Page 147 - La Guerre Sainte par John Bunyan
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que M. Crainte de Dieu vient de nous dire la vérité. Personnelle-
ment, il y a bien longtemps que je n'ai pas vu le Prince. »
Je sais que tu ne le verras pas, reprit Crainte de Dieu, et c'est de
votre faute à vous, les chefs, s'il est parti, vous qui en reconnais-
sance de la grâce dont vous avez été l'objet, montrez maintenant la
plus honteuse ingratitude. »
À l'ouïe de ces paroles, tous les convives changèrent de couleur, et
même on put craindre que M. Conscience ne tombât à la renverse.
Quant à M. Sécurité charnelle, il jugea prudent de quitter la
chambre. Les choses prenaient un vilain tour, ce qu'il était bien loin
d'avoir prévu. Les paroles d'Emmanuel, ses avertissements contre
les faux prophètes en habits de brebis, se présentaient avec force
dans le coeur des convives. Ah ! certes, Sécurité Charnelle était
bien l'un de ceux contre qui le Maître avait essayé de les mettre en
garde. Sortant de sa maison, les conviés y mirent le feu, brûlant
celle-ci sur le propriétaire qui y était caché, car il était un Diabolo-
nien. Ensuite, ils partirent chercher le Prince, nourrissant encore
quelque espoir de le trouver. Hélas ! Leur recherche fut vaine. Ils ne
le trouvèrent pas. Alors ils se condamnèrent sévèrement et se re-
pentirent de leur langueur spirituelle. Ils décidèrent d'aller frapper à
la porte du Seigneur-Secrétaire, celui qui était venu les appeler de
la part du Prince sans qu'ils daignassent répondre à l'invitation.
Peut-être pourrait-il leur dire où était le Prince Emmanuel ? Ils frap-
pèrent en vain à la porte de son palais, sans pouvoir obtenir de ré-
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