LA PUISSANCE DE LA CROIX

DE JÉSUS-CHRIST

par Jean leDuc

 

 

TABLE DES MATIÈRES

 

CHAPITRE 1

LA PRÉDICATION DE LA CROIX

 

CHAPITRE 2

LE SACRIFICE EXPIATOIRE DE JÉSUS-CHRIST

 

CHAPITRE 3

RACHETÉ PAR LE SANG VERSÉ SUR LA CROIX

 

CHAPITRE 4

LE RACHAT LIMITÉ OU RÉDEMPTION PARTICULIÈRE

La Nature Limitée du Rachat:

L’importance de Garder cette Vérité:

 

CHAPITRE 5

LA CROIX ET LA RÉGÉNÉRATION

 


 

CHAPITRE 1

LA PRÉDICATION DE LA CROIX

Aucun, étant racheté par le sacrifice de Jésus, ne saurait prononcer ces mots solennels «la croix de Christ», sans que tout son cœur se porte de ce côté. Aussi voyons-nous l'apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens s'arrêter quelques moments sur cet important sujet. La parole de la croix, dit Paul, la prédication qui, du haut de ce bois infâme et béni, nous est faite, et sur notre profonde misère, et sur le renoncement incompréhensible de Dieu, cette parole de la croix, parole de malédiction contre le péché et parole de grâce en faveur des élus seuls, semble une folie incroyable, non pas à tout le monde, mais à ceux qui se perdent: car, pour ceux qui sont sauvé, c'est la puissance de Dieu, puissance qu'il a déployé envers ceux qu'il a prédestiné au salut avant la fondation du monde. Qui le savait mieux que Paul? Par la croix, il était passé de la mort à la vie. D'orgueilleux, devenu humble, et de persécuteur, persécuté, il avait trouvé la paix et la sainteté dans la croix de Jésus. Il avait aussi compris, par expérience, la prophétie que le Saint-Esprit met ici sous sa plume: «...la sagesse de ses sages périra, et l'intelligence de ses intelligents disparaîtra.» (Ésaïe 29:14). Lui même fut une fois un de ces sages et de ces intelligents, un de ces scribes et de ces disputeurs du siècle, dont Dieu avait brisé la vaine sagesse par la parole de la croix; car, par elle Dieu rend folle la sagesse de ce monde; c'est-à-dire que la sagesse de l'homme, toute sa philosophie n'est qu'aberration d'esprit, en comparaison de ce que le monde appelle folie dans l'Évangile et qui est la vraie sagesse. Bien plus, c'est par un effet de la sagesse adorable de Dieu que, les sages du monde, n'ayant pas connu Dieu par leur sagesse, il a voulu sauver les croyants au moyen de la prédication de la croix, toute folle et absurde qu'elle paraît à la vaine raison de l'homme.

 

Folie pour tout le monde, la parole de la croix l'était surtout pour les Grecs. Le Seigneur du ciel et de la terre, mort dans le plus infâme supplice! Quant aux Juifs, ce qu'ils voulaient alors, comme du passé et sans que cela pût les convertir, c'étaient des miracles. Mais nous dit Paul, sans nous inquiéter des exigences, ni des uns, ni des autres, nous prêchons Jésus-Christ crucifié, le laissant être pour les uns une folie, pour les autres un scandale ou une occasion de chute, mais sachant que, pour ceux qui sont appelés d'un appel intérieure et efficace par le Saint-Esprit, il est la puissance et la sagesse de Dieu, le moyen par lequel Dieu triomphe des résistances du monde et s'empare des âmes qu'il a élues. Pour preuve, voyez, dit-il aux Corinthiens, voyez quel a été parmi vous l'effet de l'appel divin. Bien des personnes avaient été converties; entre elles, quelques sages, quelques puissants, quelques nobles, mais ce n'était pas, il s'en fallait, le plus grand nombre. Au contraire, des gens que le monde appelait fous, des petits et des faibles, de ces hommes qui ne comptent pas et qu'on dédaigne; voilà de quoi se composait essentiellement le Christianisme, voilà par qui cependant Dieu agissait avec puissance, voilà ceux qui allaient exercer une influence irrésistible sur les peuples. Et d'où vient que Dieu choisit les choses faibles pour confondre les fortes, et non pas les fortes pour confondre les faibles? C'est afin que les forts et les sages soient convaincus d'impuissance dans les choses de Dieu, et qu'aucune chair n'ait à se glorifier devant lui. Le grand péché de l'homme, c'est d'avoir voulu s'élever, se déclarer indépendant et se faire maître de son destin: la grande sagesse de Dieu est de nous abaisser, et de nous abaisser si bien, que, lorsqu'il lui plaira de nous relever, il n'y ait, dans ce relèvement même, rien qui puisse nous enorgueillir. C'est pour cela qu'il ne permet pas que nous trouvions ailleurs qu'en la croix de Jésus-Christ, sagesse, justice, sanctification et rachat. Il est vrai que, si nous croyons, toutes ces grâces nous sont acquises; mais remarquez d'abord que si nous croyons ou, comme le dit l'apôtre, si nous sommes en Christ, c'est par lui et par sa grâce; remarquez ensuite que si Jésus-Christ est notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rachat, c'est encore de Dieu que cela vient et non pas de nous. D'où il résulte qu'il n'y a rien dans l'œuvre de notre salut dont nous puissions nous attribuer la gloire, et que «celui qui se glorifie, doit se glorifier dans le Seigneur». Toute gloire ne nous est donc pas interdite, mais il n'y a pour nous de gloire possible que celle qui résulte de notre union avec notre glorieux Rédempteur.

 

Ce ne fut donc pas en cherchant sa force dans les ressources de l'éloquence et de la philosophie, que Paul se présenta jadis à Corinthe; mais en rendant simplement témoignage, de la part de Dieu, aux souffrances et à la mort expiatoire de Jésus. La croix de Christ, cette folie et ce scandale, voilà ce qui fut le point de départ, la base de toutes ses prédications. Et même, à ne voir que l'homme, il s'était acquitté de sa charge au milieu des circonstances les plus défavorables; car, jusqu'à l'arrivée de Timothée à Corinthe, Paul n'avait éprouvé que faiblesse et qu'appréhension, soit par suite de ses infirmités, soit par l'émotion que lui causaient le mouvement et la dépravation de cette ville populeuse. Mais s'il s'était vu privé de toute force humaine, sa prédication n'en avait pas moins été accompagnée de la puissance du Saint-Esprit; et, de cette manière, ceux qui s'étaient convertis, avaient une certitude d'autant plus grande que leur foi provenait d'une sainte origine. Les conversions qui s'opèrent par la simple exposition du mystère de Christ, sont de vraies conversions; tandis que les effets produits par des prédications subtiles, lorsque la vérité y est présentée avec tout le talent de l'orateur ou le savoir du philosophe, peuvent laisser des doutes sur leur durée et leur réalité, comme nous le voyons trop souvent dans la prédication de pasteurs pédants dans les différentes églises ou dénominations qui produisent des fausses conversions. Le Christianisme contrefait des sectes dites Évangéliques est l'endroit le plus reconnu où nous retrouvons des pratiques de manipulations textuelles et psychologiques qui produisent des faux chrétiens avec la prédication d'un faux évangile, un évangile qui dépend des efforts de l'individuel et non plus de la Souveraineté de Dieu.

 

Le mystère du Christ est pourtant aussi une sagesse ou une philosophie; mais la philosophie «des parfaits», nouvelle manière de désigner les disciples du Sauveur, soit à cause de la perfection à laquelle ils sont appelés, soit parce que leur foi est l'œuvre de Dieu et que «l'œuvre de Dieu est parfaite» (Deutéronome 32:4). C'est une philosophie divine, longtemps cachée en Dieu (c'est le sens du mot mystère), philosophie révélée pour la gloire de ses élus. Aucune des célébrités de ce monde ne l'a connue, et nul homme ne peut y parvenir par les efforts de la raison ou de son choix personnel; mais le Saint-Esprit l'enseigne à ceux pour qui Dieu l'a préparée. Le Saint-Esprit scrute les profondeurs divines, comme nous connaissons nos propres pensées, et mieux encore; et nul ne connaît Dieu que Dieu lui-même, ou, ce qui est tout un, l'Esprit de Dieu. Or, voici ce qui fait la gloire des fidèles; c'est qu'ils ont reçu l'Esprit qui vient de Dieu, esprit tout autre que celui du monde. Par lui, ils connaissent les choses qu'il a plût à la grâce de Dieu de leur révéler, et s'ils en parlent, ils le font avec la sagesse qu'enseigne l'Esprit, non avec celle du monde. Encore faut-il, pour qu'un homme s'approprie leurs enseignements, qu'il soit lui-même sous l'action de l'Esprit, car personne ne peut en recevoir la révélation à moins qu'il ne soit attiré par l'Esprit.

 

Il est en effet deux classes d'hommes qu'il ne faut pas confondre: l'homme naturel, l'homme ayant l'âme, l'homme doué d'intelligence et de sensibilité, mais n'ayant que cela; en un mot, l'homme tel que nous sommes tous avant la conversion; puis il y a l'homme spirituel, celui qui a reçu dans son âme le Saint-Esprit de la Présence de Christ. Le premier ne saurait accepter les choses de l'Esprit de Dieu: elles lui paraissent une folie, parce que c'est spirituellement, ou par l'Esprit, qu'on les discerne; en sorte que, même pour comprendre la doctrine du salut, il faut être né de nouveau (régénéré d'en haut dès l'origine), comme Jésus le disait à Nicodème. Il n'y a non plus que l'homme spirituel qui possède la clef du cœur humain, tandis qu'il demeure, lui-même, tout à fait incompris. Le monde ne voit dans les chrétiens que des insensés, par la raison qu'il ne voit dans la croix du Christ qu'une absurde folie. En somme donc, la différence entre ces deux classes d'individus provient de ce que les uns connaissent, comprennent, aiment, possèdent la pensée de Jésus-Christ, voir sa Présence même, et l'assurance absolue de leur salut selon le bon plaisir du Dieu Souverain et Tout-Puissant, tandis que les autres y demeurent étrangers. Dans cette dernière classe il y a aussi une catégorie de gens formant un christianisme contrefait, composée de ceux qui s'imaginent être né de nouveau par l'exercice de leur libre-choix dans une décision personnelles pour Christ, et dont l'assurance du salut serait conditionnel à leurs efforts et serait maintenue par leur persévérance et leur obéissance. A laquelle de ces deux classes appartenez-vous, vous qui lisez ces lignes, celle qui se base sur la puissance souveraine de Dieu dans la grâce du salut et de la sanctification, ou celle qui se base sur l'exercice du libre-choix dans des efforts personnels de persévérance et d'obéissance ? Votre réponse déterminera si vous êtes des vrais chrétiens ou si vous êtes des imposteurs !

 

CHAPITRE 2

LE SACRIFICE EXPIATOIRE DE JÉSUS-CHRIST

Jésus-Christ mourant sur la croix est, sans doute, comme ses apôtres le furent aussi, un martyr et un témoin de la vérité, qu'il soutient jusqu'en face de la mort, mais il est surtout une victime de propitiation, offerte pour nous à la justice divine (Rom. 3:24). Pour les gens qui ont de la difficulté à comprendre le sens des mots, mentionnons que le mot «propitiation» signifie «rendre propice, favorable, bénéfique, bien disposé», et que ce terme se rapporte à un acte sacrificiel offert à Dieu pour le rendre favorable, en vue d'obtenir l'expiation, le pardon des péchés. L'Ancien-Testament l'annonce comme tel. Ésaïe surtout promet un serviteur de l'Eternel qui sera navré pour nos forfaits, froissé pour nos iniquités, et dont les meurtrissures seront notre guérison (Ésaïe 53:5). Spécifions qu'il s'agit ici de la guérison de l'âme et non de guérison du corps. Ces souffrances opposées à notre guérison sont à la fois la satisfaction et l'échange de peine signifiés par les sacrifices sous la Loi. Voilà le grand sacrifice qui devait mettre fin aux autres. Le Christ sera retranché mais non pas pour soi, et il mettra fin au sacrifice (Dan. 9:24,25,27). Il est étonnant que les Juifs aient si peu compris des prophéties si claires; mais, par orgueil, ils avaient donné leur attention aux prophéties qui annoncent le Messie glorieux, plus qu'à celles qui le montrent abaissé et souffrant. Plusieurs d'entre eux même, ne pouvant se représenter ce mélange de gloire et de douleurs dans le même être, avaient imaginé qu'il y aurait deux Messies, l'un élevé et l'autre abaissé. Quand Jésus parla de ses souffrances, les apôtres imbus des préjugés des Juifs, lui dirent: Cela ne t'arrivera point (Matth. 16:22); et la doctrine de Christ crucifié fut un scandale pour les Juifs (1 Cor. 1:25). Ils étaient accoutumés aux sacrifices, mais ils n'avaient pas voulu se représenter le sacrifice expiatoire comme accompli dans la personne même du Messie. Mais si les Juifs ont si peu compris des prophéties, surtout celle de Daniel (9:24-27), ils ne sont pas les seuls, car la majorité des sectes dites Évangéliques disent que celui qui «fera cesser le sacrifice et l'offrande» dans la dernière semaine de la prophétie (v.27), est l'Antichrist, lorsque le contexte de toute la prophétie est clair pour indiquer qu'il s'agit de Christ lui-même. Ce passage important se rapporte à la Nouvelle Alliance dans le sang de Christ qui marqua la fin de l'Ancienne Alliance, ce qui signifie que les Évangéliques, par leur fausse interprétation de ce passage, attribuent la Nouvelle Alliance du sang de Christ à Satan.

 

Jésus lui-même parle clairement de son sacrifice expiatoire, mais avec moins de détails que les apôtres, parce que sa mort n'est pas encore arrivée. Le Fils de l'homme, dit-il, n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs (Matth. 20:28). Cette rançon est ce qu'on paie pour racheter quelqu'un de l'esclavage ou de la mort qu'on a méritée (Es. 45:15. — Ex. 21:30). La vie que Jésus a donnée rachète donc et de l'esclavage du péché et de la mort suite du péché. Ceci est mon sang, dit Jésus-Christ, lors de la Cène, le sang de la nouvelle alliance répandu pour plusieurs en rémission des péchés (Matth. 26:28). Cette rémission sera l'effet de l'effusion de son sang. Jésus est le bon berger qui donne sa vie pour ses brebis (Jean 10:11). Il se compare au serpent élevé dans le désert par Moïse; comme lui, il faut que le Fils de l'homme soit élevé ou mis à mort sur un bois (Jean 5:14.—Nomb. 21:9). Ce serpent, emblème de Satan, l'ennemi du salut, signifie aussi le péché attaché avec Jésus sur la croix, quand Christ a été fait péché pour nous et a porté notre peine. Il est très significatif que Jésus mentionne le serpent élevé par Moïse dans le contexte de sa mort sur la croix. Le mot pour «serpent» dans Nombres 21:9 est «NACHASH» en Hébreu, et c'est le même mot que nous trouvons dans Genèse 3:1 pour le serpent qui tenta Ève dans le Jardin d'Éden et qui est nommé Satan et le Diable. Ce mot signifie «enchanter, observer, apprendre par expérience» et son sens littéral porte les notions de «brillant, ardent, illustre, intelligent ou intelligence, la raison, l'intellect, l'esprit». À la lumière de tous ces faits, nous ne pouvons arriver à aucune autre conclusion que «le serpent d'airain» construit par Moïse est un symbole, une représentation d'une réalité qui a échappée à tous les théologiens et exégètes à travers les âges, représentation de l'esprit de la chair qui est en tout homme, la puissance de la nature humaine déchue qui est en contrariété avec Dieu. En d'autres mots, la mission de Christ était de détruire la nature humaine déchue sur la croix, de réduire à néant le Satan que nous sommes, d'annihiler sa puissance en sacrifiant sa propre nature humaine, et cela il put le faire à cause que sa nature humaine à lui était pur et sans taches, il n'avait aucun péché en lui, mais il prit sur lui-même tous nos péchés afin de les expier, payant pleinement à notre place le châtiment éternel qui nous était réservé pour chacun d'eux. L'épître aux Hébreux nous dit exactement cela: «Puis donc que ces enfants participent à la chair et au sang, il y a aussi de même participé, afin que par la mort il détruisit celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire, le diable (la contrariété humaine); Et en délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude.» (Héb. 2:14,15). L'apôtre Jean nous dit la même chose dans l'Apocalypse: «Et le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, qui séduit tout le monde, fut précipité en terre, et ses anges (messagers) furent précipités avec lui. Alors j'entendis dans le ciel une grande voix, qui disait: C'est maintenant qu'est venu le salut et la force, et le règne de notre Dieu, et la puissance de son Christ; car l'accusateur de nos frères, qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu, a été précipité. Ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau, et par la parole à laquelle ils rendaient témoignage, et ils n'ont point aimé leur vie, mais ils l'ont exposée à la mort.» (Apoc. 12:9-11)

 

Ce qui veut dire qu'en regardant à la croix C'EST NOUS QUE NOUS Y VOYONS CRUCIFIÉ, ce que la Bible appelle «notre vieil homme», notre nature humaine corrompue et rebelle qui recherche constamment son indépendance pour se faire maître de son destin et valoriser ses efforts. Par la foi nous sommes morts en Christ, et c'est cela que l'apôtre Paul signifie en nous disant: «Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi; et si je vis encore dans ce corps mortel, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé, et qui s'est donné soi-même pour moi.» (Gal. 2:20). Comment pourrions-nous agir pour le péché lorsque nos mains sont clouées sur la croix, comment pourrions-nous marcher vers le péché lorsque nos pieds sont cloués sur la croix, et comment pourrions-nous penser à pécher lorsque nous portons une couronne d'épines enfoncée dans notre tête? Nous ne sommes donc plus redevable à la chair, sa puissance a été détruite, la puissance du péché est rendu inactive, jamais nous n'en porterons plus la condamnation, nous sommes libéré de sa culpabilité et de son jugement. Si parfois nous péchons encore dans la chair, nous avons qu'à regarder à la croix pour obtenir la réalisation que sa puissance à été détruite et qu'il n'y a plus aucune condamnation pour nous qui marchons dans l'Esprit de cette révélation. Il est évident que le péché est encore actif dans notre vie, car nous sommes encore dans des corps mortels et soumis à la corruption, mais en retournant constamment nos regards vers la croix, le péché perd son efficacité et son attraction, et nous sommes changés, transformés dans notre entendement par l'Esprit de la Présence de Christ en nous. À force que nous avançons dans notre vie chrétienne, le péché perd son attrait pour nous, nous y perdons goût, et nous pouvons nous consacrer davantage aux choses de Dieu pour la gloire de son nom et de son Royaume.

 

Lorsque sa mort approche, Jésus en parle plus fréquemment et la représente comme nécessaire pour accomplir les desseins de la miséricorde divine. L'heure de cette mort est le point important de son ministère. C'est pour cette heure même que je suis venu (Jean 12:27). Aussi, quand il eut été élevé sur la croix, il dit en souffrant pour nous: Tout est accompli (19:50). Les apôtres, et surtout Paul, parlent du sacrifice de Jésus-Christ avec de tels détails, qu'on voit qu'ils en font le fondement de l'Évangile, c'est à dire de la proclamation du message de la grâce. Nous prêchons Jésus-Christ crucifié, disent-ils (1 Cor. 1:25); et ils ne veulent savoir autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié (2:2). Qu'on ne croie pas que les apôtres parlent ainsi pour s'accommoder aux idées favorites des Juifs, et leur faire adopter plus facilement la religion chrétienne, en mettant dans cette religion un sacrifice pour les contenter, et en remplacement ceux de la Loi. Si les apôtres avaient voulu s'accommoder aux préjugés des Juifs, ils n'auraient pas choisi dans ce but la doctrine qui leur répugnait le plus, et qui faisait pour eux de l'Évangile un scandale (1 Cor. 1:25). Non, ils n'ont point prêché Christ crucifié pour complaire aux Juifs, en faisant semblant d'entrer dans leurs vues; ils l'ont prêché malgré la répugnance des Juifs et des Païens, et parce que ce sacrifice est le fondement du salut. Si on l'établit, l'Église ou convocation à renaître subsiste; si on l'ôte, l'Église tombe, l'appel est lancée dans le vide et la renaissance d'en haut n'a plus aucune valeur. Or, les apôtres établissent avec beaucoup de détails, que ce sacrifice est un vrai échange de peine; de plus, que cette peine, mise à la place de la nôtre, satisfait la justice de Dieu; enfin, que l'effet en est de nous racheter ou de nous exempter de la peine, si nous entrons dans les vues de Dieu:

 

a) La peine qui tombe sur Jésus-Christ est acceptée à la place de la nôtre. Le Christ a été retranché, mais non pas pour lui (Dan. 9:26). Non seulement il est dit que Jésus est mort pour nous ou en notre faveur, mais qu'il est mort pour nos offenses (Rom. 4:25), pour nos péchés selon les Écritures (1 Cor. 15:5). Il faut bien qu'il y ait un échange de peine, car les apôtres s'attachent à représenter toujours Jésus comme parfaitement innocent; comme tel, il n'a pas porté la peine pour lui; s'il a fallu qu'il souffrît, c'était pour nous pécheurs, à notre place. En faisant souvent mention de l'innocence de Jésus-Christ à propos de sa mort sur la croix, les apôtres paraissent s'inquiéter fort peu qu'on leur fasse cette objection: pourquoi un innocent est-il puni pour des coupables? Plus donc ils en font mention, plus on reconnait que leur idée est que c'est à notre place que Jésus souffre et qu'il prend notre peine. Il est mort pour les péchés, lui juste, pour les injustes (1 Pier. 3:18). Celui qui n avait pas connu le péché, Dieu l'a traité à cause de nous comme un pécheur, afin qu'en lui nous obtinssions la justification qui vient de Dieu (2 Cor. 5:21).

 

b) Cette peine dont Jésus se charge à notre place, est reçue de Dieu, comme satisfaisant sa justice, laquelle est calmée et n'exige rien de plus. Christ notre Pâque (agneau pascal) a été immolé pour nous (1 Cor. 5:7). Ce mot: immolé, est celui dont se servaient les Païens eux-mêmes pour désigner les sacrifices expiatoires. Dieu a destiné Jésus-Christ à être une victime de propitiation par la foi en son sang, .... afin de faire paraître qu'il est juste et qu'il justifie celui qui a la foi en Jésus (Rom. 3:24), ce qui signifie que le sacrifice expiatoire de Christ est une preuve, non-seulement de la miséricorde de Dieu, mais de sa justice qui a dû être satisfaite avant que la grâce eût son cours. Christ s'est offert à Dieu pour nous comme une oblation et une victime d'agréable odeur (Éph. 5:2). Ce sacrifice d'agréable odeur est du même genre que les sacrifices d'expiation sous la Loi, désignés de la même manière (Lév. 1:9,15,17). Il a apaisé la justice inflexible de Dieu.

 

c) Enfin, cette peine dont Jésus s'est chargé, et qui a satisfait la justice divine, a pour effet de nous délivrer de la peine du péché. C'est la Rédemption (Éph. 1:7), par laquelle nous rentrons en grâce avec Dieu; ainsi, nous sommes réconciliés avec lui (Rom. 5:10). Il y a donc une rançon par laquelle nous sommes rachetés à grand prix (1 Cor. 6:20) et qui nous remet en état de liberté et de faveur vis-à-vis de Dieu. Cette rédemption, qu'il était impossible à la Loi de procurer, parce qu'elle était faible à cause de la corruption naturelle, Dieu l'a opérée, lorsqu'ayant envoyé son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs, et pour expier le péché, il a condamné le péché dans la chair (Rom. 8:5). Cette justification vient aussi directement de la mort expiatoire de Jésus-Christ, que la condamnation était venue de la faute du premier homme. Comme par la désobéissance d'un seul plusieurs ont été rendus pécheurs; de même, par l'obéissance d'un seul plusieurs seront rendus justes (Rom. 5:19). Cette obéissance d'un seul est son obéissance sur la croix (Phil. 2:8), son sacrifice expiatoire. Nous avons la rédemption par son sang, savoir la rémission de nos péchés, selon les richesses de sa grâce (Éph. 1:7).

 

Cette doctrine est un mystère au fond duquel notre raison ne peut descendre, mais au-devant duquel notre cœur va avec confiance, car rien ne satisfait mieux que ce mystère, le double besoin de pardon et de sanctification que nous portons en nous. Si Dieu avait pardonné sans montrer dans un acte expiatoire que sa justice est satisfaite, nous aurions pu sans doute être calmés en notre conscience; mais nous aurions regardé la justice divine comme peu redoutable, puisqu'elle peut fléchir sans que la peine soit portée; et nous aurions dit en notre cœur: péchons afin que la grâce abonde (Rom. 6:1). Au contraire, en voyant tout ce que notre péché a coûté à Dieu qui a donné un grand prix et qui n'a point épargné son propre Fils, nous voyons ce qui nous attend nous-mêmes si nous restons volontairement dans le péché. En même temps que nous avons une pleine confiance dans la miséricorde divine, nous avons une sainte frayeur de provoquer cette justice redoutable, qui, dans la mort de Christ, laisse un monument de son inflexibilité. Nous ne pouvons pas prononcer que Dieu n'aurait pas pu nous racheter par un autre moyen; car ce n'est pas à nous à lui donner conseil; mais ce qui est certain, c'est que le moyen qu'il a plu à Dieu de choisir est celui qui répond le mieux à tous les besoins de notre âme; c'est l'ancre de notre salut. Il est vrai que notre raison est, malgré cela, portée à se demander: pourquoi l'innocent meurt-il pour le coupable?

 

Avouons qu'il y a dans ce mystère une obscurité humiliante pour notre orgueil; mais ne refusons pas le mystère parce qu'il ne peut être sondé. Faisons observer qu'il est des cas où, avant qu'une raison trop exigeante ait eu le temps de contester sur la légitimité d'un tel acte, notre cœur est déjà allé au-devant de lui pour l'approuver et l'admirer. Alors, nous ne répugnons point à voir l'innocent se mettre à la place du coupable. On pourrait s'élever contre un échange de peine si le sacrifice était forcé, si celui qui le fait n'était pas en droit de le faire, et s'il résultait de cet échange un mal moral réel. Mais rien de cela ne se trouve dans le sacrifice de Jésus-Christ. Au contraire; Jésus se livre volontairement; il laisse sa vie, personne ne la lui ôte; il a le pouvoir de la laisser et celui de la reprendre (Jean 10:18); et c'est par amour pour nous qu'il se soumet à cette nécessite morale exigée par la justice; car il ne veut pas nous laisser périr. De plus, il est maître de ce qu'il donne; car Lui, Seigneur absolu, a la vie en lui-même, et en dispose comme il veut. Enfin, en se sacrifiant, Jésus, loin de relâcher le lien moral, le fortifie, et fait haïr le péché, en montrant à ceux qu'il rachète à un si grand prix, toute la sainteté de la loi morale. Le roi qui se fit crever un œil pour en conserver un à son fils condamné, par la loi contre les adultères, à les perdre tous les deux, fit un acte de père envers son enfant, et, en même temps, fortifia chez ses sujets le sentiment de la sainteté de la loi. Jésus a fait de même, mais il a donné davantage encore. La raison n'est sans doute pas à la hauteur d'une telle œuvre, mais elle n'a rien à dire contre elle, et notre conscience doit nous la faire accepter avec empressement; c'est la seule porte pour le salut.

 

L’expiation vicariale (expiation de substitution, innocenter) fait référence au fait que Jésus-Christ est mort pour tous les pécheurs élus. Les Écritures enseignent que tous les hommes sont pécheurs (Rom. 3:9-18,23). La sanction pour notre péché est la mort. L'apôtre Paul nous dit: «Car le salaire du péché, c'est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus Christ, notre Seigneur.» (Rom. 6:23) Ce verset nous enseigne plusieurs choses. Nous allons tous mourir et passer l’éternité en enfer en conséquence de nos péchés. La mort dans les Écritures fait référence à une «séparation». Il est évident que nous mourrons tous, mais certains (les élus) vivront au paradis avec le Seigneur pour l’éternité, alors que d’autres (les réprouvés) vivront en enfer pour l’éternité. La mort auquel ce verset fait référence est celle de l'enfer. Toutefois, la seconde chose que nous enseigne ce verset c’est que la vie éternelle nous est accessible par Jésus-Christ. C’est là le fruit de son expiation vicariale.

 

Jésus-Christ est mort à notre place quand il a été crucifié à la croix. Nous méritions d’être celui ou celle clouée sur cette croix pour mourir, car c’est bien nous qui menons une vie de péché. Mais Christ prit la punition sur lui-même à notre place: «Celui qui n'avait pas connu le péché, il l'a, pour nous, identifié au péché, afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu.» (2 Cor. 5:21). Il s’est substitué à notre place pour la juste sanction que nous méritions, et comme notre substitut nous sommes mort avec lui en lui par le moyen de la foi. «Lui qui, dans son propre corps, a porté nos péchés sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice; lui dont les meurtrissures vous ont guéri.» (1 Pierre 2:24). À nouveau, nous voyons ici que Christ a pris sur lui nos péchés pour en payer le prix pour nous. Quelques versets plus loin, nous lisons: «En effet, le Christ lui-même a souffert pour les péchés, une fois pour toutes, lui juste pour les injustes, afin de vous présenter à Dieu, lui mis à mort en sa chair, mais rendu à la vie par l'Esprit.». Non seulement ces versets nous enseignent que Christ a été notre «vicaire» (substitut), mais encore notre «expiation», ce qui signifie qu’il a parfaitement satisfait au paiement dû pour le péché des élus. Un autre passage qui parle de «l’expiation vicariale» est Ésaïe 53:5. Ce verset parle de la venue du Messie qui allait mourir sur la croix pour nos péchés. Il est très détaillé et la crucifixion s’est effectivement déroulée conformément à cette prophétie. Faites attention au poids des mots en le lisant: «Mais IL était blessé pour NOS péchés, IL était brisé pour NOS iniquités; le châtiment qui NOUS donne la paix est tombé sur LUI, Et c'est par SES meurtrissures que NOUS sommes guéris.». Remarquez la substitution. Nous voyons ici aussi que Christ a payé le prix pour nous!

 

Nous ne pouvions pas payer le prix de notre propre péché. Ou si nous avions à le faire, nous serions simplement condamnés à l’enfer pour l’éternité car le payement de la dette nécessitait une victime pure et sans taches. Mais Dieu a pris l’initiative de venir sur terre en la forme du Fils de Dieu, Jésus-Christ, pour payer le prix de notre péché. Parce qu’il a fait cela pour nous, non seulement nous avons obtenu le pardon de nos péchés, mais en plus nous avons obtenu de passer l’éternité avec lui. Pour cela, il nous fut donné de placer notre foi en ce que Christ fit à la croix. Nous ne pouvons nous sauver nous-mêmes, nous avons besoin d’un substitut pour nous racheter et payer la dette à notre place.

 

CHAPITRE 3

RACHETÉ PAR LE SANG VERSÉ SUR LA CROIX

Rien n'est plus faible qu'un enfant, le petit de l'homme est le moins bien équipé pour survivre sur cette terre. C'est une des raisons pour lesquelles il tire tout à lui. Il faut avouer que les enfants sont très centrés sur eux-mêmes; ils pleurent, crient, font des caprices, une attitude qui se retrouve sous des formes raffinées dans tous les adultes. Les êtres humains tirent tout à eux-mêmes, usurpant la gloire et les honneurs qui reviennent à Dieu seul. Voulant remettre les pendules à l'heure, Dieu a choisi des personnes à qui il accorde le salut parce que le but ultime de cette élection particulière est que les croyants célèbrent la gloire de sa grâce. C'est ce que l'apôtre Paul écrit aux Éphésiens: «Afin que nous célébrions la gloire de sa grâce qu'il nous a accordée en son Fils bien-aimé (Éph. 1.6).

 

La grâce de Dieu est à l'origine de la vie éternelle et du fait qu'il nous adopte comme ses fils (ses enfants). Dieu agit sur la base de sa grâce pour sa gloire. L'apôtre Paul ajoute que Jésus-Christ est le Fils bien-aimé du Père. Comme les croyants sont en lui, ils sont également l'objet de l'amour de Dieu. Dans une prière, Jésus a dit: «Père, mon désir est que ceux que tu m'as donnés soient avec moi là où je serai et qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la création du monde.» (Jean 17.24). Il importe de comprendre que «l'amour de Dieu» ou «l'agapao» en Grec, n'est pas un amour sentimental ou émotionnel comme chez les humains, mais un amour sacrificiel dont le nom précis est «le renoncement» et dont le terme porte la notion de «sacrifice». Il s'agit donc de renoncer à soi-même, de se sacrifier pour le bien-être d'une autre personne, et cela est l'enseignement principal du Seigneur Jésus à ses disciples: «Quiconque veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra; mais quiconque perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile, la sauvera.» (Marc 8:34,35)

 

Comme Dieu voit ceux qu'il a attiré à lui et donné à son Fils en qui ils sont, il les aime et les reçoit tout autant que lui. Jésus a prié disant: «Moi en eux, et toi en moi, afin que le monde sache que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.» (Jean 17.23). Cette union des croyants en Jésus est la seule raison pour laquelle quelqu'un peut entrer au paradis, car nul ne peut avoir accès à Dieu sur la base de ses propres mérites ou de ses choix personnels. Nous sommes accepté de Dieu qui nous est rendu favorable parce que nous sommes en Jésus-Christ, et pas autrement.

 

Dans l'épître qu'il adresse aux Éphésiens, l'apôtre Paul a mentionné trois actions de Dieu en faveur de ceux à qui il a donné la foi. Il les a choisis pour le salut avant la fondation du monde pour qu'ils deviennent saints en Jésus-Christ, il les a destinés d'avance à être adoptés par Jésus-Christ afin qu'ils aient le statut de fils adultes, et enfin il leur a accordé sa grâce en Jésus-Christ. Toutes nos bénédictions sont en Jésus-Christ, car en dehors de lui nous n'avons strictement aucun droit devant Dieu. De toute façon, tout ce qu'il fait nous est avantageux. En effet, il a arrangé l'univers de telle sorte que sa gloire et son honneur d'une part, et sa grâce et ses bienfaits en notre faveur, d'autre part, aillent de pair.

 

En Christ, au prix de son sang, nous avons la rédemption et nous avons reçu le pardon de nos fautes selon la richesse de sa grâce (Éph. 1:7). Dans l'éternité, Dieu nous a choisis, prédestinés et accordé sa grâce en Jésus-Christ. Maintenant, nous venons sur terre où Dieu a placé ses projets éternels entre les mains de son Fils qui est entré dans l'espace-temps afin de les accomplir et établir sa Convocation à renaître par la grâce de la régénération qui engendre la foi dans le cœur de ses élus. C'est un fait historique que Jésus est né dans ce monde il y a environ 2 000 ans. Il était le Dieu manifesté en chair qui s'est introduit dans la race humaine; l'Esprit Éternel, le Père de toutes choses, qui s'était révélé à Moïse sous le nom de JE SUIS, prit un corps de chair dans le sein d'une vierge et se révéla au monde sous le nom de JÉSUS. Après avoir passé 33 ans et demi parmi nous, il est mort sur la croix, fut enseveli, ressuscita, puis retourna au ciel dans sa gloire première. Ce sont les faits historiques que nous lisons dans les Écritures.

 

Alors qu'il était ici-bas, il nous a rachetés par le sang qu'il a versé sur la croix en offrant sa vie. C'est sa mort expiatoire qui est la rançon payée pour notre rachat et qui nous vaut le pardon, et la délivrance de la condamnation éternelle. Cette façon de présenter la rédemption n'est pas très appréciée parce que le sang répugne à l'homme moderne qui veut une religion propre qui satisfasse ses goûts esthétiques. Or la croix est un scandale; elle symbolise la cruauté et l'ignominie, la souffrance et l'horreur; les bons paroissiens ne veulent pas que leur prédicateur parle trop du sang: ça dégouline, ça noircit et c'est très sale pour ne pas utiliser un autre mot. Mais entre nous soit dit, ce qui est véritablement répugnant dans cet univers n'est pas le sang, mais bien plutôt votre péché et le mien. L'histoire de la passion du Christ, surtout à la manière dont elle a été réalisée par le metteur en scène Mel Gibson est absolument horrible, toutefois elle ne représente même pas le quart de la réalité des souffrances de Christ pour nous. Mais c'est bien grâce au sang du Christ que nous obtenons la rédemption et le pardon des péchés, c'est grâce à son sang versé que nous sommes lavés et purifiés de toutes nos iniquités et couvert de sa justice.

 

Après que le Père céleste ait présenté le plan du salut dans son Conseil Divin, il est descendu sur terre et prit la forme d'un serviteur pour rassembler les croyants qu'il avait choisi dès avant la fondation du monde, et il établit son Église, sa Convocation à renaître, avec ses mains percées. Mais avant qu'il ne vienne, tout un contexte, celui de l'Ancienne Alliance était en place avec un système d'expiation du péché par le biais des sacrifices d'animaux. Pourtant, il était impossible à ce sang qui était versé tous les jours d'ôter les fautes même des croyants les plus pieux. Seul Jésus-Christ pouvait faire cela. Un texte du Nouveau Testament dit: «Toi Dieu, tu n'as pris nul plaisir aux holocaustes, aux sacrifices pour le péché. Alors moi Jésus, j'ai dit: «Me voici, je viens ô mon Dieu, pour faire ta volonté et accomplir ce qui est écrit à mon sujet dans le rouleau du Livre, car c'est bien de moi qu'il s'agit dans l'Écriture.» (citation libre). Il commence donc par dire que Dieu n'a pas voulu les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, qu'il n'y a pas pris plaisir. Pourtant ce sont bien là les sacrifices prescrits et offerts conformément à la Loi. Ensuite il continue en disant: «Me voici, je viens pour faire ta volonté.» Cela signifie qu'il abolit la première institution (la Loi et les sacrifices qu'elle prescrit comme moyen d'expier les péchés) pour inaugurer une économie nouvelle (où la foi en la volonté souveraine de Dieu en Jésus-Christ occupe le premier rang). C'est parce que Jésus-Christ a accompli la volonté de Dieu en offrant son corps une fois pour toutes en sacrifice que nous sommes purifiés du péché et consacrés à Dieu. Les prêtres ou sacrificateurs doivent tous se présenter chaque jour à Dieu pour s'acquitter de leur ministère, ils répètent indéfiniment les mêmes sacrifices qui, cependant, ne parviennent jamais à effacer les péchés. Le Christ, par contre, n'a offert qu'un seul sacrifice pour les péchés, un sacrifice valable pour toujours, puis il est allé s'asseoir sur le trône de Dieu avec son corps glorifié où il attend désormais dans cette dispensation du règne de la grâce que ses ennemis lui soient soumis sous ses pieds (Héb. 10.6-13).

 

C'est en Jésus-Christ, le Bien-aimé du Père, que nous avons la rédemption, que nous sommes délivrés de nos fautes, et c'est la principale raison pour laquelle Jésus est descendu parmi nous. Nous lisons dans un passage: «Car le Fils de l'homme n'est pas venu pour se faire servir, mais pour servir lui-même et donner sa vie en rançon pour beaucoup.» (Mat. 20.28). Jésus est né dans le but de donner sa vie pour la mienne et la vôtre. Nous étions esclaves du péché et de ses conséquences qui sont la perdition éternelle, et il nous en a délivrés. On ne répétera jamais assez que seule la rédemption que le Christ a accomplie sur la croix compte, et sa valeur est infinie parce que Jésus est la Personne unique de Dieu (Héb. 1:3) et il est éternel.

 

Dans le texte grec du Nouveau Testament, il y a trois mots qui sont traduits par rédemption. Le premier est agorazo qui veut simplement dire acheter au marché. Ce terme était très courant. Une maîtresse de maison part le matin faire ses courses pour la journée; elle voit des légumes et un rôti qui lui conviennent et met des espèces sonnantes et trébuchantes sur le comptoir. Elle a payé leur juste prix et ces aliments lui appartiennent. Agorazo signifie donc simplement acheter. C'est ce mot que l'apôtre Paul utilise quand il écrit: «Car vous avez été rachetés à grand prix. Honorez donc Dieu dans votre corps.» (1Cor. 6:20). Le deuxième mot pour rédemption est exagorazo, qui veut dire acheter et emmener hors du marché avec l'idée d'utiliser la denrée pour soi-même. En effet, quelqu'un peut aussi acheter les légumes et le rôti avec l'intention de les revendre dans un village voisin où ces mets ne sont pas disponibles, et faire ainsi un bénéfice. Mais exagorazo signifie acheter pour soi sans l'intention de revendre. L'apôtre Paul emploie ce mot quand il dit: «Le Christ nous a rachetés de la malédiction que la Loi faisait peser sur nous en prenant la malédiction sur lui, à notre place. Il est, en effet, écrit: Maudit est quiconque est pendu au gibet.» (Gal. 3:13). En payant le prix demandé, Jésus-Christ a soustrait les croyants de la malédiction de la loi à tout jamais et dorénavant, ils lui appartiennent. Le troisième mot grec pour rédemption est apolutrosis que Paul utilise au début de sa lettre aux Éphésiens quand il dit: «En Christ, au prix de son sang, nous avons la rédemption.» (Éph. 1:7). Ce mot signifie: libérer un prisonnier en payant une rançon pour lui. Il était utilisé lorsque quelqu'un achetait un esclave dans l'intention de le remettre en liberté; il apparaît aussi dans l'Évangile: «Quand ces événements commenceront à se produire, levez la tête et prenez courage, car alors votre délivrance sera proche.» (Luc 21:28). Ces trois mots expliquent ce qu'est la rédemption du croyant. Il a été acheté et payé par Jésus comme le serait un autre bien; Jésus l'a acheté pour lui-même et ne le remettra pas en vente, et enfin il a été libéré par Jésus grâce à une rançon.

 

L'homme a été vendu au péché et lui est esclave depuis sa chute en Éden; il n'y a qu'à regarder autour de soi pour constater qu'il en est bien ainsi. Nous sommes pourris jusqu'à la moelle et ne pouvons rien faire que nous corrompre davantage, mais ça ne devrait pas choquer celui qui accepte l'enseignement des Écritures. C'est peut-être avec les politiciens et les hommes d'affaires que la déchéance est la plus flagrante parce qu'on les prend souvent la main dans le sac. Il n'est pas exagéré de dire que tous les êtres humains sont dépravés d'une manière ou d'une autre. Heureusement pour nous, le Christ a payé pour ses élus le prix de notre rançon pour nous libérer du péché dont nous sommes esclaves. C'est ce qu'il a affirmé en disant: «Si donc c'est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres.» (Jean 8:36). La rédemption des élus a été réalisée grâce au sang que Jésus a versé; c'était le prix qu'il devait payer. Nous lisons dans un passage: «Vous avez été libérés de cette manière futile de vivre que vous ont transmise vos ancêtres et vous savez à quel prix. Ce n'est pas par des biens qui se dévaluent comme l'argent et l'or. Non, il a fallu que le Christ, tel un agneau pur et sans défaut, verse son sang précieux en sacrifice pour vous.» (1Pierre 1:18-19). Le sang du Christ est bien plus précieux que n'importe quoi d'autre dans l'univers; une seule goutte suffit à sauver tous les pécheurs quels qu'ils soient et quoi qu'ils aient pu faire et cela sans aucune condition bien sûr, ils sont sauvé par grâce seule par le moyen de la foi en Jésus (Éph. 2:8,9). Néanmoins ce n'est pas tous qui sont sauvés, mais seuls ceux qui ont été choisis depuis avant la fondation du monde. Il n'existe pas d'autres remèdes pour expier nos fautes parce que selon les Écritures, il n'y a pas de pardon des péchés sans que du sang soit versé (Héb. 9:22). Ce principe s'applique à toute la race humaine depuis Adam jusqu'au dernier homme qui naîtra en ce monde de ténèbres.

 

Cela dit, il est important d'établir une distinction entre le pardon humain et celui que Dieu accorde. Si quelqu'un me fait une offense et que je lui pardonne, la punition qu'il méritait ne lui est pas imposée et je ne lui administre pas la raclée qui lui revenait; on n’en parle plus et le problème est réglé. Avec Dieu, il en va tout autrement. Parce qu'il est saint et absolument juste, il ne peut pas simplement effacer l'offense; il est nécessaire que les fautes commises soient sanctionnées. Ce n'est qu'une fois l'offense lavée par le sang de Christ que Dieu peut pardonner. Trop souvent on confond le pardon humain avec la justice de la loi et c'est ce qui explique que les tribunaux laissent passer ce qu'ils devraient punir. Cette complaisance mal placée a de graves conséquences. Non seulement les vols, les viols et l'intimidation sont maintenant une tradition, mais les émeutes destructives que le pouvoir en place laisse aller sont elles aussi le résultat du laxisme de la justice, elle-même dépendante des poli-ti-chiens incohérents et irrésolus qui nous gouvernent et nous exploitent à tout bout de champs, et qui sont les pires criminels de tous. Une purge radicale serait grandement nécessaire dans le système politique de toutes les nations de la terre. Tout le monde paie les pots cassés quand la loi n'est pas appliquée dans toute sa rigueur, et puisque tous brisent la loi d'une façon ou d'une autre, si elle serait appliquée dans toute sa rigueur, nos prisons regorgeraient et nos villes seraient vides d'occupants. Certains conseillent même la pendaison ou l'exécution immédiate et publique des poli-ti-chiens, policiers, hommes d'affaires, pasteurs, avocats, juges, et tous autres qui exploitent le peuple et abusent de leur autorité, et cela surement réduirait grandement la corruption dans notre société dite démocratique, mais puisque tous sont corrompus les cimetières se rempliraient et il ne resterait plus personne pour exécuter les criminels, puisque tous le sont. La corruption de la nature humaine est irrémédiable, le poison du péché est dans le sang de tous et seulement une transfusion de sang littérale avec celui de Christ pourrait remédier à la situation. Certaines églises dites chrétiennes aimeraient voir revenir en vigueur l'ancienne loi de Moïse sur toutes les nations, mais si tel serait le cas il ne resterait plus personne de vivant sur la terre, car les dix commandements exigeaient la mort pour la moindre effraction qui est le mensonge; les dirigeants de ces églises seraient les premiers à être exécutés.

 

C'est parce que nos offenses ont été payées sur la croix que la sainteté absolue et la justice inflexible de Dieu ont été satisfaites, et qu'il peut nous pardonner en toute légalité. Jésus a dit à ses disciples: «C'est ainsi qu'il est écrit et qu'il fallait que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât des morts le troisième jour, Et qu'on prêchât en son nom la repentance et la rémission des péchés, parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem.» (Luc 24:46,47). Et l'apôtre Paul écrit: «En Jésus, nous avons la rédemption, le pardon des péchés.» (Col. 1:14). La clémence divine dépend du sang que Jésus a versé; c'était le seul et unique moyen pour les élus d'avoir leurs fautes pardonnées et d'entrer dans le Royaume. L'apôtre Paul montre que depuis Adam, toutes les fautes des hommes sont des offenses dirigées contre Dieu et que par sa mort, le Christ les a expiées. Il écrit: «Lequel (Jésus) a été livré pour nos offenses, et qui est ressuscité pour notre justification.» (Rom. 4:25). Augustin avait dit: «Jésus a racheté la pourriture de ce qui serait son Église afin de la rendre pure.», ce qui correspond à ce que dit l'apôtre Paul: «Christ s'est sacrifié pour les convoqués à renaître (son Église), et s'est livré lui-même pour eux; afin de les sanctifier, en les consacrant et les blanchissant par l'eau de la Parole.» (Éph. 5:25,26) Quand Jésus rencontra Paul sur le chemin de Damas, il lui a dit: «Mais lève-toi, et te tiens sur tes pieds, car je te suis apparu pour t'établir ministre et témoin, tant des choses que tu as vues, que de celles pour lesquelles je t'apparaîtrai encore, en te délivrant de ce peuple et des Gentils, vers lesquels je t'envoie maintenant, pour ouvrir leurs yeux, et les faire passer des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, afin que par la foi qu'ils auront en moi, ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et qu'ils aient part à l'héritage des saints.» (Actes 26:16-18). La mort expiatoire de Jésus était la condition sine qua non, le fondement sur lequel Dieu pardonne les péchés des élus. En dehors du Christ, le pardon et le salut ne sont pas possibles.

 

L'apôtre Paul précise que le pardon de Dieu est selon la richesse de sa grâce, alors qu'il aurait pu dire: Dieu pardonne de la richesse de sa grâce. Ces deux expressions ne veulent pas dire la même chose. Lorsque le milliardaire américain Rockefeller allait jouer au golf en Floride, à la fin il récompensait toujours le porteur de son sac avec une pièce de 10 centimes; la valeur d'un euro aujourd'hui. Cette immense générosité devait vraiment coûter au pauvre homme. Voyez-vous, il donnait de son argent, mais pas selon sa richesse, et la différence est énorme surtout pour le porteur. Rockefeller aurait pu mieux faire et s'il avait payé le porteur selon sa richesse, ce dernier aurait croulé sous l'or. Dieu n'est pas Rockefeller; il est généreux et pardonne selon la richesse de sa grâce. C'est ce qui explique pourquoi le plus grand de tous les criminels peut recevoir le pardon des crimes les plus horribles qu'il a commis. Et même si Dieu a déjà dépensé beaucoup de grâce à mon égard, il lui en reste assez pour vous, où et qui que vous soyez; il vous suffit de venir à lui par Jésus-Christ, de reconnaître que vous êtes perdus et sans espérance, et d'abandonner votre vie au pied de la croix en faisant confiance au Dieu Souverain qui a versé son sang (Actes 20:28) qu'il vous pardonnera et vous relèvera dans une nouvelle vie.

 

La rédemption se trouve en Jésus parce que d'une part il est mort pour nous sauver, et d'autre part, son sang a une valeur infinie. Lorsqu'il est appliqué au pécheur repentant, ce dernier expérimente la grâce de Dieu; il est pardonné et devient un enfant de Dieu (Jean 1:12,13); il reçoit la vie éternelle et est élevé au statut de fils adulte. Selon les Écritures, tous les hommes sont des esclaves vendus au péché, mais Jésus achète d'entre eux ceux qu'il a choisi avant la fondation du monde, les rachète pour lui-même en payant le prix, et enfin les rend libres par rapport au péché. Celui qui est sauvé par la grâce de Dieu ne contracte pas de dette envers lui parce que par définition, la grâce est gratuite. Cependant, il est vrai que Jésus rachète les croyants pour qu'ils soient à son service, mais cela est une relation dans laquelle Christ prend l'initiative et nous agissons normalement en réponse à cette initiative sans obligation. Nous n'avons rien à lui offrir sinon notre dévotion pour son renoncement en notre faveur. Le moins que les croyants puissent faire est de le servir de tout leur cœur.

 

CHAPITRE 4

LE RACHAT LIMITÉ OU RÉDEMPTION PARTICULIÈRE

La rédemption particulière est le message le plus important de toute l'Écriture. Dieu parle magnifiquement de l'expiation limitée par l'intermédiaire d'un ange qui s'adresse à Joseph: «Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.» Remarquez l'expression «Son peuple.» Qui est Son peuple? Nous voyons dans Jean 6:37, que Son peuple est constitué de ceux qui Lui furent donnés par le Père. Nous comprenons ainsi que Christ est uniquement le Sauveur de ceux qui Lui furent donnés par le Père. Bien sûr, pour pouvoir les sauver il a fallu qu'Il paie pour leurs péchés, ce qu'Il fit sur la Croix. Rien ne laisse supposer qu'Il offrit Sa vie pour racheter tous les hommes. Dans Jean 17:9-10, Christ prie le Père: «C'est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour tout le monde, mais pour ceux que tu m'as donnés, parce qu'ils sont à toi; - et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux.» Alors qu'au verset 9 Christ parle particulièrement des apôtres qu'Il a choisis, dans Jean 17:20-21, Il S'adresse à un auditoire beaucoup plus élargi que le cercle de ses apôtres. Dans ces versets Christ déclare: «Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé.» Quelle importante prière, n'est-ce-pas? Si Christ avait donné Sa vie pour chaque être humain, nous pourrions certainement nous attendre à ce qu'Il prie pour eux. Nous pourrions penser que si leurs péchés avaient été rachetés, Christ prendrait avec Son Père les dispositions nécessaires pour faire venir tous ces hommes à Lui. Cependant, dans ce verset, Dieu lève le voile sur les relations existant au sein de sa Personne unique, et Christ indique clairement qu'Il ne prie pas pour tout le monde. Il prie pour ceux qui Lui appartiennent et pour ceux qui «croient en moi par leur parole.»

 

Christ n'intercède qu'en faveur de ceux qui Lui ont été donnés par le Père; Il prie pour Ses brebis. Dans Hébreux 7:25 et 26, Christ est présenté comme notre éternel souverain sacrificateur: «C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. Il nous convenait, en effet, d'avoir un souverain sacrificateur comme lui, sans tâche, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux...» Dans ces versets la Bible déclare clairement que Christ intercède en faveur de ceux qui viennent à Dieu grâce à Christ; c'est-à-dire que Christ intercède en faveur de ceux qu'Il sauve. C'est précisément ce que Christ accomplit dans Sa prière qui se trouve dans Jean 17. Dans Jean 17:2, Christ prie le Père: ...«Selon que tu lui (Jésus parle de Lui-même) as donné pouvoir sur toute chair, afin qu'il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.» Dans le contexte immédiat de Ses propos, Christ, à nouveau, parlait de Ses apôtres, mais Il énonce un principe fondamental du plan de salut divin. Dans cette déclaration, notre Seigneur Jésus fait référence à ceux qui Lui furent donnés par le Père (Jean 6:37), et Il souligne le fait qu'Il leur a offert la vie éternelle. La vie éternelle est un don obtenu par l'expiation et offert au croyant. - Devons-nous croire que certaines personnes ont fait l'expérience de l'expiation sans recevoir la vie éternelle? C'est à cette conclusion non conforme à l'enseignement biblique que nous parvenons si nous croyons que Christ a payé pour les péchés de chaque être humain.

 

Ceux qui s’opposent à l’enseignement selon lequel Jésus est mort uniquement pour les élus et non pour tous les hommes, insistent souvent avec beaucoup de passion pour dire que Jésus est mort pour toute personne. Ils ont à l’esprit des buts tout à fait louables:  Ils veulent être bibliques et ils ont à cœur l’évangélisation, mais cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont dans la vérité. Avoir des sentiments louables et faire de l'évangélisation est pour eux un moyen de faire de la promotion pour une croyance qui valorise leurs efforts dans lesquels ils se glorifient pour se justifier. Cela n'est pas du christianisme mais une contrefaçon de sa réalité qui en séduit un grand nombre. Clarifions d’abord l’exactitude du sujet pour éviter toutes ambiguïtés. En premier, notons que notre sujet concerne les souffrances et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ. Cela semble évident. Mais il y a deux volets importants. Tout d’abord, tout ce que nous allons dire en rapport avec le Rachat demeure un fait historique, un évènement objectif réel. Nous ne discutons pas de quelque chose qui doit être accompli ou quelque chose à compléter, mais d’un évènement qui a été accompli il y a deux mille ans. Tout ce qui se rapporte au Rachat est terminé. Ça fait partie du passé mais dont l'efficacité demeure toujours actuelle. C’est un fait accompli qui manifeste sa réalité dans le cœur des élus! Nous devons faire une distinction entre le travail de Christ pour nous, comme celui accompli à la croix, et le travail de Christ en nous, en ce qui concerne l’œuvre réalisée dans les cœurs et dans la vie du peuple de Dieu, de ce qui était l’objectif final de la croix. La réalisation et l’application des bienfaits du salut qui sont produits dans le cœur et dans la vie du peuple de Dieu, sont des vérités essentielles et constantes dans les démarches du chrétien de chaque époque.

 

Deuxièmement, le point est important, car la question n’est pas simplement de savoir que Christ a souffert et est mort. La question est plutôt: «quel est le sens et la signification profonde de la mort de Christ?» C’est un fait indéniable que Christ est mort, sauf pour les incrédules. Sans tenir compte du sens qui lui est donné ou de ce qu’on en dit, la chrétienté, quelqu'en soit la forme ou dénomination, a toujours reconnu le fait de la mort de Christ. Des réponses variées ont été données au cours de l’histoire de l’église pour expliquer ce qui avait été accompli par les souffrances et la mort de Christ. Quelques-uns disent que c’était simplement un exemple. D’autres en parlent comme d’une théorie gouvernementale, essayant de démontrer que Dieu pour gouverner avec justice sur l’univers, avait choisi ce moyen pour amener les hommes à la repentance et ensuite les sauver. Mais nous disons sur les bases des Écritures que la mort de Christ a été le rachat, ou le paiement pour les péchés, afin d’être justifié et d’obtenir la vie éternelle. Bien plus, nous affirmons que le rachat était une substitution. Croire que Dieu est mort pour tous les hommes n’est pas ce que les Écritures enseignent, au contraire la mort de Christ est un «rachat» réservé à quelques hommes seulement. Les Écritures nous enseignent que le rachat est limité à ceux que Dieu a choisi pour le salut avant la fondation du monde. Jésus lui-même prône cette vérité à propos de sa mort dans Jean 10:15 «… je donne ma vie pour mes brebis», ce qui dénote une possession sélective et particulière. Un peu plus loin dans le même chapitre Il spécifie que «tous» ne sont pas inclus parmi les brebis (v. 26): «Vous ne croyez pas parce que vous n’êtes pas mes brebis.» Il est clair ici qu'il s'agit d'une distinction entre les élus et les réprouvés. Christ a été un substitut, non pour tous les hommes, mais pour ses Élus seulement, autrement tous les hommes dans tous les temps seraient sauvés, ce qui n'est évidemment pas le cas. C’est ce que la vérité biblique maintient.

 

Le mot «limité» a été critiqué parce que le terme semble indiquer un défaut, un manque, une limitation dans la mort de Christ. Des mots de rechange ont été suggérés tels que: particulier ou précis, mais le terme est très clair et n'a aucun besoin d'être changé. Le mot «limité» veut dire que la mort de Christ est «limitée» ou réservée pour les Élus seulement. La doctrine du Rachat Limité est la doctrine biblique, concernant la mort de Christ et par le fait même la rédemption des hommes. Elle a été officiellement reconnue comme opposition à l’hérésie Arminienne qui proclamait le rachat universel et général. Soulignons que l'Arminianisme est la doctrine du libre-choix dans le salut qui s'obtiendrai par une décision personnelle du croyant. Le gros de cette doctrine infernale qui valorise les efforts du croyant dans le salut et la sanctification est qu'elle substitut la justification par la foi pour la justification par le choix, renversant ainsi l'Évangile de Christ qui est par la grâce seule. Pour demeurer en accord avec leur doctrine falsifiée de l’élection, les Arminiens disent que Jésus-Christ, le Sauveur du monde, est mort pour tous et chacun des hommes, et que par sa mort sur la croix, Il obtient pour eux tous, la réconciliation et le pardon des péchés; on doit comprendre que ce pardon est accordé à celui qui croit, selon l’Évangile de Jean 3:16: «Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.» Et dans le première épître de Jean 2:2: «Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.»

 

Voilà donc ce que les Arminiens enseignent:

  1. Que la rédemption de Christ est pour chaque homme individuellement, donc Christ serait mort pour obtenir la réconciliation et le pardon des péchés pour tous les hommes de la terre et dans tous les siècles depuis le début des temps.

  2. Mais selon eux la rédemption est effective seulement pour les croyants. Même si Christ a obtenu la réconciliation et le pardon pour tous, mais tous ne peuvent jouir de cette réconciliation et de ce pardon, seulement les croyants. Ainsi ils sont en contradiction avec eux-mêmes et avec les Saintes-Écritures, car si Christ a obtenu la réconciliation et le pardon pour tous, cela voudrait dire que tous serait sauvé indépendamment de la foi, et si tous ne le sont pas cela signifierait que son sacrifice n'est pas parfait et que Christ serait impuissant devant la volonté de l'homme qui soumet la valeur de son sacrifice aux caprices de la raison humaine. Une telle position fait de la foi l'élément crucial dans le salut et non l'objet de la foi qui est Christ. Ces gens ont tendances à oublier que ce n'est pas la foi qui sauve, c'est Christ qui sauve ses élus selon son décret d'élection établit de toute éternité, c'est Christ qui a décidé d'avance qui va être sauvé et qui ne le sera pas, ce n'est pas l'homme avec ses prétentions d'un libre-choix illusoire de croire ou de ne pas croire.

Donc, les Arminiens enseignent que la rédemption est générale, mais pour en bénéficier il faut avoir la foi, mais une foi intellectuelle et purement humaine qui n'est pas de Christ. Ils enseignent une rédemption universelle, mais selon les Écritures le salut ne serait pas universel. Ils s’opposent ainsi au rachat limité comme nous le démontrerons. C’est très significatif de regarder les textes bibliques auxquels ils se réfèrent. Par ces références nous retrouvons l’erreur commune aux Arminiens d’employer le terme scripturaire «monde» comme étant l’équivalent de «chaque homme individuellement», ce qui n'est aucunement le sens qu'il détient.

 

Un élément très important ici est celui de satisfaction, on ne peut y échapper à la condamnation à moins que la justice de Dieu soit satisfaite. Relié à la satisfaction, le rachat devient une manière de justice très stricte. Il n’y a pas de grâce, pas de miséricorde, non plus de bénédictions si nous ne faisons pas partie du plan de Dieu pour être justifiés. Dieu bénit celui qui est juste et Il châtie ou punit le méchant temporairement et éternellement. C’est le premier principe en rapport avec l’idée de satisfaction. Dieu n’est pas seulement suprêmement miséricordieux, mais aussi suprêmement juste. Et sa justice exige (comme Il l’a lui-même révélé dans sa Parole) que nos péchés commis contre son infinie Majesté, doivent être punis, non seulement temporairement, mais par un châtiment éternel, de notre corps et de notre âme; auquel on ne peut échapper, à moins que la justice de Dieu soit satisfaite.

 

Alors en relation avec la justice de Dieu, le péché est synonyme de culpabilité. C’est une dette. C’est passible de châtiment. Et suivant la justice de Dieu, ce châtiment ne peut être exempté, l’homme ne peut retrouver la faveur de Dieu tant et aussi longtemps que la justice de Dieu n’est satisfaite. Cette satisfaction veut simplement dire «en faire assez, faire le paiement d’une certaine dette ou obligation, selon la demande de justice.» Par exemple, si on parle d’une dette de $1,000, une fois le montant remboursé, il y a pleine satisfaction et la dette a disparue. La dette n’existe plus. On en parle plus. C’est ça la satisfaction, et ce sont les effets de la satisfaction. Si la satisfaction pour la dette du péché est offerte à chaque homme, donc l’homme est délivré du péché et de la culpabilité. Du moment que la satisfaction est remplie, la dette disparaît pour toujours. Quand la justice de Dieu est satisfaite, la dette est enlevée pour toujours. Dieu lui-même, parce qu’Il est juste et droit, ne peut tenir l’homme responsable d’une dette pour laquelle Il a reçu pleine satisfaction. Maintenant, la question n’est pas de savoir pour qui la dette a été remise; nous répondrons à cette question plus tard. Peu importe qui est cet homme pour qui la satisfaction est faite, sa dette est disparue devant Dieu. Si la satisfaction s’adresse à tous les hommes, alors la dette de tous les hommes est enlevée. Peu importe qui est inclus dans la satisfaction, leur dette disparaît pour toujours. Voilà le sens de la satisfaction! On ne pourra jamais mettre trop d’emphase sur cet élément clé. C’est prudent de dire que tout le concept du rachat se tient ou tombe avec cet élément clé fondamental.

 

En rapport avec tout ce qui précède, nous devons nous rappeler qu’il nous est impossible à nous-mêmes de satisfaire à la justice de Dieu. Pas besoin d’entrer dans les détails à ce propos. C’est simplement le résultat de la nature pécheresse de l’homme, son état de perdition sans espoir. Nous retrouvons ici la doctrine biblique de la Dépravation Totale. Non seulement ne pouvons-nous pas répondre à cette satisfaction, mais au contraire notre dette augmente sans arrêt. La satisfaction pouvait être faite seulement par une personne pure, sans péché, et cela gratuitement, dans le renoncement et l’obéissance, en prenant la responsabilité du châtiment du péché, en supportant les souffrances … l’agonie … jusqu’à la mort. Quand la colère de Dieu fut déversée sur un homme qui acceptait gratuitement et par renoncement à lui-même d’en payer le prix … se sacrifiant pour la justice de Dieu, alors la satisfaction était complète. Tout ça a été accompli par le rachat qui devenait cette satisfaction que l’homme était incapable d’offrir pour lui-même. Voilà pourquoi Dieu a envoyé son Fils bien-aimé qui a subi le châtiment que l’on méritait.

 

Le terme satisfaction lui-même, n’est pas un terme scripturaire. Mais c’est l’idée principale de tous les termes scripturaires employés pour désigner ce qu’est la mort de Christ. Il en est ainsi pour le terme propitiation, dans Romains 3:25: «… que Dieu a d’avance destiné à être, par son propre sang, moyen de propitiation, grâce à la foi. Ainsi affirme-t-il sa justice en pardonnant les péchés commis jadis …» L’idée fondamentale de propitiation peut se traduire par satisfaction. La même chose est vraie du terme scripturaire rançon. Satisfaction est l’idée de base de rançon. Quand les Écritures disent dans Matthieu 20:28: «… le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.» et non «de tous». En donnant sa vie Il a donné satisfaction. Il satisfait la juste demande de Celui qui a fixé le prix de la rançon. Réconciliation; terme que nous retrouvons dans II Cor. 5:19: «Car Dieu étant en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses … » Comme dans les deux termes précédents, le sens de satisfaction se retrouve. Comment cela est-il possible? Comment est-ce possible, que Dieu peut réconcilier le monde à Lui-même et ne plus tenir compte du péché en eux? Comment est-ce possible à la lumière de la justice de Dieu? La seule possibilité, c’est que le prix exigé par la justice de Dieu a été payé en entier. Satisfaction! Donc, tous les autres termes se référant au Rachat, comportent la même idée de satisfaction à la base.

 

Un deuxième élément important dans le Rachat est celui de substitution. La nécessité de substitution repose dans le fait que nous sommes incapables de donner satisfaction par nous-mêmes. C’est l’effet de notre dépravation totale. C’est la raison historique de la nécessité du Rachat. Nous sommes perdus sans espoir! Impossible de s’en sortir! Voilà pourquoi un substitut est nécessaire. Étant alors incapables par nous-mêmes de donner satisfaction, ou par nous-mêmes d’être délivrés de la colère de Dieu, il a plu à Dieu dans sa miséricorde infinie, de nous donner son Fils bien-aimé, qui est devenu péché et qui a pris le châtiment que nous méritions, et à notre place a satisfait à la justice de Dieu.

 

C’est la doctrine du rachat par substitution. Tout ça ne peut être déclaré plus simplement. N’essayons pas d’améliorer le langage. C’est tellement simple. Notre Seigneur Jésus a pris la place de ceux pour qui Il devait mourir. Face à l’exigence de la justice de Dieu, Il représentait les hommes. Dans un sens légal, Il était devenu notre substitut. Voyez à quel point cette relation est précise. La satisfaction et la substitution, jumelées ensembles, donnent un résultat très précis. Par exemple, supposons qu’un client d'une banque décide de rembourser les hypothèques de milles autres clients de la banque; une relation précise s’établirait à l’égard de ces mille hommes et la dette de ces milles hommes serait payée mais non pas la dette de tous les autres propriétaires d’hypothèque de la même banque. La relation s’adresse à un groupe en particulier. Il en est de même avec la croix, avec le rachat de Christ. Quiconque est en Christ, quiconque est représenté par lui sur la croix, quelle que soit la grandeur ou l’énormité de son péché, sa dette est payée. Si tous les hommes étaient en Lui, alors la dette de tous les hommes disparaîtrait pour toujours. Quiconque est représenté par Lui, la dette n’existe plus. Dieu dans son jugement ne pourra et ne tiendra pas cet homme redevable. Sa dette a été payée.

 

Telle est l’idée de substitution dans le Rachat. C’est exactement la doctrine que les Écritures enseignent en utilisant diverses expressions. Deux termes dans le Nouveau Testament expriment cette idée de substitution. Nous retrouvons le mot «pour» qui peut signifier «à la place de». Dans Romains 4:25: «… il a été livré pour nos fautes, et Dieu l’a ressuscité pour que nous soyons déclarés justes.» Plusieurs autres termes utilisés ont fondamentalement le même sens. Matthieu 20:28: «… et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.» Ça revient à dire «à notre place» «au compte de quelqu’un». Cette idée de «à notre place» ou «au compte de», est possible seulement parce que Christ satisfait «à notre place» ou «au compte de» ceux pour qui il est mort. Le Seigneur Jésus, «celui qui était innocent de tout péché, Dieu l’a condamné comme un pécheur à notre place pour que, dans l’union avec Christ, nous soyons justes aux yeux de Dieu.» Ce ne sont que quelques exemples tirés des Écritures, dans lesquelles nous retrouvons le sens de substitution.

 

Le troisième élément sur le Rachat c’est sa valeur infinie. On ne doit pas calculer sa valeur avec des chiffres. Ici il n’est pas question de quantité mais de qualité, de valeur intrinsèque. La vérité sur la valeur infinie du Rachat répond aux questions suivantes: comment la mort d’une personne peut-elle couvrir les péchés de plusieurs? Comment se fait-il que le Rachat de Christ ne s’applique pas juste pour une personne, mais pour plusieurs? Ou encore, comment le péché commis contre l’infinie Majesté de Dieu, qui méritait la colère infinie de Dieu et le châtiment éternel, comment ce péché peut-il être racheté dans un moment par les souffrances et la mort de notre Seigneur Jésus-Christ? Toute la colère infinie de Dieu a été concentrée à ce moment là, quand Jésus s’est écrié: «Mon Dieu, mon Dieu, à ceci tu m'as désigné!» Cette valeur infinie répond à la question: comment pouvons-nous être retiré de notre état de perdition totale, pas simplement comme au paradis terrestre, mais comme recevant une justice éternelle que nous ne pourrons jamais perdre? Comment cette vie éternelle peut-elle devenir nôtre?

 

Voici la réponse: c’est parce que le Rachat a été accompli par le Fils de Dieu … le Dieu Infini et Éternel Lui-même dans une chair semblable à celle du péché, tout en étant parfaitement juste et saint; Jésus a apporté cette satisfaction. Son sacrifice était «abondamment suffisant pour expier les péchés du monde entier.» Cette expression souvent débattue ne peut vouloir dire que Christ était mort pour tous les hommes. Ce serait adopter la doctrine Arminienne. Cela ne veut pas dire non plus que Christ a apporté satisfaction pour le monde entier. L’idée qu’on doit retenir, c’est que la mort de Christ est tellement précieuse, qu’elle aurait été suffisante pour le monde entier. Si Dieu avait voulu sauver le monde entier (tête par tête, âme par âme), aucun autre sacrifice n’était nécessaire. La mort de Christ était suffisante en elle-même pour le monde entier et même pour des milliers d’autres mondes. La mort du Fils de Dieu est d’une valeur infinie: il n’y a pas de limite à sa valeur intrinsèque.

 

Finalement, parlons maintenant de l’efficacité du rachat. Le rachat est efficace. Cet élément ne doit pas être séparé du rachat. Le terme efficace amplifie la réalité, l’actualité, le fait accompli des éléments précédents. Dans le conseil souverain et dans le plan merveilleux de Dieu le Père, la mort précieuse de son Fils, accordait un salut efficace à tous les élus, leur conférant le don de la foi qui justifie et leur donnant infailliblement le salut. C’était la volonté de Dieu, que par son sang versé à la croix, Jésus-Christ confirmait cette nouvelle alliance, que le salut s’adressait à tout peuple, toute tribu, toute nation et toute langue, à tous ceux mais à ceux-là seulement qui avaient été choisis de toute éternité pour être sauvés; ils étaient donnés au Fils par le Père. Par sa mort, Jésus leur avait imputé la foi (un don de l’Esprit), les avait délivré de leurs péchés, (originel et actuel) commis avant ou après avoir cru, les gardant fidèles jusqu’à la fin, afin qu’ils paraissent sans tache et sans reproche, pour jouir de Sa glorieuse présence éternellement.

 

Le terme sur lequel nous attirons votre attention c’est l’efficacité, la puissance d’accomplissement associée à la mort de Christ. Une telle efficacité est sous-entendue dans le rachat. En réalité, quand les éléments de satisfaction, de substitution et de valeur infinie sont inclus dans le rachat, il n’y aurait nul besoin de rajouter le terme «efficacité». Les trois éléments mentionnés ont la même signification. Mais parce que les Arméniens ont parlé de satisfaction et substitution sans pour autant parler d’efficacité, il était devenu nécessaire de dire: «Oui, mais la mort de Christ est efficace.» Tout comme avec l’expression «dépravation» nous savons que la dépravation est toujours totale. Ça n’existe pas un homme à moitié pourri. Mais parce que quelques-uns ont parlé de dépravation partielle, il est devenu nécessaire de rajouter le mot «totale» à dépravation. Il en est de même pour le «rachat efficace». On ne peut concevoir un rachat «inefficace» ce serait une contradiction. Le mot rachat veut dire «racheté» pour tous ceux pour lesquels Christ s’est substitué. Christ est mort et a racheté tous ceux qui étaient en Lui (il y a 2000 ans quand Il est mort). Voilà ce que la mort de Christ a accompli pour eux avant même qu'ils naissent en ce monde. Ils sont délivrés de leur culpabilité. La justice et la vie éternelle leur appartiennent pour toujours. Leur droit à toutes les bénédictions du salut a été établi pour toujours à la croix.

 

Il nous faut même mettre délibérément une double emphase sur l’élément crucial dans l’efficacité de la mort de Christ (l’efficacité et la puissance de la mort de Christ). C'est-à-dire que Christ a acheté (ou obtenu) pour ses élus, la foi. Le rachat ne veut pas dire que Christ nous donne la justice et la vie éternelle ainsi que toutes les autres bénédictions qui se rattachent au salut et que maintenant Il nous dit dans l’Évangile: «Le salut est ici, mais ça dépend de votre décision d’y croire.» Pas du tout! Christ nous a obtenue la foi. Par ce don de la foi, Il garantie que tous ceux pour qui Il est mort vont croire inévitablement et auront droit personnellement et consciencieusement à tous les bienfaits du salut obtenus par Sa mort.

 

Alors donc, la présente application de toutes les bénédictions du salut (faisant partie du plan souverain de Dieu) au moyen duquel Moi et tous les enfants de Dieu en viennent à prendre conscience de la possession du salut, cette application est basée et garantie par le rachat. Toutes ces bénédictions ont été une fois pour toute, achetées, méritées, obtenues sur la croix; elles appartiennent à Christ et à tous ceux qui étaient en Christ à la croix. Tous les saints qui sont morts avant, les saints de l’ancienne alliance, ils étaient en Christ à la croix. Tous les élus qui ont vécu au temps de Christ sur terre, conscients d’être des enfants de Dieu, ou pas encore convertis, ils étaient en Christ à la croix. Tous les enfants de Dieu qui n’étaient pas encore nés à ce moment là, ou qui ne sont pas encore nés aujourd’hui, ils étaient en Christ à la croix. Jésus avait pris leur place, Il les représentait; et pour eux tous Il achetait (obtenait) toutes les bénédictions du salut. Quelle grâce extraordinaire! Tout le Conseil Souverain avait pris naissance dans le Décret Éternel de Dieu le Père, afin que la mort si précieuse de son Fils Jésus, s’étende à tous les Élus, leur accordant la foi justificatrice qui conduit infailliblement au salut. C’était la volonté de Dieu, que Christ par son sang versé à la croix (moyen par lequel Il confirmait la nouvelle alliance), Il rachetait effectivement ceux de chaque peuple, tribu, nation et langue, tous ceux qui de toute éternité avaient été choisis pour être sauvés et être donnés à Christ par Dieu le Père. La foi et tous les autres dons du Saint-Esprit leurs étaient accordés par la mort de Jésus, les lavant de tous péchés (passés, présents et futurs), les rendant sans tache et sans reproche pour jouir de Sa présence pour toujours.

 

La Nature Limitée Du Rachat:

On ne doit pas être surpris que cette doctrine essentielle est soutenue seulement par les vrais élus et non par les réprouvés qui se trouvent par millions au sein des sectes dites Évangéliques. Seulement les élus soutiennent que le rachat est limité, c'est à dire «ceux seulement qui étaient choisis de toute éternité» pour obtenir le salut par grâce et l'assurance de son efficacité jusqu'à la fin de leurs jours. Le rachat limité ne peut être séparé de la vérité du rachat efficace. Si le rachat veut dire satisfaction dans le vrai sens du mot, si le rachat devient satisfaction par substitution dans le vrai sens du terme, si par conséquent le rachat est efficace pour ceux qui y sont inclus afin que leur dette soit enlevée et qu’ils puissent mériter la justice et la vie éternelle, ayant été objectivement rachetés, réconciliés, il seront certainement sauvés. À la lumière de ces propos il est facile de voir que le rachat est limité. Ceux inclus dans le rachat sont sûrement sauvés. Mais tous les hommes ne sont pas sauvés. Tous les hommes ne sont pas inclus dans le rachat.

 

Qui donc sont inclus dans le rachat? La réponse c’est que Christ est mort pour les Élus seulement, pour ceux que Dieu a choisis de toute éternité et souverainement, lesquels Il a donné à Christ. Dieu a élu une église, et chaque membre individuel de cette église. Cette église entière avec tous ses membres individuels ont été donnés à Christ. Jésus est devenu la tête représentative de toute l’église. Face au jugement de Dieu, Christ à la croix, prend la place de tous ceux qui font partie de l’église, seulement ceux qui en font partie. C’est la vérité du rachat limité (que vous pouvez désigner par précis, défini ou particulier). Cette doctrine est simple. Il y a rachat, par conséquent l’enlèvement de la culpabilité, le pardon des péchés, la justification et tous les bienfaits du salut et de la vie éternelle pour les Élus seulement dans la croix. Pour tout le reste, pour les dépravés, il n’y rien de positif, il n’y a aucun bienfait, dans cette croix. Christ n’est pas mort pour eux; Il ne les a pas représentés et Il n’a pas pris leur place!

 

Bien plus, on devrait porter attention au fait que le rachat particulier est personnel. La mort de Christ n’est pas un évènement vague et imprécis. Christ n’est pas mort pour un certain nombre d’hommes, leur procurant le salut, sans savoir qui en profiterait. Christ est mort pour les Élus, pour chacun d’eux personnellement. Dieu les a choisis. Il les a choisis individuellement. De toute éternité Il les appelle par leur nom. Et tous ces Élus, Dieu les avait donnés à Christ personnellement. Il a donné sa vie pour eux, pour eux tous, pour chacun d’eux et pour eux seulement. Tous les Élus et seulement les Élus étaient vraiment en Christ à la croix il y a 2000 ans. Donc, la croix est la révélation de l’amour souverain de Dieu, c'est à dire du renoncement de Dieu qui est l'essence même de son Être: «Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimé et envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés» (I Jean 4:10).

 

Concentrons-nous un moment sur ce beau texte dans Jean 10:14-15: «Moi, je suis le bon berger; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, tout comme le Père me connaît et que je connais le Père. Je donne ma vie pour mes brebis.» Qui sont les brebis mentionnées dans ce verset pour lesquelles Christ est mort? Ce sont ceux donnés par le Père à Christ … les Élus. C’est tout simplement ce que dit le verset. Dans le verset 29, à propos de ces brebis, il est dit: «Mon Père qui me les a données est plus grand que tous.» C’est renforcé par le contraste du verset 26, quand Jésus dit aux Juifs non croyants qui s’opposent à lui: «Mais vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis.» N’inversez pas la phrase! Le texte ne dit pas: «… vous ne faites pas partie de mes brebis parce que vous ne croyez pas.» Au contraire le texte dit: «… vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis, et cela est très important à remarquer.

 

Nous pouvons comprendre que le terme «brebis» est exclusif. Plusieurs ont argumenté que le passage Jean 10:14-15 ne veut pas dire que Jésus a racheté seulement ses brebis. L’argument est pauvre, il ne fait pas de sens si ça ne veut pas dire «exclusivement ses brebis.» Pourquoi Jésus dirait-il qu’il est mort pour ses brebis, s’Il était mort pour tous les hommes? Le verset désire spécifier celles qui sont ses brebis, et celles qui ne le sont pas. L’origine de cette différence se trouve dans la prédestination de Dieu. Remarquez que dans ce passage il n’est pas question d’une froide doctrine d’élection. Au contraire, nous reconnaissons le divin amour, brûlant de toute éternité … «je connais les miens». Christ connaissait l’église toute entière et chaque membre de cette église quand Il donna sa vie pour eux! Adam était en Lui. Abel était en Lui. Noé était en Lui. Abraham, Isaac et Jacob et tous les enfants de Dieu sous l’ancienne alliance, ils étaient en Lui à la croix. Jésus les connaissait individuellement, de toute éternité. L’apôtre Paul était en Lui, même avant d’être converti. C’est pourquoi l’apôtre Paul peut parler de l’aspect personnel du rachat particulier dans les texte bien connu de Galates 2:20: «J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.» Il nous parle ici de quelque chose qui a pris place à la croix en l’an 33 A.D. Christ l’aimait déjà et donnait sa vie pour lui. Même si Paul ne le connaissait pas encore, Christ l’aimait et donnait sa vie pour lui. Il en est de même pour nous qui sommes des vrais enfants de Dieu. C’est pourquoi nous pouvons faire cette confession de foi personnelle «Christ est mort pour moi». Ceci est basé sur un fait objectif. Ce n’est pas devenu vrai seulement quand j’ai cru à Jésus; il en était ainsi de toute éternité selon le conseil de Dieu. C’est ainsi depuis la mort de Christ à la croix. Et par cette réalité objective, «vous et moi», quand nous venons, par la foi en union avec Christ, nous pouvons dire: «Christ est mort pour moi».

 

Bref, voilà la vérité du rachat limité, qui est un rachat précis et personnel. Vous trouverez plusieurs autres passages des Écritures qui enseignent la même vérité. Laissez-moi vous énumérer quelques passages qui enseignent très clairement que le rachat de Christ était précisément pour les Élus. Ésaïe 53:10 parle d’une postérité que Christ verra après avoir donné sa vie en sacrifice pour le péché. La prière sacerdotale de Jésus dans Jean 17 nous rapporte ces paroles: «J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde … C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés parce qu’ils sont à toi. Et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux … Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité. Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole … Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17:6, 9-10, 19-20, 24). Dans Actes 20:28, c’est l’Église du Seigneur ou Convocation à renaître «qu’il s’est acquise par son propre sang.» Dans Romains 8:32 quand nous lisons que Dieu «n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous,» ce «nous tous» signifiant les Élus dans ce contexte. Les versets suivants le disent bien: «Qui accusera les élus de Dieu? C’est Dieu qui justifie! Qui les condamnera? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous!» Et finalement nous lisons dans Éphésiens 1:7 «En lui nous avons la rédemption par son sang, le rémission des péchés, selon la richesse de sa grâce …» Dans quel contexte trouvons-nous ces paroles? C’est un contexte qui parle très simplement du plan de Dieu qui nous prédestinait avant la fondation du monde à devenir ses enfants. La prédestination est la source de toutes les bénédictions rattachées au salut, incluant la rédemption par son sang (Éph. 1:3-12).

 

Un dernier point doit être ajouté à ce qui précède. Quand les Écritures parle du «monde» et de «tous les hommes» en lien avec la mort rédemptrice de notre Seigneur Jésus-Christ, ça ne peut et ça ne doit pas aller à l’encontre de l’enseignement scripturaire à propos du rachat limité ou défini. Étudier tous les passages dans lesquels nous retrouvons ces termes nous mènerait trop loin. Mais il y a deux observations que je désire apporter. La première, si ces passages qui parlent du «monde» et de «tous les hommes» sont présentés comme voulant dire «chaque homme individuellement» et si on attribue au rachat le sens complet de satisfaction actuelle pour les péchés et de substitution, alors on est allé trop loin. Ça conduirait nécessairement à l’universalisme, la doctrine qui dit que tous les hommes sont sauvés. Si cette dernière idée est rejetée, alors nous devrons accepter que nous sommes en train de nier la justice de Dieu: parce que si Christ donne satisfaction pour tous les hommes et que tous les hommes ne sont pas sauvés, alors ce serait dire que Dieu n’agit pas avec justice. Laissez-moi rajouter qu’aucune de ces théories n’est acceptable à la lumière des Écritures. Ma deuxième observation c’est que tous les passages qui parlent du «monde» et de «tous les hommes» ont besoin d’être interprétés en harmonie avec ce que les Écritures enseignent; que le rachat de Christ est pour les élus seulement. Si ce n’est pas fait ainsi, alors l’idée que les Écritures se contredisent doit être acceptée; et bien sûr cette idée est inacceptable.

 

Puisqu'il n'y a aucune contradiction dans la Parole de Dieu, il importe de nous arrêter sur le mot «homme». Dans le Grec ce mot est «ANTHROPOS» et il sert à désigner non toute la race humaine mais précisément «tous genres d'hommes». Il est utilisé comme un terme distinctif pour désigner des conditions ou classes particulières de la race humaine: pauvres, riches, hommes, femmes, enfants, blanc, noir, brun, jaune, anglais, français, petits, grands, puissants, faibles, etc. La Bible nous dit dans Gal. 3:27,28 qu'en Christ ces distinctions sont enlevées: «... vous avez revêtu Christ; où il n'y a ni Juif, ni Grec; où il n'y a ni esclaves, ni libre; où il n'y a ni mâle, ni femelle: car vous êtes tous un en Jésus-Christ.» Ainsi nous voyons que la Parole de Dieu n'enseigne aucunement ni en aucun endroit que Dieu veut sauver tous les hommes, mais un groupe particulier d'entre tous genres d'hommes. Il est dit dans Jean 3:16: «Car Dieu a tant aimé le monde, qu'Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle». Il ne faut pas s'imaginer que par le mot «monde» que cela signifie que Dieu aime tous les hommes sans distinction autrement tous seraient sauvé. La Bible n'enseigne aucunement un salut universel ni national. Cela voudrait dire aussi que Dieu aurait manqué son but car il est évident que tous ne sont pas sauvé, faisant ainsi de Lui un Dieu impuissant. Le mot «monde» ou en Grec «COSMOS» ne porte aucunement la signification globale de «tous les hommes» mais désigne plus spécifiquement la notion de «disposition», c'est à dire «l'agencement ou l'ordre des choses qui composent ou forment la société et ses mœurs, l'attitude ou les dispositions du cœur de l'homme qui régissent son comportement dans un contexte historique particulier.

 

On a souvent tenté par le passé et encore aujourd’hui de trouver ou de dire des choses positives à propos du salut et à propos de l’amour de Dieu, tout en essayant d’être agréable envers ceux qui n’étaient pas en Christ à la croix ou en démontrant du respect aux perdus. Cette attitude de tolérance est dangereuse et ne se retrouve pas dans le cercle des chrétiens authentiques en regard avec la doctrine du rachat. Toutefois, ce comportement se retrouve souvent dans les prédications. Il y a une forte tendance dans la majorité des églises dites chrétiennes à dire des choses positives et de présenter positivement la Rédemption de Christ en prêchant un Évangile universel. Cette tendance se généralise. Nous la retrouvons chez un très grand nombre de prédicateurs, surtout au niveau des sectes dites Évangéliques. Ils croient en un rachat «général» et c’est ainsi qu’ils enseignent. Dans leur prédication, le sujet de la mort de Christ demeure vague et indéfini. Ils disent simplement «Christ est mort pour les pécheurs». Cette affirmation est véritable, mais ne rien dire d’autre en fait une demi-vérité. Et une demi-vérité est un subterfuge! Christ est mort pour les Élus seulement, et les bienfaits de la mort de Christ seront pour tous ceux pour qui Christ est mort, mais non pour les autres. Comme c’est simple! D’autres, sans définir clairement, parlent aussi de cette offre universelle de salut dans le sens de la fausse doctrine Arminienne, enseignant que Christ désire le salut de tous les hommes et que Dieu ne désire pas la mort d’aucun, mais le salut pour tous, s'opposant ainsi à la vérité biblique du Rachat limité. L’évangile qu’on doit prêcher, c’est l’évangile de la croix, l’évangile de Christ crucifié, l'évangile de la souveraineté de Dieu dans le salut et la sanctification. L’apôtre Paul dit: «Nous prêchons Christ crucifié» (I Cor. 1:23). Il dit: «Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ crucifié» (I Cor. 2:2). À la lumière de ce que nous avons dit, ça veut dire que, Christ crucifié est Christ crucifié pour les Élus, peu importe de quelle façon vous décrivez ces élus dans la prédication, que ce soit historiquement comme croyants, comme repentants, comme ayant faim ou ayant soif etc. … Christ a été crucifié pour les élus selon le plan d'élection de la souveraineté de Dieu. Si je dis simplement que «Christ est mort pour les pécheurs», alors je ne dis pas la vérité. Et certainement que je ne présente pas l’évangile de Christ crucifié quand je dis: «Christ est mort pour tous les hommes.» Si la croix est la révélation du désir de Dieu, du plan de Dieu, de la volonté souveraine de Dieu, je ne dis pas la vérité sur l’évangile de Christ crucifié quand je dis: «Dieu désire le salut de tous les hommes.» Ce n’est pas le cas, Dieu ne désire pas le salut de tous. La croix nous révèle très simplement que Son plan, Son désir, Sa volonté et Son Conseil sont destinés aux élus «seulement».

 

Souvent la liaison entre la mort de Christ pour les élus «seulement» et le «supposé» désir de Dieu de sauver tous les hommes est présentée comme un mystère. Si vous dites que Christ est mort pour les élus, et pour eux seulement, et que Dieu désire le salut de tous les hommes, ce n’est pas un mystère, c’est tout simplement une contradiction et une hérésie. C’est impossible. Christ n'est pas mort pour «le salut de tous les hommes» mais pour «le salut de tous genres d'hommes». Car dans la croix, tout ce qui est positif; salut … bienfait … amour … etc. … ne s’adresse qu’aux élus seulement d'entre tous genres d'hommes. La croix nous révèle le plan de Dieu pour le salut. Si par la prédication, la possibilité du salut prend un sens plus large que celui que la croix lui donne, alors c’est nier le rachat particulier. L’évangile, c’est le MESSAGE DE LA GRÂCE DE DIEU concernant la promesse; de faire connaître aux héritiers de la promesse (les élus), le salut !

 

C’est le coté positif de la croix et du rachat. Mais l’autre coté de la médaille, c’est que la croix représente aussi le jugement. Le jugement autant que le salut! La colère autant que la faveur était révélée dans la croix et proclamée par l’Évangile de Christ crucifié. En effet, il n’y a rien de positif à la croix pour les perdus. Mais ça ne veut pas dire que c’est sans signification pour eux. La colère de Dieu est révélée à la croix, autant que l’amour de Dieu. En pensant à la mort qu’Il allait subir, notre Seigneur Jésus-Christ pouvait dire les paroles suivantes dans Jean 12:31: «Maintenant a lieu le jugement de ce monde; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors Notre Seigneur Jésus l’avait répété clairement qu’il était venu pour un jugement (Jean 9:39 et Matthieu 21:21-43, etc.), mais nous devons nous rappeler que la première venue du Seigneur appartient au «Grand Jour du Seigneur» dont les prophètes ont parlé souvent, le reliant au jugement de Dieu: «déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu» (Matthieu 3:10). L’apôtre Paul réfère au même élément de jugement de la croix dans Colossiens 2:14-15: «il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix; il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix.»

 

Laissez-moi, brièvement, vous donner un aperçu de cette idée. À la croix il y avait un procès. Ce n’était pas juste le procès de Jésus. C’était le procès du monde par Dieu. Le monde en dehors de Christ, le monde des hommes pécheurs, le monde dans leur état de péché et de culpabilité, le monde des hommes tels qu’ils sont dans la présente création avec leurs moyens de subsistance de développement et de «culture»; ce monde était en procès. Le monde entier des hommes, tels qu’ils sont en Adam, par nature, ensemble avec le prince de ce monde, le diable, l'esprit de contrariété de la nature humaine, ainsi que les principautés et les puissances politiques et religieuses, le monde entier, notre monde (séparé de Christ) en alliance et sous la domination morale du prince des ténèbres … tous ce monde en procès devant Dieu le Grand Juge. Dieu les a convoqués là. Il contrôle les évènements entourant les souffrances et la mort de Christ. En dépit des mains meurtrières, rappelez-vous que Christ est allé à la croix, selon le Conseil et la Prescience de Dieu. Le monde au complet sous tous ses aspects était en procès. Le monde était bien représenté … par l’apôtre Judas … la religion par le Sanhédrin … la société par la multitude … la sagesse et la justice ainsi que la puissance politique et militaire par le régime Gréco-Romain. La raison de ce procès était de les exposer publiquement en spectacle (Colossiens 2:15). Ils portaient un masque de justice, de sagesse, de religion et de jurisprudence (Romains 10:3). Ils ne pouvaient aller en enfer avec un masque. Ce masque a été enlevé par Dieu. Dieu a accompli cela en Se tenant devant «eux» dans la personne de Jésus-Christ fait homme, sans puissance, et en les confrontant avec cette question: Que ferez-vous de Dieu? Que ferez-vous de Dieu, s’il se tient devant vous comme un simple homme, un homme sans épée, un homme sans armée, un homme sans défense aucune, sinon la défense de la justice, un homme qui ne combattra pas contre vous … «Il n’a point ouvert la bouche.» Que ferez-vous de Dieu? Ils étaient interpellés à répondre à cette question. Ils ont essayé de se défiler. Par exemple, Pilate a tenté de différentes manières de ne pas répondre à cette question cruciale. Mais le juge du ciel et de la terre insistait: Donnez une réponse! Et ils ont répondu: Nous le tuerons! Nous le crucifierons à la croix!

 

À la croix le verdict du juge du ciel et de la terre a été rendu et exécuté. Quand le procès fut terminé, Dieu a répandu le fiel de sa colère. Seule la Parole (l’Agneau de Dieu) fut trouvée digne de subir la colère de Dieu; et l’exécution a suivi au Golgotha, «dans la croix, dans les ténèbres, dans la réalité effrayante d’être désigné par Dieu à de telles horreurs.» Christ était au centre de tout ça. Christ représentant les Siens, Christ représentant les élus de Dieu, Il était au centre du déversement terrible du jugement et de la colère de Dieu. Et tout le fiel de la colère de Dieu était concentré dans une «heure» … «l’heure» de jugement. Et Dieu était là, à la place de tous ceux qui étaient élus, portant Sa propre colère dans un corps comme le nôtre. Quels furent les résultats? Le monde lui-même, le monde séparé de Christ, était condamné! Voilà ce que la croix révèle aussi. Le voile est déchiré: Dieu quitte le temple et Israël est abandonné. La terre tremble, les pierres se séparent, signifiant que ce monde doit disparaître. C’est même évident à travers les deux voleurs à la croix: seulement un a été sauvé, couvert par la croix de Christ. Mais tous ceux couverts par l’amour de Dieu, par l’élection de Dieu, ceux-là sont justifiés.

 

Le jugement est passé. Le dernier jour, le jour de la révélation du jugement de Dieu, révèle la condamnation du monde en lui-même, et la justification du monde en Christ. À cette fin tous les chrétiens authentiques doivent prêcher l’Évangile de la grâce souveraine révélée dans Christ crucifié. À cette fin, les chrétiens authentiques doivent prêcher l’Évangile de Christ crucifié: une pierre d’achoppement pour les Juifs, une folie pour les Grecs (pour l’homme naturel, qu’il soit Juif ou Grec, la puissance de la condamnation de Dieu); mais à ceux qui sont appelés ou élus, autant Juif que Grec, la puissance et la sagesse de Dieu en Christ. L’aspect négatif de la croix et l’aspect négatif de l’évangile sont pour la plupart, oubliés ou mis de coté. Le christianisme contrefait de nos temps modernes ne désire pas être obéissant à demeurer fidèle à son appel de prêcher un évangile négatif autant qu’un évangile positif. Le christianisme dit Évangélique ne prêche plus Christ crucifié comme étant la puissance de Dieu, comme étant vraiment Dieu, il préfère prêcher un Christ et un salut, qui dépend de la volonté et du choix du pécheur. Un faux Christ et un faux Évangile sont maintenant proclamé dans le monde entier sous la bannière de la vérité, et tous ceux qui furent désigné à la perdition sont séduit par grand nombre.

 

L’importance de Garder Cette Vérité:

Cette vérité précieuse doit être gardée. Elle doit être gardée en ce qui concerne le rachat, et elle doit être gardée en ce qui concerne l’aspect négatif de la croix. C’est important pour nous, en premier lieu, comme croyants individuels. À se rappeler: un Christ pour «tous» est en réalité, un Christ pour «personne». De nos jours vous faites face à un rachat général, qui en fait n’est pas un rachat, et un rachat limité qui est réel et efficace. Dans lequel vous trouvez-vous présentement? Si le rachat de Christ est pour tous les hommes, alors tous les hommes doivent être sauvés. Même les Arminiens Évangéliques qui soutiennent un rachat général, savent très bien que tous les hommes ne sont pas sauvés. D’où ce discours qu’ils tiennent en disant: Christ est mort pour tous, mais tous les hommes ne sont pas justifiés et sauvés. Quel en est le résultat? C’est que le rachat de Christ était inefficace. Ce qui voudrais dire selon leur position subversive que je ne pourrais être assuré du rachat d’aucun homme, même pas du mien. Ainsi une personne est privée de la certitude du rachat dans la mort à la croix et marche vers la perdition éternelle.

 

Deuxièmement, c’est important pour les chrétiens authentiques et la proclamation de l’évangile. Je suis bien conscient que c’est un peu «étrange» de souligner ça aujourd’hui. De proclamer un Christ pour «tous» et l’amour de Dieu pour «tous» semblerait si humain et un son si doux à entendre. Et c’est devenu si populaire. On prétend qu’il est impossible de prêcher et de faire l’œuvre missionnaire sans un évangile général et un salut général. Au fond, cependant, le problème est, que les hommes ne veulent pas mettre leur confiance en la croix qui est la puissance de Dieu! Ils ne croient pas non plus que Dieu utilisera sûrement la proclamation générale d’une promesse particulière pour rassembler et sauver Son église élue. Mais rappelez-vous que la portée de l’évangile ne peut être plus large que la satisfaction et la justification objective de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Si vous tenez à une offre bien intentionnée et générale, vous devez si vous êtes cohérent, embrasser la doctrine du rachat universel. Mais si vous désirez la vérité, il n'y a pas d'autre option que le Rachat limité.

 

La preuve, vous en êtes témoin, est déjà ici. Ainsi donc, nous devons demeurer à cent pour cent dans la vérité que nous professons, avec respect pour le rachat et la prédication. Et si nous nous sommes éloignés de tout ça, nous devons y revenir et abandonner ce qui est faux. Que Dieu éclaire vos cœurs et le mien, pour sa plus grande gloire.

 

CHAPITRE 5

LA CROIX ET LA RÉGÉNÉRATION

Il n'y a aucun doute que la croix est un instrument de mort. Dans cet aspect, elle devient un bistouri dans la main du Divin Chirurgien pour l'opération la plus sévère qui existe: une transplantation de cœur et d'esprit. Le Seigneur Jésus nous témoigne de cette opération majeure par les paroles du prophète Ézéchiel: «Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon Esprit...» (Ézch. 36:26,27) Entre les mains du Seigneur, le bistouri de la croix tranche au plus profond de ses élus pour accomplir cette opération, tout en y versant le baume adoucissant de sa grâce qui nous guéri et nous restaure dans une nouvelle vie. En termes précis, il s'agit ici d'une nouvelle création, nous sommes créé de nouveau par la puissance de la croix, nous naissons de nouveau dans une vie éternelle et glorieuse. La «nouvelle naissance» ou «régénération d'en haut» qui selon le Grec original porte la signification de «régénération dès l'origine» est une partie intrinsèque de la prédication de la croix. Son principe opérationnel débuta avec les élus avant la fondation du monde dans le décret d'élection de Dieu qui détermina le moment précis que chacun d'eux recevrait «un nouveau cœur et un nouvel esprit». Quoique ce principe opérationnel était actif depuis le début des temps, il portait un sens anticipatoire et devait attendre la mort de Christ sur la croix afin de se manifester dans toute sa vigueur, se poursuivant tous les jours dans la vie de chaque élu pour déraciner d'eux tout ce qui est contraire à la grâce et la vérité. Sans la croix il ne peut y avoir de nouvelle naissance, et sans nouvelle naissance il ne peut y avoir de repentance et de foi; ce qui nous indique que le sacrifice du Seigneur Jésus était prédestiné depuis avant la fondation du monde, comme l'indique l'apôtre Pierre: «Sachant que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, non par des choses périssables, comme l'argent et l'or, mais par le sang précieux de Christ, comme d'un Agneau sans défaut et sans tache, qui fut prédestiné avant la fondation du monde, et manifesté dans ces derniers temps à cause de vous.» (1 Pierre 1:18-20) Ainsi, selon les Écritures, il est clair que la prédication de la croix qui pardonne nos péchés, et nous donne une nouvelle vie qui engendre en nous la foi en Jésus-Christ, se rapporte directement à la prédestination de Christ et des Élus.

 

La croix et la prédestination sont inséparables, nous sommes sauvé par le sacrifice de Christ, non à cause de la foi que nous avons en lui, mais à cause que nous avons été prédestiné à l'être avant la fondation du monde. La foi ou confiance n'est qu'un moyen que Dieu a déterminé et donné pour manifester cette grâce au moment précis qu'il a choisi pour chaque élu, en fait la foi n'est pas de l'homme, elle est celle de Christ qui est attribuée à ses élus dans les mérites de son sacrifice. Que ferions-nous d'un enfant nouvellement né en ce monde et qui meurt le moment même de sa naissance, pourrions-nous dire qu'il est sauvé? Mais tous sans exception sont perdu et ce n'est pas à cause qu'un nouveau né est considéré innocent qu'il mériterait d'être sauvé, car nous sommes tous de la postérité d'Adam et nous portons tous dès notre naissance la condamnation de son péché. Notre esprit est teinté, notre âme est tordue dès le début, notre sang est empoisonné, et personne ne peut échapper aux ravages du péché, tous sont coupables devant Dieu, même un enfant nouvellement né du sein de sa mère. David avait très bien comprit cela, comme il l'indique dans les Psaumes: «Voilà, j'ai été formé dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché.» (Psm. 51:5; Bible Ostervald) Or si un enfant nouvellement né qui meurt le moment même de sa naissance serait sauvé, cela ne serait pas à cause qu'il a la foi ni à cause qu'il aurait prit une décision personnelle pour Christ, mais à cause du fait que Dieu l'avait déterminé d'avance qu'il le serait. Ceci nous indique que la foi seule ne peut sauver, elle est complètement impuissante pour cela, c'est l'objet de la foi qui sauve, à savoir Jésus-Christ, et si nous sommes sauvés c'est à cause que Dieu l'a déterminé d'avance dans son décret d'élection avant la fondation du monde.

 

Ainsi par la nouvelle naissance nous recevons la foi par laquelle nous sommes justifiés en Christ, et par l'Esprit de sa Sainte Présence qui nous habite, nous marchons par la foi en Christ lui faisant confiance pour toutes choses dans notre vie. En d'autres mots, nous sommes né de nouveau pour croire, nous ne croyons pas pour être né de nouveau, car notre nouvelle vie c'est Christ lui-même qui vient habiter dans nos cœurs pour nous donner la foi et toutes les autres bénédictions de sa grâce. À remarquer que les sectes dites Évangéliques enseignent le contraire de cette vérité essentielle, pour eux l'exercice de la foi est nécessaire pour naître de nouveau, ce qui advient à dire qu'ils déterminent eux-mêmes leur salut, ils s'en font le maître, c'est eux qui décident de naître de nouveau, ce n'est plus Christ qui en est l'auteur. Ils inversent l'Évangile de la grâce pour en faire un évangile de libre-choix, un faux évangile qui dépend des efforts de décisions personnelles, et non plus un Évangile qui dépend de la Souveraineté de Dieu.

 

«L'église chrétienne, dans son ensemble, vit-elle encore sous le signe de la Croix ?» demandait en 1905 le grand théologien G. Frommel. Et il répondait lui-même: «Il serait vain de se le dissimuler, la Croix de Jésus-Christ ne joue plus dans le monde ni dans l'Église, le rôle qu'elle jouait autrefois... La prédication de la Croix n'est plus au centre de la prédication évangélique, et la pensée de la Croix cesse d'inspirer la pensée chrétienne. Nos expériences dans ce domaine sont rares et rudimentaires, nos croyances incertaines et molles... Une vague piété nous tient lieu de religion... Beaucoup de bonnes dispositions, de généreux désirs, une grande activité, des œuvres en nombre immense, mais un oubli général de la vie intérieure, et lorsqu'elle existe, peu de force, d'énergie, de profond... Le sentiment que nous avons du péché... nous en ignorons le poids, l'angoisse et l'horreur. C'est la caractéristique d'un christianisme qu'aucun réveil n'a de longtemps secoué...» Or on peut secouer un mort longtemps, mais il ne se réveillera jamais. Le christianisme moderne est un christianisme mort, un christianisme contrefait qui ne peut se réveiller même si la terre tremblerait de toute sa force sous lui et s'ouvrirait pour l'avaler. Tous les meilleures sentiments du monde ne sont pas assez pour réveiller un corps mort en décomposition. Un chrétien avait déjà dit: «Le chemin de l'enfer est pavé de bonnes dispositions», et un grand nombre de gens qui se disent chrétiens s'en vont en enfer Bible à la main et un cantique de louange sur leurs lèvres, ne réalisant pas qu'ils ont été bernés par un faux évangile, une fausse proclamation de la puissance de la croix qui valorise les efforts et les émotions de tous ceux qui sont réprouvés.

 

La régénération est l'œuvre de Dieu seul. C’est là cette régénération si célébrée dans les Écritures, ce renouvellement, cette nouvelle création, ce relèvement d’entre les morts et cette vivification, que Dieu opère en nous et sans nous. Or elle ne s’accomplit nullement par la seule doctrine entendue, ou par une persuasion morale ou toute autre manière d’opérer, qui se ferait par des raisons persuasives, de telle sorte qu’après que Dieu ait agi pour sa propre part, il resterait encore au pouvoir de l’homme d’être régénéré ou non, d’être converti ou de ne l’être point. Au contraire, c’est une opération entièrement surnaturelle, très puissante et très douce à la fois, admirable, secrète et ineffable. Selon l’Écriture (qui est inspirée par l’Auteur même de cette opération), celle-ci, quant à son efficacité, n’est en rien inférieure à la création ou à la résurrection des morts, si bien que tous ceux dans les cœurs desquels Dieu opère de cette façon admirable, sont certainement, infailliblement et efficacement régénérés, et croient effectivement... (Canons de Dordrecht, IV.12)

 

La conversion est comparable à une transplantation cardiaque. Dieu nous donne un cœur nouveau par son Esprit afin de nous convertir à lui. C’est ce que nous avons vu plus haut. Nous avions porté notre attention sur l’œuvre de l’Esprit qui nous donne ce cœur nouveau. Nous porterons cette fois-ci notre attention sur la régénération elle-même. La régénération n’est pas une œuvre humaine. Les arminiens disaient que la grâce par laquelle nous sommes convertis n’est rien de plus qu’une «douce persuasion». D’après eux, l’homme n’est pas mort spirituellement, mais seulement malade. Dieu ne forcerait personne à croire; il se limiterait seulement à essayer de nous persuader avec douceur. Le rôle de Dieu dans la conversion de l’homme serait de nous suggérer qu’il a quelque chose de mieux à nous offrir que Satan. Une fois que nous avons entendu Dieu et Satan nous présenter ce qu’ils ont à nous offrir, il appartiendrait à l’homme d’évaluer la meilleure offre et de décider en conséquence. Dieu n’aiderait pas la volonté de l’homme à se convertir tant que la volonté de l’homme n’aurait pas fait son choix. Mais «cette régénération ne s’accomplit nullement par la seule doctrine entendue, ou par une persuasion morale ou toute autre manière d’opérer, qui se ferait par des raisons persuasives, de telle sorte qu’après que Dieu ait agi pour sa propre part, il resterait encore au pouvoir de l’homme d’être régénéré ou non, d’être converti ou de ne l’être point.» Autrement dit, la régénération n’est pas une œuvre humaine. L’homme n’a pas le pouvoir de se convertir et de se donner la vie nouvelle. Contrairement à la transplantation cardiaque corporelle, la transplantation cardiaque spirituelle n’est pas une œuvre humaine. Ce n’est pas l’œuvre d’un chirurgien humain. Ceux qui croient en Jésus «sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.» (Jean 1:13). Ce n’est pas par la volonté des parents que les enfants peuvent naître de nouveau. Le fait de naître dans une famille chrétienne ne produit pas automatiquement la nouvelle naissance. Ce n’est pas non plus l’Église qui a le pouvoir d’infuser la vie nouvelle dans le cœur d’une personne. Ce n’est même pas la personne elle-même qui peut se donner la nouvelle naissance. C’est Dieu seul qui accomplit cette œuvre. «Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.» (Rom. 9:16).

 

La régénération est l’œuvre surnaturelle de Dieu. Dans la Bible, cette œuvre est désignée par plusieurs expressions riches en signification:  renouvellement, nouvelle création, résurrection des morts, vivification, nouvelle naissance, régénération, cœur nouveau, vie nouvelle. Ces expressions sont synonymes et nous enseignent toutes que ce n’est pas l’œuvre de l’homme, mais l’œuvre de Dieu. Elles décrivent sous des angles différents cette œuvre glorieuse du Saint-Esprit «que Dieu opère en nous et sans nous». En fait, nous voyons que «c’est une opération entièrement surnaturelle, très puissante et très douce à la fois, admirable, secrète et ineffable». Cette œuvre surnaturelle nous étonne et nous dépasse. Nous n’avons pas assez de mots pour l’exprimer. Le mieux que nous puissions faire pour en parler, c’est de la comparer à d’autres choses que nous avons beaucoup de difficulté à comprendre.

 

La Bible compare la régénération à d’autres œuvres admirables. Elle la compare à la création du monde. En 2 Cor. 5:17, Paul dit que nous sommes une «nouvelle création». Quand Adam a été créé, ce n’est pas lui qui a amassé la poussière du sol pour que Dieu le forme. Il n’a pas demandé à Dieu d’insuffler dans ses narines le souffle de vie. Nous ne savons pas très bien comment Dieu a créé le monde. Nous n’étions pas là. Pouvons-nous vraiment comprendre comment Dieu a fait quand il a dit et la chose fut? Pouvons-nous bien saisir la complexité de toute cette œuvre? Le Seigneur vient vers nous avec des questions, comme il l’a fait avec Job: «Où étais-tu quand je fondais la terre? Déclare-le, si tu le sais avec ton intelligence. Qui en a fixé les mesures, le sais-tu? Ou qui a étendu sur elle le cordeau? Dans quoi ses bases sont-elles enfoncées? Ou qui en a posé la pierre angulaire, alors qu’ensemble les étoiles du matin éclataient en chants de triomphe, et que tous les fils de Dieu lançaient des acclamations?» (Job 38:4-7) Étions-nous là? Pouvons-nous l’expliquer? Nous aussi nous devrions répondre avec beaucoup d’humilité et nous repentir, comme Job l’a fait. La création est entièrement l’œuvre de Dieu, une œuvre admirable, étonnante et ineffable. De même en est-il de la nouvelle création en Jésus-Christ.

 

La Bible compare la régénération à la naissance. En Jean 3, Jésus a parlé à Nicodème de la «nouvelle naissance» (régénération d'en haut dès l'origine) en faisant un parallèle avec la naissance naturelle. Personne n’a demandé à naître. Notre volonté n’était nullement impliquée dans notre naissance. De même en est-il de notre naissance spirituelle opérée par l’Esprit de Dieu seul. Jésus n’était pas en train de dire à Nicodème ce qu’il pouvait ou devait faire pour naître de l’Esprit. Jésus lui expliquait simplement un fait accomplit et déterminé de toute éternité afin que par sa manifestation par le moyen de son sacrifice à la croix, les élus puissent entrer dans le Royaume de Dieu: «...en vérité, en vérité je te dis: si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne peut point voir le Royaume de Dieu. Nicodème lui dit: comment peut naître un homme quand il est vieux ? peut-il rentrer dans le sein de sa mère, et naître une seconde fois ? Jésus répondit: en vérité, en vérité je te dis: si quelqu'un n'est né d'eau et d'esprit, il ne peut point entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair, est chair; et ce qui est né de l'Esprit, est esprit. Ne t'étonne pas de ce que je t'ai dit: il vous faut être nés de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va: il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit.» (Jean 3:3-8; Bible Martin); puis dans une autre version qui suit le Grec original de proche: «En vérité, en vérité je te dis que si un homme n'est régénéré dès l'origine, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître, quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère, et naître une seconde fois? Jésus répondit: En vérité, en vérité je te dis, que si un homme n'est régénéré de l'eau de l'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est charnel, et ce qui est né de l'Esprit est spirituel. Ne t'étonne point de ce que je t'ai dit: Il faut que vous soyez régénéré dès l'origine. Le vent souffle où il veut; et tu en entends le bruit; mais tu ne sais ni d'où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est régénéré de l'Esprit.» (Jean 3:3-8; Bible de l'Épée) C’est nécessaire, même pour un homme qui est un enfant de l’alliance, qui a grandi dans le peuple de Dieu et qui est un savant docteur de la Bible. Jésus a pris la peine d’expliquer à Nicodème que cette nouvelle naissance est entièrement l’œuvre de l’Esprit. Tout comme «le vent souffle où il veut» (Jean 3:8), de même l’Esprit agit librement pour nous faire naître d’en haut par la puissance de Dieu. La naissance d’un bébé est une chose admirable, étonnante et merveilleuse. Il en est de même de la nouvelle naissance qui est un miracle admirable, puissant et ineffable.

 

La Bible compare la régénération à la résurrection d’entre les morts: «Nous qui étions morts par nos fautes, il nous a rendus à la vie avec le Christ.» (Éph. 2:5) Les morts se redonnent-ils la vie eux-mêmes? Certainement pas! Savons-nous comment les morts peuvent revenir à la vie? C’est là une œuvre merveilleuse que nous ne pouvons pas comprendre. Quand Jésus a ressuscité Lazare, il n’est pas allé dans le tombeau pour essayer de persuader Lazare de se lever. Il n’a pas dit à Lazare: «Si tu veux, Lazare, je peux te ressusciter, si c’est vraiment ce que tu veux.» Non, Lazare était mort. Ça n’aurait eu aucun sens de lui parler de cette manière. Qu’est-ce que Jésus a fait? Il a commencé par dire: «Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort.» (Jean 11:25). Ensuite, pour démontrer qu’il est puissant pour sauver des pécheurs, il a parlé avec autorité: «Il cria d’une voix forte: Lazare, sors!» (Jean 11:43). Lazare est revenu à la vie! Par nature, nous sommes morts spirituellement, mais lorsque nous entendons sa voix, nous revenons à la vie. Il nous est impossible de contribuer à notre résurrection spirituelle. C’est l’œuvre puissante et souveraine de l’Esprit de Dieu. «Selon l’Écriture, celle-ci, quant à son efficacité, n’est en rien inférieure à la création ou à la résurrection des morts, si bien que tous ceux dans les cœurs desquels Dieu opère de cette façon admirable, sont certainement, infailliblement et efficacement régénérés, et croient effectivement.» Quelle œuvre étonnante et admirable que je puisse avoir la vie nouvelle! Comment pouvons-nous la comprendre? Nous avons besoin de prier, à la suite de l’apôtre Paul, afin de savoir «quelle est la grandeur surabondante de sa puissance envers nous qui croyons selon l’action souveraine de sa force.» (Éph. 1:19).

 

A Christ seul soit la Gloire