La Saisissante réalité du péché

 

par Jean leDuc

 

 

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CHAPITRE 1

ON A PERDU LE PÉCHÉ

 

CHAPITRE 2

LE CARACTÈRE ESSENTIEL DU PÉCHÉ

 

CHAPITRE 3

L’ORIGINE DU PÉCHÉ

 

CHAPITRE 4

LA PUNITION DU PÉCHÉ

CHAPITRE 5


 

CHAPITRE 1

ON A PERDU LE PÉCHÉ

Dans l’idéologie de notre société contemporaine, nous retrouvons que Dieu est mort, l’être humain trouve ses valeurs en se vautrant dans l’humanisme et le matérialisme, et la vie dénuée de tout sens est devenue le rouage d’une effrayante machine impersonnelle. Le péché n’existe plus dans la conscience de l’homme moderne. Le terme, choquant l’esprit des masses, dérangeant trop la société dans ses habitudes et ses goûts, provoquant une impression désagréable qui l’offense gravement dans ses sentiments et ses principes, fut mis au rancart. Considéré désuet et un affront à la dignité humaine, la signification du mot péché fut dépersonnalisée et attribuée le sens d’un mal social qui peut être rectifié par des programmes de réformes qui ont en vue d’améliorer la société. Le péché n’existant plus, il y a maintenant en revanche, l’innocence du coupable et la culpabilité de l’innocent. Les criminels et les exploiteurs sont présentés comme des victimes, les obsédés sexuels uniquement comme des innocents ne jouissant pas d’une santé normale, les avorteurs, les violeurs, les homosexuels et les pédophiles comme des incompris qu’il faut tolérer et même dans certains cas légétimiser. La faute n’est plus à l’individuel mais à la société en général. Le péché qui corrompt et abâtardit, ça n’existe pas, ou simplement plus.

 

Tentons une paraphrase imaginaire de la condition humaine par rapport au péché (adapté du livre de A.R. Kayayan: Révolution ou Rédemption): «Avez-vous ces derniers temps pensé au péché? Avez-vous rencontré des gens pécheurs? Inutile! Ne perdez pas votre précieux temps, car il n’existe pas. Le péché a disparu, sauf dans les vieux dictionnaires où dans la conscience putride de quelques fanatiques religieux. Écoutez plutôt la voix du bon sens: vous prenez ou enlevez la femme d’un autre homme ou vous subtilisez le mari de votre meilleure amie et vous couchez ensemble? Quel mal y a-t-il donc? C’est tout juste si on peut vous reprocher de donner quelques faibles signes de certains problèmes non résolus dans votre vie. Après tout, vous êtes des adultes consentant et vous ne faite qu’exprimer l’attraction que vous avez l’un pour l’autre qui répond à un besoin légitime d’acceptation et de valorisation. Ne soyez surtout pas accablé par votre immaturité psychologique ou psychique. Votre paye de la semaine a-t-elle été engloutie dans les jeux de hasard, la drogue ou la boisson? Vous rentrez la nuit, saoul, et il vous advient parfois de maltraiter et même de battre – sans méchanceté bien sûr – votre femme et vos enfants? Passez-vous votre mauvaise humeur sur votre cabot en le bourrant de coup de pieds? Abusez-vous de votre mari verbalement au point qu’il réagisse violemment? Laissez-vous vos enfants regarder toutes sortes de programmes de télévision ou des films à caractère violent et même sexuel? Voyons, qu’est-ce qu’il y a de si grave dans tout cela? Faut-il vous laisser écraser par le sentiment de culpabilité d’une faute morale? Sans doute êtes-vous un peu malade, voire maladroit et négligent, mais d’ici à vous déprécier et à vous tenir pour pécheur. JAMAIS! Seriez-vous donc encore au fin fond du Moyen-Âge? Ou encore dans l’abominable ère victorienne?

 

Êtes-vous intoxiqué par le mensonge? Mon ami, sachez que cela s’explique par un traumatisme subi lors de votre jeunesse, le jour où on vous avait enfermé dans cette pièce obscure et que vous y aviez eu une peur bleue. Depuis, vous vous débrouillez comme tout un chacun. Vous allez même parfaitement réussir dans la vie, à coup de mensonge, car la vérité ne paie pas, c’est bien connu.

 

Vous est-il arrivé de tricher? Mon ami, un peu d’esprit pratique, voyons! Où en serions-nous si nous ne pouvions pas nous débrouiller un peu dans la vie. D’ailleurs, regardez autour de vous, tout le monde en fait autant! L’employeur triche son employé qu’il considère seulement comme un numéro, et ce dernier rend la monnaie de sa pièce à son patron exploiteur chaque fois que l’occasion se présente. Le contribuable arrondit ses fins de mois en omettant de déclarer au fisc du gouvernement extorqueur les revenus de son travail «au noir» et la Perception elle, tond le contribuable comme un mouton. Et puis, il y a encore nos politiciens rapaces. Regardez-les ces hypocrites professionnels! Même au sein de leur propre parti, lequel d’entre eux n’a jamais sali subtilement le caractère de son adversaire, et lequel d’entre eux n’a jamais fait de fausses promesses au peuple aveugle qui les a élus en pouvoir?

 

On dit que cela «est la vie». Tous les actes répréhensibles sont justifiés lorsqu’on a décidé de nager dans cette décadence complète qui est la marque dominante de ce nouveau millénaire, qui de toutes évidences sera le dernier. D’autant plus que les prétextes ne manquent pas pour justifier et qu’il est toujours plus facile d’accuser la société, récriminer contre sa famille et transférer la faute sur le compte de parents «pudibonds» et «archaïques» ou encore manger du chrétien, tous ces exécrables qui ont fait de vous un «refoulé», que de prendre ses responsabilités (fin de citation)».

 

Toute une cohorte d’explicateurs psycho-socio-juristico- pédagogique, dont le métier est de «déculpabiliser» dans toutes les directions chaque crime et chaque criminel et de nous les renvoyer innocentés et blanchis, comme étant uniquement les victimes d’une société sans cœur, nie bien entendu la réalité du péché. Mais en niant la réalité du mal dans le cœur de l’homme et, par là, la nécessité du pardon offert par Dieu dans le sacrifice de Christ à ceux qui se repentent, on nie en même temps la possibilité d’une restauration véritable. Or, l’histoire moderne est marquée d’avantage par la révolte contre la réalité que par un réalisme lucide. Les hommes cherchent à façonner la réalité d’après leurs rêves et leurs idées chimériques, mais lorsque ces rêves se réalisent, alors, ils restent stupéfaits en présence des horreurs et des destructions qui en résultent.

 

- L’ERREUR TRAGIQUE DE LA PSYCHOLOGIE HUMANISTE

L’erreur tragique de ces derniers temps – sinon de tous les temps depuis la chute dans le jardin d’Éden – a été de croire que tous les maux qui s’abattent sur l’humanité sont de nature extérieure à l’homme. On allèguera les conditions politiques, ou prétextera les situations sociales, on évoquera la mauvaise répartition des richesses économiques et que sais-je encore pour expliquer le malaise de l’homme ainsi que la crise de la société moderne. Mais on a la mémoire bien courte, en oubliant que l’homme a péché dans le plus idéal des environnements en Éden, là où étaient réunies les conditions les plus favorables pour une vie heureuse et pour la communion parfaite avec l’Auteur de sa vie. Dans les explications de nature socio-politiques, il n’est jamais question de repentance ou de conversion. Pour certains, la révolution est devenue un acte de nature religieuse qui remplace – hélas – la foi biblique en le Dieu Souverain et Tout-Puissant, le Seigneur Jésus-Christ. Au salut apporté par Dieu, on substitue le sauvetage opéré par et pour l’homme. En détruisant le monde ancien et l’ordre qui y régnait, les réprouvés et les apostats s’imaginent bâtir une cité nouvelle. Chimères humaines d’hommes incorrigibles, aveugles, conducteurs d’aveugles! N’apprendra-t-on donc jamais que, bâtir avec les gravats, les poutres tordues, les plâtres et les décombres de la Tour de Babel, est tout aussi insensé que d’avoir tenté de la bâtir à neuf au début de notre histoire? L’homme moderne se tourne vers l’État. L’État est devenu sa Providence pour tous ses besoins fondamentaux, y compris celui de la justification. On a dit que toute vie était devenue politique. Ce qui veut dire que l’État, la politique et l’économie, doivent remplacer Dieu et apporter toutes les solutions. Les hommes de tous les temps ont cherché un salut mythique et nos contemporains ne font pas exception. Il ne faut donc pas s’étonner de voir autour de nous, toutes les formes de destruction, aussi bien individuelles que collectives, depuis les guerres et les révolutions violentes, jusqu’à l’abus du sexe de la drogue et de l’alcool. L’éducation moderne, celle qui nie les valeurs morales et spirituelles et qui les rejette comme des anachronismes, accroît plus qu’elle ne diminue l’ignorance et la folie, et elle contribue, à sa manière, à produire la mort. Une certaine vie familiale marquée par l’absence d’autorité et de responsabilité parentale, la dissolution et la dislocation de tout lien dans le foyer causé le plus souvent par l’égoïsme, par une fausse conception de la liberté et le rejet d’une éthique chrétienne sont des signes de cette volonté négative.

 

Nombre de chrétiens ne s’en rendent pas toujours compte, mais il est devenu presque axiomatique de parler de l’homme et d’expliquer ses comportements à partir des postulats théoriques de la psychologie humaniste. La littérature plus ou moins spécialisée et surtout la vulgarisation des grandes théories psychologiques, étend son influence même à la pensée des prétendues églises. Il est vrai que l’humanisme a tellement envahi les mœurs, qu’un domaine de plus ou de moins sous son hégémonie ne trouble guère la sensibilité de la plupart de ceux qui se disent chrétiens! Pourquoi chercher son origine dans des sources hypothétiques et s’empêtrer dans les mythes modernes d’une science prétendument objective lorsque l’Écriture – et notre propre expérience – nous fournissent une ample documentation sur le sujet? Il ne s’agit pas là d’une documentation théorique, mais d’une vérité avec une implication pratique et morale, tout à fait capitales. Du fait même de sa chute en Éden, lorsque l’homme déclara son indépendance de Dieu, il devint une personne responsable. Mais la psychologie humaniste moderne ne reconnaît pas toujours à l’homme une responsabilité morale. Les défaillances de l’homme, ses manquements, ses erreurs et même ses fautes ne sont expliquées qu’en fonction de son enfance et de ses origines, et non comme étant la conséquence de sa rébellion délibérée contre l’ordre moral établi et révélé par Dieu. Elle néglige ou se refuse de reconnaître que l’homme, promue au rang d’idéologie, justifie et encourage tous les actes d’immaturité et de barbarie de l’homme moderne. Nous assistons, sur ce terrain-là, à la manifestation la plus flagrante d’une imposture parmi les plus subtiles et les plus destructrices. Le mal de l’homme est discuté en termes d’environnement socio-culturel, familial, etc, mais jamais en termes de morale biblique et chrétienne. Par conséquent, jamais comme la faute d’un être tout à fait responsable de son comportement. Le péché est présenté comme un échec plutôt que comme une révolte et une transgression morales qui s’oppose à la loi de Dieu.

 

En analysant la psychologie de l’homme déchu, la culpabilité est le facteur central. L’homme déchu, l’homme qui a chuté dans le péché, est l’homme coupable. La culpabilité, selon l’Écriture, est la conséquence du péché, et le premier péché ou péché original est le désir de l’homme d’être comme Dieu, de renverser la Souveraineté de Dieu et de déterminer ce qui est bien ou ce qui est mal pour lui-même, de se faire le maître de son destin. Tous les péchés particuliers proviennent de ce péché de base que la théologie nomme «le péché original». Toutefois, en s’analysant lui-même, l’homme évite le terme «péché», il ne trouve aucune place dans sa psychologie ou dans sa sociologie. Le terme «culpabilité» est admis dans le vocabulaire de la psychologie humaniste, mais non celui de «péché». La raison pour ceci n’est pas difficile à comprendre, car le mot «péché» pointe directement à un viol de la loi divine, à la responsabilité, et à Dieu. Ainsi, pour abolir Dieu, la culpabilité devait être séparé du péché et regardé plutôt comme étant un problème scientifique et non religieux, ce qui étouffa la volonté de la vie dans l’homme moderne et déchaîna la volonté de la mort. Il est ainsi évident que Satan opère sur une base arminienne et que l’humanisme est l’ennemi du christianisme. «Tous ceux qui me haïssent, aiment la mort» (Prov. 8:36)

 

CHAPITRE 2

LE CARACTÈRE ESSENTIEL DU PÉCHÉ

Comme étant le phénomène le plus triste et le plus commun de la vie humaine, le péché impose son attention sur tous ceux qui ne ferment point les yeux à sa réalité. Quelques-uns, pour un certain temps, peuvent rêver de la bonté fondamentale de l’homme et parler séparément des mots et des actes qui ne se mesurent point aux standards éthiques d’une bonne société, comme étant seulement des marques et des faiblesses pour lesquels l’homme n’est pas responsable et qui cèdent à des mesures correctives. Mais, en voyant le temps s’écouler, ils sont déçu de voir que toutes mesures de réformes externes et la suppression du mal servent uniquement à empirer la situation. Ils deviennent ainsi conscients au fait qu’ils combattent seulement le symptôme d’une profonde maladie. Ils sont donc confrontés à un plus grand problème concernant le péché, à celui du mal qui fait partie intrinsèque de la nature humaine. C’est exactement cela que nous voyons se dérouler présentement sous nos yeux en cette période de la fin des temps. Plusieurs Modernistes de nos jours n’hésitent plus à dire que la doctrine de Rousseau, concernant la bonté fondamentale en l’homme, fut démontrée comme étant un des enseignements les plus pernicieux de l’Age des Lumières, et font un appel pour une plus grande mesure de réalisme dans la reconnaissance de l’existence du péché. Ainsi Walter Horton, qui plaide pour une théologie réaliste, nous dit: «Je crois que le christianisme orthodoxe représente un point de vue profond dans tout le prédicament de l’humanité. Je crois que la base des problèmes de l’homme est la perversion de la volonté, cette traîtrise à la confiance divine qui se nomme «le péché». Ainsi, je crois que dans un sens le péché est une maladie raciale transmise de génération en génération. En affirmant ces choses, les pères chrétiens et les Réformateurs parlèrent d’une manière réaliste et purent assembler une masse d’évidence empirique qui supportaient leur point de vue».

 

Du au fait que le péché est réel et qu’aucun homme ne peut y échapper dans cette vie présente, il est évident que les philosophes et les théologiens se mirent à lutter avec le problème, quoiqu’en philosophie le péché est plutôt décrit comme le problème du mal. Le défaut radical de toutes les théories philosophiques est de chercher à définir le péché sans prendre en considération qu’il est essentiellement une séparation d’avec Dieu, une opposition et une transgression de la loi divine. Le péché doit toujours être définie en terme de la relation de l’homme avec Dieu et avec sa volonté exprimée dans la loi morale. Considérant que le mot péché en Hébreu est «CHATTAH», terme qui signifie «manquer le but», nous indique la profondeur de l’essence de l’égarement qui réside dans la nature humaine déchue, et que l’homme ne peut de lui-même rétablir cette relation avec Dieu qu’il perdit lors de la chute en Éden. En présentant la doctrine scripturaire du péché, il est nécessaire d’indiquer ses différentes particularités.

 

1- LE PÉCHÉ EST UN MAL SPÉCIFIQUE :

De nos jours nous entendons beaucoup parler du mal et très peu du péché, et ceci est une grande déception car pas tout mal est péché. Le péché ne doit pas être confus avec le mal physique comme les calamités, les inondations, les tremblements de terre, les cyclones, les ravages, et autres, quoique ceux-ci puissent et sont souvent employés de Dieu. Il est possible aussi de parler non seulement du péché mais aussi de la maladie comme un mal, mais alors le mot «mal» est utilisé dans un sens complètement différent. La maladie n’est pas causée par le péché quoiqu’elle détienne avec un rapport indirect comme une de ses conséquences héréditaires. Au-dessus du physique se trouve la sphère éthique dans laquelle nous voyons le contraste entre le bien et le mal moral, et le mot péché s’applique uniquement à cette sphère. Même la il n’est pas désirable de substituer le mot «mal» pour celui de «péché» sans élaborer son sens, car le dernier est plus spécifique que le premier. Le péché est avant toutes choses un mal moral. Presque tous les noms utilisés dans l’Écriture pour désigner le péché pointes à son caractère moral.

 

Comme nous avons vu, le mot «CHATTAH» le désigne comme un action qui manque le but et qui consiste en une déviation de la bonne voie que nous devons suivre. Le mot «AVEL» et celui de «AVON» indiquent un manque d’intégrité et de rectitude, un départ du chemin désigné par la loi. Le mot «PESHA» se rapporte à une rébellion ou un refus de se soumettre à l’autorité divine, une transgression positive de la loi et un bris de l’Alliance. Le mot «RESHA» indique un abandon coupable et malicieux de la loi. En plus, «ASHAM» le désigne comme la culpabilité; «MA’AL» comme une infidélité et une trahison; «AVEN» comme une vanité; et «AVAH» comme une perversion ou une distorsion de la nature humaine. Les termes correspondants du Nouveau Testament comme «HAMARTIA, ADIKIA, PARABASIS, PARAPTOMA, ANOMIA, PARANOMIA» indiquent les mêmes idées. Tous ces mots employés par la Bible nous montrent clairement et hors de tout doute le caractère éthique du péché.

 

Ce n’est point une calamité, un désastre ou une maladie qui s’abat soudainement sur l’homme, qui empoisonne sa vie et ruine son bonheur, mais une voie de mal que l’homme a délibérément choisi de suivre et qui porte des misères inimaginables. Fondamentalement, le péché n’est point quelque chose de passif comme une faiblesse, un manque ou une imperfection pour lesquels nous ne sommes point responsable. Le péché est une opposition active contre Dieu, une transgression positive de sa loi qui constitue la culpabilité. Le péché est le résultat du choix volontaire mais méchant de l’homme. Ce choix a délibérément été posé en Éden et depuis nous en récoltons les conséquences, notre capacité de choisir étant maintenant esclave de la chair et du péché. Non pas que nous ne puissions pas choisir de faire le bien (Gen. 2:9; 3:6), mais que toutes nos actions sont teintées par l’égarement du choix primaire, et nous ne pouvons qu’agir selon la rébellion qui empoisonne notre nature. Tout bien que nous fassions dans la chair est mal aux yeux de Dieu, car toute action repose sur le choix initial «de manger du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal». Tous les choix de chaque jours que nous faisons, du plus simple au plus complexe, sont l’évidence de notre condamnation à cause de la rébellion originale. Nous avons choisi d’être les maîtres de notre destin, renversant ainsi la Souveraineté de Dieu à notre propre perte et misère.

 

2- LE PÉCHÉ DÉTIENT UN CARACTÈRE ABSOLU:

Dans la sphère éthique, le contraste entre le bien et le mal est absolu. Il n’existe aucune condition neutre entre les deux. Quoiqu’il y a des degrés d’intensité dans chaque, il n’y a aucune gradation entre le bien et le mal. La transition de l’un à l’autre n’est pas d’un caractère quantitatif mais qualificatif. Un être moral bon ne devient pas méchant simplement en diminuant sa bonté, mais seulement par un changement qualitatif radical, en se tournant vers le péché qui réside en lui avec plus d’intensité. Ainsi le péché n’est pas un degré moindre de bonté, mais un mal positif. Ceci est enseigné clairement dans les Écritures. Celui qui n’aime point Dieu, et cela s’applique à tous les êtres humains, est ainsi caractérisé de méchant. L’Écriture ne connaît aucune position de neutralité. Elle demande aux méchants de se tourner vers la droiture, et même parfois elle parle de la droiture comme une chute dans le mal; mais elle ne contient aucune indication qu’ils peuvent être dans une position neutre. L’homme est soit sur le bon côté ou sur le méchant côté de la clôture, il ne peut se balancer entre les deux (Matt. 10:32,33; Luc 11:23; Jac. 2:10).

 

3- LE PÉCHÉ DÉTIENT TOUJOURS UNE RELATION PAR RAPPORT À DIEU ET SA VOLONTÉ:

Les anciens dogmaticiens réalisèrent qu’il était impossible d’avoir une bonne conception du péché sans le contempler dans une relation avec Dieu et sa volonté. Ils soulignèrent fortement cet aspect et parlèrent du péché comme étant «un manque de conformité à la loi de Dieu». Ceci est sans aucun doute la bonne définition formelle et juste du péché. Mais la question surgit: Quel est le contenu matériel de la loi ? Que demande-t-elle ? En répondant à cette question, il nous sera possible de déterminer ce que le péché est dans un sens matériel. Maintenant, il n’y a aucun doute que la demande centrale et primordiale de la loi est «l’amour de Dieu» ou plus proprement «l’amour pour ou envers Dieu». Alors, si le point de vue matériel de la bonté morale consiste à aimer Dieu, donc le mal moral consiste dans le contraire. Ainsi le péché est une séparation d’avec Dieu, la haine de Dieu, et cela se manifeste dans une transgression constante envers la loi de Dieu dans les pensées, les paroles, et les actions. Les passages suivant démontrent clairement que l’Écriture regarde le péché dans une relation avec Dieu et sa loi, qu’elle soit écrite sur des pierres ou sur des cœurs (Rom. 1:32; 2:12-14; 4:15; Jac. 2:9; 1 Jean 3:4).

 

4- LE PÉCHÉ INCLUT LA CULPABILITÉ ET LA POLLUTION:

La culpabilité est l’état de mériter une condamnation, ou d’être disposé à recevoir une punition pour avoir violé la loi ou ses exigences morales. Or, même là, le mot porte deux significations. La culpabilité peut vouloir dire une qualité interne du pécheur, son manque de mérite, son méchant sort, ou la réclamation d’une juste punition pour sa transgression, ce qui pourrait être décrit comme «une culpabilité potentielle». La culpabilité est inséparable du péché, elle ne se retrouve jamais dans une personne qui n’a pas péché, et elle est permanente au point qu’une fois enracinée dans le cœur et l’esprit, elle ne peut être enlevée par le pardon car elle demande la mort de celui qui a péché. Cette loi étant inviolable, seulement Dieu pouvait en faire la rectification en mourant sur la croix pour nos péchés comme notre substitut. La culpabilité démontre ainsi l’obligation de satisfaire la justice, de payer le châtiment du péché. Ceci n’est point interne è l’homme, mais provient de l’agissement de Celui qui donne la loi, qui fixe la punition de la culpabilité. Elle peut donc être enlevée seulement en donnant satisfaction à la juste demande de la loi d’une manière personnelle et vicariale. Quoique plusieurs rejettent l’idée que le péché inclus la culpabilité, ceci ne s’accorde point avec le fait que le péché contient une menace et qu’il reçoit une punition appropriée, et qu’une telle négation est contraire à l’Écriture (Matt. 6:12; Rom. 3:19; 5:18; Éph. 2:3). Quant à la pollution du péché, il est évident qu’elle se rapporte à la corruption interne à laquelle chaque pécheur est assujetti. Ceci est une réalité dans la vie de chaque individuelle. Elle n’est point concevable sans la culpabilité, quoique cette dernière qui est inclus dans la relation pénale peut être conçue sans la pollution immédiate qui en découle. Tous ceux qui sont coupables en Adam sont ainsi né avec une nature corrompue. La pollution du péché est clairement enseignée dans les passages suivant: Job 14:4; Jér. 17:9; Matt. 7:15-20; Rom. 8:5-8; Éph. 4:17-19.

 

5- LE PÉCHÉ RÉSIDE DANS LE CŒUR DE TOUS:

Le péché ne réside point dans aucune faculté individuelle de l’âme, mais dans le cœur, ce qui est dans un sens scripturaire l’organe central de l’âme de laquelle proviennent toutes les issues de la vie. L’âme étant la conscience de l’être et de la vie, le cœur est par sa désignation même le centre ou la source principale de la conscience qui incorpore la totalité des qualités et des fonctions de l’âme qui sont les perceptions de la conscience. De ce point central de la conscience provienne les influences et les opérations du péché ou de l’égarement qui s’étendent dans l’intellect, la volonté et les affections, bref, dans l’homme entier, incluant son corps. En d’autres mots, la conscience de l’homme fut marqué du sceau du péché qui laisse son impression ou symptôme sur toute sa vie entière. Cette marque, qui détient un rapport étroit avec la marque de Caïn (Gen. 4:7,15), est une marque de rébellion et d’égarement qui irrite l’esprit et qui enflamme les passions dans le sang. Cette marque correspond à la loi que Dieu a écrite sur le cœur (le front, le devant de la vie) de l’homme qui a renversé sa Souveraineté. Tous sans exception porte ainsi la marque de Caïn qui tua son frère Abel, ce dernier étant un type ou une préfiguration de Christ qui fut crucifié sur la croix pour nos péchés. Par cette marque Dieu ordonna que l’homme n’échappe point au péché et à ses ravages, car la puissance du péché c’est la loi qui soumet l’homme à la servitude. C’est une marque judiciaire qui porte en elle la réprobation, la condamnation, et la punition ou le châtiment éternel. Elle fait que l’homme désire d’une manière irrésistible de posséder l’égarement d’avec Dieu et d’en réaliser la puissance (Gen. 4:7,16). Il est hors de tout doute que cette marque d’égarement qui mérite la mort physique, spirituelle, et éternelle, porte aussi en elle la notion de rédemption car le péché, qui est un empoisonnement de sang spirituel, nécessite un sacrifice sanglant. Le sang de l’homme doit être versé pour payer la rançon, mais puisque l’homme est entièrement pollué, son sang est infecté et sans valeur. Ceci nécessita que Dieu s’incarne dans la chair pour s’offrir en sacrifice (Psm. 49:7,8). Ainsi par la foi dans le sang de Christ nous sommes délivrés de l’égarement, le péché n’a plus de puissance sur nous car nous ne sommes plus sous la loi, mais sous la grâce. Le croyant subit ainsi une transfusion de sang spirituelle et recevra un nouveau corps lors du renouvellement de toutes choses lors de l’apparition finale de Christ en ce monde. La marque de l’égarement est ainsi effacée et remplacée par une nouvelle loi, la loi de la liberté qui est l’essence même du nom de Christ inscrit sur nos cœurs par l’Esprit du Dieu vivant. Il importe de spécifier que cela s’applique uniquement aux élus que Dieu a prédestiné au salut avant la fondation du monde, et que les réprouvés subiront le plein impact de la justice divine.

 

6- LE PÉCHÉ NE CONSISTE PAS EXCLUSIVEMENT DANS DES ACTIONS ÉVIDENTES:

La pollution du péché ne s’étend point uniquement dans des actions ouvertes manifestées par la nature humaine déchue, mais aussi dans des méchantes habitudes, des mauvais désirs, des méchantes pensées, c’est à dire dans les méchantes conditions de l’âme qui elles se rendent évidentes dans des agissements de péché. Il est bien reconnu que les agissements du péché portent à établir de méchantes habitudes. Les méchants agissements et les méchantes dispositions de l’homme se réfèrent toujours à sa nature totalement corrompue. Ainsi, le péché peut être défini comme «un manque de conformité à la loi de Dieu, soit en action, en disposition, ou en état d’être (Matt. 5:22,28; Rom. 7:7; Gal. 5:17,24).

 

7- LE PÉCHÉ FUT PRÉDESTINÉ:

La prédestination de la chute et du péché soulève l’indignation de plusieurs qui craignent qu’une telle affirmation fait de Dieu l’auteur du péché. Le problème est qu’ils voient dans l’expression que Dieu est l’auteur du péché est l’équivalent de dire que le péché résiderait en Lui ou qu’il commettrai le péché. Une telle association est malheureuse car elle engendre une problématique insoluble par rapport au péché. Il est vrai que Dieu ne peut commettre le péché et que celui-ci ne réside point en Lui. Mais il est faux et trompeur de penser que cela est l’équivalent de dire que Dieu est l’auteur du péché. Il est évident que l’auteur d’une chose n’est pas lui-même la chose qu’il a déterminée comme conséquence de sa loi. Dire autrement serait de la pure folie. Considérant que le mot «péché» signifie «manquer le but» et que Dieu ne manque jamais son but, nous réalisons que Dieu a conçu dans son décret éternel que ses créatures rationnelles «manquent le but» de sa gloire afin d’être sauvé par grâce. Dieu est donc l’auteur du péché en ce qu’il l’a décrété d’une manière certaine de se produire. La chute et le péché furent aussi assurés par le fait que la créature rationnelle maintient dans son essence de créature une limitation du fait que la créature n’est pas le Créateur. Puisqu’il est impossible à la créature d’être au même niveau que Dieu, la chute et le péché furent ainsi nécessaire pour que l’homme reçoive par la grâce, au moyen de la foi, une nouvelle nature sans limitation, celle de Christ. Cette limitation naturelle a pour but la rédemption des élus et la condamnation des réprouvés. La propagation du péché fut ainsi prédestinée dans un contexte restreint par la Souveraineté de Dieu, ce qui veut dire que la chute et le péché furent prédestiné et voulu de Dieu pour la gloire de son nom et selon son bon plaisir. Cela nous indique que la propagation génétique séquentielle assure la transmission du péché de génération en génération dans la race humaine.

 

8- LE PÉCHÉ EST SUPPRIMÉ SOUS LA GRÂCE:

Puisque le péché est la transgression de la loi de Dieu et que le croyant n’est plus sous la loi mais sous la grâce, la question surgit: «Quel est le rôle du péché dans la vie du chrétien ? Logiquement, on aurait tendance à croire que le péché n’existe plus dans une telle situation. Mais s’il est vrai que nous sommes délivrés du péché par le sacrifice parfait de Christ, il faut comprendre que cette délivrance est dans l’esprit et non dans la chair. Ce fait est évident en ce que nous continuons à subir les ravages du péché dans notre corps et que nous devons le combattre toute notre vie. L’Écriture nous enseigne clairement que le péché réside dans notre nature charnelle, et quoiqu’il n’a plus de puissance sur nous, nous devons le résister. Quoique le croyant a reçu une nouvelle nature en Christ, il en advient que sa nature humaine corrompue fait encore partie de lui. Ainsi il n’est pas surprenant de voir des enfants de Dieu sauvés par grâce, retombés dans des péchés grossiers et commettre des actes répréhensibles. Toutefois, cela ne signifie point qu’ils ont perdu leur salut, mais que leur foi est éprouvée dans le but d’être perfectionnée. Dieu châtie celui qu’il aime, et le châtiment, quoique pénible et douloureux, produit en nous la paix et l’assurance de sa Présence. La repentance devient ainsi un élément constant dans la vie du chrétien qui doit être incessamment renouvelé dans son entendement (Rom. 12:2).

 

Il est vrai que le péché est supprimé sous la grâce, car Christ a prit sur Lui tous nos péchés, passés, présents, et futurs; mais il est aussi vrai que c’est la foi ou la confiance certaine dans la victoire de Christ pour nous qui annule sa puissance. N’étant plus sous la loi, nous ne sommes plus sous l’obligation de suivre ses directives, car la loi nous a été donnée pour nous montrer que nous ne pouvons point l’obéir et elle servit d’instructeur pour nous diriger à Christ, le seul qui a put l’accomplir à la perfection pour nous délivrer de son esclavage. Mais cela signifie-t-il que le chrétien n’a plus à observer la loi morale ? La Bible répond à ce dilemme en disant que nous ne sommes plus sous l’obligation de la loi, mais que nous accomplissons la loi par la foi en Celui qui l’a observé pour nous dans les moindres détails. En d’autres mots, le fait que nous sommes libérés de la loi ne signifie point que nous devons nous remettre sous sa servitude, mais que l’Esprit de Christ qui est en nous, nous garde et nous dirige dans le respect de la loi morale tout en étant affranchi de ses obligations. Sommes-nous donc encore dans l’obligation d’aimer Dieu et nos frères, de faire le bien et de plaire à Dieu ? La réponse, quoique saisissante, est non, car nul de nous ne peut aimer Dieu et son frère parfaitement. La démarche chrétienne consiste donc maintenant de placer notre confiance d’une manière absolue en Celui seul qui engendre son amour pour Lui en nous (1 Jean 4 :10), et qui produit en nous souverainement le vouloir et le faire en toutes choses selon son bon plaisir. Une telle foi est la seule manière de plaire à Dieu (Jean 6:28,29; Héb. 11:6). Nous ne sommes donc plus appelé à l’obéissance de la loi, mais à la soumission de la foi.

 

CHAPITRE 3

L’ORIGINE DU PÉCHÉ

En ce qui concerne l’origine du péché, la Bible nous enseigne qu’il débuta avec la transgression d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden, et conséquemment qu’il fut un acte volontaire de la part de l’homme. La théologie traditionnelle nous dit que la tentation provenait du monde spirituel avec la suggestion que l’homme (l’être humain) devienne comme Dieu en s’opposant à Dieu. La tendance générale est d’interpréter ce monde spirituel comme étant le monde des esprits ou des anges, un monde invisible à l’œil naturel dont une région particulière serait le domaine des anges déchus qui auraient comme chef Lucifer, connu aussi comme Satan. Une telle interprétation est le résultat d’une exégèse forcée des textes bibliques qui convient à un littéralisme exagéré et tendancieux. A vrai dire, un tel enseignement est étrange à l’Écriture et contient des traces de paganisme mélangées avec quelques vérités scripturaires. Pour le moment, il importe de noter qu’Adam succomba aux charmes de sa femme, la première à être tentée, et mangea le fruit défendu qu’elle lui a offert. En conséquence de cette action Adam devint esclave du péché ainsi que sa progéniture. Ce péché portait une pollution permanente qui, à cause de la solidarité de la race humaine, infecta non seulement Adam mais aussi tous ses descendants. Comme résultat, le père de la race transféra une nature humaine complètement dépravée à ses enfants. De cette source malsaine le péché s’étendit sur toutes les générations de la race humaine, infectant tous et chacun et tout ce qui vint en contact avec (Rom. 8:19,20). C’est exactement cet état d’être qui est soulevé par la question dans Job: «Qui est-ce qui tirera le pur de l’impur ? Personne» (Job 14:4; Bible Martin). Adam pécha non seulement comme le père de la race humaine, mais aussi comme la tête représentative de tous ses descendants, et ainsi la culpabilité du péché leur est attribuée individuellement et tous sont sous le châtiment de la mort. C’est dans ce sens primaire que le péché d’Adam est le péché de tous, et c’est exactement cela que l’apôtre Paul nous enseigne: «C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré au monde, la mort y est aussi entrée par le péché; et ainsi la mort est parvenue sur tous les hommes, parce que tous ont péché» (Rom. 5:12; Bible Martin). Ainsi le péché ne doit pas être considéré seulement comme une pollution, mais aussi comme une culpabilité qui s’étend sur tous et qui porte un châtiment. Dieu juge tous les hommes comme coupables en Adam, tout comme il juge que tous les croyants sont justifiés ou rectifiés en Jésus-Christ (Rom. 5:18,19).

 

1- LE CARACTÈRE FORMEL DU PREMIER PÉCHÉ:

D’un point de vue formel, il peut être dit que le premier péché de l’être humain consistait en ce qu’il mangea de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La théologie traditionnelle regarde cet arbre comme étant un arbre littéral et n’a aucune notion du genre d’arbre que ce fut. Plusieurs le voient comme un dattier ou un figuier, et d’autres comme une vigne qui produisit des raisins exquis. Mais l’ensemble de toute l’Écriture, particulièrement en rapport avec le salut par la grâce, nous porte à regarder cet arbre non d’une manière littérale mais plutôt d’une manière symbolique ou figurative. En fait, tout le récit du jardin d’Éden et de la chute doit être regardé d’une manière figurative dans un contexte historique réel. Une telle interprétation n’enlève point le contenu historique des évènements qui se déroulèrent, mais les regarde plutôt comme des représentations d’une réalité spirituelle qui exprime une vérité fondamentale dans l’étymologie des termes employés.

 

Il existe une vérité profonde dans l’expression: «une image vaut mille mots», et cette même vérité s’applique à des termes imagés. Si l’arbre de la vie et son fruit sont interprété littéralement (d’une manière physique ou matérielle), il existait ou existerait encore un fruit que nous pourrions manger et par lequel nous pourrions obtenir la vie éternelle. Ainsi par un littéralisme exagéré nous tomberions dans l’hérésie du salut par les œuvres. Le fait que l’arbre de la vie et l’arbre de la science du bien et du mal sont au milieu du jardin, nous indique qu’ils sont placés dans le centre de l’existence de l’homme, c’est à dire qu’ils sont des caractéristiques spirituels que Dieu a fait germé dans le cœur de l’homme dans le but d’affermir sa conscience ou la perception de son existence. Nous voyons ainsi que ces arbres sont figurativement des garanties qui assurent l’exécution du commandement de Dieu pour la jouissance et la protection de l’homme. Ceci est encore plus évident du fait que dans l'Hébreu, le mot arbre ou «ÊTS» qui provient de la racine «ATSÂH» signifie «rendre ferme, assurer, garantir». L’essence du terme nous indique que ces assurances (la vie, ainsi que la connaissance du bien et du mal) sont contractuelles et que l’homme avait l’obligation de préserver la qualité de l’existence dans laquelle Dieu l’avait placé (Gen. 2:15). Sans négliger que la chute fut prédestinée, le commandement de Dieu de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, fut le moyen par lequel Dieu éprouva l’obéissance de l’homme afin de le rendre conscient de ses limitations de créatures. Puisque Dieu ne chercha point à justifier ni à expliquer cette prohibition, Adam devait montrer sa volonté de se soumettre à la volonté de Dieu par une obéissance explicite. Il devait soit allouer Dieu de déterminer pour lui ce qui était bien et ce qui était mal, ou entreprendre cela par lui-même, renversant ainsi la souveraineté de Dieu en déterminant son propre destin. En mangeant le fruit de l’arbre l’homme cherchait ainsi à devenir comme Dieu, il se fit lui-même son propre Dieu. En d’autres mots, par la chute l’homme créa Dieu à son image. Pour ce qui est du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, il est évident que ce n’est pas un fruit littéral. Mais quel fut ce fruit, ou plus précisément, quel fut l’avantage de l’assurance ou de la garantie du commandement de Dieu ? Clairement le fruit fut l’indépendance de Dieu, l’autonomie ou la souveraineté de l’homme, la valorisation de son libre-choix. Mais puisque Dieu est la vie, l’indépendance de Dieu est la mort, et c’est exactement cela qu’assura le commandement (Gen. 2:17). Le principe essentiel de la chute est que nous sommes tous présentement des morts vivants, car l’homme a préféré la mort au-dessus de la vie, et ses dispositions ne sont que corruption en toutes choses car elles sont toutes issues de l’égarement de notre indépendance face à Dieu qui est notre seul Souverain.

 

2- LE CARACTÈRE ESSENTIEL ET MATÉRIEL DU PÉCHÉ:

Le premier péché fut un péché particulier, c’est à dire un péché dont l’essence réelle se révéla clairement. L’essence de ce péché se trouve dans le fait qu’Adam se plaça lui-même en opposition avec Dieu, qu’il refusa d’être soumit à Sa volonté souveraine, de laisser Dieu déterminé le cours de sa vie. Il tenta activement de prendre son destin de la main de Dieu et de déterminer son propre futur par lui-même. On peut définir une telle action de pure folie car la souveraineté de Dieu ne peut être renversé par l’homme, la créature ne peut point usurper son Créateur. L’homme, qui n’a aucune réclamation sur Dieu, et qui pouvait seulement faire valoir ses droits en rencontrant la condition de l’Alliance des œuvres, se sépara volontairement de Dieu et agit comme s’il possédait certains droits sur Dieu. L’idée que le commandement de Dieu enfreignait ou plutôt empiétait sur les droits de l’homme, semble avoir été présente dans l’esprit d’Ève lorsqu’elle répliqua au tentateur en ajoutant ces mots «vous ne le toucherez point» (Gen. 3:3). Elle voulait évidemment souligner le fait que le commandement n’était pas raisonnable. En partant de la présupposition que l’homme avait certains droits contre Dieu, il alloua ce nouveau centre d’existence qu’il trouva en lui-même, d’opérer contre son Créateur. Ceci explique son désir d’être comme Dieu, ainsi que ses doutes des bonnes intentions de Dieu qu’il donna dans son commandement. Des éléments naturels variés peuvent être distingués dans ce premier péché. Dans l’intellect il se révéla comme l’incrédulité et l’orgueil, dans la volonté comme le désir d’être comme Dieu, et dans les affections comme une satisfaction malsaine de manger le fruit défendu, de faire ce qui est interdit. Tous ces éléments révèlent la présence d’un esprit de rébellion raffinée dans le cœur de l’homme.

 

3- LE PÉCHÉ OU LA CHUTE OCCASIONNÉ PAR LA TENTATION:

La tendance générale est que la chute de l’homme fut occasionnée par la tentation du serpent qui planta dans l’esprit de l’homme les germes de la méfiance et de l’incrédulité. Une telle approche fait du tentateur un facteur externe à l’homme. Mais dans l'Hébreu, le mot «serpent» ou «NÂCHÂSH» se traduit non seulement par serpent mais aussi par «le brillant, le raisonnement, l’intellect». L’indication évidente selon l’étymologie du terme nous révèle non un facteur externe à l’homme mais interne, c’est à dire que le tentateur n’est nul autre que l’esprit de la chair que Dieu souffla dans ses narines afin qu’il devienne une âme vivante (Gen. 2:7). En d’autres mots, le raisonnement de l’homme ou sa faculté de déduire des propositions pour aboutir à une conclusion et d’en discuter d’une manière rusée, fut le facteur principal de la chute. L’évidence d’un raisonnement rusé est confirmé dans le Hébreu par l’association des termes «ÂRÔWN» et «ÂRÛMN». Dans Gen. 2:25 il est dit: «Or Adam et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point de honte». Ici, le mot «nus» est «ÂRÔWN». Le rapprochement ce fait avec Gen. 3:1 où il est dit: «Or, le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs…» Certaines versions utilisent le mot rusé ou celui de subtil à la place de «fin», ce qui est plus précis. Or, le mot «fin» est «ÂRÛWN» et signifie précisément «rusé ou subtil». Nous voyons clairement que les deux termes ont une même racine, ce qui veut dire que le mot «nus» porte aussi la notion de «rusé». Considérant que dans le Texte Original il n’y a pas de divisions en versets ni en chapitres, nous voyons que Gen. 3:1 suit immédiatement sans interruption le passage de Gen. 2:25, c’est è dire qu’il est une confirmation ou une reprise plus précise du sujet abordé dans le passage précédent.

 

Que l’homme et la femme étaient tous deux «rusés» et n’en avaient aucune honte, nous indique que le germe de la rébellion était déjà actif avant la chute comme une puissance latente qui fut réveillée par le commandement qui irritait l’esprit. Tout semble indiquer que l’homme et la femme discutèrent ensemble sur le sujet du commandement et raisonnèrent la Parole de Dieu pour en déterminer la signification dans le but d’apaiser l’irritation qui les rongeait. Ce fut un début de la déviation car ils n’étaient point appeler à raisonner la Parole mais à lui obéir. Dans cette réflexion qu’ils entretenaient, Adam, étant la tête de l’Alliance, ne pouvait agir sur les spéculations qu’ils engendrèrent, car il était résolu à l’obéissance et avait la responsabilité de préserver pur son état d’existence. Mais la femme, n’étant pas la tête de l’Alliance, n’avait pas directement la même responsabilité que son mari. Elle n’avait pas reçu le commandement directement de Dieu, mais indirectement de son mari. Conséquemment, elle était plus susceptible à l’argumentation et au doute, surtout lorsque nous considérons que la femme est l’élément réceptif de la nature humaine, elle est la porte d’entrée à tous les éléments et caractéristiques de l’existence charnelle ou matérielle, et de ce fait elle est attirée plus que l’homme aux choses de ce monde. La logique de la femme est une logique sentimentale, sensible, raffinée, et impressionnable; tandis que celle de l’homme est une logique pratique, méthodique, concrète et réaliste. C’est la raison pour laquelle il y a plus de femmes dans l’occultisme que d’hommes. On n'a qu'à regarder toutes les femmes exaltées au sein des mouvances pentecôtistes et charismatiques pour en être convaincu. Du fait que la femme est le côté faible de la nature humaine, elle était l’agent le plus effectif pour rejoindre le cœur d’Adam. La faiblesse de la femme et son penchant pour le matérialisme et l’indépendance se voient dans le terme Hébreu de «ISHSHÂH», qui signifie entre autres «femme, faiblesse, fragilité, changeant, instable, chancelant». Cette faiblesse est du au fait qu’elle ne fut pas créée directement de Dieu mais de l’homme. Elle fut créée à l’image du penchant de toutes les aspirations que l’homme avait pour la perfection de son existence. Elle fut ainsi le ruisseau qui découle de la source primaire, et comme telle elle devait demeurer soumise à la source.

 

La rébellion commença ainsi avec la femme qui s’opposa à la souveraineté de son mari en raisonnant le commandement de Dieu d’une manière avantageuse à son existence charnelle. Elle désirait aller au-delà de sa limitation de créature, mais elle ne pouvait point accomplir son but sans l’aide de son mari. Ceci est du au fait que l’homme et la femme sont reliés ensemble d’une manière substantielle, et aucun d’eux ne peut atteindre son plein potentiel sans l’autre. Cette liaison est aussi la source de l’attraction sexuelle entre l’homme et la femme. Le raisonnement chancelant de la femme était d’une subtilité raffinée et irrita l’esprit de l’homme au plus haut point qu’il succomba à sa fausse logique dans le but de lui plaire, si non dans le but qu’elle cesse de lui casser la tête avec ses argumentations incessantes et irraisonnables. Étant «os de ses os, et chair de sa chair» (Gen. 2:23), il ne put résister à sa douce moitié. Le plan astucieux de la femme réussit à merveille, et conséquemment l’homme s’opposa à la souveraineté de Dieu en mangeant le fruit défendu de l’indépendance qu’elle lui présenta dans son argument. Le fait que l’homme ne put résister à sa femme est qu’il devait laisser de côté le principe de son existence et se joindre à elle pour former une même chair (Gen. 2:24). Étant d’une logique stable et constante, l’homme ne put faire autrement que d’obéir à cet ordre que Dieu lui avait donné. Nous obtenons ainsi le premier indice que la chute fut prédestinée, et que la femme fut créée dans le but spécifique de faire tomber l’homme afin que Dieu puisse le relever par la grâce. L’Alliance des œuvres devait être remplacée par l’Alliance de la grâce, et l’obéissance de la loi par la soumission de la foi.

 

La procédure de la tentation est clairement montrée dans l’Écriture. Le discours entre la femme et le serpent dans Gen. 3:1-6 n’est pas un discours externe mais interne. L’Écriture affirme clairement que la tentation vient de l’intérieur: «Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise» (Jac. 1:14). Il est donc inutile de chercher à mettre le blâme sur un serpent mythique ou un ange déchu imaginaire afin d’échapper à notre responsabilité pour le péché. Le raisonnement subtil de la femme planta le germe du doute dans son cœur en questionnant les bonnes intentions de Dieu, suggérant que son commandement empiétait sur la liberté et les droits de l’homme. La réponse de la femme, lorsqu’elle ajouta au commandement ce que Dieu n’avait pas dit - «vous ne toucherez point» - indique que le germe du doute avait pris racine en elle. Son raisonnement rusé ajouta alors les germes de l’incrédulité et de l’orgueil en en déniant que la transgression du commandement produirai la mort. Il insinuait ainsi que le commandement provenait d’un but égoïste en Dieu pour retenir l’homme dans la servitude. Son esprit de raisonnement affirma qu’en mangeant du fruit de l’arbre, ils deviendraient comme Dieu. Ces expectations d’indépendance et de pouvoir portèrent la femme à considérer longuement le fruit de l’arbre, et plus elle le considérait plus il devenait désirable. Finalement son désir d’indépendance la maîtrisa et elle mangea de son fruit, et elle en donna à son mari qui en mangea lui-aussi.

 

4- LE MONDE SPIRITUEL DU PÉCHÉ:

Toute une gamme d’érudits et de savants bibliques, théologiens, exégètes, docteurs en divinité, philosophes, pasteurs et ministres, cherchent à tracer la source du péché à un monde spirituel peuplé d’anges et de démons. Selon eux, l’origine du péché proviendrai d’un monde angélique que Dieu aurait supposément créé avant la création de l’homme. Une rébellion parmi les anges aurait occasionnée que la chute de plusieurs de ces créatures célestes auraient été rejetées de la présence de Dieu. Le chef illustre de cette cohorte déchue aurait été un ange du nom de Lucifer. Or, Lucifer et ses complices auraient connus les plans de Dieu. Ils savaient qu’ils seraient ses intermédiaires entre Lui et l’homme. Ils étaient promis au rôle de messagers auprès de cette créature étrange, composée inséparable d’esprit et de chair, placée au sommet de l’univers sensible. Ils savaient tout cela, et on prétend soit qu’ils refusèrent cette mission, soit qu’ils décidèrent de diriger les hommes par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Alors ce fut la révolte et aussitôt la rupture. Lucifer, l’archange porteur de lumière, devint Satan, le prince des ténèbres. Le combat entre les troupes de l’archange Michael et celles de Lucifer, fit que ce dernier fut jeté et enfermé dans un abîme infini. De là, il se rendit dans le jardin d’Éden et soit pris la forme d’un serpent ou posséda celui-ci par son esprit infernal, dans le but de tenter la femme et occasionner la chute pour se venger contre Dieu, de s’élever au-dessus des étoiles et de renverser son trône.

 

Malgré que la Bible ne parle aucunement de la création d’un tel monde, ni d’une telle guerre cosmique entre les anges au début des temps, ces récits extravagants issus d’une théologie qu’on peut qualifier de science-fiction, n’ont pas manqués de stimuler l’imagination fertile d’une nature humaine déchue par ses radotages chimériques d’une chute des anges hypothétique. Comme l’homme déchu a créé Dieu à son image, il créa aussi le Diable à son image. Or, nul étudiant sérieux de l’Écriture ne peut manquer de voir que ces récits imaginaires sont composés de versets bibliques tirés hors de contexte dans le but de prouver un prétexte. Les passages généralement utilisés dans la composition de cette fiction biblique sont: Ésaïe 14:12-15; Ézc. 28:12-17; Apoc. 12:7-12. Sans entrer dans tous les détails, il suffit de remarquer que Ésaïe 14:12-15 se rapporte au roi de Babylone (Ésaïe 14:4) et non à un ange mythique. Le terme «Lucifer» qui se trouve uniquement dans la Bible King-James et dans la Bible Ostervald, signifie «celui qui brille de la lumière», terme qui se rapporte à la gloire des rois de Babylone qui, depuis la construction de la tour de Babel (Gen. 11:4; Ésaïe 14:13,14), cherchèrent «à monter aux cieux», c’est à dire «d’être semblable au Dieu Souverain». On prétend que ce texte, tout comme les autres, contient une signification figurative de la chute d’un ange qui devint Satan. Même l’étymologie des termes dans ces passages ne supporte point leurs prétentions. Un tel concept est complètement étrange au contexte du texte qui présente une description de faits historiques dans un style imagé. Introduire un tel récit imaginaire dans ces passages qui n’a aucun support littéralement ou figurativement est un viol de la Parole de Dieu. Peut-être faudrait-il voir Satan derrière les paroles de ceux qui voient un Satan imaginaire derrières les paroles de ces passages ?

 

En ce qui concerne Ézc. 28:12-17, la même chose s’applique. Ces passages se rapportent historiquement au «roi de Tyr» qui se disait Dieu (Ézc. 28:2,9). Le texte indique clairement que le personnage principal de cette prophétie est «un homme» et non un Dieu ni un ange. Le fait qu’il soit présenté comme étant «en Éden, le jardin de Dieu», et que le terme «chérubin» est utilisé, n’a pas manqué de stimuler l’imagination des mythomanes. Or, le prophète Ézéchiel parle ici dans un style imagé du roi de Tyr qui comparait sa gloire à celle d’Éden. Pour cette offense, la dynastie des rois de Tyr fut «réduite en cendre sur la terre (v. 18) à ne plus être à jamais» (v. 19). Ceci est encore plus évident en ce que l’élément principal de la chute en Éden n’est pas mentionné dans le texte, c’est à dire que la tentation de la femme par le serpent ne s’y trouve point. Cela le prophète Ézéchiel n’aurait pas manqué de le mentionner si le texte se rapportait à la chute d’un supposé ange ou chérubin qui serait trouvé en Éden. En plus, il est facile de voir que le même style imagé est utilisé par Ézéchiel dans Ézc. 31:8-18 pour décrire la chute du Pharaon d’Égypte (v. 2,18), et il est évident qu’il n’a jamais eu de Pharaon dans le jardin d’Éden. Pour les passages de Apoc. 12:7-12, encore une fois nous retrouvons une description imagée d’évènements historiques, mais celles-ci se produisirent lors du ministère du Seigneur Jésus et de ses apôtres, et non dans le futur comme prétend l’hérésie du Prémillénarisme et du Dispensationnalisme. Le fait que «le Dragons voulait dévorer l’enfant que la femme accouche» se rapporte historiquement au roi Hérode qui cherchait à faire mourir l’enfant Jésus (Matt. 2:13-16). Le combat entre «Michael et le Dragon» représente celui du Seigneur Jésus et de ses disciples contre les Pharisiens dont le pouvoir (la loi) fut «précipité en terre» (v. 9) par le sang précieux du sacrifice de Christ sur la croix (Matt. 12:14; Jean 18:3; Matt. 23:1-39; Luc 19:41-44; Col. 2:14,15; Héb. 2:4).

 

Comme nous avons vu, nous ne pouvons chercher l’origine du péché dans un monde spirituel hypothétique peuplé d’anges et de démons imaginaires. Or, comme il fut dit auparavant, la source du péché n’est pas externe à l’homme mais interne. Elle se trouve uniquement dans la rébellion volontaire de l’esprit de la chair qui est hostile à l’Esprit de Dieu (Rom. 8:7; Gal. 5:17). En d’autres mots, s’il y a un monde spirituel, il est un monde interne et non externe, un monde qui doit s’expliquer par des termes figuratifs dans un style imagé qui représente un enseignement spirituel. Ici nous entrons dans la science de l’étymologie ou la science de la racine des mots sans négliger le contexte historique des évènements mentionnés. Ainsi nous ne pouvons dire que les récits de la Genèse concernant la création de l’homme, du jardin d’Éden, de la tentation et de la chute, de l’histoire de Caïn et d’Abel, ne sont que des légendes ou des mythes, car ils sont des évènements historiques expliqués dans un style imagé. Dans cette optique, nous réalisons que le jardin d’Éden est un état d’être et non un jardin littéral avec des arbres fruitiers, un fleuve d’eau réel qui se divise en quatre branches, et un serpent qui a la faculté de raisonner et de s’exprimer verbalement. L’étymologie nous indique que le jardin d’Éden correspond à l’enclos ou l’enceinte de la grâce, c’est à dire à la limitation de la grâce de Dieu dans une Alliance des œuvres axée sur l’obéissance de ceux qui ont reçu le commandement «de ne pas manger de l’arbre de la science du bien et du mal». Les arbres, comme nous avons vu précédemment, correspondent aux garanties ou assurances que le commandement produira avec certitude les effets pour lesquels il fut désigné. Par analogie, nous trouvons que le fleuve en Éden correspond au fleuve de l’Esprit qui découle de la foi (Jean 7:38), et que le serpent correspond au raisonnement subtil de l’être humain qui cherche à s’élever comme Dieu en se voulant maître de son propre destin. Il est donc évident que l’Écriture a différentes profondeurs dont chacune d’elle mérite d’être regardée soigneusement afin que nous puissions, par la grâce de Dieu, être instruit dans tous les aspects de la vérité.

 

CHAPITRE 4

LA PUNITION DU PÉCHÉ

Quoique les hommes prennent le péché à la légère, particulièrement les gens de notre temps moderne où tout est permis, il en advient que le péché est une chose extrêmement sérieuse et grave et qu’il est regardé de Dieu sévèrement. Même si le péché a été prédestiné de Dieu d’une manière absolue, son caractère dangereux et ses ravages réels ont pour résultat une ruine éternelle des plus horribles. Le péché est non seulement une transgression de la loi de Dieu, mais une attaque personnelle contre le Souverain Détenteur de la loi elle-même. Il est une usurpation de la justice inviolable de Dieu, justice qui est la fondation même de son trône (Psm. 97:2), et un affront terrible à la pureté et à la sainteté de Dieu qu’il demande de nous dans notre manière de vivre (1 Pierre 1:16). A la lumière de ceci, il est tout à fait naturel que Dieu impose une punition au péché. L’Écriture nous indique la signification fondamentale de ceci dans ces paroles du Seigneur: «…car JE SUIS l’Éternel, ton Dieu, le Dieu Fort, qui est jaloux, punissant l’iniquité des pères sur les enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent» (Ex. 20 :5). La Bible témoigne abondamment du fait que Dieu punit le péché dans cette vie et dans celle à venir.

 

- LES PÉNALITÉS NATURELLES ET POSITIVES:

La distinction la plus commune qui s’applique à la punition pour le péché se trouve entre la pénalité naturelle et la pénalité positive. Il y a des punitions qui sont les résultats naturels du péché comme des conséquences nécessaires qu’aucun homme ne puisse échapper. L’homme n’est pas sauvé de ces conséquences par la repentance ou par le pardon. Dans certains cas elles peuvent être amoindries et même empêchées par des moyens que Dieu place à notre disposition, mais dans d’autres cas elles demeurent pour nous rappeler de nos transgressions passées. La personne paresseuse tombe dans la pauvreté, l’alcoolique et le drogué amène la ruine sur lui-même et sur sa famille, le pervers et le fornicateur attrapent des maladies répugnantes et incurables, et le criminel porte le fardeau de la honte et lorsqu’il quitte les murs de la prison il trouve cela très difficile de recommencer une nouvelle vie. La Bible parle de telles punition dans Job 4:8; Psm. 9:15; 94:23; Pro. 5:22; 23:21; 24:14; 31:3. Mais il y a aussi des punitions positives qui sont dans un sens plus ordinaires et légitimes. Elles présupposent non seulement les lois naturelles de la vie, mais aussi la loi positive avec des sanctions ajoutées par le grand Détenteur de la loi. Elles ne sont pas des pénalités qui proviennent naturellement du résultat de la transgression, mais des pénalités qui sont attachées à la transgression par la volonté divine. Elles sont superposées par la loi divine qui est d’une autorité absolue. C’est de ce genre de pénalités auxquelles la Bible se réfère, ce qui est particulièrement évident dans l’Ancien Testament.

 

Dieu donna à Israël un code de loi détaillé pour la régulation de la vie civile, morale et religieuse, et stipule clairement qu’une pénalité sera donnée pour chaque transgression (Ex. 20-23). Or quoique plusieurs de ces lois se rapportent uniquement dans leur forme à Israël, les principes fondamentaux qu’elles incorporent s’appliquent aussi dans la dispensation du Nouveau Testament. Dans la conception biblique de la punition du péché, nous devons considérer les résultats naturels et nécessaires d’une opposition volontaire à Dieu, et la pénalité qui est attachée et ajustée aux offenses par Dieu.

 

Plusieurs dénient l’existence d’une punition pour le péché, sauf dans des conséquences naturelles qui sont le résultat du péché. Pour eux la punition n’est pas l’exécution d’une sentence prononcée par un Être divin qui se rapporterai aux mérites de chaque cas, mais simplement l’opération d’une loi générale et universelle. Certains d’entre eux disent que l’ancienne théologie est la cause qui a établit la pénalité du péché qui consiste dans des souffrances infligées aux pécheurs par un procédé judiciaire qui se rapporte à une vie future. Mais selon la nouvelle théologie la pénalité du péché consiste dans des conséquences naturelles qui en découlent. Pour eux la pénalité du péché est le péché même, car un homme récolte ce qu’il sème. Ce concept n’est pas nouveau, l’idée fut présente dans l’esprit de Dante lorsqu’il composa son célèbre poème sur les tourments de l’enfer qui symbolisent les conséquences du péché. Il est grandement évident dans l’Écriture que ce point de vue est complètement anti-biblique. La Bible parle des pénalités qui ne sont en aucun sens des résultats naturels ou des conséquences de péchés commis (Ex. 32:33; Lév. 26:21; Nom. 15:31; 1 Chr. 10:13; Psm. 11:6; 75:8; Ésaïe 1:24,28; Matt. 3:10; 24:51). Tous ces passages parlent d’une punition du péché qui est un acte direct de Dieu. En plus, selon le point de vue des modernistes et des humanistes que nous avons regardés plus haut, il n’existerait en réalité aucune récompense ni aucune punition. Selon leur concept, il n’aurai aucune raison de considérer la souffrance comme une punition, car leur position dénie la culpabilité lorsque c’est la culpabilité qui fait de la souffrance une punition. Alors aussi, dans plusieurs cas ce n’est point le coupable qui reçoit la punition la plus sévère, mais les innocents comme les membres de la famille d’un alcoolique ou d’une débauchée. Finalement, selon leur point de vue, le ciel et l’enfer ne sont pas les lieux d’une récompense ou d’une punition à venir, mais des états d’esprit ou des conditions dans lesquels les hommes se trouvent présentement en ce monde.

 

- LA NATURE ET LE BUT DES PUNITIONS:

Le mot punition est dérivé du latin «POENA» et signifie «peine, pénalité, sanction, expiation, douleur, souffrances». Il implique ainsi la douleur et la souffrance infligées à cause des méfaits commis. Plus spécifiquement, il peut être défini comme étant la douleur ou la perte qui est infligé, directement ou indirectement, par le Détenteur de la loi pour la démonstration de sa justice qui fut outragée par le viol de la loi. Il trouve son origine dans la droiture ou la justice punitive de Dieu par laquelle Dieu se maintient comme celui qui est Saint, et qui demande la sainteté et la droiture de toutes ses créatures rationnelles. La punition est la peine naturelle et nécessaire qui revient au pécheur à cause de ses péchés. Elle est en fait une dette due à la justice essentielle de Dieu. Les punitions du péché sont de deux différentes catégories. Il y a une punition nécessaire qui accompagne le péché, car dans sa nature le péché cause une séparation entre Dieu et l’homme qui porte en soi la culpabilité et la pollution qui remplissent le cœur de crainte et de honte. Mais il y a aussi une catégorie de punition qui est superposée sur l’homme de l’extérieur par le Détenteur Suprême de la loi, telles que les calamités dans cette vie et la punition de l’enfer à venir.

 

Maintenant la question surgit en ce qui concerne l’objet et le but de la punition pour le péché. Sur ce point, il y a des différences d’opinions considérables. Nous ne devons pas regarder la punition seulement comme une vengeance et comme le désir d’infliger un tord à celui ou celle qui a fait le mal. Il importe donc de regarder les trois positions les plus importantes qui se rapportent au but de la punition.

 

1. REVENDIQUER LA DROITURE OU LA JUSTICE DE DIEU:

Selon Turretin, «s’il existe un tel attribut comme la justice qui appartient à Dieu, alors le péché doit avoir son due qui est la punition». La loi demande que le péché soit puni à cause de sa nature essentielle réprouvée et sans mérite, irrespectivement de toutes considérations. Ce principe s’applique dans l’administration de la loi humaine et divine. La justice réelle demande la punition du transgresseur. Derrière la loi se trouve Dieu, et ainsi il peut être dit que le but de la punition est revendiquer la droiture et la sainteté du Suprême Détenteur de la loi. La sainteté de Dieu réagit nécessairement contre le péché qu’il a Lui-même pré-ordonné d’une manière absolue, et cette réaction se manifeste dans la punition du péché pour manifester sa justice. Ce principe est fondamental à tous ces passages de l’Écriture qui parlent de Dieu comme étant un Juge juste qui rend à chaque homme selon ses mérites: «L’œuvre du Rocher est parfaite; car toutes ses voies sont la justice même. C’est un Dieu fidèle et sans iniquité; il est juste et droit» (Deut. 32:4). «…Loin de Dieu la méchanceté ! loin du Tout-Puissant l’injustice ! Il rend à l’homme selon ses œuvres, et il fait trouver à chacun selon sa conduite» (Job 34:10,11). «Oui, tu rendras à chacun selon son œuvre» (Psm. 62:13). «Je sais, Ô Éternel, que tes jugements ne sont que justice» (Psm. 119:75). «JE SUIS l’Éternel qui exerce la miséricorde, le droit et la justice sur la terre» (Jér. 9:24). «Et si vous invoquez comme Père celui qui, sans faire acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte durant le temps de votre habitation passagère ici-bas» (1 Pierre 1:17). La revendication de la droiture et de la sainteté de Dieu, ainsi que sa loi qui est l’expression même de son Être, est sûrement le but primaire pour la punition du péché. Mais il y a deux autres points de vues qui, faussement, mettent en premier plan quelque chose d’autre qui n’est point scripturaire.

 

2. LA RÉFORME DU PÉCHEUR:

Le concept de la réforme du pécheur signifie de le changer ou de le corriger par des moyens qui supprime ce qui est nuisible dans son caractère par rapport à la société en vue d’une amélioration. Ce concept rejoint l’idée qui est en vague de nos jours et qui affirme qu’il n’y a aucune justice punitive en Dieu qui demande la punition du pécheur. Cette position bonasse présente un Dieu qui n’a aucune colère face aux pécheurs, car il les aime et inflige sur eux seulement des difficultés dans le but de les réclamer de nouveau afin de les ramener à la maison de son Père. Les mouvements évangéliques modernes, que l’on peut qualifier de néo-catholicisme, sont imprégnés d’un venin mortel semblable, comme nous voyons dans leur affirmation que «Dieu haï le péché, mais il aime le pécheur», contrairement à ce que dit l’Écriture dans Psm. 5:4-6. Or, il est évident que l’ensemble de ce concept est anti-scripturaire voir même antichrétien; car non seulement il s’oppose catégoriquement à la Parole de Dieu, il abolit aussi la distinction entre la punition et le châtiment.

 

La punition est pour les réprouvés, le châtiment est pour les élus. La pénalité du péché ne provient point de l’amour et de la miséricorde du Détenteur de la loi, mais de sa justice. Si une réforme du pécheur suit l’administration de la punition, cela n’est pas du à la pénalité comme telle, mais à l’opération de la grâce de Dieu par laquelle il tourne ce qui est mal pour le pécheur en quelque chose de bénéfique. La distinction entre le châtiment et la punition doit toujours être maintenue. La Bible nous enseigne d’une façon que Dieu aime et châtie son peuple (Job 15:17; Psm. 6:1; 94:12; 118:18; Prv. 3:11; És. 26:16; Héb. 12:5-8; Apoc. 3:19); et d’une autre façon qu’il haït et punit les méchants (Psm. 5:5; 7:11; Neh. 1:2; Rom. 1:18; 2:5,6; 2 Thes. 1:6; Héb. 10:26,27). En plus, une punition doit être reconnue comme étant juste, c’est à dire qu’elle doit être selon la justice divine pour être en mesure de réformer le pécheur. En exemple, la condamnation à mort d’un homosexuel pour son péché contre nature selon la loi de Dieu, servirait de base réformiste envers les autres qui s’adonnent à cette perversion. Selon la fausse théorie que nous avons vue, un pécheur qui a été réformé ne pourrait plus être puni par la justice divine, ni celui qui se tiendrait au-delà de la possibilité d’une réforme. Le résultat de cette déviation est que la peine de mort devrait être abolie et les peines éternelles d’un enfer réel n’auraient aucune raison d’exister. La société connaîtrait alors aucun frein et les enculeurs s’en donnerait à cœur de joie, la débauche et le libertinage seraient choses normales, le criminel fleurirait, et le politicien dominerait en tyran exploitant et extorquant à sa guise tout le peuple. N'est-ce pas la situation dans laquelle se retrouvent toutes les nations présentement ?

 

3. DÉCOURAGER L’HOMME DE PÉCHÉ:

Une autre théorie courante de nos jours est que le pécheur doit être puni pour protéger la société, et cela pour décourager les autres de faire les mêmes offenses. Dans cette optique, l’humanisme a changé le mot pécheur pour celui de «criminel» dans le but de donner l’illusion que tous ne sont pas des criminels. Mais tous sont des criminels sans exceptions, et les pires se trouvent généralement parmi les élites de la société, particulièrement parmi ceux qui sont chargés d’administré la loi et parmi les dirigeants de nos gouvernements. Il n’y a aucun doute que cette théorie fut conçue pour protéger la famille, l’État, et le gouvernement moral du monde, mais ceci est le résultat incidentaire que Dieu produit gracieusement pour l’infliction de la pénalité. Il n’y a absolument aucune justice à punir un individuel pour le bien de la société. En plus, nous savons que de nos jours la justice humaine est entièrement immorale et qu’elle est utilisée non pour protéger la famille et la société, mais pour protéger la rapace qui dirige nos gouvernements crapuleux. La vraie justice demande non l’emprisonnement, mais l’éradication totale de ces ordures. Mais soyons assuré que le Suprême Détenteur de la loi fera un grand nettoyage bientôt et qu’il brûlera ces détritus dans un feu qui ne s’éteint point, et les justes s’en réjouiront éternellement et lui rendront gloire.

 

Le pécheur est toujours puni pour ses péchés, que cela soit incidentellement pour le bien de la société ou pour la condamnation éternelle. Ainsi il peut être dit qu’aucune punition ne peut décourager le pécheur si elle n’est pas juste et véritable selon la loi de Dieu et non selon la loi de l’homme. La punition produit un effet positif seulement lorsqu’il est évident que la personne qui en est infligée mérite réellement la peine. Si cette théorie de décourager le pécheur serait vraie, un criminel pourrait être libéré immédiatement si ce ne saurait que la punition décourage les autres. En plus, cela voudrait dire qu’une personne pourrait commettre un crime s’il ne craint point la pénalité ou s’il est volontaire d’y faire face. Selon ce point de vue, la punition n’est point basée sur le passé mais elle est entièrement basée sur un effet à venir. Ceci signifie que le pécheur ne serait pas responsable immédiatement de ses actes. Lorsque le criminel n’est pas attrapé ni condamné, il ne porte aucunement la honte de ses actions, mais plutôt une fierté d’avoir échappé à une justice qu’il déteste. Sur cette supposition, il est donc impossible que la punition puisse causer la repentance dans un pécheur et qu’il confesse d’un cœur contrit ses péchés du passé, comme nous voyons dans ces passages: Gen. 42:21; Nom. 21:7; 1 Sam. 15:24,25; 2 Sam. 12:13; 24:10; Ezr. 9:6,10,13; Néh. 9:33-35; Job 7:21; Psm. 51:1-4; Jér. 3:25. Ces exemples scripturaires peuvent facilement être multipliés. En opposition aux deux théories que nous venons de regarder, il doit être maintenue que la punition pour le péché est entièrement rétrospective dans son but primaire, quoique l’infliction de la pénalité puisse avoir des conséquences bénéfiques sur l’individuel et la société.

 

CHAPITRE 5

La pénalité que Dieu infligea sur l’homme dans le paradis était la peine de mort (Gen. 2:17). La mort qui est signifiée ici n’est pas la mort du corps, mais la mort de l’homme entier, c’est à dire la mort dans le sens de l’Écriture. La Bible ne fait aucune distinction entre une mort physique, spirituelle, et éternelle comme nous le faisons. Elle présente un point de vue synthétique de la mort, c’est à dire qu’elle considère tous ses aspects dans un ensemble, et la regarde comme étant en réalité la séparation d’avec Dieu. La pénalité fut ainsi exécutée immédiatement le jour que l’homme chuta dans le péché, quoique sa pleine exécution fut temporairement empêchée par la grâce de Dieu. Dans une façon qui est non-scripturaire, plusieurs ont introduits dans la Bible leur distinction erronée de la mort en déclarant que la mort physique ne doit pas être regardé comme étant la peine du péché, mais le résultat naturel de la constitution physique de l’homme. Mais la Bible ne connaît aucune exception de la sorte. Elle nous présente avec la menace de la pénalité qui est la mort dans le sens le plus compréhensif du mot, et elle nous informe que la mort entra dans le monde avec le péché (Rom. 5:12), et que le salaire du péché est la mort (Rom. 6:23). Certainement que la pénalité du péché inclut la mort physique, mais elle inclut beaucoup plus que cela. En faisant les distinctions que nous sommes accoutumés de faire, elle inclut la mort spirituelle, les souffrances de la vie présente, la mort physique, et la mort éternelle accompagnée des souffrances sans fin dans l’enfer.

 

- LA MORT SPIRITUELLE:

Il y a une vérité profonde dans les paroles d’Augustin que le péché est aussi la punition du péché. Cela signifie que l’état du péché et la condition dans laquelle l’homme est né par nature forment la pénalité du péché. Le péché sépare l’homme de Dieu, et cela est la mort, car seulement dans la communion avec le Dieu vivant que l’homme peut réellement vivre. Dans l’état de la mort, qui est le résultat de l’entrée du péché dans le monde, nous portons le fardeau de la culpabilité du péché, une culpabilité qui peut être enlevée seulement par l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ. Nous sommes donc sous l’obligation de porter les souffrances qui proviennent de notre transgression de la loi. L’homme naturel porte ainsi le sens d’être prédisposé à la punition où qu’il soit. La conscience nous rappelle constamment de cette culpabilité, et la crainte de la punition remplie souvent notre cœur. Ceci est la condition normale d’une personne qui n’a pas le cœur endurci par le péché, ce qui est souvent le cas de nos jours. La mort spirituelle signifie non seulement la culpabilité, mais aussi la pollution de l’être qui fait de la nature humaine une nature totalement dépravée. Le péché influence en tout temps le cours de la vie, et ceci est une partie de notre mort. Nous sommes par nature non seulement injuste aux yeux de Dieu, mais aussi méprisable au plus haut degré, et cette aversion se manifeste dans nos pensées, nos paroles, et nos actions. Le péché est toujours actif en nous empoisonnant et polluant le cours de la vie. En fait, si ce ne serait de la grâce de Dieu qui restreint son influence, la vie en société serait complètement impossible.

 

- LES SOUFFRANCES DE LA VIE:

Comme résultat de l’entrée du péché dans le monde, les souffrances de la vie sont incluses dans la pénalité du péché. Le péché amena avec lui la perturbation de la vie entière de l’homme. Sa vie physique devint la proie à la faiblesse et aux maladies qui produisent des tourments qui souvent sont angoissants et douloureux. Sa vie physique ou mentale devient sujette aux détresses qui le dérobent de la joie de vivre, l’empêchant même d’accomplir son travail journalier ou de faire la moindre chose, et qui parfois détruisent au complet son équilibre mental. Son âme devient ainsi un champ de bataille où les pensées, les passions, et les désirs sont dans un conflit constant. La volonté refuse de suivre le jugement de l’intellect, et les passions sont rampantes et hors de contrôle. L’harmonie de la vie est détruite, laissant place à la malédiction d’une vie fragmentée qui n’a plus aucun sens. L’homme est dans un état de dissolution qui porte avec elle des souffrances aiguës. Comme si cela n’était assez, mais à cause de l’homme, la création entière est soumise à la vanité et à l’esclavage de la corruption (Rom. 8:18-22). Des forces destructives sont relâchées dans des tremblements de terre, des cyclones, des tornades, des ouragans, des éruptions volcaniques, et dans des déluges ou inondations qui amènent des misères incalculables sur l’humanité. Et que pouvons-nous dire des guerres, des révolutions, des attaques terroristes qui ont tués et qui tuent encore des millions de personnes. La corruption politique, les complots de nos gouvernements, les extorsions de nos politiciens et des multinationales, le conditionnement des peuples, sont tous l’évidence de la dissolution produite par le péché. Le vol, le meurtre, les avortements, le suicide, sont choses courantes dans notre société corrompue. Or plusieurs, particulièrement dans nos jours, refusent de voir la main de Dieu dans ces choses, et ne les regardent point comme des pénalités pour le péché. Mais c’est exactement cela qu’elles sont dans un sens général. Nous devons toujours nous rappeler qu’il qu’il existe une responsabilité collective pour le péché, et qu’il y a des raisons suffisantes pourquoi Dieu visite nos villes et nos nations avec de telles calamités. En fait, il est étonnant qu’il ne les visite pas plus souvent dans sa colère. Mais nous savons que le jour de vengeance approche où tous seront jugés.

 

- LA MORT PHYSIQUE:

La séparation du corps et de l’âme fait aussi partie de la pénalité du péché. Ceci est évident dans les paroles du Seigneur: «…tu es poussière, et tu retourneras aussi poussière» (Gen. 3:19). Nous retrouvons le même principe dans l’argument de l’apôtre Paul dans Rom. 5:12-21; 1 Cor. 15:12-23. La position du christianisme biblique a toujours été que la mort, dans le plein sens du mot, incluant la mort physique, est non seulement la conséquence mais la pénalité propre du péché. De nos jours plusieurs ont la fausse notion que le premier homme, Adam, fut créé mortel et qu’il ait péché ou non, il aurait mourus non à cause du salaire du péché, mais à cause de la nécessité de la nature. D’autres qui ont repris cette erreur font du péché un moment nécessaire dans le développement moral et spirituel de l’homme. Leur point de vue est supporté par la science naturelle qui regarde la mort physique comme étant un phénomène naturel de l’organisme humain. C’est à dire que la constitution physique de l’homme est telle qu’il est nécessaire à l’homme de mourir. Mais ce point de vue ne prend pas compte du fait que l’organisme physique de l’homme se renouvelle à tous les sept ans, et que très peu de gens meurent de vieillesse ou d’épuisement total. Le plus grand nombre meurent plutôt de maladies ou d’accidents. Il est contraire aussi au fait que l’homme lui-même ressent que la mort n’est pas quelque chose de naturel, mais la craint comme une séparation non-naturelle de toute l’ensemble de son existence.

 

- LA MORT ÉTERNELLE ET LES SOUFFRANCES DE L’ENFER:

La mort éternelle doit être regardé comme étant le point culminant de la mort spirituelle. Les restrictions du présent sont enlevées, et la corruption du péché accomplit son œuvre parfaite. Le plein poids de la colère de Dieu tombe sur les condamnés. Leur séparation d’avec Dieu, la source de la vie et de la joie, est complète; et cela signifie la mort dans le sens le plus terrible du mot. Leur condition externe correspond finalement à l’état interne de leur âme dépravée. Ils subissent éternellement des angoisses de conscience et des douleurs physiques (Apoc. 14:11). Plusieurs, particulièrement parmi les humanistes, rejettent complètement l’idée des souffrances éternelles. Leur point de vue est que Dieu n’est point un bourreau qui s’amuse à torturer les pécheurs éternellement dans des souffrances atroces et répugnantes. Dieu n’a pas un caractère monstrueux de la sorte, disent-ils. Ces gens préfèrent donner une interprétation symbolique aux passages de la Bible qui parlent des souffrances éternelles dans le feu d’un enfer, qui pour eux n’existe point. Comme des adeptes du nihilisme, ils enseignent l’extinction du pécheur ou la non-existence. L’annihilation ou la destruction totale du pécheur semble plus juste et plus acceptable à ceux qui veulent absolument éviter les conséquences de leurs péchés. Néanmoins ils subiront les peines éternelles d’un enfer réel même s’ils rejettent cette vérité absolue qui est enseignée clairement dans les Écritures.

 

Le problème est que plusieurs ont de la difficulté avec la définition de la mort. Ils voient en la mort la non-existence, la cessation complète et définitive de la vie comme ils l’entendent en ce monde, ou la perte totale des fonctions vitales qui maintiennent notre existence physique. L’argument est que si seulement ceux qui sont sauvés ont la vie éternelle, il en advient que le contraire est vrai et que les injustes ou les réprouvés n’ont pas la vie et qu’ils n’existent simplement plus dans l’éternité. Mais cette position est issue d’une fausse logique et d’une rébellion contre la Parole de Dieu. La mort n’est point la non-existence, mais le passage d’une existence à une autre, et cela s’applique autant aux élus qu’aux réprouvés. L’Écriture enseigne clairement qu’il y a une existence éternelle dans la joie et une existence éternelle dans la souffrance, une est appelée «la vie éternelle» et l’autre est appelée «l’infamie éternelle» (Dan. 12:2; Jean 5:29). Que la condamnation de Dieu est une condamnation éternelle dans des peines sans fin est affirmé par le Seigneur Jésus lui-même: «Et ceux-ci s’en iront aux peines éternelles; mais les justes iront jouir de la vie éternelle» (Matt. 25:46). En plus, ce qui est d’une importance capitale, est que le Seigneur Jésus a payé à notre place sur la croix la condamnation éternelle qui nous était réservé à cause de nos péchés. Donc dire qu’il n’y a pas de condamnation dans des souffrances éternelles pour le péché est une attaque directe au sacrifice de la croix.

 

«Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; mais celui qui n’est pas soumis au Fils ne verras point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean 3:36).

 

A Christ seul soit la Gloire