférence présentent, en général, une difficulté pour la traduction : telle est cette phrase extraite du De Viris, chap. 62 :Artes quibus œtas puerilis ad humanitatem solet infor-mari. Ici, comme pour les cas identiques, je donne d’abord le mot-à-mot, puis la traduction française. Toutefois, pour ne pas trop faciliter le travail de l’élève, j’ai eu soin de ne présenter que des membres de phrases, et, presque toujours, afin de généraliser le sens, j’ai mis le verbe principal à l’infinitif.

Dans nos grammaires françaises, la dénomination d’adjectif a étérempla-cée par celle de qualificatif. J’aurais désiré pouvoir adopter ici cette dernière dénomination ; car une nomenclature pour les mots latins et une autre pour les mots français me paraissent plus qu’inutiles : elles jètent de la confusion dans l’esprit de l’élève. Espérons que les grammaires latines auront bientôt consacré le mot qualificatif, comme elles ont déjà adopté la dénomination de substantif.

Je n’ai pas classé parmi les adjectifs un assez grand nombre de mots ter-minés en ans ou en ens ף par exemple : Observons, antis; negligens, entis, etc. Selon moi, ces mots sont de véritables participes présents. Il n’est pas h jusqu’à sapiens et eloquens qui ne soient, le premier, participe présent du verbe sapio; le second, participe présent du verbe eloquor. Néanmoins, j’ai ן dû être fort peu absolu à cet égard : en conséquence, j’ai fait une large part à l’usage.

־ Les autres dictionnaires indiquent le même parfait et le même supin pour [ des verbes évidemment différents, bien qu’ils aient parfois à peu près la même signification. Ainsi, pallui serait tout à-la-fois le parfait de palleo et de ן pallesco. A mon avis, c’est une grave erreur. Les verbes en esco, escere, qui . signifient généralement devenir..., manquent de parfait. La forme ui appar-tient exclusivement à la deuxième conjugaison. Si donc notui, par exemple, 9 est donné pour parfait à notesco, c’est très certainement un emprunt fait au verbe noteo qui a existé, bien qu’il ne figure pas dans les dictionnaires.

1ii Π y a des verbes dont on ne trouve dans les auteurs que certains temps et p même que certaines personnes : on les appèle défectueux ou défectifs. A . l’exemple de plusieurs lexicographes, je n’ai pas donné toutes les formes de 9 ces verbes, parcequ’il était inutile, pour ne pas dire dangereux, d’indiquer des ,a temps qui, peut-être, n’ont jamais existé. Au reste, si les élèves rencontraient, ,j par exemple, diruncinavit dans une version dictée, ils n’éprouveraient è9 assurément aucun embarras pour reconnaître dans ce mot la 0e personne du singulier du parfait de l’indicatif du verbe diruncinare, qui signifie sarcler.

μ Si j’ai fait une œuvre utile, non seulement en extrayant des ouvrages

1 Je pourrais en dire autant des mots effrenalus, paludalus, superfixus, etc., lesquels, ri-goureusemenl, sont des participes passés des verbes effreno, paludo, superfigo, etc. élémentaires un nombre considérable d’exemples, offrant pour la plupart quelque difficulté de traduction; en les disposant par ordre quant aux auteurs et quant aux chapitres, mais surtout en présentant tous les renseignements, tous les détails, toutes les explications nécessaires à l’élève qui veut, qui doit se rendre compte des noms d’hommes et de lieux, ainsi que de tous les faits mentionnés dans les auteurs qu’il traduit, c’est pour moi un devoir de dé-clarer que, sous ce dernier rapport, le Dictionnaire de Γ Antiquité de M. Bouillet m’a été d’un grand secours. Je n’ai pas craint de puiser largement à cette source pour ainsi dire intarissable. Seulement, le cadre de mon ouvrage m’imposait une grande concision dans les développements.

Puisse mon travail conquérir l’approbation des hommes de l’enseignement; puisse-t-il contribuer à faciliter, à accélérer les premières études classiques! C’est la seule récompense que je me permette d’ambitionner.

ABRÉVIATIONS.

abl............ ablatif.

acc............ accusatif.


act............ actif.

adj............ adjectif.

adv...........adverbe.

c.-à-d..........c’est-à-dire.


ch............ chapitre.

compar......... comparatif.

conj........... conjonction.

dat............ datif.


dép...........déponent.

f.............féminin.

fut............ futur.

gén........... génitif.

impér..........impératif.

indécl.......... indéclinable.

indic........... indicatif.

inter]..........interjection.

inus............ inusité.


m............masculin.

m.-à-m.......... mot-à-mot.

.............. neutre.

nom........... nominatif.

parf........... parfait.

part. .......... participe.

pass........... passé ou passif.

pl............pluriel.

pr............ propre.

prép........... préposition.

prés........... présent.         1

pron........... pronom.        '

s............. substantif.

sing........... singulier.

s.-ent.......... sous-entendu.

superl..........superlatif.

unip........... unipersonnel.

v.............verbe.

v. suppl.........voirie supplém.


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