Page 151 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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subsistait encore au Coeur des habitants. Ceux-ci négligeaient de se
réformer et s'affaiblissaient de jour en jour, de sorte qu'ils deve-
naient comme la feuille que le vent chasse. Diaboloniens et indi-
gènes semblaient vivre en bons termes; ces derniers songeaient
presque à rechercher l'amitié de leurs ennemis. Ils étaient consu-
més par la maladie, mais les Diaboloniens, eux, prospéraient; c'est
en vain qu'ils eussent cherché à les exterminer. Mieux valait s'ac-
commoder de ce qu'on ne pouvait empêcher.
L'ennemi observait avec joie cette rapide décadence. L'heure lui
semblait venue de frapper le coup qui assujettirait définitivement
l'Âme à Diabolus, et ils le lui firent savoir. Dans leur message, ils re-
commandaient que l'armée survînt un jour de marché alors que les
indigènes étaient tous occupés de diverses manières et rassemblés
sur la Place. Ce jour-là, la surveillance des portes et des remparts
était moindre, forcément, et ils pourraient plus facilement du de-
dans seconder l'action des assaillants.
Or, Shaddaï n'avait jamais tout à fait abandonné la ville de l'Âme,
même si celle-ci ne s'en apercevait point, à cause du nuage qu'éle-
vaient sa défection son manque d'amour ses doutes sa langueur ses
péchés, nuage dont elle était comme enveloppée. Il y avait dans la
Cité un M. Étroite Surveillance, dont les soins vigilants s'exerçaient
jour et nuit, car il pressentait ce qui se passait effectivement. Une
nuit qu'il passait près de la Colline d'infamie, il entendit un bruit de
voix sortant d'une maison qui servait aux Diaboloniens pour leurs
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